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[07/12/1841] La place dans la chaîne alimentaire.

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Red'maw
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MessageSujet: [07/12/1841] La place dans la chaîne alimentaire. [07/12/1841] La place dans la chaîne alimentaire. Icon_minitimeDim 4 Fév - 12:09

La journée s’était déroulée dans un calme incroyable. Du moins, ce mon point de vue.

La matiné, j’ai aidé David à faire un bon coup de ménage au Broken Jaw. Lorsque nous avons ouvert, la salle s’est progressivement remplie, d’abord pour le service du midi, puis pour les quelques rares qui ne travaillaient pas mais pouvaient se payer une pinte, suivis en général de ceux dont le métier les maintenait surtout occupés le matin. Pas d’éclat de voix, pas de problème : juste des discussions tranquilles, des parties de cartes bon-enfant, et de l’alcool ingurgité. Vers 16h40, j’ai fait signe à David que je devais filer : il m’a donné le quitus sans un mot. Il savait déjà que je devais sortir pour mon « autre emploi » dans la journée.

Ce dernier se déroula lui aussi sans la moindre encombre. Krieg a, il y a peu de temps, décidé de m’affecter de petits groupes, voir comment je me débrouille pour mener des hommes. La plupart du temps, ça se passe bien. En particulier depuis que j’ai cassé le bras en trois à une fouine qui, en récoltant l’argent de celles qui faisaient le trottoir en extérieur, en profitait pour s’en mettre dans les poches. Blunt aide aussi, de façon surprenante. Il me regarde toujours quelque peu de travers, mais ne pipe plus mot. Il en deviendrait presque agréable. Le travail était simple et facile : aller voir un commerçant un peu en bordure du territoire de la meute, et l’enjoindre à nous verser, régulièrement, de petites sommes. Lorsque nous sommes arrivés, j’ai eu droit à une expression blasée que je ne reçois pas souvent : celle de celui qui n’a pas le temps qu’on l’importune, mais qui sait qu’il va devoir le prendre. Sans trop tergiverser, il nous a expliqué – c’était surtout blunt qui lui parlait – qu’il versait déjà à un autre groupe … Qui était venu le prévenir que si nous nous pointions, il allait falloir qu’ils discutent avec le patron. Ce dernier gagnait, dernièrement, trop d’influence pour ne pas être remarqué. Quant au marchand … Il a accepté nos tarifs. Nous « lui dérobions un peu moins », a-t-il lâché avec un sourire. Quelqu’un a failli faire une remarque déplacée comme quoi la chose pouvait s’arranger.. Un coup de coude discret a fait mourir la remarque dans l’œuf.

Nous sommes retournés à la nouvelle demeure de Slick, en avance, une bourse à la ceinture, les mains dans les poches. A part Blunt, et Remi, qui l’accompagne souvent, je ne connais pas le nom de tout le monde. Des fois, William vient avec moi aussi. Mais sinon, les visages sont souvent différents … Quelqu’un explique mon problème pour moi. En général, ça s’accompagne d’une petite histoire sur mon manque de patience, ou comment j’ai été recrutée. Des fois, ça fait rire. Mais encore personne n’a voulu vérifier si les ragots étaient fondés. La grosse marque violette sur la joue de Blunt, cicatrice d’un certain nombre de coups de poing placés au même endroit une certaine nuit, parle d’elle-même. Lorsque nous arrivons chez Slick, ce dernier est nerveux comme une puce. Ça arrive souvent, ces derniers temps. Ça ne l’empêche pas d’avoir un petit sourire en voyant la bourse. William, à côté du grand bureau en bordel complet, note ce que lui dit le brûlé avec application : qui, quand, combien, et une petite mention qu’il faudra négocier avec tel gang. Non, vraiment. Absolument toute la journée se passait de façon merveilleusement calme.

Puis, quelque chose bouscule tout ça. Au début, je n’ai pas l’impression que ce soit quoi que ce soit d’important. Juste des pas, qui montent un escalier. Je ne connais pas la nouvelle tête, lorsque je la vois. En revanche, deux choses. Premièrement, la jeune femme a les mains tachées de sang. En fait, ce serait plus exact de dire trempées de sang. Elle tente de les essuyer avec un torchon, mais sait probablement elle-même très bien que ce sera relativement sans effet. Il s’agit probablement juste d’avoir les doigt secs, avant de passer à la personne suivante. La seconde chose, qui me perturbe lorsque je tourne la tête vers Slick, c’est de remarquer que tout son calme s’envole, alors qu’il se met nerveusement à caresser, dans son dos, le pommeau d’un couteau. Le geste est discret, mais entre ça, son œil qui passe très rapidement en revue le groupe, ou William qui se met tout de suite à le regarder avec des yeux de merlan fris comme s’il surveillait ses réactions, quelque chose cloche. Et je n’aime pas ça.


