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Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42]

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Sarah Spencer
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Sarah Spencer
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MessageSujet: Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Icon_minitimeDim 14 Mai - 4:47

[HRP: Quelques jours après la visite chez le Conservateur]

L’aristocrate rajusta sa cape sur ses frêles épaules, serrant l’encolure autour de sa gorge pour couper l’humidité qui glissait sur ses joues. La pluie tombait encore, température typique d’un printemps à Londres. Sur les pavés mouillés, ses talons claquaient d’un rythme fort et régulier. La jeune femme avait le pas rapide, mais lourd. Sa contrariété se ressentait jusque dans sa manière de marché. Son visage, à moitié dissimulé sous son capuchon, masquait son regard bas qui se perdait dans le chemin qu’elle empruntait. Sarah marchait pour éviter les larmes de couler.

Plustôt dans la journée, elle s’était levée tard, ayant passé une nuit de plus à fouiller dans les livres empruntés à la Grande Bibliothèque. Sa conversation avec Drake l’avait laissé frustré, sans plus de réponses que de questions. La Chasseuse se sentait plus que jamais pressée par le temps. À vrai dire, sa nature entreprenante l’obligeait à se concentrer sur les choses dont elle avait le pouvoir d’intervenir plus que sur son propre état sentimental désastreux. Ses crises étaient fréquentes, sa mélancolie profonde, ses réactions mitigées. Elle passait la plupart de ses nuits debout, à travailler, à chercher ce personnage que cherchait le Comte lui-même. Sarah voulait le prendre de court, le trouver avant lui. Ses paroles tourbillonnaient dans son esprit dès qu’elle fermait les yeux. Et s’il disait vrai? Et si le Père et la Mère existaient réellement? Où pouvait-elle les trouver? Elle devait absolument les trouver avant lui! Et après, murmuraient sournoisement ses pensées. Et après? Elle ne savait que répondre. Jusqu’où était-elle prête à aller dans cette histoire?

Son esprit bouillonnant, Sarah refusait de parler de ce qui la hantait à qui conque, se pliant aux mondanités avec difficulté. Certains jours, elle était plus encline à se prêter à la mascarade tandis que d’autre, elle se sentait étouffé, prisonnière d’une cage dont elle ne se reconnaissait plus. Sans plus de nouvelle de ses compagnons, d’Abigail qui se préparait à la prochaine pleine lune, du Comte dont elle avait refusé de répondre à la dernière lettre, elle se sentait seule, si terriblement seule... À ce désespoir profond, ses parents tentaient de répondre avec mille et une attention et divertissement, invitant plus que ce qu’elle pouvait supporter, et s’inquiétant de sa santé dès le moindre signe de faiblesse. Ce matin-là n’avait pas fait exception. Après une nouvelle crise qui avait plongé la magicienne dans un silence profond, sa mère s’était emportée, lui reprochant ses dernières sorties, beaucoup trop tôt à son goût, sa visite aux enchères puis chez le Conservateur, ses pratiques de tirs dont elle ne supportait plus le bruit des détonations.


-Vous allez finir par vous tuer, avait-elle fini par lâcher avec reproche.

Sous de telles accusations, la belle héritière s’était emportée. Que pouvait-elle comprendre à ses tourments? Que connaissait-elle de la vie, prisonnière dans ses œillères d’aristocrates de haut rang? Qu’est-ce que sa mère pouvait bien connaître à la mort et au sang qui lui avait recouvert le corps? Son poing s’était abattu sur la table avec plus de violence que ce qu’elle aurait souhaité.

-Et bien je ne suis pas encore morte! Avait-elle crié dans le salon, faisant frémir les vitres sur le ton de sa voix.

Le visage rouge de colère, elle avait alors saisi son manteau pour quitter brusquement la demeure, puis l’enceinte du domaine. La rage lui avait donné des ailes, lui faisant traverser le parc en une fraction de minute. Elle marchait si vite qu’elle donnait presque l’impression de courir, bousculant quelques rares passants qui ne s’écartaient pas assez vite de son chemin. Son capuchon était tombé, laissant la pluie tombée sur sa tête, sur ses cheveux et sur ses joues où se mêlaient des larmes. Puis la rage avait fait place à la colère et la colère à la tristesse. Son pas s’était arrêté et elle s’était figé tout entière au milieu d’une place déserte, sans autre bruit que celui de sa respiration et de son cœur qui battait à ses oreilles. Pour la première fois depuis son retour, elle était de nouveau seule dans les rues de Londres. Sans chaperons, sans vampires pour suivre ses traces, simplement elle et elle seule comme elle l’avait toujours été. L’après-midi débutait paresseusement, mais la température fait disparaître les flâneurs vers une destination plus chaude. La douleur à ses côtes la saisit sournoisement. Malgré le temps qui passait, les marques qui se cicatrisaient, elle ne pourrait jamais oublier son séjour dans la rivière puis son enlèvement par les vampires.

L’héritière avait fait un pas, se demandant où aller. Elle refusait de retourner chez elle. Pas maintenant. La demeure d’Abigail était encore loin et elle ne pouvait tout de même pas aller chez le Comte. Après avoir remonté son capuchon, elle avait dirigé ses pas lourds vers St-James. Le club n’était pas loin, peut-être trouverait-elle là-bas un baume à mettre sur son cœur. Une demis-heure plus tard, la belle aristocrate arriva dans la petite ruelle où se trouvait l’entré sélecte du Club Leonticon devant lequel se tenait le majordome de l’endroit, le très fidèle Addam’s. À peine se fut-elle approchée, que le vieil homme se dépêcha vers la porte pour lui ouvrir tout en grommelant un bonjour.

Aussitôt qu’elle franchit le pas, Sarah se sentit renaitre. Il y avait quelque chose de familier en ces lieux, de réconfortant. Ici, chaque pièce était une œuvre d’Art en soi. Hortense était une fervente adepte de l’époque grecque comme en témoignaient les nombreuses sculptures posées ici et là dans les diverses pièces de l’hôtel. Sa nature bonne et pétillante se dévoilait aux tentures criardes et aux papiers peints de motifs indéfinis qui habitait les murs. C’était Hortense elle-même qui avait décidé du titre du club : Leontion, en honneur à la célèbre courtisane athénienne qui avait été la maitresse d’Épicure. Un modèle de femme libre et vivante, comme elle se plaisait à dire. L’endroit était toujours bondé de monde, de demoiselles des classes sociales de bourgeoises et de l’aristocratie. On racontait même qu’à une certaine époque, la reine Victoria elle-même avait fréquenté l’endroit. Ici, toutes les femmes avaient des surnoms. Cela leur permettait de se couper des contraintes sociales et de leur fardeau. Ici tout le monde était traité sur un bien d’égalité. C’est Hortesnse qui les trouvait, des noms magnifiques issus de la grande littérature qui curieusement reflétait avec brio la nature de leur possesseur.  Celui de Sarah était bien évidemment...


-Artemis!

L’aristocrate se retourna pour voir arriver la maitresse des lieux. Hortense Ballinger faisait son entrée avec une prestance que personne n’avait encore réussi à égaler. La vieille femme portait une robe de mousseline bleue qui enrobait ses membres potelés d’une charmante manière. Ses cheveux gris étaient remontés en un chignon impeccable et son visage, recouvert d’un léger maquillage, transpirait de bonté et de bienveillance. Avec amour, elle saisit les mains tremblantes de Sarah dans les siennes. Elles bavardèrent un moment et un sourire sincère commença à prendre forme sur les lèvres minces de la Chasseuse. Une fois débarrassées de son manteau, les deux dames passèrent à l’un des nombreux salons de l’endroit. L’arrivée d’Arthémis lui valut plusieurs salutations de la part des jeunes femmes présentes. Cordélia et Azur laissèrent leur livre pour venir prendre de ses nouvelles.

-Humph, Artemis... Je crois qu’il serait plus sage de changer son nom pour Ophelie, après son séjour dans la rivière elle à plus l’air d’une ondine que d’une déesse grecque. annonça soudainement une voix derrière eux.

Sarah tourna la tête vers la nouvelle arrivante et elles échangèrent un bref signe de tête pour se saluer. Edith Feirfild lui lança un regard suffisant avant de prendre place sur le divan. La jeune femme était une jolie blonde qui avait ravi bien souvent le regard des hommes. Son cœur froid et ses manières hautaines les avaient fait tout aussi vite détourner le regard. Elle avait eu de nombreuses aventures, n’hésitant pas à user de ses charmes pour gravir les échelons sociaux ou encore pour son bon plaisir bien qu’elle n’en avait jamais rien affirmé si ce n’était que par sous-propos méchant. Elle avait même raconter un soir dans ce salon, avoir eu une liaison avec le sieur Ravellow sachant pertinemment que Sarah écoutait la conversation. Tout pour jouer la comédie et piquer les âmes sensibles. C’était la raison pour laquelle Hortense lui avait donné le nom de Drucilla, terrible héritière de l’empereur Caligula. Toutefois, avec la belle Arthémis, elle avait trouvé une véritable adversaire, car ses petits jeux et ses paroles acerbes se retournaient bien souvent contre elle lorsque la Chasseuse n’était pas d’humeur à l’entendre. À vrai dire, les deux femmes se détestaient depuis le jour où Loic Andrews avait repoussé les avances d’Edith pour faire sa demande à Sarah. Celle-ci dépité de se voir préféré la belle héritière n’avait eu cesse de lui chercher querelle, car la jalousie brule le cœur encore plus que les flammes.

-Peut-être serais-tu intéressée de voir les paris qui ont été faits en ton absence ma chère.

La magicienne fixa un instant l’insolente sans bouger tandis qu’Hortense la réprimandait sévèrement. Sans se séparer de son sourire mondain, Sara se retourna pour observer le grand livre d’or qui trônait près de la porte. Les demoiselles pariaient sur les choses de la bonne société et les ragots. Combien de temps avant que telle demoiselle ne se marie, qui avait le plus de chance de devenir la nouvelle duchesse d’Oxberry, si Mademoiselle X allait accouché d’une fille ou d’un garçon, etc. Tout était bon pour le divertissement de ces dames. Les paris n’étaient jamais très élevés, Hortense y gardait un œil avisé. La page sur laquelle le livre était ouvert portait sur des paris plus sinistres. Combien de temps avant que le corps de la jeune Spencer ne soit retrouvé, avec qui le Comte avait plus de chance de se marier... Un silence inconfortable s’installa dans le petit hall. Hortense s’approcha pour poser une main réconfortante sur l’épaule de la magicienne.

-Ce n’est rien Hortense, vous pourrez dire à mademoiselle Freyja qu’elle à remporter son pari...

La magicienne fit quelques pas pour reprendre constance. Comment pouvait-elle se laisser affecter ainsi? Elle devait reprendre de l’aplomb. La voix de sa vieille amie résonna dans son dos.

-Peut-être aimeriez-vous vous joindre aux filles dans la salle de lecture? Elles préparent une représentation d’Antigone et elles sont vraiment douées!

Sarah lui sourit d’un air affable.

-Je vous remercie Hortense, mais j’ai la voix de la jeune femme se brisa.

La maitresse de la maison lui fit un sourire compatissant. D’un signe de tête, elle lui désigna l’escalier qui menait aux pièces supérieures.


