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Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42]

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Sarah Spencer
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MessageSujet: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeSam 3 Fév - 17:12

Bal et intrigues à Spencer's House


[01-06-1842]

Soirée sur invitation seulement



Précédemment:Que Dieu nous pardonne


Londres, en cette époque bénie de la Reine Victoria. Dans cette atmosphère teintée de sévérité et pourtant remplie d’un épanouissement social encore jamais égalé, les réceptions et soirées mondaines étaient monnaie courante. Chaque soir, on pouvait retrouver un bal masqué chez tel noble, un thé du soir chez telle dame ou encore un souper officiel chez un membre du parlement. La Reine elle-même excellait dans l’art de créer des soirées où le divertissement était à l’honneur. Il était même d’usage d’assister à plusieurs évènements en une soirée, c’est pour cette raison qu’on disait à l’époque que Londres était plus active la nuit que le jour. Mais ce soir, les aristocrates affichaient un carnet blanc. Un seul évènement avait lieu, un seul, pour les surpasser tous. Il fallait dire que Madame Spencer avait mis beaucoup de temps et d’énergie pour organiser cette soirée qui marquerait longtemps les esprits et qui serait probablement le clou de la saison. La lady était une femme qui avait le don de recevoir des invités. Elle avait déjà organisé quelques soupers et soirées mondaines, mais rares étaient ceux qui avaient déjà vu la magnifique salle de bal de la demeure Spencer. Évidemment, à l’annonce de cette soirée, toute la bonne société avait cherché à se faire inviter. La liste s’était allongée et la maitresse de maison avait mis tous les moyens pour épater ses convives. Tous les domestiques et les meilleurs artisans de la ville avaient été réquisitionnés pour transformer la demeure en véritable domaine majestueux. Et cela en avait valu largement la peine.

La nuit était belle. L’air du printemps était doux et chaud. Les arbres qui avaient retrouvé leurs feuilles depuis quelques jours, faisait bouger leur branche au gré de la brise légère qui les animait. Le ciel, sans nuage, avait déroulé son long tapis sombre parsemée d’étoiles brillantes. C’était une nuit magnifique, un temps idéal pour une réception exceptionnelle. À l’extérieur, les premiers invités s’enfonçaient dans une attente insoutenable, tournant en rond dans les rues avoisinantes, attendant que l’heure ne tourne. Les plus impatients s’étaient massés près des grilles, formant une foule de curieux. Chacun cherchait à voir à travers les barreaux quelques images du décor féérique qui s’offrait à leurs yeux avides. De l’autre côté du portail, l’allée centrale était bordée de chaque coté par de grands arbres matures. Des flambeaux avaient été plantés dans le gravier, éclairant le chemin qui menait jusqu’aux grandes portes de la maison. La demeure elle-même était éclairée de plusieurs lampions qui illuminaient les murs, comme si la demeure surgissait de la pénombre. Près des grandes portes se tenait une petite équipe de domestiques qui attendaient, prête à débuter leur ballet des plus rythmé et sans fautes. Certains s’occuperaient de prendre les manteaux tandis que d’autres vérifieraient les invitations avec une attention particulière. Mais comme dans n’importe quel événement, plus la soirée avancerait, plus un certain relâchement allait se faire sentir; les invitations étaient vérifiées une fois sur deux, permettant ainsi à quelques aristocrates de s’infiltrer en douce à l’événement. Une fois le hall d’entrée passé, on se trouvait en face de l’imposant escalier qui menait au deuxième étage où se trouvait la salle de bal. Pour l’occasion, plusieurs pièces de la demeure avaient été fermées à clé pour éviter toute situation déplorable. Comme beaucoup de jeunes filles avaient été invitées, Madame Spencer avait voulu réduire les risques de vices dans sa demeure. Ainsi, les invités étaient-ils restreints à se promener dans la salle de bal, le salon des dames, la Palm Room (salon des hommes où ceux-ci pouvaient fumer à leur aise) la terrasse et bien sûr les jardins et sa verrière. La grande salle de bal de style néoroman avait été complètement métamorphosée et elle laissait les invités béants de stupeur lorsqu’il la découvrait pour la première fois. D’une grandeur raisonnable et de forme rectangulaire, un pan complet de la pièce était composé de grandes portes-fenêtres dont les motifs en fer forgés reflétaient les lumières des cristaux qui composait les lustres. Les planchers en motif de damier avaient été lustrés et reflétaient les lumières des chandelles qui illuminaient la pièce. Le long d’un mur était alignées une grande table qui foisonnait de diverses nourritures, toutes reposant dans une porcelaine des plus fines. Il y en avait pour tout les gouts : des plats de fruits frais et de légumes, des assiettes de fromages, des amuses-gueules, des huitres aux fours, quelques bouchées de poulet et de poisson. Dans de grandes assiettes en argent reposaient un jambon orné à la royale, les poulets de printemps à la romaine, les quartiers d'agneau, de quoi satisfaire même les plus fines bouches. On retrouvait même des desserts comme des petites tartes et du plum-pudding. La table était resplendissante, un magnifique mélange d’argenterie, de cristal et de linges de table d’une grande qualité. À l’opposé de la table, les musiciens s’étaient installés, faisant vibrer la salle des notes envoutantes de leur instrument. Deux grandes portes françaises donnaient place à la terrasse ou trônaient quelques bancs de pierre. Le lierre avait envahi les murs et donnait l’impression de plonger directement dans un paradis antique. La rambarde du balcon était recouverte de chandelles et de fleurs grimpantes, véritables vestiges de la nature qui diffusait dans l’air un parfum enivrant. Un escalier permettait aux convives d’accéder aux jardins de style anglais où étaient plantés quelques flambeaux de même qu’à la grande serre qui était illuminée de l’intérieur par quelques chandelles et dont les baies des vitres brillaient comme du cristal dans la nuit noire. Beaucoup avait murmuré en voyant tant richesse réunie que la famille Spencer avait dû se ruiner pour créer une soirée d’un tel faste, mais les plus aguerris savait qu’il n’en était rien. Le véritable exploit d’une dame du 19em siècle était d’épater sans se mettre sur la paille et c’était un  art que Madame Spencer ne maitrisait que trop bien. Tout était en place, la soirée pouvait débuter.

À 19h00 sonnant, les grilles furent ouvertes sous les applaudissements surexcités des invités pressés d'entrer. Des gardes avaient été engagés pour l’occasion, observant les fiacres et les jardins. Le Yard avait mandaté quelques agents pour effectuer une surveillance autour de la propriété. Une aura de mystère entourait la grande demeure. Les invités arrivaient, nombreux, excités. Un bal, un manoir longtemps fermé, une demoiselle retrouvée depuis peu, ils n’auraient manqué cela pour rien au monde. Comme il s’agissait d’une réception privée, les maitres de la demeure n’étaient pas obligés de se prostré à l’entré pour saluer tous les convives. Monsieur et Madame Spencer se trouvaient donc dans la salle de bal au milieu des invités à bavarder joyeusement. Madame Spencer était particulièrement ravissante en cette soirée. Très fière de sa réception, elle avait vêtue sa silhouette majestueuse d’une magnifique robe d’une couleur lavande. En tant que femme mariée, elle avait le privilège de pouvoir porter des toilettes aux couleurs vives sans s’attirer les reproches de la société. Sa robe, pourtant simple, témoignait d’un raffinement digne de son rang. Son cou était cendré par un rang de perles et sur ses gangs blancs brillait son alliance ainsi qu’un bracelet. Ses cheveux autrefois d’un blond éclatant étaient remontés en un chignon parfait. Elle resplendissait sous les félicitations des invités qui passaient près d’elle. À ses côtés se tenait son époux, tout aussi élégant. Dorian Spencer était imposant par sa prestance, mais aussi par son sourire contagieux. Ses yeux gris fixaient la foule à la recherche de deux silhouettes familières. Celle de sa fille, qui devait faire son entré d’un instant à l’autre et celle du Comte Keï, avec qui il devait discuter en privé avant son entré en salle. Il avait été prévu que sitôt que le grand homme arriverait, il serait conduit au bureau de Monsieur Spencer et celui-ci serait aussitôt avisé. Au fur et à mesure que les invités entraient dans la salle, ils venaient d’eux-mêmes saluer le couple, les félicitant pour une si belle mise en scène. Des serveurs passaient au milieu des convives, distribuant des verres de vins et de champagne. L’ambiance était si chaleureuse, qu’une heure après l’ouverture des portes, la fête battait déjà son plein sous l’arrivée constante de nouveau convive. Seule la piste de danse n’avait pas été ouverte, le couple attendant les derniers invités avant d’inaugurer officiellement la soirée.


Crédit photo
Image1: Church interior - Netgraftx
Image2: Rain - Guava Pie

made by black arrow


Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Signat10
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Chastity E. Stephenson
Membre de l'Ombre
Chastity E. Stephenson
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Race : Vampire
Classe sociale : Haute Bourgeoisie
Emploi/loisirs : A la tête d'une grande entreprise spécialisée dans la production de machines à vapeur
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Proie(s) : Tous ceux qui essayeront d'attenter à sa vie.
Secte : Liée à la Camarilla de par ses idéaux mais se conduit comme une indépendante.
Clan : Toréadors
Lignée : Émissaires du Crâne
Rang Pyramidal : Premier (grâce à son érudition peu commune même au sein de sa communauté)
Crédit Avatar : Cassandra par Ina-Wong
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeDim 4 Fév - 22:55


Le Bal Spencer
intrigue
Chastity était assise au bord de son lit, en chemise blanche, la tête posée sur la paume de sa main droite. Au fond de la pièce, un homme en noir, plutôt petit, rassemblait divers outils dans une mallette en cuir usé par le temps. Walter était Vampire. Mais il était avant tout médecin. Dissocié lui aussi de la Camarilla, il était un soutien discret mais loyal pour la femme d'affaires. Il était le seul à avoir pu mesurer et tester les limites de son corps hybide, le seul capable de l'aider lorsque son enveloppe charnelle lui faisait défaut, au point qu'elle ne parvenait plus à mener ses expériences.

- Ce n'est pas possible... Ce n'est pas possible !

Chastity se releva brutalement de son lit et alla s'appuyer contre les lourdes tentures qui occultaient les fenêtres. Le petit homme se retourna et la fixa, de ses yeux d'un noir profond, avant de lisser machinalement les poils de sa moustache.

- Vous m'en voyez navré, Miss Stephenson, mais je suis formel. La disposition actuelle de vos organes internes ne laisse aucune place au doute.

La Vampire soupira et commença à faire les cent pas. Walter était un homme effroyablement efficace mais son pragmatisme et son absence totale d'émotion dans la voix la mettaient hors d'elle. Elle avait besoin de quelqu'un avec qui exploser et ne se trouvait confrontée qu'au mur glacial de la réalité.

- Il doit y avoir une erreur ! Il y a forcément une erreur !

L'homme s'approcha d'elle et posa sur son visage un regard lourd de sens. Agacée, Chastity fit claquer sa langue et croisa les bras.

- Walter, je devine tout à fait ce à quoi vous pensez et laissez-moi le démentir fermement ! Même si, entre nous, j'aurais aimé qu'il en soit autrement. Tout cela aurait été bien plus simple.

Le médecin soupira et son regard sembla se perdre dans la semi obscurité de la pièce, signe évident d'une réflexion en cours.

- Vous êtes un être à part Chastity... Et je doute qu'un jour, nous parvenions à approcher ne serait-ce que la moitié du potentiel que recèle votre corps. Quant à lui... Nous savons, vous comme moi, que ses pouvoirs dépassent l'entendement de la plupart des membres de notre race...

Chastity frissonna. Les cheveux ainsi détachés, dans sa simple chemise de nuit, elle tenait plus de l'enfant que de la femme sensuelle qui faisait tourner toutes les nobles têtes de Londres. Et dans ses yeux d'ambres, pour la première fois depuis des décennies, on put y lire de la crainte.

- Mais comment être sûr que... Que cette chose est viable ? Comment savoir si ce n'est pas la monstruosité pure qui m'attend ?

Le docteur posa une main qui se voulait rassurante sur l'épaule de la jeune femme. Son visage restait de marbre mais il était tout à fait concerné par le sort celle qui se présentait à lui dépouillée de tous les artifices qui faisaient sa renommée.

- Malheureusement ni vous ni moi ne pourront savoir de quoi il retourne. Nous n'avons plus qu'à suivre cette aventure au plus près... Ou nous pouvons l'arrêter de ce pas si vous le désirez.

Chastity redressa la tête. La proposition était tentante. Un seul geste et elle n'aurait jamais plus à se préoccuper de son état problématique. Il lui suffisait de dire oui. Il lui suffisait d'un mot, maintenant, et tout serait terminé. Pourtant, lorsqu'elle ouvrit la bouche, ce fut pour congédier Walter, plus sèchement que ce qu'elle aurait voulu.

- Êtes-vous devenu fou ? Si par malheur il venait à l'apprendre, d'une manière ou d'une autre, je puis vous assurer que nous préfèrerions mille fois les flammes de l'Enfer à ce qu'il pourrait nous faire subir. De plus, comme vous l'aviez si bien souligné, cet évènement est un cas scientifique sans précédent. Il est hors de question que je m'en débarrasse. Maintenant rentrez chez vous avant que le jour se lève. Et je compte sur votre plus grande discrétion, il en va de votre vie.

Walter se recula, récupéra sa mallette et sortit sans un regard en arrière. Derrière son pas en apparence ferme et décidé, Chastity sentait sa préoccupation. En soupirant, elle se glissa entre ses draps blancs et s'étendit, fermant les yeux, alors qu'elle entendait Gracie mettre en ordre sa chambre afin qu'elle puisse dormir. Malgré le discours intéressé qu'elle avait tenu devant le médecin, la jeune femme avait l'impression qu'une force plus grande, plus instinctive l'avait poussée à refuser le geste chirurgical. Un sentiment fort, un besoin de protection exacerbé. Mais que lui arrivait-il ?

Elle cauchemarda tout le jour. Fiévreuse, agitée, elle revoyait en rêve le visage torturé d'un des deux cobayes que lui avait confié le Comte. Il avait rejeté tout traitement et semblait s'être donné corps et âme dans la dégénérescence. Elle était encore hantée par ses yeux révulsés, ses mains décharnées, ses râles animaliers. Quel Vampire avait pu voir d'aussi près le résultat final de l'échéance cruelle qui les guettait, tôt ou tard ?
Elle n'avait même pas eu besoin de l'abattre. Il était mort seul. C'était peut-être l'unique fois de sa vie qu'elle voyait l'un des siens disparaître de causes "naturelles". Le spectacle l'avait à tout jamais retournée et les progrès que faisait l'autre patient n'avaient pas réussi à atténuer la tristesse causée par cet échec cuisant.

Elle fut tirée de ses songes morbides vers 17h par Gracie. Il était temps de se préparer. Ce soir, comme la plupart des membres de l'aristocratie en vue, elle était attendue au bal des Spencer. Chastity avait reçu une invitation tardivement et elle n'avait eu aucun mal à en connaître la raison. On l'invitait plus parce que les hommes bien nés aimaient l'admirer plus que par amitié pour sa personne. Mais cela lui était bien égal. Elle se montrerai, belle et déterminée, et ferait pâlir de jalousie la vieille Spencer.

Elle se laissa couler dans son bain, les yeux perdus dans les ondulation de ses cheveux roux. Le Comte y serait. Le Comte y serait pour épouser la jouvencelle Sarah Spencer. Cette humaine qu'il souhaitait posséder. Il était prêt, si prêt de l'avoir. Et pourtant...
Chastity tapa du plat de sa main sur le rebord de la baignoire en émail. L'eau était devenue froide. Elle sortit rageusement et s'enveloppa dans un peignoir mousseux, avant de se diriger vers la glace. Elle avait le coeur lourd et l'envie d'éclater en sanglots lui nouait la gorge. Une nouvelle fois, elle saisit son visage entre ses mains et soupira longuement, avant de saisir un flacon d'essence de fleur d'oranger et de s'en oindre les poignets, le cou et l'arrière de l'oreille avant d'appeler sa camériste d'une voix étranglée.

Après un coiffage intensif et une utilisation savamment maîtrisée du fard, Chastity paraissait resplendissante et heureuse. Sa masse de cheveux roux, délicatement coiffés en anglaises, encadrait un visage souriant, rehaussé d'une légère touche de rose aux joues et sur les lèvres. Sa gorge dénudée était parée de perles montées sur un riche sautoir, alors que des fleurs blanches et orangées agrémentaient son chignon. Elle portait une robe en taffetas crème, rehaussé d'une doublure extérieure en mousseline de soie couleur clémentine, qui s'arrêtait aux deux tiers de la jupe dans un délicat drapé. Le corsage et les pinces du drapé étaient décorés des mêmes fleurs qui habillaient ses cheveux. Quant au bas de la robe, il était ajouré d'une broderie ton sur ton qui jouait avec la lumière de manière discrète et élégante. Elle était fin prête pour le grand soir. Personne ne la connaissait suffisamment pour déceler les préoccupations qui se dissimulaient sous le masque de la porcelaine.

Lorsque son valet de pied la fit descendre, elle s'engagea sur les marches du manoir avec les derniers invités attendus. Elle sortit d'un geste assuré son invitation et laissa un domestique la débarrasser de son manteau, sans un regard pour lui. Les lumières du manoir l'éblouirent. La mère Spencer avait vu les choses en grand pour sa fille. La Vampire ne put s'empêcher d'esquisser un sourire entre l'admiration et le mépris. Qu'une famille si noble ait autant besoin d'épater la galerie pour les fiançailles de sa fille unique relevait pour elle du mauvais goût le plus complet. On se serait cru chez des américains, désireux d'étaler ostensiblement leurs richesses à la face du monde.
Cependant, elle dû également reconnaître que cette splendeur exceptionnelle avait quelque chose d'irréel, qui transportait et ravissait en même temps. Tête haute, fière et consciente de l'attrait qu'elle représentait pour ces messieurs, mariés ou célibataires, elle fit son entrée dans la salle de bal. Déjà, alors qu'elle allait saluer quelques nobles avec lesquels elle avait fait affaire, on la sollicitait pour une danse. Elle nota les noms des gentlemen avec un sourire aimable, tout en cherchant d'un oeil distrait la silhouette du Comte. Elle brûlait d'envie de le voir autant qu'elle redoutait sa présence en ces lieux. Sa nuque la brûlait et ses mains tremblaient presque. Son corset l'étouffait, bien qu'elle n'en laissa rien paraître. Cela faisait plusieurs centaines d'années que la jeune femme n'avait pas connu un tel émoi.

© FRIMELDA



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Comte Keï
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeLun 5 Fév - 17:32

[HRP/ Suite de "Un Brin d'Existence"/HRP]



Bal et intrigues à Spencer's House

Comte Kei, Ludwig Zwitter et Ambre Ghrianstad

"Ce doute pernicieux qui perturbe mes voeux
Possède un goût de déjà-vu que je ne supporte plus."


Devant le manoir des Spencer.
1er juin 1842


La Grande Horloge venait tout juste de sonner 19h30 lorsque le grand fiacre noir du Comte Keisuke franchit les grilles de fer forgé qui gardaient le domaine des Spencer. L'imposant véhicule décrivit un arc de cercle sur les gravillons du chemin et se plaça derrière les derniers arrivés avant lui. Le petit cocher italien du lord, Arnoldo, que tout le monde reconnaissait de loin, était accompagné d'un homme de forte carrure. Sa peau basanée ne trompait personne: c'était ce fameux Manouk, l'indigène que le Comte avait rencontré en Afrique et dont il avait désiré garder l'amitié jusqu'à l'accueillir ici, sous son toit, en Angleterre.
Sous son chapeau melon, le grand noir paraissait toujours aussi étrange avec ses colliers tribaux qui dépassaient de son costume. Certains chuchotaient qu'il n'était pas complètement civilisé et que le Comte prenait des risques à le fréquenter. D'ailleurs, même si le lord ne lui faisait occuper que des places de subordonné, telle que celle de cocher subsidiaire, bagagiste ou valets de pied, il semblait parfois le traiter comme un véritable ami. Lorsqu'il sortait avec son maître, pour arpenter les salons ou les soirées mondaines, l'Africain se tenait rarement en retrait et osait même adresser la parole aux nobles fréquentations du Comte. Les langues persiflaient à ce sujet et l'on se méfiait beaucoup de lui et de sa place inhabituelle dans la vie d'un homme tel que Jirômaru.
Sans se préoccuper des regards que les autres serviteurs leur décrochaient et sans prêter attention aux murmures de la foule qui s'amassait devant la demeure en l'observant avec une pointe de mépris, Manouk descendit d'un bond du véhicule et défroissa sa veste quelque peu plissée par le trajet. Puis, tandis que le petit cocher attendait patiemment de pouvoir avancer le fiacre jusqu'à la porte principale, le grand noir se rendit près de la porte laquée frappée du symbole de son maître. Il jeta un coup d'oeil à la grue cendrée élancée sur un fond de croissant de lune et de fleur de cerisier: décidément, il ne se ferait jamais à cette nouvelle manie que son maître avait de réutiliser ses anciennes armes japonaises. Il trouvait cela fort loufoque. Haussant les épaules en songeant qu'on était finalement toujours un original aux yeux de quelqu'un d'autre, il tapota le carreau principal du véhicule et attendit.
Le Comte écarta le rideau qui voilait sa présence et ouvrit la fenêtre d'un geste. Son disciple lui apprit qu'ils étaient bien arrivés mais qu'il y avait encore foule. Ils devraient attendre un peu avant de descendre. Jirômaru leva un sourcil. Et alors ? Il avait l'habitude de ce genre de chose. C'était l'occasion pour lui de laisser Ambre vérifier que son noeud était toujours en place et de glisser à Ludwig quelques ultimes recommandations pour la soirée qui s'annonçait. Manouk disparut bientôt de sa vision pour aider Arnoldo à placer correctement le fiacre par rapport au petit trottoir qui bordait la demeure. La fenêtre fut rapidement refermée, ainsi que le rideau.
Une dizaine de minutes plus tard, le fiacre fut enfin ouvert et le Comte put en sortir. Il aida sa bonne amie à descendre le marche-pied et laissa Ludwig les suivre. Les chevaux s'ébrouèrent un peu mais Arnoldo tenait les rennes avec fermeté. Après avoir donné quelques instructions à ses serviteurs, Jirômaru s'avança pendant que le fiacre s'éloignait pour libérer la place aux nouveaux arrivants et aller se stationner à l'endroit convenu pour ceux de sa taille. Manouk jeta un dernier regard au Comte mais ce dernier ne le remarqua pas, ou l'ignora.

Aussitôt accueilli par les domestiques des Spencer, le trio se dirigea prestement vers l'entrée qui s'était quelque peu dégagée depuis son arrivée. Ambre ajusta ses gants et vérifia les perles de son chignon avec un soupçon d'angoisse. Ludwig la rassura à l'aide de petits compliments qui firent sourire la belle actrice. Tous les deux formaient un duo frais et éclatant de vigueur. Leurs manteaux clairs et leurs visages angéliques les illuminaient d'une magnifique teinte astrale. Ambre saisit doucement le bras de Ludwig et suivit le bel éphèbe d'un pas plus assuré. Le Comte se retourna pour leur jeter un regard complice. Il avait déjà introduit le jeune homme dans la bonne société, notamment grâce au bal que Miss Stephenson avait donné en mars dernier, aussi était-ce de bon aloi que la belle soit sa cavalière ce soir. Lui-même espérait bien donner le bras à Sarah...
Jirômaru rajusta son haut-de-forme noir, qui accentuait sa taille de géant, et fit claquer le bout de sa canne-épée sur les marches de l'escalier. Serrant sa main sur son pommeau fleuri, il se laissa guider par les domestiques qui menaient les invités au vestibule. Le menton haut, il se félicita quant au choix de sa tenue. Près de lui, les autres convives paraissaient courtauds, maladroits et même parfois négligés.
Le Vampire portait un long manteau noir qui descendait jusqu'à ses souliers cirés à la perfection. Léger, même s'il était à double col, le grand vêtement demeurait ouvert pour accueillir la chaleureuse brise de printemps qui murmurait aux creux des oreilles de chacun sa douce mélopée emplie de promesses. Il était rare que le Comte ne ferme ses manteaux mais il était tout aussi rare qu'il porte autre chose que des capes. Éminemment sombre, ce manteau-là semblait neuf. Sa coupe impeccable mettait en valeur sa carrure et son charme. Dénué de toute fioriture, il était d'une élégance frappante d'autant que les longs cheveux noués en catogan et les gants blancs qu'arborait le lord venaient briser son aspect rigide, à l'instar d'une cascade de lait qui vient adoucir un café trop fort.
Sans se soucier des regards qui se tournaient déjà sur lui dans la rue, le lord s'annonça en sortant ses cartons d'invitation. Comme de coutume, même si la réception était "privée", les hommes de son statut pouvaient emmener avec eux deux ou trois personnes de leur choix. Aussi le lord fit-il inscrire les noms de Miss Ghrianstad et de Monsieur Zwitter dans le carnet des entrées avant de pénétrer dans le fameux vestibule.


Dans le vestibule.

Arrivé dans le vestibule, le Comte laissa un domestique emporter son manteau, sa canne-épée et son haut-de-forme. Il vérifia que sa veste ne comportait pas de pli et attendit que ses compagnons se soient eux-aussi débarrassés de leurs capes et manteaux. Evidemment, même s'il était de bon goût de ne pas déranger les nouveaux arrivants en les saluant dans l'entrée, cela n'empêchait pas les regards.
Ambre fit grandement sensation avec sa magnifique robe de satin aux teintes pastelles, crèmes et vertes, son éventail de dentelles fines et ses bijoux d'ivoire et d'émeraude. A ses côtés, Ludwig fit aussi beaucoup parler de lui. Il paraissait un prince venu des froides contrées de l'Est avec ses longs cheveux blonds ondulés, rabattus sur sa nuque en catogan, son veston assorti à la robe de sa cavalière et ses chevalières brillantes.
De son côté, Jirômaru entendit quelques remarques au sujet de sa longue veste noire: à grandes basques, ce qui était très inhabituel chez lui, elle lui arrivait aux genoux. Coupée dans un tissu de haute qualité, elle attirait l'oeil par ses boutons d'argent frappés du blason de Scarborough. L'oeil cultivé y reconnaissait aisément les deux cerfs qui se faisaient front, la tourelle, impérieuse et sublime, ainsi que le casque médiéval surmonté d'un navire qui faisaient la fierté de cette ville du Yorkshire Nord dont le Comte Kei était l'ambassadeur privilégié.
Sous cette veste inattendue, le grand homme portait une chemise d'un blanc immaculé surmontée d'un gilet conçu sur mesure par le plus raffiné des tailleurs de la capitale. Les motifs en brocards de ce dernier, mordorés sur fond brun, ne rappelaient que trop bien la place qu'occupait le Comte parmi les plus éminents lords de la Grande Bretagne. Devant chaque bougie, les fils dorés, cousus en forme de feuilles, luisaient à l'instar d'une myriade de flammèches qui venaient lécher son torse bombé par son maintien que nul ne semblait pouvoir égaler. Jirômaru avait un port altier, digne de sa caste et de son rôle au sein des partisans de la Couronne. Sa posture et son pantalon droit, noir comme la nuit, achevaient de lui donner cet air suffisant et pourtant si séduisant qu'on lui connaissait tant - à ceci près que ce jour-là il semblait avoir gravi un échelon supplémentaire...


- Attention à votre montre, Sir.

Jirômaru vérifia que l'instrument était bien à sa place dans la poche gauche de son veston et en raccrocha la chaînette dorée qui s'était légèrement décrochée lorsqu'il avait ôté son manteau. Puis, une fois que ses compagnons lui eurent assuré d'un regard qu'ils étaient fin prêts à faire leur entrée dans les salles destinées aux joies du bal, le lord s'engagea d'un pas décidé dans le flux des convives.

- Sir ! Sir ! S'il vous plaît ! Le héla le même domestique qui lui avait fait remarquer le défaut de sa montre.

Intrigué, le trio s'arrêta et le Comte adressa au jeune homme qui les avait rattrapé un regard interrogateur. Ce dernier lui sourit avec maladresse et lui indiqua un couloir inusité par les invités.


- My lord, Monsieur Spencer aimerait s'entretenir avec vous, en privé. Il vous attend dans son bureau. Veuillez me suivre.

Jirômaru ouvrit la bouche, surpris par ce qu'il considérait déjà comme une convocation. Que lui voulait donc Dorian ? Était-ce au sujet du mariage ? Cette entrevue était presque inquiétante, d'autant que lui-même n'était pas certain de ce qu'il voulait...

- Allez-y, Monsieur le comte, nous nous retrouverons près du buffet.

Ambre posa brièvement sa main sur le coude du Comte et lui sourit. Jirômaru sentit le pouvoir de sa disciple envahir son corps tout entier. Ce fut une sensation désagréable, imprévue, qui lui fit esquisser une grimace de colère. Le domestique le prit pour lui et baissa les yeux, croyant importuner le lord en le fixant comme il le faisait jusque là. La belle actrice aux boucles rousses insista un peu en crispant ses doigts sur la manche de son maître et lui lança un regard entendu. Le Comte ne put que céder. Il détestait cette façon de procéder, d'autant qu'elle ne garantissait jamais le résultat obtenu, mais il n'avait présentement pas le choix: si Dorian possédait un miroir dans son bureau, il devait avoir l'illusion qu'il avait un reflet, comme tous les mortels de sa soirée. La seule solution qu'ils avaient, lorsqu'ils ne se trouvaient pas dans la même pièce, c'était d'imprégner sa chair d'une sorte d'enveloppe invisible qui projetait son image sur tout ce qui pouvait la refléter. Cela ne durait qu'un temps et le reflet généré n'était pas toujours net, mais c'était mieux que rien.

- Bien, nous nous retrouverons plus tard dans ce cas, fit-il en se détachant de son contact. Je vous suis, ajouta-t-il en se tournant vers le domestique.

Ambre et Ludwig le regardèrent s'éloigner et s'en furent bientôt en direction de la salle principale. Ce petit contre-temps était fort fâcheux, mais le Calice et sa compagne sentaient que la conversation qu'allaient avoir leur maître et le père de la chasseuse serait déterminante pour l'avenir de leur couple.
Leur entrée dans la grande salle fut remarquée et Ludwig se vit bientôt entouré d'un petit groupe de galants qui vinrent le féliciter pour son entrée dans le "grand monde". Certains en profitèrent pour discuter avec Ambre qui détenait tous les secrets des pièces du Comte. Beaucoup se demandèrent où était d'ailleurs passé ce dernier. Ludwig se sentit grisé par cette masse piaillante de petits étourneaux curieux et de ces pies jacassantes. Mais ce que son regard accrocha lui donna un véritable souffle: la silhouette de Chastity Stephenson se détachait non loin d'eux, à l'instar d'une poupée de porcelaine au milieux des chiffons poussiéreux de la vieille aristocratie décadente. Son maître serait si heureux de la trouver-là ce soir que le jeune Calice se délectait déjà de son bonheur...


En direction du bureau de Dorian Spencer.

Dans l'ombre des couloirs, glissant sa haute silhouette derrière son guide, Jirômaru passait en revue tous les sujets possibles avec lesquels Dorian Spencer aurait envie de l'entretenir: l'état de santé de Sarah, sans doute encore sous le choc de son enlèvement et de ce qu'il s'était passé à Highgate, leurs fiançailles qu'il voulait annoncer à tous dans la soirée, les fleurs et petits courriers qu'il avait eu la gentillesse de faire parvenir à sa fille depuis qu'elle était rentrée chez elle...
Il songea également aux dangers que ce bal pouvait générer. Ambre et Ludwig seraient avec lui, dans le domaine, pour surveiller les Vampires et les éventuels gêneurs; Manouk et Arnoldo resteraient près du fiacre; Arath rôdait dans les rues alentours avec une faction de fidèles...Il ne leur manquait que Marco et Maria, qui veillaient sur l'Opéra, et Agnès qui demeurait chez Chastity pour l'aider dans ses expériences sur les dégénérés qu'il lui avait confiés. Que pouvait-il arriver ? Ce n'était pas la pleine lune, les membres du Sabbat étaient apparemment toujours en déroute et ceux de la Camarilla ne faisaient plus parler d'eux depuis la bataille du cimetière.


- Par-ici, Sir.

Le jeune homme frappa trois fois contre une lourde porte de chêne. Jirômaru attarda son regard sur ses gravures particulièrement réussies tandis que le serviteur attendait qu'on lui ordonne d'entrer. Bientôt, le domestique se saisit de la poignée pour la faire pivoter sur ses gonds parfaitement graissés et lui indiqua le bureau du doyen de la maison Spencer. Il le laissa passer devant lui et l'abandonna en prenant soin de refermer la porte dans son dos.

Bureau de Dorian Spencer.

Le Comte sourit à l'homme qui se tenait maintenant devant lui. Il lui offrit une poignée de main ferme et le suivit.

- Ravi de vous revoir, Monsieur Spencer. Vous désiriez me parler en privé ?

Jirômaru laissa d'abord ses iris anthracites glisser sur les étagères qui les environnaient. Dorian était un homme fort respectable, aux goûts plaisants et aux manières les plus distinguées qui soient. Le Vampire l'appréciait en tant qu'homme, au-là même du fait qu'il soit le père de celle qu'il avait choisi de faire sienne.
Puis, tout ouïe, le Comte s'installa comme le lui indiqua l'aristocrate et le fixa, l'air interrogateur. Quoi que ce mortel souhaitait lui dire, il était prêt à l'entendre.


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> Jirômaru Keisuke <

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Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeSam 17 Fév - 12:59

[HRP/ Après ""/HRP]

C'était soigneusement pliée, dans une enveloppe soigneusement cachetée, remise soigneusement par son majordome que Katherine avait découvert l'invitation au bal de la jeune Spencer. Londres était en émoi depuis quelques temps. Tout d'abord après la disparition de la jeune femme, toutes les forces de police avaient été déployées dans la mesure du possible afin de rechercher la jeune femme. Toutes les craintes avaient alors émergées et chacun craignaient que la demoiselle ait été victime de perversité. Il n'en fut rien cependant. Un beau jour, cette dernière refit apparition. La capitale souffla. La pression était enfin redescendue. A présent Londres remuait pour autre chose. Non pas la disparition inquiétante de la belle mais l'éminente soirée organisée à la demeure familiale ! Dès la réception des invitations les nobles de hauts rangs ne purent s'empêcher de lancer de joyeuses conversations sur le sujet. Étaient-ils seulement pris d'affection pour Sarah ou était-ce la frénésie de se retrouver dans une soirée grandiose ? D'abord dubitative Katherine finit par répondre à la demande. Elle viendrait. Tout ceci fut à son tour envoyé soigneusement plié, dans une enveloppe soigneusement cachetée.

Il était difficile pour la jeune femme de savoir la place qu'elle devait prendre au sein de ce bal. Devait-elle garder à l'oeil Sarah ? Il était évident que la jeune demoiselle serait plus que protégée durant la réception. Le Yard devait très certainement s'occuper de la sécurité alentours et le Comte veillerait très certainement sur elle avec beaucoup d'attentions. Pour ce qui est d'un rapprochement avec leur cible, tout ceci allait s'avérer bien difficile. En de telles circonstances elle ne pouvait se montrer ni familière ni trop intéressant tout en tâchant de rester elle-même. Et par-dessus tout cela allaient se greffer les parents et les invités. Katherine n'était pas une femme très appréciée. Du moins par ses consœurs et certains hommes puristes. Elle était jugée trop extravagante, ses manières inconventionnelles et ses mœurs bien trop perverses pour une femme de son époque. Femme dont il ne se doutaient absolument pas de l'âge et du vécu. La Comtesse avait eu le temps d'être prude et respectable.


- Mademoiselle.. ?

La jeune brune releva la tête en papillonnant des yeux. Cela devait faire à peu près trois fois que Michael l'appelait en vain. Son majordome tenait dans ses bras la robe choisie précautionneusement pour le bal de ce soir. Alors qu'il l'avait laissée le temps qu'elle se sèche la jeune femme ne l'avait alors rappelé. Enroulée dans sa longue serviette, l'eau gonflait ses boucles brunes et s'écrasait sur le sol. C'était assise près de la fenêtre et le regard perdu dans le parc que la demoiselle s'était échappée dans ses pensées. Elle songeait à la fois à Sarah et à Alexender. Au Comte et au théâtre. Se levant du rebord de la fenêtre elle laissa les mains de l'homme prendre la serviette et lui sécher délicatement les cheveux découvrant ainsi son corps nu. Tous deux n'y faisaient qu'à peine attention. Ils se connaissaient depuis si longtemps.

- Penses-tu qu'elle se rappelle encore bien de moi ? Devrais-je me sentir coupable de lui avoir volé Alexender quelques nuits.. ?

Elle se mordait la lèvre. Ce soir-là Katherine se sentait d'humeur morose. Sarah était de retour, son premier ami ici allait lui échapper. Peut-être avait-elle songé avec joie à ce qu'elle ne revienne jamais.. ?


- Pas de remords ni de regrets Mademoiselle. Jamais. C'est ce que vous n'avez eu de cesse de me répéter… Pour Sarah… Si elle ne se rappelait pas de vous vous ne seriez pas invitée.

- C'est mesquin Michael. Tais-toi souffla t-elle la gorge serrée.

- Pardon Milady, ce n'est pas ce que je voulais dire…

Les mains de l'homme passèrent de ses cheveux à sa nuque avant de glisser sur ses courbes. Doucement il l'enlaça et embrassa son cou. Sous le contact de ses lèvres la peau de la jeune femme se granula et un frisson parcourut son échine. Penchant un peu la tête sur le côté elle refoula ses larmes et siffla :


- Cette société me répugne. Nos manières sont codifiées, nos comportements évalués, quand vivons-nous pour nous Michael ? Bien sûr qu'ils ne m'auraient pas invités ! Mes mœurs sont considérées contre trop légères. Je suis la catin de la ville. Alors bien sûr qu'ils ne m'auraient pas conviée! Le regard enflammé par sa colère imprégnée de tristesse elle continua plus bas : J'attends un futur plus libre. J'espère que ce jour viendra. Si des femmes se soulèvent et se battent je me battrais avec elles. Je ne veux pas les laisser seules face à la cupidité, à l'hypocrisie et à la méchanceté de ce monde. Nous ne sommes rien pour les hommes, rien d'autres que des génitrices ou des objets de plaisir. Ça me dégoûte. Quand est-ce que l'Homme cessera de juger ?

Michael resserra sa prise et respira le doux parfum de la Comtesse en fourrant son nez dans ses cheveux. Il mouillait ses vêtements mais cela l'importait peu. Il voulait simplement lui montrer que même lors de ses moments de faiblesse, Lui, n'était pas prêt de la quitter. Ce fut elle qui rompit le contact en le repoussant gentiment. Il ne s'en offusquait pas, il la connaissait.
********

La robe qu'avait choisie Mademoiselle était fortement inspirée de la mode française de l'époque. La jeune femme avait apprécié le style de Joséphine de Beauharnais lors de son mariage et elle n'avait pas été la seule. Dès lors, une nouvelle mode s'installa en France et comme à chaque règne, on tenta d'imiter les goûts vestimentaires de la femme du roi. Ici l'Empereur. Par ailleurs, les tissus avaient été choisis par Michael lui-même qui, noble dans son pays, connaissaient les goûts raffinés de l'aristocratie. Enfin, le tout avait été confié à un des meilleurs couturiers de la ville.
Katherine avait fait le choix d'une robe non-bouffante. Elle aimait pouvoir se déplacer à sa guise sans être entravée par des cerceaux de quelques natures. Cette dernière était cependant assez longue pour cacher ses chevilles ainsi que ses chaussures à talonnettes. L'étoffe était majoritairement bleuté. Un bleu si pâle qu'il faisait ressortir les yeux saphirs de la demoiselle. C'était à se demander si ceux de la jeune femme étaient réels. Le tissu plissé faisait ressortir de multiples dorures très certainement exécutées au fil d'or et qui rehaussaient avec un certain charme les différents tons azurés de la robe. Deux pans d'un bleu plus profond s'étiraient des manches recouvraient élégamment sa poitrine sans pour autant la dissimuler totalement et épousaient ses hanches. Ces derniers, une fois ouverts permettaient au majordome de lacer le corset de Katherine sans qu'il soit visible soulignant ainsi son décolleté doré. Enfin, le bas de sa robe révélait une broderie toujours aussi pétillante d'or qui constituait un léger voilage au-dessus du bleu satiné.
Ses longues boucles noires s'écroulaient sur ses épaules laissant quelques mèches cascader sur sa poitrine. Elle n'avait pas  choisi de les attacher mais plutôt de les laisser au naturel, sauvage comme toujours. Katherine n'avait jamais voulu être disciplinée que ce soit dans ses manières, son apparence ou même sa vie. Elle considérait que l'on devait l'accepter comme elle était et non pour ce qu'elle devait montrer.

Dans la diligence, on pouvait entendre le frottement du vent sur les vitres. Ces dernières frémissaient et peu épaisses, laissaient s'infiltrer le bruit des sabots des sombres chevaux. Au petit trot le carrosse arriva devant le grand domaine familial des Spencer. C'était ici que se trouvait la dulcinée de son amant… C'était une sensation bien étrange. Se rendre chez la femme qui dérobait le coeur de son compagnon de quelques nuits… Les graviers faisaient cahoter les roues et finalement grâce à l'aide d'un écuyer Michael réussit à disposer correctement le fiacre lui laissant au passage le bon soin des chevaux. Finalement on ouvrit la portière à la comtesse.
********

L'entrée pouvait être intimidante pour une femme issue de la bourgeoisie. Des domestiques s'affairaient déjà autour de la noble afin de récupérer ses affaires et lui permettre de se mettre à son aise. Michael entra quelques secondes plus tard derrière elle après avoir réglé les derniers préparatifs avec quelques employés. Ôtant son chapeau il laissa son long manteau et fit passer la jeune femme devant lui. Un immense spectacle s'offrit à elle. C'était tout à fait fabuleux. Sensationnel. Tout était richement décoré dans le raffinement le plus total. La pièce reflétait le caractère de la maîtresse de maison. Digne, élégante, sans excès. Mais étrangement, toute cette richesse, toute cette beauté laissaient Katherine presque indifférente. Son cœur était comme vide et elle avançait au milieu des convives, saluant quelques nobles gens au passage soit par connaissance soit pas politesse, sans réellement faire attention à la fête. Machinalement, la jeune hongroise fit comme chacun des invités, elle salua très poliment la femme de l'un des couples les plus prisés de la soirée à savoir les parents de la belle Spencer, complimentant comme chacun avant elle, la mise en scène tout à fait somptueuse et tentant d'être la moins déplacée possible. Elle savait qu'avec ce genre de personnes elle ne possédait que très peu d'affinités. Par ailleurs elle ne se doutait qu'à peine que la personne à l'origine de on invitation était Sarah. Peut-être avait-elle retenu son nom mais cela lui semblait presque impossible que cela soit venu de ses parents. Ils ne s'étaient jamais fréquentés, avaient eu une ou deux fois des petites discussions ou bien des salutations polies mais rien de bien affriolant. Finalement, estimant que les félicitations n'avaient que trop duré la jeune femme salua son hôte déjà bien entourée et s'écarta. Elle avait été assez étonnée de ne pas voir en sa compagnie son époux.
Un peu plus loin un gentleman l'approcha et lui proposa gentiment une danse. Katherine reconnut en lui un de ses anciens cavaliers et ils passèrent quelques minutes à échanger des salutations avant qu'il ne soit attrapé par un homme plus âgé pour lui parler expressément de quelques affaires.  Michael nota dans le carnet de la belle le nom du jeune homme. Enfin, la comtesse se retrouva seule du moins, en compagnie de son majordome. Ses yeux cherchèrent immédiatement Sarah avant de songer que le Comte ne devait pas tarder. Son regard glissa sur les convives. Non, il était arrivé. Elle percevait au loin une chevelure flamboyante. Ambre.


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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeJeu 22 Fév - 19:04

Bal et intrigues à Spencer's House

L'air était à la fête comme si la nature avait décidé de révélé tout

ce qu'il y avait de merveilleux en elle


Musique:

Madame Spencer rayonnait. La réception dépassait toutes ses attentes. Pour elle qui s'était donnée corps et âme dans l'organisation tardive de cet événement en voir le résultat final était jubilatoire. Lydia Spencer avait toujours été une femme du monde, longuement frivole dans sa jeunesse en France. Là-bas, elle excellait dans l'organisation de bal, de thé et de soirée costumée. Après son mariage et son départ vers l'Angleterre, elle s'était assagie; Dorian n'avait jamais été un homme très admiratif de la vie nocturne, préférant son journal à des invités. Aussi, l'anniversaire et les fiançailles de Sarah avaient été comme une renaissance pour la grande aristocrate. Elle avait pris un plaisir particulier à fignoler les détails qui donnait à la réception un air enchanteur. Elle était très fière d'elle, mais une autre raison aguillais son cœur son cœur de mère. Sa fille allait enfin se marier! Après toutes ces Années de crises, de colères et de tempêtes contre le moindre prétendant qui osait faire le moindre pas, sa petite fille allait enfin se marier. Jamais une mère n'avait-elle ressenti un plus grand soulagement, mais elle restait prudente toutefois; elle célèbrerait pleinement une fois seulement que la bague serait passée au doigt et le diable lui-même ne pourrait empêcher cette union. Mais la nouvelle devait rester un secret. Seuls quelques intimes et les plus intelligents de la société étaient au courant que Le Comte avait été invité pour cette grande soirée. Sarah elle-même n'avait pas pu jeter un œil à la liste des invités. Anna lui avait dissipé ses soupçons en évoquant la maladie récente du grand homme comme raison de son absence à la soirée. Madame Spencer s'en voulait quelque peu de devoir mentir à sa fille, mais elle pouvait se montrer si entêtée! Elle retenait de son père à coup sûr pour cela. Lydia se retourna vers son époux qui prenait congé d'elle d'un bref serrement de la main. Un domestique venait de l'aviser de l’arrivée du Comte. Après un bref sourire, la dame le regarda s'enfoncer dans la foule et disparaitre pendant qu'elle se chargeait seule de recevoir les compliments pour leur soirée. Et quelle soirée cela serait! Elle voyait du coin de l'œil Lord Wagner discuter avec Lord Sullivan. Sans doute c'est deux là discutait-ils de musiques. Il lui avait semblé apercevoir aussi Lord Byron ainsi que son épouse. Les plus grandes figures de la société ayant répondu positivement à son invitation on pouvait s'attendre à faire de très belles rencontres ce soir. Le sourire de Madame Spencer se figea toutefois lorsqu'elle aperçut une chevelure rousse passer au loin. Se pouvait-il que? Non ce n'était pas possible... en observant bien, ses craintes se confirmèrent: Chastity Stephenson venait de faire son entré. Mais qu’est-ce que cette intrigante faisait ici? Madame Spencer se tourna vers Lady Artbrook, sa grande amie qui l'avait aidé à l'organisation ce soir.

-Minerva, très chère, ne serait-ce pas Mademoiselle Stephenson que j'aperçois près de la porte?

Madame Artbrook qui était beaucoup plus vieille que Lady Spencer se retourna à son tour vers l'entrée. À travers les autres invités, elle distingua rapidement la magnifique jeune femme qui évoluait autour d’un petit groupe de gens.

-Mais oui c'est bien elle confirma la vieille dame après avoir ajuster ses lunettes. Je ne pensais pas qu'elle viendrait, mais grand bien lui face, elle pourra en divertir plus d'un...

-Mais je ne me souviens pas avoir mis son nom sur la liste... Insista Madame Spencer en ouvrant son éventail pour masquer son impatience.

-Ah non, c'est moi qui l'aie ajouter, souvenez-vous, vous m'aviez confié d'envoyer la deuxième série d'invitation, comme je la trouvais plutôt maigre, je me suis permis d'inviter quelques noms que j'avais vus passer pour la soirée chez les Logan.

-Les Logan? Mais qui diable avez vous donc rajouté sur cette liste? S’emporta la dame.

Minerva enleva une poussière invisible sur son imposante robe couleur lilas. Veuve depuis plusieurs années, Lady Artbrook était de la vieille aristocratie anglaise, des vieilles familles dont la fortune se passait de génération en génération. Aussi, était-elle le genre de femme à aimer montrer son opulence à tous les égards. De nature plutôt ronde, sa robe aux couleurs pâles lui donnait l’air d’une grosse meringue. Ses bras enrobés étaient recouverts de gant blanc où brillaient les diamants de ses bagues et de ses bracelets. À ses oreilles pendaient deux grosses améthystes qui étincelaient sous ses cheveux blancs. Elle ressemblait à une tache de couleur difforme à côté de l’élégance de Madame Spencer. La vieille dame hésita un moment avant de se lancer de sa voix mielleuse :

-Et bien Lord Wesley...

-Mais c'est un marchand s’objecta Lady Spencer, mais son amie continua comme si elle n’avait rien entendu.

-C'est un homme prospère. Il y a aussi Charles Darwin.