-La salle de musique est vide, montée donc et je vous ferai porter une tasse de thé.

-Hortense... Je tuerais pour quelque chose de plus fort...

La belle dame s’immobilisa un instant et ses yeux se mirent à briller comme ceux d’une mère qui ne sait comment consoler son enfant. Après un dernier coup d’œil, l’Arthémis gravit les escaliers. Au deuxième étage, on entendait les rires feutrés des demoiselles qui occupaient les autres pièces. Elles se racontaient des histoires, les ragots du moment. Dans une autre pièce, on discutait de la place des femmes dans la société. Hortense avait fait de son hôtel un endroit de culte pour toutes les jeunes femmes qui souhaitait se perfectionner et devenir de véritable lady accomplie. Tout au fond se trouvait la salle de musique. Il régnait dans la pièce un silence sacré. Les instruments étaient bien alignés le long des murs posés sur leur support. On y trouvait des flutes, des violons, des partitions pour tous les goûts et un majestueux piano qui permettaient aux novices de se pratiquer en toute quiétude. Sarah referma doucement la porte derrière elle et vint s’installer sur le petit banc noir. Ses doigts glissèrent sur les notes d’ivoires les caressants pour mieux les apprivoiser. Ici elle pouvait jouer pour son bon plaisir. Sans les commentaires de sa mère sur ses goûts musicaux, sans la pression des regards de ses auditeurs, sans le terrible écho qui régnait dans sa salle de musique à Lui. Elle pouvait jouer pour elle seule, pour sa solitude, pour sa tristesse, pour sa colère. Elle enchaina quelques gammes puis sa frustration se déchaina sur les touches. Bientôt la musique de Schubert remplit la pièce et le corridor, descendant jusqu’au premier étage où Hortense leva la tête de sa tasse de thé pour apprécier un instant le doigté juste de l’héritière Spencer. Sur son divan, Edith se renfrogna.

Spoiler:


Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Signat10


Dernière édition par Sarah Spencer le Mer 22 Nov - 1:14, édité 1 fois
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Eulalia Grey
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Eulalia Grey
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MessageSujet: Re: Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Icon_minitimeSam 20 Mai - 17:19

En ce jour morne, Eulalia était assise, pensive, près d’une des fenêtres de la grande propriété des Worlingham, à Belgravia. Comme elle s’y était attendue, Sarah avait été retrouvée très peu de temps après son entrevue avec les Hunters. Le Comte se plaçait ainsi en sauveur, récoltait les ovations et devenait légitimement le premier sur la liste des prétendants de Lady Spencer. Cela ne plairait pas à Alexender, coincé dans sa réputation de criminel et fugitif… Elle devait faire quelque chose pour réunir les amants avant qu’il ne soit trop tard. Mais, à ce moment là, quid de Katherine ? Et si Sarah découvrait que le Hunter l’avait trompée, ne lui tournerait-elle pas le dos pour se donner au Comte ? Que devrait-elle révéler ou taire pour permettre aux deux jeunes gens de se retrouver ?
La jeune femme soupira. Cet imbroglio d’alliances imprévues, d’amours inavouables et de querelles d’intérêt rendait leur tâche encore plus complexe…

Elle pensa soudain à Raphaël. Que dire de leur propre aventure ? Jusqu’à quand cela durerait-il ? Ils se détruiraient peut-être… Mais ils étaient allés bien trop loin pour reculer à présent. Et lorsqu’elle se remémorait leur première rencontre, au Queen’s Heads, elle était persuadée que cet homme avait gagné son cœur pour une excellente raison. Envers et contre tout, elle le réconcilierait avec la vie.

A cet instant, sa marraine entra dans le salon. Lady Worlingham avait la soixantaine bien entamée. Elle avait eu ses enfants très tard et mené longtemps une vie indépendante, faite de voyages et de bals fantastiques. Elle avait valsé avec des princes, des empereurs et des tsars. Elle avait connu les grandes révoltes du siècle dernier, elle avait côtoyé bon nombre de personnages déjà entrés dans l’histoire, sans jamais se départir de sa dignité de noble dame anglaise.
Malgré le poids des années elle restait belle et digne. Dans sa robe bleue aux reflets violets, elle avait tout d’une reine. Elle avait également l’esprit nécessaire pour diriger un pays. Même si son mari et maintenant son fils aîné siégeaient à la chambre des Lords, elle avait toujours eu son mot à dire sur les décisions à prendre et tout le monde se rangeait toujours sur son avis.
Dans un froufroutement de jupes, la vieille femme vint s’asseoir près d’elle et lui donna un de ces sourires rassurants dont elle avait le secret.


- D’ici une petite heure, je vais me rendre au club Leontion… Il est tenu par une très vieille amie et il est entièrement composé de jeunes femmes… Cela te ferait du bien de les rencontrer. Tu pourrais commencer à nouer des contacts en société, maintenant que ta place est ici.

Avant que la jeune femme ne puisse émettre le moindre refus, elle s’enjoignit à se lever, alors qu’une servante entrait dans la pièce.

- Pour la peine, je t’ai commandé une nouvelle robe pour t’adapter à l’ambiance du club, malgré ta situation. Elle est très jolie, tu verras. J’y ai personnellement veillé. Edna va t’habiller.

Embarrassée, la jeune femme balbutia quelques remerciements à l’attention de sa marraine et suivit la servante dans le dressing qui lui était habitué. Une splendide robe en mousseline était étalée sur un présentoir. Elle était de couleur mauve, pour convenir à son demi-deuil. La coupe, bien que pudique, restait flatteuse. Le col carré était agrémenté d’une fine dentelle noire et le corsage était brodé de quelques fleurs que l’on retrouvait au bas de sa jupe. En l’enfilant, elle découvrit avec une certaine gêne que cette couleur sensée évoquer la mort flattait tout à fait sa silhouette. Edna coiffa ensuite ses cheveux en un sage chignon tressé, orné d’une broche en Onyx. Pour habiller son cou, elle choisit une croix sobre en argent montée sur un tour de cou en satin très peu brillant. Enfin, pour parfaire sa mise, elle enfila des gants de résille noirs, un châle en laine légère de même couleur et une capote assortie. Jamais encore elle n’avait enfilé de vêtements aussi riches, se contentant des robes que ses parents lui avaient offertes. Ainsi parée, elle sortit, au moment où Henry, le second fils de Lady Worlingham, remontait le couloir à grandes enjambées, une pile de dossiers sous le bras. Lorsqu’il vit la jeune femme, il s’arrêta soudainement et lui sourit en faisant un signe de tête, visiblement très gêné.

- Oh euh… Bonjour Eulalia. Vous… Euh… Cette robe vous va très bien. J’espère que vous vous amuserez à l’extérieur aujourd’hui.

Avant qu’elle n’ait eu le temps de lui dire merci, celui-ci repris sa route avec des pas encore plus grand, comme pour échapper à son regard. Eulalia avait beaucoup de peine à comprendre pourquoi Henry agissait de la sorte avec elle. Était-il misanthrope ou l’avait-elle vexé sans le vouloir ?
Elle était bien à des lieues de s’imaginer que depuis son arrivée chez les Worlingham, le plus jeune des fils de sa marraine s’était amouraché d’elle.

Le trajet jusqu’au Leontion fut rapide. La jeune fille parla de choses et d’autres avec la Lady, n’osant pas lui demander d’informations sur le Comte Keï de but en blanc. Elle avait peur de la mettre en danger sur un malentendu… Mais tôt ou tard, elle devrait bien se résoudre à la questionner.
Lorsqu’elles entrèrent, elles furent reçues par un majordome à la mine sévère qui l’intimida quelque peu. Soudainement, la Lady partit saluer une dame qui paraissait plus vieille qu’elle et la salua comme une vieille amie. Ce devait être Hortense, la fameuse directrice de ce petit salon… Timidement, la jeune femme s’avança jusqu’à elle pour la saluer, évitant de remarquer les regards curieux des autres demoiselles qui détaillaient sa tenue de demi-deuil.


- Alors Hortense, comment allons-nous la baptiser ?

La jeune femme haussa les sourcils, l’air un peu stupéfait.

- Me… Baptiser ?

Une jeune femme à l’air acerbe sembla relever la tête d’un canapé pour lâcher d’un ton moqueur :

- C’est la coutume ici. Chaque nouvelle membre reçoit un prénom issu de la mythologie… Vous n’étiez pas au courant ? Mais d’où sortez-vous enfin ?

Eulalia rougit de honte alors qu’Hortense foudroyait son interlocutrice du regard. Elle se tourna ensuite à nouveau vers elle et posa ses mains sur ses épaules, comme si elle l’adoubait, d’une certaine façon.

- Bienvenue parmi nous, Iphigénie.

La jeune femme inclina la tête pour cacher son rougissement. Iphigénie, modèle de vertu et d’obéissance, sacrifiée aux dieux par la folie des hommes… Ce choix avec beaucoup d’ironie à ses oreilles.
Alors qu’Hortense et sa marraine entamaient une discussion animée, elle décida de fuir le salon et l’horrible jeune femme sur le canapé pour monter à l’étage. Elle entendait une mélodie lancinante, jouée au piano, et elle brûlait d’envie d’écouter de plus près. Suivant les notes, elle arriva dans la salle de musique et poussa délicatement la porte. Soudain, elle manqua de lâcher un cri de surprise lorsqu’elle reconnut Lady Spencer au piano. Doucement, elle ferma la porte avant de se diriger fébrilement vers elle, l’air mi soulagé mi soucieux.


- Lady Spencer ! Si j’avais seulement su que je vous verrais ici !! Comment allez-vous ?

Plus qu’une simple formule de politesse, elle attendait évidemment des retours sur sa rencontre avec le Comte et son enlèvement. Fébrile, Eulalia s’assit sur une partie du banc du piano et chuchota.

- Nous avons appris votre enlèvement à Highgate… Nous n’avons rien pu faire, étant nous mêmes en fuite… Sir Von Ravellow vous croyait morte !

Elle hésita à lui parler de Katherine mais se tut. Elle ne voulait pas prendre le risque de briser ce couple si fragile. Elle ne voulait pas apporter plus de discorde dans leur groupe déjà moribond.


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Sarah Spencer
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MessageSujet: Re: Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Icon_minitimeLun 22 Mai - 1:47

L’Artémis jouait de ses longs doigts gracieux une mélodie envoutante dont les notes se répendaient sur l’étage et charmait les oreilles attentives. Le verre de scotch que lui avait amené l’une des domestiques d’Hortense reposait sur le couvercle du piano, déjà bien entamé. Au fur et à mesure que la jeune femme se défoulait sur l’instrument, sa colère s’apaisait, sans aucun doute aidé par l’alcool qu’elle buvait comme s’il demain n’existait pas. Son esprit emporté par la musique, elle s’évada pendant une bonne heure à ne penser à rien, laissant le vide s’imposer à elle dans toute sa splendeur. Mais bientôt son esprit se mit à vagabonder sur tout ce qui n’allait pas dans sa vie. Elle se mit à songer au Comte, dont l’état de santé l’inquiétait, à sa famille qui ne la comprenait plus, à tous les chaperons qu’elle devait éviter pour recommencer à respirer. Son esprit s’égara sur ses anciens compagnons, disparut depuis bientôt trois mois sans lui donner de nouvelle. Elle les savait encore en vie, le Comte et le Yard n’auraient surement pas manqué de divulguer une nouvelle aussi croustillante, mais aucun d’entre eux n’avait tenté de la contacter, de lui envoyer un message, un espoir.