-Pff un scientifique fou oui.

-C'est un chercheur reconnu et il revient de voyage. Il y a aussi Lady Thornes

-Une actrice?!

-Une Comtesse ma chère.

Lady Spencer plissa les lèvres de désapprobation tout en gardant son regard perçant sur la silhouette rousse de Miss Stephenson qui remplissait son carnet de danse.

-Et bien, me voilà bien indisposer maintenant, je ne pensais pas qu'elle était assez populaire pour se retrouver sur la liste d'invitées des Logan.

Minerva sourit en attrapant un verre de champagne qui passait près d'elle. Elle comprenait l'exaspération de son amie. Beaucoup d'aristocrates considéraient la bourgeoisie comme une classe indigne, mais elle savait aussi que ce n’était pas l'absence de noblesse de la jeune Stephenson qui dérangeait Madame Spencer. L'ingénieure était une intrigante, une petite femme de la nature qui s'amusaient avec ses inventions tout juste bonnes pour divertir la galerie. C'était un esprit libre qui dérangeait autant qu'elle fascinait la haute société, qui disait haut et fort ce qu'elle pensait quitte à devoir en venir aux mots avec les hommes. Mais surtout, c'était une attitude qui rappelait vaguement celle de l'héritière Spencer. D'un geste amicale madame Artbrook tapota doucement la main de son amie.

-Ne vous en faites pas très chère, dites-vous qu'avec une telle intrigante votre fille ne paraitra qu'on ne peut mieux...

Le sourire que lui retourna Madame Spencer fut glacial, mais ne dura qu'un instant. Lady Artbrook avait raison sur un point; sa soirée ne saurait être gâchée par une mécanicienne effrontée. Mais elle était dérangée qu'autant d'indésirables aient pu se glisser à sa réception. Même si Lady Artbrook pouvait sembler ouverte d'esprit et faire preuve de courtoisie en ayant invité quelques figures obscures de la société, elle savait qu'il n'en était rien. La vieille aristocrate voyait simplement les intrigants comme des divertissements à peu de frais, un véritable amusement pour la galerie et Lydia ne pouvait tolérer cette attitude. La dame reprit un verre de champagne en fixant maintenant avec plus d'attention la foule qu'il l'entourait. C’est alors qu’une voix douce à son oreille la tira de sa contemplation. Lady Thornes (de son passé de veuve) se tenait devant elle dans une robe époustouflante. Avec dignité, la comtesse lui fit une révérence que Lady Spencer s’empressa de lui rendre, suivie un peu plus rapidement par Lady Artbrook à ses côtés. Bien que Lydia n’avait aucune affinité avec ce genre de personne, elle était toutefois une femme polie à l’éducation sans reproche. Aussi eut-elle la délicatesse de ne faire aucun commentaire sur le domestique qui accompagnait la belle Hongroise, chose totalement déplacée. Elle accepta ses compliments de bonne grâce et la complimenta sur sa toilette toute à fait distingué. Mais la conversation entre les deux dames demeura vide et sans profondeur. Madame Spencer pouvait toutefois constater l’intelligence dans la justesse des propos de la jeune femme et son éducation dans ses manières. Les deux femmes conversèrent un instant puis la belle Comtesse laissa sa place à un autre convive. Peut être Minerva avait-elle raison, elle se faisait du soucie pour rien. C'était des gens civilisés tout de même. L'hôte de la demeure repris sont sourire charmeur lorsque Lord Turnwood et son épouse veinèrent lui présenter leur félicitation pour sa soirée exceptionnelle. Aussitôt son attention se reporta sur ses invités et ses sombres pensées s'envolèrent d’un seul coup.

***


Dorian Spencer traversa à la hâte le couloir ouest qui menait jusqu’à son bureau, évitant par sa configuration de rencontrer les convives qui traversaient le hall pour rejoindre la salle de bal. Aussitôt que le fiacre du Comte avait traversé les grilles, on était venu le prévenir de l'arrivée du grand homme. Sans perdre une seconde, il avait abandonné sa charmante épouse à leur invité et traversé la foule pour s'éclipser rapidement. Le domestique qui était venu le prévenir avait été renvoyé à une autre mission, celle de trouver Lord Dunburry, le notaire de la famille. Lorsqu'il referma la porte de son bureau derrière lui, Dorian fut heureux de trouver la pièce vide. Lui qui était déjà à bout de souffle se laissa aller dans une quinte de toux qu'il réussit à calmer difficilement à l'aide d'un verre de brandy qu'il se versa. Ce n'était plus de son âge que de courir comme ça à travers les corridors de la demeure. Lui qui avait passer la moitié de sa vie à le reprocher à sa fille, voilà qu'il se mettait à faire comme elle. Le grand homme profitât de ces quelques instants de solitude pour rajuster sa tenus froisser par l'effort. Ses cheveux gris furent correctement placés derrière ses oreilles et il replia soigneusement le mouchoir qui ornait la poche de sa veste. Monsieur Spencer avait beaucoup changé ces dernières semaines. Ses cheveux gris s'étaient parsemés de blanc et les rides qui marquaient son visage semblaient s'être multipliées. Il fallait dire que ce n'était plus le jeune étalon qu'il avait été. Malgré leur nombreuse rencontre, Monsieur Spencer était toujours quelque peu anxieux lorsqu'il devait rencontrer Le Comte. Quelque chose en cet homme l'avait toujours poussé à être sur ses gardes. Ce n'était pas tant par sa verve où par leur opposition politique, c'était plus subtil, comme un avertissement qui lui saisissait les entrailles. Peut-être était-ce aussi une simple mauvaise impression due à la carrure de l'homme, à son attitude imposante ou encore à ses yeux anthracite qui lui donnait un regard d'aveugle. Pourtant, Le Comte lui avait toujours été admirable. Consciencieux, droit, courtois, il était la représentation du parfait gentleman. Dorian eut un soupir qui le fit tousser de nouveau. Ces histoires n'étaient plus de son âge. Il était bien sûr fort heureux que Sarah ait enfin accepté d'épouser le Comte. Même sans en avoir l'air, les déboires amoureux de sa fille et son entêtement avaient fini par l'épuiser. Oh il ne pouvait pas lui en vouloir, lui même avait longtemps été qualifié de tête de mule par sa vieille mère. Il avait accumulé les bêtises dans sa jeunesse aventureuse, puis les défis au pistolet lorsqu'il était devenu un homme. Il n'avait jamais reculé devant une arme et s'il avait été blessé quelques fois, il s'en était toujours sorti l'honneur sauf. C'était de lui que sa fille avait hérité de son tempérament de feu et les choses auraient été si simples si elle avait été un homme. Quel fils formidable aurait-elle fait.

Toc toc toc

Les coups contre la porte sortirent le Lord de ses pensées et après une nouvelle toux il se hâta de reprendre contenance pendant que le domestique ouvrait la porte faisant pénétrer leur invité tant attendu. Lorsque le regard gris de Dorian se posa sur le Comte, son sourire se teinta d'une réelle surprise. Jamais Jiromaru Keisuke ne lui avait semblé avoir une aussi grande prestance. Pour peu, il en aurait ouvert la bouche de stupéfaction. Le Lord était une image même de la simplicité et De l'élégance dans ce que leur époque faisait de mieux. Le Comte avait troqué son habituelle cape rouge pour une veste d'un noir profond qui soulignait sa carrure imposante. Même ses cheveux éternellement flottants autour de son visage sévère avaient été attacher lui donnant un air distinguer. Il avait l’air d’un prince ou encore d’un haut dignitaire de la cour (ce qu’il était en somme). Le Lord eut un sourire compatissant en voyant le regard à la fois curieux et inquiet que son confrère posait sur lui. En effet, le Comte devait bien se demander ce qu’il faisait ici. Le chef de famille lui tendit la main pour la serrer avec force.


-Ah! Mon cher Comte, c’est un réel plaisir de vous voir ici.

Il prit place sur son fauteuil après s’être assuré que son invité fasse de même. Dorian lui demanda au Comte des nouvelles de sa santé avant de le remercier de nouveau pour son aide inestimable dans le retour de Sarah. Mais rapidement, le Lord en vint au sujet brulant de cette rencontre. Dorian n’avait jamais été un homme à laisser trainer les choses. Après avoir offert au Comte un verre de brandy, il observa la porte par laquelle venait de se glisser un homme qui les salua avec entrain. Lord Dumburry était un homme de petite taille, de nature discrète. Ses cheveux étaient d’un gris clair et ses yeux pétillants rendaient impossible à distinguer son âge. Monsieur Spencer le présenta comme le secrétaire de la famille avant d’ouvrir l’un des tiroirs de son bureau pour en sortir une pochette d’un bleu royal. Avec une certaine lenteur, Dorian la fit glisser jusqu’au Comte et le laissa ouvrir la pochette pour constater par lui-même le contenu qu’il renfermait. Le porte-document renfermait le contrat de mariage en deux copies que Sarah avait signé quelques jours plutôt. À la lumière des chandelles, on pouvait voir briller l’encre de l’écriture délicate de l’héritière de la famille Spencer. Monsieur Spencer attendit un instant, laissant le Comte constater le document qu’il tenait entre les mains avant d’expliquer doucement la situation.

-Sarah a donné son accord à votre mariage. Monsieur Dumburry ici présent servira de témoins si vous le voulez bien. Il ne vous reste qu’à signer et nous pourrons commencer à envisager l’organisation de votre mariage.

Dorian était quelque peu mal à l’aise. Il aurait aimé pouvoir faire un grand discours et parler de cette entente comme d’un merveilleux moment, mais il en était incapable tout simplement, car cela n’était pas dans son caractère. Dorian était un homme d’affaire et de raison, les sentiments n’avaient jamais été sa tasse de thé. Il n’avait pas besoin de vanter les qualités de Sarah, il se doutait que le Comte avait lui-même amplement songé à la question avant de faire sa demande. Monsieur Spencer eu un petit sourire complice en observant le son compère.

-Rien ne sert de précipiter les choses également, vous pouvez faire de longues fiançailles pour vous laisser le temps de vous connaitre...

En effet, la signature des documents n’accélérait nullement le processus. Les deux amoureux pouvaient prendre tout le temps qu’il souhaitait pour mieux se connaitre. Dorian eut un sourire songeur en se remémorant la lointaine époque de son propre mariage. Il n’avait rencontré Lydia qu’à deux reprises, lors de soirées données sur la côte. Il avait demandé sa main à son père le même mois. Mais avec la distance entre les deux continents, tout avait été planifié sans qu’il se voie. Ils avaient signé les documents chacun leur tour, puis tout avait été organisé sans que les deux époux ne se croisent. Dorian était si occupé par ses affaires à cette époque et Lydia restait encore en France. Toutefois, c’était avec une joie transcendante qu’il avait passé l’anneau au doigt de sa bien-aimée une magnifique journée d’automne. Dans la tradition anglaise, le prétendant devait remettre une bague de fiançailles à sa promise lors de l’annonce officielle de leurs fiançailles, mais Lydia avait toujours préféré ses traditions françaises. Le patriarche eut un petit soupir en posant de nouveau son regard d’acier sur son futur gendre. Quel genre d’époux allait-il être? Il n’avait jamais vu le Comte comme un grand romantique. C’était un homme parfois dur et d’un pragmatisme à toute épreuve comme en témoignaient souvent ses prises de bec à la Chambre des Lords avec Robert Peel. Bien sûr, il serait un mari digne et honorable, mais serait-il capable d’aimer? Peut-être commençait-il à regretter sa décision? Dorian lui offrit un sourire paternel. Malgré tout le Comte se comportait encore comme un jeune homme amoureux, avançant sur un coup de tête sans songer aux conséquences.

-Vous savez, je crois que les récents évènements l’ont fait réfléchir. Commença doucement le patriarche. Votre proposition est plus qu’honorable et je crois que vous serez capable de la rendre heureuse... Je crois aussi qu’elle a fini par développer certains sentiments à votre égard.

Dorian resta prudent sur le sujet. Il n’aimait pas présumer des émotions de sa fille, mais certaines choses dans le comportement de celle-ci lui avaient donné l’impression que ses émotions avaient évolué. Et puis les lettres que le Comte avait envoyées à Sarah ainsi que les fleurs n’avaient pas été lancées par la fenêtre, si ce n’était là le signe d’un avancement quel conte.

- Elle n'a posé qu'une seule condition...

Le Lord observa son compère avec un certain malaise.

- Vous savez qu’il est de tradition qu'une future mariée demande une faveur à son époux... Elle n'a pas voulu me dire de quoi il s'agissait, simplement qu'en échange de cette faveur elle acceptait sans aucun autre préavis votre mariage. Faites attention, ajouta-t-il en guise de petite blague, elle pourrait vous demander la lune si elle vous savait capable de la décrocher, mais je crois que c'est quelque chose qui en vaut largement la peine...

Monsieur Spencer se tut, laissant le Lord à ses réflexions. Une peur grandissante inquiétait le vieil homme. Et si le Comte avait changé d’idée? Avec tous les ragots qui circulaient au sujet de l’héritière depuis son retour. On la disait déformée, folle. La convalescence de Jiromaru n’avait pas permis de revoir la jeune femme et peut-être s’était-il laisser-aller à croire ces infâmes rumeurs. Nul ne savait réellement ce qu’elle avait enduré, mais un homme à la réputation aussi immuable que le Comte pouvait-il se permettre de prendre une épouse enlevée et séquestrée pendant des semaines? Dorian prit une nouvelle gorgée de son verre, réprimant une toux lorsque le liquide brulant vint heurter son palais.

***


Perchée devant l’une des grandes fenêtres du troisième étage, Sarah observait les lanternes des fiacres éclairer la nuit. Elle les voyait briller depuis la rue, traversant la grande cour avant de disparaitre derrière l’angle de la demeure. Cela faisait deux bonnes heures qu’elle était perchée ici, confortablement installée sur le large rebord de la fenêtre, à observer. Elle avait vu les grandes grilles de la demeure s’ouvrir, puis le flot de véhicules traverser sans en éprouver la moindre excitation. D’ici elle pouvait entendre la musique qui lui parvenait, étouffée, comme une mélodie lointaine. L’étage était plongé dans l’obscurité, puisqu’il s’agissait d’une section fermée pour les invités. Devant la fenêtre, la belle héritière se sentait comme un fantôme, une ombre rodant dans la pénombre des lumières.

Lorsque sa mère lui avait proposé cette soirée pour souligner son anniversaire et son retour, l’idée lui avait semblé déplacer. Comment pouvait-elle se montrer dans une foule, elle qui avait vécu dans la solitude et dans le silence pendant si longtemps? Toute cette soirée n’était qu’une horrible mascarade et la Chasseuse n’avait aucune envie d’y participer. Enfermée dans une profonde solitude, elle avait peu à peu perdu l’habitude de discuter. L’héritière n’avait jamais été une bonne actrice. Les jeux de rôles et les faux semblants s’étaient toujours heurtés à sa nature honnête et fière. La seule raison qui l’avait fait tenir son rôle de chasseuse et sa double vie était le sentiment profond qu’elle oeuvrait pour une bonne cause, qu’elle était au service du bien et pour quelque chose de plus grand qu’elle. Mais avec le recul, elle avait senti qu’elle avait besoin de se plonger de nouveau dans la société. De s’ancrer dans la réalité et de sortir des cauchemars qui hantaient en permanence chacune de ses nuits. Il lui fallait redevenir celle qu’elle avait toujours été, qu’elle reprenne la vie qu’elle avait quittée lors de son départ et qu’elle retrouve le feu qui avait brulé ses veines. Il lui restait encore tant de choses à accomplir et elle devait absolument retrouver l’énergie nécessaire aux différents combats qu’elle allait mener.

Pendant un instant, la belle eut une pensée pour Alexender et son visage s’éclaira d’un pâle sourire. Le baiser de son amant flottait encore sur ses lèvres. Revoir le hunter avait rempli son cœur de joie. Jamais de sa vie elle n’avait rencontré un homme de son tempérament. Malgré tout ce qu’il avait enduré, il s’était de nouveau lancé dans la bataille. Il ne manquait définitivement pas de courage et elle l’admirait, plus que qui conte. Le revoir avait été comme un baume sur son cœur meurtri. Pendant toutes ses nuits, elle s’était demandé ce qu’il avait pu lui arriver et ne pas savoir avait été pire que tout. Maintenant qu’elle le savait en vie, prêt à se battre de nouveau, elle sentait en elle renaitre une force et une volonté qu’elle croyait avoir perdue à jamais.

La jeune femme garda son regard de glace fixée la nuit, imperturbable. Son front clair posé contre la vitre froide, elle respira doucement et son souffle créait une légère buée contre la fenêtre. Pour cette grande soirée, l’héritière était magnifiquement vêtue même si sa toilette n’avait pas été d’une simplicité à confectionner. Tout d’abord, il avait fallu remplacer les fils d’argent qui composaient le vêtement. Puis, la couturière de la famille avait dû changer les mesures du patron 3 fois puisque la taille que faisait la belle héritière n’était plus pareille. Mais le résultat était splendide. Sa robe seule était d’une élégance à toute épreuve. Fait dans plusieurs tissus de soie, elle était d’un bleu marin profond, semblable à une nuit d’été. Les bordures et les rubans étaient brodés par de long fils d’or.  La traine arrière de la robe conférait à celle qui la portait une prestance dès l’instant où elle entrait dans une pièce. Comme le voulait la mode de la saison, le col du vêtement était large, dévoilant sa gorge blanche où brillait un pendentif en or blanc. Les manches de la robe étaient courtes, et retombaient délicatement contre ses épaules. Contrairement a ses toilettes habituelles, cette robe mettait en valeur les formes avenantes de la jeune femme dévoilant la blancheur de sa peau et la rondeur se ses seins. Si l’héritière ne souhaitait pas attirer l’attention lors de cette soirée, elle n’avait su refuser le plaisir de sa mère qui lui avait offert cette robe comme cadeau d’anniversaire. Pour compléter son ensemble, ses longs cheveux bruns avaient été remontés en un chignon savamment assemblé pour donner l’impression d’être négligé et retenu par un ruban noir qui dégageait une douce odeur de rose blanche. Quelques boucles descendaient le long de ses tempes et encadraient son regard d’azur.


-Mademoiselle?

La voix d’Anna tira la jeune femme de ses réflexions. Elle se redressa, tournant son beau visage où flottait un air mélancolique vers la domestique. Celle-ci se figea un instant, observant sa jeune maitresse qui resplendissait. Elle n’avait pu rien de cette petite fille qu’elle avait vue grandir, courant dans les corridors et tempêtant pour un oui et pour un non. Elle était devenue une femme magnifique.

-Vous êtes attendues...

Sarah remercia d’un signe de tête la jeune femme qui s’éclipsa dans une pièce. Il était temps. Après avoir replacé quelques plis soyeux de sa robe, la chasseuse se mit en marche, descendant l’escalier des domestiques d’où ont pouvait entendre les activités des cuisines. Le bruit des ustensiles et la bonne odeur firent sourire Sarah. Elle entendait au loin les jérémiades de Francatelli, le cuisinier que la famille engageait pour chacune de leur soirée. Ses plats étaient toujours des plus fins et des plus savoureux. Elle se souvient avec un certain délice des soirées de sa jeunesse où elle s’infiltrait en douce les soirs de bals dans la cuisine pour déguster quelques plats en cachette. Le bon cuisinier faisait toujours exprès de laisser de côté une cuillère remplie de chocolat qu’elle s’empressait de dévorer sous son œil satisfait. Personne ne résistait au chocolat de monsieur Francatelli. Relevant le bas de sa robe, l’héritière descendit le grand escalier, évitant habilement le hall d’entrée en traversa les pièces transversales. C’était l’avantage de sa demeure; pouvoir prendre les raccourcies qu’il lui plaisait. Sur ses talons, Anna s’assurait que sa robe ne subisse aucun accroc.

-Pensez-vous que le Comte sera présent?

Sarah se figea et releva la tête brusquement, comme si elle avait été brulée. Le Comte? Ici? La jeune femme secoua doucement ses belles boucles brunes. Non c’était impossible, sa mère l’avait assuré qu’elle ne l’avait pas invité. Cela devait être un événement privé pour célébrer son retour et son anniversaire. Et si jamais? Avait-elle envie de le revoir?


*tu ne me verras plus avant longtemps...souviens-toi de cette promesse*

Son cœur se serra d’envie et de crainte. Bien sûr qu’elle avait envie de le revoir, simplement pour savoir comment sa santé allait, glisser sa main le long de ses cheveux d’argents, caresser ses lèvres du bout des doigts. La belle secoua de nouveau la tête. Non, il ne serait pas présent, il valait mieux ne pas se faire d’attente. L’héritière s’arrêta devant l’une des lourdes portes qui menaient à la salle de bal. Le doute la saisit et l’angoisse se mit à serrer le creux de son ventre. Serait-elle à la hauteur? Il y avait si longtemps qu’elle n’avait pas brillé en société. Et si elle avait une crise? Ce serait une catastrophe. La demoiselle respira profondément. Derrière la lourde porte, elle entendait les rires, le bruit des conversations, la musique que jouaient les musiciens. Il y avait le tintement des verres et ceux des ustensiles, le bruit des souliers sur les dalles et le frottement des robes. Près de la porte, elle entendait aussi une voix perchée, sans doute une dame occupée à raconter une histoire quel conte.

-J’ai ouï dire qu’elle était devenue boiteuse et qu’elle louchait d’un œil également. C’est sans doute pour cela que ses parents n’osent pas la montrer. Il parait même que sa peau est verte comme les grenouilles.

Sarah se retint de rire devant l’absurdité des propos. Près d’elle Anna eut un air scandalisé et elle se mit à fixer la porte avant autant d’intensité que si elle avait regardé la dame dans les yeux. La Chasseuse ferma les yeux comme un acteur qui entrerait dans un rôle avant de monter sur scène. Ses lèvres sensuelles s’étirèrent en un sourire moqueur tandis qu’elle mettait son masque de la haute société. Il était temps que la reine s’avance et qu’elle fasse taire ces horribles ragots. Après un dernier sourire, Anna lui ouvrit la porte. Lorsque Sarah entra dans la pièce, les voix se turent et se changèrent en murmure. La dame qui se trouvait près de la porte se figea et son éventail tomba de ses mains, pendant lamentablement le long de la petite cordelette qui le retenait à son bras. Malgré la grandeur de la salle, tous les convives furent saisis de cette même stupeur. L’héritière fit quelque pas tandis que les lumières des lustres s’accrochaient sur le tissu de sa robe et faisait brillés les fils d’or. Pour ceux qui avaient déjà rencontré la jeune femme, ils furent saisis par l’immense changement qui s’était opéré chez la magicienne. Sa peau était plus pâle, son visage s’était affiné, ses traits étaient devenus matures. Le bleu de ses iris pétillait sous la lumière. Pour les autres, l’héritière était tout simplement splendide. Elle rayonnait. Rien à voir avec ce que les ragots des salons avaient pu raconter, rapportant que la jeune femme avait été défigurée ou atteinte d’une grave maladie depuis son retour. C’était une fleur délicate pleinement épanouie dont les pétales brillaient dans la nuit. Ses vêtements moulaient ses formes avenantes et sa silhouette fine qui ne laissèrent pas plus d’un homme indifférent. La jeune femme fit quelques pas dans la grande salle qui sembla reprendre vie alors que la surprise se dissipait. Quelques invités la saluèrent, d’autre lui souhaitèrent un bon anniversaire, aucun n’ayant l’indiscrétion de noté la date passée depuis longtemps. Sarah souriait, complimentait, remerciait tout en cherchant un visage familier qui puisse l’escorter à travers la salle, une pucelle n’ayant droit de le faire seule. Son père était introuvable tout comme une chevelure argentée qu’elle avait craint de voir au milieu des invités. Ce fut Lord Andrews le premier à réagir. Fendant la foule, il s’approcha d’elle en lui tendant le bras.

-Ma chère Lilibeth, qu’il est bon de vous revoir aussi en forme et d’une beauté époustouflante. Vous me faites presque regretter mon mariage.

Sarah eut un sourire à cette blague de bon cœur. Sous les traits de Gabriel, la jeune femme avait pu suivre les mondanités de la société. Elle avait appris que son cher ami s’était marié à une charmante demoiselle qui venait du comté de Kent. Une femme pétillante et très intelligente. Il filait le parfait bonheur et aucun des deux époux ne semblait malheureux de ce mariage arrangé. Ils traversèrent lentement la salle d’une part, car nombreux étaient les invités qui venaient rendre hommage à la jeune femme, mais aussi, car sa jambe blessée avait encore quelque raideur qui l’obligeait à réaliser des petits pas. Chacun voulait s’enquérir de ses nouvelles, lui raconter ce qu’elle avait manqué. On lui demandait comment allait sa santé, la complimentait sur sa tenu et Sarah faisait de son mieux pour paraitre agréable. Ses manières étaient douces, raffinées, d’un style et d’une élégance qui démontrait son appartenance à la haute société. Sa beauté naturelle et son charme mystérieux attiraient indéniablement le regard des tous. Elle salua sa mère qui l’embrassa chaleureusement. Madame Spencer lui apprit alors que son père était parti pour un entretien sur ses affaires, mais qu’il serait rapidement de retour pour ouvrir la piste de danse. Sarah acquiesça avec un sourire, ainsi son père avait-il trouvé un habile moyen de s’éclipser de la fête, lui qui les aimait si peu. Finalement Andrew la conduit à son cercle d’amis. Elle reconnaissait là sa jeune épouse Isabella, qu’elle ne devait pas encore connaitre, Matthew, le fils Lord Bellamy, secrétaire des affaires étrangères, Elizabeth Dantes, jeune veuve, Lord Darlington et son épouse ainsi qu’un jeune homme qu’elle n’avait jamais rencontrer au par-avant. C’était un homme de belle taille, ses yeux bruns brillaient d’une intelligence malicieuse et ses cheveux étaient courts et bien coiffés. Andrews se chargea des présentations.

-Permettez-moi de vous présenter Charles Honoré de Grimaldi, Duc de Valentinois.

-Et futur Prince de Monaco. Ajouta son épouse Isabella.

-Un Prince en attente de son royaume soupira tristement le jeune homme avant de s’approcher de l’héritière.

Sarah inclina doucement la tête et tendit sa main légère que le Duc se chargea de baiser.

-Mademoiselle laissez-moi vous dire que vous êtes tout à fait délicieuse.

La jeune femme lui rendit son sourire tandis que démarraient les discussions. Lady Darlington interrogea le jeune homme sur son Duché de Monaco dont personne n’avait réellement entendu parler. Passionné, le Duc décrit son royaume qui était secoué par les révoltes et comment lui et sa famille avaient du se réfugier en France. Sa coupe bien entamée dans sa main, Sarah écoutait d’une oreille discrète. Le vin était distribué, du champagne également. Les convives riaient, s’amusaient follement. La soirée était bien entamée.

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Image1: Victoria season 1 episode 7

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Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Signat10
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Chastity E. Stephenson
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeJeu 8 Mar - 22:28


Le Bal Spencer
intrigue
La jeune femme était tout sourire, toute galanterie et délicatesse. Elle agissait en grande dame, se tenant parfaitement, montrant toute l'étendue de son élégance à ces dames qui semblaient s'étouffer de jalousie. Elle nota, du coin de l'oeil, que la vieille Spencer la regardait avec un air réprobateur, derrière son éventail bien trop gros pour ses petites mains. Qu'importe, elle n'allait certainement pas faire scandale. Pauvre, pauvre Lady Spencer... Coincée dans sa pudibonderie et son corps qui croupissait chaque jour un peu plus, alors qu'elle conservait la fraîcheur d'une rose depuis près de trois siècles. Oui, il y avait de quoi l'envier, au fond.

Chastity essayait de voyager de groupes en groupes, évitant de rester plus que le temps requis avec ses interlocuteurs pour ne pas paraître malpolie. Elle passa un certain temps, cependant, à converser avec une femme de lettres invitée, sans doute sur le tard elle aussi. La Vampire avait toujours eu beaucoup d'estime pour Mary Shelley, dont l'oeuvre de jeunesse avait causé chez elle un écho perturbateur. A tel point qu'elle s'était demandé si cette femme n'était pas plus familière que ce qu'elle voulait bien admettre des races nocturnes qui hantaient Londres.

Au milieu de la foule, elle aperçut soudainement Ludwig et Ambre, des acolytes du Comte qu'elle avait déjà suffisamment vu pour pouvoir les reconnaître. Alors qu'elle s'approchait pour les saluer, elle sentit son coeur s'accélérer subtilement. Le Comte ne tarderait pas à se montrer si ils étaient déjà là... Et que pourrait-elle dire alors ? Délicatement, elle fit une légère révérence devant le couple, refermant subtilement son éventail.


- C'est un vrai plaisir de vous retrouver ici. Comment allez-vous ? Ambre, laissez-moi vous dire que votre robe vous sied à merveille.

Chastity était rodée aux compliments de société, mais l'actrice avait pu voir dans ses yeux qu'elle pensait réellement ce qu'elle disait. A vrai dire, la Vampire n'avait jamais eu une inclination pleine et exclusive pour la gent masculine. Si les circonstances avaient été différentes, la jeune femme aurait constitué sans nul doute une cible de choix. Elle se tourna pour embrasser la salle du regard et s'éventa délicatement, en essayant d'arborer un air mondain et détaché.

- Se pourrait-il que le Comte ait été retenu ?

Pendant un bref instant, elle avait espéré une réponse négative. Quand Ludwig lui expliqua de quoi il retournait, elle ressentit un mélange d'inquiétude, de soulagement, et quelque part un pincement au coeur. Toute cette affaire d'alliance commençait à se concrétiser et cela la touchait bien plus que ce qu'elle admettait. Une légère teinte de rose lui colora les joues. Était-il seulement possible qu'elle puisse ressentir quoi que ce soit ? Non. Absolument non. C'était son corps et uniquement son corps qui parlait. Un des effets indésirables de son état, à n'en pas douter.

Un petit frémissement lui fit tourner la tête. Une femme avait fait son entrée. Chastity la jaugea des pieds à la tête avant de hausser un sourcil. Cette femme était belle. Très belle. Chastity aurait eu du mal à lui refuser sa couche. Cependant, elle ne put s'empêcher d'admirer autant que de détester l'audace avec laquelle elle portait ses cheveux lâches. Indéniablement, il fallait du cran pour oser arriver de la sorte dans un bal regroupant toute la haute société londonienne. Du cran et également une belle dose d'irrespect. Même dans le bordel où elle avait officié au début du siècle, les filles tentaient de retenir un tant soit peu leur chevelure par une épingle lorsqu'elles quittaient la chambre. La jeune femme tenta de réfréner le rictus qui lui démangeait les lèvres et se tourna vers ses interlocuteurs.


- Qui est cette personne ? Je n'ai pas le plaisir de la connaître...

Chastity écouta. Une actrice, elle aussi. Une Comtesse. Une étrangère. Une femme qui se rapprochait également du Comte. Ce dernier point ne l'étonna pas. Après tout, Jirômaru sans sa cour de femmes n'était plus que l'ombre de lui-même. Cependant, quelque chose la chiffonnait. On en savait peu, bien trop peu sur elle. Une femme sortie de nulle part... Une Comtesse ET actrice de surcroît. Et évidemment, aucune famille connue... Tout ceci était trop beau, bien trop convénient. La jeune femme connaissait trop bien les rouages de l'usurpation et de la dissimulation d'identité pour ne pas se méfier. Cependant, par délicatesse, elle ne fit rien remarquer à ses deux interlocuteurs.

Elle allait leur demander de la présenter, lorsque la foule sembla se taire et qu'un même soupir de béatitude parcourait l'assemblée, devant l'arrivée de la jeune Spencer. La prime jeunesse lui réussissait parfaitement. Elle ressemblait à une impératrice, vêtue de la sorte. La vieille Spencer avait décidément vu les choses en grand pour le retour de sa fille... Au point de l'habiller d'un bleu qui était bien tapageur, pour une jeune femme supposément immaculée. Chastity trouva également que la traîne était de trop. On n'avait jamais vu de robe de bal pareillement taillée ! Se prenait-elle donc réellement pour une reine en manteau d'apparat, pour se pavaner de la sorte ? Il était certain cependant qu'à vouloir jouer les coquettes et impressionner la galerie, elle aurait le plus grand mal du monde à danser.

Chastity interrompit un instant le fil de ses pensées. Elle était bien trop fielleuse et sur la défensive. Pourquoi l'héritière Spencer la troublait-elle autant ? Comme une réponse inconsciente, ses mains vinrent se poser sur la pointe de son corsage, à l'emplacement de son ventre.


- Eh bien. Le moins que l'on puisse dire c'est que la famille Spencer a le sens des festivités.

Les discussions reprirent un peu. Quelques temps passèrent, jusqu'à-ce que l'orchestre se mette en place. Les danses ne tarderaient plus à débuter et Chastity s'en réjouissait d'avance. Son carnet de bal était déjà bien entamé mais elle avait laissé deux emplacements vides, pour une valse et une polka, dans l'espoir que le Comte viendrait les lui demander.
Elle ne l'avait toujours pas vu, à son étrange soulagement, lorsque la musique démarra. La jeune femme rejoignit son cavalier, Francis Seymour, un homme bien né, issu d'une branche cadette des ducs de Somerset. Il devait approcher les vingt-cinq ans et arborait une fière allure de soldat, malgré un air un tantinet renfrogné. Ils se placèrent en ligne pour un quadrille français, traditionnelle ouverture des bals, attendant le couple qui viendrait se mettre en face d'eux.

© FRIMELDA



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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeMer 21 Mar - 0:36



Bal et intrigues à Spencer's House

Comte Kei, Ludwig Zwitter et Ambre Ghrianstad

"Ce que je nomme abnégation
Peut être pour toi un affront."


Dans la salle de bal des Spencer
1er juin 1842


- Où avez-vous trouvé un tissu d'une telle qualité, Miss Grihanstad ?

Ambre jeta un regard amusé à la jeune marquise de York. Cela faisait près d'une dizaine de minutes que la demoiselle la complimentait sur sa mise et lui posait ce type de questions. Douce et aimable, comme à son habitude, la belle actrice demeura bienveillante et conciliante. Elle lui sourit et la laissa toucher la manche de sa robe aux teintes émeraudes et crèmes.

- Monsieur le Comte m'a aidée à le commander en Italie, fit-elle avec humilité.

- Et où se trouve-t-il en ce moment ? s'enquit la jeune femme avec un éclair d'avidité dans le regard. Monsieur le Comte ne viendra-t-il pas ce soir ?

Son ami, le marquis de Hastings, jeta un coup d'oeil vers l'entrée et intervint :

- Mademoiselle Ford l'aurait aperçu dans le hall.

La marquise étira un peu la nuque pour tâcher de voir l'entrée que l'homme lui avait désignée. Puis, elle jeta un regard à Ambre où se lisaient la curiosité absolue et une légère gêne.

- Il ne va pas tarder. Il discute avec Monsieur Spencer, affirma l'actrice afin de lui expliquer la situation.

- Ah ! Sans doute ont-ils beaucoup de choses à se dire, c'est vrai.

Un éventail immense, couvert de plumes blanches et grises, franchit alors le cercle qu'ils avaient créé et la duchesse de Bauge se présenta en compagnie de Ludwig. Apparemment, la jeune femme désirait prendre part à la conversation et le calice, qui s'était éclipsé un petit quart d'heure pour discuter avec d'autres convives, semblait la suivre bien malgré lui.

- Il paraît que Monsieur Keisuke a beaucoup aidé le Scotland Yard dans "l'affaire Spencer". Est-ce vrai qu'il s'est même rendu sur le terrain avec eux pour retrouver Miss Sarah ? demanda-t-elle avec entrain.

- Certains considèrent encore que c'est lui qui l'a fait enlevée...fit soudain une voix grave dans son dos. La duchesse sursauta et se cacha derrière son éventail en reconnaissant le vicomte de Castle Liod.

- Balivernes ! s'enflamma la marquise de York, sans doute aussi fâchée de son intervention indésirée que du contenu de ses paroles.

Le marquis de Hastings vint une nouvelle fois lui porter secours : il s'avança un peu pour lui intimer de ne pas s'énerver aussi indécemment et jeta un regard sombre au vicomte.


- Le bas peuple croit toujours que les plus éminents d'entre-nous sont impliqués dans les histoires les plus sordides, dit-il en esquissant un rictus mauvais. Ils n'ont pas toujours tort, remarquez...

Son regard en dit long sur ses arrières-pensées. Ambre sentit Ludwig soupirer près d'elle : les jacasseries de ces petits nobliaux devenaient déplaisantes. Quel besoin avaient-ils de hausser le ton à ce point ? N'allaient-ils pas gâcher la fête à se disputer comme des enfants sur des rumeurs ?

- Il semblerait tout de même que Mademoiselle Spencer ait été grièvement blessée. Je doute qu'elle soit en état de faire ce bal, ajouta le vicomte, comme pour jeter de l'huile sur le feu.

Cette fois, Ludwig intervint pour désamorcer la situation et dévier le sujet. D'une voix claire, il fit mine d'être contrarié et leva un peu les mains, à l'instar d'un soldat impuissant face à la violence d'une nouvelle bataille. Son jeu était excellent, ce qui fit grandement sourire Ambre.


- Par tous les saints ! S'il vous plaît ! Est-il bien nécessaire de s'attarder sur les rumeurs que les uns et les autres auraient entendues ? Ne devrions-nous pas tout simplement profiter de ce bal ? Sur ces mots, il se tourna vers la marquise de York et lui fit une courbette. Aurais-je l'honneur de danser avec vous ce soir, ma chère ?

La jeune femme rougit un peu et répondit à sa courbette d'un doux mouvement de tête. Elle accepta sa demande et inscrivit son nom dans son carnet. Le marquis et le vicomte se jetèrent un regard noir puis, comme s'ils s'accordaient à faire la paix ce soir, ils se saluèrent et se séparèrent. Bientôt, Ludwig se retrouva seul avec Ambre.

- Mon Dieu, j'avais oublié combien les mondanités étaient pesantes dans la foule. Il y a tant d'invités à saluer, tant de visages et de parfums ! gémit l'allemand en passant sa main sur son front comme pour en essuyer quelques gouttes de sueur.

- Nous venons à peine d'entrer, Ludwig. Il va falloir vous y habituer. Et puis, ce n'est qu'une fête privée. Le nombre d'invités est restreint. Il n'y a pas autant de monde que dans certains bals masqués. Souvenez-vous de celui qu'a tenu Von Ravellow, rit l'actrice en lui tapotant la main avec un sourire presque condescendant, c'était bien pire.

- Je n'y étais pas, trancha le calice d'un ton sec tout en affichant une moue amère.

Quelques minutes plus tard, Ambre aperçut Chastity Stephenson et leurs regards se croisèrent. La belle Vampire, à la chevelure aussi flamboyante que la sienne, venait les saluer. Ludwig, qui l'avait remarquée depuis un moment, se tourna vers elle avec un grand sourire. Il était jaloux de la relation que la scientifique entretenait avec son maître, et voyait leur alliance d'un mauvais oeil, mais si cette femme avait le loisir de divertir le Comte et de l'aider à travailler sur les Blood Tablett, si elle lui était utile et agréable, alors il l'intégrerait dans leur cercle et tâcherait de demeurer exemplaire en sa présence. C'était stratégique, sans aucun doute, mais aussi une manière pour le jeune esthète de faire de cette soirée une suite de rendez-vous galants, tous aussi charmants et délectables les uns que les autres.


- Miss Stephenson ! Mais tout le plaisir est pour nous ! Quelle joie de vous revoir. Cela fait un moment que le plaisir de contempler votre beauté ne m'avait pas été donné...

Ambre rit un peu. Décidément, le jeune calice était toujours aussi charmeur. Face au compliment que venait de lui faire la belle rousse, l'actrice lui fit un grand sourire.

- Je vous remercie. La vôtre est magnifique également.

Chastity était splendide. Sa robe épousait ses formes avec délice et son maintient, parfait, lui donnait des allures de reine d'un autre temps. La disciple songea que ce n'était pas pour rien que son maître en avait fait sa nouvelle amante. Elle était plus distinguée qu'Ilsa, plus désirable que Maria et sans doute plus mature que Sarah. On avait beau la conspuer dans le monde de la nuit pour sa nature ambiguë, il fallait reconnaître qu'elle était d'une rare beauté. Et puis, ses recherches étaient capitales pour leur espèce.
A sa question concernant le Comte, la jeune actrice laissa Ludwig lui expliquer ce qu'il en était : Jirômaru avait été intercepté dans le hall par un domestique qui l'avait vraisemblablement conduit dans le bureau de Monsieur Spencer. Apparemment, l'homme avait des choses à lui dire avant de le laisser profiter des festivités.
La petite moue que Chastity esquissa fut presque imperceptible, mais pas pour Ambre qui lisait aisément sur les visages. Quelque chose la chiffonnait dans cette histoire. Peut-être que la perspective du mariage la dérangeait plus qu'elle ne l'aurait imaginée ? Le Comte avait publiquement demandé la main de la chasseuse, leur alliance prochaine n'était donc plus un secret pour personne, mais peut-être que la belle Vampire aurait aimé avoir l'exclusivité sur le Prince...? Folie ! Jirômaru était un être impossible à attacher au bout d'une laisse. Libre comme l'air, du moins en apparence, le grand Vampire ne demeurait jamais bien longtemps avec la même femme. La fidélité, il ne la connaissait plus depuis longtemps.

Ambre sentit alors sur elle un nouveau regard. Doucement, elle tourna la tête pour jeter un coup d'oeil à la personne qui venait de la repérer et aperçut Miss Thornes. L'actrice sourit de plus belle. La nouvelle Cléopâtre de leur future pièce était particulièrement ravissante. Ravissante et provocante. Même de loin, elle dégageait une forme de sensualité très attractive.
La belle actrice se demandait si le Comte l'avait choisie pour le côté sauvage qui se dégageait d'elle. Sa beauté était différente de celle qu'arborait Chastity, mais elle était tout aussi intéressante. Jirômaru l'avait-il choisie surtout pour son physique ? C'était tout à fait possible. Mais, apparemment, le Prince aimait les originales, et les originaux d'ailleurs...C'était étrange cette manie qu'il avait de s'attarder volontiers sur un Vampire aux yeux noircis de khôl, une comtesse aux manières excentriques, une créature créée en laboratoire ou une chasseresse indomptable...Son exotisme et sa nature le poussaient-ils à rechercher l'extraordinaire pour se convaincre qu'il n'était pas seul ? Était-ce-là le fruit de tous ces siècles d'expérience ? A force de vivre, il avait sans doute besoin de nouveautés...

Chastity perçut elle aussi la belle actrice aux cheveux noirs. Ambre sentit que la complice de son maître n'était guère enchantée de l'apparence de Katherine. Il était vrai que de laisser ses cheveux défaits n'était guère convenable et que les regards pourchassaient le domestique qui la suivait comme son ombre. Quelle drôle de façon de se présenter à un bal !
Cependant, la rouquine se souvint du repas chez Sir Barry et de leur rencontre. Ce soir-là, Katherine s'était déjà présentée ainsi : libre et sans gêne face aux convenances qui ne lui plaisaient pas. Ce naturel, un peu osé, était aussi plaisant qu'intriguant. C'était comme si le vice était gravé sur son visage et que ses tenues figuraient son étendard pour revendiquer ses droits et aspirations.


- C'est Katherine Thornes, comtesse et actrice, expliqua Ambre à la belle Vampire. Elle vient de rejoindre notre troupe et jouera dans la prochaine pièce du Comte Keisuke. Nous l'avons déjà vue sur scène, elle est plutôt douée. Mon maître semble l'apprécier. J'ai hâte d'assister à la prochaine répétition. Quelle robe magnifique...

Ambre appréciait grandement les broderies d'or qui couraient sur le bleu pâle de sa tenue. Bien vite, elle songea à faire signe à sa nouvelle collègue afin qu'elle puisse les rejoindre, mais un murmure dans la foule l'arrêta dans son geste. Tous les regards s'étaient tournés vers une jeune femme particulièrement éclatante de beauté : Sarah Spencer. Ludwig émit un petit son de surprise et de joie en voyant l'héritière avancer dans la salle. Il attrapa doucement le bras de la belle Vampire aux boucles de feu et soupira dans son oreille :

- Comment voulez-vous que Monsieur le Comte n'en soit pas tombé amoureux ? Elle est réellement splendide...

Plus que Katherine ? Plus que Chastity qui se tenait toujours près d'eux ? Plus qu'elle-même ? Sans doute. Ambre ne savait pas ce qui donnait à cette jeune femme un teint aussi parfait, ni une allure aussi élégante, mais il semblait que la jeune chasseuse jetait un sort à tous ceux qui osaient poser les yeux sur elle. Une dose de candeur demeurait sur son doux visage, mais sa grande force intérieure se reflétait dans son regard d'une intelligence redoutable. Elle demeurait distinguée, la tête haute à la manière des grands aristocrates de ce monde, et ses manières étaient irréprochables. Ambre se souvenait bien de la fougue folle dont elle avait fait preuve sous l'Opéra ainsi que de sa façon de tenir tête au Comte en assassinant le beau langage que son précepteur lui avait enseigné. Quelle merveilleuse actrice ! Les mondanités ne semblaient plus avoir de secrets pour elle. Décidément, elle était bonne à marier.
D'ailleurs, à peine la jeune héritière était-elle entrée qu'elle se retrouvait déjà entourée de mille et un nobles venus lui présenter leurs bons voeux de rétablissement, saluer sa beauté ou lui proposer une danse. Un homme lui tendit bien vite le bras, comme pour la sauver des vautours qui s'apprêtaient à fondre sur elle. Puis, le duc de Valentinois en personne vint lui présenter ses hommages. C'était une scène...écœurante.


- Je pensais qu'elle entrerait au bras du maître...grinça Ludwig entre ses dents.

- C'est étrange oui...On dirait qu'elle n'est pas au courant de sa venue, répondit doucement la belle actrice en suivant du regard la jeune humaine qui saluait les parasites qui s'agglutinaient autour d'elle.

- Vous lisez ses pensées ? s'inquiéta le calice en lui jetant un regard soupçonneux.

- Le maître nous l'a interdit, fit-elle simplement sur un ton qui signifiait que jamais elle ne se le serait permis.

Profitant qu'elle croisait à nouveau le regard de Katherine, Ambre lui fit signe de la main afin de l'inciter à les rejoindre. Lorsque que la belle actrice et son majordome arrivèrent à leur hauteur, la Vampiresse fit les présentations.


- Miss Thornes, c'est un plaisir de vous revoir ! Comment vous portez-vous depuis la dernière répétition ? Laissez-moi vous présenter Miss Chastity Stephenson. Mais peut-être la connaissez-vous déjà de réputation ? Sa société gère l'élaboration et la fabrication de presque toutes les machines que vous pouvez trouver dans la capitale. La vapeur et les rouages n'ont plus de secret pour sa famille !

Malgré son enthousiasme apparent, Ambre songeait à son maître. Il commençait à tarder et cela ne lui plaisait guère...

**********

Dans le bureau de Dorian Spencer.

L'accueil du patriarche des Spencer parut particulièrement cordial à Jirômaru, ce qui le surprit légèrement. D'aucuns diraient même que son hôte se montrait « amical », aux vues du sourire et de la chaleur que l'aristocrate afficha. Pourtant, les deux hommes se contentèrent de se serrer la main, avec force, sans pour autant se tenir par l'épaule comme l'auraient fait deux amis. Les grandes effusions de sentiments n'étaient apparemment pas leur tasse de thé.
Après tout, leur relation n'était pas aussi développée que ce que les gens imaginaient. Dorian demeurait relativement distant par principes, mais sans doute également par peur de franchir certaines limites qu'il ne pouvait se permettre de franchir avant l'officialisation du mariage de sa fille. Le Comte n'était pas encore son gendre. Il fallait dire que Jirômaru était réputé pour sa droiture. Il n'était absolument pas du genre à montrer de l'affection à son prochain, à part peut-être à l'architecte Sir Barry, et demeurait très guindé en société. C'était un signe d'éducation et de respect.

Une fois installés en face à face, les deux hommes se dévisagèrent aimablement et échangèrent des banalités. Dorian s'enquit de la santé de son confrère, pour lui être agréable et faire les choses dans les formes. Le Comte lui fit un sourire de circonstance. Son bras était guéri, mais marqué à vie. Sa fertilité lui avait été arrachée contre sa guérison, ce qui le perturbait beaucoup, sans compter qu'il éprouvait une fatigue constante depuis la mort de Salluste et l'ingestion du sang de Joyce. De plus, il portait une charge mentale excessive depuis quelques semaines, notamment à cause de son mariage avec Sarah qui hantait chacune de ses pensées et de Crimson dont il n'avait pas de nouvelle. Sa santé était...mauvaise. Mais il ne pouvait pas entamer une discussion en se plaignant, d'autant que son mal tenait surtout à sa nature de Vampire.


- J'ai connu des jours meilleurs, c'est certain, mais je me porte mieux. Je n'ai pas à me plaindre.

Il était inutile de s'attarder sur le bandage qu'il portait sous sa veste pour cacher la marque de Kate, ni sur la fièvre qu'il avait peiné à éloigner de lui. L'émissaire de la Mort s'était montré un peu trop zélé, frappant tous les jours à sa porte pour lui délivrer le message funeste de sa maîtresse. Et il continuait, sournoisement, de le harceler à la moindre faiblesse. Mais que pouvait-il dire à cet humain ? Il n'avait qu'à hausser les épaules et lui sourire.
Heureusement, Dorian eut le bon goût de ne pas insister. Bien vite, le brave homme remercia le lord pour l'aide qu'il lui avait apportée au sujet de l'enquête pour retrouver sa fille. Sur le moment, Jirômaru se sentit grisé d'avoir réellement pu sauver Sarah des griffes du Sabbat. Mais, à mesure que le patriarche lui exposait sa gratitude, le Vampire dut se placer du point de vue des mortels et surtout des journalistes qui avaient rapporté l'affaire et broder un peu. Cela lui fut désagréable, mais il n'avait pas le choix.


- Je vous en prie, my lord. Sarah m'est très précieuse, je ne pouvais pas rester les bras croisés. Et puis, aider un homme tel que vous fut un honneur...Son regard se fit un peu plus distant : le mensonge lui pesait ce soir. Vous savez, je n'ai pas pu faire grand chose en réalité. Les agents du Yard exagèrent un peu mon rôle dans cette histoire. Je n'ai fait que les accompagner sur certains lieux, pour les soutenir, et leur donner des moyens supplémentaires, financiers et humains.

Que la réalité soit toute autre ne lui importait guère, mais de devoir jouer le modeste lui était pénible. Jirômaru n'était pas de ces êtres plein d'humilité. Autrefois, il aurait baissé les yeux et rougit naturellement. Aujourd'hui, trop conscient de ses capacités et de ses actes, il devait se forcer à jouer un rôle qu'il détestait.

Acceptant le verre de brandy que lui servit Dorian, l'ancien samouraï trempa ses lèvres dans le liquide brûlant et en but une petite gorgée. C'était un alcool qu'il n'aimait pas. Depuis sa vampirisation, les aliments demeuraient cendres dans sa bouche et les liquides présentaient moins d'attraits. Mais c'était surtout une question de goût et de culture. Malgré ses cinq cents quatre-vingt-neuf ans d'existence, il conservait un goût immodéré pour le saké, l'alcool fétiche de son pays d'origine. C'était assez inexplicable. Salluste et lui avaient d'ailleurs beaucoup conversé à ce sujet, et le disciple avait même enquêté dans ses moments perdus pour tenter de prouver que Jirômaru avait tout simplement mauvais goût.


- Merci.

Le Comte ne loua pas les qualités du brandy mais ne grimaça pas non plus. Il se contenta de poser le verre devant lui et de croiser les jambes pour se montrer un peu plus détendu.
Un homme entra alors discrètement dans le bureau. Il n'avait pas été annoncé et sa façon de se glisser dans l'ombre des boiseries déplut fortement au Vampire qui lui jeta un regard lourd de menace. Qui était cet homme ? Un ami de Dorian ? Comment osait-il venir les interrompre en brisant l'intimité qui s'était instaurée entre eux ?
Monsieur Spencer le présenta alors comme le secrétaire de sa famille. Jirômaru se força à adopter une expression plus douce. Le secrétaire ? C'était donc le moment de discuter de papiers administratifs...Sans doute le patriarche voulait-il lui montrer le montant de la dote de Sarah ou un document qui attestait le son consentement de père de famille à leur union.
Comme pour répondre à ses interrogations, Dorian sortit d'un tiroir un porte-document bleu roi et le fit glisser jusqu'à lui. Le Vampire se pencha un peu en avant pour lui jeter un coup d'oeil et le saisit entre ses mains gantées pour l'ouvrir doucement. Comme il s'y attendait, c'étaient des papiers relatifs à son mariage avec Sarah. Il enleva ses gants pour les feuilleter avec attention.
Au départ, son visage demeura détendu. Mais lorsqu'il comprit que c'était le contrat de mariage lui-même qu'il tenait entre ses mains et que c'était bel et bien l'écriture de Sarah qui brillait à la lueur des lampes, son coeur manqua un battement et ses lèvres frémirent. Après quelques secondes de stupeur, le Comte releva la tête. Ses yeux clairs revinrent se planter dans ceux du patriarche. L'homme sembla soudainement mal à l'aise et un lourd silence tomba entre eux.
Jirômaru baissa de nouveau les yeux sur le document et resta figé un moment, sans expression. Dorian tenta alors de lui paraître complice mais le Vampire ne fut pas réceptif à ses regards. Songeur, il réfléchissait aux enjeux que ces papiers représentaient : Monsieur Spencer lui offrait sa fille, son enfant unique, un héritage financier et sentimental, sa confiance...Ce n'était pas rien ! Il ne suffisait plus qu'une signature, la sienne, pour que ce mariage se concrétise. Une signature...Une simple signature...
Jirômaru ne pouvait plus détacher son regard de l'encre qu'avait déposé la jeune femme sur le papier. Avait-elle signé d'elle-même ? Vraiment ? Ou n'avait-elle fait qu'obéir à son père et céder à la pression sociale qui l'assiégeait de toutes parts depuis son retour ? Était-ce réellement ce qu'elle désirait ? Impossible...
Le Comte était ému. Son coeur battait la chamade dans sa poitrine et son silence en disait long quant à l'intensité de ses réflexions. Il savait ce qu'il devait répondre. Pourtant, sa gorge demeurait serrée. La présence du secrétaire se fit soudainement particulièrement pesante pour le Vampire. Cette petite mise en scène commençait à l'angoisser.

Dorian lui sourit, comme un père sourirait à son fils qui va enfin partir découvrir le Nouveau Monde. Jirômaru trouva son envie de le rassurer aussi aimable qu'ironique. Comme s'il avait besoin d'un tel soutien ! Le pauvre homme...S'il savait seulement à qui il souhaitait confier sa fille...
Le patriarche dut sentir la tension qui s'était installée. Il se sentit obligé de confirmer à son confrère ce qu'il avait vu : Sarah avait bien accepté le mariage. D'après lui, elle avait beaucoup réfléchi et les derniers événements l'avaient aidée à se décider. Il affirmait en outre que la jeune femme avait sans aucun doute développé des sentiments à son égard.
Le Vampire tiqua. Sarah avait-elle réellement manifesté de l'intérêt pour ce mariage ? Avait-elle vraiment développé des sentiments ? Il en doutait fortement. Après tout, elle n'avait jamais répondu à ses dernières lettres, même si elles dataient maintenant, ni envoyé de billet pour le remercier de son intervention au cimetière, pour lui souhaiter un bon rétablissement ou pour lui exprimer une quelconque gratitude quant aux bouquets de fleurs qu'il lui avait fait porter. Depuis Highgate, ils ne s'étaient pas revus. Cela faisait un mois.
Certes, Jirômaru savait que la belle se portait bien, notamment grâce aux sbires qu'il avait chargés de sa surveillance, mais hormis les retours que lui avaient fait ses hommes, il n'avait pas eu une seule nouvelle de la chasseuse. Comment pouvait-il croire qu'elle l'aimait ? Ne se dérobait-elle pas encore à son regard et à ses baisers ? Le Vampire jeta un regard légèrement soupçonneux à Dorian. Que lui avait-il donc dit pour qu'elle signe ?
Soudain, il songea que Sarah avait peut-être décidé que ce mariage pourrait la sauver des Vampires du Sabbat. Et si elle avait signé tout simplement pour se placer sous sa protection ? C'était possible...Depuis son enlèvement, elle avait vécu des soirées d'horreur et d'angoisse que peu étaient capables d'imaginer. La bataille du cimetière avait été le point culminant de ce cauchemar éveillé et la seule main tendue vers elle avait été la sienne. A travers de la brume, en dépit du danger et de ses blessures, il l'avait serrée dans ses bras et sortie de la tempête avant qu'elle ne s'y noie. Se lier publiquement à l'homme qu'il était lui assurait une véritable sécurité, au coeur de la nuit mais aussi en plein jour, aux sein de l'élite sociale anglaise. Elle deviendrait enfin l'Intouchable que les deux Mondes respecteraient et adoreraient.
La rendrait-il heureuse ? Dorian semblait en être persuadé. Quelle tristesse...Il savait bien que ce n'était pas vrai. Il lui offrirait un toit digne d'une princesse, des tenues de bal, des escarpins de verre s'il le fallait. Elle ne manquerait de rien. Son personnel serait sien, sa gloire de metteur en scène retomberait sur elle et sa place à la Chambre des lords en ferait une lady parmi les ladies. Mais serait-elle heureuse pour autant ? Non. Certainement pas. Jamais. Leurs natures, si différentes, les opposeraient toujours. Et son coeur, si froid, si dur, ne l'accepterait jamais tel qu'il était. Tout ceci n'était qu'une façade sociale, une grotesque scène qu'elle devra jouer jusqu'à sa mort pour tenir son rôle de femme et conserver ses privilèges.


- Qu'est-ce que le bonheur ? murmura Jirômaru pour lui-même.

Dorian ne l'entendit pas mais le secrétaire fronça les sourcils. Voir le grand homme si contrarié le rendait nerveux. Qu'attendait-il pour signer ? Allait-il prolonger plus longtemps cet affreux silence ?
Monsieur Spencer tira alors le Vampire de ses réflexions en lui annonçant que Sarah posait une seule condition à leur mariage. A ce mot, Jirômaru se redressa et ses mains se crispèrent sur le porte-document. Une condition ? Laquelle ? Qu'était donc ce nouveau caprice ? Dorian soupira. Sarah ne l'avait pas révélée à son père.


- Je devrai signer sans la connaître ? s'étonna le lord en écarquillant les yeux de surprise.

Que pouvait donc lui demander Sarah ? Tant de choses ! Et si peu à la fois...
Elle pouvait lui demander de protéger sa famille. Mais il le lui promettait sans cela...
Que pourrait-elle lui demander d'autre ?
De ne pas la toucher ? Elle en serait capable, rien que pour le frustrer à jamais. Mais alors, pourquoi le marier ? Cela n'aurait pas de sens.
De la vampiriser ? Non. Impossible. De toutes façons ce serait hors de question !
Cesser ses recherches pour retrouver Alexender ? Il ne se souciait déjà plus de cet homme tumultueux. A condition qu'il demeure loin de Londres, en exil, il ne le pourchasserait plus et ses sbires non plus. Cela, il pouvait le jurer.

Jirômaru réfléchit un peu à toutes les possibilités qui émanaient de cette information. Puis, il ferma le porte-documents et le tendit au secrétaire en fixant son regard.


- Vous pouvez le ranger et disposer. Je ne le signerai pas aujourd'hui.

Ce geste sembla plonger la pièce dans une espèce de stupeur hallucinée. Le silence qui suivit fut extrêmement gênant. Le grand Vampire appuya la porte-documents dans les mains du secrétaire et lui indiqua le couloir d'où il était venu. Ses yeux clairs brillaient d'une lueur qui ne présageait rien de bon pour lui s'il refusait de sortir. L'homme jeta un regard au patriarche et quitta la salle d'un air choqué.
Jirômaru attendit que l'homme ne disparaisse avant de ramener son regard sur le père de Sarah. Il avait conscience que son geste pouvait être pris pour une insulte, mais il ne comptait pas forcer la jeune femme et encore moins s'engager avant d'avoir entendu sa condition.


- Je préfère prendre mon temps, fit-il en saisissant ses gants pour commencer à les remettre. Je dois avoir un entretien avec Sarah, en tête à tête, pour avoir son avis sur ce mariage et pour connaître sa condition. Sans cela, signer ce document serait...irresponsable.

C'était vrai, mais ce n'était pas la seule raison qui avait retenu sa main ce soir. Cette fois, le lord avait décidé qu'il était temps pour lui de secouer son échiquier et de redisposer ses pions avec plus de sagesse. Dorian devait jouer son rôle.
Lentement, il ajusta ses gants sur ses longs doigts diaphanes et s'adossa contre son fauteuil. Il laissa le silence reprendre position entre lui et le patriarche. Puis, lorsqu'il termina de rajuster la dernière bordure de coton blanc sur son poignet, il plongea son regard dans celui de son hôte. Son visage avait pris une expression d'une gravité extrême.


- Je suis mourant, Dorian.

Cette phrase tomba entre eux comme un couperet. Face au regard que lui adressa l'homme, Jirômaru soupira :

- Le médecin ne me donne qu'une dizaine d'années, vingt ans tout au plus. La maladie que je porte ne se transmet pas, heureusement, mais nul n'y a trouvé de remède. Le Comte soupira et se passa une main sur le visage. Dites-moi : que pourrait donc apporter un homme tel que moi à votre fille, à part le deuil ? Un titre ? Un héritage ? Elle est déjà issue d'une des plus prestigieuses familles d'Angleterre. Je ne pourrais même pas lui faire d'enfants. Cette fois, une certaine douleur traversa son regard. Avec moi, vous n'aurez pas de petits-enfants. Sa grimace fut franche. Il se dégoûtait. Est-ce cela que vous voulez ?

Ce n'était pas une accusation mais une façon d'avouer au pauvre homme qu'il avait peu à offrir à sa lignée.

- Je vous jure, sur mon honneur, de toujours protéger votre fille. Le Vampire crispa ses mains sur le bureau. Car je l'aime, sincèrement, du plus profond de mon âme. Je l'aime. Jirômaru saisit le verre de brandy et laissa ses yeux couler dans son liquide brun. Mais je n'ai rien d'autre à lui offrir que la mort.

Le Comte avala d'une traite le contenu de son verre et se leva. Les deux mains sur le bureau, il serra les dents et soupira. Tant de pensées l'assiégeaient maintenant !

- Ecoutez. Je dois voir Sarah et mettre au clair de nombreuses choses avec elle. Je dois connaître sa condition et lui exposer la vie qui l'attend à mes côtés. Si tout ce que je vous ai dit ne la fait pas changer d'avis, et si sa condition est acceptable, alors je signerais ce document.

Le goût du brandy, dénaturé, lui sembla plus infâme que jamais. Mais ce n'était rien comparé à l'amertume qui étreignait son coeur.

- Dorian, je pense qu'il est préférable que ce mariage n'ait jamais lieu. Peut-être...Peut-être que je pourrais vous recommander quelqu'un pour me remplacer ?

Ô cruelle abnégation...

Made by Neon Demon


Crédit image: Album de Ivan Torrent, voir musique : Rêverie.


> Jirômaru Keisuke <

Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Comte_10

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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Katherine Thornes
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Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Empty
MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeVen 23 Mar - 16:46

Un bal était une occasion rêvée pour se sociabiliser, pour retrouver quelques connaissances et prendre des nouvelles de certaines personnes perdues de vue pendant quelques mois. Un bal réjouissait depuis longtemps les jeunes femmes encore pures qui désiraient trouver un fiancé. C'était un événement distingué auquel tout le monde s'appliquait à paraître le plus respectable, le plus digne et le plus intéressant possible. Les langues de vipère devenaient de véritables princesses afin de se faire remarquer pour leur élégance et souvent n'avaient aucun mal à critiquer leurs compères commères. Un bal était ainsi une belle source d'excitation. On s'attendait souvent à un banquet sublime qui ne manquerait pas de ravir les papilles de chacun, à des musiciens triés sur le volet qui permettrait à chacun de danser sur des valses parfaitement bien exécutées, à des honorables gens de rang vénérable sur leur 31. C'était aussi là que l'on remarquait les originaux, ceux qui souhaitaient être vus, être remarqués et qui voulaient qu'on parle d'eux. Katherine faisait peut-être parti de ces gens-là mais c'était devenu un comportement des plus naturels pour elle. Elle n'y prenait plus garde et se fichait désormais de ce que pouvaient dire ces rapaces de la société lorsqu'elle avait le dos tourné. Elle se connaissait, elle se savait excentrique pour beaucoup, provocante et même catin des hauts rangs. Cela ne faisait plus que l'indifférer. Depuis longtemps elle s'était faite à une réalité, parmi toutes ces personnes nul n'était son ami(e). Cela… lui manquait cependant. Les soirées où elle était invitée devenaient ternes aussi bien que la seule qui fut réjouissante fut l'invitation chez Sir Barry où elle avait pu rencontrer des aristocrates de son monde, des comédiens, des artistes moins regardant que certains des affaires.

Ce soir-là Katherine fit de son mieux pour faire bonne figure. Ce n'était pas gagné. Certains regards en disaient long sur ce qu'ils pensaient. Ainsi, ce fut par respect qu'elle alla tout d'abord saluer la maîtresse de maison qui avait du dépenser des sommes extraordinaires et bousiller un temps considérable pour préparer cette somptueuse fête. Sarah n'était toujours pas en vue, de toutes les manières que pourrait-elle lui dire ? Que son amant était incroyablement doué ? Qu'ils étaient près du but ?Qu'elle avait été soulagée de la savoir en vie.. ? Peut-être, mais se rappelait-elle au moins vraiment d'elle ? Se tirant de ses pensées, elle salua très courtoisement la Dame Spencer. C'était une femme tout à fait honorable, apprêtée et d'une politesse sans faille. Katherine n'en doutait pas, elle avait du être une très belle jeune femme. Les banalités furent ainsi posées sur la table. Quelle robe magnifique. Une soirée tout à fait agréable. Des remerciements pour l'invitation. Quelques politesses. Rien de bien excitant mais c'était ce que l'on attendait des femmes de leur rang. Lorsqu'elles eurent fini, Katherine salua à nouveau son hôte et la demoiselle qui l'accompagnait. Retournant dans un coin de la salle afin d'avoir une vue dégagée, Katherine s'empara d'un verre de champagne. Que pouvait-elle faire d'autre ? Elle n'était pas d'humeur à s'incruster dans une conversation, qui, et elle en était sûre, ne l'intéresserait pour rien au monde.

L'arrivée d'une personne en particulier la revigora pendant quelques instants. Ambre ! Si elle était là le Comte ne devait pas être bien loin. Elle était accompagnée d'un homme tout à fait élégant qui allait parfaitement avec la beauté de la jeune rousse. C'était un soulagement pour la jeune hongroise. Elle qui ne se sentait pas à sa place allait peut-être se sentir un peu moins seule. Ambre était une femme qu'elle appréciait. Une demoiselle polie des plus agréables qui ne manquait jamais de sourire ni même de sérieux. Elle ne la connaissait encore que très peu mais ce qu'elle avait vu d'elle lui plaisait. Son coeur se réchauffa un instant. Elle n'était plus vraiment seule. La regardant de loin elle fit un petit signe de la tête afin de la saluer mais ne s'approcha pas. La belle assistante du Comte était en pleine conversation avec une dame que Katherine avait plusieurs fois remarqué sans pourtant lui avoir parlé. Une autre très jolie rousse plus plantureuse cependant que la jeune artiste. Une femme qui ne devait pas passer inaperçue… d'ailleurs Michael qui restait un homme n'avait pas manqué de la détailler au loin sans s'attarder afin de ne pas être démasqué. Oui elle était désirable, la Comtesse ne pouvait pas lui en vouloir, loin de là. Rompant le contact une autre silhouette attira l'attention de l'actrice et de tous les convives présents ce soir-là. Sarah venait de faire son entrée. Elle paraissait rayonnante. Tous les convives s'étaient tus et à la place de vives paroles s'élevait un concert de murmures. Katherine avait pu entendre, par-ci, par-là, diverses rumeurs sur la jeune femme comme quoi elle se serait enlaidie. Un fin sourire étira les lèvres de l'aristocrate. Oh non, l'héritière des Spencer était bien plus belle que ce qu'ils avaient imaginé. Une beauté… froide. Même si la Hongroise était assez loin de la Huntress quelques détails ne lui avaient pas échappé. Sarah s'était amincie, ses yeux brillaient d'une nouvelle lueur, lueur qu'elle ne possédait plus lorsqu'elle l'avait rencontré dans l'auberge mais qu'elle avait retrouvé à l'évocation du nom d'Alexender. Elle n'était plus la jeune femme qu'on évoquait dans les journaux, non la demoiselle était devenue plus que ça, Sarah avait grandi.

- Elle est magnifique n'est-ce pas.. ? Cela me réchauffe un peu le coeur de la voir si souriante… pourtant nous ne nous connaissons qu'à peine… souffla t-elle à Michael.

- Pas plus que vous, Mademoiselle.

- Tu n'es pas objectif Michael…
Elle posa doucement sa main dans la sienne pour la serrer quelques instants comme si elle redoutait qu'il ne la quitte. Je le comprends…

Sa pensée pour Alexender étonna le majordome. Peut-être souriait-elle parce que la voir de si bonne mine réjouirait le noble déchu ? Lentement la main de la Huntress s'échappa de la sienne. Son evie de la rattraper était terrible mais face à ces regards assassins il ne pouvait être avec l'homme qu'il était en Hongrie.
Tandis que l'actrice portait à nouveau son verre de champagne à ses lèvres elle croisa le regard d'Ambre et lui adressa un petit sourire. Katherine fut un peu surprise de la voir lui faire un signe et sans se poser plus de questions elle donna son verre à son majordome et traversa la salle sans se soucier de trouver un compagnon pour la guider. D'une démarche assurée et souffle, la demoiselle fendit la pièce et se rapprocha du petit groupe. Aussitôt sa mine attristée et ennuyée disparut. Elle leur offrit alors un magnifique sourire et exécuta une révérence courtoise. Derrière elle Michael s'était incliné, le visage figé dans un petit rictus d'agacement. Tous le prenaient pour ce qu'il n'était pas mais qui pourrait expliquer aux quelques connaisseurs de géopolitique que le descendant des Nadasdy, noble famille hongroise à la tête de l'armée, n'était pas mort depuis plus d'un siècle mais encore jeune et en bonne santé ? Cela avait été un choix de se nommer Majordome, un choix afin d'accompagner partout où elle se trouvait la femme qu'il admirait.

- Ce plaisir est partagé Miss Ghrianstad ! Je me porte merveilleusement bien et vous ? Vous êtes ravissante une fois de plus.

Se tournant vers Chastity Katherine inclina légèrement la tête et s'exclama :

- C'est un honneur de vous rencontrer enfin Miss Stephenson. Vos inventions ont fait avancer Londres à pas de géants ! Vous êtes de ces gens que l'on admire. Katherine Thrones, actrice, enchantée.

Ses yeux s'étaient plongés dans les siens. Katherine ne faisait pas de grands efforts pour paraître agréable. Elle l'était. Elle aimait rencontrer du monde tant qu'on ne lui cassait pas du sucre sur le dos. Elle avait cependant un étrange pressentiment, d'arrogance peut-être de mépris. Cela ne l'étonnerait pas.


Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Kather10
"Parce qu’on se sent quelques fois seul, délaissé, abandonné, rejeté. On pense alors à la seule échappatoire possible : la mort. On manque de cran, on a peur. Et on finit par y renoncer en choisissant la facilité : tuer."
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Sarah Spencer
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Sarah Spencer
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Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Empty
MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeDim 1 Avr - 19:48

Bal et intrigues à Spencer's House

Le destin semblait tout mettre en oeuvre pour les séparer à jamais


Le bal était splendide; les robes aux mille couleurs, les étoffes, les parfums, toute la pièce semblaient transcender dans une atmosphère mystérieuse et merveilleuse. Sarah sentait sa nervosité disparaitre en même temps que le champagne dans le verre qu’elle tenait entre ses mains. Elle qui ne tenait pourtant pas bien l’alcool, elle se sentait devenir légère en terminant sa coupe qu’elle reposa dans le plateau que l’un des domestiques lui présentait. Son entrée avait été remarquée, elle avait salué quelques connaissances avant d’être entrainée à l’écart, à l’autre bout complètement de la salle, le long de la terrasse. Pourtant, traverser la pièce n’avait pas été chose aisée, on se pressait pour venir l’observer de plus près, cherchant la moindre faille, la moindre blessure sous sa carapace dorée. On pensait remarquer son boitement, ou une couleur terne de sa peau, un œil qui louchait. Et si ses gants blancs ne cachaient pas une nouvelle difformité? Des rapaces autour d’une proie, voilà ce qu’ils avaient tous l’air à l’observer de leurs yeux avides. Elle aurait pu défiler complètement nue devant eux qu’on aurait murmuré qu’elle cachait encore quelques choses. En vérité, sa beauté semblait choquée, elle qui était si ravissante dans sa robe. Pourtant, il y avait tant de beauté dans la pièce. Au bras d’Andrew, la jeune femme avait salué quelques célébrités, effleurant des salutations et des semblants de conversations. Elle était aimable, souriante, conciliante. Pourant, si son attention semblait fixe, ses yeux bleus n’avaient pu s’empêcher de parcourir la salle à la recherche de silhouette familière. Peut-être Eulalia accompagnerait-elle sa tante? Où encore croiserait-elle Katherine? Et si Alexender avait décidé de se présenter sous un déguisement? Mais une partie de la magicienne chercha une silhouette bien particulière au milieu de la foule. Instinctivement, elle s’attendit à voir le Comte parmi les convives. Sa taille imposante lui faisant dépasser la plupart des habitants, elle l’aurait facilement reconnu. N’y avait-il pas une possibilité qu’il se soit glissée parmi les invités? Non, il n’était pas venu. Cette nouvelle la laissa à la fois déçue, mais rassurée. Son pas lui avait semblé plus léger alors qu’elle s’était jointe au petit groupe d’Andrew. Ses amis étaient aimables, de bonne connaissance à elle pour la plupart.

Le regard fixe, la belle héritière écoutait d'une oreille distraite les bavardages du petit groupe qui s'était formé autour d'elle. On discutait de politique, des événements de la saison, des affaires des gentlemans, de la future chambre du bébé pour les Andrews... La Chasseuse sentait sa nuque brûler sous les regards qu'elle savait porter sur sa personne. Il lui semblait entendre les commérages, les jugements, les regards d'envie, de curiosité, de suspicion et de jalousie qu’on adressait à son dos. Les éventails s’agitaient, les messes basses se racontaient derrière des sourires... Elle n’en avait cure, ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait au centre de l’attention et ce n’était certainement pas ce soir qu’elle allait se laisser de nouveau sombrer dans le doute et la tristesse. Le dos droit, un visage fier, elle avait retrouvé le port altier et le maintient qui lui avait souvent valu des remontrances d’orgueil et d’arrogance. Mais ce n’était pas cela; elle refusait simplement de baisser les bras.

Cette nouvelle force lui venait de sa rencontre avec Alexender quelques jours plutôt. Revoir son amant avait ravivé la flamme intérieure qui brulait en la belle chasseuse. Il était en vie, si beau et si vivant, il lui était apparu comme une vision qu’elle avait enterrée au plus profond de son cœur. Ils avaient pu discuter, bien cacher à l’abri dans les ruines de ce qui avait continué autrefois les quartiers de l’ancienne guilde. Ils avaient pu s’apprivoiser de nouveau, panser leurs blessures que le temps et les épreuves leur avaient causées. Elle avait de nouveau senti ses lèvres contre sa bouche, son rire contre ses oreilles, ses bras contre son corps. Comment avait-elle avait pu penser qu’il l’avait oublier? Et ce nom qu’il lui avait donné pour leur communication dans les journaux. Il lui tardait déjà de pouvoir fixer de nouveau un autre rendez-vous avec lui. Pourtant, son cœur s’était serré lorsqu’elle l’avait laissé s’enfoncer dans les corridors sombres des souterrains de l’Oratoire. Elle venait à peine de le retrouver qu’elle avait déjà l’impression qu’ils se disaient de nouveaux Adieux. Tout les séparait, Alexender était encore un fugitif, et elle devait poursuivre sa mission. La belle héritière ne lui avait rien dit au sujet du bal et de son accord sur le mariage avec le Comte. L’instant lui avait semblé trop beau pour le gâcher avec une telle annonce. Il n’aurait sans doute pas compris.

Sarah laissa son regard se perdre un instant à la foule qu’il l’entourait. La musique, l’ambiance, toute cette joie naïve et quelque peu dérisoire. Cela lui mettait un peu le cœur à la fête. Elle revenait dans son élément, dans un terrain connu, où les complots se tramait derrière des sourires et des éventails et où ce qu'on risquait de perdre était sa réputation et non pas sa vie... c’en était presque... rassurant.



***

Les yeux brillants, Monsieur Spencer observait son futur gendre parcourir le document qu’il lui avait remis. Le Comte prenait son temps, relisait le contrat encore et encore. Dorian appréciait cette attitude. Pour rien au monde il n’aurait voulu voir sa fille liée à un être trop empressée ou trop fougueuse. C’était bien mal connaître le Prince des vampires dont beaucoup savait esclave de ses émotions. Pour le père de famille, Jiromaru semblait de nature calme, méticuleuse, avançant de manière méthodique et réfléchie plutôt que d’opter pour la manière brusque. Une nature calme, mais non pas moins dangereuse. Depuis des années qu’ils s’étaient croisés dans les divers clubs et soirées mondaines, jamais il n’aurait pu penser qu’un tel homme aurait pu tomber amoureux de sa fille. Il fallait dire que Sarah n’avait jamais manqué de heurter l’imaginaire social. Dès son entré dans le monde, elle avait fait l’éloge et le bouc émissaire de plusieurs ragots et potin. Vu son âge avancé, son 21 em anniversaire célébré il y a quelques semaines déjà, on lui avait prédit un avenir de vieille fille à jamais attacher à sa famille. Un véritable fardeau et échec social pour leur époque. Elle était beaucoup trop sauvage, trop têtue et parfois même emportée pour accepter d’être mariée. Dorian se sentait quelquefois responsable de l’attitude rebelle de son unique enfant. Là où il aurait dû la gronder, il avait garder silence, toute les fois où il aurait dû la punir, il l’avait admirée et chaque fois qu’elle avait ridiculiser un prétendant trop stupide au moyen de ses mots ou humilier ses consoeurs avec ses talents d’archères, il en avait été fier.

Mais peut-être était-ce cela qui avait charmé le Comte; une jeune femme belle mêlée d’une grande intelligence, d’une attitude si vivante, si pétillante. Peut-être Sarah réussirait-elle à ramener un peu de joie et de lumière dans une existence que Dorian percevrait comme sombre. Et peut-être aussi ce mariage parviendrait à effacer les rumeurs qui prêtaient au Comte de nouvelles liaisons. Le père de famille avait bien entendu les ragots qu’on lui avait rapportés de la soirée de Sir Barry où le grand homme avait disparu pendant une longue heure avec une comtesse dont beaucoup savait les mœurs légères. Puis il y avait ces allégations avec cette Stephensons dont peu de personnes avaient entendu les murmures. Dorian espérait que Sarah agirait comme une ancre qui réussirait à remettre l’aristocrate dans le droit chemin. Oui, elle avait indéniablement envouté cet homme. Jamais Dorian n’avait vu le grand homme hésiter à ce point. Il relisait le document, encore et encore comme s’il n’arrivait pas à croire qu’il tenait entre ses mains l’aboutissement de sa requête. Après tout ce qui s’était passé, Monsieur Spencer comprenait parfaitement bien l’ahurissement du Comte. Quelques semaines plutôt, Sarah quittait leur demeure en grand fracas, criant sur tous les toits qu’elle préférait mourir plutôt que de se marié avec lui. Puis elle avait disparu, entrainant chagrin, colère et tous avaient contribué de leur effort pour la retrouver. Malgré ce que disait le Comte, Dorian sentait qu’il avait joué un plus grand rôle que ce que le Yard lui avait rapporté. Et voilà qu’ils arrivaient enfin à l’aboutissement tant espéré.


- Vous pouvez le ranger et disposer. Je ne le signerai pas aujourd'hui.

Un silence de mort tomba dans le petit bureau et si le visage impassible de monsieur Spencer ne laissait rien paraitre, ses yeux s’assombrirent, son bleu si bienveillant devant aussi dur que la glace. Le silence dura, s’allongea, puis la porte se referma, laissant le secrétaire Dunburry quitté la pièce. Le Comte venait de refuser de signer le document qui aurait officialisé son union avec l’héritière de la famille Spencer. La première excuse qu’il offrit glissa sur l’orgueil de Monsieur Spencer sans l’atteindre. Il était coutume de leur époque que les époux se marient sans nécessairement se connaitre. Cela ne prenait que l’accord des deux parties et la signature de l’évêque pour qu’une union soit officielle. Et lui, il refusait à présent la main de la belle qu’il avait si effrontément demandée lors d’une pièce de théâtre devant toute la bonne population? L’échec était cuisant, l’affront important. Plus d’un homme se serait emporté devant un tel manque de tact, aurait attraper le prétendant qui se désistait de cette manière par le col pour le flanquer à la porte sans plus de cérémonie. Oui, cette idée effleura l’espace d’un instant le caractère fougueux de Dorian pour qui l’enfant comptait plus que tout. Mais l’homme était vieux et les années l’avaient assagi. Après un profond soupir, il saisit son verre dont il prit une grande gorgée avant de se caler dans son fauteuil. Un nouveau silence s’installa pendant que les deux hommes se dévisagèrent. Dorian n’était pas stupide et si la colère avait saisi son cœur, il attendait à présent les explications dont il sentait que son comparse allait lui divulguer. Il observait maintenant Jiromaru comme on observe un adversaire politique, attendant qu’il ne daigne souffler ses arguments avant de contre-attaquer.

-Je suis mourant, Dorian.

La phrase tomba comme une enclume dans le silence déjà lourd de la pièce. À cette annonce, Lord Spencer ne put s’empêcher de hausser les sourcils, frapper d’une stupeur extrême. Le Comte? Mourant? Depuis combien de temps? Comme pour répondre à ses interrogations silencieuses, le vampire poursuivit :

-Le médecin ne me donne qu'une dizaine d'années, vingt ans tout au plus. La maladie que je porte ne se transmet pas, heureusement, mais nul n'y a trouvé de remède. Dites-moi : que pourrait donc apporter un homme tel que moi à votre fille, à part le deuil ? Un titre ? Un héritage ? Elle est déjà issue d'une des plus prestigieuses familles d'Angleterre. Je ne pourrais même pas lui faire d'enfants. Avec moi, vous n'aurez pas de petits-enfants. Est-ce cela que vous voulez ?

Dorian ne répondit pas. La situation le prenait de court. Bien sûr, comme plusieurs, il avait remarqué les absences du Lord, ses excuses fréquentes au sujet de sa santé, ses apparitions nocturnes, sa peau froide et les cernes qui ornaient ses yeux. Mais jamais il n’aurait imaginé que le Comte puisse être mourant. La question se posait; était-ce qu’il souhaitait pour Sarah? Lord Spencer laissa son attention se porter au loin. L’on entendait les invités arrivés dans le hall, la musique de la salle de bal, les odeurs qui venaient des cuisines... Toute cette vitalité lui semblait à présent dérisoire après ce que le Comte venait de lui annoncer. Bien sûr, comme n’importe quel père de famille, il souhaitait le meilleur pour son enfant; un bon mari, une bonne situation et une descendance pour promouvoir la lignée de la famille. Comment pouvait-il maintenant consentir à cette union qui n’apporterait rien à la famille?

- Je vous jure, sur mon honneur, de toujours protéger votre fille. Car je l'aime, sincèrement, du plus profond de mon âme. Je l'aime. Mais je n'ai rien d'autre à lui offrir que la mort.

Dorian grimaça de nouveau devant une telle fatalité. Un silence s’installa de nouveau. Lord Spencer ne savait pas comment réagir. Que devait-il dire? Que devait-il faire?

-Je comprends…

Finis par murmurer le vieil homme. Ah oui, il le comprenait, plus que ce que le Comte pouvait croire. Dorian avait espéré que cette soirée se graverait dans la mémoire des jeunes amoureux, qu’ils arrivaient enfin à l’aboutissement d’une lutte et d’une conquête amoureuse qui frapperait la société. Mais au lieu de cela, une nouvelle épreuve se dressait devant cette union.

- Dorian, je pense qu'il est préférable que ce mariage n'ait jamais lieu. Peut-être...Peut-être que je pourrais vous recommander quelqu'un pour me remplacer ?

-Vous remplacer?

Cette fois, Dorian eut un triste sourire. Si seulement c’était aussi simple. Comme si l’amour se commandait, comme s’il était possible de faire battre un cœur d’amour par simple volonté. Le père de famille poussa un nouveau soupir lourd. Il trouvait cela presque drôle. Le Comte pensait pouvoir trouver un remplaçant à pousser dans les bras de Sarah. Malheureusement pour lui, ce n’était pas de n’importe quelle pucelle dont il était question. La belle héritière n’avait jamais été encline à se laisser aller à ses pulsions. Jamais Dorian ne l’avait vue soupirer pour un homme. Elle les avait toujours jugés avec parcimonie et une froideur méticuleuse. Non, Sarah n’était pas une simple pièce d’échec qu’on pouvait interchangé selon la tactique utilisée. Monsieur Spencer prit une nouvelle gorgée.

-Vous savez, ce n’est pas à moi de prendre cette décision...

Monsieur Spencer se leva à son tour et saisit la main du Comte qu’il serra entre les siennes comme il l’aurait fait avec un vieil ami.

-Cher Comte, profitez de cette soirée pour vous amuser et passer du temps avec elle. Si vous n’avez pas le temps d’avoir cette fameuse discussion, nous en planifierons une cette semaine pour que vous ayez le temps de mettre les choses au clair entre vous...

Après un dernier regard, Dorian laissa le Comte quitter la pièce par la porte de devant où l’attendait un domestique pour le conduire de nouveau dans l’entrée pour qu’il puisse accéder à la salle de bal avec les derniers invités tardifs. Une fois que le grand homme eu quitter son bureau, Dorian soupira, esquissant une nouvelle quinte de toux qu’il tenta d’atténuer dans son mouchoir. La peste de cette situation. Il espérait bien que ce bal rapporte de la joie dans cette demeure, mais la famille semblait être maudite.

-Vous ne lui avez pas dit?

Dorian esquissa un regard oblique en direction de la porte latérale par laquelle son secrétaire était de nouveau entré. Jamais bien loin quand on avait besoin de lui, il avait sagement attendu que le Comte s’éclipse avant d’entrer de nouveau dans le bureau.

-Non...

Marmonna le Lord tout en s’empressent de ranger son mouchoir souillé dans le tiroir de son bureau. Dorian demeura dos à son secrétaire, cherchant à reprendre son souffle. Il n’avait pas besoin de se retourner pour savoir l’air qu’affichait son ami de longue date.

-Allons, Dunburry, il est l’heure d’ouvrir ce bal! lança Lord Spencer d’un ton qui se voulut joyeux, mais qui ne réussit qu’à refléter la détermination qui avait de nouveau saisi son regard.

Empruntant la porte par laquelle il était arrivé, Dorian saisit de nouveau les raccourcis pour entrer dans la salle de bal où son apparition fut salué par quelques applaudissements de joie. Son regard paternel fouilla la salle rapidement. Il ne voyait pas la silhouette du Comte, tant mieux, cela ne laisserait rien filtrer de leur rencontre clandestine. Une silhouette saisit le regard de l’homme et un sourire sincère étira ses lèvres. Sarah était bel et bien là. De l’autre côté de la salle, entouré d’Andrew et de quelques demoiselles, elle rayonnait. Si cette vision ne suffisait pas à faire changer le Comte sur sa décision, c’est qu’il était fou tout simplement. Le père de famille soupira, il lui fallait ouvrir la piste de danse.

***

Comprenant que son absence dans ses pensées commençait à se faire remarcher. La chasseuse porta de nouvelles attentions à la conversation qu'entretenaient les gentlemans. Ils discutaient joyeusement d'une affaire dans laquelle Lord Andrews s’était associé avec la compagnie de la jeune Stephenson. Du coin de l’œil, Isabella se chargea d’indiquer la demoiselle en question à l’héritière Spencer. Tout en écoutant les détails de leur affaire, le regard bleu de la belle se chargea d’observer l’ingénue dont elle avait tant entendu parler. Chastity était tout simplement splendide. Une chevelure de feu comme on en voyait rarement dans les grandes soirées aristocratiques où le sang bleu se chargeait bien souvent de régulariser l’apparence des nobles. Elle portait une robe somptueuse dont la couleur faisait ressortir l’éclat de sa peau. C’était une femme magnifique qui ne cessait d’attirer les regards, si elle en jugeait par les quelques gentlemans qui se pressait à ses côtés, sans doute envieux de pouvoir lui arracher une ou deux danses. Mais ce qui fascina le plus la magicienne fut les inventions dont on lui relata rapidement les capacités. Des machines à vapeur? Vraiment?

-Comme c'est ingénieux!

L'exclamation lui avait échappé, et sa curiosité avait pris le dessus. Andrews lui sourit d’un air entendu. Il savait qu’une telle intrigante aurait tôt fait de capter l’attention de la jeune femme. Darlington et Matthew s’avancèrent un instant sur la fiabilité des machines et sur la compagnie de la jeune entrepreneur. Les deux hommes avaient eu l’occasion d’observer les prototypes de la jeune Stephenson lors du bal qu’elle avait donnée dans sa demeure. Mais leur opinion misogyne s’afficha rapidement. Devant des commentaires aussi injustes, Sarah leur adressa un regard récalcitrant.

-Je trouve plutôt dommage de ne juger que sur le sexe du créateur pour se faire une opinion de l'œuvre.

-Une femme est comme une fleur qui faut conserver loin des lumières lui répliqua Mattew. Elles ne devraient pas avoir accès au pouvoir, et se contenter de faire le rolle que Dieu leur a confié; enfanter et faire prospérer les lignées.

Sa remarque piqua au vif la jeune femme qui plissa les yeux devant un tel manque de courtoisie. Les dames du cercle agitèrent leurs éventails pour marquer leur mécontentement. Une lueur dangereuse s’alluma dans les iris pâles de la demoiselle. Sans se départir de son sourire, elle s’adressa au jeune homme qui tourna vers elle un regard ou brillait la convoitise. Sarah le laissa terminer sa phrase sans broncher. Il s’était trop avancé sans même voir qu’elle venait habilement de lui tendre un piège.

-Peut-être avez-vous raison Lord Bellamy...

Andrews qui allait porté sa coupe a ses lèvres figea son geste et jeta un regard stupéfait à Sarah. Avait-il bien entendu? Comme sur un ton de confidence la belle héritière s’approcha de lui.

-Je suis certaine que notre reine serait d'accord avec vous, peut-être devriez-vous lui en glisser un mot lorsque vous irez lui rendre visite avec votre père?

Matthew ouvrit les bouches, mais la referma aussitôt. Loïc étouffa un sourire et le Prince Grimaldi eut un rire sonore qui fit tourner quelques têtes en leur direction. L’implacable rhétorique de la Chasseuse avait fait effet, le jeune homme blêmit. Il ne pouvait plus rien ajouter sans risquer de s’enfoncer. De bonne guerre, le groupe reprit leur discussion. Sarah sourie, elle n’avait pas perdu la main après tout. Elle était tout de même heureuse qu’on la laisse en paix. Son regard se porta de nouveau sur Miss Stephenson à laquelle s’était jointe une nouvelle silhouette. Katherine! Aussitôt qu’elle l’aperçut, la Chasseuse fut portée à lui faire signe, mais elle retint son geste juste à temps. Aux yeux de tous, elles n’étaient pas supposée se connaître. Isabella observa son regard et s'approcha d'elle pour lui narrer qui était cette nouvelle apparition. Une veuve, hongroise, une Comtesse, une actrice, la nouvelle recrue de la troupe du Comte paraissait-il. Cette remarque jeta un malaise à Andrews qui lança un regard entendu avec son épouse.

-Je vois se contenta de répondre la magicienne.

En les observant, Sarah sentit un poids apparaitre dans le creux de son estomac. Elles étaient trois. Ambre, Chastity et Katherine. Trois femmes magnifiques, merveilleuses, qui gravitait autour du Comte. Comment pouvait-elle rivaliser avec trois grâces à la beauté fascinante? Les femmes riaient et discutaient entre elles, accompagner par l’un des nobles de la demeure de Jiromaru, un calice sans doute. De loin, on aurait pu prendre les deux rousses pour des sœurs tant leur chevelure de feu se ressemblait. Leur peau était pâle, comme une porcelaine des plus fines. Sarah tiqua. Mademoiselle Stephenson était certainement une immortelle. Une de plus qui entrait dans l’échiquier géant du Comte. Quelle place lui accordait-il? L'idée que le Prince puisse être ici ne n'effleura même pas l’esprit de l’héritière. Elle gardait de lui l'image de leur dernière rencontre sous l’Opéra; celle d'un homme fragile, affaibli par les siècles, les combats, la maladie. Elle se souvenait de l'immense fragilité qu'il lui avait montrée, plus démunie que jamais, et cette image restait encrée dans le creux de ses prunelles couleur tempêtes. Imaginer qu’il puisse s’être remis de sa maladie lui semblait impossible. Ce qui inquiétait la Chasseuse était de voir la soudaine proximité de Katherine avec la belle Ambre, qu'elle savait fidèle complice immortel du Prince. En toute connaissance du complot, elle se doutait  que la présence de la Comtesse près des membres de la troupe du Comte n’était pas anodine. La musique changea, la piste de danse allait s’ouvrir. Le regard bleu de la demoiselle se porta sur ses parents qui prirent place au milieu de la salle pour ouvrir la piste de danse. Ce fut avec un grand plaisir qu'elle vit son père réapparaitre juste à temps pour conduire sa mère sur la piste de danse. Aussitôt plusieurs danseurs se joignirent à eux donc la ravissante mademoiselle Stephenson.

-Souhaitez-vous ouvrir la piste de danse avec vos parents Mademoiselle?

Sarah se tourna vers le jeune Prince de Grimaldi, inconsciente du regard noir que lui lança Andrews.

-Oh vous êtes bien aimable cher Duc, mais je vais devoir refuser pour cette danse, le quadrille n’a jamais eu mon bon plaisir et je serais une bien piètre cavalière dans de telles circonstances.

-Alors peut-être la prochaine, j’ai ouïe dire que se serait une valse.

Sarah eut un sourire conciliant. Certes elle ne souhaitait pas encourager le jeune homme dans ses demandes, mais refuser une deuxième fois aurait été impolis. Le quadrille français débuta, faisant virevolter les robes. C’était une danse amusante, entrainante, on présentait les partenaires, on sautillait sur place, il fallait une grande énergie et beaucoup de dextérité pour tenir toute une danse. Les danseurs sautillaient dans une joie magnifique. On les applaudit. Le temps de la danse fut amplement long pour lui faire perdre des yeux la chevelure rebelle de Katherine. Peut-être s’était-elle dirigée du côté du buffet? Elle pouvait bien aller y jeter un coup d’oeil. Le pas de Sarah s’arrêta. À ses côtés, Andrews tenait son bras en lui jetant un regard interrogatif que la jeune femme ne saisit pas sur l’instant. Puis, son erreur flagrante lui apparut. Elle s’était déplacée sans être accompagnée, terrible ombre de ses semaines passées dans la peau d’un gentleman et dont elle commençait à regretter les libertés. Heureusement, elle n’avait fait que quelques pas et son faux mouvement ne semblait pas avoir été remarqué.

-Mais où alliez-vous? Lui demanda son ami en l’interrogeant à voix basse.

Mais la belle héritière ne l’écoutait déjà plus. Ses yeux avaient de nouveau perdu de vue la chevelure rebelle de Katherine qui s’était éclipsée parmi les invités. Comment se rapprocher d’elle sans faire un nouveau scandale? Alors qu’elle réfléchissait à une alternative, le Duc de Valentinois se présenta de nouveau vers elle et lui tendit le bras.

-J’ai fait demander une danse spécialement pour vous.

L’héritière se figea, surprise par tant d’initiative, mais elle vit là un moyen rapide et facile de traverser la salle sans créer de remous. De plus cela offrait une nouvelle possibilité de discussion. Après une danse, il était permis de féliciter un membre de l’aristocratie et de se présenter par la même occasion! Ainsi elle et Katherine pourraient enfin discuter ensemble sans briser le moindre code social, peut-être même auraient-elles l’occasion de se croiser sur la piste. Andrews dévisagea de nouveau son ami d’un regard lourd d’avertissements. N’avait-il pas remarqué au loin une chevelure blanche s’avancer parmi les invités? Comme beaucoup de gentlemans, Andrews était au courant de la surprise que la famille avait voulu faire à l’héritière en invitant le Comte à son insu. Beaucoup attendait que le grand homme se présente. C’était l’une des raisons pour laquelle personne n’avait osé demander une danse à l’héritière la plus convoitée de la soirée. Andrews en voulait à son ami de mettre la demoiselle dans une position aussi délicate. Le Duc de Valentinois était un aristocrate portant un titre, et un étranger de surcroit. Elle ne pouvait lui refuser cette danse sans briser la bonne courtoisie anglaise. En tant que Gentleman, il était de son devoir de ne jamais mettre une demoiselle dans une situation aussi délicate. Quelques murmures autour d’eux s’élevèrent et sans la main d’Isabelle sur son bras, Andrew aurait saisi son ami pour lui remettre les idées en places. Mais il était trop tard, la demande était faite. Après un sourire mondain, Sarah accepta le bras tendu et suivit son partenaire au milieu de la piste de danse où quelques danseurs se joignirent à eux. La Chasseuse chercha parmi les danseurs immédiats la présence de Katherine.