Au bout d’un moment, les tremblements de ses mains revinrent, glissant des fausses notes dans sa musique qui avait pris des allures de sonates. Son oreille musicale ne supportant pas l’imperfection, elle se mit à jouer plus fort et plus vite, dans l’espoir un peu ridicule que cela l’éviterait de reproduire les erreurs, mais celle-ci continuèrent à se glisser dans sa mélodie, devenant plus nombreuses. Pour combler son exaspération, la Chasseuse entendit soudainement le bruit de la porte de la salle qui s’ouvrait avec discrétion. L'aristocrate écrasa les touches délicates du piano en un geste rageur. Sans se retourner pour faire face à l’intruse, elle redressa son dos avant de lancer d’une voix glaciale :


-Lorsque la porte de la salle est fermée, mademoiselle, cela signifie que la personne présente ne souhaite pas être dérangée! Peut être cette notion vous à complètement écha

La voix de Sarah se brisa tandis qu'elle dévisageait la jeune femme qui s’était glissée dans la pièce. Un silence s’installa et l’héritière du battre des paupières pour s’assurer que ce n’était pas encore son imagination ou l’alcool qui lui jouait un horrible tour. L’orpheline de la famille Grey se tenait devant elle. Comme elle avait changé depuis leur dernière rencontre! Enveloppée dans une tenue des plus exquises, elle ressemblait plus à une jeune aristocrate mondaine qu’à la petite bourgeoise un peu gauche qu’elle avait connue. Sa taille fine était drapée dans un riche tissu orné de dentelle noire, mettant en valeur ses formes de jeune femme. Eulalia avait deux ans de moins que l’héritière Spencer et pourtant, son corps avait déjà pris les formes voluptueuses de sa jeunesse. La Chasseuse demeura un instant interdite puis elle se leva d’un bond, saisissant les mains de la jeune Huntresse entre les siennes qui avait repris ses tremblements.

-Eulalia!

La joie s’alluma dans les yeux sombres de la jeune femme et elle serra plus fort les mains gantées. Pour peu, elle aurait pris la bourgeoise entre ses bras. Mais ce n’était pas convenable et surtout pas ici. La question d’Eulalia la surprit et elle eut un haussement d’épaules. Sarah grimaça, que pouvait-elle bien répondre à cela. Elle n’allait pas bien, de cela elle en était certaine. Pourtant, revoir Lally la remplissait d’une certaine joie. Ses mains tremblantes, elle finit par relâcher son emprise sur la jeune femme avant de reprendre place sur le banc de piano. Depuis le temps qu’elle attendait, qu’elle cherchait les siens. La Chasseuse passa nerveusement une main sur son visage pour en chasser l’engourdissement de l’alcool. Quelques coups discrets furent donnés à la porte et Sarah se figea avant de se redresser, les sens en alerte. Elle reprenait ses réactions alarmiste et incertaine.

Iridessa entra discrètement dans la pièce. Après avoir perdu de vue la jeune Eulalia et entendu la musique s'interrompre, Hortense avait craint que la jolie bourgeoise ne soit entrée dans la pièce qu'occupait l'héritière Spencer. Elle ignorait la relation qui existait entre les deux jeunes femmes, mais elle sentait qu'une situation tendue pourrait éclater. Après tout, miss Grey avait perdu ses parents lors de l'attentat contre le Comte et l'annonce de ses des fiançailles avec la jeune Spencer. Elle aurait pu en vouloir d’une quelconque manière à Sarah. La main tremblante, la magicienne reprit son verre pour esquisser un sourire malhabile.


-Tout va bien Iri, vous pouvez avisez Hortense qu'elle ne s'inquiète pas pour moi, il me tardait de faire connaissance avec cette jeune personne...

Iridessa observa les deux jeunes femmes un instant avant de leur faire un petit signe de la tête et de quitter de nouveau la pièce. Une fois la porte refermée, la Chasseuse poussa un petit soupir. Elle avait des chaperons jusque dans le club. L’aristocrate se tourna alors vers la jeune femme.

-Oh, Lally je me suis faite tellement de soucis pour vous!

Depuis le théâtre, leur fuite, son départ précipité vers le couvent, son retour sous l’apparence de Gabriel, Sarah n’avait cessé de s’inquiéter pour ses compagnons et même pour la jeune Eulalia. Elle avait appris avec tristesse la mort de ses parents ainsi que la générosité de Lady Worlingham qui l’avait prise sous son aile. L’héritière avait tenté à plusieurs reprises d’entrer en contacte avec la bourgeoise, mais en tant que Gabriel Fitzwilliam, elle n'avait pas les relations nécessaires pour s'approcher de la jeune femme. Elle l'avait vue de loin lors des funérailles de ses parents, il fallait dire que le Yard surveillait étroitement les sorties de la jeune femme. Le Yard et les vampires. Rien ne valait la peine de mettre sa couverture en péril et puis elle avait continué de chercher Alexender.

- Nous avons appris votre enlèvement à Highgate… Nous n’avons rien pu faire, étant nous-mêmes en fuite… Sir Von Ravellow vous croyait morte !

-Vous avez vu Alexender?

S’exclama brusquement Sarah en se redressant vivement. La jalousie lui rongea le sang en une seule seconde et son regard se voila. Ainsi donc l’aristocrate déchu n’avait pas quitté la ville comme elle l’avait imaginé... Incapable de rester plus longtemps assise, la jeune femme se leva avec raideur pour faire quelque pas dans la pièce. La tête lui tournait, ses idées aussi. Oui la rumeur de sa mort avait fait couler beaucoup d’encre et délier bien des langues. Les vipères du club s’en étaient donné à cœur joie comme en témoignait le livre des paris qui trônait dans l’entrée. Elle jeta un coup d’œil à Eulalia comme pour s’assurer qu’elle était encore bien là. Comment la bourgeoise avait-elle pu retrouver Alexender avant elle? Comment cette jeune femme avait-elle pu être mise dans les confidences alors que Sarah avait été mise délibérément à l’écart? Tous les efforts qu’elle avait mis à les retrouver, tout ce qu’elle avait risqué en partant à leur recherche... L’Artemis ne comprenait pas.

-Comment est-ce possible? Finit-elle par murmurer. Je l’ai cherché partout pendant des semaines, j’ai arpenté les rues de Londres à sa recherche... Et lorsque les journaux ont annoncé sa capture et son emprisonnement à la Tour de Londres... Sa voix se brisa en un sanglot et bientôt les larmes se mirent à couler de ses grands yeux bleus. J’ai cru que tout était fini...

Les mains tremblantes de l’aristocrate se refermèrent brusquement alors que la colère accélérait les battements de son cœur. Elle croisa les bras en tournant autour du piano comme si elle espérait que marcher atténurait sa douleur.

-Mais vous me dites qu’il est en vie? Et qu’il me croyait morte? La belle affaire, savez-vous seulement à quel point je me suis fait un sang d’encre pour vous?!

Sarah posa une main sur l’instrument. Elle avait beau tenter de chuchoter, sa voix chargée d’émotion prenait des notes sévères.

-Pas la moindre nouvelle, pas le moindre message, je n’avais aucune idée si vous alliez bien où même s’ils étaient mort! La dernière fois que je vous aie vue, vous avez disparut couvert de sang dans un fiacre alors que le théâtre brulait et après vous me dite qu’ils n’ont rien pu faire pour moi? Un simple message aurait suffi!

Sarah se détourna brusquement. Sa propre colère la décourageait. Elle garda un moment silence avant de se laisser tomber dans l’un des fauteuils de la pièce. Alexender était en vie, et à Londres. Cette simple pensée faisait battre son cœur à tout rompre. De joie, de colère, d’envie, de désir. Il y avait si longtemps qu’elle ne l’avait pas vue. Elle se souvenait de chacun des éclats de couleur que composaient ses grands yeux moqueurs, mais le ton de sa voix s’était noyé dans le néant de son esprit qui s’agrandissait de jour en jour.

-Je suis désolée finit-elle par murmurer.

Son regard tourné vers les flammes, elle tenta un instant de dissimuler sa douleur et sa colère. Elle ne pouvait pas s’en prendre ainsi à Lally. Ce n’était certainement pas de sa faute, elle était une victime tout comme elle. Ses parents étaient morts et elle avait perdu bien plus qu’une simple bataille cette soirée-là. L’aristocrate l’observa de nouveau avec une certaine jalousie. Comme elle était forte, ce petit bout de femme, à avoir traversé tant d’épreuves et pourtant à se tenir devant elle, en une magnifique apparition.

-Il s’est passé beaucoup de choses… depuis notre rencontre à l’Éclipse…

Sarah hésita un instant. Que devait-elle lui dire? Devait-elle lui raconter son retour à Londres? La terrible attaque de son fiacre ou encore les horreurs qui s’en étaient suivis. À cette simple réflexion, la belle sentit un frisson lui parcourir le dos. Reparler de cette tragédie l’obligeait à la revivre et elle en était bien incapable. La seule personne à qui elle avait presque tout raconté était le Comte, mais elle ne voulait surtout pas parler de lui. Pas à Eulalia et pas maintenant. Inspirant profondément, elle tenta de chasser la mélancolie qui grondait en elle.

-Mais dites-moi…comment va-t-il? Comment va Raphael? Et vous?

L’Artémis ne voulait pas paraître égoïste, mais son coeur amoureux réclamait des nouvelles de son tendre amour disparu. Elle voulait tout savoir, comment se portait Raphael, si la guerre entre les deux hommes s’était apaisée après leur combat commun. Mais plus Sarah songeait aux événements du théâtre, plus elle avait l’impression que tout cela était fort loin en son esprit. Elle avait beau chercher la haine qui l’avait poussé à lever son arme contre le Comte et pourtant, lorsqu’elle songea à lui, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir de la gratitude. Elle écouta les explications d’Eulalia avec intérêt. Pour peu elle se serait mise à pleurer de joie. Ils étaient tous en vie. Tous les trois, ses trois compagnons, les trois piliers de son petit monde à qui elle avait volontiers confié sa vie. Lorsque la jolie demoiselle eu terminé, l’Artémis se redressa en se mordant la lèvre inférieure.

-Et où se trouvent-ils en ce moment?

Cette question brulait les lèvres de la Chasseuse depuis l’instant qu’Eulalia avait prononcé le nom du Sieur Ravellow. Le savoir à Londres lui donnait l’impression qu’il était à porter de voix, dans la pièce d’à côté, si près et pourtant si loin.


Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Signat10
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Eulalia Grey
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MessageSujet: Re: Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Icon_minitimeDim 28 Mai - 16:47

Sarah ne l’avait pas vue. Elle le devina à sa réaction épidermique quand elle était entrée dans la pièce, suivie par son ton radouci quand elle se rendit compte qu’il s’agissait d’elle. Eulalia serra avec franchise et affection les mains de la noble dame dans les sienne. Elle devina à l’ombre qui passa dans ses yeux qu’elle n’allait pas bien. Elle eut peur de ce que la jeune femme aurait à lui révéler sur son entrevue avec le Comte. La Huntress allait commencer à parler quand elles furent interrompues par l’arrivée d’une femme, sans doute chaperon de Lady Spencer. En gardant la tête basse, la jeune femme laissa Sarah la renvoyer avant de s’installer, une fois certaine que personne ne viendrait les déranger.