-Vous chercher quelqu’un?

La belle ramena son regard vers le Duc sans répondre. Les premières notes de musiques s’élevèrent et l’héritière porta son regard sur son cavalier. Le tempo était plus rapide qu’une valse classique. Comme pour confirmer son interrogation le Duc lui offrit un sourire presque enfantin.


-Je sais que ce n’est pas encore très populaire ici, mais dans toute l’Europe on ne parle que de la valse viennoise et l’on m’a dit que vous en étiez une excellente partenaire.

Sarah se sentit brusquement gênée. Effectivement, la valse viennoise était l’une des danses qui faisaient partie de son répertoire. Certains danseurs se retirèrent, peu familier avec le pas rapide d’une telle danse tandis que d’autre plus hardis s’y joignirent. L’héritière remarqua une chevelure rousse passée près d’elle. Était-ce Ambre ou cette mystérieuse Chastity? La danse débuta et malgré sa robe bleue et ample, le pas de Sarah demeura agile et presque aérien. Mais les mouvements circulaires l’empêchèrent d’observer la foule qui l’entourait. Où était donc Katherine?

Crédit photo
Image1: Victoria season 1 episode 7

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Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Signat10
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Chastity E. Stephenson
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Chastity E. Stephenson
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Race : Vampire
Classe sociale : Haute Bourgeoisie
Emploi/loisirs : A la tête d'une grande entreprise spécialisée dans la production de machines à vapeur
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeJeu 26 Avr - 23:02


Le Bal Spencer
intrigue
Chastity fut étonnamment surprise par l'énergie et le magnétisme qui se dégageait de la jeune Thornes. Dès qu'elle ouvrit la bouche, celle qui lui faisait l'effet d'une coureuse de barrière se métamorphosa en superbe fleur qu'elle avait envie de conserver. C'était le genre de femme capable de réveiller en vous les instincts les plus bestiaux, sous des airs faussement ingénus. Décidément une créature que la Vampire avait envie de connaître de manière plus approfondie... Que cachait donc le minois de cette aristocrate hongroise ? Elle inclina doucement la tête avec un léger sourire en coin et répondit au salut.

- Vous me flattez Lady Thornes, vraiment. Je suis ravie de vous rencontrer aussi. Cependant, pardonnez peut-être ma rudesse mais vous êtes-vous déjà produite à Londres ? Je fréquente souvent les Opéras et Théâtres et je ne me souviens pas vous avoir vue sur les planches... Mais il se peut que nous nous soyons manquées.

Elle lui dédia un sourire charmeur et la détailla de ses yeux d'ambre, écoutant sa réponse. Elle se demandait quel lien elle entretenait auprès du Comte. Savait-elle qu'il était un Vampire ? Peut-être pas, sinon elle ne serait certainement plus en vie à l'heure actuelle, à moins qu'elle ne soit pas si humaine que cela...

- Ainsi donc vous vous produisez dans la prochaine pièce du Comte ? Quel excellent choix ! Je suis sûre que la richesse de la mise en scène sera à la hauteur de nos attentes... Le sujet semble promettre romanesque et rebondissements en série, j'ai définitivement hâte d'y assister.

Un frisson suivi d'une étrange vague de chaleur parcourut soudainement Chastity, qui commença à s'éventer, sans paraître frénétique. Une goutte de sueur froide glissa le long de sa nuque pour se perdre dans son dos. Pourquoi donc se sentait-elle si étrange ? L'état de son mal n'était pas si avancé, après tout, elle n'était pas supposée être troublée à ce point. Vite, il fallait qu'elle se concentre sur un autre sujet de conversation, pour oublier ce sentiment profondément désagréable.

- J'ai ouï dire que vous étiez hongroise de naissance ? Depuis combien de temps êtes-vous en Angleterre ? Votre patrie de naissance vous manque-t-elle parfois ?

Chastity repensa à sa propre naissance. Elle ne se rappelait pas de tout, mais les images du Londres du début du seizième siècle hantaient encore son esprit. Venue au monde sous le règne du célèbre Henri VIII, elle avait quitté longtemps la capitale, pour n'y revenir que sous Victoria. La ville avait tellement changé, en l'espace de ces trois siècles, qu'elle aurait presque pu dire qu'elle était également née en pays étranger. Tout ceci était vertigineux, quand elle y repensait. Elle avait traversé les guerres, les trahisons, les conflits fratricides. Elle avait vu naître et s'éteindre les maisons Stuart et Tudor, entendu la maison de Hanovre imposer sa souveraineté. Elle était comme une pierre, un arbre qui traversait les âges sans en subit les outrages. Et cela lui arracha presque un air nostalgique.

Heureusement, le début des danses vint vite la tirer de son malaise et elle quitta la jeune Hongroise qui lui avait fait excellente impression, pour suivre son premier cavalier sur la piste. Le quadrille se dansait encore à l'ancienne, avec nombre de mouchetés de jambes et de moulinets précis. Heureusement, Chastity excellait dans l'art de la danse et se déplaçait avec une grâce toute aisée malgré la lourdeur de ses jupons. Le galop de fin, vif et bondissant, lui fit oublier, l'espace d'un instant, les préoccupations qui l'accablaient. Elle souriait et irradiait sur la piste au milieu de ses partenaires, toute à sa passion. Comme le voulait la coutume, on la ramena galamment sur le côté de la piste pour qu'elle puisse se remettre de ses émotions et être invitée par un autre cavalier. La jeune femme n'avait pas encore réservé la valse qui était annoncée. Légèrement en retrait, elle s'éventait avec délicatesse, à nouveau dans le vague.

Elle ne choisit pas de danser la valse suivante et se contenta d'observer la silhouette de la jeune Spencer, d'un oeil absent. Elle fut soudain surprise en croisant la masse sombre et gigantesque d'un corps qu'elle reconnut immédiatement. Le Comte était au buffet avec Ambre. Elle se sentit soudainement défaillir et se rassit plus au fond de son siège en se demandant ce qu'elle allait bien pouvoir lui dire et comment l'aborder.
Alors que les dernières notes s'égrenaient, un jeune homme qu'elle reconnut comme un héritier de la famille Howard cette fois-ci vint l'emmener sur la piste. C'était une contredanse qui se jouait là, à la mode 40 ans plus tôt. La plupart des jeunes gens répudiaient ces chorégraphies, trop lentes et répétitives, mais la famille Spencer était traditionnaliste, aussi cela ne l'étonna pas qu'une telle danse ancienne soit au programme de la soirée. Elle se rangea en ligne avec ces dames et attendit que la musique commence. Elle avait aperçu, plus loin sur sa colonne, le couple formé maintenant par le Comte et Lady Thornes. Ils se croiseraient forcément au fil de la musique. Elle ne devait pas montrer son trouble.

L'orchestre entama les premières notes. Elle donna la main à son partenaire et se lança avec un air agréable sur le visage. Elle enchaînait les dos à dos et les tours de main avec une agilité et une grâce toutes particulières. Elle échangea quelques mots courtois avec son cavalier alors qu'ils traversaient les couples et frémit légèrement lorsqu'elle se trouva juste à côté de Lady katherine.
Chastity s'avança en observant le Comte, son cavalier, droit dans les yeux. Elle ne lui adressa pas un mot mais le léger effleurement de leurs épaules pendant qu'ils se tournèrent autour suffirent à la rendre pensive, bien qu'elle ne montra rien.
Elle donna délicatement sa main au Comte pour exécuter la ligne qui annonçait la fin du refrain et la musique, progressivement, se tut à nouveau.
Quelle guigne. Il fallait qu'il soit le dernier avec qui elle danse, ce qui augmentait drastiquement son obligation de le saluer et de lui accorder quelques mots.

La Vampire sursauta esquissa un sourire délicat et une révérence sobre, pour masquer le bond littéral que faisait son coeur.


- Monsieur le Comte... Je suis ravie de vous voir. Comment allez-vous ?

Ravie, ce n'était peut-être pas le mot le plus adéquat. À vrai dire, elle aurait même presque préféré ne pas le croiser du tout. Et pourtant... Elle aurait aimé s'enquérir de son avis sur ce bal, sur ses fiançailles, sur tout ce décorum. Elle aurait voulu connaître ses plans. Mais elle ne désirait pas aborder le sujet en premier, d'autant plus qu'elle le trouvait quelque peu échauffé. Oh, cela ne se voyait pas à première vue, mais elle avait déjà suffisamment observé l'éclat de ses yeux, remarqué le léger rictus qui déformait ses fossettes, et détaillé les phalanges rigides, sans être serrées, pour se rendre compte qu'il ne débordait pas de joie.

Une polka enjouée fut lancée ensuite. Danser lui aurait sûrement fait plaisir. Mais elle ne pouvait se permettre de l'inviter ostensiblement devant tout le monde, aussi, se contenta-t-elle simplement de replier son éventail en l'inclinant légèrement dans la direction de la piste tout en lui dédiant un sourire, comme pour formuler cette proposition que les interdits sociaux bridaient.

Finalement, ils s'engagèrent parmi les autres. Quand la danse serait terminée, Lady Spencer viendrait à coup sûr parler avec le Comte, l'évinçant de la même manière. La Vampire ne supporterait pas de passer une soirée entière, à simuler les sourires et garder pour elle ce lourd secret.
Profitant d'une baisse de tempo dans la musique, elle brisa leur couple pour exécuter une passe, se trouvant ainsi à côté de lui pendant un bref moment. Sans cesser de danser, elle tourna son regard vers le sien.


- J'imagine que vous serez très pris au cours de cette soirée... Cependant, pourrais-je me hasarder à vous demander une courte entrevue ? J'ai une nouvelle de la plus haute importance à vous annoncer.

Elle passa devant lui en tournant et referma leur couple avant de repartir, au rythme de la musique. Toute proche de lui, elle murmura

-Une nouvelle qui pourrait changer beaucoup de choses je le craint.

La Vampire sourit délicieusement, alors qu'elle se maudissait en son for-intérieur. Pourquoi avait-elle dit craindre ce que pourrais apporter la nouvelle ? Pourquoi craindre et pas espérer ? C'était bien là la révélation d'une certaine peur de la scientifique, qui ne savait pas comment gérer ce nouvel état de fait et prenait conscience, soudainement, qu'elle était peut-être à deux doigts de perdre tout ce qu'elle avait acquis. Elle noya un instant l'ambre de ses iris dans la brume des siens, comme au cours de cette fameuse nuit. Elle se moquait bien de le voir dans le lit d'autres femmes ou d'autres hommes. Elle avait elle-même tendance à aimer papillonner. Mais supporterait-elle qu'il se détourne d'elle et la prive de ce lien de confiance privilégié ?
Chastity était belle.
Chastity était intelligente.
Chastity était perdue.

© FRIMELDA



Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] 365472Chastity2

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Comte Keï
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeMar 8 Mai - 22:11



Bal et intrigues à Spencer's House

Comte Kei, Ludwig Zwitter et Ambre Ghrianstad

"Alors je chancelle
Au milieu des démons
Pour un bout de chandelle
Je perds la raison"


Dans une salle d'eau, puis l'entrée.
1er juin 1842


Face au miroir de la petite salle d'eau qui se trouvait près du bureau de Dorian Spencer, le Comte serra les dents de dépit. Ses longues mains, blanches comme la craie, plongèrent dans le liquide glacé qui reposait au creux d'une magnifique vasque en porcelaine, avant de venir en baigner son visage torturé. Lorsqu'il se redressa, le Vampire jeta un regard de dégoût à son reflet. Ce teint de cadavre, que l'on disait aussi pur que le marbre, et ses cheveux de vieillard, que l'on associait à la neige, le rendaient malade. Pourquoi avait-il donc délaissé ses teintures d'autrefois ?
Son poing se crispa sur le linge qui l'attendait sur la patère dorée, accrochée au mur près de lui, tandis que ses yeux glissaient sur les gouttelettes qui coulaient le long de son menton d'ivoire. Leur éclat mélancolique semblait aller de paire avec les hurlements de son coeur : il avait refusé la proposition de Dorian et dénigré la signature de Sarah...
Ses doigts s'enfoncèrent sans douceur dans les fibres du tissu qu'il tenait : il mesurait maintenant l'ampleur de sa dernière action et l'amertume coulait dans sa gorge comme un poison. Le mariage qu'il avait lui-même instigué ne se ferait jamais et la jeune femme ne serait jamais sienne. Qu'est-ce qui avait retenu sa main ? Pourquoi n'avait-il pas assouvi l'un de ses plus grands désirs ? Un haut le coeur prit le Vampire à la gorge et il dut l'étouffer dans le linge. Un long soupir de lamentation fendit alors ses lèvres pincées en une plainte sincère.  
Au bout d'un moment, Jirômaru se reprit quelque peu. Au fond, il savait qu'il avait fait le bon choix. Après un nouveau soupir, le Vampire s'essuya enfin le visage avant de remettre le linge à sa place. Il ajusta ensuite son col, en quelques gestes mécaniques, et prit le soin de repositionner une de ses mèches qui s'était échappée du ruban noir qui retenaient ses cheveux dans sa nuque. Le lord ne pouvait perdre plus de temps: il était attendu.
Quittant la salle d'eau, le Comte retrouva le domestique que son hôte avait chargé de l'accompagner. Il lui emboîta rapidement le pas pour regagner l'entrée, songeant que ses disciples devaient s'inquiéter de sa longue absence. Soudain, il s'arrêta net.


- J'ai oublié mes gants, fit-il avec aigreur.

Le domestique esquissa une courbette en lui demandant de l'attendre et s'en fut récupérer les gants que le lord avait oublié dans la salle d'eau. Pendant que le brave homme s'en allait en quête, Jirômaru observa les tableaux qui ornaient le couloir. Cependant, ses yeux glissèrent sur les toiles sans y prêter réellement attention.
Perdu dans ses pensées, le Prince se remémorait sa discussion avec Dorian. Il ne s'était pas contenté de refuser le contrat : il lui avait également confié qu'il était mourant et qu'il n'était pas capable d'avoir une descendance. Ces informations étaient en partie vraies, et c'était ce qui les rendait dangereuses. N'aurait-il pas dû effacer la mémoire de Sir Spencer ? Non. Il aurait dû tenir sa langue et procéder autrement. C'était sa faute. Il aurait fallu qu'il demande simplement à voir la jeune femme et à entendre sa condition avant de signer. Ces excuses auraient amplement suffit ! Pourquoi s'était-il donc livré à ce point à un mortel qui risquait de devenir le point de départ d'une nouvelle série de rumeurs à son sujet ? Jirômaru ne se l'expliquait pas.
Le domestique revint au petit trot et lui tendit ses gants blancs, ce qui le sortit de ses réflexions. Le Comte le remercia brièvement, sans réellement lui accorder de l'importance, et se remit à le suivre tout en rajustant le tissu sur ses poignets. Chemin faisant, le Vampire redevint songeur. Il était étonné que Dorian n'ait guère réagi à ses révélations. Le patriarche avait pris les choses avec pudeur et dignité, sans le questionner et sans insister au sujet du contrat. Jirômaru respectait sa position et admirait son flegme, mais il demeurait persuadé qu'il l'avait froissé, tout du moins au début de son refus. Heureusement, il savait également que cet homme était l'un des plus aptes à comprendre ses hésitations et à lui laisser plus de temps pour réfléchir sur le sujet qui les préoccupait tous les deux, à savoir Sarah et son avenir.


- Nous y voici, my lord. Je vous laisse prendre part aux festivités. Bonne soirée, my lord.

Le Comte se retrouva brusquement parmi les derniers invités qui entraient. Quelques murmures s'élevèrent autour de lui et les éventails s'agitèrent. Plus d'un fut surpris de le voir ce soir car la rumeur courait qu'il n'avait pas été invité et qu'il était resté dans son manoir, alité, pris d'une nouvelle fièvre. Se retrouver en sa présence agitait l'esprit et donnait une autre dimension à ce bal organisé par les Spencer...

**********

Dans la salle de bal.

Aux côtés d'Ambre, Ludwig s'amusait follement. Malgré ses jugements sournois et son mépris pour la foule, le Calice faisait bonne impression et se délectait des conversations qui fusaient autour de lui. Maintenant que Katherine et Chastity se trouvaient en leur présence, il rayonnait de joie. Le bel éphèbe appréciait le vin qui tournoyait dans son verre et son palais se souvenait encore des délicieux petits fours qu'il avait goûtés tantôt en compagnie de la duchesse de Bauge. Mais ce n'était rien en comparaison du bonheur que lui procuraient les courbes de ces demoiselles aux charmes divins. Son maître avait décidément bon goût en ce qui concernait les femmes ! Même si sa jalousie le piquait un peu au coeur, le bel Allemand se trouva presque en extase au milieu de ce cercle de galantes qui échangeaient avec légèreté mille et uns commentaires mondains. Comme des actrices qui avaient parfaitement appris leurs répliques clés, les demoiselles évoquèrent avec une naïveté toute feinte la magnificence des mises de chacune, puis les machines de la société Stephenson et enfin le rôle de miss Thornes dans la troupe du Comte. Ces sujets, tendres et onctueux, vinrent renforcer les liens subtiles qui les rattachaient l'une à l'autre.
Ambre représentait le Comte au sein de cette mascarade : c'était elle que les deux femmes étaient venues consulter, dans l'espoir évident d'obtenir des informations sur le grand Vampire. C'était le point de ralliement autour duquel les deux femmes pouvaient se rassembler pour l'attendre et en apprendre plus sur son rôle au sein de ce bal. Le lord serait-il présent ce soir ? C'était une des questions que l'on trouvait le plus sur les lèvres des invités. Qu'un tel mystère fut malicieusement entretenu par l'entrevue de son maître avec le doyen des Spencer réjouissait le Calice qui attendait en frétillant presque sur place que l'ombre du Vampire ne vienne enfin planer au-dessus des têtes de chacun. Cependant, l'absence de ce dernier commençait à se faire légèrement trop longue à son goût. Sarah était déjà arrivée depuis un moment...et les vautours rôdaient autour...

Les conversations allaient bon train et les instruments venaient de terminer de s'accorder lorsque Dorian Spencer fit son entrée dans la salle. Les murmures s'élevèrent et l'on sentit que les vraies festivités allaient commencer. Avec sa femme, leur hôte ouvrit la piste de danse et les convives se pressèrent sur les dalles pour suivre son mouvement. C'est à cet instant que Ludwig sentit l'esprit de son maître effleurer le sien. Le Calice se redressa soudain, comme piqué par une aiguille, et jeta un regard à Ambre qui comprit aussitôt de quoi il était question.


- Mesdames, je vous laisse profiter des premières danses, fit-il avec un sourire complice. Miss Ghrianstad, je vous rappelle que vous m'en devez une...

Ambre éclata d'un rire clair :

- Comme la moitié des femmes de cette assemblée, n'est-ce pas ?

Ludwig lui jeta un regard interrogateur. Était-ce réellement le moment et le lieu pour de telles plaisanteries ?

- Libre à vous de considérer la contesse de Bauge, Lady Stephenson, Lady Thornes et vous-même comme la "moitié des femmes de cette assemblée", rétorqua-t-il avec un fin sourire.

Ambre pouffa et Ludwig esquissa une courbette avant de disparaître dans la foule.

- Quel maladroit ! Voici une façon fort cavalière de vous demander de l'ajouter dans votre carnet mesdames...rit la belle actrice en regardant tour à tour Chastity et Katherine.

Après quelques nouveaux échanges, le trio de femmes songea à se séparer pour se disperser sur la piste de danse. Cependant, privée de Ludwig, Ambre se retrouvait seule. Il était donc nécessaire qu'elle demeure encore un peu en présence de l'une ou de l'autre. Le choix fut simple : Chastity fut rapidement abordée par son premier cavalier, impatient d'ouvrir le bal en compagnie des époux Spencer. Ambre lui jeta un regard compréhensif et lui sourit tandis qu'elle s'en allait au bras du jeune homme. La Vampire se permit de lancer un petit regard coquin à Katherine pour lui signifier que le cavalier de leur aimable compagne était fort agréable à regarder. Puis, elle accompagna l'actrice et son majordome près du buffet.


- C'est étrange, je pensais que Miss Spencer serait déjà sur la piste... fit-elle en la désignant doucement d'un coup de tête. Sarah discutait activement avec un groupe de jeunes gens. Elle attend sans doute le cavalier que son père lui aura choisi, sans savoir que c'est le Comte...ajouta-t-elle en chuchotant, car il va venir. Ambre prit un petit cake aux framboises. Peut-être qu'il nous accordera une danse, qu'en pensez-vous ?

Ambre jouait sur de nombreux plans : politiques, sociaux, financiers et même personnels. Malgré le mariage prévu avec Sarah, elle savait que son maître désirait conserver Chastity dans son entourage et faire de Katherine une de ses nouvelles maîtresses. Intriguante, elle n'hésitait pas à tâter le terrain, même dans de semblables circonstances.

- Il vous apprécie beaucoup, vous savez ? dit-elle en esquissant un sourire sincère. C'est un homme avant d'être un lord...

Cette fois, elle risquait de s'attirer les foudres de son maître en étant aussi audacieuse, mais qu'importe ? Elle sentait que c'était le chemin à prendre. Confirmer à Katherine ce qu'elle savait sans doute déjà en partie pouvait accélérer les choses et donner à leur prochaine entrevue une tournure des plus agréables. Peut-être même qu'il la remercierait d'avoir entretenu cette petite graine de désir dans l'esprit de sa belle Cléopâtre. Car, après tout, il n'allait avoir d'yeux que pour Sarah ce soir, et il aurait été dommage que Katherine ne se sente délaissée. Ainsi, elle comprendrait que ce bal ne changerait en rien les inclinations qu'il avait pour sa personne et elle ne prendrait pas trop ombrage de ses distances.

- Quand on parle du loup...

Les yeux de la belle actrice venaient d'accrocher la chevelure blanche de son maître et la blondeur de celle de Ludwig. Abandonnant le cake sur la table, sans y avoir goûté, elle prit le bras de Katherine et l'entraîna avec elle à la rencontre du Comte.
Chemin faisant, Ambre s'aperçut que son maître avait le regard terriblement froid. De toute évidence, (pour celui qui le connaissait bien), Jirômaru tâchait de sourire à la multitude de lords, comtes, duchesses, vicomtes, marquis et autres petits marigots de l'aristocratie branlante de ce siècle sans paraître désagréable, alors qu'il mourrait d'envie de les envoyer au Diable, sans cérémonie. Il serrait des mains, esquissait des courbettes et échangeait quelques convenances à la manière d'un ouvrier qui s'en retournait au travail, sans motivation, sans y trouver ne serait-ce qu'une once de saveur.

En vérité, de nombreuses choses rendaient le lord d'une humeur des plus maussades.
D'abord, son choix face à Monsieur Spencer, dont ses disciples et "amis" n'avaient pas encore eu vent, l'attristait au plus haut point.
Ensuite, si les invités l'avaient accueilli avec amitié et révérence, il n'avait pas supporté, une fois l'entrée passée, qu'on lui fourre un verre de champagne dans la main et qu'on lui confie presque aussitôt que Sarah Spencer était merveilleusement délicieuse ce soir. Sans même l'avoir vue, le lord en avait eu une description des plus précises qui gâchait son plaisir et lui donnait l'impression que la belle chasseuse n'était rien d'autre qu'une proie que la foule adorait dévorer du regard.
Enfin, on ne lui avait même pas laissé le loisir d'observer les efforts de la famille Spencer pour donner à cette salle son faste d'autrefois tant on l'avait littéralement enseveli sous les remarques, les questions et les salutations, toujours plus lourdes les unes que les autres.

Ludwig était parvenu jusqu'à lui en se frayant un chemin dans la foule pressée de se rendre au buffet ou sur la piste de danse. Il avait écarté un peu farouchement les moucherons qui rendaient l'avancée de son maître plus pénible que jamais et s'était présenté à lui avec un sourire un peu las.


- My lord, enfin je vous retrouve ! Venez, je sais où se trouve miss Ghrianstad, lui avait-il dit d'un ton enjoué.

Sans un mot, le Comte avait suivi le jeune Allemand. Il aurait pu aisément retrouver Ambre sans son aide, notamment grâce à leur lien mental, mais que le jeune homme se trouve à ses côtés pour pénétrer plus avant dans la salle de bal lui avait permis d'éviter une partie des discussions. Seul, il devait s'arrêter à chaque salut. Accompagné, il avait l'excuse d'être trop "occupé" pour se soucier de tous.

Maintenant qu'ils se rendaient du côté du buffet, Ludwig jeta un regard inquiet à son maître. Son air courroucé ne présageait rien de bon. Quel sujet avait-il donc abordé avec Monsieur Spencer ? Des complications s'annonçaient-elle pour son mariage ?


- Miss Spencer a fait son impression tout à l'heure, osa le jeune Allemand, pour tenter de détendre l'atmosphère.

- Je sais, répondit sèchement le grand Vampire d'un ton incisif.

Le Calice blêmit un peu. Puis, tandis qu'il accélérait le pas pour suivre celui que lui imposait désormais le lord, il lui murmura à demi-voix :


- ...Mm...Elle est entourée de galants. Je ne saurais que trop vous suggérer d'aller quérir une danse auprès d'elle avant que d'autres ne vous passent devant.

Mais c'était trop tard : le temps que Jirômaru ne passe par la salle d'eau et ne salue les invités demeurés dans l'entrée et sur le seuil de la salle de bal, Dorian Spencer avait ouvert la piste en compagnie de sa femme et Sarah avait déjà dû accepter de prendre un cavalier. Son regard venait tout juste de la trouver : elle était là, éclatante de beauté au milieu de la piste, dans les bras d'un homme dont la fière allure le démarquait mortellement des autres. Figé sur place en l'apercevant, le Comte ne se soucia pas de son Calice qui l'avait heurté. Arrêté net dans son mouvement par sa carrure colossale, ce dernier tendit le cou et suivit le regard de son maître pour comprendre ce qui l'avait ainsi perturbé.

- Le duc de Valentinois....grogna le Calice près du Vampire en observant à son tour le duo qu'il avait repéré.

Sans réagir à la remarque de son serviteur, Jirômaru laissa son regard parcourir le visage de la chasseuse. Il le trouvait plus pâle qu'à l'accoutumé mais il demeurait délicieusement doux. Saisi au coeur, le vieux Vampire réalisa à quel point la jeune femme lui avait manqué. Cela faisait un mois qu'il ne l'avait pas vue. Un mois ! Maintenant qu'il pouvait attarder son regard sur elle, il la trouvait particulièrement fermée pour l'occasion. Ce bal, soit-disant donné pour son anniversaire et son retour dans la société après son absence due au couvent et à son enlèvement, ne semblait guère la réjouir. Rien d'étonnant en soi : la fatigue des mondanités après semblables épreuves devait peser sur elle comme un poids plus pénible à porter que d'habitude.
Lentement, Jirômaru dévia son regard sur le chignon qui retenait en partie sa chevelure sauvage et sourit en son for intérieur : qui donc osait croire que l'on pouvait discipliner cette folle cascade qu'il aimait tant ? Les quelques mèches qui en dépassaient, volontairement ou non, rappelaient assez que cette femme n'était pas d'un caractère aussi facile que ce l'on croyait.
Mais ce qui fit frémir le Prince fut surtout cette robe échancrée, qui laissait sa magnifique gorge ouverte et qui moulait si savamment ses courbes de jeune femme. Son bleu profond, ses fils d'or et sa traîne de soie étaient pures merveilles. Sarah portait l'ensemble à l'instar d'une princesse sortie des contes pour enfants que l'on écoutait le soir auprès du feu : elle rayonnait comme une étoile au milieu de cette foule en délire dont chacun de ses membres paraissait d'une fadeur absolue.


- My lord ?

Abandonnant sa vision, le Comte se détourna de l'espace de danse pour se rendre du côté du buffet où le conduisait initialement son calice. Un horrible pincement au coeur lui tiraillait les entrailles. Avait-il fait le bon choix ? Et s'il était réellement le seul capable de la protéger ? Combien d'hommes rêvaient de l'épouser à sa place ? Ce duc n'était-il pas le futur Prince de Monaco ? Tant de questions ! Tant de doutes !

- Jirômaru ! Nous ne vous attendions plus !

L'accueil chaleureux d'Ambre ne parvint pas à effacer la moue amère qui pinçait ses lèvres livides. Cependant, la vue de Katherine à son bras lui redonna un peu le sourire.

- Miss Thornes ! Quelle agréable surprise ! fit le Comte en esquissant un baise-main. Vous êtes magnifique. Cette robe vous va à ravir...murmura-t-il en épousant ses formes du regard. Puis il se tourna vers Ambre.

- Miss Stephenson nous a quittées tantôt pour aller danser voyez-vous, rit l'actrice en lui faisant un léger clin d'oeil avant de prendre le bras de Ludwig. Peut-être est-il temps que vous entriez en piste vous aussi, non ?

Le Vampire jeta un coup d'oeil à la salle. Il était effectivement temps qu'il intègre enfin ce bal et qu'il indique sa présence avec un peu plus de panache. Beaucoup ne l'avaient pas encore aperçu, malgré sa taille, ses cheveux et sa tenue des plus élaborées, et l'heure tournait. Il devait entrer en scène, revoir Chastity, se faire voir de Sarah, leur proposer une danse à toutes les deux et trouver le moyen d'obtenir un entretien privé avec la chasseuse...

- Vous avez raison, fit-il en forçant le sourire. Miss Thornes, veuillez excuser cette demande soudaine mais voudriez-vous bien m'accorder la prochaine danse ? proposa-t-il avec un soupçon de tendresse dans la voix.

Leurs regards se croisèrent et Jirômaru eut le sentiment que l'atmosphère de la roseraie de Sir Charles Barry les possédait encore. Katherine était voluptueuse et fascinante. Il se dégageait d'elle une sensualité dont peu de femmes de son âge et de son rang pouvaient se venter. Elle lui plaisait. C'était sa Cléopâtre et le goût de ses lèvres demeurait sur les siennes depuis leur première répétition qui ne datait que d'une quinzaine de jours.
Une fois qu'il fut certain que Katherine lui accordait le privilège de danser avec elle, le Comte se mit à siroter doucement son verre de champagne en prenant garde à tourner le dos à la piste. Voir Sarah dans les bras d'un autre, même pour une simple valse, le contrariait beaucoup. Et puis, il n'était pas encore prêt à affronter son regard. Il désirait plus que tout la rejoindre, pour lui parler, danser avec elle et connaître cette fameuse condition qu'elle désirait lui imposer avant le mariage, mais son esprit demeurait divisé entre ce qu'il aurait volontiers appelé son devoir et son envie.


- Mon Dieu, ces petits fourrés au citron sont divins ! fit soudain Ludwig qui venait de croquer dans un chou.

Ambre lui jeta un regard amusé et considéra le plateau de choux d'un air sceptique. Non, décidément la nourriture humaine ne l'intéressait pas.


- Je crois n'avoir jamais aimé le citron...soupira-t-elle en haussant les épaules.

- Évitez de jurer devant les femmes, Monsieur Zwitter, grinça le Comte en levant un sourcil.

- Vous avez raison my lord. Veuillez m'excuser. Je me suis laissé emporter.

Le Comte était tendu et cela se sentait fort. Sa prestance et son élégance ne perdaient en rien de leur charme, mais son air sévère reflétait assez son mécontentement pour que les convives le remarquent. Déjà, quelques chuchotements courraient au sujet de sa possible jalousie : le duc de Valentinois avait fait-là une énorme bourde. Aux dires des uns, c'était une pure provocation qui visait à lui montrer que Sarah n'était pas encore sa femme. D'autres considéraient au contraire que le duc n'avait fait que rendre hommage à la beauté de la jeune femme, sans arrière-pensées. Après tout, le Comte n'avait pas été attendu ce soir. Sa venue était une surprise pour tous.

Entendant les dernières notes de la valse viennoise, le Comte emmena Katherine sur la piste. Une contredanse anglaise était annoncée. Lente et mesurée, cette danse permettait à chacun de se croiser et de discuter brièvement, même si le silence était toujours préférable. Ludwig invita Ambre à l'accompagner et tous les quatre finirent ainsi au milieu de la salle. Ceux qui ne s'étaient pas encore rendu compte de la présence de Jirômaru le remarquèrent aussitôt et certains regards se tournèrent vers Sarah Spencer comme pour se délecter de sa propre surprise.
Le Comte se positionna en face de Katherine tandis que les autres hommes s'alignaient sur ses deux côtés et que les femmes faisaient de même de part et d'autre de sa compagne. Avant que les premières notes ne débutent, le lord jeta un regard à Sarah. Son sourire, qui servirait de salutations, se tinta de tristesse. Il n'avait pas réussi à l'aborder en entrant, à cause de la valse viennoise et du duc de Valentinois, et il regrettait que leurs regards ne se croisent pour la première fois depuis un mois dans pareille condition.
Ramenant son attention sur les danseurs, il remarqua une crinière rousse qu'il ne connaissait que trop bien : celle de Chastity Stephenson. Il salua la belle rapidement d'un regard, sans s'attarder, histoire de ne pas donner plus de grain à moudre aux rumeurs qui couraient à leur sujet, et se redressa, prêt à exécuter sa première danse de la soirée.
La contredanse n'était plus guère à la mode mais le fait que chacun la maîtrise à la perfection lui donnait une espèce de noblesse que le Comte appréciait grandement. Les gestes des danseurs, doux et précis, étaient nimbés d'une certaine grâce qui ravissait son intérêt pour les corps. Certains trouvaient cette danse trop raide, mais elle permettait de croiser tous les danseurs sans pour autant perdre son partenaire principal de vue.
Durant cet échange, le Comte et Katherine purent s'amuser à partager quelques banalités. Mais ce furent surtout leurs regards qui furent éloquents. A chaque fois qu'ils se retrouvaient, le Vampire la transperçait de ses iris anthracites en lui faisant comprendre qu'il la désirait. Evidemment, le but de ce genre de rythme était de se familiariser avec les autres convives et de badiner, mais cela se faisait toujours en évitant de mettre en péril leur réputation.


- J'aurais dû vous contacter plus tôt pour une nouvelle...répétition... fit-il doucement en croisant de nouveau la jeune comédienne. Nous n'avons pas terminé les essayages. J'ai revu votre coiffe avec Sir Lewis...

Monsieur Lewis était un bijoutier reconnu pour ses diadèmes de luxe et ses boucles d'oreilles de jade. Mais évoquer ce brillant homme ne servait qu'à faire comprendre à la jeune femme qu'elle lui avait manquée. Trop pris par ses projets et ses propres démons, Jirômaru n'avait pas réussi à mettre en place une deuxième répétition, alors qu'il avait pour habitude de faire travailler ses artistes au moins trois fois par semaine. Cela était en partie dû à la quantité de papiers administratifs qu'il avait négligée pendant sa convalescence et à d'autres impératifs, comme celui de visiter l'Orphelinat et de revoir les petits Garry et Peter. Il avait même rencontré un certain Aos Keggerdan avec lequel il avait eu à mettre en place une étrange amitié.

- J'espère que nous pourrons nous revoir la semaine prochaine...

Au fil de la musique, le Comte se retrouva bientôt en présence de Chastity. Leurs épaules se frôlèrent tandis qu'ils tournaient autour de leur partenaire et leurs regards se croisèrent à plusieurs reprises. Jirômaru ne se rendit pas compte du trouble qui agitait son amante. Il prit son petit air parfois pincé pour de la concentration. Enfin, leurs mains jointes pour la dernière ligne de la contredanse les laissa en face à face, pour le plus grand bonheur du lord qui trouvait la situation fort opportune.

- Miss Stephenson, je suis heureux de vous revoir ! Vous avez déjà rencontré Miss Thornes il me semble...fit-il en intégrant Katherine dans la conversation.

Une polka fut alors annoncée et il fallut dégager la piste. C'état l'occasion de changer de partenaire, non pas que le Comte se soit lassé de Katherine bien au contraire, mais c'était la tradition qui le commandait. Quitte à danser une polka avec une lady, autant que ce soit avec la belle Chastity. Il l'invita donc après avoir pris aimablement congé de Katherine, ses prunelles lui laissant la promesse folle de la retrouver dans quelques jours.

La polka commença. Jirômaru maîtrisait cette danse, comme beaucoup d'autres, même s'il ne l'appréciait que peu à cause de son rythme soutenu qui froissait les robes. Il guida Chastity sur la piste, avec doigté, et ils enchaînèrent les pas avec grâce. Leur duo ne se démarquait des autres qu'à cause de la haute taille du lord. Aucun faux pas ne vint les interrompre et ils purent converser entre deux passes.


- Oui...Je crois que je vais me sentir aussi pris qu'une femme dans un corset trop serré...répondit-il à la petite banalité de sa consoeur qui mettait en avant son manque de disponibilité. Mais bien entendu : j'aurais toujours le temps pour une entrevue avec vous...

Cette fois, le Comte se fendit d'un large sourire. Chastity lui paraissait légèrement angoissée mais il mettait cela sur le compte de sa position sociale et des rumeurs qui la discréditaient parfois. Elle était sans doute embarrassée de se retrouver dans ses bras alors que l'on murmurait toujours qu'elle était scandaleusement engagée dans la science et ce genre de chose. Bagatelles ! Lui, il s'en moquait éperdument.
Mais ce qui le faisait sourire n'était pas cette petite gêne qui agitait le visage de son amie, c'était cette fameuse nouvelle dont elle voulait lui faire part. Il imaginait déjà qu'elle avait réussi à mettre la main sur Raphaël et qu'elle avait trouvé un moyen de rendre les Blood Tablett bien plus efficaces contre la dégénérescence. Ses expériences avaient sans doute fait un bond et il avait hâte de l'entendre lui expliquer ses avancées ! Malheureusement, il n'avait pas pris garde à ses mots et omis de s'arrêter sur l'emploi qu'elle avait fait du verbe "craindre".


- Nous pourrons discuter de cette nouvelle "de la plus haute importance" après...

La suite de la danse fut particulièrement silencieuse mais elle comme elle s'acheva rapidement le Comte n'y prit pas garde. Concentré sur ses pas et sas doute le décolleté de son amante, il avait réussi à se sortir de la tête une bonne partie de ce qui l'avait irrité jusqu'alors.
S'éloignant de la piste avec la jeune femme à son bras, le lord la ramena près du buffet et lui tendit une coupe avant de reprendre la sienne qu'il avait laissée dans un coin. "Sauvons les apparences", comme disait Salluste.


- Alors, de quoi s'agit-il ? demanda-t-il à sa compagne d'un ton enjoué.

Son regard se perdit dans l'éclat qui brilla dans le sien et il fronça soudainement les sourcils. Chastity semblait prête à défaillir. Que lui arrivait-il donc ? N'était-ce pas une bonne nouvelle qu'elle allait lui annoncer ? Maintenant qu'il y songeait, si cette nouvelle avait bien été annoncée comme étant "de la plus haute importance", jamais la belle ne lui avait signifié qu'elle serait bonne. Il s'était un peu emballé...


- Qu'y-a-t-il enfin ?! Tu as tué le dernier cobaye ? demanda-t-il en grinçant des dents pour baisser d'un ton.

Redressant la tête, il jeta un coup d'oeil à l'assemblée et vit Sarah s'éloigner. Il avait encore tant à faire...Les histoires de Blood Tablett pouvaient bien attendre ! Il devait encore trouver le moyen d'aborder Sarah sans la malmener et de lui demander une entrevue particulière. La voir batifoler au bras du duc de Valentinois commençait à l'échauffer.

- Sortons...

Jirômaru ne laissa pas le choix à Chastity. Ils devaient sortir pour discuter plus librement.

*Sur les promenades ouvertes aux invités. Dépêchons-nous. Je dois encore saluer Sarah.*

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> Jirômaru Keisuke <

Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Comte_10

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Vincento De Santis
Fils du Comte Kei
Vincento De Santis
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Proie(s) : Les Humains et tous ceux qui se mettent en travers de sa route. Le Comte Kei est sa victime préférée.
Secte : Indépendant - tendance au Sabbat
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeSam 19 Mai - 15:59

Bal et intrigues à Spencer's House

"Il ne faut jamais juger les gens sur leurs fréquentations.
Tenez, Judas, par exemple, il avait des amis irréprochables.”

Vincento de Santis & Astorre Monciatti
Le piaffement des chevaux, la clarté des lampadaires, le froufrou des robes, l'éclat des souliers de cérémonie...Tant de sons, tant de lumières, pour une si petite créature sur Terre !
L'Homme est merveilleusement ingénieux lorsqu'il s’agit d'étaler sa fortune ou son rang social. A l'instar du paon, le plus prétentieux des volatiles, il fait aisément la roue pour impressionner son entourage, mais ne sait pas voler bien haut.
Ah comme la bonne médiocrité de cet illusionniste était amusante !
Surtout pour les immortels.
Les derniers invités pressaient le pas dans l'entrée du domaine des Spencer. Cela faisait déjà plus d’une heure que la soirée avait commencé. Les retardataires soufflaient leur déception de ne pas avoir pu assister à l’ouverture du bal et grinçaient des dents tandis que l’on vérifiait leur identité. Le pauvre homme qui tenait le registre en perdait la tête. Ils n’étaient pas nombreux ces retardataires, mais Dieu qu’ils étaient impolis ! La honte ne couvrait pas leur visage. Ah, ça non ! Par contre leur impatience, elle, tirait leurs traits comme si chauffeurs et grooms étaient responsables de leur manque de ponctualité...


- Allons, allons, Mesdames, Messieurs, veuillez garder votre calme, s’il vous plaît ! s’égosillait le jeune homme en parcourant le grand livret du bout du doigt.

L’on s’étonnait et l’on faisait scandale parce que l’on était « Madame la duchesse de telle bourgade » ou « Monsieur le cousin de Madame la marquise de telle région ». C’était « impensable » de devoir justifier son arrivée, « honteux ». Ils étaient tous « expressément attendus par Monsieur et Madame Spencer », bien évidemment.


- Passée une certaine heure, nous vérifions toujours les entrées, vous le savez bien…soupirait le jeune homme qui tournait maintenant les pages avec frénésie.

Le malheureux rêvait d’une petite coupe de vin. Ce registre était trop long et le manque de courtoisie des aristocrates le rendait malade. Il songeait en son for intérieur que plus l’on avait de privilèges et plus l’on en abusait. Qui était dans le tort après tout ? Etait-ce lui qui avait mis deux heures à choisir la dentelle du col de Madame ou les gants de Monsieur ? Non. Il s’était présenté à l’heure précise à l’endroit précis où son devoir l’attendait. Pourquoi devait-il donc se plier aux caprices de tous ces enfarinés sans une once de dignité ?

Tandis qu’il cherchait le nom d’une certaine « Milady de Westernay », une ombre chapelée lui occulta soudain la douce lumière de la lanterne accrochée au mur près de lui, l’empêchant de poursuivre sa quête.
Cette fois, s’en était trop ! Il releva brusquement la tête avec une moue de mécontentement, prêt à dire à cet importun de reculer à moins qu’il ne veuille se voir interdire l’entrée de la réception.
Un homme de haute stature le toisa alors avec dédain et lui sourit, comme un bourreau s’amuse d’avance du sort de sa victime. Le pauvre greffier frissonna, pris d’une angoisse étrange. Ses yeux croisèrent les siens, d’un bleu terriblement soutenu. Son propre regard se brouilla alors, lentement, et devint bientôt vide de toute expression. A l’instar des retardataires, qui s’étaient doucement écartés et qui demeuraient muets près des deux nouveaux arrivants, il resta droit, comme figé dans le temps.


- Bonjour, jeune homme. Belle soirée, n’est-ce pas ? Veuillez inscrire nos noms, mon cher ami. Allons ! Pressons ! Pressons ! fit le grand homme en désignant le registre du bout du doigt.

Il ne portait pas de gant et ses ongles, légèrement trop longs, étaient bordés d’une laque transparente qui les faisait luire sous la lune. Cela lui donnait un aspect étrangement maniéré. Son costume, tout comme celui de son acolyte, était taillé sur mesure, dans des étoffes d'une qualité extraordinaire. On eut annoncé deux princes que cela n'aurait pas surpris ceux qui attardaient leurs regards sur leurs vêtements.


- Bien entendu, mon seigneur, fit docilement le jeune greffier en levant sa plume, prêt à écrire, à la manière d'un automate.

- Monsieur le Vicomte de Santis et son fidèle ami Astorre Monciatti, annonça son interlocuteur.

Les noms furent ajoutés, sans aucune remarque, et les deux hommes franchirent le seuil de la maison. Lorsqu'ils disparurent, les retardataires et le petit greffier reprirent vie, comme par enchantement, et s’en retournèrent à leur discussion première, sans réaliser qu’ils venaient de frôler l'un des hommes les plus dangereux de Londres…


**************

L’illustre famille des Spencer n’avait pas fait dans la sobriété pour fêter l’anniversaire de leur charmante fille unique. Quoi de plus normal après avoir manqué de la perdre définitivement suite à son malheureux enlèvement ? Il fallait bien afficher à la société entière que la belle demoiselle était encore en un seul morceau et que les rumeurs infâmes qui couraient à son sujet n’étaient que calomnies de commères. Cela servait également à redorer le blason familial en prouvant à tous qu’il méritait toujours autant de respect. Richesse en vitrine, orgueil traditionnel.

- Merveilleux !

Astorre sourit à son ami et maître. Le voir aussi jovial le rendait lui-même réellement heureux. Ce soir, ils lançaient le départ d’une vaste opération criminelle à laquelle nul ne s’attendait. Tout devait être parfait.
Pour le moment, même les gardiens qui sécurisaient les lieux n’avaient pas pu imaginer que ce petit duo qu’ils formaient était le pire de la soirée. Les mortels ne pouvaient pas connaître par cœur la liste des invités, et encore moins se souvenir des visages de tous les aristocrates de la ville. Il était très facile de les tromper, d’autant qu’Astorre possédait le pouvoir de les rendre particulièrement dociles, ce qui était fort commode...
Les immortels qui patrouillaient en renfort ne pouvaient pas être aussi aisément abusés. Mais ils auraient beau se méfier et vérifier la présence de membres de leur race, ils ne s’étaient certainement pas attendus à tomber sur des Vampires capables de dissimuler aussi totalement leurs auras. Vincento et son ami étaient passés maîtres dans ce domaine. Il était presque impossible pour l’un des leurs de sentir leur présence ou de les associer aux Longues Dents, ce qui s'avérait bien pratique pour leurs combines.


- Jusqu’ici, tout se déroule comme prévu, fit le bel Italien.

Un fin sourire fendit le visage de Vincento. Oui. Tout se passait comme prévu et même mieux ! Son regard glissa sur sa main gantée et il serra doucement le poing.


- Entrons.

Les deux hommes laissèrent leurs haut-de-forme et leurs cannes aux domestiques dans l’entrée avant de pénétrer dans la grande salle de bal. Une polka battait son plein. Astorre chercha aussitôt du regard le couple Spencer et le trouva en quelques secondes. Lady Spencer et son mari ne dansaient pas. Cela n’empêchait pas d’autres silhouettes de s’ébattre au milieu de la piste. Charmantes demoiselles et beaux sires se tenaient par la main et se dévoraient des yeux, à défaut de se dévorer autrement. Belle mascarade dont les loups et les agneaux se mêlent sous les regards de chacun…

- Nos hôtes sont là-bas, fit Astorre en donnant un léger coup d’épaule à Vincento afin de lui indiquer le couple Spencer.

Son maître ne répondit pas tout de suite. Son regard venait d’accrocher une longue chevelure blanche qui tournoyait sur la piste aux côtés d’une magnifique rousse aux formes voluptueuses. Astorre suivit son regard et dévoila presque ses canines tant son sourire fut sincère.


- Patience mon maître, patience…fit-il en serrant ses doigts autour de son bras. Nous avons le temps…

Vincento sourit à son tour. Un étrange malaise venait de le prendre mais il n’en fit rien paraître. Celui qu’il était venu trouver se tenait-là, à une dizaine de mètres de lui, et il mourrait d’envie d’aller à sa rencontre.
Astorre appuya un peu son geste et détourna son maître de son ennemi juré pour l’emmener avec lui au-devant des Spencer.


- Madame Spencer, my lord…Je suis Astorre Monciatti, héritier de l’entreprise du même nom qui rassemble les horlogers veniciens. Je suis ravi de vous rencontrer. Laissez-moi vous présenter le vicomte de Santis…

L’homme qui esquissait une courbette devant les hôtes de la soirée était d’un charme époustouflant. Ses longs cheveux noirs cascadaient sur ses larges épaules et contrastaient furieusement avec ses yeux d’un vert étincelant. Sa peau, légèrement mate, mais cependant plus pâle que celle d’un véritable étranger, semblait avoir doré quelques jours sur les côtes de la Méditerranée.

- My lady, My lord...Je suis Vincento Imerio de Santis, un cousin du comte Jirômaru Keisuke. Il voulait nous présenter ce soir... Son sourire fut charmeur. Veuillez excuser mon retard. Mon cousin lui-même ne m'a pas attendu. Je me suis permis d'avancer sans lui : il semble fort occupé à danser et je n'osais le déranger...