Elle sourit quand elle manifesta son contentement de l’avoir retrouvée. Après tout, Eulalia n’avait passé que peu de temps en compagnie de l’héritière des Spencer. Savoir qu’elle avait gagné son amitié la remplissait d’une joie certaine. Ses yeux bleu gris brillèrent avec une certaine ferveur tandis qu’elle lui racontait ses aventures. Elle fut presque tout de suite interrompue dès qu’elle prononça le nom du Sieur Von Ravellow. La jeune femme, interdite, regarda la noble héritière se lever et arpenter la pièce en faisant les cent pas. Elle n’avait pas eu une vie facile ces derniers mois et elle pouvait aisément la comprendre… Si on lui avait caché le lieu de vie de Raphaël, si elle avait été tenue à l’écart des projets des Hunters, elle aurait été tout autant blessée.
Voir les larmes couler le long du visage de la jeune Lady donna du remords à la Huntress qui se leva pour se rapprocher d’elle, en soutient moral.


- Lady Spencer… Je ne saurais vous expliquer clairement ce qui nous est arrivé après le Théâtre. Nous nous sommes séparés avec des noms de code pour communiquer dans le journal et le minimum vital d’information sur les lieux de vie des uns et des autres… Ceci afin d’éviter que… Que si l’un d’entre nous venait à se faire questionner, les positions des autres ne soient divulguées. Je suis restée moi-même des mois sans la moindre nouvelle, jusqu’à-ce qu’ils ne me contactent à nouveau… J’ai dû rester à l’écart de leurs actions afin de me constituer des alibis solides en cas d’imprévu.

Quoi qu’Eulalia ait pu dire, la colère de la jeune femme ne sembla pas tarir et les reproches fusèrent. Elle s’était fait un sang d’encre… Comme eux tous. Elle était restée de longs mois sans nouvelles de Raphaël et elle avait reçu le minimum vital d’informations de la part d’Alexender.

- Je le sais Lady Spencer… Nous étions tous inquiets les uns pour les autres…

Elle regarda sa main fine se poser sur le revêtement du piano et se mordit la lèvre en écoutant le flot de paroles. Elle ne savait plus quoi faire, mis à part hocher la tête avec un air compréhensif et désolé.

- Ce n’était pas si simple… Nous ne savions pas comment vous joindre ni où vous étiez allée. Dieu sait quelles rumeurs ont circulé à votre sujet depuis que vous avez été portée disparue… Alexender était dévasté, il avait perdu tout espoir. Marguerite et Suzanne sont à ce jour enfermée à Coldbath Fields et Romerta, qui lui a permis de s’évader, a été exécutée… Enfermé dans ses noires pensées, il lui a été encore plus facile de croire à votre mort.

Doucement, Sarah s’était calmée et elle s’excusa même. Avec un sourire compréhensif et chaleureux, Eulalia lui répondit.


- Vous n’avez pas à être désolée Milady… Nous avons tous écopé de notre lot de souffrances et il est normal que vous les exprimiez.

Eulalia ne se rendait pas compte à quel point elle avait gagné en force et en sagesse depuis la mort brutale de ses parents. Elle avait porté son deuil et portait à présent le demi-deuil avec une détermination dans le maintien et les paroles qu’elle ne se serait jamais soupçonné. Elle hocha doucement la tête quand la Lady fit allusion à tout ce qui leur était arrivé depuis cette fameuse entrevue… Cela datait d’un peu moins de six mois et pourtant, tout semblait déjà si loin. Doucement, elle saisit une main de la noble et l’amena à s’asseoir sur un fauteuil. En face d’elle, la jeune Huntress se posa à son tour, sans lâcher les paumes de l’héritière. Une lumière ténue se diffusait depuis les paumes de sa main, indiquant sa magie à l’œuvre. Eulalia tentait de diffuser du calme et de la chaleur dans l’esprit de sa compagne d’infortune
.

- Alexender a l’esprit tourmenté mais il va bien, physiquement. Il se cache avec ses disciples et continue de travailler pour reformer notre réseau de résistance. Il mange bien et se soigne bien, c’est moi qui me charge de l’approvisionner… Il ne manque de rien.

Venait ensuite Raphaël… Comment évoquer son histoire sans effleurer le sujet de Miss Thornes ? Elle devrait choisir ses mots avec soin.

- Raphaël a d’abord vécu seul avec Aria, mon ancienne domestique mais elle a fini par disparaître… Il a alors rejoint Alexender mais… Des tensions liées à sa nature ont fini par éclater, comme vous pouvez vous en douter. Il est parti et il est tombé dans les bras du Comte… Ce scélérat l’a presque tué, il l’a torturé tant qu’il a pu et il lui a même coupé deux doigts… Il ne peut plus tenir une épée.

Eulalia leva un instant les yeux au ciel pour masquer son affliction. Elle pris une grande inspiration et continua son récit.

- Alexender m’a avisée par lettre de sa disparition alors je me suis mise à le chercher et j’i fini par le trouver. Il était caché dans la Grande Bibliothèque, chez le Conservateur… Visiblement, le Comte ne peut pas pénétrer là bas. Il y est resté quelques temps parce que des sbires du Lord l’attendaient à la sortie du bâtiment… Jusque…

La jeune femme hésita et regarda la Lady dans les yeux.

- Jusqu’au soir où le Comte s’est rendu à Highgate pour vous retrouver. Nous avons alors pu nous échapper et retourner au repaire. Pour le moment, il est en sécurité là bas.

Eulalia se fit silencieuse pendant quelques instants. Que pouvait-elle dire à son propre sujet ? Ses yeux bleus rejoignirent ceux de Sarah alors que ses paumes brillaient toujours un peu.

- Quant à moi… J’essaye de me rendre autant utile que possible. Le décès de mes parents a bien sûr laissé une marque au fer rouge dans mon esprit et je cauchemarde encore en repensant à la nuit au Théâtre mais… Je ne me plains pas. Jusqu’à présent, j’ai pu vivre en sécurité. Lady Worlingham et ses fils sont très bons avec moi, ni le Yard ni le Comte ne sont venus frapper à ma porte. J’ai eu de la chance.

Eulalia se raidit à la question de Sarah. Elle ne pouvait pas lui révéler l’emplacement de leur cachette, bien qu’elle en ait très envie. Elle aurait donné n’importe quoi pour la mettre entre Alexender et Lady Thornes afin que la Hongroise prenne conscience des limites à ne pas franchir. Mais si jamais quelqu’un surveillait la jeune femme ? Ne risquait-elle pas de tous les mener à leur perte ?


- Lady Spencer… Croyez-moi, sincèrement, j’aimerais vous dire où ils se trouvent. J’aimerais que Lord Von Ravellow et vous soyez réunis… Mais ni vous ni moi ne pouvons être certaines que le Comte n’a pas envoyé d’émissaires vous poursuivre. Nous ne pouvons pas prendre un tel risque. Si les Vampires découvrent notre cachette, ce sera la fin pour tout le monde.

Elle sembla pensive, elle réfléchit à un moyen de réunir tout de même la jeune femme et son amant. Une idée lui vint soudainement.

- Le bruit court que votre père organisera bientôt un bal pour célébrer votre retour… Je pourrais m’organiser pour y faire venir Alexender, afin que vous puissiez vous voir…


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Sarah Spencer
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MessageSujet: Re: Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Icon_minitimeJeu 1 Juin - 18:50

Sarah s’était laissée emportée par ses émotions. Depuis son retour à sa vie d’aristocrate, elle se sentait plus que jamais un imposteur dans son propre corps. Elle n’avait eu personne vers qui se tourner, personne à qui raconter son histoire, ses peines, ses doutes et sa tristesse. Voir maintenant Eulalia devant elle, si belle, si vivante, lui donnait l’impression de voir un revenant. Après des semaines sans nouvelles de ses compagnons, avec pour seul allié le Comte, l’aristocrate avait tout remis en question. Est-ce que leur quête était si bien fondée? Jiromaru avait bien tenté de la tué à plusieurs reprises, mais ne l’avait-il pas sauvé? N’avait-il pas risqué sa vie pour la sienne? Elle le savait blessé par le terrible poison qui parcourait ses veines depuis le cimetière et pourtant, il lui avait offert le choix de renoncer à leur mariage. Si un homme aussi sombre que lui pouvait avoir une part de bien, en était-il de même pour tous les vampires? Tous ces dilemmes et ces choix contradictoires occupaient l’esprit vacillant de l’héritière, jouant sur ses nerfs. Elle s’était isolée, coupée du reste du monde et de sa famille qui ne la comprenait plus. Comment aurait-elle pu raconter ce qui s’était vraiment passé à ses parents? Ils l’auraient tout de suite envoyé à Bedlham. L’apparition d’Eulalia avait changé la donne. Pendant quelques instants, la Chasseuse crut que sa terrible solitude était terminée, que comme elle, la jeune bourgeoise cherchait des nouvelles de leurs compagnons d’infortune. Mais ce qu’elle révéla changea tout. Sarah s’était de nouveau éloignée, s’enfermant dans sa tour d’ivoire. Savoir qu’ils avaient gardé contacte entre eux lui faisait mal, terriblement mal. Elle se sentait une fois de plus exclue de cette troupe qu’elle avait formée avec Alexender. Ne leur avait-elle pas sauvé la vie? Ne leur avait-elle pas permis de s’échapper du théâtre en flamme? Elle avait passé tant de nuits blanches à les chercher, à rattraper la réputation du Sieur Ravellow, à manipuler la société afin qu’ils remettent en question les propos du Comte. Et qu’avait-elle eu en échange? Le silence, pas la moindre trace de gratitude. Sans le savoir, Eulalia ouvrai une profonde rancune que la belle héritière avait tenté d’enfouir au fil des jours passé sans nouvelles de ses compagnons. Sa colère froide se sentit dans chacun des mots qu’elle prononça.

-Je ne comprends pas pourquoi aucun d’entre vous ne m’a contacté... Avez-vous seulement la moindre idée à quel point il me fut difficile de vous voir partir alors que je restais en arrière pour couvrir votre fuite? Je suis resté là au milieu des flammes pour que vous puissiez poursuivre votre route...

Elle avait détourné de nouveau le regard vers les flammes qui s’étaient mises à bruler plus intensément. Elle sentait sa colère affluer sur ses pouvoirs faisant vaciller sa raison. Pourquoi réprimer une fois de plus sa colère? Sarah sentait en elle un pouvoir si puissant qu’elle aurait pu bruler la moitié de Londres en un instant. Les mains tremblantes, elle avait quitté le piano par peur de le voir s’enflammer. C’était dans des instants pareil qu’elle aurait souhaité pouvoir disparaître dans la pièce noire de Jiromarue. La voix douce d’Eulalia l’arracha doucement à ses sombres pensées.

- Ce n’était pas si simple… Nous ne savions pas comment vous joindre ni où vous étiez allée. Dieu sait quelles rumeurs ont circulé à votre sujet depuis que vous avez été portée disparue… Alexender était dévasté, il avait perdu tout espoir. Marguerite et Suzanne sont à ce jour enfermées à Coldbath Fields et Romerta, qui lui a permis de s’évader, a été exécutée… Enfermé dans ses noires pensées, il lui a été encore plus facile de croire à votre mort.

L’Artémis avait eu un petit rire sarcastique. Oui, la nouvelle de sa mort s’était répandue comme une trainée de poussière faisant enfler les ragots de Londres et de la bonne société. Le livre des paris au rez-de-chaussée en était le témoin silencieux. Pourtant, la facilité avec laquelle Alexender avait cru à sa mort lui brisa le cœur une nouvelle fois. Pourquoi n’avait-il pas tenté de la chercher? Son regard ramener dans les yeux calmes de la belle Eulalia, elle avait laissé la jeune femme prendre ses mains tremblantes en les siennes. La douceur que la bourgeoise montrait face à sa colère démesurée figeait la Chasseuse. Elle s’en voulait terriblement de crier ainsi sur elle, ce n’était pas sa faute, elle n’était qu’un autre membre dans toute cette histoire. En vérité, Sarah en voulait terriblement à Alexender. C’était de lui qu’elle avait espéré le plus avoir des nouvelles, un signe, un témoignage que son affection était aussi profonds que la sienne. Savoir qu’il avait continué dans sa fuite en recrutant de nouveaux membres, en donnant des nouvelles à Eulalia et à Raphael lui donnait l’impression d’avoir été trahie. Ses mains dans ceux d’Eulalia, l’aristocrate sentit une douce chaleur envahir ses paumes et se répandre le long de son corps, agissant comme un baume coulant sur son amertume. Elle regarda un instant le pouvoir d’Eulalia à l’œuvre. Quelle femme pleine de ressource elle était! Si belle, si bonne, elle comprenait comment Raphael avait pu se laisser séduire par une femme aussi magnifique. Pourtant, aussi doux fût ses gestes, aussi réconfortantes fût ses paroles, la bonté qu’Eulalia lui prodiguait ne semblait pas atteindre le regard de glace de la Chasseuse dont les prunelles impénétrables renfermaient un mystère profond. Sa colère adoucie, la tristesse remplissait de nouveau son cœur.

-Alexender a l’esprit tourmenté, mais il va bien, physiquement. Il se cache avec ses disciples et continue de travailler pour reformer notre réseau de résistance. Il mange bien et se soigne bien, c’est moi qui me charge de l’approvisionner… Il ne manque de rien.

Entendre Eulalia prononcer le nom d’Alexender la secoua. Elle au moins pouvait se rendre utile, les aidés... Sarah avait de nouveau détourné son regard pour ne pas que la jeune femme puisse y lire la douleur qui traversait ses grands yeux bleus. Puis vinrent ensuite les nouvelles de Raphael. Entendre que des tensions avaient de nouveau éclaté entre les deux hommes souleva un vent de révolte dans le cœur de la jeune femme. Comment Alexender avait-il pu se laisser aller à de telle bassesse? Raphael lui avait sauvé la vie, il s’était battu courageusement à leur côté, comment remettre tout ça en doute. Elle soupira douloureusement.

-Il est si prompt à juger sur une paire de canines...

Cette simple phrase la fit de nouveau penser au Comte. Peut-être n’avait-il pas complètement tort quant à la nature des humains. Mais ce que Sarah ignorait était la raison véritable du conflit entre les deux hunters. Lorsqu’Eulalia raconta comment Raphael avait été kidnappé et torturé par le Comte, Sarah retira brusquement ses mains des siennes et recula dans son siège, comme si elle avait été brulée. Qu’avait-elle dit? Non elle ne pouvait pas parler de Jiromaru... Il n’aurait pas fait cela... Le regard que Lally jeta au ciel donna le temps à la Chasseuse de masquer son trouble. Comment avait-il pu faire une telle chose? Puis la terrible révélation se fit à son esprit. Ne lui avait-il pas dit qu’il avait remué ciel et terre pour la retrouver? Cette nouvelle choqua l’aristocrate, dont le tremblement de ses mains repris. Elle s’en voulait terriblement pour Raphael. Comment Jiromaru avait-il pu faire cela? La suite du récit d’Eulalia rattrapa son attention. Comme elle s’en doutait, le Prince avait ses propres limites sur la ville. La demeure du Conservateur demeurait un temple sacré que même lui ne pouvait violé impunément. C’était une chance en quelque sorte que Raphael ait atterri chez Drake. Il était bien le seul immortel assez téméraire et ayant les pouvoirs nécessaires pour mettre le Comte à la porte. Sa dernière phrase fit sursauter l’Artemis. Ainsi donc ils étaient au courant qu’elle était à Highgate? Troublée, elle écouta la suite du récit d’Eulalia en hochant doucement la tête. Heureusement que la jeune bourgeoise était bien traitée. C’était une maigre consolation face à ses malheurs.

Lorsque Sarah demanda à la jeune femme de lui révéler l’endroit où se trouvait Alexender, elle vit une émotion passer dans le regard caché derrière ses belles lunettes. Il eut un instant de malaise et l’aristocrate ne put s’empêcher de froncer les sourcils. Pourquoi refusait-elle de lui donner cette information?


-Je ne suis pas morte deux fois pour attendre une seconde de plus avant de le revoir! tempêta-t-elle un instant avant de se taire. Encore une fois, la voix douce d’Eulalia noyait sa colère.

-Lady Spencer… Croyez-moi, sincèrement, j’aimerais vous dire où ils se trouvent. J’aimerais que Lord Von Ravellow et vous soyez réunis… Mais ni vous ni moi ne pouvons être certaines que le Comte n’a pas envoyé d’émissaires vous poursuivre. Nous ne pouvons pas prendre un tel risque. Si les Vampires découvrent notre cachette, ce sera la fin pour tout le monde.

Ce refus fit de nouveau naitre la colère dans le regard de la Chasseuse qui se leva brusquement. Eulalia avait raison. Dans toute sa belle sagesse, la bourgeoise marquait encore un point. Sarah s’avança jusqu’à la fenêtre pour masquer ses larmes et laissa son regard se plonger dans le paysage noyé sous la pluie printanière. Même si son esprit logique donnait raison à Lally, elle ne pouvait s’empêcher de souffrir devant une telle décision. La douleur qui traversa sa poitrine lui donna l’impression de mourir une nouvelle fois. Il lui sembla soudainement apercevoir la silhouette de Blake en bas qui discutait avec le majordome. Avec une profonde lassitude, Sarah marmonna :

-Il n’a pas besoin d’envoyer de guetteur, tout Londres observe mes moindres gestes. Même dans mes rêves je n’ai aucune tranquillité!

La magicienne se retourna lentement. Que pouvait-elle ajouter de plus?

-Mais vous avez raison sur ce point... Le Comte me fait surveiller, chaque nuit j’ai un ou deux guetteurs immortels qui me suivent...

C’était seulement le jour qu’elle pouvait retrouver un semblant de liberté. Les humains étaient plus faciles à semer, dans une ruelle, au détour d’une rue, dans la foule... Lorsqu’Eulalia lui annonça la rumeur qu’un bal allait bientôt être donné en son honneur au Manoir l’aristocrate ne put retenir un soupir. C’était bien sa vie, toujours être la dernière au courant de ce qui se tramait même dans sa propre demeure. L’idée de Lally la séduit rapidement. Elle aurait pu tout donner pour revoir Alexender, mais la réalité veint rapidement murmurer à son oreille.

-Ne vous faites pas d’illusions Eulalia, si un bal est donné au Manoir ce sera pour annoncer mon mariage avec le Comte, je doute que ce soit une bonne idée qu’Alexender soit présent.

Elle ramena son regard sur la fenêtre. À travers les épais nuages de pluie, quelques rayons de soleil filtraient, éclairant le ciel. Dehors, elle aperçut Blake qui ouvrait le parapluie d’une jeune femme. Comme la vie lui semblait soudainement si naïve. Ce qu’elle aurait donné pour revenir en arrière et choisir une autre voie...

-Peut-être nous n’étions pas destinés à être ensemble dans cette vie... murmura-t-elle.

Il lui semblait que la fatalité s’acharnait sur leur destin d’amant. Tout était en place pour les séparer et même aujourd’hui, alors qu’elle apprenait qu’il était encore en vie, qu’il se trouvait quelque part dans la ville, elle ne pouvait courir à sa rencontre. Sarah appuya sa main contre le carreau froid de la vitre songeant un instant qu’Alexender se trouvait peut-être quelque part dans une demeure qui disparaissait sous sa paume.


-Je l’ai cherché pendant si longtemps...

Elle avait tout risqué pour le retrouver, mettant sa réputation, celle de sa famille et même sa vie en jeu. Et encore aujourd’hui, elle était prête à remuer ciel et terre pour le revoir.

-Je ne suis jamais allée au couvent. Finit-elle par lâcher. J’ai échangé ma place avec une amie. Les Sœurs ne m’ayant jamais vue, la duperie était facile. Je suis revenue à Londres sous le nom de Gabriel Fitzwilliam. Une connaissance à moi est actrice pour un petit théâtre, elle m’a donné de quoi transformer mon apparence en homme.

Sarah revint doucement s’asseoir sur le fauteuil face à Eulalia. C’était la première fois qu’elle révélait à quelqu’un son terrible secret et la mise en scène incroyable qu’elle avait monté pour fuir le Couvent. Son amie, partie en tournée depuis, n’avait même pas eu vent de l’efficacité des précieux conseils qu’elle avait donnés à l’héritière. Tout Londres s’était fait avoir par sa métamorphose. Avec une petite mou de satisfaction, la Chasseuse esquissa un sourire envers la jolie bourgeoise.

-C’est ainsi que j’ai appris que vous aviez été envoyer chez votre tante, que le Yard surveillait votre demeure, et que Alex et Raphaël demeuraient introuvables... son ton redevint plus grave. J’ai dès lors consacré chaque seconde de ma vie pour les retrouver...

Son regard se fit de nouveau triste et douloureux. Combien de nuits avait-elle passées à les chercher? À attendre, une lettre un message? Combien elle pouvait être jalouse d’apprendre qu’Eulalia avait été mis dans les confidences des noms de codes. Comme elle la jalousait d’apprendre qu’elle avait pu leur venir en aide.  Sarah se sentait comme un poids mort, le terrible élément déclencheur qui avait réuni la nouvelle guide, mais qui les avait aussi entrainés dans une terrible histoire dont les morts avaient parsemé leur chemin. Elle songea un instant avec amertume que le vampire des docks avait eu raison : elle était similaire à Hélène de Troie, celle qui avait mené à sa perte deux grandes nations pour une histoire d’amour, de désir et qui avait fait tant de morts en son nom. Sarah hésita un instant. Devait-elle tout raconter à Eulalia? Elle se sentait si proche de cette jeune femme. Ils avaient traversé des épreuves ensemble et chacune se battait pour son amour. Après un bref silence, elle tenta de reprendre constance et de poursuivre :

-N’ayant eu aucune de vos nouvelles, j’ai dû me résoudre à revenir à Londres. J’ai rejoint mon amie à sa sortie du Couvent et nous avons repris le chemin pour la capitale. C’est là que nous avons été attaqués par des vampires. Elle porta instinctivement la main à sa gorge où malgré le vêtement, elle sentait le souvenir de sa terrible blessure. Un des vampires m’a mordu et presque vidé de mon sang, mais le véhicule a fait une embardée et je suis tombé dans la rivière...