Astorre suivit du regard le Comte qui sortait avec son amie. Bien. Il ne les avait pas vus entrer. Après tout, personne n'avait réellement fait attention à eux. Au milieu de la foule en mouvement, ils passaient presque inaperçus. Seuls quelques curieux, qui surveillaient les allées et venues des invités qu'ils ne connaissaient pas, histoire d'alimenter leurs petits potins, les observaient avec attention faire leurs salutations aux Spencer.

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Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Erdjan10


Dernière édition par Vincento De Santis le Lun 7 Jan - 18:10, édité 1 fois
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Katherine Thornes
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeLun 10 Sep - 1:01

L'ennui de la soirée mondaine fut tuée par l'appel de la belle Ambre. Elle en était devenue sa bienfaitrice, elle qui n'appréciait que trop peu les regards méfiants et sournois de bien des invités. Ainsi elle rencontra par la même occasion une femme des plus distinguées qui ne lui était pas méconnue, Chastity Stevenson. Les ragots fusaient à son propos et elle ne pouvait que compatir face à cela autant qu'elle en était amusée. Immédiatement la gaieté de Katherine prit le dessus et elle complimenta la jeune aristocrate qui lui faisait face. Sa beauté était époustouflante, elle en était presque à la jalouser. Cette chevelure rousse… Non. Non, elle ne voulait pas être rousse finalement. Cette beauté rougeoyante avait cause de nombreux drames par le passé. Sa mère avait été sans pitié.  Souriante elle l'écouta presque religieusement et lui répondit :

- Oh ne vous excusez donc pas, il est vrai que je n'ai pas eu le loisir de monter sur scène ces derniers temps. J'ai eu quelques affaires à régler, avoir quelques domaines dans divers pays n'est pas de tout repos... mais je me suis déjà produite à Londres à plusieurs reprises, nous avons simplement dû nous manquer.

Se sentir détaillée ainsi ne la dérangeait pas, Katherine avait l'habitude des regards intéressés des hommes, mesquins et vicieux des femmes mais plus rarement des regards curieux. C'était excitant, Chastity ne devait pas avoir eu vents des nombreux ragots qui couraient sur son compte et c'était des plus plaisants. Enfin une demoiselle qui lui parlait sans préjugé, du moins c'était ce qu'elle pensait.

- J'ai la chance de travailler avec Monsieur le Comte qui est un metteur en scène extraordinaire, assister aux répétitions est toujours un réel plaisir et j'espère que la pièce vous plaira autant qu'elle me plaît ! Je serai honorée de pouvoir vous saluer à nouveau.

La demoiselle était beaucoup trop franche, elle ne passait pas par quatre chemins quand on discutait avec elle de ce qu'elle aimait, sans réellement se soucier si cela gênerait son interlocutrice… Trop occupée à parler d'elle Katherine ne se rendit compte qu'un peu tard du mal de la jeune femme. Cette dernière avait commencé à s'éventer et fit totalement dériver le sujet de la conversation. Ou bien peut-être que Katherine l'ennuyait ? Plus calmement elle répondit toujours aussi aimable :

- Eh bien ce n'est pas tout à fait exact, je suis née en France d'un père anglais et d'une mère hongroise mais il est vrai que j'ai vécu quelques années en Hongrie, ce pays me tient à coeur il est une partie de moi. Si ma mémoire ne me trompe pas cela doit faire deux ou trois ans, ce ne fut pas aisé de s'adapter les mœurs sont tellement différentes… Je crois que je ne m'y suis toujours pas faites.[i] Son visage s'illumina d'un sourire presque gêné puis amusé. [/i]Si ma patrie me manque.. ? Oui, parfois… Le fait de ne pas y avoir d'attache doit m'aider à supporter le mal du pays je suppose… Mais dites moi tout va bien Mademoiselle Stephenson.. ?

Le regard inquiet elle hésita. Sa main s'était figée entre elle et la demoiselle. Pouvait-elle la toucher ? Comment cela serait-il perçue ? Si toutes deux avaient été domestiques le problème aurait été écarté. Repliant ses doigts, Katherine se ravisa. Les femmes d'ici ne l'appréciaient guère, il en allait peut-être de même pour cette jolie rousse. Elle maudit alors cette époque, les convenances, la retenue. Finalement Chastity la quitta pour rejoindre la piste de danse et le combat intérieur de la lycanthrope s'acheva. Les yeux de la demoiselle suivirent ceux de l'assemblée. Le père Spencer faisait enfin son entrée et ouvrit le bal en compagnie de sa chère épouse. Ce n'était pas un avenir que Katherine imaginait pour elle. Avoir des enfants, vieillir aux côtés de l'homme qu'elle aimait et qu'elle aurait épousé. Elle se l'interdisait. Surprise du brusque départ du jeune homme, Katherine eut un petit rire et le salua. Il était presque de son bord. Etait-il aussi libre qu'elle pouvait l'être ?

Les premières notes de la valse s'éparpillèrent dans la salle. Les demoiselles qui avaient déjà un cavaliers se dirigèrent vers la piste de danse en un froissement de robe. Les messieurs, quant à eux, posaient leur coupe de champagne ou de vin et rejoignaient leur compagne pour une danse. Chastiy fut la première à quitter le petit trio afin de profiter peut-être plus agréablement des divertissements de la soirée. Katherine n'avait pas vraiment attiré de cavalier dès son entrée, ce qui n'était pas vraiment pour lui déplaire, les regards méfiants de ces dames commençaient à la lasser. Elle danserait plus tard, avec Michael, il le méritait bien. Regardant la jeune femme s'éloigner elle eut un petit sourire en percevant le sous-entendus silencieux de la belle Ambre. Ce garçon n'avait pas vraiment attiré l'oeil de Katherine, elle était peut-être encore un peu trop absorbée dans ses pensées. Marchant à ses côtés elle l'écouta et s'arrêta près du buffet :

- Il va venir.. ? Répéta t-elle presque bêtement. Elle posa un doigt sur ses lèvres puis finit par répondre d'un air moins pensif : Cela ne m'étonne guère finalement. Je ne sais pas pour vous mais s'il m'en fait la faveur je l'accepterai avec plaisir, je dois bien vous avouer qu'il n'est pas désagréable à regarder… D'autant plus que les cavaliers ne se précipitent pas à mes pieds. Soit ma beauté s'est envolée avec ma jeunesse soit ils sont bien gardés attachés… Qu'en pensez-vous ? Ma réputation me suit comme mon ombre, peu sont ceux qui apprécient réellement ma présence. Leurs sourires sont faux, leurs regards sont des orages mais je peux les comprendre, du moins je le pense.

Son sourire ne la quitta pas. Ses yeux s'étaient arrêtés sur un couple exécutant une valse tout à fait parfaite puis elle reporta son attention sur Ambre. Elle la contempla un instant subjuguée par cette beauté qui n'avait rien d'extravagante, cette beauté sans artifice, cette beauté tout simplement pure. Elle la vit prendre ce cake aux framboises. Katherine eut envie de la voir croquer ce gâteau. Quelle allure avait-elle lorsqu'elle mangeait ? Elle était certainement toujours aussi distinguée. Des folles pensées la traversèrent. Elle voulait le goûter avec elle. Ses lèvres étaient-elles aussi douces qu'elle se l'imaginait ? Une femme de son temps en aurait très certainement rougies. Katherine était simplement… curieuse. Ses lèvres s'étirèrent et elle détourna le visage pour scruter l'assemblée en quête du délicieux Lord :

- Cela ne m'a pas échappé en effet. Elle reporta son attention sur la demoiselle. Je dois bien vous avouer ne pas être insensible à ses charmes, comme la moitié des femmes de Londres je suppose.

Elle lui adressa un clin d'oeil et eut un petit rire cristallin. Si seulement elle savait le désir qu'elle entretenait pour lui. Elle n'y décelait aucun affection. Un désir humain de rapprochement mais un dégoût profond pour sa nature. Elle n'était pas ici pour être sa maîtresse indéfiniment mais pour trouver un plan et l'anéantir. C'était le rêve de beaucoup de Hunters, c'était une vision encore plus excitante de s'imaginer son corps putride définitivement mort à terre. La petite remarque de la demoiselle la tira de ses pensées. Le prince était là. De sa hauteur stature il fendait la foule. Cette dernière s'écartait à son passage, cette aura écrasante et intimidante enveloppait la créature d'une certaine supériorité contre laquelle les hommes ne pouvaient rivaliser. Ses longs cheveux le suivaient à chaque pas et paraissaient presque vivants à leur manière. Tout en lui semblait contrôlé et pourtant sur son visage restait gravée une mine sombre, le sourire retombé. Qu'était-il donc arrivé ? Etait-ce cette soirée qui ne le ravissait ? Attrapée au bras d'Ambre Katherine ne put que la suivre et Michael se tenant à une distance respectable fut contraint de se rapprocher du Comte. Son animosité envers le monstre était presque palpable mais cela pouvait être pris pour de la jalousie. Le pas pressé Katherine manqua de peu de renverser un des domestiques, s'excusant au passage. Enfin elle se trouva en face de lui.

Il n'avait pas changé, ou presque. Sa lueur d'amusement présente lors de la répétition au théâtre avait disparu. Les circonstances étaient certes autres. Cependant à la vue de Katherine son visage sembla se radoucir et cette dernière se détendit. Lui offrant sa main elle s'empêcha de caresser cette joue et ses lévres qui se tendaient vers elle. Les convenances lui étaient dépassées elle voulait se montrer telle qu'elle était et toute cette retenue la dégoûtant. Tout n'était que faux semblant. Katherine voulait être vraie. Dessinant un superbe sourire sur ses lèvres, la jeune hongroise s'inclina très respectueusement et répondit de son air enjoué :


- C'est un plaisir que de vous revoir My Lord ! Je vous retourne le compliment, vous êtes d'une élégance sans pareille et sans vouloir vous flatter outre mesure votre prestance est bien au-delà de celle des autres gentlemen de ce soir…

Aux paroles de la complice du vampire Katherine plongea son regard sur la piste de danse et détailla les mouvements de la sublime rousse. N'importe quelle femme l'envierait, il était évident qu'elle soit l'une des premières à s'être trouvée un cavalier. Tournant à moitié le visage, ses belles boucles sombres chatouillant ses joues Katherine esquissa un de ses beaux sourires puis se tourna entièrement vers ses interlocuteurs afin de se consacrer entièrement à eux. La demande du Comte avait crispé le majordome et son comportement n'avait pas échappé à la demoiselle qui se contenta simplement de l'ignorer. Elle savait totu de lui, elle n'avait pas besoin de parler avec lui ou de lire dans ses pesées pour savoir ce qu'il retenait avec tant de faiblesse dans son coeur. Il était pourtant plus âgé et plus expérimenter qu'elle, il aurait dû apprendre à mieux contrôler ses émotions mais dès que cela concernait directement sa maîtresse, son amante, son amour il ne répondait plus de rien. Malgré tout il faisait l'ultime effort de ne pas le fusiller du regard, ne pas lui couper la main, déchiqueter ses lèvres et planter son beau visage monstrueux sur un pieux.  

Ce fut avec un plaisir non dissimulé que Katherine accepta la demande de son nouveau cavalier. La tendresse avec laquelle il s'adressait à son égard ne lui échappait pas et la ravissait au plus haut point. Elle était pour le moment dans une très bonne position pour mener à bien sa mission sans qu'il ne se doute de quelque chose. La Hongroise était aventurières et ses péripéties dangereuses. Elle avait en face d'elle le Mal incarné. Se rapprochant en faisant de ne poivoir s'exprimer haut et fort à cause du bruit environnant elle lui souffla :


- Pour cette danse je veux bien être toute à vous…


Son regard se fit insistant, un petit rire franchit impunément la barrière de ses lèvres. Cela serait sa première danse avec lui et elle n'oubliait pas les derniers mots qu'ils avaient échangés dans les coulisses. Elle l'aurait d'une manière ou d'une autre. Elle n'était pas de ses femmes intimidées par la prestance d'un seul homme. Elle ne le craignait pas aujourd'hui, tant qu'il feignait l'humain elle ne risquait rien et pouvait continuer à être cette femme sauvage, indomptable et provocatrice. Katherine ne pouvait cependant ignorer, malgré les sourires, l'attitude froide et agacé du Lord. Ce n'était pas dû à son comportement, de ça elle en était certaine mais cela réduisait considérablement l'effet qu'elle pouvait avoir sur lui et elle détestait ça. La jeune femme ne quitta cependant pas ce sourire qui étirait ses lèvres gracieuses et mimant les gestes du vampire elle prit une coupe de champagne. Le goût âpre la surprit un instant et elle passa délicatement sa langue sur ses lèvres afin d'en récupérer tout le nectar. Se posant dos au buffet elle put contempler la vaste piste de danse et se retrouver à la diagonale de la créature afin de l'observer sans réelle retenue. Elle était loin d'être une femme timide et réservée. Elle guettait chacun de ses mouvements lorsque son regard se posait sur lui. Elle n'ignora pas non plus Ambre et Ludwig et se fit à maintes reprises la réflexion que le Comte était toujours entouré de superbes personnes. Où dénichait-il toute cette beauté ? Ludwig n'était pas en reste mais il perdait en charisme face au vampire c'était indéniable. Michael pouvait le jalouser.

Riant de la soudaine expression de Ludwig elle fut surprise d'entendre pour la première Ambre s'exprimer sur ses goûts et renchérit pour faire la discussion qu'à ses yeux le citron était bien meilleur consommé dans un plat salé et que les variations étaient telles que sa vie ne mortelle ne lui permettrait certainement pas de toutes les découvrir. Elle dénigra cependant les petits choux au citron et prit un petit pain au raisin tout à fait délicieux qui la fit arrêter de parler pendant quelques secondes.
Le moment venu, Katherine offrit sa main au Lord et traversa à ses côtés la salle. Elle était radieuse. Heureuse d'être parvenue à se rapprocher autant de cet homme qui paraissait inaccessible. Elle rêvait déjà de retourner au QG des Hunters afin de leur raconter ce qu'elle avait vécu et à quel point tout se déroulait à merveille pour le moment. Sa fin était proche elle en était persuadée. Sa robe flottant derrière elle, une écume de musique léchant les murs la jeune femme entra enfin en piste accompagnée par son cavalier. L'un en face de l'autre tous deux se saluèrent. Percevant le regard du Comte la gaieté de Katherine manqua de s'effacer. Elle savait qu'elle n'allait pas être le centre de sa soirée cependant cela la grisait de ne pas lui être tout aussi désirable que Sarah, la plus apte à détruire cette immonde créature. Arriverait-elle cependant à la cheville ? Il le fallait. Elle devait le séduire, le charmer comme elle ne l'avait jamais encore fait. Katherine aimait le travail bien fait. Le vampire allait mourir dans la surprise d'une trahison, dans la douceur exquise d'une révolution.

La contredanse n'était plus un secret pour personne. Katherine était née avec elle, cette danse qui traversait les siècles. Elle avait fait partie de son apprentissage et se retrouvait dans de nombreux pays occidentaux. Aussi avait-elle eu le loisir de la pratiquer en France et en Hongrie. Ne laissant plus de place à la réflexion, cette dernière semblait s'être gravés dans les gênes des invités. Malgré les valeurs morales répression de l'époque à laquelle ils vivaient, les danses qui se faisaient de plus en plus rares, la contredanse avait toujours réussie à trouver sa place au sein d'un bal. Entamant la danse face au Lord, la demoiselle put échanger quelques bribes de conversation, tout était pourtant des plus banales mais aucun des deux n'avait oublié leur récente entrevue. Les regards du vampire laissaient place à de nombreux sous-entendus et Katherine les lui rendait bien. Non loin d'elle Sarah dansait elle aussi. Son cavalier était un danseur des plus gracieux, c'était ce que l'on pouvait attendre d'une demoiselle comme elle. A la volée elle lui adressa un petit sourire. Elles n'avaient que très peu parlé toutes les deux, la jeune aristocrate s'était montrée des plus méfiante et agressive à son égard mais Katherine ne lui en avait pas porté rigueur. Cette dernière se trouvait à ce moment-là dans une position des plus délicates et aurait eu du tort de ne pas la soupçonner.
Les paroles du seigneur de l'ombre la firent un peu plus sourire puis plus délicatement qu'à l'accoutumée lorsqu'ils se croisèrent à nouveau elle lui glissa :


- Je vous ai attendu il est vrai, mais je ne vous en tiens pas rigueur… vous deviez être occupé… Non en effet, il me tarde de voir cela avec vous…

Ne le quittant pas des yeux même lorsqu'elle devait changer de partenaire, la demoiselle concentrait son attention sur le Lord. Elle n'ignorait pas son désir et il ne devait pas ignorer le sien. Ce n'était pas une de ces demoiselles de la société qui attirait les hommes de par son innocence mais bien par sa manière d'être une charmeuse de serpents. Le regret du Comte était palpable. Il avait voulu la revoir mais le ton qu'empruntait sa voix indiquait qu'il n'en avait eu nullement le temps ni même le loisir d'y songer. Inclinant légèrement le visage elle laissa sa main courir sur le bras du Lord lorsqu'elle le croisa. Ce fut assez furtif et rapide, cela n'avait duré que quelques secondes mais lorsqu'elle se retrouva non loin de lui elle put lui souffler :

- J'attendrai votre courrier My Lord…

Laissant le vampire lui tourner autour elle esquissa les mouvements de la danse avec grâce puis sourit en l'entendant reprendre la parole. Son visage se tourna et s'illumina en retrouvant la magnifique rousse. Elle hocha la tête à ses propos et affirma doucement qu'en effet elles avaient eu le loisir de se rencontrer et que ce fut un véritable plaisir.
La contredanse se termina ainsi, Katherine salua son cavalier le remerciant pour le moment qu'ils avaient partagé ensemble et de l'honneur qu'il lui avait fait en faisant d'elle sa première partenaire de la soirée, elle prit congé et s'effaça de la piste de danse. Michael vint immédiatement la retrouver et la guida à nouveau vers le buffet. Se penchant à son oreille il souffla :

- Cette soirée est insupportable… vos mains…

Il lui prit ses mains entre les siennes et eut l'irrésistible envie d'approcher son visage du sien. Plus grand qu'elle, il dut se pencher afin d'approcher ses lèvres. Katherine tourna la tête et siffla, agacée :


-Tiens toi. Ce n'est pas le moment. Mes mains vont très bien…

Les poings serrés elle se frottait les doigts comme si une sensation désagréable ne la lâchait pas. Elle haïssait le plus simple des contacts avec ces créatures. Reprenant son sourire elle lui demanda une coupe et tout en la sirotant elle contempla la piste de danse. Elle croisa à plusieurs reprises le visage de Sarah au bras d'un cavalier au visage qui ne lui était pas méconnu mais dont elle ne pouvait se rappeler du nom. La demoiselle avait plutôt l'air de s'amuser, Alexender ne devait pas s'inquiéter à son sujet. Tout allait très bien et le Comte n'avait pas encore la main-mise sur elle sinon il serait déjà allé l'arracher à cet insupportable cavalier qui lui volait la vedette. Cherchant alors du regard cette chevelure si rare elle fut surprise de le voir s'éloigner en compagnie de Chastity. Katherine eut soudainement envie de les suivre. Elle voulait savoir ce qui semblait tant les préoccuper, ce qu'ils allaient se dire… C'était impossible. Si elle était découverte en pleine observation elle pouvait dire adieu à sa mission. De même elle ne pouvait pas envoyer Michael. Si Ambre revenait elle s’inquiéterait de son absence et d'un naturel discret mais très colérique le majordome pouvait très bien se trahir.


HRP:


Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Kather10
"Parce qu’on se sent quelques fois seul, délaissé, abandonné, rejeté. On pense alors à la seule échappatoire possible : la mort. On manque de cran, on a peur. Et on finit par y renoncer en choisissant la facilité : tuer."
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Sarah Spencer
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeJeu 20 Sep - 14:14

Bal et intrigues à Spencer's House

Si l'on souhaite trouver un bal ennuyeux, il suffit de faire
tapisserie


Sarah n’avait pas encore bougé, restant bien sagement dans le petit groupe qui s’était composé autour d’elle. En faite, la jeune femme commençait enfin à respirer. L’alcool ayant calmé ses angoisses, elle avait presque du plaisir à frôler du bout des doigts ce moment intemporel. Au fond d’elle, malgré les rires, les boutades et les éclats de conversation, la magicienne se sentait étrangère. Elle n’arrivait pas à comprendre cette réalité. Après les nuits sans fin et les batailles, elle regardait cette soirée de légèreté avec un œil éteint. Elle se sentait vide, une simple coquille enveloppée dans un tissu magnifique. Toutefois, la présence réconfortante de sa famille et de ses amis l’aidait à se sentir de nouveau vivante. Il y avait quelque chose de magique dans cette soirée et malgré ses réticences, elle se devait bien de reconnaitre que sa mère avait réussi à l’émerveiller. C’est sans doute sur cette note plutôt joyeuse qu’elle décida d’accepter la proposition de danse du Duc de Valentinois. La valse était l’une de ses danses préférées. Comme elle en aimait le rythme, la sensation de légèreté, le pas qui se devait aérien, l’air qui frôlait son cou et ses chevilles. C’était acquérir une sorte de liberté dans ce carcan de convention sociale qui l’étouffait.

La respiration quelque peu modifiée par les derniers pas de danse qui lui avait demandé un réel effort, la belle chasseuse pris le temps de saluer son cavalier ainsi que les autres danseurs avant de saisir de nouveau le bras tendu du prince de Grimaldi pour qu’il puisse l’escorter en dehors de la piste. Les lumières de la piste qui s’étaient brouillées avec les visages les entourant lors de la danse lui avaient fait perdre la belle chevelure de la Comtesse Thorne. Il lui faudrait trouver un autre moyen de la retrouver. Pourtant, en parcourant du regard la foule qui l’entourait, la magicienne sentit que quelque chose avait changé dans l’atmosphère de la salle. Comme si chacun s’était soudainement mis à épier ses moindres gestes. Ce n’était certainement pas la danse qui lui valait autant de regards, quoi que certains encore de nos jours jugeassent cette danse comme frivole et responsable de plusieurs bâtards. Non cela ne pouvait être la valse. L’héritière cessa son pas, obligeant le Duc de Valentinois à s’arrêter avec elle. Son regard bleu se porta sur sa tenu l’espace d’un instant pour voir si sa robe n’avait subi un accroc ou encore si ses cheveux s’étaient échappés de son chignon, pourtant rien. Ses yeux aperçurent alors l’épouse d’Andrews qui se trouvait avec son époux un peu plus loin parmi la foule. D’un geste de son éventail, son amie lui indiqua la piste de danse qui se trouvait derrière l’héritière. Sarah suivit son geste du regard et observa à son tour les danseurs jusqu’à ce que sa respiration se bloque dans sa gorge. Il était Là.

Brusquement, ce fut comme si la salle entière s’était effacée. Elle ne voyait plus que lui. Dieu qu’il était élégant, voir magnifique dans son costume noir. Ses cheveux blancs attacher contre sa nuque, le dos droit et fier, il la regarda d’un de ses regards et de ses sourires qu’il semblait n’accorder qu’à elle. La belle chasseuse rougit légèrement devant le poids des yeux brumeux qui se posaient sur elle. Ainsi donc il était venu. Mais pourquoi personne ne l’avait avisé de cette visite? Sarah se mordit la lèvre inférieure. Bien sûr qu’elle comprenait ce silence, ses parents avaient sans doute souhaité faire une surprise. Peut-être leurs fiançailles seraient-elles annoncées ce soir? La belle détailla le vampire et scruta son expression. Rien ne semblait troubler les rides sereines de son visage. Peut-être son père n’avait-il pas encore eu l’occasion de lui montrer le fameux contrat de mariage. Le Prince de la nuit semblait en meilleure forme que lors de leur dernière rencontre. Quoique le voir sur la piste de danse choqua légèrement la magicienne. Elle se souvenait avec affliction de sa dernière vision du Comte, recroqueviller au sol, les horribles stigmates striant son corps comme les étoiles d’une nuit d’été. Il était lors si faible, si malade... Comment pouvait-il être de nouveau en si bonne forme? Les premières musiques se firent entendre et le Comte entraina sa partenaire au milieu de danseurs. Son pas était agile et tout dans ses gestes reflétait une maitrise de lui. Sarah agrandit les yeux de le voir sautiller avec allégresse. Où était cet homme affaibli, blessé? C’était-il donc joué d’elle? À le voir danser avec autant de grâce, il était permis d’en douter. Sentant de nouveau le poids des regards poser sur elle, la belle entendit à peine la voix du Duc contre son oreille.


-Mais qui est donc l’exquise créature qui danse avec Monsieur le Comte?

L’héritière Spencer ramena son regard vers la piste cherchant les danseurs des yeux. Avec toute cette émotion, elle n’avait même pas pensé à regarder avec qui le Comte était parti danser. Puis, elle la vit. Katherine Thornes elle-même était pendue au bras du Grand Vampire. La belle sentit son cœur tomber dans sa poitrine. Ainsi donc Alexender avait dit vrai, elle avait réussi à s’approcher assez du Comte pour être dans ses petits secrets. Les voir ensembles la mit brusquement mal à l’aise tout comme les regards remplis de sensualité que s’échangeait les deux êtres. Comprenant brusquement que l’attention de la salle était encore sur elle, la magicienne ravala son trouble et releva la tête avec fierté. Si la société pensait se réjouir de la voir s’emporter, elle ne leur donnerait pas ce bon plaisir. D’une voix qu’elle voulut aussi douce que possible, elle tenta de répondre au Duc d’un ton détacher

-Il s’agit de la Comtesse de Thornes, une comédienne.

Son explication n’alla pas plus loin, après tout, les deux femmes n’étaient pas censées se connaître. Elle suivit docilement le Prince de Grimaldi qui la raccompagna à leur petit cercle d’ami. Sarah écouta d’une oreille distraite les commentaires qu’on lui fit sur la danse, la nouvelle fureur que faisait la musique et autre commérage sans intérêt. Du coin de l’œil, la belle chasseuse observait la piste de danse, guettant le moment où la musique se terminerait dans un espoir secret que le Comte viendrait alors à sa rencontre. Maintenant que leur regard s’était croisé, ils ne pouvaient s’ignorer, surtout que toute la salle semblait attendre le moment propice où les deux promis se rencontreraient. Ils ne s’étaient pas revus publiquement depuis la demande osée de fiançailles de la part du Comte. La belle se demandait si les aspirations du vieux vampire avaient changé depuis leur dernière rencontre. Mais alors que la musique s’estompait, le Comte enchaina une nouvelle danse cette fois avec la radieuse Chastity Stephenson. Cette constatation jeta un froid dans l’attitude de l’héritière. Ainsi donc il ne se donnait pas la peine de venir la rejoindre? Comment devait-elle prendre cette attitude? Avait-il besoin d’espace? Elle ne savait plus comment agir, elle qui se donnait tant de mal pour trouver le Père et la Mère et trouver un moyen de le soulager de la dégénéressance. Il semblait très bien sans sortir sans elle après tout.

-Voudriez-vous danser de nouveau, mademoiselle Spencer? Il me semble que votre sourire se soit tari depuis la fin de la valse…

Sarah grimaça intérieurement. Le duc était un homme charmant, mais ses manières étrangères contrastaient avec les bonnes vieilles mœurs anglaises. Il ne devait certainement pas savoir qu’il était impoli de demander deux fois à la même demoiselle de danser, surtout alors qu’il venait de se rencontrer. Faisant un léger effort pour ne pas passer sa contrariété sur le pauvre homme, la Chasseuse tenta de lui sourire humblement :

-Allons mon cher ami, il serait bien indélicat de ma part de vous accaparer pour toute la soirée surtout que certaines dames de la salle n’ont pas encore dansé, tenez j’aperçois mademoiselle de Mérode plus loin, si je me chargeais de faire les présentations.

Sans attendre la réponse du prince de Grimaldi, elle l’entraîna à sa suite en direction de la ravissante Belge qui discutait en compagnie d’autres dames. L’avantage que Sarah avait vu de cette situation était que la demoiselle était non loin de Katherine, il lui serait facile alors de l’approcher pour entamer la discussion. Toutefois la demoiselle et ses amies s’éloignèrent un peu et l’héritière du presser le pas pour éviter que les deux groupes ne soient trop loin l’un de l’autre.

-Mademoiselle de Mérode! C’est justement vous que je cherchais.

La riche héritière se retourna en entendant ainsi son nom être appeler. Curieuse de se retrouver brusquement en compagnie du celle qui était le centre de la soirée et du charment jeune homme qui l’accompagnait, Antoinette leur offrit un aimable sourire tandis que Sarah se chargeait de faire les présentations.

-Monsieur le Prince de Grimaldi que voici se cherchait justement une partenaire pour la prochaine danse et j’ai ouïe dire la prochaine serait l’une de vos danses préférer

En réalité elle n’en avait aucune idée, les musiciens semblaient jouer selon l’atmosphère de la soirée et des demandes spéciales des danseurs. De toute façon, Antoinette ne pouvait refuser le beau prétendant qu’elle venait de lui présenter et elle devrait l’endurer au moins pour une danse. L’héritière laissa les deux jeunes gens discuter entre eux quelques instants tandis qu’elle cherchait de nouveau des yeux la belle et impétueuse comtesse. Ah, elle n’était plus si loin. Encore quelques pas et elles pourraient se rencontrer. Mais ce fut alors qu’une voix haut percher se fit entendre. Il s’agissait de la voix de Madame Campbell aristocrate dont les tenus quoi que toujours fort enviable n’était qu’un subterfuge pour masquer le venin de paroles. La dame qui se disait fort aimante des arts passait son temps à s’approcher des artistes pour obtenir leur faveur avant de les jeter tout aussi rapidement. Il semblait cette fois que sa verve avait pris une autre cible.

-Et il parait encore que lors de la soirée de Sir Barry, le Comte et elle auraient disparu pendant plus d’une heure dans les jardins, nous savons tous que ce n’était pas pour discuter des arts si vous voyez ce que je veux dire… termina-t-elle dans un petit rire hautain.

La remarque était visiblement destinée à la belle Hongroise dont la proximité lui permettait d’entendre la violence du commentaire désobligeant, mais ce que la dame n’avait certainement pas remarqué était que ses propos étaient aussi audibles de plusieurs autres personnes présentes, y compris Sarah. Le sous-entendu était à peine dissimulé et si les quelques sourires moqueurs des gens se délectant de pareil ragot avaient éclairé certains visages, ils avaient désormais complètement disparu en apercevant la belle héritière. Mademoiselle Campbell elle-même se rendit compte du changement et son regard se porta immédiatement vers la comédienne dont elle croyait avoir eu une réaction assez forte pour nécessiter ce changement. Toutefois ce fut sur Sarah que ses yeux marqués de maquillage tombèrent. Aussitôt son visage se vida de ses couleurs.

-C’est étrange, je ne croyais pas que nous aurions invité des personnes d’une telle bassesse à notre bal... s’exclama la jeune Spencer d’une voix forte

Sa remarque jeta un malaise et les alliées de la pimbêche la laissèrent rapidement, inquiètes soudainement de se voir mettre dehors de la réception. L’expression de la chasseuse était tout simplement terrifiante. Malgré son sourire mondain qui ne quittait pas ses lèvres serrées, les yeux de l’héritière étaient devenus glaciaux, foudroyant la commère sur places. Elle l’aurait certainement mise dehors si elle n’avait pas alors aperçu l’expression de malaise qui étirait les traits des autres invités. Ils étaient donc tous aux courants de ses affreuses rumeurs? Se sentent soudainement seule au monde, la magicienne chercha des yeux le duc de Grimaldi pour la sortir de cette situation, mais celui-ci s’était éclipsé sur la piste de danse avec la belle demoiselle de Maure sans demander son reste. Sarah chercha alors le Comte dans l’espoir que celui-ci soit son sauveur, mais elle le vit alors qui quittait la salle vers le balcon au bras de la belle Stephenson. Il était trop tard désormais pour aller discuter avec Katherine. Lui parler à cet instant n’aurait que jeté un peu plus d’huile sur le feu, et elle ne voulait surtout pas que la huntresse se rende compte de la jalousie qui rongeait ses entrailles. Les émotions submergèrent la jeune femme et elle sentit sa main trembler contre le pan de sa robe. Alors qu’elle se disait perdue, un homme passant tout près attira son regard et sa reconnaissance.

-Ah Blake! Je vous cherchais justement. Nous devions aller danser.

Son garde du corps qui ne semblait pas l’avoir vue se retourna en entendant son nom. Pendant quelque seconde, la belle héritière crue qu’il allait partir sans la rejoindre, mais à son plus grand soulagement il lui tendit le bras pour l’escorter loin de cette atmosphère étouffante, rien ne servait de rajouter quoi que ce soit à Mademoiselle Campbell, sa remarque avait déjà fait son effet et la plupart des invités s’éloignaient désormais d’elle. Sarah aurait embrassé Blake de reconnaissance si en cet instant son esprit n’avait pas été si contrarié par les remarques de l’impertinente. Devait-elle croire les remarques de cette bécasse? Peut-être Katherine n’était pas aussi proche du Comte que tout le monde semblait le croire. Bien sûr la pulpeuse comtesse avait sa réputation… Le grand vampire aussi...Comment ne pas laisser la jalousie envahir son cœur en cet instant? Surtout que celui qu’elle considérait son prétendant s’éclipsait de nouveau dans les jardins en compagnie d’une autre femme cette fois-ci. Sarah attrapa une couple de champagnes qu’elle vida d’un trait avant de secouer ses belles boucles brunes. Ils ne s’étaient rien promis. Elle ne lui devait rien. Il pouvait bien batifoler avec qui il voulait, après tout cela ne la concernait pas, chercha-t-elle à se faire croire. Douce illusion. Mais son cœur était blessé, meurtri qu’une autre ait pu trouver le réconfort dans ses bras froid. Peut-être allait-il la délaisser? Annuler leurs fiançailles. Non, cela ne l’affectait pas. Elle n’allait certainement pas se laisser abattre. Il pouvait bien aller convoler avec n’importe quelle grande horizontale, elle n’allait pas laisser sa soirée être gâché par un homme volage. Toutes les belles pensées qui avaient forcé son cœur lorsqu’elle l’avait aperçu s’étaient envolées.

-Mais mademoiselle, je ne crois pas que ce soit sage avec votre blessure au genou lui dit Blake tandis qu’ils s’approchaient de la piste de danse.

-Ne vous en faites pas, je suis parfaitement solide pour endurer n’importe quoi.

Préféra répondre la Chasseuse d’une voix de défi. Non, elle n’allait certainement pas se laisser évincer de la sorte.

-Peut-être voudriez-vous aller à l’extérieur prendre l’air? Tenta une nouvelle fois Blake

-Non surtout pas!

Elle avait répondu un peu trop vite et le jeune homme la regarda surpris par tant de véhémence. Elle devait se calmer, inspirer, profondément, non, elle devait bouger. Rester engluer au milieu de la foule qui se murmurait la dernière scène lui donnait envie de hurler. Blake l’observa un instant avec de l’entrainer vers les musiciens auquel il murmura une phrase ou deux qui firent sourire les hommes de l’orchestre. Peut lui importait ce qu’il avait demandé, pourvu que ce ne fût pas une valse. Blake la conduit sur la piste après avoir jeté quelque coup d’œil attendu à certains membre les entourant. Comme s’ils réagissaient à un signal, des danseurs se joignirent à eux, à la fois souriant et excité. Sarah en oublia momentanément son émotion pour laisser sa curiosité reprendre le dessus. Qu’est-ce que cet écossais pouvait bien encore mijoter ?

Les premières notes delà mélodie résonnèrent et le violon qui s’élevait par-dessus les autres instruments lui révéla la danse qui s’annonçait.


-Romany Polka S’étonna-t-elle

-Vous avez dit que vous vouliez danser et madame Van Gelter avise tout le monde depuis le début de la soirée qu’un bal n’était pas réellement un sans musique de son pays.

Décidément, la magicienne n’était pas au bout de ses surprises pour cette soirée.


***


Monsieur et Madame Spencer discutaient avec une courtoisie distinguée avec les invités qui s’étaient formés autour d’eux. C’était l’avantage des réceptions privées; des petits groupes se formaient et d’un pas à l’autre l’ont était transporter d’une discussion à une autre, d’un intérêt à une surprise, d’un clan politique à son opposé. Malgré leur air bienveillant et leur sourire chaleureux, les deux époux observaient de loin le Comte et leur fille unique. Les deux n’avaient pu qu’échanger un regard rempli de surprise. Tout comme certain invité le couple Spencer s’était attendu que le prétendant ne vienne demander une danse à Sarah ou tout du moins discuter avec elle, mais ce fût plutôt l’inverse qui se produisit et bientôt les deux jeunes gens échappèrent à la vue du couple. Monsieur Spencer s’était retenu de pousser un profond soupir. Ainsi donc le Comte semblait être bien décidé sur sa position. Madame Spencer babilla rapidement que c’était sans doute un jeu de séduction de leur âge, mais Dorian n’eut pas envie de briser son image. Il ne lui avait pas encore parlé du refus dont le Comte lui avait fait part. Alors que la discussion partait en un autre sens, un homme de belle stature s’imposa alors à leur petit groupe. Madame Spencer tourna aussitôt vers lui et son compagnon un regard intéressé.

- Madame Spencer, my lord…Je suis Astorre Monciatti, héritier de l’entreprise du même nom qui rassemble les horlogers veniciens. Je suis ravi de vous rencontrer. Laissez-moi vous présenter le vicomte Vincento de Santis…

Monsieur Spencer rendit un salut tout aussi aimable à ce gentleman. Il était si rare de voir des gens qui saluaient encore à l’ancienne et ce jeune homme semblait tout à fait des plus distinguer. Lui et son compagnon paraissaient être des gens de bonne réputation, fortuné si l’on se fait à leur titre et à leur habit. Malgré cela, Madame Spencer n’arrivait pas à se souvenir de leur nom. Peut-être était-ce de ses inconnus que Minerva avait pioché au hasard sur la liste des Logans. Pour une fois, elle était heureuse de l’initiative de madame Artbrook. Le jeune homme qui s’avança à son tour était d’une beauté exotique.

-My lady, My lord...Je suis un cousin du comte Jirômaru Keisuke, il voulait nous présenter ce soir...  Son sourire fut charmeurVeuillez excuser mon retard. Mon cousin lui-même ne m'a pas attendu. Je me suis permis d'avancer sans lui : il semble fort occupé à danser et je n'osais le déranger...

La surprise saisit le visage des deux époux ainsi que des invités qui les entouraient. Le cousin du Comte Kei? Cela se pouvait-il? Instinctivement, Monsieur Spencer chercha des yeux le grand homme qui venait de s’éclipser vers l’extérieur. Quel dommage, le grand homme ne pouvait leur donner de plus ample explication. Ramenant son visage sur les deux inconnu, il laissa la nature extravertie de son épouse se charger de leur faire la conversation. Aussitôt les commentaires se firent plus amicaux, ce n’était pas des étrangers, mais des membres de la famille de l’un des grands amis des Spencer. Après quelques banalités sur leur voyage, sur la surprise qu’il leur était fait d’accueillir un membre de la famille du Comte sous leur toit, lui qui avait tant fait pour eux, les deux hommes furent rapidement inclus au groupe. Dorian restait cependant pensif tandis qu’il observait le cousin du Lord. Était-ce le fameux substitue que lui avait proposé le Comte? L’adon était plutôt inusité. Tandis que les deux illustres gens se démarquaient par l’éloquence de leur propos et le raffinement de leur manière, Madame Spencer tourna légèrement sur elle-même, mais où était donc passée sa fille?

Le son du violon qui s’emballait attira les regards sur la piste de danse. Des gens s’étaient réunis et plusieurs invités battaient la mesure de leur main enjouée. Avec un sourire aimable, Madame Spencer fit déplacer les deux inconnus et le groupe avec qui ils discutaient afin de pouvoir observer à son tour la piste de danse. Le sourire jusque-là intéressé de Lydia Spencer se figea brusquement lorsqu’elle reconnut en l’une des danseuses sa fille qui suivait le rythme endiablé de la musique.


***


Plus la danse avançait plus la musique devenait rapide, c’était une danse qui distinguait les plus habiles danseurs. Les plus enhardis se tenaient à l’extérieur de la piste, ce qui leur permettait de faire de plus grand mouvement, de bouger plus rapidement. Les danseurs moins expérimenter restait à l’intérieur de la piste où ils leur étaient plus faciles de bouger et moins leurs faux pas étaient remarqués. La danse prit rapidement des airs de compétition amicale sous les applaudissements des invités. Chaque fois qu’un couple se trompait dans son pas, on les applaudissait tandis qu’ils quittaient la piste de danse. Bientôt il ne resta plus que trois couples sur la piste de danse. Sarah était énormément surprise d’avoir tenu aussi longtemps. Les tours et les jeux de pieds l’avaient épuisée, mais c’était follement amusant. L’alcool aidant, elle se sentait légère, légère comme une plume, loin des sentiments rageurs qui l’avaient envahie un peu plutôt. On tournoyait, puis sautillait et on repartait. Blake était un habile meneur et à eux deux ils avaient pu garder le rythme toujours plus rapide de la mélodie. Mais bientôt la fatigue saisit les membres encore fragiles de l’héritière et son pas manqua un battement et elle s’évita une chute que par l’habileté de son partenaire, sous les applaudissements ils quittèrent la piste laissa les deux derniers couples se disputer la première place. La belle demoiselle ne pouvait s’empêcher de sourire malgré sa fatigue. C’était si amusant, elle avait la même sensation que lorsqu’elle cessait un galop avec son cheval. Le vent, l’adrénaline qui battait à ses tempes de quoi se sentir pleinement vivante! Elle tendit la main vers une coupe de champagnes, mais ce fut plutôt une coupe d’eau que Blake déposa dans sa main tendue. Elle lui lança un rire moqueur avant de prendre une grande gorgée de son breuvage. Oui après tout l’eau était beaucoup plus désaltérante.

-Je crois que votre mère vous cherche, lui murmura Blake derrière un sourire.

L’héritière suivit son regard et tomba à son tour sur le visage soucieux de ses parents qui l’observait un peu plus loin, accompagner de leur ami proche et d’un gentleman que Sarah n’avait jamais rencontrés. La belle arriva près du groupe accompagnée de Blake. Il lui avait semblé que traverser la salle après cette danse était affreusement lent. La Chasseuse avisa les invités qu’elle avait déjà salué auprès de la famille Spencer puis elle remarqua enfin pas un, mais bien deux inconnus qui s’étaient joints à la fête. Malgré son essoufflement, elle effectua une révérence délicieuse devant les deux étrangers, peu soucieuse de leur faire bonne impression. Elle n’avait certes pas envie d’avoir un prétendant de plus après elle alors qu’elle avait déjà du mal avec un seul. Elle nota le regard réprobateur de sa mère sur son apparence et une envie enfantine de lui tirer la langue fit sourire l’impertinente. Il fallait dire que le rouge qui teintait désormais ses joues, apparut par l’effort de la danse, ses yeux pétillants par la joie du mouvement et les nombreuses mèches rebelles qui s’étaient échappés de son chignon et qui encadrait son visage avaient de quoi à être reprocher devant la tenue impeccable de sa mère. Mais qu’importe. L’héritière retourna son attention sur les deux étrangers qui se tenaient près de ses parents comme s’il s’était agi de proches connaissances. Elle trouvait cela bien étrange de telle familiarité devant des hommes qu’elle n’avait jamais vue et pris un instant pour les observer.

Ils étaient deux, deux hommes de grandes statures. Certes ils étaient beaux et agréables à regarder, mais quelque chose dans leur manière et leur maintien témoignait de leur appartenance à un autre pays. Ses parents se chargèrent des présentations et alors que son visage s’étirait en un sourire mondain devant l’héritier de la famille d’horloger, il se figea tout entier lorsque son regard s’arrêta sur le Sieur de Santis. Non, elle devait avoir mal compris. Un rapide coup d’œil à ses géniteurs lui fit comprendre qu’il n’en était rien. La nouvelle la choqua plus qu’elle ne s’y attendait. Le cousin du Comte Kei? Quel était encore ce nouveau mensonge? Si mensonge il avait lieu. Quelle était donc cette nouvelle histoire? Elle détailla sans retenue le nouveau venu, plongeant son regard d’acier dans les prunelles verdoyantes du jeune homme comme si elle cherchait à mettre à nue son âme. Certains auraient pu rougir ou se sentir insulter d’un tel regard, mais ainsi était la magicienne; ses yeux aussi purs que l’eau cristalline des montagnes ne savaient tromper et en ce moment, ils étaient remplis d’une consternation qu’elle souhaitait éclairer au plus vite. Vincento de Santis était un bel homme, à n’en pas douter. Son imposante stature était enveloppée d’un vêtement riche dont les teintes et la coupe, quoique fort élégante, témoignaient d’une autre origine. Ses longs cheveux noirs descendaient en cascades sur ses épaules et entouraient son visage aux traits volontaires. Le plus impressionnant était le vert de ses yeux. Ils semblaient énigmatiques, intemporels.

Oui, maintenant qu’elle s’y attardait la ressemblance avec le Comte était frappante. La forme des yeux, le regard pénétrant, la même imposante stature. La belle demoiselle ouvrit son éventail et l’agita devant son visage afin de redonner de l’air à ses poumons qui avait cessé de respirer.


-Vraiment? Son cousin...

Elle ne savait pas où commencer. Était-il vraiment son cousin ou l’un de ses disciples dont il était responsable de la transformation? De quand dataient leurs liens familiaux? De son époque lointaine du Japon? Pourtant le jeune homme ne semblait en rien être japonais. De Santos... cela sonnait italien à son oreille. Mais si tel était le cas, cette constatation lui jetait plus de questions qui brulaient désormais ses lèvres. La belle esquissa un sourire maladroit et tenta de reprendre contenance. Elle se demandait si le cousin du Comte était également un immortel, cela lui semblait plus que probable, mais pourtant la teinte de la peau du jeune homme la laissait perplexe. Elle semblait irradier comme s’il revenait du soleil de midi.

-Sarah, ma chère,la voix de son père la sortie de sa contemplation brusquement.Ces deux braves jeunes gens sont ici comme de pur étranger et je crains que monsieur le Comte n’ait été retenu ailleurs, pourriez-vous vous charger de les présentés à quelques-uns de vos connaissances? Je suis certain qu’ils apprécieraient de faire quelque rencontre.

Sarah fronça les sourcils devant son père. Que celui-ci lui demande de passer du temps avec un autre homme était déjà surprenant, mais qui plus est avec le cousin du Comte, cela l’étonnait. Elle jeta un coup d’œil vers le balcon où le Comte et son étrange amie n’étaient pas encore réapparus. Oui, elle pouvait bien distraire ces deux messieurs et pourquoi pas, leur poser de plus ample question pendant que son cavalier était occupé au bras d’une autre.

-Si cela sied à ces messieurs...



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Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Signat10
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Chastity E. Stephenson
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeLun 8 Oct - 9:34


Le Bal Spencer
intrigue

Chastity tremblait presque dans sa jolie robe couleur mandarine. Sans paraître spécialement affectée, sa paume se raffermit avec puissance sur son éventail. Sa force de Vampire aurait pu le briser si elle n'avait pas fait attention. Elle tiqua lorsque le Comte lui demanda si elle avait tué le dernier cobaye. Si seulement ce n'était que ça ! Elle claqua sa langue contre son palais et chuchota.

- Non, il se porte comme un charme d'ailleurs... Le traitement semble lui réussir.

Doucement, ils se dirigèrent vers l'extérieur et elle tenta de ne pas faire attention aux commérages que son ouïe affinée percevait distinctement à l'arrière de la salle. Le frais sur sa peau lui fit le plus grand bien et elle s'éventa alors qu'ils progressaient dans les jardins. Elle avait chaud et sa tête tournait quelque peu. Bon sang, les prochains mois ne s'annonçaient pas de tout repos...
Elle sentait le regard pressant du Comte sur elle et se décida à parler, après s'être assurée qu'elle ne sentait aucune présence aux alentours.


- Je... Vous rappelez-vous de la soirée que nous avons passé ensemble vous et moi ? Lorsque je vous ai suggéré de rencontrer cette sorcière pour soigner vos maux...

Un léger voile rose lui monta aux joues et elle inspira pour le dissiper. C'était à dormir debout, il ne la croirait jamais. C'était pourtant bien connu que les Vampires ne pouvaient engendrer de descendance entre eux ! Quel espèce de monstre était donc en train de grandir en elle... ? Et s'il la faisait tuer sur le champ ? De toute façon il était trop tard pour reculer, il finirait bien par le découvrir.

- Suite à notre entrevue, j'ai vaqué à mes occupations et poursuivi mes recherches. Je vous jure sur tout ce qui m'est cher que je n'ai vu personne, ni avant ni après vous, ce qui rend la nouvelle encore plus impromptue et...