Le regard de Sarah devint lointain et douloureux comme si le simple fait d’invoquer ce moment la replongeait dans l’eau froide et tumultueuse de la rivière Thames. Elle serra les poings pour tenter d’apaiser ses tremblements, mais rien n’y fit. Aussitôt qu’elle évoquait ce moment, elle avait l’impression de mourir de terreur de nouveau.

-À partir de là, tout est encore très flou dans ma mémoire. J’ai perdu toute notion du temps, je ne sais même pas comment j’ai fait pour sortir de la rivière. Je me souviens d’avoir été raccompagner à Londres et d’avoir marché, pendant… très très longtemps. J’avais si… mal...

Elle se racla la gorge pour éviter le sanglot qui la comprimait.

-Une dame m’a accueilli dans sa demeure, mais avant que je ne puisse réaliser où j’étais, nous avons été enlevés par une nouvelle horde de vampires. Ils nous ont amenés sur les quais où ils nous ont attachés et couverts de sang de la tête au pied... Sarah eut un nouveau frisson de dégoût en songeant à l’odeur pestilentielle et au liquide poisseux coulant sur son corps. C’était un soir de pleine lune et les vampires voulaient nous livrer aux loups-garous... Mais d’autres vampires sont arrivés et une bataille a éclaté avant que les loups-garous n’arrivent et s’en mêlent eux aussi. Encore une fois j’ignore comment j’ai pu m’en sortir, il y a eu un incendie vous l’avez sans doute lu dans les journaux. Par la suite je suis retourné chez ma grande amie qui est également hunter. Je ne pouvais pas retourner chez mes parents avant d’avoir éclairci cette histoire, je ne voulais pas les mètres en danger... et puis sans aucune nouvelle de la guilde, j’étais toute seule...

Un nouveau silence s’installa et Sarah fut tentée d’arrêter là son récit. Mais Eulalia était déjà au courant pour Highgate, rien ne servait de lui cacher la suite.

-J’ai été retrouvé par des Camarillien. Elle hésita un instant, peut-être la jeune huntress ne connaissait pas l’existence des sectes. Elle se décida à poursuivre, prête à répondre aux questions de la belle Lally. D’après ce que j’ai compris, tous les vampires de Londres étaient à ma recherche. Les membres du Sabbat pour me tuer, les Camarillien pour me rendre au Comte… et le Comte… elle ne termina pas sa phrase. Quand j’ai repris conscience, j’étais au cimetière d’Highgate. Enfin, c’est ce que j’ai deviné. Il faisait complètement noir et j’étais prisonnière de mon propre corps. Je n’avais plus aucun contrôle… Avez-vous seulement une idée de ce qu’on peut ressentir, lorsqu’on marche, que l’on bouge, que chacun de nos membres obéit à une volonté qui n’est pas la vôtre? J’étais certaine de mourir, une nouvelle fois, sans avoir revu ma famille, vous, Raphael… ou Alexender…

Elle se tu de nouveau pour laisser passer l’émotion.

-Et c’est là qu’Il est arrivé. Une ombre de douceur passa dans les grands yeux bleus de Sarah. Le Comte était venu au cimetière pour me sauver. Il a exigé que je sois relâché, les membres ne voulaient pas, ils exigeaient une rançon ou quelqu’un, je n’ai pas trop compris. Il n’a rien voulu entendre.

Elle ne pouvait s’empêcher d’avoir une certaine fierté en racontant cela. Un éclat de gratitude brillait au fond de son regard tandis qu’elle se souvenait de la force avec laquelle il l’avait serré dans ses bras et protégé de sa cape. Elle entendait encore ses paroles murmurées au creux de son oreille, ses mains tremblantes d’émotions contre son dos. Lui seul n’avait jamais cessé de la chercher.

-C’est là que tout s’est enchainé, j’ai entendu des cris, des hurlements, nous avons été attaqués de toute part par des membres du Sabbat. Un combat s’en est suivis. Le Comte a été blessé en tentant de me protéger. Sarah se sentit de nouveau coupable. Et si cette blessure était fatale au Prince?

-Je dois avoir ça en moi, ce quelque chose d’irrésistible qui fait que j’attire indéniablement tous les immortels en quête de bain de sang... et de mort...dit-elle en tentant un trait d’humour qui sonna faux.

Un silence s’installa. C’était la première fois que Sarah racontait son histoire en entier. Elle n’avait glissé que quelques bribes à Abigail, à ses parents et même au Comte, mais personne n’avait pu savoir la teneur entière des malheurs qui avait parsemé son existence depuis l’attentat raté du théâtre. Pourtant, contrairement à ce qu’elle s’était attendue, la jeune femme ne ressentit aucun soulagement. Simplement, du vide. Elle se redressa sur sa chaise comme pour tenter de chasser ce sentiment.

-Je ne sais pas ce qui se passe dans le monde des immortels, mais un grand conflit prend forme et les sectes vont s’affronter une fois de plus. C’est sans doute pour cela que Drake vous a permis de vous enfuir, pour que vous puissiez faire une différence dans les événements qui approchent. Quant au Comte…sa voix se brisa. Que pouvait-elle ajouter? Elle se leva de nouveau, incapable de rester en place. Devait-elle révéler ce qu’elle savait à son propos à Eulalia? Cela changeait tant de choses à son propos...

-Je ne peux tout simplement pas oublier que je lui dois ma vie.

Le visage d’Alex revint brusquement à sa mémoire. Elle mourrait d’envie de le revoir, de caresser sa joue du bout de ses doigts, de sentir contre son visage la douceur de ses lèvres, mais les terribles événements qui avaient bouleversé sa vie avaient changé sa vision des choses. Elle devait refuser ce plaisir égoïste. Eulalia avait raison, elles les mettaient tous en danger. La mélancolie saisit de nouveau les prunelles de la Chasseuse. D’un pas lent, elle revint se poster vers la fenêtre où la pluie avait doublé d’intensité. Les maigres rayons de soleil qui perçait plutôt les nuages avaient complètement disparus, avalés par les ténèbres.

-Pour Alex... Peut-être est-ce mieux que nous ne nous revoyons pas... Je ne saurais accepter que quelqu’un meurs de nouveau par ma faute...

Sarah ferma les yeux, cherchant à effacer l’image des corps ensanglantés du théâtre, des docks et du cimetière qui hantait son esprit. Tant de sang avait coulé par sa faute. Par un miracle, les membres de la guilde n’avaient pas eu d’autre mort, mais ce n’était sans doute qu’une question de temps.

-Comme vous avez pu le constater, je suis un danger pour tout le monde. J’attire les malheurs...

L’Artemis revint se laisser tomber dans le fauteuil. Il lui était difficile de renoncer à Alexender, mais la simple perspective de le perdre de nouveau lui était insupportable. N’était-ce pas là la plus belle preuve d’amour qu’elle pouvait lui faire? Renoncer à lui pour son bien et pour l’éloigner de tous les dangers. Si seulement elle avait su ce que son bel amant tramait, elle aurait sans doute changé d’idée. Son regard bleu se posa de nouveau sur Eulalia. Et quand était-il d’elle?

-Il est encore temps Eulalia, rien ne vous oblige de continuer dans cette voie... Quitter Londres, partez loin avec Raphaël en un endroit où votre amour pourra fleurir... Il n'y a rien ici, rien d'autre que le désespoir et vous méritez d’être heureuse...

Cette rencontre la remuait. Eulalia ouvrait dans le savoir une blessure profonde que Sarah tentait de refouler depuis longtemps. Elle se souvint avec une tristesse de la fois qu’elle avait proposé à Alexender de s’enfuir ensemble, vers un autre pays. Le jeune homme lui avait dit de ne pas s’en faire. Que tout irait bien, que bientôt ils pourraient bâtir leur vie ensemble... Sarah soupira de nouveau

-Je suis sans doute trop pessimiste pour vous, Eulalia, mais les choses ont changés depuis le théâtre...


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Eulalia Grey
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MessageSujet: Re: Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Icon_minitimeMer 14 Juin - 0:01

Eulalia ne savait plus trop quoi faire, face à l’héritière Spencer visiblement perturbée. Elle transpirait la rancœur et le regret, ce que la Huntress comprenait aisément. Ils avaient tous été victimes de la cohue qui avait suivi le Théâtre, des can-cans répandus par les journaux, des enquêtes du Yard… Il leur avait été très difficile de pouvoir reconstituer un simulacre de groupe. Sarah ne les ayant pas suivis au moment de leur fuite, la situation était devenue bien trop compliquée pour tenter de la recontacter sans la mettre en danger ou faire sauter leur couverture. C’était l’évidence même mais l’héritière semblait avoir beaucoup de mal à l’admettre. La jeune Grey ne pouvait pas vraiment la juger. Seule et sans nouvelles de ses compagnons, n’aurait-elle pas été aussi aigrie, aussi amère ?

La jeune femme était surveillée par les sbires du Comte, constamment observée. Ni les Vampires, ni la bonne société ne la laissait tranquille. La pauvre jeune femme n’avait plus un seul moment de tranquillité pour elle. Pas étonnant, alors, qu’elle soit à fleur de peau. Lorsqu’Eulalia suggéra l’idée de les faire se retrouver au Bal qui était, disait-on, prévu par les Spencer, la réponse de l’héritière la fit tiquer. Un mariage avec le Comte ? Après le Théâtre ? Il n’en était pas question !
La réflexion de la jeune Huntress lui fendit le cœur. Elle semblait résignée à ne jamais vivre son amour avec Alexender. Cela la rendit infiniment triste. Eulalia ne voulait pas concevoir que Sarah puisse rester triste à ce point. Alors qu’elle s’épanchait à nouveau sur le temps qu’elle avait passé à le chercher, la jeune bourgeoise saisit à nouveau les mains de la noble, comme pour maintenir une présence.[/i]

- Ne dites pas cela ! Sarah, ne renoncez pas à Alexender, ne laissez pas le Comte gagner. Maintenant qu’il sait où vous êtes, il n’aura de cesse d’entrer en contact avec vous, au péril de sa vie s’il le faut. Je ne pourrais pas le retenir bien longtemps.

Elle l’écouta raconter la suite de son histoire avec un air quelque peu perplexe. Sarah était exceptionnelle. Parvenir à duper tout ce monde sans jamais éveiller l’attention… Elle était réellement exceptionnelle. Elle venait de réussir un tour de force sans pareille ! Eulalia s’imagina temporairement dans la peau d’un homme et ne put s’empêcher de frissonner. Elle n’aurait jamais réussi à tenir ce rôle sans se trahir… L’héritière Spencer avait des talents d’actrice exceptionnels ! Sarah avait-elle assisté à l’enterrement de ses parents sans qu’elle ne s’en aperçoive ? L’avait-elle croisée en sortant de chez sa tante ? Elle se sentait misérable de n’avoir jamais rien remarqué.
La suite de l’aventure de Lady Spencer la glaça. Elle avait sans nul doute vécu une expérience traumatisante sans pareille. Attaquée par des Vampires, presque noyée, mordue… C’était un miracle qu’elle soit toujours en vie ! Elle culpabilisait terriblement de n’avoir pas été là pour l’aider. A chaque nouveau mot de la jeune femme qui tombait, c’était un peu plus de sentiment d’impuissance qui tombait sur les épaules d’Eulalia.
Elle était désemparée et en colère en comprenant que le Comte était indirectement responsable de sa capture. Si ce Vampire s’était tenu éloigné d’elle, elle n’aurait jamais eu à souffrir comme elle l’avait fait. Si ce Vampire l’avait laissée en dehors de cela, la pauvre héritière n’aurait pas la quasi totalité des immortels de Londres aux trousses ! Elle aurait pu mourir… Et personne n’aurait pu venir l’aider. Par sa faute…

Cependant, la suite fit ravaler sa salive à Eulalia. Sarah lui parla du Comte comme d’un sauveur. Elle perçut la douceur dans son regard et dans sa voix. La même qui passait parfois dans ses yeux lorsqu’elle pensait à Raphaël. Elle le décrivait d’une façon presque chevaleresque. La jeune femme, échauffée par sa haine justifiée envers le Comte, faillit penser que la jeune Spencer avait été envoûtée. Puis elle repensa à sa propre histoire avec Raphaël. Les autres pensaient exactement contre elle ce qu’elle était en train de penser contre Sarah. Et si cette dernière lui racontait tout cela parce qu’elle estimait qu’elle était la seule à pouvoir comprendre ? Oui, mais Alexender dans tout cela ? Eulalia n’aimait que Raphaël, là était toute la différence…

Elle ne dit rien et attendit la fin du récit de la belle. Visiblement, les sectes étaient sur le point de basculer dans un bain de sang. Les cartes étaient mélangées et certains masques tombaient. Après toutes ces épreuves, Sarah doutait. Le Comte lui avait sauvé la vie. Eulalia le comprenait mais ne pouvait pas non plus oublier qu’il avait tué son père et qu’il lui avait infligé une humiliation pire encore. Elle ne savait pas dans quelle mesure elle devait approuver la conduite de Sarah ou pas. Elle ne savait pas si elle avait raison d’encourager la jeune femme à retrouver Alexender alors que celui-ci l’avait trompée avec Lady Thornes.

Eulalia se sentit soudain très lasse, prise dans les histoires de sentiments de ses alliés, alors qu’elle avait déjà des difficultés à faire fonctionner la sienne normalement. Elle réalisa que la survie de leur groupuscule dépendrait des décisions qu’elle allait prendre vis à vis des secrets qu’elle gardait.


- Lady Spencer, je serais bien mal placée pour vous faire la morale concernant votre relation avec le Comte. Mais je ne peux pas non plus vous encourager à le placer sur un piédestal… Il vous a sauvé la vie cette fois-ci parce qu’il avait besoin de vous sans doute… Mais qu’arrivera-t-il le jour où vous ne l’intéresserez plus ? Pensez à ce qu’il a fait endurer à Raphaël, pensez à la façon dont il a tué mon père, pensez à ce qu’il fera subir à Alexender s’il le retrouve. Je peux comprendre que vous éprouviez de l’affection pour lui et je ne vous jugerai pas pour ça. Mais laissez-moi vous supplier de faire preuve de prudence. Vous jouez un jeu dangereux avec un être retors.

Eulalia se sentait coupable de voir la jeune femme autant souffrir. Sa résignation lui fit mal au cœur et elle s’approcha doucement de l’héritière, postée au coin d’une fenêtre. Elle ne voulait pas la laisser mettre de la distance entre elles.

- Lady Spencer, je pense que c’est exactement ce que tout le monde veut que vous fassiez. Si vous décidez de ne plus revoir Alexender, ceux qui sont contre vous auront gagné. En l’état actuel des choses il est dangereux de vous revoir mais je vous promet de trouver un moyen. Et comme je vous l’ai dit, il est fort probable qu’Alexender finisse par vous retrouver chez vous où ailleurs, envers et contre tout.

Elle eut un regard désolé quand elle lui confia attirer tous les malheurs. La jeune Huntress ne savait pas quoi dire. Peut-être avaient-ils tous cette impression au fond. Ils devaient pouvoir compter les uns sur les autres pour affronter la suite. Les difficultés étaient moins ardues à porter lorsqu’elles étaient partagées.
Elle fut surprise par son observation. Selon Sarah, elle pouvait partir, quitter Londres avec Raphaël et commencer une autre vie… Un sourire pâle éclaira le visage de la jeune femme. Elle y avait plusieurs fois pensé mais cela n’arriverait jamais.


- Je ne peux pas vous abandonner. Pourquoi dites-vous que rien ne m’oblige à rester ? Je vous suis loyale, à tous. Je ne peux pas envisager la fuite. Tant que le Comte vivra, tant qu’il fera régner la terreur sur Londres, Raphaël ne connaîtra pas la paix et moi non plus. J’ai juré de l’accompagner partout où il irait. Tant qu’il restera à Londres, je ne partirai pas. Tant que vous ne serez pas hors de danger, je resterai ici.

La jeune fille accueillit le pessimisme de la jeune héritière avec un sourire désolé. Elle comprenait plus que quiconque ce que la perte d’espoir pouvait entraîner, mais il ne fallait jamais céder.

- Je sais que les choses ont changé… Je les ai vues aussi. Mais que voulez-vous, l’espoir et la foi sont dans ma nature. Il faut bien que l’un d’entre nous continue de voir l’éclat de lumière qui brille au sein de la nuit, sinon nous serions totalement abandonnés aux ténèbres.

Eulalia sourit un peu plus franchement, lissant les plis de sa robe mauve. Elle ne lui avait pas encore parlé de Lady Thornes…

- Si jamais votre père décide de mettre ce bal de malheur sur pieds, pensez à glisser une invitation pour Lady Katherine Thornes. Elle nous a rejoint dans notre lutte, Alexender et Raphaël la connaissent mieux que moi, mais je l’ai déjà vue. Elle est infiltrée auprès du Comte et elle a réussi à se faire intégrer à sa troupe de théâtre. Elle pourrait nous être d’un grand secours…


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MessageSujet: Re: Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Icon_minitimeMer 28 Juin - 18:10

Eulalia l'avait vue. Cette douceur, cet infime éclat qui avait rempli les yeux purs de la chasseuse. En un regard, elle avait décelé ce que Sarah ne parvenait pas à voir d'elle même. Perdue dans son récit, la jeune femme s'était laissé emporter par ses émotions. L'espace de quelques secondes, sa tour d'ivoire s’était fissurée et la belle miss Grey avait pu lire ce qu'elle s'était caché à elle même. Elle était tombée amoureuse du Comte.

Les évènements qui avaient suivi le théâtre avaient bouleversé tout le monde. Si ses alliés avaient gardé une profonde rancœur contre leur ennemie, colère justifiée par les nombreux morts et les terribles accusations contre Raphael et Alexender qui les avait menés à une vie de fugitif, les sentiments de la magicienne avaient évoluer sans qu’elle ne s’en rende-compte. Seule, abandonnée de tous, elle voyait le Comte comme le sauveur qu’il avait été en ces temps de tourments. Il l’avait sorti de sa solitude et des ténèbres dans lesquelles elle était plongée. Elle avait failli lui succomber dans sa chambre, mais sans le savoir, elle lui appartenait déjà.

Prise sur le fait de cette révélation, la belle avait détourné brusquement le regard comme si elle avait eu peur de dévoiler encore plus ce qui tourmentait son âme. Elle en avait déjà trop dit. Le regard compatissant de son amie s'était voilé en une colère qu'elle tenta vainement de dissimuler. L'héritière ne pouvait que trop la comprendre. Le Comte avait blesser son amant, tuer ses parents, comment pouvait-elle rester là à l'entendre vanter les mérites d'un homme qu’elle détestait? Sarah s'en voulait de s'être confiée ainsi à la belle huntresse, elle avait attendu si longtemps de pouvoir tout raconter à une amie qu'elle en oubliait la raison de leur souffrance commune. Mais ce que Lally ne pouvait comprendre c'était le lien puissant qui s'était tissé entre le vampire et la chasseuse. Peut-être avait-il été l'élément déclencheur de tous ses tourments, mais Lui seul était venu la sauver, lui seul avait été la pour ramasser ce qu'il restait d'elle et la remettre sur pied. Et elle ne pouvait croire que tout cela n'avait été qu'un coup monté. Lors de ce moment où tout avait basculé, lorsque leur pensée s'était mélangée elle avait lu dans son cœur la vérité qu'il avait cachée derrière chacun de ses mots. Oui, il l'aimait, de cela elle en était certaine. Lorsqu'Eulalia ouvrit la bouche, Sarah se referma, craignant d'entendre un reproche qu'elle n'avait pas lut dans les yeux de son amie. Mais encore une fois, Lally se montra d'une grande diplomatie. Malgré sa haine, elle ne pouvait se laisser à la juger. Pour cette action, la gratitude et l'admiration de Sarah grandirent encore. Définitivement, cette femme était une perle, une lueur parmi les ténèbres ici-bas. Mais ses paroles la blessèrent profondément. La Chasseuse grimaça, les doutes d'Eulalia faisaient résonner en elle l'écho des siens et lui rappelait les heures qu'elle avait passées à chercher des réponses, en vain.

Elle ne comprenait toujours pas les motivations du Comte et il avait lui-même refusé de lui révéler la raison pour laquelle il l'avait choisi.  Après sa dernière visite dans sa chambre, la jeune femme avait saisi qu'un puissant désir l'habitait; il souhaitait autant la posséder elle que prendre son sang, mais derrière tout cela, les paroles de Maria continuaient de flotter dans son esprit comme une épée de Damoclès. Jusqu'à quand saurait-elle assez éveiller sa curiosité? Combien de temps lui restait-il avant qu’il ne passe à une autre et qu’il se délaisse d’elle? Et si elle n’était qu’un prétexte, qu’une vulgaire échappatoire? Un pion de plus dans l’échiquier qui se dressait dans l’esprit tortueux du grand homme pour le mener à un autre destin?

La soudaine présence d’Eulalia près d’elle la fit sourire. À quelque part, elle enviait cette jeune femme pleine de courage, de grande beauté et remplie d’une forte détermination. Mais ce que l’aristocrate lui enviait le plus était l’amour que lui portait Raphael et l’amour qu’elle lui donnait. Ils étaient unis, prêt à tout l’un pour l’autre. Leur amour était d’une telle pureté qu’il éloignait tous les doutes.  Sarah aurait été prête à tout sacrifier pour un tel amour. L’avait-elle trouvé avec Alexender? Elle n’en était pas certaine. Ils avaient eu si peu de temps ensemble. Dès le début de leur relation, tout n’avait tourné autour que des vampires et du Comte. Elle se demandait avec le recul s’il aurait été prêt à tout abandonner pour fuir avec elle. D’ailleurs la jeune Huntresse lui rappela qu’Alexender finirait par la retrouver tôt ou tard. Ainsi donc il ne l’avait pas oublié? La belle aristocrate ferma les yeux un instant. Le visage de son amant longtemps chéri flotta doucement dans son esprit. Elle en voyait le contour, mais les détails lui avaient échappé. Elle ne se souvenait plus de quel côté il envoyait ses longs cheveux roux ni des rides qui apparaissaient au coin de sa bouche lorsqu’il souriait. Elle se souvenait seulement de la douceur de ses lèvres et de l’éclat brillant au fond de ses yeux. Oui, Alexender lui manquait. Elle aurait tout donné en cet instant pour le retrouver, quitte à mettre sa vie en jeu. Mais le risque était trop grand. Pensive, elle se souvient toutefois de la mise en garde que lui avait proférée le Comte. Il considérait Alexender comme un homme qui n’était pas digne de confiance. Sarah ne savait pas trop comment percevoir ces paroles. N’étaient-elles pas normales venant d’un rival? Peut-être était-ce le passé de coureur de jupons de l’aristocrate déchu qui l’avait poussé à proférer un tel avertissement.