Se sentant perdre pied, elle se raidit et lâcha les mots suivants avec la violence d'une salve de mousquet, comme pour s'en débarrasser une bonne fois pour toute.

- Je suis enceinte de vous. Personne n'est au courant en dehors de Gracie, de moi-même et du docteur Walter Forbes, un Indépendant. Vous en avez peut-être déjà entendu parler.

Incapable de se tenir plus longtemps sur place, elle commença à faire les cent pas, pour dégourdir ses jambes plus raides que celles des statues du jardin. Elle était maintenant foncièrement fébrile et ramena ses mains sur sa jupe, triturant nerveusement les surcouches de tulle et de dentelle.

- Je n'y ai pas cru. Pour les raisons que nous connaissons tous. C'est tout bonnement impossible. Mais il semblerait que vous et moi ayons des natures suffisamment à part pour permettre cet... évènement.

Miracle ? Malédiction ? Elle avait longuement hésité sur le mot à employer. Elle avait peur. Et si malgré sa bonne foi qui lui semblait évidente, il ne la croyait pas ?

- Le docteur Forbes a proposé de faire disparaître l'enfant avant que mon état ne soit trop visible mais il fallait que je vous en parle avant. Pour vous, comme pour moi, comme pour tous les Vampires de Londres, c'est un cas de figure d'une gravité sans précédent et je ne souhaitais pas prendre seule le pouvoir d'une décision aussi lourde stratégiquement.

Chastity n'était pas dupe. Ce petit tas de chair qui s'amoncelait en elle ne serait jamais QUE leur enfant. Ce serait avant tout un argument qui pourrait asseoir encore davantage la suprémacie du Comte sur la capitale. Un objet de convoitise et de jalousie également, de la part de tous ces êtres maudits incapables de concevoir entre eux. Ce serait un atout stratégique pour elle. Bien qu'elle ne fut pas la seule concubine du Prince de la Nuit, avoir le statut de mère de ses derniers enfants lui confèrerait un pouvoir que peu d'entre eux pourraient égaler. Mais bien sûr, tout cela ne pouvait être envisagé que si cet enfant providentiel voyait le jour...

Elle savait également qu'elle rencontrerait sur sa route des langues de vipères qui manipuleraient pour instiller le doute dans les esprits, clamant à qui voudrait bien l'entendre qu'elle n'était qu'une intrigante qui avait manoeuvré pour s'attirer les faveurs du Comte et qui lui avait menti.
Et elle devrait également trouver une couverture pour sa vie en société dans les prochains mois... Jamais, Ô grand jamais elle n'oserait se présenter seule, dans un salon, avec son ventre arrondi, ce serait la fin de tout. Une retraite dans un coin perdu d'Angleterre ? Un voyage d'affaires ? Les services d'un Vampire capable de manipuler les esprits et de la conserver dans son apparence frêle aux yeux du public... Il faudrait qu'elle calcule toutes les opportunités.

À condition que le géant aux cheveux d'argent veuille bien la garder.
Après tout, Chastity, dans son état n'était pas qu'un avantage politique. Elle représentait également une véritable bombe à retardement.

© FRIMELDA



HRP:


Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] 365472Chastity2

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Comte Keï
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeDim 16 Déc - 17:38



Bal et intrigues à Spencer's House

Comte Kei, Ludwig Zwitter et Ambre Ghrianstad

"Au pâle crépuscule de ma vie,
Oseras-tu donc briller ?
Toi, ma cruelle envie,
Engeance maudite que j'ai tant désirée..."


Dans la salle de bal.
1er juin 1842


Sarah

Le coeur lourd d'infinis questionnements, le Comte avait rejoint la salle de bal afin de sauver les apparences mais surtout pour espérer trouver une occasion de discuter avec Sarah. Jirômaru voulait entendre de sa propre bouche la fameuse condition que la jeune femme désirait poser au sujet du mariage. Son père venait d'y faire allusion mais il n'avait jamais laissé entendre qu'il la connaissait. Le Vampire devait la connaître, avant de lui avouer qu'il serait prêt à tout pour la protéger et l'aimer...mais seulement dans l'ombre.
En réalité, Jirômaru s'était égaré dans ses propres machineries et il commençait à le réaliser...
Sarah, qui ne devait être au départ qu'un simple sacrifice, avait pris une importance absolument extraordinaire dans sa vie. Aujourd'hui, le lord ne désirait plus la tuer et encore moins la jeter en pâture aux monstres de ses grands projets. Son coeur s'était adouci et il désirait réellement sauver la jeune Spencer. Il voulait restaurer son mode de vie et la préserver des Vampires belliqueux qui l'environnaient. Pour cela, il devait l'oublier, ou du moins s'effacer de sa vie, et ce visiblement. N'était-ce pas la seule solution possible ? S'il levait son emprise sur elle, les êtres de la nuit qui l'avaient prise pour cible afin de l'atteindre lui l'oublieraient enfin et elle pourrait reprendre le cour de son existence. Pourquoi les Longues-Dents se soucieraient-ils d'une humaine parmi tant d'autres ?
Mais Sarah était une Huntress...et cela changeait toute la donne: qu'il soit présent ou non, elle demeurerait une cible de choix pour toutes les créatures qui connaissaient sa double identité. A combien s'élevait donc leur nombre ? Sans doute à une petite poignée. Malheureusement, c'était suffisant pour qu'elle ne soit définitivement la proie de la nuit...Et QUI l'avait donc exposée ainsi aux dangers les plus mortels de la cité ? Le Comte ne cessait de se tourmenter à ce sujet...C'était LUI le coupable, et personne d'autre. C'était de SA faute si Sarah était désormais la cible du Sabbat et de tous les Vampires de la capitale. Sans son envie de la posséder et d'en faire son instrument, personne n'aurait posé les yeux sur elle et la jeune femme aurait pu poursuivre sa vie. L'avoir ainsi exposée aux rapaces qui rongeaient la société, de jour comme de nuit, avait été sa pire erreur...
Maintenant qu'il tentait de réparer cette dernière, le grand Vampire réalisait qu'il était trop tard, bien trop tard : il ne pouvait plus faire marche arrière. Abandonner le mariage lui permettait d'offrir à la jeune femme la liberté dont elle rêvait, mais rien ne pourrait plus lui rendre "l'anonymat". Sarah était évidemment déjà connue du grand monde avant que le Comte ne se rapproche d'elle, mais elle n'était encore qu'une ombre dans l'esprit des créatures de la nuit. Elle faisait partie de ces chasseurs qui n'avaient pas forgé d'image auprès des monstres et qui savaient manier le masque et l'épée avec soin. Mais depuis que Jirômaru avait posé son regard sur elle, ce masque avait fondu sur sa magnifique peau d'albâtre et lui avait laissé des cicatrices que tous reconnaissaient. Sarah ne serait jamais plus en sécurité. Les ennemis du lord l'avaient associée à ses machinations et lui avaient donné une dangereuse importance.
Comment réparer cette terrible erreur ? C'était impossible ! Il ne pouvait pas effacer ce qu'il avait fait vivre à la jeune femme ni occulter son image dans l'esprit de tous...Jirômaru s'était piégé lui-même. A part devenir son gardien, tout en restant dans l'ombre, il n'avait plus de solution pour la protéger.

Salluste, son vieil ami, lui aurait sans doute murmuré dans le creux de l'oreille qu'il devait l'oublier complètement et la laisser mourir. Qu'était une simple humaine dans la grande trame de son existence ? N'en avait-il pas rencontrées bien d'autres avant elle ? N'en connaîtrait-il pas de plus belles, de plus désirables ? C'était ridicule de s'attacher à une si petite chose ! Sa mort ne devait pas l'affecter. Il devait s'en détacher et se préoccuper de ses plans initiaux. Il n'avait pas besoin d'elle, ni dans sa vie personnelle, ni dans ses ambitions. Serviteurs, disciples, amantes...il possédait déjà tout ce qui lui était nécessaire et même superflu. Que lui apportait donc cette furie insolente ? Elle ne voulait même pas de lui !
Mais Salluste était mort et Jirômaru agissait avec son coeur. Il aimait Sarah du plus profond de son âme. Pourquoi avait-il développé autant de sentiments pour cette jeune femme en particulier ? Il l'ignorait. D'ailleurs, il s'était déjà fait la réflexion qu'il ne la connaissait pas réellement. A part son tempérament de feu, ses capacités d'adaptation et sa magie cachée, il n'avait jamais pu converser assez longtemps avec elle pour pouvoir prétendre la connaitre. Et pourtant...son visage le hantait chaque nuit et il se sentait responsable de sa vie. Il voulait la protéger, lui qui l'avait tant malmenée, et lui permettre de retrouver la paix qu'il lui avait volée...Elle représentait sans doute une forme d'absolution...
En avouant à Dorian qu'il ne désirait plus ce mariage, il avait choisi de la soutenir dans l'ombre, de l'aimer dans la solitude et de la regarder vieillir sans intervenir...L'excuse de son état de santé avait été toute trouvée, d'autant qu'elle n'était pas si mensongère que cela. Finalement, il avait pensé pouvoir marcher sur cette nouvelle voie avec aplomb et certitude.
Mais revoir Sarah après un mois de séparation lui avait poignardé le coeur et ses doutes venaient de réapparaître au creux de ses entrailles. Lorsqu'il l'avait détaillée, dans cette robe magnifique, et qu'il l'avait vue s'éloigner au bras de ce duc de Valentinois, dont les airs de coq étaient si agaçants, le lord s'était mis à ressasser sa conversation avec Dorian et à recalculer toutes les options qui se présentaient à lui. Son égoïsme avait piqué son sursaut d'humanité et l'avait renvoyé sur le chemin de la jalousie. Comment pourrait-il rester dans l'ombre et se contenter de la regarder évoluer au milieu des autres hommes ? Comment réussirait-il à la protéger tout en conservant une distance respectable entre eux ? Il n'en aurait jamais la force !

Il fallait qu'il réfléchisse à tout cela et surtout qu'il trouve un moment pour l'aborder et poser à plat tout ce qui les concernait.


************

Katherine

L'esprit quelque peu perdu, le Comte avait fendu la foule à l'aide de Ludwig et avait rejoint Ambre et Katherine. Son humeur fort maussade s'était légèrement apaisée au contact de la belle comédienne.
Miss Thornes était délicieuse. Pleine de malice et follement désirable, elle était parvenue à le dérider et à lui rappeler qu'il lui restait un échappatoire : celui du théâtre. Elle lui avait également prouvé une fois de plus qu'il demeurait lui aussi fort désirable. Cela avait redonné un peu de légèreté à son coeur et flatté son ego. Au passage, la contredanse anglaise qu'ils avaient exécutée ensemble lui avait fait grand bien. Le Comte aimait danser. Sur une piste, il se laissait volontiers aller à une certaine forme d'insouciance. Ses soucis s'estompèrent un instant, remplacés par l'idée qu'Antoine et Cléôpatre était une pièce décidément prometteuse. Ajouté à cela, le rendez-vous que Katherine et lui-même venaient discrètement de se donner dans la semaine pour la seconde répétition ne pouvait que lui redonner un peu d'entrain. Déjà, il entrevoyait la possibilité de la posséder enfin et de redonner à son quotidien (surtout à ses nuits) un peu de piment. Il se promit de lui envoyer un petit pli pour l'inviter et de trouver le moyen de la voir dans un entretien personnel...Après tout, il était le metteur en scène...


Jirômaru mourait d'envie de la revoir en tête à tête.


************

Chastity

Une fois les beaux yeux de Katherine perdus dans la foule, le Prince eut la chance de pouvoir danser une polka avec Chastity Stephenson. Sa belle amante et complice lui avait semblé soucieuse mais il ne s'était pas attardé sur son air légèrement pincé. Il s'était adonné à la danse, de la même manière qu'il l'avait fait avec sa charmante Cléopâtre, et son esprit s'était encore laissé amadouer par l'insouciance. Du moins...jusqu'à ce que Chastity ne lui dise qu'elle avait réellement une grande nouvelle à lui annoncer, une "nouvelle d'importance", et que son air contrit ne l'alarme enfin.
Jirômaru perdit bien vite le peu de joie que la piste venait de lui procurer et son front redevint soucieux. Quel nouveau problème allait-il donc devoir régler ? Chastity avait sans doute tué les cobayes durant ses expériences sur les Blood Tablett et allait lui demander d'en trouver de nouveaux ! A moins qu'elle ne lui annonce qu'elle ne parvenait décidément pas à remettre la main sur Raphaël Veneziano.

Seulement, la belle créature de la nuit lui réservait une surprise bien plus terrible...


Sur le balcon.

Une fois qu'ils eurent quitté la salle de bal et qu'ils se retrouvèrent sur le balcon qui donnait sur les jardins de la résidence Spencer, Chastity mit un certain temps à lui révéler son secret. Jirômaru s'impatienta. Cependant, il se tue et la laissa prendre un peu d'assurance. Il venait déjà de lui parler sèchement, il était inutile d'en ajouter. Il croisa les bras et fronça les sourcils. Le cobaye se portait bien. Une bonne chose ! Et donc ? Qu'est-ce qui l'inquiétait tant ?
Chastity évoqua soudain la soirée qu'ils avaient passée le jour où elle lui avait conseillé de se rendre chez la sorcière pour soigner le mal qui le rongeait. Sur le moment, le Comte ne réagit pas réellement. Pourquoi donc voulait-elle lui rappeler cette affreuse bonne-femme ? Une chose le frappa alors : éliminer cette dernière aurait dû être fait dans la foulée. Pourquoi avait-il laissé la vie sauve à cette folle ? Elle avait trop de pouvoir pour qu'il la laisse continuer son petit commerce ! Si elle avait pu le sauver lui, qu'est-ce qui l'empêcherait d'aider les Vampires du Sabbat, ou pire les Hunters ? Il faudrait qu'il s'en occupe au plus vite. Chastity venait peut-être justement lui expliquer qu'ils avaient un nouveau problème à gérer à cause d'elle...
Mais ce n'était pas là le sujet et Jirômaru mit du temps à comprendre qu'elle parlait d'autre chose et que la sorcière n'était absolument pas au coeur du débat. La belle désirait lui évoquer leur dernier ébat et ses joues se colorèrent. Le grand Vampire eut véritablement un mal fou à concevoir qu'elle puisse évoquer semblable chose en ces lieux. Et lorsqu'elle lui jura qu'elle n'avait vu personne entre-temps, son esprit s'égara. Mais de quoi parlait-elle ? Qu'en avait-il à faire ? Le croyait-elle donc jaloux à ce point ? Son air gêné ne présageait rien de bon. Avait-elle révélé à quelqu'un des informations très personnelle qui le concernaient ? Avait-elle parlé de ses stigmates, de ses cicatrices ou de ses pratiques intimes ?
La réponse qui vint mettre un terme à ses réflexions lui fit ouvrir la bouche. Béat d'étonnement et d'incompréhension, Jirômaru sentit une montée d'adrénaline lui envahir l'estomac et une étrange vague de chaleur se répandit dans tout son corps.


- Pardon ? fit-il avec une raideur effroyable.

La gorge sèche, il serra les poings. Comment osait-elle se moquer ainsi de lui ?! N'avait-elle donc aucune vergogne à jouer avec ses pires démons ?! Sans doute avait-elle appris que la sorcière lui avait ôté toute espérance d'avoir une descendance et qu'elle le testait pour en savoir plus ! La sale petite garce ! Était-ce là tout ce qu'il méritait ?!
Mais Chastity ne lui laissa (heureusement) pas le temps de laisser libre cours à sa soudaine colère. Elle explosa, et tenta de s'expliquer très rapidement. Son flot de paroles noya le Prince qui se sentit submergé par la nature des informations qu'elle lui délivrait maintenant.
Enceinte...Chastity était enceinte. Un médecin et sa domestique la plus proche le confirmaient. Elle n'avait vu personne d'autre que lui. C'était un cas extraordinaire, un miracle. Elle ne se l'expliquait pas.
L'agitation extrême dont faisait preuve la jeune femme et son ton des plus sérieux ne laissa bien vite plus de doute au grand Vampire : elle croyait fermement à ce qu'elle lui racontait-là. Mais c'était impossible ! Entre Vampires, la reproduction n'était pas possible. Toutes les créatures de la nuit le savaient parfaitement. Chastity lui affirma qu'elle le savait bien, cependant elle évoqua le fait que leurs natures soient assez exceptionnelles pour que cela puisse être une réalité.
Jirômaru comprit alors : Chastity n'était pas une vraie Vampire. Sa nature était autre. C'était une expérience de laboratoire, cette femme que l'on appelait "le Cobaye", et dont les capacités demeuraient plus étranges que celles des autres. Elle était plus humaine que quiconque chez les Longues-Dents. Ne pouvait-elle pas sortir en plein jour en se contentant de porter gants, lunettes et ombrelle ? Si, Jirômaru en avait déjà eu plusieurs retours...


- Impossible...souffla-t-il en reculant d'un pas.

Le Comte était devenu aussi pâle qu'un linge. Il recula encore, pris d'un haut le coeur. Mais qu'est-ce qu'elle lui chantait-là ?! C'était impossible ! Et pourtant...
Sa main saisit brusquement le bras de Chastity qui faisait les cents pas. Il l'arrêta, et sa poigne d'acier lui compressa les chairs. Ses yeux d'un gris profond la transpercèrent d'un trait mortel.


- Jure-le. Jure que tu ne te joues pas de moi !

Jirômaru aurait voulu hurler comme un diable et secouer son amante pour lui faire cracher la vérité. Mais ce n'était ni le lieu, ni le moment. Son regard se porta d'un convive à l'autre : ils n'étaient pas seuls sur ce balcon. D'ailleurs, il lâcha bien vite la belle pour éviter d'attiser les rumeurs qui couraient déjà (à raison) sur leurs relations.
Le lord se redressa et toisa de haut la duchesse. Son coeur battait la chamade. Jamais il n'avait eu aussi peur, ni éprouvé tant de...joie ? Son air terrible se fendit d'un sourire, léger d'abord, puis complet. C'était celui d'un carnassier prêt à faire un carnage. Ses canines dépassèrent de ses lèvres et ses yeux brillèrent d'une lueur étrange.


- Le docteur Forbes est un imbécile...rit-il en tiquant méchamment. Enlever ce...cet...enfant serait un véritable crime, envers moi, envers toute notre espèce, envers la science même...

Le Comte fronça les sourcils et son regard dévia. Il semblait en proie à une grande réflexion. Comment pouvait-il croire ce que Chastity lui avançait ? Il fallait la faire examiner d'urgence et aviser...Prendre une décision maintenant, à brûle-pourpoint, n'était pas envisageable. Mille et unes perspectives s'offraient soudainement à lui. Fallait-il garder cet enfant (s'il existait seulement) ? Quel bonheur de se connaître une descendance ! Lui qui avait dû offrir sa fertilité à Kate et pleurer la condamnation de sa lignée voyait peut-être ce soir la résurrection de son nom ! Si c'était vrai, que devait-il faire pour protéger ce nouveau rejeton ? Fallait-il l'afficher ou au contraire le cacher ?

* Maître, vos barrières ! *

L'avertissement d'Ambre raisonna dans sa tête et Jirômaru se ressaisit. Sa disciple venait de ressentir l'effondrement de ses barrières mentales. Une fois encore, ses émotions étaient venues parasiter ses capacités et ses pensées commençaient à s'échapper. Son aura elle-même s'était soudainement répandue dans un vaste périmètre et il dut faire un effort particulièrement désagréable pour la dissimuler de nouveau et condamner l'accès à ses pensées.
Ramenant son attention sur Chastity, il déglutit et soupira bruyamment. Il semblait cruellement perturbé.


- Ce que tu m'annonces-là est d'une gravité sans nom, Chastity...Nous devons t'examiner nous-mêmes et déterminer si ce que tu dis est vrai ou si nous nous égarons...Comment devait-il prendre la chose ? Comment devait-il réagir devant la jeune femme ? Devait-il lui montrer qu'il espérait de tout coeur que ce soit une réalité ? Chastity...Il s'approcha de son amante, un sourire gêné aux lèvres. Il semblait sur le point de pleurer. Si ce que tu me dis est vrai, alors tu ne saurais me combler davantage...Il serra bientôt les dents. Mais si tu as eu l'audace d'inventer une telle histoire, saches que je te tuerais sans vergogne pour ce que tu viens de me faire.

Son regard ne mentait pas : il le ferait. Car Chastity venait de lui offrir un espoir fou et briser ce dernier serait le plus grand affront qu'elle puisse lui faire.

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[HRP/ Je poste bientôt avec Vincento ! Désolée pour mon GRAND retard !/HRP]


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Dernière édition par Comte Keï le Jeu 9 Jan - 15:43, édité 2 fois
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Vincento De Santis
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeLun 7 Jan - 20:56

Bal et intrigues à Spencer's House

"Le crime appelle le crime.
N'entends-tu rien, petite flamme ?
Ecoute donc ce murmure infime,
Dévorer ta chair, consumer ton âme.”

Vincento de Santis & Astorre Monciatti

Un bel italien, aux yeux d'émeraude, aux manières impeccables, à l'accent presque effacé...Un aristocrate dont le titre brillait autant que les broderies qui ornaient son costume tiré à quatre épingles...
Ainsi Vincento apparaissait-il enfin, en public, en pleine soirée mondaine, là où personne ne l'avait attendu. Invité surprise, menteur perfide, loup dont les griffes sanglantes disparaissaient sous la farine pour montrer pattes blanches...Voici comment le fils du Comte entrait en scène ce soir-là...

D'abord, son ami, son frère, le "brave" Astorre, avait usé de son don maléfique pour charmer les impatients qui se pressaient sur le seuil de la maisonnée. Puis il lui avait laissé le loisir de faire inscrire leurs deux noms sur le registre, pour laisser une trace de leur passage et ainsi officialiser leur venue. Enfin, il s'était présenté aux hôtes de la soirée en se faisant passer pour un cousin du comte Keisuke. Cela n'avait rien eu de compliqué.
Mais comment ces deux hommes, ces deux Vampires, avaient-ils pu échapper aux autres gardiens ? Comment avaient-ils pu s'avancer sans se faire repérer par les sbires du Comte, ceux de la Camarilla et les grands amis de Sarah qui veillaient sur elle et les siens, notamment depuis son enlèvement par les membres du Sabbat ?
La réponse était simple : le Don Obscur. Astorre et Vincento étaient passés maîtres dans l'art de camoufler leurs auras, ce qui les rendaient parfaitement indétectables, même pour un Vampire de la puissance de Jirômaru. Astorre pouvait en outre exercer son pouvoir d'abandon sur les membres de sa propre race...
Malheureusement, ce n'était pas tout. Le Don Obscur n'aurait jamais réussi ce coup d'éclat à lui seul. Pas dans ce contexte si particulier. Il y avait également un autre facteur attaché à leur réussite : celui du meurtre.
Combien d'Humains et de Vampires avait coûté cette intrusion dans la ville de Londres ? Combien d'allégeances avaient-ils dû renverser pour pénétrer dans cette soirée ? La guerre des Sectes n'était pas une perte de temps pour tout le monde...Le Sabbat avait payé un lourd tribu lors de sa dernière action d'éclat, mais qu'en avaient-ils donc à faire ? Eux dont les noms ne pourraient jamais être liés à ces fanatiques imbéciles ?! Cela faisait tant de mois que les deux Vampires avaient préparé leur mise en scène...

Le sourire que Vincento adressa à Sarah quand ses parents la lui présentèrent fut dénué de toute fourberie. Pourtant, son coeur se gonfla d'une merveilleuse sensation de victoire. Le teint de la jeune femme, rosi par l'effort de sa dernière danse, lui donnait un visage à croquer, (littéralement), et sa mise légèrement défaite lui conférait un charme fou. Cette petite portait une robe digne d'une princesse, héritière légitime, certaine de son rang, et pourtant la fougue de sa jeunesse marquait ses traits d'une délicieuse touche de liberté.
Lorsque leurs regards se croisèrent, Vincento se laissa volontiers sonder par la jeune femme. Sans se départir de son sourire mondain, il la salua dans les règles de l'art, tandis qu'elle esquissait une courbette d'une grande élégance. La surprise qu'elle ne put dissimuler au moment où ses parents lui annoncèrent qu'il était "le cousin" du comte Keisuke amusa grandement le Vampire. Son sourire demeura le même, mais l'éclat de ses yeux se fit plus profond. Avait-elle compris ?

Alors que Sarah se perdait dans ses réflexions et que son éventail se dressait entre eux à l'instar d'une muraille salvatrice, Dorian Spencer proposa soudain à sa fille qu'elle introduise les deux hommes auprès de ses amis, afin de les intégrer dans cette soirée où ils n'étaient encore "que de parfaits étrangers". La belle sembla quelque peu perplexe mais son devoir était d'accepter. Cela aurait été d'une rare impolitesse qu'elle ose refuser une suggestion de son père devant ses invités.
Quelle magnifique occasion ! Vincento comptait bien pousser le vice jusqu'à son paroxysme avant que la soirée ne se termine. Son coeur battait la chamade depuis qu'il avait aperçu son père parmi les danseurs et il ne cessait de penser à lui. Son ennemi juré l'obsédait. Cependant, pour parfaire l'étau qu'il venait de jeter autour de ses entrailles, il devait d'abord resserrer les nombreux rouages qui composaient son mécanisme. Sarah était l'un des plus conséquents : il ne fallait pas le négliger.


- C'est une excellente idée, Monsieur Spencer ! fit-il en élargissant son sourire face à Sarah, avant de revenir sur son père. Nous nous en remettons à votre charmante fille, mais rassurez-vous : nous lui laisserons le temps de profiter pleinement de la fête, car après tout, c'est son anniversaire...Ces derniers mots furent prononcés lentement, tandis que son regard gagnaient à nouveau l'océan des yeux de Sarah, prélude à la grande intrigue qui allait suivre, qu'elle le veuille ou non. Milady...dit-il en lui tendant le bras. Je vous laisse nous guider...

Vincento attendit que Sarah accepte son bras et la laissa le précéder dans la foule pour les diriger vers ce que son aimable père appelait ses "connaissances" - sans doute quelques galants et cocottes qui espéraient quelques privilèges supplémentaires, des beaux partis ou de nouveaux sujets de commérage.
Astorre profita de sa solitude pour s'attarder près de Dorian et de sa femme afin de leur glisser quelques mots :


- Nous souhaiterions offrir à votre fille des soieries d'Italie et notamment une robe vénitienne. Cependant, nous aurions besoin de quelques mesures afin de la faire ajuster avec soin. Il baissa encore la voix. Si vous me permettez, et si vous acceptez notre présent, je reviendrais vous voir avant notre départ pour quérir auprès de vous ces informations. Bien évidemment, nous ne nous permettrons pas d'en prendre connaissance nous-mêmes. Si vous pouviez les mettre sous pli afin que nous les remettions en mains propre à notre couturier, nous vous en serions infiniment reconnaissants. Monsieur de Santis y tient beaucoup...

Astorre jeta un regard à Vincento qui s'éloignait doucement avec Sarah et sourit aux Spencer en glissant son doigt contre ses lèvres, comme s'ils venaient d'être mis dans une grande confidence, avant de rejoindre son ami et maître. Arrivé à la hauteur du couple, il soupira de contentement : il était assuré que ce genre de petits "complots" aristocratiques plaisait énormément aux nobles de l'acabit des Spencer. Leur fille venait de se trouver deux nouveaux galants particulièrement attentionnés...

- Vos parents sont charmants, fit Vincento avec douceur tandis qu'il obligeait la jeune femme à ralentir le pas. Tout à fait adorables...Votre mère est amusante ! Quelle amabilité ! Quelle femme éloquente ! Pour ne pas dire "bavarde". Je dois vous avouer que je ne m'attendais pas à un tel accueil. Mon cousin ne m'a pas attendu pour entrer dans la danse, mais il a dû me présenter avant que je n'entre... Pur bluff. Les conditions rendaient l'illusion particulièrement aisée à mettre en place devant Sarah et ses parents, d'autant qu'il avait compris que son père n'avait pas encore eu l'occasion de discuter avec la belle héritière. Il semble très occupé...Je l'envie vous savez : il est si populaire !

A leurs côtés, Astorre sourit avec amusement. C'était si facile !

- La popularité ne fait pas tout : Monsieur le Comte devrait se méfier de sa réputation, surtout avec les femmes...fit-il avec une pointe d'ironie dans la voix qui indiquait très clairement sa désapprobation.

- Ne parlez pas ainsi de mon cousin je vous prie, Monsieur Monciatti, répliqua aussitôt Vincento sur un ton de reproche.

Le renard qui enfonce le vieux loup...comme c'était amusant ! Les murmures des uns et des autres n'avaient pas échappé aux deux Vampires qui sauraient en jouer auprès de la belle humaine. Ils savaient qu'elle détenait le secret de leur immortalité à tous les trois, mais ils savaient également que son coeur hésitait entre deux mondes et que celui que lui offrait le Comte ne lui déplaisait pas tout à fait. Leurs enquêtes et les événements relayés dans les journaux ou chez les Vampires leurs permettaient de jouer avec ce genre d'élément. Manipuler les sentiments d'une femme aussi complexe que Sarah ne serait jamais chose aisée, mais les cartes qu'ils possédaient en mains ce soir, en plus des erreurs multiples que Jirômaru ne cessait visiblement de faire, allaient leur permettre de demeurer en tête de la nouvelle partie qui se jouait.


- Ce n'est ni le lieu, ni le moment d'évoquer ses conquêtes ou ses aspirations cachées. Ne me faites pas croire que vous-même vous ayez toujours eu le coeur certain de ses penchants et de ses élans !

Sarah n'était pas une idiote : il était évident que les deux hommes se jouaient d'elle et qu'ils mettaient en avant les infidélités du Comte. Ils se servaient des rumeurs avec perfidie et ne s'en cachaient que peu. Seulement, le contexte ne lui permettrait pas de défendre son "fiancé" avec trop de ferveur. Cela ne pouvait donc que la pousser à l'amertume et à démultiplier ses doutes.

- Dites-moi, Miss Spencer, comment avez-vous rencontré le Comte ? fit soudain Astorre en bondissant légèrement près d'elle, comme s'il fût passionné par la question.

Vincento se fendit d'un sourire mesquin. Quelle fable allait-elle pouvoir inventer-là pour répondre à cette question ?
Mais, tandis qu'il attendait, impatient, que Sarah ne se sorte de leur petit piège avec une pirouette habile, une porte immense s'ouvrit dans son esprit et ses deux grands pans laissèrent une lumière éclatante l'envahir. Un flot de pensées confuses le pénétra et le heurta avec la puissance d'une vague de tempête. Il s'arrêta net dans sa promenade avec Sarah et sembla pris d'une étrange nausée. De son côté, Astorre cligna des yeux comme s'il venait de prendre un moucheron dans l'oeil et frissonna, perturbé lui aussi. Plusieurs convives subirent la vague, chacun à leur manière, en tâchant de garder contenance, et quelques têtes se tournèrent discrètement vers le balcon où le Comte avait disparu avec miss Stephenson. Toute cette agitation ne fut guère perceptible pour les humains, car les immortels savaient se contrôler d'instinct face à ce genre de faille.
La porte se referma presque aussitôt et Vincento sentit le flux se retirer et le condamner à la solitude. Qu'est-ce que c'était ?! Qu'étaient toutes ces voix ? Pourquoi s'était-il vu l'espace d'un instant ? Et pourquoi avait-il ressenti tant de joie pour finalement la voir disparaître en un claquement de doigts ?


* Le Comte a abandonné toutes ses barrières psychiques. Nous ferions bien de ne pas traîner. Il a dû sentir notre présence...*

* Non. Cela n'a rien à voir avec nous...*

Qu'est-ce qui avait bien pu ouvrir l'esprit d'un Vampire aussi puissant que son père au point de l'exposer ainsi à tous les dangers ? Il fallait le découvrir à tout prix ! C'était une manière dangereuse, certes, mais tellement plus évidente de le posséder ! Quel imbécile ! Tous les Vampires de la soirée avaient eu accès à son être !

* J'aurais dû le pénétrer, là, maintenant ! * Rugit mentalement Vincento.

* Ne dis pas de bêtise. Il t'aurais tué. Son aura seule peut te réduire à néant. *

* N'exagère pas ! Tu vois bien qu'il se fait vieux, Astorre...Oui, il se fait vieux...* Si une pensée pouvait sourire, alors celle-là souriait toutes dents sorties.

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Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Erdjan10
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Sarah Spencer
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeMer 22 Mai - 15:14

Bal et intrigues à Spencer's House

L'attente est un chemin qui mène à la déception


Minuit venait de passé et la soirée battait son plein; les invités profitaient des joies et de l'allégresse du bal en se régalant de la nourriture, des bon vins, des conversations et des derniers rebondissements qui ponctuaient la soirée. Certains couples tiraient profit de l'ambiance mouvementée de la salle pour s'éclipser dans la fraicheur de la nuit où derrière une tenture en quête d'un peu d'intimité. Un ou deux journalistes des journaux mondains s'étaient glissés parmi les invités, profitant de la cohue aux portes pour passer inaperçus. Errant parmi autres convives, ils notaient avec plaisir les toilettes les plus raffinées, les plats exotiques et les ragots et petits scandales qui éclataient ici et là. Leur petit carnet se remplissait de note et leur article du lendemain régalerait leurs lecteurs qui n'avaient pu se présenter à l'événement. Oui, la fête semblait en voie de devenir une réussite.

Au milieu de la salle, la belle héritière agitait doucement son éventail, jette un coup d'oeil affable au petit groupe qu'elle formait avec ses parents et les deux invités surprises. Après un bref signe de tête, Blake avait abandonné la jeune femme, prétextant une rencontre importante. Sarah ne lui en voulait pas, il n’était pas le genre d’homme intéressé par les intrigues de la société. Ainsi étaient les Écossais. Elle enviait le jeune homme d’une certaine manière; qu’est-ce qu’elle n’aurait pas donné pour pouvoir traverser la salle en toute liberté et apparaitre sur le balcon pour voir ce que faisait le Comte et la belle cantatrice en cet instant ? Elle aurait pu avoir son avis sur ce fameux cousin... La liberté qu’elle avait acquise sous l’apparence de Gabriel lui manquait et elle ne pouvait se débarrasser de l'image du Comte et d'une autre femme dans une étreinte passionnée. Les révélations de la Campbell l'avait choquer. Bien sur, elle avait toujours su que le Comte avait des amantes mais elle s'était dit que... Que quoi exactement? Qu'il allait cesser maintenant qu'elle lui avait ouvert son coeur? Qu'il aurait la décence de se montrer plus subtile avec ses conquêtes? Qu'il choisirait ses partenaires avec un peu plus de parcimonie? Une actrice scandaleuse et maintenant une plantureuse cantatrice. Comment ne pas ressentir de l'amertume, de la jalousie, alors qu'elle était piégée au milieu d'une foule dont elle se moquait éperdument pendant que l'homme qu'elle attendait folâtrait sur le balcon sans même avoir eu la délicatesse de venir la voir? Que représentait ces femmes pour le Prince de la nuit? Lui qui semblait toujours être entourée de beauté gracieuse. Pourquoi la fuyait-il? Comme elle regrettait de ne pas avoir une nouvelle coupe de champagne à terminer pour faire passer sa rage.


-Il va vous tuer, vous le savez, n'est-ce pas ?


Cette terrible phrase continuait de hanter son esprit. Pourquoi avait-elle l'impression de n'être qu'un pion de plus sur son échiquier? Pourquoi lui donnait-il toujours l'impression d'être inaccessible?


-Vous ne pourrez pas le sauver.


Pourquoi cette fatalité lui donnait envie de pleurer? Son regard se porta de nouveau au-delà de la foule qui l'entourait, vers la porte-fenêtre par laquelle un couple entra sans être celui qu'elle attendait. Il était évident que les deux jeunes gens étaient sortie à l'extérieur pour profiter d'autre chose que de la température clémente. La jeune femme avait le chignon défais, ses lèvres étaient enflées et le rouge de ses joues ne mentait pas. C'était donc cela que faisait le Comte à l'extérieur? La Chasseuse n'avait qu'une seule envie c'était de sortir à son tour sur le balcon pour mettre les choses au clair, mais pour l’instant elle devait se contenter de ronger son impatience dans une immobilité courtoise à écouter le babillement des invités autour d'elle. Chacun se bousculait pour observer d’un peu plus près les deux nouveaux venus qui semblaient désormais être le centre d’intérêt de la soirée. Ce n’était pas l’attention qui leur était accordée qui l’exaspérait, mais plutôt qui étaient les deux hommes. Des Italiens, des habitants du grand continent, des vampires européens... Une fraicheur exotique qu'elle ne pouvait s'empêcher de trouver alarmante…  Malgré la bienséance, elle n’avait pu s’empêcher de détailler les deux européens, s’attardant plus longtemps sur le sieur de Santis que ne l’aurait permis une bonne éducation. Sa beauté d’immortel était indéniable. Il se dégageait de lui la même aura de fascination unique aux être de la nuit et qui avait le don de d'envoûter rapidement les femmes. D'ailleurs, plusieurs d'entre-elle se pressaient désormais sur le petit groupe, chuchotant derrière leur éventail dans l'espoir d'être présenté. Sarah devait prendre garde si elle ne voulait pas se laisser entrainer à son tour à trouver le vicomte agréable avec sa beauté et ses manières raffinées. Pourtant il y avait quelque chose de sauvage, d’intrigant dans ses yeux verts. Le même mystère auréolé de force qu’elle trouvait parfois dans les yeux du Comte. Ce n’était pas un homme faible, à n’en point douter, mais était-il un allié ou un adversaire?

Qui étaient-ils réellement? Elle n’osait pas croire à cette histoire de famille et pourtant il y avait quelque chose de si familier dans l’apparence, le regard et les manières du Sieur de Santis qu’elle ne pouvait réfuter l’idée d’une appartenance avec le Comte. Pourquoi ne lui en avait-il jamais parlé? Quel autre secret le vieil immortel cachait-il encore? Ne pouvait-elle pas être déçue qu’il ne se soit pas encore présenté? Ne venait-elle pas d’accepter sa proposition de mariage? Pourquoi lui donnait-il l’impression de la fuir? La colère des dernières révélations, mais aussi la joie secrète de le revoir l’habitait encore et ce moment semblait se retarder à n’en plus finir.

La Chasseuse aurait poursuivi ses sombres machinations si son père n’avait pas interrompu le fil de ses pensées à cet instant pour lui demander d’introduire les jeunes gens à la soirée. Le fameux cousin ne la laissa pas s’épancher plus longtemps sur sa déception.


- C'est une excellente idée, Monsieur Spencer ! Nous nous en remettons à votre charmante fille, mais rassurez-vous : nous lui laisserons le temps de profiter pleinement de la fête, car après tout, c'est son anniversaire...

Leurs yeux se croisèrent de nouveau et Sarah eut l’impression de partir en combat. L’Italien semblait être un adversaire de taille et malgré la situation, il l’intriguait. Lors des présentations, il l'avait salué selon les normes, se mouvant avec une grâce qui révélait une certaine agilité. Son sourire mondain s'était même élargis lorsqu'elle l'avait sondé sans retenus. Pourtant ce fut vers son père que l'héritière se tourna. Maintenant que la présence du Comte à cette soirée s’était confirmée, l’annonce de leurs fiançailles aurait dû occuper toute l’attention de ses parents, pourtant ils étaient plus que désireux de la voir passer du temps en compagnie d’un autre jeune homme.

- Milady... dit le bel italien en lui tendant le bras.  Je vous laisse nous guider...

Après un sourire aimable, la magicienne rangea son éventail avant de saisir le bras de l’homme, sentant sous le tissu de sa chemise les muscles de son bras. Malgré sa stature, il disposait donc d’une musculature conséquente qui ne faisait pas très italienne. La belle reteint un rougissement se demandant si la ressemblance des deux cousins continuait, une fois leurs vêtements enlevés. Souriant à sa propre pensée indécente, l'aristocrate secoua la tête; l’effervescence du champagne lui donnait de drôles d’idée. D’un air déterminé, elle fit donc quelque pas, cherchant des yeux des connaissances intéressantes à présenter. Chemin faisant, elle se rendit compte de la difficulté de la situation; comme elle ne connaissait pas les deux hommes, ni leur intérêt, il lui était difficile de cerner des êtres susceptibles de les intéresser… ou de devenir des proies. Et le couple qu'ils formaient semblait dégageait une telle prestance que personne n’osait les approcher. Elle pouvait sans doute les présenter à l’entourage du Comte, sachant que ses acolytes attendaient tout comme elle le retour du grand homme. Quelle serait la réaction lorsque le fameux cousin ferait son apparition. Cette idée arracha un sourire à la belle qui se rendit compte qu’il leur manquait un comparse. Elle remarqua alors que l’horloger s’était attardé près de ses parents. L’alchimie des deux hommes lui semblait plus évidente à présent. Monciatti semblait être l’homme de main, le fidèle compagnon de Vincento, un acolyte des plus efficaces qui lui faisait penser au grand noir qui accompagnait souvent Jiromaru. Tandis qu’ils s’éloignaient, elle vit l’italien se pencher vers ses parents comme s’ils échangeaient une confidence des plus amusantes. Définitivement, l’immortel avait des manières à le rendre agréable et intime très rapidement avec les gens, car lorsqu’il quitta la famille, l’héritière ne put s’empêcher de voir les joues de sa mère rosies par le plaisir. Elle n’entendit pas sa réponse flatteuse face au cadeau que lui proposait le bel homme lui assurant qu’elle aurait les informations nécessaires à la conception du présent et qu’elle se chargerait elle-même de leur remettre lorsqu’il se croiserait de nouveau. Monsieur Spencer pour sa part avait eu une nouvelle lueur en regardant le charmant couple que formait sa fille avec le cousin du Comte. Et si c’était là le prétendant que le Sieur Kei lui avait parlé? L’italien lui avait fait bonne impression, il espérait que sa fille serait également de son avis.

La magicienne du ralentit le pas tandis qu’Astorre les rejoignait. Vincento ne semblait pas presser outre mesure à atteindre l’un des groupes des invités, comme s’il souhaitait s’entretenir un peu avec la chasseuse. Celle-ci ne pouvait lui en vouloir; s’il était intrigué par elle ne serait-ce que la moitié de ce qu’elle était par lui, cette conversation était nécessaire. Pourtant, derrière cette jovialité, elle décelait un air pompeux et arrogant tandis qu’il observait les invités autour d’eux. De Santis se déplaçait avec la grâce d’un prédateur paresseux, dégageant un charisme absolument ensorcelant qui fit tourner la tête à bien des dames et même de certains gentlemans. Bientôt la rumeur enfla et des chuchotements de mit à courir sur leur passage tandis que le Vicomte gardait fermement la main de la jeune femme prise sous son bras.
 

-  Vos parents sont charmants, fit Vincento avec douceur.  Tout à fait adorables...Votre mère est amusante ! Quelle amabilité ! Quelle femme éloquente !

Sarah ne put s’empêcher de sourire avec tendresse à ce commentaire. Elle vouait à ses parents un attachement tout particulier, malgré leur constante opposition et leur querelle, elle les aimaient profondément. Et puis, n’était-ce pas là la nature même des relations parents et enfants? Ils devaient finir par s’opposer, c’était ainsi que chacun trouvait sa voie. Pour l’héritière la situation se compliquait un peu plus. Elle était éprise de liberté et sa double vie l’avait toujours amené à cacher énormément de choses à sa famille. D’abord, car ils n’auraient jamais compris, mais aussi pour les protéger. Jamais elle ne se serait pardonnée qu’on ose s’en prendre à eux pour l’atteindre elle. Son combat contre les créatures nocturnes ne l’avait toujours concerné qu’elle.

-  Je dois vous avouer que je ne m'attendais pas à un tel accueil. Mon cousin ne m'a pas attendu pour entrer dans la danse, mais il a dû me présenter avant que je n'entre... Il semble très occupé...Je l'envie, vous savez : il est si populaire !

La belle fit semblant d’observer les invités pour ne pas répondre à ce sous-entendu. En effet le Comte était beaucoup trop populaire à son goût, surtout avec la gent féminine, mais elle n’allait pas répondre à cela à voix haute. La pique semblait éloquente et pourtant cela ne devait être qu’un échappement dû à l’éducation étrangère du jeune homme. Le vicomte avait sans doute voulu faire une boutade qui s’était développée avec maladresse. Un gentleman n’aurait jamais osé faire une telle remarque à une Lady. Pourtant, il semblait au courant de la proximité qu’elle entretenait avec le Comte, peut-être était-il déjà au courant des fiançailles? L’héritière se confondit d’un sourire aimable.

-Malheureusement je n’ai pas encore eu l’occasion de le croiser. Il y a tant de monde, vous savez...Bien piètre excuse.Et je me suis absentée pendant si longtemps, j'ai l'impression que la foule se presse pour me voir. Il y a même une rumeur qui racontait que j'avais à présent la peau de la couleur des grenouilles, ils avaient hâte de constater cela par eux-même.

Sa propre blague ne la fit pas rire. Voulait-elle réellement repenser à son séjour dans la rivière? Où encore aux jérémiades et insultes à peine dissimulées qu'elle endurait depuis son apparition. Sa jambe l'élançait mais l'ondine s'efforça de garder un pas aérien.

-Mais à présent j'ai plutôt l'impression que c'est vous que l'on observe Mylord, votre entré n'est pas passé inaperçus. Deux bels hommes pour divertir ces dames, vous ne resterez pas des étrangers bien longtemps.

Sa flatterie courtoise qu'elle destinait à changer le ton de leur conversation ne pris pas et cela n’empêcha pas l’horloger de renchérir. [/i]

- La popularité ne fait pas tout : Monsieur le Comte devrait se méfier de sa réputation, surtout avec les femmes...

Une envie profonde de jeter une coupe d’eau bénite au jeune homme traversa l’esprit de la Chasseuse. Sa colère à peine calmée, elle ne voulait pas entendre parler de sitôt des bassesses de son futur fiancé et elle fut momentanément rassurée lorsque le cousin du Comte reprit la parole.

-  Ne parlez pas ainsi de mon cousin, je vous prie, Monsieur Monciatti, lui reprocha aussitôt son ami. Ce n'est ni le lieu ni le moment d'évoquer ses conquêtes ou ses aspirations cachées. Ne me faites pas croire que vous-même vous ayez toujours eu le coeur certain de ses penchants et de ses élans !

L’impertinente remarque sembla passer inaperçue du côté de Sarah, mais elle l’atteignit en plein cœur. Instinctivement ses yeux s’égarèrent vers le balcon où le Comte avait disparu avec sa belle intrigante et dont il n’était toujours pas revenu. Ce qui lui avait sembler au premier abord être une maladresse de la part des Italiens était en fait un geste délibérer. Ils étaient donc au courant des rumeurs et ils tentaient de la provoquer. La jalousie et la colère qui l’avaient habitée quelque instant avant sa dernière danse lui reviennent brusquement et le sourire mondain de Sarah se tarit imperceptiblement. Ainsi donc même les nouveaux venus étaient au courant des ragots fort désobligeants qui circulaient à propos du Comte. Elle eut encore une fois la terrible impression d’avoir été laissée seule dans une ignorance dont tous se moquaient à présent. Elle n’arrivait pas à imaginer l’homme vers qui son cœur oscillait s’étendre dans une luxure sans borne avec une autre. Ses joues rosirent légèrement. Elle qui n’était encore qu’une oie vierge ignorante de l’Art de l’amour, elle avait l’impression de ne pas comprendre ce dont tous discutaient avec allégresse. Consciente que les regards étaient posés sur elle et que les deux hommes guettaient sa réaction, elle se concentra sur son pas, comme si elle évoluait dans la foule vers une destination précise, alors qu’il n’en était rien. Ils tentaient de la mettre mal à l’aise. Quelle grossièreté tout à fait européenne ! Il n’y avait qu’eux pour transformer une discussion sociale en réplique désobligeante. Un vrai gentleman n’aurait pas abordé un sujet aussi déplacé avec une demoiselle. Mais peut-être oubliaient-ils sont rang, ou la considéraient-ils comme un simple calice puisqu’elle semblait connaître le secret de leur immortalité. Qu’importe, elle n’allait certainement pas se laisser faire par deux vénitiens. Elle ne pouvait certes pas défendre l’attitude de son prétendu fiancé alors qu’elle venait à peine d’être mise au courant de la situation. Elle ne pouvait pas non plus laisser son cousin se permettre ce genre de commentaire désobligeant. Une lueur dangereuse s’alluma dans le fond de ses yeux et ce fut sans retenue qu’elle pivota la tête afin d’observer le jeune vénitien.

- Il me semble connaitre le Comte depuis une éternité, mais je ne pourrais me permettre de dire que je suis dans ses secrets... qui sait ce que recèle le cœur d’un homme... et ses véritables aspirations?