Les paroles réconfortantes de la jeune Grey la firent sourire. Qu’il était bon de ne plus se sentir seule. Eulalia rejeta avec ferveur son idée de quitter Londres. La jeune femme était convaincue que sa place était auprès de Raphael et de leur groupe. Sarah ouvrit la bouche comme pour parler, mais la referma aussitôt. Devait-elle lui parler de la missive du Comte? Devait-elle l’aviser qu’il lui offrait le choix de renoncer à leur mariage? La magicienne se mordit la lèvre inférieure. Elle avait l’impression d’en avoir trop dit. La position dans laquelle elle se retrouvait était inconfortable. À cheval entre deux clans, il lui faudrait un jour ou l’autre choisir sa place. Mais pourtant, ils ouvraient dans le même sens! Si le Prince parvenait à mettre la main sur les immortels, les vampires finiraient par disparaitre et le calme reviendrait à Londres et sur la terre entière. Soudain, une ombre passa dans le regard de la jeune Grey. Sarah l’observa en détail, cherchant à voir d’où pouvait donc venir ce soudain malaise. Elle lui parla alors de Katherine Thornes et de l’idée de l’invité au bal. Sur le coup, la Chasseuse demeura interdite, cherchant dans sa mémoire où ce nom lui était familier. Puis, lentement, le souvenir de cette femme étrange et magnifique qu’elle avait croisé à l’auberge lui revient.


-Oui, je l’ai rapidement croisée à l’auberge avant l’attaque du fiacre... C’est elle qui m’a annoncé qu’Alexender avait réussi à se sauver de la Tour de Londres...

Elle se souvenait d’elle comme d’une femme volontaire, courageuse, très sûre d’elle et d’un charme ravageur. Une créature dangereuse et libre qui usait volontiers de sa séduction. Peut-être était-ce cela la raison du malaise apparent d’Eulalia. Peut-être cette femme avait-elle usé de ses charmes sur Raphael? Sa douleur était compréhensible, comme pouvait-on rivaliser avec une créature aussi sublime que Madame Thornes? Sarah ne savait pas encore à quel point elle se fourvoyait. Se raclant la gorge, elle reprit doucement parole.

-C’est une femme magnifique et de bonne compagnie, je suis certaine qu’elle a bien su s’intégrer au groupe...

Encore une fois, l’Artémis ne savait pas à quel point elle se trompait. Elle ignorait encore que c’était Katherine et son majordome qui avaient fait éclater une dispute avec Raphael et que c’était pour cette raison qu’il avait quitté le repère pour se jeter dans la gueule du loup. Elle ignorait tout de la relation que Katherine avait développée avec son amant, celui qu’elle cherchait depuis des semaines, celui qui avait si facilement cru à sa mort en si bonne compagnie. Lorsqu’Eulalia lui annonça qu’elle s’était jointe à la troupe du Comte, un frisson parcourut le dos de la magicienne. Ainsi donc ils avaient monté un nouveau plan, sans elle? Une ombre passa dans son regard pur alors qu’elle se rendait compte une fois de plus combien sa mort avait été prise en compte par tout le monde. Une légère amertume pointa dans son cœur tandis qu’elle songeait qu’ils avaient sans doute mis plus de temps à faire un nouveau plan pour approcher le Comte qu’à la chercher. Et lui? Son beau Prince, devait-elle l’aviser qu’il avait désormais une Hunter dans son groupe? Cela aurait été signer l’arrêt de mort immédiat de la jeune femme. Sarah se mordit de nouveau la lèvre inférieure. Que devait-elle faire? Agir auprès du Comte était dangereux, peut-être Katherine n’avait-elle pas saisi l’ampleur de la situation... Elle marmonna rapidement qu’elle ferait son possible pour que la comtesse soit invitée. La pluie commençait à tomber et la nuit n’allait plus tarder à présent. Sarah serait restée bien longtemps au côté de son amie, mais être à l’extérieur du domaine lorsque la nuit tombait revenait à appeler à ses côtés tous les vampires des parages. L’étroite surveillance dont elle faisait preuve lui pesait lourd sur les épaules. Avec les membres du Sabbat à ses trousses, s’aventurer la nuit était dangereux. : La belle poussa un soupir avant de se passer une main contre ses tempes. Elle réfléchissait à un moyen de rencontrer Alexender en toute sécurité. Si seulement elle disposait d’un lieu loin des regards... Soudainement elle eut une idée :

-Dites à Alexender de venir me rejoindre au Brompton Oratory dans trois jours. C’est là qu’à l’époque les membres de la Guilde d’Ivoire se rassemblaient. C’est le Père Gregory, l’un des descendants de Daniel Thompson qui en est le prêtre. C’est un homme fiable qui connait bien les créatures de la nuit. Lorsqu’il se présentera, il devra aller au confessionnal et s’annoncer comme un Angelus dei. Le père comprendra. Je l’attendrai à 15h00, l’église sera déserte à cette heure et aucune chance de croiser des vampires.

Cela pouvait fonctionner. Elle n’aurait qu’à se débarrasser de Blake en passant par Regent Circus pour le perdre au milieu de la circulation. La Chasseuse fit ses aurevoirs à Eulalia, lui recommandant la prudence, lui promettant de lui écrire, maintenant qu’elle se ‘’connaissaient’’ aux yeux de la société, leurs correspondances seraient moins surprenante. Alors qu’elle s’éloignait, une dernière question fit figer sa démarche gracieuse. Lentement, elle se retourna vers son amie pleine de sagesse.

-Lally... Si vous connaissiez un moyen d’éradiquer tous les vampires de la terre, le feriez-vous même en sachant que cela signifierait la mort de Raphael?


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MessageSujet: Re: Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Le consulat des dames [Sarah, Eulalia] [09/05/42] Icon_minitimeMar 22 Aoû - 22:36

Eulalia se retenait désespérément de dire la vérité à Sarah. Elle se mettait à sa place. Si Raphaël lui avait été infidèle, elle aurait aimé en être informée. Mais si elle avertissait son amie maintenant, tout volerait en éclat. La survie de leur groupe lui apparaissait plus importante que les sentiments de la jeune Lady. Elle le reconnaissait bien à contrecoeur et sa culpabilité augmentait à chaque seconde mais que faire d'autre ?

Elle aurait voulu frapper la Hongroise tellement fort pour ce qu'elle avait fait. Bien qu'elle lui fut apparue des plus sympathiques, elle ne pouvait oublier qu'elle avait délibérément séduit un Hunter, qu'elle avait provoqué une dispute qui avait coûté une main à son amant. Elle aurait aimé pardonner, ne ressentir aucune rancoeur, aucune émotion impie, mais elle ne parvenait pas à s'en empêcher. La Huntress se jura de garder ses sentiments pour elle. Ses états d'âme ne devaient pas aggraver leur situation déjà précaire. Elle devait rester en dehors de tout cela et mettre toute son énergie dans la cohésion du groupe. C'était ce pourquoi elle était là. Elle était la seule à bénéficier encore d'un statut officiel. Elle était la seule à pouvoir agir sous les yeux des autres sans jamais être soupçonnée. Compromettre le Comte et couvrir les agissements de ses compagnons, voilà tout ce qui devait lui importer.

Lorsque Sarah lui donna les indications pour qu'Alexender la retrouve, la jeune femme écouta d'une oreille attentive. Elle soupira légèrement mais ne dit rien. Elle était tiraillée. Sa tête lui soufflait qu'une telle rencontre n'était pas prudente. Sarah et Alexender risquaient de se faire découvrir. Peut-être que l'heure écartaient les Vampires mais si le Comte avait des humains à sa solde ? Il aurait très bien pu les envoyer pour la suivre...
Et pourtant, son coeur lui hurlait de la laisser y aller. Elle devait permettre aux deux amants de se retrouver. Il fallait qu'Alexender tire un trait sur Katherine. Il fallait qu'ils repartent de zéro tous les deux. Plus leur amour se fortifiait, moins le Comte pourrait asseoir son emprise sur Sarah. Si seulement la Huntress savait à quel point il l'avait déjà conquise, sans doute n'aurait-elle pas été aussi optimiste.


- Très bien, je lui transmettrai tout ceci... Mais je vous en conjure, soyez très prudente.

Dehors, la nuit commençait à tomber et la pluie battait contre la fenêtre. Bientôt, les créatures de la nuit seraient de sortie. Elles devaient se quitter. Eulalia avait peur de perdre à nouveau Sarah. Mais elle ne pouvait plus rien faire pour endiguer la colère et la tristesse qui s'étaient emparées d'elles. Elle ne pouvait qu'espérer qu'Alexender trouve les mots pour l'apaiser...

Doucement, elle se dirigea vers la sortie du salon en promettant de répondre à ses lettres. Elle lui donna l'adresse où elle résidait désormais et lui confia qu'elle trouverai le moyen de la cacher si un jour elle se sentait en danger. Après les politesses d'usage, elle laissa la Lady sortir en premier. Elle haussa cependant un sourcil surpris quand elle s'arrêta pour lui poser une question, qui la retourna plus que ce qu'elle aurait pensé.


- Je ne pense pas que je le ferais. Je ne peux m'empêcher de penser qu'au milieu de ces meurtriers, il y a des hommes et des femmes comme Raphaël. Des personnes sur le chemin de la rédemption. Je pense que beaucoup doivent souffrir, regretter leur vie de mortel. Certains ne rêvent que de mourir, d'autres s'accrochent à la vie, mais je ne pense pas qu'ils soient mauvais. Je ne pourrais pas les condamner à cause des agissements de leurs confrères... Mais un certain bibliothécaire m'a dit un jour que je me berçais d'illusions en espérant une vie en harmonie. Peut-être qu'au fond, nous sommes les proies et eux les chasseurs. Peut-être que le combat cessera lorsqu'un des clans aura exterminé l'autre... Mais je ne veux pas de ce monde là.

L'air penaud, Eulalia haussa les épaules avec un sourire gêné.

-Je suis désolée de ne pas pouvoir vous apporter de réponse plus claire. Avant, je croyais que tous les Vampires méritaient la mort. Depuis Raphaël, je me rend compte que rien en ce monde n'est tout noir ou tout blanc... Cela rend les décisions beaucoup plus difficiles à prendre.

Elles se dirent au revoir une dernière fois et se quittèrent dans le hall. La jeune femme revint auprès de sa tante et elles quittèrent le club en pestant contre la pluie froide pour ce mois de  Mai.

[HRP/ Fin du RP pour Lally, suite ici (désolée du retard, j'avais completement oublié notre rp :'(  /HRP]


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