Sa dernière réplique s’adressait à l’italien directement. Ses desseins l’intriguaient et elle avait bien l’intention de découvrir sa véritable identité et la raison de sa soudaine apparition. Et si cela avait rapport avec l’étrange maladie du Comte? Avait-il rappelé à lui des alliés pour l’aider dans sa quête, ou pire lui succéder ? Elle chassa d’un revers de main cette pensée néfaste. Le Comte s’était parfaitement remis. Ne l’avait-elle pas vu danser, discuter? Avec d’autre qu’elle, mais, qu’importe, il n’était plus dans cette horrible faiblesse dans laquelle ils s’étaient quittés il y avait bientôt un mois. Les deux Italiens étaient rusés. Il était indéniable qu’ils maitrisaient l’art de la conversation et les retors des discussions sociales. Ne l’avait-il pas coincé habilement avec leur sous-entendu? Il fallait qu’elle soit prudente avec eux. Son regard se fixa de nouveau sur le Vicomte. Il avait quelque chose irrésistible en lui, de sauvage. Il semblait entretenir un épais mystère et un bon nombre de secrets que sa curiosité la poussait à découvrir. Il n’était pourtant pas son type d’homme. Quoique, entre Alexender et Jirômaru, les deux hommes n’avaient définitivement rien en commun.  Le jeune visage de Vincento était ponctué d’une impressionnante maturité qui trahissait les années humaines qu’il avait dû traverser.

-Dites-moi, Miss Spencer, comment avez-vous rencontré le Comte ? demanda soudainement Astorre.

La question prit la belle au dépourvu. C’était bien la première fois qu’on lui demandait. Bien sûr, la fameuse nuit dans le parc, dans le musée puis dans son repère sous l’Opéra restait fraichement inscrite dans sa mémoire et toute la violence de leur rencontre lui semblait à la fois encore bien présente et pourtant si éloignée. En quoi cela pouvait-il bien intéresser le cousin, à moins qu’il ne fût déjà au courant ? Elle décida d’user d’une réponse diplomate où se conservait une part de réalité.


-Lors d’une soirée, une conversation nous a fortement opposés et

La réponse de Sarah s’estompa tandis que Vincento, à qui elle tenait le bras, s’arrêta brusquement, comme s’il éprouvait un brusque malaise. Son visage perdit quelque couleur et son ami sembla retenir un éternuement. La belle héritière leva la tête à la recherche du Comte dont la simple présence provoquait souvent une forte réaction. Mais il n’y avait aucune trace du Prince. Dénuée des sens magiques des vampires, elle ne put percevoir la vague qui frappa les immortels présents dans la salle ni le regard chargé d’inquiétude de la belle Ambre.

Aussi la Chasseuse garda-t-elle son attention sur ses deux invités qui semblait avoir momentanément oublié sa présence. Elle les regarda se fixer sentant instinctivement qu’ils échangeaient des pensées. Sans pouvoir comprendre le sujet de leur conversation mentale, la jeune femme observa le cousin étirer ses lèvres en un sourire presque triomphant.


-Quelque chose d’amusant Mylord?

Sa demande sembla réveiller les deux hommes et il lui sembla même déceler une note de surprise dans le regard du fameux cousin. Elle leur faisait clairement comprendre que leur petit entretien n’avait pas passé inaperçu à ses yeux attentifs. Ils devaient se douter qu’elle n’était pas une simple mortelle et si cela ne leur avait pas encore été révélé, ils n’allaient pas tarder à découvrir qu’elle connaissait bien le monde de la nuit.

Le sourire affable, la belle les observa d’un regard pénétrant. Il était inutile de jouer plus longtemps, elle n’avait jamais été d’une nature patiente et sa carrière de chasseuse lui donnait une connaissance des immortels indéniables. Et ces deux-là l’intriguaient grandement. Profitant de se trouver près de l’orchestre qui était dénué d’autre invité, la belle héritière en profita pour reprendre les rênes de la conversation que les deux hommes avaient menée jusque-là dans un duo redoutablement efficace. Ragaillardis par les effets du champagne, elle eut l’audace d’un geste subtile, de se rapprocher du Vicomte tout en continuant d’observer la foule, comme si elle allait lui glisser quelques confidences à l’oreille sur tels invités ou encore un ragot croustillant. À cette proximité, elle sentit le parfum du jeune homme frôler ses sens, il avait une odeur virile et capiteuse. Coller contre son bras, le tissu vénitien de sa chemise vint caresser sa peau nue et elle du retenir un frissonnement. Même si elle ne le regardait pas directement, elle pouvait voir les reflets d’or briller au fond de son regard vert de l’intriguant personnage.


-Je vous aie avoué ne pas tout connaitre de votre cousin, dit-elle en appuyant fortement sur le terme, mais je ne peux m’empêcher d’être fort surprise de votre existence. Non pas que le Comte ait simplement omis de vous présenter, mais je crois bien qu’il ne vous a jamais mentionné et je n’ai pas souvenir d’avoir entendu parler de vous par les deux grandes ''familles'' de Londres, si vous me suivez bien...

Elle jouait encore à mot couvert, elle voulait parler des sectes bien évidemment. Se penchant légèrement vers son oreille dont elle remarqua pour la première fois la boucle, elle lui murmura avec un sourire entendu

-Qu’êtes-vous réellement venue faire à Londres, monsieur de Santis, et à cette soirée?




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Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Signat10
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Katherine Thornes
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeMer 7 Aoû - 14:10

Les mains tremblantes Katherine ne pouvait s’empêcher de se frotter les doigts. Ses muscles étaient tendus et le souffle rapide. Paniquait-elle? c’était mauvais signe. Il lui fallait de l’eau bénite et es mains d’un autre, plus humain, pour oublier ce contact effroyable. Le Comte n’était pas un être répugnant physiquement. Il était même au-delà de ses espérance. Une créature sublime, quasi irréelle. Un démon superbe prêt à faire succomber toutes les femmes de Londres. Cependant, ce qu’il était, son essence-même, donnait des nausées à la jeune femme. Un insupportable dégût s’emparait d’elle à chaque pensée qui se heurtait à cette image. Jiromaru avait beau être un être d’une beauté indescriptible, il n’en restait pas moins un monstre. Une créature bravant les siècles, contemplant une éternité aussi sombre que leur âme, se nourrissant à la source même de la vie, écrasant les autres espèces pour exister. Piétinant les hommes de leur superbe, les faisant rêver, miroiter la belle illusion d’une vie de plaisir, de beauté et les tuant sauvagement. Ces êtres n’avaient aucune pitié. Homme, femme, enfant, nourrisson. Sa gorge se serra. Même leur propre famille devenait du simple bétail. Perdaient-ils leur coeur lors de leur transformation? Ce qui était mort une fois se devait de l’être pour toujours. Dieu en pouvait permettre une telle atrocité.

Face à Michael qui se faisait insistant, la jeune hongroise conserva une certaine distance. Elle ne voulait pas de scandale pour ce soir. Les regards obscènes et outrés de certains invités la dégradaient suffisamment. Pouvaient-ils seulement l’ignorer? Il était si dur d’être une femme libre, une femme seule dans cette capitale victorienne. Tout tendait à la discréditer, à l’humilier. Ses plus simples désirs étaient perçus comme ignominies. Etaient-ils pour autant tous plus blancs, plus purs qu’elle? Ils étaient tout simplement plus vicieux, plus cachottier. Que le premier ici qui n’a jamais trompé sa femme ou songé à le faire la pende sur le champ. Que la première qui n’a jamais rêvé d’une vie libre et sans contrainte la brûle vive! Tous des hypocrites.

Prenant la première coupe de champagne qui filait sous son nez, Katherine se dirigea vers l’un des buffets les plus éloignés afin de profiter d’un peu de tranquillité. Michael avait bien remarqué son humeur maussade et n’insista donc pas pour la rejoindre. Ses yeux se posèrent sur plusieurs feuilletés. Si elle avait été dans sa demeure, nul doute qu’elle aurait pris tous les plateaux pour les manger devant la cheminée. La Hongroise était contrariée et la contrariété lui ouvrait l’appétit ou peut-être était-ce seulement un moyen de s’occuper l’esprit.. ?

Mangeant discrètement un petit fourré, elle sursauté lorsqu’une main se posa sur sa taille. Les nerfs lui avaient fait perdre sa vigilance. Se rattrapant à la table, cette dernière produisit un grincement fort peu agréable. Le souffle coupé elle se retourna et fit face à l’importun : un homme de haute stature à peine plus âgé qu’elle. Sa musculature n’était pas des plus développée mais ses jambes étaient élancées. Certainement un bon danseur et un fonctionnaire. Il avait l’air de ceux qui travaillaient dans les bureaux. Encre, plume et papier tel était leur quotidien. De la comptabilité peut-être ? Non elle le voyait plutôt greffier. Ce n’était cependant pas ce qui importait le plus. Fronçant les sourcils elle voulut le repousser mais il prit son verre de ses main et s’exclama :


« - Allons mademoiselle Thornes, un petit creux ? Une petite soif ? Ce ne sont pas des manières pour une Lady… vous ne devriez pas boire à cette heure-là, vous comprenez… une femme seule... »

L’alcool commençant à faire effet elle ne put réprimer le rouge d’envahir ses pommettes. De délicates fleurs rosées parsemèrent ses joues. Ses yeux se perdirent vers la foule. Michael avait perçu le mouvement et d’un regard elle le dissuada de foncer tel un taureau vers son nouvel ennemi. A part eux, personne ne semblait réellement se soucier de la situation. Sa main se posa sur le torse de l’inconnu et elle effectua une pression assez forte pour tenter de le repousser. Son regard se fit mauvais. L’homme refusait de s’écarter. Pire encore, il la pressait contre la table.

« - Hmm… Votre nom… Sir… Hmm... » fit-elle négligement.

« - Andrew Standfor, ma belle. »

« -Oui Andrew c’est ça… je vous somme de vous décaler immédiatement. Je ne saurai répondre des actes qui pourraient s’en suivre. »

Andrew éclata de rire et prit son menton entre ses doigts.

« - Allons, vous êtes bien connue pour ça, non ? On m’a raconté vos conquêtes, les couples que vous avez brisés, les femmes que vous avez rendues cocue. On m’ a dit que vous ne savez résister à un quelconque assaut de désir. »

Un sourire méprisant déformant ses lèvres, Katherine se mit à rire. Il n’était pas le premier homme qu’elle repoussait et ce ne serait certainement pas le dernier.

« - Je choisis des amants plus… virils et moins lâches. »

Son air se durcit. Tout alla très vite. Piqué à vif il resserra sa prise et l’embrassa brusquement. Ses lèvres venaient délier les siennes. Rougissante et outrée qu’il aille jusqu’à violer son intimité la demoiselle le mordit violemment jusqu’à faire jaillir le sang dans sa bouche. Andrew gémit et la repoussa violemment. Le regard fou Katherine lui cracha son sang au visage puis lui asséna une gifle peu plaisante pour un homme aussi fier que lui.

« - Comment osez-vous ? Qui vous permet d’agir de la sorte ? Vous n’avez donc point d’éducation ? »


Quelques regards se braquèrent sur le couple. Les groupes s’étaient tus et certains osaient encore minauder dans son dos. Michael fendit la foule et attrapa au col l’être abominable qui avait osé s’en prendre à elle. Il le jeta violemment contre le buffet et le rattrapant il prépara son poing prêt à le frapper au visage. Andrew porta ses mains devant lui tentant d’arrêter le fou.

« - C’était une erreur… Par pitié... »


Dégoutée Katherine essuya une larme de rage puis ses lèvres ensanglantées.


«- Nous partons Michael. Laisse-le. Il ne mérite pas l’attention que nous lui portons. Pas plus que tous ces gens. »

La colère s’était emparée d’elle violemment. Elle ne supportait plus tout ce manège, tous ces regards braqués avares de rumeurs et de stupidités. Il fallait qu’elle s’éloigne de cette atmosphère. Cherchant à peine, Sarah du regard elle fit une brève salutation de la tête et fendit la foule. Elle ne se donna même pas la peine de saluer et remercier ses hôtes. Elle n’y pensait plus à vrai dire, tout ce qui l’importait désormais était de quitter cette foutue soirée mondaine qui encore une fois lui pourrissait la vie. Ces hommes sans retenue qui se croyaient tout permis, non mais quel culot!! Ce petit incident nuirait peut-être encore un peu plus à sa réputation, Jiromaru prenait-il la peine de la garder dans sa troupe? Elle n’en savait rien. Elle avait un réel talent mais les murmures qui la poursuivaient étaient un véritable poison que ce soit pour elle ou sa carrière. Décidément ce n’était vraiment pas une bonne époque. Quittant la pièce elle croisa le regard du vampire, elle bouillant de rage, cela se voyait, c’était même évident. Non elle ne s’excuserait de rien. Plutôt mourir que de cautionner le fait d’être un objet pour certains.  
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"Parce qu’on se sent quelques fois seul, délaissé, abandonné, rejeté. On pense alors à la seule échappatoire possible : la mort. On manque de cran, on a peur. Et on finit par y renoncer en choisissant la facilité : tuer."
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Chastity E. Stephenson
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeLun 23 Sep - 11:47


Le Bal Spencer
intrigue

Sous la lune pâle, la silhouette du Comte se détachait, monolithe froid dans une nuit qui semblait sans fin. La Vampire tremblait de la révélation qu'elle lui avait faite. Elle jouait sa vie mais bien plus, tout l'avenir de leur communauté. Ce qu'elle portait en son sein était une épée de Damoclès. Combien de chances avait-elle que cet enfant soit viable ? Qu'il survive jusqu'à l'accouchement ? Qu'il ne soit pas la cible d'attentats ? Si tout ceci venait à s'ébruiter, Vampires, Scientifiques et Hunters seraient sur les rangs pour mettre fin à ses jours.

Elle fit face au grand Lord avec le regard plus déterminé que jamais et quelque part, outré qu'il puisse penser qu'elle était capable de lui mentir sur un tel point. La pensait-il stupide au point d'imaginer un mensonge aussi lourd de conséquences ?


- Je sais ce que je vis et le poids de mes révélations. Dites moi quel bénéfice je pourrais retirer d'un mensonge aussi infâmant ? Milord, ce que je vous raconte est la vérité, je suis prête à me plier à tous les examens pour vous le prouver.

Elle hocha la tête en l'écoutant. Bien sûr, elle se rendrait chez lui, elle s'allongerait sur une table froide et écarterait ses jambes pâles devant des sages qu'elle n'avait jamais vu. Elle se montrerait vulnérable et ravalerait sa fierté, si cela pouvait lui permettre d'obtenir la sécurité nécessaire.

- Je me présenterai là où vous me l'indiquerez, à l'heure qui vous agréera. Vous n'aurez qu'à m'envoyer un messager...

Elle frémit malgré la menace qui planait. Elle avait également l'opportunité, par ce miracle, de faire de lui un homme comblé. Elle ne pouvait décemment pas comprendre pourquoi cette perspective l'enjouait de la sorte. Ou, plutôt, elle ne voulait pas comprendre qu'elle s'était, d'une certaine façon, attachée à cet être tout puissant et dangereux, mais astre déclinant dans le même temps. Elle refusait de lever les yeux sur  l'affection qui, lentement mais sûrement, avait pris possession de son coeur et de son corps entier. Chastity l'Indépendante s'était enchaînée en pensant conserver sa liberté. Sous ses airs d'industrielle froide, opportuniste et calculatrice, elle restait plus humaines que certains des mortels présents sous ce toit...

À la fin de leur entrevue, ils rentrèrent dans la salle de bal, séparément. La Vampire ne supportait plus l'ambiance clinquante des Spencer, pas plus qu'elle n'aurait pu souffrir la vision de leur fille toute en chaleur et en grâce. Elle ne prêta pas attention à l'étonnant italien qui avait fait irruption dans le manoir et ne pouvait se douter qu'il représenterait l'un des plus grands dangers qu'elle aurait à affronter par la suite.
Modestement mais sans se départir de sa classe coutumière, elle donna congé en laissant une petite carte de félicitations à un majordome, qui se chargerait de la donner aux parents. Elle prétexta une condition de santé délicate qui l'obligeait à partir si vite, sans présenter de vive voix ses hommages aux maîtres de maison.

Une fois seule dans l'intimité de sa voiture, elle posa à nouveau les mains sur son corsage, contemplative. La science qui régissait le monde, la science prévisible et calculable pour un peu qu'on sache la maîtriser, venait de lui planter un couteau dans le dos. Elle qui pensait vivre encore des siècles, verrait-elle seulement le soleil se lever l'année prochaine ?


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Vincento De Santis
Fils du Comte Kei
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeDim 5 Jan - 19:05

Bal et intrigues à Spencer's House

"Nul horizon pour l'impétueux vieillard !
Que ses yeux se crèvent face à tout mon art...”

Vincento de Santis & Astorre Monciatti
Sarah gardait la tête haute, le menton relevé, le dos droit. Pourtant, un frisson des plus sournois devait lui chatouiller la colonne. La belle restait fière, digne de son rang et de la place de son sexe ; elle demeurait fidèle aux bonnes manières que lui avaient enseigné ses parents et la magnifique société anglaise de ce siècle splendide. Mais Vincento savait que son monde s'effondrait peu à peu et que cette apparence n'était qu'un masque pour dissimuler ses pires craintes. Un masque aussi élégant que pitoyable.
A son bras, l'héritière des Spencer jouait bien la comédie, mais ses questions, d'abord discrètes, devinrent bien vite nombreuses et osées. Ses regards, cette lueur dans l'iris éclatant de ses yeux, ne mentaient pas : elle avait parfaitement compris les sous-entendus que les deux Vampires venaient de lui faire, notamment au sujet de son " futur mari". Elle cherchait désormais à établir la vérité : quels étaient donc les liens qui unissaient Keisuke et De Santis ? Était-ce simplement le Don Obscur qui les apparentait ou avaient-ils réellement du " sang " en commun ?
Vincento adorait jouer avec les mortels. Malgré les règles que sa race tenait à conserver, du moins chez les Indépendants et les membres de la Camarilla, il n'hésitait pas à révéler sa nature avant de mordre à pleines dents la gorge de ses victimes. Voir briller dans leurs yeux la terreur, l'incompréhension ou, pire, la soudaine prise de conscience face à la vérité, était pour lui une jouissance d'une grande intensité. Sarah n'y ferait pas exception, d'autant qu'elle connaissait déjà l'existence des siens et que son rôle dans cette histoire était capital. Ce qu'elle ne savait pas en revanche, c'était que cette dite-histoire ne faisait que commencer...

Ainsi, pendant qu'Astorre faisait mine de bavarder avec les Spencer des cadeaux qu'ils désiraient offrir à leur fille-chérie - pour son anniversaire dont, il fallait être franc, ils n'avaient rien à faire - le bel Italien aux yeux d’émeraude laissa la jeune femme le dévisager. Elle l'observait avec minutie, sans réelle courtoisie, comme pour lire sur ses traits quelques plis qui pourraient trahir sa véritable personnalité et ses secrets les plus intimes.
Avec un petit sourire qui aurait pu sembler narquois, l'être de la nuit songea que c'était peine perdue. Il n'avait presque rien à cacher, au contraire : il se délectait souvent de la vérité, lancée à la volée, sans se soucier de son poids dans les consciences de chacun. A ses yeux, le monde lui appartenait. Elle saurait tout, en temps et en heure, et cela n'allait pas tarder...Pour le moment, il désirait simplement la rencontrer, pour jeter sur elle son ombre et faire douter son coeur. Ce soir, il allait la faire languir d'impatience, jetant par-ci par-là quelques miettes d'informations, sans jamais lui révéler l'ensemble de ses implications dans les affaires du Comte. Elle apprendrait bien assez tôt le lien qui les unissait et les conséquences de sa venue.

Astorre revint rapidement, ce qui ne les laissa guère discuter. Les banalités mondaines furent échangées avec peu d'entrain, ou du moins un entrain particulièrement feint des deux côtés, avant que le Comte ne devienne leur principal sujet de conversation. Le duo italien s'amusa à l'humilier devant sa promise, Astorre jouant le médisant, Vincento le prince sauveur d'apparences. C'était une façon d'agacer Sarah, afin de tester son aptitude à conserver son calme dans un tel contexte. Ils ne furent pas déçus : non seulement la belle maintenait l'illusion de son statut, mais en plus elle parvint à entrer dans leur jeu et à rebondir sur leurs sous-entendus pour poser les questions les plus pertinentes.
Vincento sourit. Sarah était intelligente et courageuse. Il comprenait que son père ait jeté son dévolu sur elle, quoiqu'il ne fusse pas aussi touché par sa grâce que ce dernier, la jeune femme étant trop frêle à son goût. Une chose était certaine : elle l'appréciait suffisamment pour avoir envie de le défendre face à leurs petites remarques acerbes. Ses mots, soigneusement choisis, jouaient sur deux plans, ce qui encouragea le Vampire à continuer en ce sens.


-  Oh, mais je pense que vous n'avez pas besoin de "l'éternité" pour le connaître, Mademoiselle Spencer...Monsieur le comte de Scarborought n'a en réalité que peu de "secrets". Disons qu'ils sont simplement plus...compromettants que ceux des autres aristocrates de sa catégorie...Quant à ce que recèle son coeur, vous le savez sans doute mieux que quiconque...ajouta-t-il avec un sourire entendu en lui jetant un regard coquin.

Ils continuèrent à déambuler, plus pour se promener et éviter que d'autres invités ne viennent les déranger que pour atteindre un but. Ils n'eurent d'ailleurs guère le temps d'échanger autre chose que ces quelques remarques avant que l'aura du Comte ne vienne perturber les Vampires. Malgré leur volonté de demeurer stoïques, tous les Enfants de la Nuit jetèrent tour à tour un regard vers le balcon où s'en était allé le sir Keisuke avec, à son bras, la belle héritière des Stefenson. Sarah le remarqua mais son incapacité à "entendre" ou à ressentir les auras la laissa dans l'ignorance. La vague de pensées que le Comte venait de laisser s'échapper avait été d'une rare intensité, si bien que Vincento lui-même avait tiqué.
Au bout de quelques minutes d'échange mental avec Astorre, il réalisa qu'il serrait un peu trop son bras sur la petite main de la belle et se détendit légèrement. L'aura de son père disparut aussi soudainement qu'elle était venue : il avait relevé ses barrières, sans doute conscient de son erreur. Astorre se redressa un peu en toussotant pour faire passer son malaise et c'est la voix de Sarah qui vint mettre un point final à leur conversation secrète. Vincento souriait, heureux de constater que son ennemi avait une véritable faille à exploiter. Doucement, un peu surpris d'avoir oublié la jeune femme, il laissa son regard tomber dans les yeux de Sarah à ses côtés et son sourire s'intensifia. Elle avait compris que ce qui les avait détournés d'elle était de l'ordre du surnaturel. Elle savait qu'ils étaient capables de converser par la pensée.

Vincento n'eut guère l'occasion de lui répondre. En effet, Sarah profita de ce moment pour mener la suite de la discussion. La petite impertinente lui serra le bras et se rapprocha de son oreille. Le Vampire ferma doucement les yeux avant de les rouvrir. Grisé par ce contact osé, il la laissa s'exprimer tout en profitant de son parfum et de sa chaleur contre lui. La belle restait méfiante, mais l'alcool l'aidait à poursuivre leur petit jeu.
Vaillante, elle insista sur l'idée que le Comte était son "cousin" et qu'il n'avait jamais fait mention de lui. Elle évoqua même les deux Sectes pour sous-entendre qu'elle n'avait jamais eu vent de son existence avant ce soir. Vincento jubilait.


- Ce qui est amusant, ma chère, murmura-t-il de sa voix grave et ronronnante, c'est votre capacité à jouer avec les immortels sans jamais avoir pris de véritable coup de dents.

Astorre ricana dans leur dos : les hostilités étaient lancées, Vincento entrait dans la danse...D'ailleurs, le sourire de ce dernier était devenu carnassier.

- Je suis venu régler quelques affaires "familiales" avec Monsieur le Comte, my lady. fit-il en se rapprochant encore d'elle. Je suis venu vous sauver de ses odieuses avances...

Son chuchotement se perdit dans le creux de sa douce oreille avant qu'il ne recule son visage pour rétablir la distance décemment acceptable entre eux.

- Monsieur le Vicomte, fit soudain Astorre en lui posant une main sur l'épaule, votre "cousin"...

Le Comte venait de réapparaître dans l'embrasure de l'arche qui donnait sur le balcon. Vincento le fixa, quittant Sarah du regard. Il observa son père tandis que ce dernier revenait dans la salle de bal. Son visage était déformé de multiples émotions : une espèce de joie mêlée d'incompréhension lui peignait un air étrange. Que manigançait-il encore ?

- Votre rendez-vous Monsieur...Vous allez le rater.

Vincento mourait d'envie de traverser cette pièce et de lui sauter au cou pour le saigner, là, sans attendre, au milieu de la foule, pour le surprendre et provoquer la plus grande panique. Après tout, la Camarilla était affaiblie dans ce secteur et les sbires du Comte n'étaient plus un soucis, à l'exception du grand noir à l'extérieur. Mais la raison et son envie de le coincer "selon ses plans" l'arrêtèrent. Il se contenta donc de baiser la main de Sarah et de prendre congé.

- Mon ami a raison, je suis attendu ailleurs. Mon passage dans votre soirée ne fut que trop courte, mais nous aurons maintes occasions de nous revoir, soyez-en certaine.

Il déposa un baiser sur le dos de sa main, en insistant légèrement trop aux regards des conventions de ce siècle, puis il jeta un coup d'oeil aux Spencer pour les saluer, mais ces derniers étaient trop occupés pour le voir. Il emboîta donc le pas d'Astorre qui se dirigeait déjà vers la sortie. Il ne fallait pas que le Comte les trouve ici, pas maintenant.

Un événement peu banal leur permit de sortir plus discrètement encore que révu : un homme poussa un cri mêlé de colère et de douleur, ce qui retint l'attention de nombreux convives. Vincento et Astorre jetèrent un coup d'oeil vers l'origine du cri.


* Je crois que cet homme a été un peu trop entreprenant...*

*Ah les femmes qui se défendent sont les plus appétissantes ! affirma Astorre.

Tout en poussant Vincento vers la sortie, le galant laissa ses oreilles attraper au vol quelques informations au sujet du scandale qui leur offrait une belle diversion. Il comprit que c'était une certaine "actrice" du nom de "Thornes" qui avait mordu le pervers à la lèvre. Cela l'amusa au plus haut point. Si la situation leur avait permis de rester, nul doute qu'ils seraient intervenus pour gagner en réputation auprès de cette noble assemblée. Mais...basta...Il était temps de déguerpir. Ils avaient des projets bien plus importants.

Leur départ fut donc rapide et sans cérémonie. Ils récupérèrent leurs effets personnels à l'entrée et s'en furent dans la nuit noire sans se retourner.


- J'aurais aimé que cela dure... fit Astorre en soupirant. Cette esclandre nous aurait amusés. Apparemment, Mademoiselle Thornes a déjà fait parler d'elle auparavant...

- Nous avons eu de la chance. Grâce à elle, nous avons pu semer des graines sans nous faire voir. Finalement, je préfère obliger à venir à moi.

- Et il viendra...rit le vampire en frottants ses longs ongles le long de la cape de son ami.

- Il n'a pas le choix.

- N'aurions-nous pas dû effacer la mémoire de l'humaine ? demanda Astorre l'air soudainement inquiet.

Vincento leva un sourcil en lui jetant un regard interloqué. N'avait-il pas compris leurs démarches ? Astorre garda son air innocent quelques secondes de plus avant de lui sourire avec complicité. Vincento éclata d'un rire clair avant de poursuivre son chemin dans les ténèbres. Décidément, son compagnon était doué pour l'amuser.

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Comte Keï
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeMer 15 Jan - 15:13



Bal et intrigues à Spencer's House

Comte Kei, Ludwig Zwitter et Ambre Ghrianstad

"Lune d'argent, ô triste livre de ma vie,
Pourquoi me laisser de nouveaux choix,
Cruels, quand mes Amours glacées, maudites,
Gardent une telle emprise sur moi ?"


Sur le balcon
1er juin 1842


Chastity

Jirômaru dévisageait Chastity avec intensité. C'était comme s'il la rencontrait pour la première fois. Elle se tenait là, devant lui, fière et toutefois cruellement inquiète. Sa folle chevelure de feu, taillée en anglaises parfaites, se détachait sur l'ombre de la nuit, happant les éclats des chandeliers et autres candélabres qui éclairaient la salle de bal non loin d'eux. L'ambre de ses yeux brillait d'une lueur à la fois sauvage et sage, comme si son corps abritait une flamme fauve que son esprit avisé ne cessait de dompter, jour après jour, afin de maintenir la noblesse de son port et l'illusion de sa situation. Elle était magnifique, stupéfiante, terriblement intrigante...

Le Comte tâcha de reprendre son calme. Perdu entre la colère et la joie, il avait laissé ses barrières mentales s'effondrer le temps de la surprise. Il œuvrait désormais à les conserver closes. Il avait également lâché le bras de son amante et adouci ses traits. Malgré la menace qu'il venait de lui faire, il ne pouvait entièrement cacher l'espoir inconcevable que la belle venait de lui donner.
Il l'observa, tandis qu'elle acceptait ses exigences et se mettait à sa disposition pour les différents examens qu'il désirerait lui faire passer. Le rose de ses joues ne mentait pas, son regard brûlant non plus : Chastity était persuadée de ce qu'elle avançait. Evidemment, cet aveu lui coûtait, mais elle gardait la tête haute, digne de son rang et de son âge. Elle se soumettait aux exigences que son aîné lui imposait avec brutalité, parce que l'objet de leur discussion était d'une importance capitale, sans pour autant pleurer à ses pieds pour le supplier de l'aider ou de l'épargner. C'était une femme de caractère.

Le Prince eut envie de lui prendre les mains et de les baiser pour la rassurer un peu. Il aurait voulu lui offrir un aperçu de son espoir. Malheureusement, il n'en fit rien. Au fond de lui, Jirômaru n'était plus certain d'avoir affaire à une véritable amie. Et si elle lui mentait ? Et si tout ceci n'était qu'un piège pour mieux le tromper ? Il était possible que sa belle consoeur ait choisi ce jour en particulier, celui de l'anniversaire de Sarah, celui de l'annonce de leur mariage, pour le déstabiliser et l'empêcher de vivre avec la chasseuse...Par jalousie, les femmes sont capables des pires machinations. Chastity, comme tous les invités, ignorait que le Comte venait de refuser de signer le contrat que Dorian Spencer lui avait tendu. Tout était donc encore possible...


- Ecoute, tu ne dois en parler à personne. Viens à l'opéra demain soir, à 23h30. Nous vérifierons nous-mêmes ce que tu avances et...nous aviserons...

Sa voix trembla légèrement sur la fin, comme s'il craignait lui-même les conséquences d'un échec. Il s'avança un peu, dominant toujours la jeune femme de sa haute stature. Son ombre éteignit les flammes qui s'accrochaient aux boucles cuivrées de la belle.

- Si ton médecin a d'autres "brillantes" idées, élimine-le...fit-il avec rudesse. Dans son regard, il était clairement lisible qu'il le tuerait de ses propres mains s'il s'avisait de toucher à ce présumé enfant, même si c'était un vampire. Je t'en donne l'autorisation. Jirômaru était le seul à avoir "le droit" de vie ou de mort sur l'un des leurs. C'était le "Prince" de cette ville. Nous nous passerons de l'avis de la Camarilla...finit-il par murmurer, plus pour lui que pour Chastity. Le conseil de la Secte était supposé être consulté pour de semblables décisions, mais le Comte s'en moquait éperdument. Personne d'autre que nous ne doit être au courant...Il en va de ta vie et de celle de cet enfant...

Ils se quittèrent ainsi, soucieux de la suite des événements. Chastity rentra la première dans la salle de bal tandis que le Comte resta un moment sur le balcon. Seul, songeur, il s'appuya sur la balustrade de pierres et observa le jardin des Spencer. Dans la petite brise estivale qui soufflait, un léger parfum d'orange restait en suspension. Le grand Vampire inspira l'air, comme s'il reprenait sa respiration après être resté en apnée quelques minutes. Un sentiment de plénitude l'envahissait, mêlé d'inquiétude et de colère. C'était étrange.

Que devait-il faire désormais ?


*****************

Dans la salle principale du bal

Katherine

Lorsqu'il entra à son tour dans la salle de bal, le Comte réalisa qu'il avait eu beaucoup de chance de ne pas avoir été dérangé sur le balcon. La foule dansait et se pressait encore au buffet. Mille et un regards se tournèrent vers lui et les sourires hypocrites se peignirent de nouveau sur les masques de chacun. Jirômaru allait être abordé par un groupe composé du marquis de Ruffeau et des duchesses de Whitebird et Strawberg lorsqu'il sentit une main se poser sur son épaule et le tirer un peu vivement en arrière. Sur la défensive, le Vampire se retourna, l'air furieux, avant de s'adoucir soudainement : c'était Ludwig qui était venu à son secours. Le marquis et ses deux tourterelles furent contraints de laisser tomber leur approche, d'autant que les deux hommes fendaient déjà la foule en direction d'Ambre qui leur faisait signe.

- Monseigneur, il est difficile de vous garder pour nous seuls parfois...rit l'Allemand, parfaitement conscient d'avoir tiré son maître des griffes d'une conversation désagréable.

- Vous empestez l'alcool, Monsieur Zwitter...répondit le grand Vampire d'un ton sec et tranchant.

Le Comte lui jeta un regard noir : ne lui avait-il pas interdit de boire ? En tant que Calice, Ludwig devait conserver un sang "pur" afin de le nourrir décemment. Le pauvre Calice baissa la tête et soupira doucement :

- Navré, j'ai été obligé de jouer le jeu de ces ridicules pintades...

Il était sincère. Le Comte leva tout de même les yeux au ciel, déplorant la pénibilité des faux-semblants qu'ils étaient obligés de maintenir. Sans ajouter un mot, il continua son chemin vers Ambre qui était sur le point de les rejoindre.
Mais, au bout de quelques pas à peine, le lord fronça soudain le nez et s'arrêta net. Il tendit la nuque comme pour chercher quelque chose dans la foule. Ludwig leva la tête lui aussi : une dizaine de convives s'exclamaient avec entrain près d'une table. Après une rapide analyse des visages qui s'étaient réunis, il détermina celui qui était au centre de l'attention.


- C'est Monsieur Standfor, Andrew Standfor...Informa le Calice en reconnaissant l'homme qui maugréait la lèvre en sang.

- Que lui est-il arrivé ? s'enquit le Comte un sourcil relevé. Il n'accordait que peu d'intérêt au sujet.

- Il a tenté d'embrasser Miss Thornes ! clama derrière lui la voix familière d'Ambre. Le visage du Comte changea du tout au tout : de l'indifférence, il passa à la colère froide.

La belle Vampire qui venait d'arriver à leurs côtés était accompagnée de Sir Barry, l'Architecte. Jirômaru faillit percuter l'homme qui s'était pointé devant lui, tout heureux de le revoir depuis leur dernière rencontre. Perturbé par l'attitude de son ami, le petit bonhomme s'écarta de son chemin pour le laisser passer. Jirômaru le salua d'un regard rapide, sans cérémonie, avant de se diriger d'un pas ferme vers le lieu du scandale. Ambre grimaça : son maître était dans un état particulièrement instable et cela ne présageait rien de bon. Elle le suivit donc d'un pas rapide, très inquiète de ce qu'il risquait de faire. Ludwig et sir Barry lui emboîtèrent le pas.
Arrivé au contact du groupe qui s'était formé autour de l'agresseur de Katherine, le Comte fendit la foule et se retrouva face à l'imprudent. Ce dernier appuyait un mouchoir contre sa lèvre enflée et continuait de râler contre l'actrice qui s'était apparemment déjà sauvée.


- Comment osez-vous ?! fit le lord en écartant les derniers invités qui le séparaient de Standfor.

- De quoi vous vous mêlez, vous ?! brailla l'homme, honteux de se retrouver ainsi au centre d'un cercle de curieux.

Jirômaru n'était pas le seul à être intervenu : deux autres hommes menaçaient Standfor et quelques femmes se moquaient ouvertement de lui, saluant le coup de dents de la belle actrice. Cependant, de nombreuses voix s'élevaient également pour incriminer Katherine : pour beaucoup, c'était elle la responsable de tout ça, "une fois encore", parce qu'elle n'était qu'une "dévergondée qui poussait les hommes à bout".
Le Comte manqua d'exploser et de hurler sur les convives. Heureusement, la main salutaire d'Ambre vint se poser sur son bras et il se détendit. Ce n'était pas le moment de se lancer dans un duel, tel celui qu'il avait fait face au baron d'Arlington en mars dernier au bal de Chastity...Il se contenta donc de pointer du doigt le baron et de le menacer :


- Monsieur, vous êtes prié de ne plus vous approcher de Miss Thornes à l'avenir. Je ne tolérerai pas que l'on offense ainsi les membres de ma troupe ! Il jeta ensuite un regard circulaire à l'assemblée. Je ne laisserai personne offenser mes comédiens !

Furieux, Jirômaru dû prendre sur lui afin de quitter cette scène répugnante sans attraper au col le gaillard qui ricanait dans son dos. De toute façon, les Spencer arrivaient pour mettre un terme à ce scandale qui risquait de ruiner l'anniversaire de leur fille et tous leurs efforts.
Grâce au ciel, la musique ne s'était pas arrêtée et, à l'autre bout de la salle, les invités continuaient de danser sans se préoccuper du remue-ménage qu'avait provoqué le couple. Il n'y avait qu'une petite partie de la salle qui s'était figée. Certains n'avaient même pas eu vent de l'esclandre. D'ailleurs, c'était le sang de Standfor qui avait permis au Comte de comprendre qu'il y avait eu un incident. Sans cela, il aurait certainement passé son chemin sans se soucier le moins du monde de cette querelle.

Agacé au plus haut point et même peiné pour Katherine, sa réputation et la sienne qui en découlait, l'ancien samouraï soupira en s'éloignant et chercha Sarah des yeux. Il avait tant de problèmes à régler !



************


Sarah


Lorsqu'il trouva enfin Sarah, le Comte se détacha d'Ambre, Ludwig et sir Barry. Le grand Vampire les laissa naturellement derrière lui pour s'entretenir avec sa belle. Le Calice fit un mouvement pour le suivre mais Ambre l'attrapa au vol et lui jeta un regard entendu : leur maître avait besoin d'un tête à tête avec la jeune Spencer. L'Architecte, lui, ne pipa mot tant le regard de son ami avait pris une teinte qu'il ne lui avait jamais connu.

Sarah était seule, ce qui était particulièrement surprenant et inconvenant. Comment pouvait-elle se retrouver seule, surtout ce soir, dans un tel contexte ? Elle venait peut-être de terminer une danse et de fausser compagnie à son cavalier. Cela aurait bien été son genre !
En tous cas, cela arrangeait fortement le Vampire qui n'avait pas encore eu le bonheur de lui adresser la parole. Entre Dorian qui l'avait réclamé dans son bureau, les galants qui les avaient séparés, les danses qu'ils avaient chacun exécuté de leur côté, la discussion avec Chastity et le scandale provoqué par Standfor, Jirômaru n'avait décidément pas eu une minute à lui. Malheureusement pour la jeune femme, il avait désormais des affaires bien plus urgentes que leur mariage à régler...Au moins prendrait-il le temps d'une danse pour lui parler de cette fameuse condition que son père lui avait évoqué.


- Miss Spencer...Je vous retrouve enfin...fit-il en entrant directement dans son espace vital, avec une soudaineté un peu brute qui dû la tirer de ses pensées. Il lui prit les mains et plongea son regard glacé dans le sien. Un soupçon de tristesse accompagnait ses traits. Je suis navré de ne pas avoir pu vous adresser mes voeux plus tôt.

La déception qui rôdait dans son coeur se sentait réellement. Jirômaru espérait tant de ce bal ! Il avait prévu de l'ouvrir à ses côtés, de la libérer de son joug, comme il lui avait dit dans sa dernière lettre, et de la rendre heureuse à sa façon. Mais rien ne s'était déroulé comme prévu.
Une valse commença. Le Comte hésita : valait-il mieux parler en dansant ou se réserver un temps de tête à tête près du buffet ? Avait-il seulement le choix ? Près du buffet, les invités risquaient de les écouter ou de les interrompre...


- M'accorderez-vous cette danse ? demanda-t-il à la belle en lui tendant la main. Son regard lui indiqua qu'elle n'avait guère le choix. C'était maintenant ou jamais.

* Navré Sarah, j'ai été retardé et je manque de temps. J'ai de nombreuses choses à régler. Viens...Nous devons discuter...*

Le Comte saisit la main de la jeune femme et ils s'engagèrent sur la piste. Habiles tous les deux, ils entamèrent la valse avec une perfection d'exécution exemplaire, ce qui ne manqua pas de faire jaser les invités. Enfin, le couple de la soirée était réuni ! C'était quelque chose !
Heureusement, nombreux furent ceux qui préférèrent les accompagner dans leur danse plutôt que de rester sur le côté à les observer. Ainsi, Jirômaru et Sarah eurent enfin ce moment qu'ils attendaient tant depuis l'ouverture du bal.


- Votre père m'a reçu dans son bureau, dit-il en affichant un faux sourire. Il m'a dit que vous aviez accepté ma demande à une condition...J'aimerais savoir laquelle...

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> Jirômaru Keisuke <

Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Comte_10

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

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Sarah Spencer
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeSam 25 Jan - 1:10

Bal et intrigues à Spencer's House

L'attente est un chemin qui mène à la déception




Les derniers événements se fondaient dans un tourbillon de couleurs similaires aux robes des danseuses qui virevoltaient sur la piste de danse. Un mélange vaporeux où s’entremêlaient de vifs éclats qui se fondaient les uns dans les autres. Aujourd’hui la Chasseuse se retrouvait entourée d’inconnu venu célébrer un anniversaire, une année de plus dans sa courte vie qui n’aurait jamais dû voir le jour. Tant de choses s’étaient passées en si peu de temps. Tout remontait à ce fameux soir dans le parc, lorsque ses pas l’avaient conduit tout droit au Prince de la ville.

-Ce sera sans doute la seule occasion que vous aurez... tuez-moi.

Pourquoi n’avait-elle pas pu accéder à cette demande? Quelle force du destin avait retenu sa main ce soir-là? Soir qui s’était transformé en nuit d’horreur au Musée Tussaux puis lors d’une première visite sous l’Opéra. Puis il y avait eu leur deuxième rencontre, sur le pont de Londres. Cette fois-ci, la magicienne était devenue une proie. Malgré l’arrivée de Raphaël et celle d’Abigaïl, elle avait encore une fois offert au Comte une échappatoire, alors qu’elle aurait pu l’achever de sa main. Cette cruelle décision avait failli lui coûter la vie quelques semaines plus tard lors du bal d’Alexander Ravellow, tandis que le grand vampire l’avait presque vidée de son sang avant de la laisser à la proie les flammes qui ravageaient alors le petit salon. Mais cet événement lui avait permis de se rapprocher d’Alexander, et même de nouer un début de romance avec lui. Hunter tout comme elle, le joyeux aristocrate lui avait apporté calme et réconfort. Ensemble, ils s’étaient trouvé des alliés, des Hunters désireux d’en finir avec celui qui menait la ville à sa guise. Le coup d’État du théâtre avait été planifié avec la précision d’un meneur d’orchestres. Mais qui aurait pu prédire que cela irait aussi mal? Le Grand Vampire les avait tous pris de court en demandant la main de l’héritière de la famille Spencer devant la bonne société réunie. Cette annonce publique les avait de nouveau liés, tout comme le sang avant cela. Mais le destin avait décidé de les condamner à sa manière: Stan avait disparu, Alexander avait été déchus, ses biens saisis par la couronne et son personnel emprisonné, il était devenu un pariât de la société obliger de se terrer et de se cacher. Les parents d’Eulalia étaient morts, la laissant orpheline au milieu de ce monde gouverner par les hommes. Raphaël avait bien failli perdre la vie. Et elle... Sarah avait été isolée de tous, tenue à l’écart, alors elle avait trouvé un subterfuge pour revenir à la ville chercher ses compagnons. Elle avait erré, arpenter la ville de long en large pour mettre la main sur ses amis et sur son précieux Alexander et pourtant, le temps avait joué contre elle, permettant au Yard de retrouver le jeune homme avant elle. Ses espoirs détruits, la mort dans l’âme, elle était repartie au couvant dans l’intention de rentrer chez elle. Elle avait alors fait la rencontre de la fougueuse Katherine Thornes qui s’était présentée comme un ami d’Alexander, emmenant avec elle un vent de bonne nouvelle en l’annonce de l’échappement de l’aristocrate de la Tour de Londres. La joie avait de nouveau habité la Chasseuse. Alexander était libre, certes de nouveau rechercher, mais libre et en vie. La belle comtesse lui avait promis de rejoindre le jeune homme et de lui transmettre son message. Tout s’annonçait pour le mieux, l’espoir reprenait. Mais encore une fois, le destin n’en avait pas fini de jouer avec le fil de sa vie. Manquant de le rompre pour de bon.

Sur le chemin du retour, la calèche de Sarah avait été attaquée avant de la projeter dans les remous agiter de la rivière Thames. Le courant d’eau l’avait emporté dans une obscurité qui hantait encore son âme. Puis il y avait eu le néant. Des jours pendant lesquelles elle avait erré et dont elle ne gardait comme souvenir que quelques visages flous. Il y avait celui de Janes, une jolie frimousse rousse remplie de douceur et de gentillesse, puis celle de la comtesse, une élégante dame aux regards changeant, avant qu’elle ne soit de nouveau enlevée cette fois pour un sacrifice ultime sur les quais, livré aux loups-garous, fomenté par les guerres intestines des grandes sectes.

Cette partie de son aventure demeurait un mystère pour Sarah. Malgré les soins reçus sous l’opéra, cette longue suite de jours à errer dans la capitale continuait de fuir son esprit pour ne revenir que lors de ses cauchemars. Elle avait fait tant de rencontres pour finalement se retrouver une fois de plus seule. Le constat s’était alors imposé à son esprit de lui-même; tous ceux qui l’entouraient finissaient implacablement par souffrir par sa faute. Devant cette nouvelle fatalité, la jeune femme s’était tournée vers la souffrance de sa solitude, acceptant son destin qui l’éloignait de tout. Mais alors que tout semblait perdu, que la noirceur l’avalait de nouveau, Il était venu la chercher, défiant les ombres de Hightgates pour la ramené vers le soleil qu’elle avait oublié. Lui seul avait été capable de la retrouver. Il l’avait extirpé du tombeau dans lequel elle se cloitrait pour la pousser de nouveau vers l’avant, vers les siens, vers cette vie qu’elle devait vivre. Pourtant la jeune humaine se sentait plus que jamais étrangère à tout ce déploiement de faste et de réjouissances qui l’entourait en ce moment. Elle ne pouvait ignorer cette part de noirceur, de déchéance et de chaos qui occupait désormais son esprit. Elle en avait trop vu pour ce qu’une vie humaine pouvait supporter. Lorsqu’elle parvenait enfin à fermer les yeux, ses cauchemars revenaient prendre vie derrière ses paupières, mélange de sang, de violence et de douleurs qui la réveillait alors en sueur, complètement paniquée. Et lorsqu’elle parvenait à sombrer dans un sommeil profond, ce n’était que pour revivre le même rêve, vide de sens, où une voix féminine l’appelait. Elle se réveillait alors hors de son lit, victime d’une nouvelle crise de somnambulisme. La magicienne aurait voulu parler de tout cela à quelqu’un. Son regard tourné vers la porte-fenêtre en disait long sur l’espoir qu’elle avait de voir le Prince se matérialiser devant elle, mais la seule personne à qui elle désirait se confier continuait de rester loin d’elle.

La belle magicienne ramena son regard d’azure en direction de l’élégant italien qui lui tenait le bras. Ce nouveau protagoniste qui venait de faire son apparition dans une situation déjà bien compliquée l’intriguait. Leur échange qui avait débuté en subtilité et en lenteur courtoise avait laissé place à une vérité plus crue. Leurs pas les ayant conduits à l’écart des autres, ils discutaient librement affichant une certaine proximité qui leurs attirèrent quelques regards envieux et réprobateur. Sarah en avait plus qu’assez d’être considérée comme une petite oie blanche, une statuette de nymphe tout juste bonne à être contemplée, mais enfermée dans une cage de verre de peur que sa peau de nacre ne finisse tacher. Elle voyait ici et là des femmes mariées traverser la salle avec leurs amis, discuter à voix haute, flirter ouvertement, accepter et refuser les danses qui leur plaisait; affiché une liberté que leur statut d’épouse leur permettait. Toutes ces choses qui lui étaient interdites malgré qu’elle soit plus âgée que plusieurs d’entre-elle. Exaspérée par sa propre pureté qui lui donnait l’impression d’être un poids en ces circonstances, elle poussa l’audace à échanger une œillade moqueuse avec le bel italien, le champagne lui donnant le courage qu’elle n’aurait pas eu. Vincento de Santis était un homme fascinant. Au-delà du pouvoir de séduction hérité du don obscur, il se dégageait de lui une certaine sensualité. Peut-être était-ce dû à ses yeux miroitants où à l’étoffe italienne qu’il portait. Cet homme était mélange de puissance et d’exotisme, de quoi attirer l’attention et l’envie de bien des gens présents ce soir. Lorsqu’il s’était penché à son oreille, ses longs cheveux noirs avaient frôlé l’épaule nue de Sarah et elle avait senti la douceur des mèches sombres contre sa peau. Ses manières étaient agréables, son sourire enjôleur, pourtant, la Chasseuse n’avait pu s’empêcher que sa démarche ressemblait à celle d’un fauve, chaque pas semblait calculé pour n’utiliser que le moindre effort avec une grâce et une agilité qui masquait sa force.

Le ton de leur conversation changea. Alors que l’héritière se chargeait depuis le début de meubler la conversation de subtilité et de mondanité comme n’importe quelle jeune demoiselle de la soirée, son ton plus direct finit par susciter une réaction de la part du vampire. Ses piques réveillèrent le prédateur qui tourna son regard perçant vers elle.


- Ce qui est amusant, ma chère, c'est votre capacité à jouer avec les immortels sans jamais avoir pris de véritable coup de dents.

La remarque lourde de sous entendues fit légèrement ciller la Chasseuse. Dans son dos, l’ami de Vincento ricana doucement. Que savait-il d’elle? La relation qu’elle entretenait avec le Comte était connue par différents membres des sociétés. D’un point de vue mondain, l’aristocrate avait demandé sa main, il s’était inquiété de sa disparition, avaient passé de longues heures avec sa famille pour les soutenir. Pour la société nocturne, elle était un calice gênant auxquelles le Prince accordait une importance démesurée. Par ces faits, Vincento ne pouvait ignorer que la jeune femme possédait des connaissances de la Société Nocturne et des vampires. Mais la magicienne se rendit compte que c’était son bavardage insistant qui en dévoilait plus qu’elle ne le souhaitait réellement. En cherchant elle-même à en savoir plus sur l’intriguant personnage, elle avait révélé ici et là de précieux indices que l’attentif prédateur avait écoutés pour mieux se jouer d’elle. Peut-être n’avait-il pas compris qu’elle était plus que ce qu’elle laissait paraitre. Ce n’était pas un simple calice, mais une Chasseuse, une magicienne qui avait traversé l’enfer pour se retrouver ici et elle était prête à défendre l’honneur de celui qui l’avait sortie des limbes.

''Il va vous tuer, vous savez?''

Pourtant, Vincento ne semblait pas en savoir plus que les rumeurs de la ville. Le sourire de l’héritière se teinta d'impertinence . D’un ton faussement humble, elle lui lança sur un air de défis faussement contrits :

-Serait-ce une menace, Monsieur de Santis ou une invitation?

Un frisson parcourut l’échine de l’Artémis lorsque l’italien se pencha dans le creux de son oreille pour lui murmurer à son tour :

- Je suis venu régler quelques affaires "familiales" avec Monsieur le Comte, my lady. Je suis venu vous sauver de ses odieuses avances...

La réplique du jeune homme la laissa sans voix. La sauver? Pourquoi le cousin du Comte aurait-il voulu intervenir dans cette histoire. Son regard interrogatif resta planté dans celui du vampire attendant qu’il expose son idée, mais la voix de son ami les tira alors de cette impasse. D’un même mouvement, Vincento et Sarah se tournèrent vers la porte-fenêtre où le Comte venait de réapparaitre. D’où ils étaient, l’héritière de la famille Spencer ne pouvait détailler aussi facilement que son cavalier l’expression qui ornait le visage du Prince.  Les particularités physiques du vampire lui conféraient une vue bien meilleure que la sienne, mais la jeune femme constata tout de même que le Comte Keisuke ne se dirigeait pas vers elle, perdu qu’il semblait être, dans ses propres pensées. Cette constatation jeta une ombre sur l’entrain de l’aristocrate dont le sourire se ternit quelque peu. À ses côtés, l’italien semblait lui aussi hésiter sur ce qu’il souhaitait faire. Encore une fois, Astorre dicta la suite des choses lorsqu’il rappela à l’italien qu’un rendez-vous l’attendait.

- Mon ami a raison, je suis attendu ailleurs. Mon passage dans votre soirée ne fut que trop courte, mais nous aurons maintes occasions de nous revoir, soyez-en certaine.

Au regard qu’il eut, Sarah comprit qu’il était certain que leur pas se recroiserait bientôt. La main du vampire vint saisir la sienne pour y déposer un baiser. Avec élégance, l’aristocrate s’inclina à son tour en une révérence courtoise.

- È stato un piacere conoscerti, mio signore

Son italien lui semblait rouillé. Il y avait longtemps qu’elle ne l’avait pas parler se contentant de le lire, surtout pour les opéras, mais son professeur de danse avait tenue à lui apprendre quelques formules de bases à prononcer sans son détestable accent anglais comme il se plaisait à lui répéter. Ainsi sa rencontre avec le cousin du Comte Kei se termina-t-elle.

***

-Monsieur! Monsieur!

Un laquais réussit à rattraper les deux étrangers alors qu’ils s’avançaient dans le Grand Hall où se pressaient encore quelques invités pour entrer. À bout de souffle, le jeune homme prit quelques instants pour reprendre une respiration avant de débiter rapidement :

-Madame Spencer m’a demandé de vous transmettre ceci, en réponse à votre demande.

Le laquais tendit le bout de papier qui lui avait été confié par l’une des femmes de chambre de la jeune héritière. Il s’agissait des mesures nécessaires à la confection d’une robe, comme l’avait demandé Astorre en voulant jouer les galants. Sa mission accomplie, le jeune homme eut à peine le temps de cligner les yeux que les deux hommes avaient disparu dans le flot de personnes qui s’amassait dans le corridor.


***

Restée seule, Sarah laissa son regard suivre les deux Italiens qui se fondirent dans la foule avant de disparaitre rapidement. Dans tout ce brouhaha, la jeune Sarah Spencer regrettait de n’avoir pu discuter avec la belle Katherine Thornes. Sa réputation déjà fragilisée par les récents événements ne pouvait supporter un autre drame et l’époustouflante actrice attirait bien des regards de jalousies et de convoitises. Elles avaient pourtant tant à discuter! L’ancien repère des Hunters dévoilé à Alexander, son opinion sur le plan risqué de ses amis d’utiliser la jolie brune comme taupe au sein de la troupe du Comte, tout cela les mettait en danger et il fallait qu’elle puisse leur en parler de vive voix. Elle voulait également avoir des nouvelles des autres membres de la guilde. Comment allait Raphaël? Et Eulalia? Mademoiselle Thornes les avait-elle rencontrés? La belle héritière avait donc tenté de s’approcher de la fougueuse jeune femme et elle avait presque pu provoquer une rencontre fortuite. Malheureusement, la réputation sulfureuse de l’insaisissable jeune femme les avait rattrapés et leur chemin avait dû se séparer sans s’être croisé. L’interruption de la vieille dame avait jeté un froid et le momentum était passée. Malgré tout, la magicienne n’avait pu se montrer insensible aux remarques acerbes de la vieille dodue. Même si en apparence elle avait pris un air détaché, le sous-entendu lui avait fait l’effet d’une gifle. Katherine entretenait-elle vraiment une relation intime avec le Comte? Celui-ci était-il au courant qu’il fricottait avec une Huntress?

Le regard bleu de l’héritière de la famille Spencer chercha alors dans la foule la chevelure caractéristique du Vampire. Depuis combien de temps était-il revenu? Une heure? Deux? Peut-être trente minutes? Elle avait la vague impression que cela faisait une éternité. Ne l’avait-il pas avertie qu’il ne se reverrait pas avant fort longtemps? Peut-être la fuyait-il? Sarah songea un instant à leur dernière rencontre et un frisson la traversa. Elle se remémora d’abord la manière dont elle lui avait offert son sang et la ferveur qui s’en était résulté. Le plaisir qu’elle en avait eu. Était-ce la même jouissance que pouvait ressentir deux amants lors d’une relation charnelle? L'Artémis avait eu l’impression de ne faire qu’un avec Jiromaru. Lorsqu’il l’avait saisi contre la porte alors que leur pouvoir se déchainait, elle avait réellement ressenti cette fusion des corps et de l’esprit. Mais ce moment de félicité était désormais associé aux terribles paroles de Maria et à la grande faiblesse du Comte. Elle le revoyait blesser, son corps et son esprit malade, les larmes qu’il avait versées contre elle ce désir palpable de la possède et de la détruire aussi.


Vous le tuez à petit feu, il se débarrassera bientôt de vous

Était-ce la raison qui le retenait si loin d’elle, aux bras de somptueuses créatures sans doute moins dangereuses pour lui? Ses pensées n’eurent pas l’occasion de s’avancer que bientôt un groupe de jeunes dames vint se presser contre elle, impatiente de lui rapporter l’altercation qui avait eu lieu un peu plus loin, à l’abri de la plupart des regards. Les dames étaient trois; Cornelia Adams, Meredith Rowclift et Théodora Brown. Elles étaient jeunes, plus jeunes que Sarah et avaient fait leur début ensemble. Bien que l’héritière de la famille Spencer ait été le centre de l’attention lors de sa première saison, les autres s’étaient pourtant mariées, l’une d’elles attendait même son troisième enfant. Pourtant, elles n’avaient rien perdu de leur bavardage et de leur gout des commérages que leur conférait leur jeunesse. Attrapant Sarah par le bras, elles la poussèrent à l’écart, résumant la situation avec empressement, leur joue rosie par l’excitation des événements et un peu aussi par l’alcool.

-Cela se peut-il? Une actrice à un bal, l’intendant a dû faire une erreur en l’invitant, n’est-ce pas Mademoiselle Spencer? commença Théodora.

-Il parait que Stanfor a tenté d’embrasser Mademoiselle Thorne et que celle-ci la mordue jusqu’au sang. Répliqua Meredith.

-Quelle honte? Qu’a dit sa femme?



-Oh vous savez, la pauvre ne compte plus les incartades de son époux depuis belle lurette, elle se contente de prendre quelques dispositions de son côté.

Les demoiselles eurent un petit rire de connivence qui exclut Sarah de la conversation. Après tout, en tant que pucelle, elle ne pouvait pas savoir de quoi ils parlaient.

-Il était complètement furieux.

-Stanfor? demanda la magicienne.

-Non pas lui, répliqua Meredith, le Comte, vous auriez dû voir son visage lorsqu’il a réussi à s’approcher de lui, il l’a presque provoqué en duel.

-Ce n’est pas prudent de défendre sa maitresse en public, répliqua Cornelia avec sagesse.

-Il vous faudra lui tenir la bride haute ma chère si vous vous mariez, vous ne pouvez pas laisser votre réputation s’entacher de la sorte, continua Meredith d’un air compatissant.

-Si vous souhaitez toujours vous unir avec lui, bien évidemment, personne ne pourrait vous en vouloir de briser votre engagement après tous ces événements, ajouta Cornelia toujours remplie de bon sens. Une femme ne peut se laisser insulter de la sorte, surtout en public.

-Et puis, vous aurez peut-être d’autres demandes… nous avons cru remarquer que vous aviez été le centre de l’attention de deux beaux mâles fraichement débarqués! Dites-nous en plus ma chère, ne soyez pas avares!

S’en suivit alors des questions sur les deux Italiens auxquelles Sarah répondit du bout des lèvres. Ainsi, le Comte était revenu dans la salle, s’occupant encore une fois d’une autre plutôt que de venir la voir. Un accès de jalousie lui creva le cœur, aussi douloureusement que les crocs de Bloomfield qui avait percé sa peau. Qu’espérait-elle donc? Même dans cette tenue, plus rayonnante qu’elle ne le serait jamais, elle n’était toujours qu’un passe-temps et il y avait des choses plus importantes que le plaisir.

-Si vous voulez bien m’excuser, mesdames…

Sarah s’éclipsa du petit groupe parmi lequel elle commençait à étouffer. Ces jeunes épouses semblaient avoir décidé de la prendre sous leurs ailes dans un tourbillon de bavardage impossible à tarir. Cette soirée laissait à l’héritière un goût amer; mélange d’alcool et de sentiments refoulés. Elle avait l’impression de vivre échec sur échec. Elle n’avait pas réussi à aborder Mademoiselle Thornes pour discuter de son plan avec Alexander. La belle actrice avait filé sans demander son reste, poursuivit par sa sulfureuse réputation. Puis il y avait eu cette inventrice, qui avait su attirer l’attention du Comte assez longtemps pour s’éclipser sur le balcon avec lui pendant plus de temps que ne l’acceptait la bienséance. Le Comte. Penser à lui donnait envie de hurler. Quand elle songeait à tout ce qu’elle avait attendu de ce soir. Non content de lui passer sous le nez sans même la saluer, il s’affichait publiquement avec ses maitresses allant même jusqu’à provoquer en duel l’un des invités pour avoir malmené l’une de ses actrices. Cela sentait le secret de polichinelle à plein nez, comme si tout le monde était au courant des plaisirs que s’offrait le vampire dans la noirceur de la nuit. Sarah soupira. La remarque du Sieur de Santis l’avait déstabilisé.  Ce nouveau personnage qui s’ajoutait à toute cette intrigue semblait de trop et il était bien renseigné. Ses petits sous-entendus avec son ami avaient réussi à atteindre la jeune femme plus qu’elle ne l’avait laissé croire. La jalousie la rongeait et elle ne pouvait s’empêcher de songer à l’amertume de Maria. Était-ce là aussi son destin? Aimer le Prince de la nuit de loin en haïssant intérieurement toutes celles qui s’offrent à lui?

Comme à son habitude, Sarah sentit sa présence avant même qu’il ne se matérialise devant elle. Son corps réagit de lui-même à la simple aura du Grand homme comme si une part du Don obscur qui habitait les vampires se retrouvait chez l’humaine. Peut-être était-ce son instinct plus aiguisé par les nombreuses chasses qu’elle avait effectuées qui l’avait entrainé à détecter aussi facilement la présence des vampires. Ou était-ce la manière dont son âme vibrait lorsqu’il se trouvait à proximité? Toujours est-il que lorsqu’elle sentit son ombre dans son dos, une douce chaleur s’installa au creux de son ventre. Les poils se dressèrent sur sa nuque et un frisson délicieux traversa son échine lorsque sa voix de ténor résonna près de son oreille.


- Miss Spencer...Je vous retrouve enfin...

Sarah se retourna lentement, comme par crainte que tout geste brusque ne le fasse disparaitre de nouveau. Ainsi donc il était là. La belle le détailla sans retenue, avec sa franchise habituelle, cherchant à sonder son âme comme pour s’assurer qu’une partie de cette vulnérabilité qu’il lui avait montrée existait encore. Elle ne sut que penser de ce qu’elle vit. Il était là et pourtant déjà ailleurs. Comme si son esprit se dirigeait déjà sur les nombreuses affaires qu’il avait à traité. Le regard qu’il plongea dans les siens était rempli de tendresse et de souffrance, comme s’il ne la voyait déjà plus. Après tout, des siècles les séparaient et même en étant l’un face à l’autre, ils n’appartiendraient jamais au même présent. Ignorant les regards indiscrets qui les observaient à la dérobée, l’aristocrate s’inclina profondément avec une élégance rare qui ne trahissait en rien la raideur qui habitait encore sa jambe blessée. Elle laissa le Comte prendre ses mains, constatant que celles du vampires étaient froides, mais ne tremblaient plus. La fièvre l’avait donc quitté?

-Je suis navré de ne pas avoir pu vous adresser mes vœux plus tôt.

Un sourire blessé étira les lèvres de l’humaine tandis qu’elle jetait un coup d’œil à la porte-fenêtre par laquelle le Comte s’était éclipsé avec la belle inventrice.

-En effet, Mylord, j’ai cru remarquer que vous étiez fort occupé de votre côté.

Elle aurait voulu être plus cinglante, réussir à le blessé autant qu’elle pouvait l’être elle-même mais son ton ne parvenait qu'à être empreint d'un lourd reproche.

- M'accorderez-vous cette danse ?

La Chasseuse hésita devant cette main tendue. Non pas qu’elle ne souhaitait pas danser avec lui, elle doutait cependant que le vampire soit capable d’en suivre les pas. Comment pouvait-il être si différent de ce qu’elle avait vu la dernière fois?

* Navré Sarah, j'ai été retardé et je manque de temps. J'ai de nombreuses choses à régler. Viens...Nous devons discuter...*

Clignant des yeux faces à cette interruption mentale, la belle fronça les sourcils. Depuis leur dernière rencontre il passait plus facilement par la voix de l'esprit que par voix vive, ce qui était bien plus accommodants en ce moment. Visiblement, il allait mieux. Affichant un sourire mondain, elle inclina la tête avant de prendre cette main qui lui était tendue.

-Comment pourrais-je refuser? Je vous suis, monsieur.

Une joie fit bondir son coeur lorsqu'elle posa sa main dans la sienne. Contrairement aux moeurs, Sarah ne portait pas de gants aussi put-elle sentir la douceur de la peau albâtre du Comte lorsqu'il referma ses doigts contre les siens. Ils s’engagèrent sur la piste de danse, ignorant volontairement les regards qui les suivaient. La musique vint guider leur pas et bientôt ils valsèrent en harmonie, la belle laissant son cavalier la conduire parmi les danseurs. Ils tourbillonnèrent, faisant disparaitre les visages curieux en un amas de couleur dans lequel ils n’existaient plus. Sous ses doigts, Sarah sentit la puissance du Comte qui tenait sa main et sa hanche avec délicatesse. Ses pas étaient agiles et il se déplaçait sur la piste de danse avec grâce. Ses yeux se posèrent contre le col blanc de la chemise de l'homme où sa cravate élégamment noué masquait les contours de sa gorge. Qu'en était-il des horribles stigmates qui parsemait son torse? Elle serra un peu plus fortement sa main gauche posée contre le biceps du géant, testant la réaction du bras de l’homme qui ne faiblis pas. Il semblait complètement remis de leur dernière rencontre. Peut-être Maria avait-elle raison. Son éloignement semblait faire du bien au Prince. La voix grave résonna de nouveau.

- Votre père m'a reçu dans son bureau. Il m'a dit que vous aviez accepté ma demande à une condition...J'aimerais savoir laquelle...

Cette annonce lui fit l’effet d’une douche froide et elle cessa prestement son étude de la santé du Comte. Ainsi donc il était au courant depuis le début de la soirée que sa demande en mariage avait été acceptée et pourtant il ne s’était pas hâté de la rejoindre. Au lieu de la réjouir, cette nouvelle attisa plutôt la fureur de la magicienne qui garda silence. Quelque chose dans le ton du vampire l’alerta, une sorte de joie mêlée à une profonde déception. Elle observa son regard. Depuis quand cette lassitude brillait-elle au fond de ses prunelles anthracite? Sarah réfléchis un instant. Devait-elle se sentir visé par cette nouvelle? Pourquoi un homme prendrait-il le temps de faire le tour de la salle avant de venir rejoindre sa fiancée? La conclusion lui sauta aux yeux: il n’avait pas signé les documents. Elle en était à présent certaine. Seule cette option pouvait expliquer le comportement gêné de ses parents, le retard de cette annonce tant attendue et leur empressement à la pousser dans les bras du fameux cousin du Comte.

-Ainsi donc vous étiez au courant et avez pris votre temps pour me retrouver. Murmura-t-elle pour elle-même avant de continuer plus fortement, cette fameuse condition ne devait pas être votre priorité.

Sa remarque sortit plus durement qu’elle ne l’aurait souhaité, pourtant, elle voulait qu’il comprenne son humiliation à le voir ainsi parader aux bras de l’une et de l’autre en oubliant sa présence. Elle repensa aux petits sourires désolée de Vincento. Sans savoir pourquoi, la colère fusa de nouveau en elle. De son ton le plus calme, elle continua de parler, son regard fixer sur un point invisible au-dessus de l’épaule droite du Comte.

-En faite, maintenant que nous en discutons, une autre me vient à l’esprit, mais je doute que vous soyez aptes à faire preuve de discrétions lorsque vient le temps de rencontrer vos maitresses. Il semblerait que tout le monde soit au courant de vos incartades... Sauf moi, bien sûr.

Ignorant le rouge qui ornait ses joues, Sarah continua d’éviter le regard du Vampire. Parler de sa vie privée ne faisait pas partie de ses plans initiales, mais elle ne pouvait supporter l’humiliation publique à laquelle elle faisait face depuis le début de la soirée alors qu’il dansait avec une actrice sulfureuse avant de s’éclipser avec une femme d’affaires à la liberté affirmée. Il y avait aussi ces somptueuses créatures qui lui servaient de disciples et qui le suivaient comme son ombre. Quelle était sa place parmi toutes ces grâces dont il s’entourait, pourquoi la choisir elle?

[i]''Parce que...tu es belle ? Tu me fais vivre un enfer ?...Tsss....Peut-être est-ce parce que je sais que toi, tu pourras tous les sauver...''


Sarah garda un silence obstinée. Le Prince l’entraina dans son sillage comme s’il était décidé de ne pas la lâcher. Incapable de supporter cette tension qui venait gâcher leurs retrouvailles, la belle soupira. Pourquoi fallait-il toujours qu’ils finissent par se disputer? Pourquoi n’arrivaient-ils pas à être en harmonie comme les pas de leur danse? Alors qu’ils s’approchaient trop près d’un autre couple, un habile pas de danse du Comte les éloigna des autres. La Chasseuse ne put réprimer un sourire qui flotta sur ses lèvres avant de disparaitre. Elle ne pouvait s’empêcher d’être heureuse de le voir de nouveau en pleine possession de ses moyens même si c’était visiblement d’autre qui jouissait de sa forme retrouvée. Brusquement mal à l’aise, la Chasseuse risqua son regard dans celui du Comte. Il lui avait demandé quelle était la condition qu’elle avait imposée à ce mariage.

-Ma demande....

Son ton s'était radoucit. Elle cherchait visiblement ses mots. L’héritière de la famille Spencer garda un instant silence, cherchant la manière la plus adéquate de formuler sa pensée. Elle y avait longuement réfléchi. Ses nuits d’insomnie avaient servi à retourner la question dans tous les sens. Il n’y avait que lui qui pouvait réaliser ce souhait. Se rapprochant de lui, la belle finit par lui demander à voix basse:

-Je te demande de m’offrir l’immortalité...

Sarah connaissait le point de vue du Grand Vampire à propos de sa race et savait ce que cela lui coutait de simplement envisager cette option, mais pouvait-il comprendre le sien? Voyant l’émotion déformer le visage de l’homme, elle s’empressa de poursuivre;

-Je ne pourrai pas t’aider si je reste sous forme humaine. Je ne ferais que continuer d’être un fardeau.

Elle était conscience te la limite de ses propres capacités. Combien de fois avait-elle manqué d'être tuée dans les dernières semaines? Jamais elle ne pourrait se passer de lui et de sa protection. Jamais elle ne pourrait l’aider à trouver le Père et la Mère en restant sous sa forme humaine. Elle avait repassé l’épisode sous l’Opéra dans sa tête à plusieurs reprises et elle ne pouvait qu’en venir à une seule conclusion; humaine, elle ne ferait que lui attirer problème par-dessus problème. N’avait-il pas été obligé d’aller la chercher à Hightgates? N’avait-il pas été blessé par sa faute en voulant la sauvée? Qu’avait-elle pu faire lorsqu’il était sorti de son cercueil, poisseux de sang? Rien. Si le temps n’avait pas raison d’elle, la maladie ou un accident finiraient par la tuer.

-Ne souhaites-tu pas que je reste avec toi?

Le refus catégorique de Jiromaru fut comme un nouveau coup qui la blessa. Elle eut un mouvement de recul, une hésitation, presque tentée de quitter la piste de danse et de laisser son cavalier planter au milieu de la piste. Elle écouta son sermon qu’il lui débita avec ferveur sans broncher. La belle avait l’impression une fois de plus d’être une enfant capricieuse que le Comte se devait de remettre dans le droit chemin. Seulement elle n’était plus une enfant, encore moins depuis leur dernière rencontre. La déception transperça son regard et elle s'arrêta danser un temps d’avance sur les dernières notes de la musique. Le sourire de Sarah se teinta d’une immense tristesse. Son regard alla fixer un point lointain afin de chasser les larmes qu’elle sentait monter à ses yeux. Elle refusait de pleurer en public. Pire encore, elle refusait de pleurer devant lui. Elle ne voulait pas lui laisser croire qu'elle se servait de ses larmes pour le faire changer d'idée.

-Je savais que tu refuserais, murmura-t-elle surtout pour elle-même.

Sa main se serra plus fortement contre les doigts qui la guidaient pour éviter de trembler. La chasseuse se sentait si stupide de s’être trompée à ce point sur les intentions de Jiromaru, d’avoir cru que ses sentiments étaient partagés. Elle se laissa guider hors de la piste, ayant brusquement l’impression que la pièce se refermait sur elle. Cherchant de l’air, elle prit la direction du balcon, où ils surprirent un couple en train de s’embrasser. Les deux fautifs se hâtèrent de remettre de l’ordre dans leurs vêtements avant de rentrer dans la salle de bal refermant les grandes portes à leur passage. Était-ce dont cela que faisait le Comte avec la jolie rousse? La magicienne posa de nouveau un regard accusateur dans le sien.

-Cela irait à l'encontre de tes plans, c’est cela? Après tout, je ne suis qu’un sacrifice nécessaire sur ton grand échiquier non?

Elle était blessée, en colère. Désormais à l’air libre, le froid happant sa peau nue, elle laissait aller sa tristesse. Elle se moquait que le Comte ait fini ou non par découvrir ce que sa disciple lui avait dit. Maria avait été claire, depuis le début il avait l’intention de la tuer quand lui et lui seul le décideraient. Sarah se mordit la lèvre inférieure pour ne pas crier.

-Tu n’as jamais eu l’intention de tenir ta promesse n’est-ce pas?

Prononcer cette phrase lui coutait. Elle lui avait fait confiance, elle avait cru en lui. Son visage se tourna vers la salle de bal où l’on voyait la fête continuée dernière les grandes fenêtres.

-C’est pour cela que tu as fait venir ton cousin?

La magicienne eut presqu’envie de rire en voyant l’air interrogateur du Comte, comme s’il ignorait de quoi elle parlait. Cherchant à recomposer son masque mondain qui se fissurait, elle s’efforça d’afficher un sourire convaincant.

-Vincento de Santis s’est trouver fort désolée que vous soyez si occuper à son arriver. La bienséance aurait voulu que vous vous chargiez de le présenté à vos connaissances. Il a eu l’amabilité de me tenir compagnie pendant que nous vous attendions malheureusement une affaire l’attendait ailleurs, vous l’avez manqué de peu.



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Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Signat10
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Comte Keï
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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeLun 24 Fév - 17:17



Bal et intrigues à Spencer's House

Comte Kei, Ludwig Zwitter et Ambre Ghrianstad

"Jeux d'ombres et de charmes,
Adepte du pouvoir, courtiseur de dames,
Quand l'ordre donne sa main au grand chaos,
Accepte l'horreur, tombe donc de haut."


Dans la salle du bal
1er juin 1842


Jirômaru avait enfin retrouvé Sarah. Le coeur lourd, l'esprit inquiet et l'humeur maussade, il avait malgré tout pris soin de garder les formes pour la saluer et l'inviter. Malheureusement, la terrible révélation de Chastity l'avait tant remué qu'il ne pouvait plus prendre plaisir à la fête et cela était flagrant. Evidemment, pour Sarah qui l'avait attendu durant des heures, son attitude légèrement distante, ne l'aida pas à voir d'un bon oeil les derniers événements du bal. Elle lui fit ainsi tout de suite sentir qu'elle s'était impatientée. Jirômaru ne s'attarda pas sur le ton un peu raide que la Chasseuse avait pris pour l'accueillir. C'était un homme qui connaissait bien les femmes et il savait que c'était une stratégie pour demander de l'attention. Il l'avait presque ignorée depuis son arrivée, c'était normal que la belle ne le lui reproche.

- Oui, j'ai eu fort à faire depuis mon arrivée. Je suis navré. J'aurais aimé pouvoir vous retrouver plus tôt...

C'était la vérité. Depuis qu'il était descendu de sa voiture, le Comte ne pensait qu'à passer la soirée en compagnie de sa douce. Même si son coeur ne cessait de peser le pour et le contre au sujet de ses dernières décisions à son sujet, notamment en ce qui concernait leur mariage, il ne l'aimait pas moins pour autant et tout son être n'aspirait qu'à passer un peu de bon temps à ses côtés. Il voulait la protéger, la rassurer, la faire sourire, l'emmener danser et même l'embrasser...

Une main dans la sienne, l'autre sur sa hanche,  Jirômaru s'excusa ainsi brièvement avant de l'emmener avec lui sur la piste de danse. Ils avaient besoin de parler. Ensemble, ils dansaient donc maintenant au milieu des autres couples. Mondains, d'apparence guindée, ils commencèrent à discuter...

Jirômaru ne passa pas par quatre chemins : il expliqua à la jeune femme que son père lui avait parlé de la condition qu'elle souhaitait lui imposer pour accepter le mariage. Même s'il ne souhaitait plus s'unir officiellement à la jeune femme - afin de lui laisser sa liberté et de la protéger - il brûlait de savoir ce qu'elle désirait obtenir de lui.

Contre toute attente, Sarah réagit très mal à sa question. A ses yeux, cela aurait dû être une priorité de la trouver pour s'informer de cette fameuse condition. Lui qui avait bataillé pendant des mois pour obtenir sa main devait crever d'envie de connaître le dernier rempart qui s'opposait à lui ! Mais le Comte avait préféré errer dans le bal pour saluer ses amis et notamment ses "maîtresses".
Choqué par les sous-entendus de Sarah, Jirômaru se redressa un peu, piqué au vif, et lui lança un regard noir. D'après elle, "tout le monde" était au courant de ses "incartades", sauf elle. La belle jouait la vexée et la jalouse, ce qu'elle n'avait jamais osé faire auparavant.
Le Vampire se rendit compte qu'elle avait dû le voir danser avec Katherine Thornes et Chastity Stephenson. Il comprit également qu'elle l'avait vu disparaître sur le balcon avec la belle rousse...Sa fierté et sa réputation pâtissaient ce soir de son attitude et il réalisa soudain que de son point de vue et de celui des autres invités il avait décidément mal agis.


- Sarah...ton père m'a retenu, je n'ai pas vu le début du bal et quand je suis enfin arrivé tu étais très occupée avec les invités...Puis-je te reprocher d'avoir d'autres impératifs que moi ? Puis-je te reprocher d'avoir souri au duc de Valentinois ?

Son regard se fit plus dur. Il pouvait lui aussi jouer le jaloux...

- Ce que disent les méprisables ne m'intéresse pas, Sarah...Je ne pensais pas que tu entrerais dans leur jeu...As-tu seulement pris la peine de répondre à mes nombreux courriers et présents ? fit-il enfin avec une pointe de tristesse dans la voix. Je pensais que tu ne voulais plus du tout me voir...D'ailleurs, je n'étais pas attendu ce soir...n'est-ce pas ?

Le Vampire laissa mourir sa phrase et se tue un moment. Il ne désirait pas gâcher leurs retrouvailles et encore moins perdre du temps à jouer à ce jeu des jalousies et reproches. Il avait d'autres chats à fouetter.

Ils dansèrent donc un peu en silence, muets de remords et de colère. Jirômaru considérait qu'il n'avait pas de comptes à rendre à la belle qui l'avait elle-même ignoré pendant sa convalescence. Comment avait-il survécu à ces derniers mois ? Ce n'était pas grâce à sa présence...Après tout, si ses "incartades" lui déplaisaient à ce point, pourquoi n'était-elle pas restée à ses côtés ? Pourquoi avait-elle mis tant de temps à accepter ce fichu contrat de mariage !?

La danse les aida un peu à reprendre possession de leurs moyens et à se reconsidérer avec un peu moins de cruauté. Ils finirent même par se sourire avant que la belle magicienne ne lui révèle la condition qu'elle souhaitait poser pour le mariage. Leurs regards se croisèrent enfin après s'être ignorés de longues minutes.
Le coeur du Comte se mit à battre plus fort lorsqu'elle commença à lui expliquer ce qu'elle attendait de lui. Impatient, il serra un peu sa main dans la sienne. Puis, la cruelle révélation lui tomba sur l'âme comme la funèbre faux de la Grande Dame en noir.
Son visage se décomposa aussitôt en une moue indignée, perdue entre l'incompréhension profonde et une terrible colère. Son coeur avait manqué un battement et sa main s'était serrée sur celle de sa compagne comme pour l'écraser. Il faillit s'arrêter de danser, ébranlé dans sa foi. Sarah se mis rapidement à argumenter, pour l'empêcher de répondre trop vivement et pour se donner une chance de le convaincre. Mais, lorsqu'elle eut fini son malheureux plaidoyer, le Comte serra les dents et lui répondit d'un ton glacial :


- Jamais. Il tentait clairement de se contenir. Tu es donc devenue folle !? Comment oses-tu me demander une chose pareille !? T'offrir à la nuit, éteindre ton âme, te condamner à vivre cachée dans les ténèbres, glacée, loin de ta famille, loin du soleil et de ses rayons...? Y as-tu donc réellement songé !? Tu veux que je fasse de toi un monstre que tu aurais chassé ? Un être que tu exècres, sans âme, sans autre consolation que le sang qui souille ses mains...? Te rends-tu compte de ce que tu dis...?

La voix de Jirômaru s'affaiblit peu à peu. La main de Sarah se crispa dans la sienne et, ensemble, ils quittèrent la piste de danse pour aller respirer sur le balcon. Au Diable les rumeurs ! Ils devaient prendre l'air et discuter plus sérieusement de tout ça à l'abri des regards.
Sur le balcon, le Comte ne vit même pas le couple qui s'enfuit à leur approche alors qu'ils étaient en train de s'embrasser avec passion. Il lâcha la jeune femme pour prendre une grande inspiration et tâcher de se calmer. Laissant Sarah lui exposer de nouveaux arguments et reproches, il évita son regard et préféra jeter un coup d'oeil aux étoiles qui brillaient au-dessus de leurs têtes. Était-ce ça sa véritable malédiction ? Systématiquement perdre ceux qu'il aimait après les avoir entendu lui demander l'immortalité ?
A la mention de ses "plans", de son "échiquier" et d'un "sacrifice", le Vampire se sentit étrangement vidé de ses forces. Il poussa un très long soupir de désespoir : Sarah venait de le décevoir comme jamais.


- Si tu étais restée une pièce sur mon échiquier, Sarah, tu serais déjà morte, dit-il soudain dans la nuit, en lui jetant un regard dur.

Sarah était hors d'elle. Même si elle tâchait de se contenir, elle enchaînait les reproches qui n'avaient parfois aucun lien entre-eux. Elle perdait le Comte.

- Quelle promesse...? soupira-t-il avec tristesse. Comment pouvait-il se souvenir de tout ce qu'il avait bien pu lui dire ? J'ai promis de t'aimer. Je t'aime. affirma-t-il. J'ai promis de te protéger. Je te protège, même si ma façon ne te convient pas.

Mais, Sarah ignora presque ses réponses et continua de débiter ses reproches et suspicions. Elle lui lança au visage qu'il lui avait envoyé son cousin pour faire les choses à sa place. Jirômaru fronça les sourcils.

- Quel cousin ? De quoi tu parles ? demanda-t-il avec un soupçon d'inquiétude dans la voix.

Le nom que prononça Sarah cloua sur place le Comte qui écarquilla soudainement les yeux en ouvrant la bouche. Complètement sous le choc il resta un instant totalement muet de stupeur et d'effroi. Puis, il reprit vie, plus blême qu'auparavant, l'air presque malade. Il s'approcha vivement de Sarah et lui saisit un poignet avec force pour la ramener près de lui.

- Quelqu'un cherche à te monter contre moi ! Sans doute Crimson... grogna-t-il en jetant des regards vers la salle de bal. Il avait le coeur au bord des lèvres.

-  Tu sais que certains feraient tout pour me nuire...Ses yeux clairs transpercèrent ceux de la Chasseuse. Décris-moi ce "cousin". Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

Jirômaru réfléchit à ce qui venait de se passer. Pour lui, seul un membre des Sept ou Crimson pouvaient avoir eu vent de ce nom et l'utiliser contre lui. Vincento, son fils biologique, était mort à 33 ans, il y avait plus de quatre siècles. Son nom revenait comme celui d'un passé honni, d'un fantôme qui pouvait lui arracher le coeur dans ses pires cauchemars. Crimson avait sans doute décidé de détourner Sarah de lui, définitivement, afin de lui couper tout espoir et de l'indisposer pour leur duel à mort. Le Comte ne voyait que cette possibilité. La perspective que son fils soit vivant n'était pas envisageable : il l'avait vu agoniser dans un vieil hôpital italien après qu'il lui eût refusé l'immortalité. Crimson avait peut-être tout simplement poussé la jeune femme à lui réclamer cette immortalité en lui racontant l'histoire de son fils...Cela expliquait le changement soudain de cette dernière.

- Quelqu'un s'est joué de toi, Sarah. C'est ce Vampire qui t'a poussée à me demander l'immortalité ? Je te pensais plus réfléchie...fit-il avec déception. Crimson veut ma peau, pour contrôler les Vampires de Londres, et il n'hésitera pas à recourir à n'importe quel moyen pour me déstabiliser. Méfie-toi, Sarah. S'il te plaît, méfie-toi des langues de vipères...

Il posa sa main sur la joue de la jeune femme et soupira. Il était temps de lui expliquer la situation pour qu'elle évite de se laisser berner par d'autres.

- Sarah, je te jure que je voudrais rester à tes côtés, jour et nuit. Je voudrais que tu m'accompagnes dans les ténèbres, pour t'aimer jusqu'à la fin des temps. Mais mon coeur et ma raison refusent de te meurtrir encore. Je ne te donnerai pas une vie régie par la honte et le sang. Je ne te condamnerai pas à subir cette torture ! Sarah...je veux que tu vives, mortelle parmi les mortels, espoir de ce monde...Je veux que tu sentes le soleil sur ta peau, la caresse d'un rayon, le bonheur des couleurs d'une journée d'été. Je veux que tu aimes encore, que tu t'occupes de ta famille, que tu enfantes un jour...Sa gorge se serra. Je refuse ce mariage, pour te rendre ta liberté. Je refuse ta condition, pour te permettre de vivre pleinement. Mais je ne te jetterai jamais dans les bras d'un autre : tu le choisiras. Il marqua une pause, perturbé par ses propres mots. L'abnégation était décidément difficile. Du moment qu'il est humain, je ne t'empêcherai plus de vivre...Et si pour ton bonheur je devais réhabiliter Von Ravellow, je le ferai...Tu sais, je pensais que ta condition le concernerait...

Le Vampire laissa sa main quitter la joue de la chasseuse. Au fond de lui, il savait que la belle ne le comprendrait jamais : c'était ce qui le meurtrissait le plus. Il avait besoin d'elle pour chasser les Vampires du Sabbat, ceux qui tuaient sans respecter l'équilibre naturel, les Loups-Garous et les assassins sans scrupules. Il avait besoin d'elle parce qu'il l'aimait et la désirait, non comme un trophée mais comme une Eve à laquelle il était inévitablement lié. Mais il devait désormais choisir quel rôle devait prédominer : celui de la chasseuse ou celui de l'amante ? Les deux n'étaient plus compatibles, et sa condition au mariage le prouvait bien. Lui, il avait choisi la chasseuse.

- J'ai dit à ton père que j'étais malade et mourant. Je lui ai également avoué que j'étais stérile...Il prit ses deux mains pour les serrer dans les siennes. En te prenant pour épouse, je condamne la lignée des Spencer et je t'expose aux belliqueux de ma race. C'est inacceptable. Je te protégerai bien mieux depuis l'ombre. Tu pourras continuer à chasser. Je pourrais te donner de précieux renseignements sur les cibles à éliminer pour garantir l'équilibre de la cité...

Jirômaru rapprocha son visage de celui de la chasseuse et pressa ses mains contre son torse.

- Sarah...Je sais que je t'ai fait beaucoup de mal depuis notre première rencontre jusqu'à aujourd'hui...Mais tu dois savoir que je t'aime d'un amour plus profond que l'Océan. Malheureusement, nous ne sommes pas du même monde et j'ai une mission à accomplir. J'ai besoin de toi à la surface pendant que j'opère dans les souterrains...

Ses lèvres s'approchèrent dangereusement des siennes. Il mourrait d'envie de les goûter, une dernière fois.

- Je...Je dois m'occuper d'affaires très urgentes et mettre la main sur le malin qui s'est fait passer pour "mon cousin"...

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Crédit image: Par xXcherushiiXx sur Deviantart Faith.


> Jirômaru Keisuke <

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MessageSujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Icon_minitimeMer 26 Fév - 17:26

Bal et intrigues à Spencer's House




Sarah resta muette un instant à son tour, face aux reproches que lui renvoyait le Comte en plein visage. Lui? Jaloux? Son visage prit un air offusqué. Elle n’avait fait que danser avec ces hommes, elle ne s’était pas offerte! Comment pouvait-il comparer les deux choses? Elle accusa le coup sans broncher, laissant couler les remarques tandis que ses yeux bleus reflétaient son désaccord. Pourquoi ne lui avait-elle pas écrit? Comment pouvait-elle lui expliquer qu’elle s’était sentie complètement démunie après leur dernière rencontre? Ne l’avait il pas chassé de sous l’opéra? La magicienne n’avait su que lui dire ni comment répondre à sa dernière lettre qui la repoussait encore une fois. L’état dans lequel il était lorsqu’ils s’étaient quittés ainsi que les reproches virulents de Maria avait retenu sa main et ses pas, sans quoi elle se serait précipitée chez lui sans perdre de temps. Mais les affreuses stigmates hantaient encore son esprit. Son air pâle, malade. Comment pouvait-il ignorer le poids de la culpabilité que sa disciple avait fait naitre sur les épaules de la jeune Spencer? Elle avait été si occupée à se plonger dans la genèse des vampires, à endurer les airs supérieurs et les soupirs exaspérer de Drake à la bibliothèque, qu’aurait-elle du lui répondre de plus?

Gardant un silence obstiné, la Chasseuse comprit au ton de la voix de Jirômaru qu’il considérait le sujet clos. Le vieux vampire n’avait jamais justifié le moindre de ses actes, comment elle, simple humaine, osait-elle lui demander des comptes? Ils n’étaient pas mariés après tout. Sarah avait poussé un soupir avant de se lover un peu plus contre les bras puissants du vampire. Le champagne lui montait à la tête et le plaisir n’était jamais bien loin. Enfin elle l’avait pour elle seule. Enfin elle le tenait de nouveau dans ses bras dans un geste rempli d’égoïsme. Ne pouvant retenir un sourire de contentement, l’héritière manqua un pas, aussitôt rattrapé par les bras habiles de son cavalier. Elle serra plus fermement la hanche du Comte sous sa main délicate, appuyant sans le savoir sur la cicatrice qui ornait désormais la peau du vampire à cet endroit. Souvenir douloureux de ce qui s’était passé quelques mois plutôt lors de l’attentat du théâtre. De tous les hunters qui le pourchassaient, Sarah avait toujours été la plus dangereuse pour le Prince de la ville. Elle seule avait réussi à le blesser, elle seule avait réussi à l’atteindre et pourtant, loin de toute cette folie meurtrière, ils dansaient à présent ensemble, sous les lumières cristallines des lustres. Les tourbillons de la valse obligeaient Sarah à rester contre le corps du Comte pour suivre l’énergie de son mouvement. Sa manière de danser l’amusait. Ses pieds habiles, son corps puissant, il était un danseur émérite et elle avait l’impression de s’envoler à chaque fois qu’il l’entrainait dans une nouvelle ronde.

Mais elle était fatiguée. La polka roumaine avec Blake l’avait épuisée. Le champagne ne réussissait plus à lui donner une humeur joyeuse et la douleur à sa cuisse l’élançait. Malgré l’allégresse du moment, elle songeait avec amertume à la condition qu’elle devait lui demander. Les dernières attaques et la manière chevaleresque avec laquelle Jiromaru s’était mis à sa recherche lui avaient fait réaliser les dangers qu’il prenait pour sa sauvegarde. N’avait il pas accepté ce duel que lui réclamait le primogène de la Camarilla? Elle avait été atterrée lorsque les rumeurs des clubs de la société nocturne avaient fini par lui parvenir. Il mettait sa vie en danger et c’était inacceptable.

Pleine d’espoir, la Chasseuse lui avait alors demandé l’impensable. L’immortalité. Mais face à la violence de son refus, elle s’était tue, détournant son beau regard pour ne pas qu’il constate qu’elle en avait été blessée. La musique s’était arrêtée à ce moment-là, timing parfait qui lui avait permis une fuite en direction des balcons. En faite c’était de lui qu’elle cherchait à fuir. Une rancœur inconnue gonflait son cœur, exacerbé par les proprios moqueurs de l’étrange italien qu’elle avait rencontré. Ce détail sembla surprendre le Comte qui blêmit face à cette révélation. Le peu de couleur qui composait son visage disparut entièrement et ses yeux hagards fixèrent un instant la salle qu’ils venaient de quitter avant que sa main n’agrippe son poignet avec force, la forçant en un mouvement à se rapprocher de lui.

La magicienne le dévisagea un instant sans comprendre. Pourquoi quelqu’un aurait-il cherché à se faire passer pour son cousin? C’était trop énorme, trop risqué. Aucun vampire n’aurait osé un tel affront. Elle lui décrivit alors le jeune homme, beau et plein d’assurance qui s’était présentée à elle. N’omettant rien y compris leur air de famille flagrant. Loin de le rassurer, ses paroles semblaient clouer le Comte sur place au fur et à mesure qu’elle lui racontait. Il finit par reprendre vie, secouant la tête comme pour en chasser une idée irréaliste avant de plonger de nouveau son regard dans le sien. Accentuant la proximité qui existait déjà entre eux, Jiromaru lui fit alors de nouvelles révélations. Ses propos sidérèrent la jeune femme qui chercha à rompre le contacte entre eux, mais elle ne trouva pas la force de faire le moindre geste.


-Tu irais jusqu’à réhabiliter Alexander?

Sa voix n’était plus qu’un murmure. Tout cela la stupéfiait. Elle eut un pas de recul, effrayé par cette nouvelle réalité. Sarah se sentait terriblement coupable de tout ce que Von Ravellow avait dû subir par sa faute. L’aristocrate déchu avait tout perdu, reclus désormais au rôle de hors-la-loi. Tout ce pour quoi elle avait travaillé dans l’ombre pouvait désormais prendre un dénouement couronné de succès. Le Comte avait en effet le pouvoir de faire lever les accusations qui pesaient contre le jeune homme. Elle lui devait bien cela.

Jiromaru s’approcha de nouveau, emprisonnant ses mains entre les siennes.

- J'ai dit à ton père que j'étais malade et mourant. Je lui ai également avoué que j'étais stérile... En te prenant pour épouse, je condamne la lignée des Spencer et je t'expose aux belliqueux de ma race. C'est inacceptable. Je te protégerai bien mieux depuis l'ombre. Tu pourras continuer à chasser. Je pourrais te donner de précieux renseignements sur les cibles à éliminer pour garantir l'équilibre de la cité...

Sarah ne put s’empêcher de rougir violemment. C’était la deuxième fois qu’il mentionnait sa descendance. L’héritière ne s’était jamais imaginée en mère, bien que des femmes plus jeunes qu’elle l’étaient déjà. Elle? Porter un enfant? Sa tête se baissa. Elle n’avait jamais cru cela envisageable. Brusquement, la magicienne comprit au ton du vampire que celui-ci prenait des airs d’un adieu. Ses yeux bleus plongèrent dans ceux du Prince, cherchant à formuler une phrase pour le retenir, pour le faire changer d’idée. Pourquoi refusait-il de la laisser être à ses côtés? La peur la saisit. Comment pouvait-il croire qu’elle accepterait de le perdre aussi facilement?

-Et si Moi j’ai besoin de toi? Et si je refuse que tu prennes les décisions à ma place ?!

Sa main contre le torse du Comte se serra, agrippant au passage sa cravate de soie pour le tirer vers elle. C’était dans ce genre de situation que la jeune femme se rendait compte de la différence de taille qui existait entre elle et le vampire. Perchées sur la pointe de ses escarpins, ses lèvres atteignaient à peine la bouche du Prince. Engaillardie par le champagne et la danse, elle prit possession de sa bouche avec une assurance qui ne lui ressemblait guère. Ses mains tremblantes s’agrippèrent à sa chemise, froissant le tissu au passage pour se coller contre son torse. Elle le voulait Lui, en entier, sans aucune concession, sans aucun partage. Ne pouvait-elle pas lui faire oublier toutes les autres? Que pouvaient bien offrir ces femmes qu’elle n’aurait jamais? Elle en avait assez des reproches à peine dissimulés; sa jeunesse, son inexpérience, son humanité, que devrait-elle faire pour trouver grâce à ses yeux? Les paroles de Vinciento, celles de Maria, du Comte même tourbillonnaient dans sa tête. Ne pouvait-il pas lui offrir la liberté à laquelle elle aspirait?






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