- … Et bien, ne vous dérangez pas tant que cela pour moi, enfin … Encore que ? Il y a vraiment beaucoup de nouvelles têtes dans le groupe … Slick, tu nous présente ?
Mouais. Il se racle la gorge avant de lâcher un soupire, et tendre un bras vers blunt, l’œil un peu plissé. Tu connais déjà, pat’ aussi … Ah, bien sûr. Mila, voici Jeff, une de nos dernières recrues de … L’east end ?
- J’ai quitté Glasgow il n’y a que quelques semaines à vrai dire. Son accent témoigne pour lui.
J’me disais aussi qu’il y avait une arnaque … Jeff’, voici Mila, la … Compagne de Krieg.

Le mot me fait tomber un poids dont je ne soupçonnais même pas l’existence sur l’estomac. Je cligne des yeux, puis la regarde de nouveau. Et subitement, j’ai l’impression de beaucoup, beaucoup mieux la voir. Son sourire quasi normal. Quasi. Mais telle une imperceptible imperfection, il est teinté d’une once de folie. La façon dont ses mains sont tachées aussi est révélatrice. Elle ne tenait pas d’arme lorsque le sang a coulé … en réalité, vu la façon dont même l’espace entre ses doigts est encore vermillon, je pense qu’elle a directement plongé sa main dans la chaire de … quoi que ce soit dont elle « s’occupait ». Inutile de trop chercher à le définir. Je sais que c’est mort. Je dirais presque que je le sens. Lorsque j’entends mon nom, je tourne la tête, sortie brusquement de mes pensées. Slick. Qui continue de me présenter, regardant la femme du patron. Lorsqu’il se tourne vers moi, il marque une pause … Et un genre de « sourire » prend naissance sur ses lèvres.

- Hey, Red’ … ça va ?

La question mérite d’être posée. Est-ce que je vais bien ? Je continue de l’observer une ou deux secondes de plus, mais me tourne vers la fameuse Mila lorsqu’elle prend la parole.

- … Et bien ma foi, si ce n’est pas une charmante petite bagarreuse que nous avons là … Peu loquace, mais qui parle avec ses poings, c’est cela ?

Sa voix m’empêche de répondre. Elle a des intonation extrêmement subtiles qui me font courir des frissons le long du dos. Pas de peur. Pas exactement. C'est plus … Vicieux que ça. Je n’ai jamais vraiment eu peur de Krieg, car j’ai su, dès la seconde où je l’ai vu pour la première fois, que c’était un monstre, intégralement. Un monstre qui voyait mon utilité, et ne me considérait pas comme une menace. Quelqu’un à surveiller, mais avec lequel je n’aurais pas de problème, donc. Mais cette femme, dont les pas ne font aucun bruit sur le plancher poussiéreux … C’est une chose d’un tout autre genre, sans pourtant être fondamentalement différente. Elle peut juste s’offrir le luxe d’afficher le masque d’une personne normale. Un masque enjôleur. La façon séduisante, très loin d’anodine, qu’elle a d’approcher de moi. Le torchon, avec lequel elle joue plus qu’elle ne s’essuie les mains. Le léger frottement de ses dents sur sa lèvre inférieure, comme si elle retenait une morsure. Et ses yeux. Ses yeux qui font instantanément hurler quelque chose, profondément en moi. Elle réalise probablement qu’elle me trouble. Elle ne sait pas à quel point, ni de quelle façon. Mais elle s’amuse déjà d’en jouer. Je ne bouge pas un cil, mais je surveille absolument le moindre de ses gestes, le moindre pouce de distance qu’elle fait disparaître entre elle et moi. Je suppose que mon expression change au fur et à mesure, car l’amusement dans ses yeux augmente de plus en plus. Lorsqu’elle n’est plus qu’à un pas ou deux de moi, elle s’arrête, laissant tomber le torchon à terre, et me regarde avec un sourire presque aussi détestable que celui de son conjoint. Pas de la même façon … Mais peut-être pire, à vrai dire.

et bien … Tu comptes faire quelque chose, ma puce, ou tu vas rester là jusqu’à ce soir à simplement contempler mes yeux ?


La mâchoire rouge... Pourquoi un tel nom ?:


Dernière édition par Red'maw le Dim 4 Fév - 12:11, édité 1 fois
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Red'maw
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MessageSujet: Re: [07/12/1841] La place dans la chaîne alimentaire. [07/12/1841] La place dans la chaîne alimentaire. Icon_minitimeDim 4 Fév - 12:10

Il n’y a pas une mouche qui daigne faire un son dans la pièce. Personne ne bouge. Personne ne parle, ni même ne tente de prendre la parole. Il n’y a qu’elle, vivante, sensuelle, qui se balance très doucement d’un pied sur l’autre sans cesser de laisser d’imperceptibles changements rendre son expression d’autant plus perturbante. Elle … Et moi. Qui suis si concentrée que j’ai l’impression que mon crâne va exploser. Je crois que j’ai des muscles qui tremblent. Des membres tout entier, en fait. Je dois légèrement lever les yeux pour la regarder de face, à cette distance. Ça ne me plaît pas. Ça ne me plaît pas du tout. Je ressens pratiquement la même souffrance, dans mes os mêmes, que si j’étais en train de me transformer. Mais ma peau ne change pas. Il n’y a aucun éclair d’alchimie. Aucune cellule qui se transforme, aucune matière convertie. Juste moi, qui regarde une autre tueuse dans les yeux, à souhaiter intérieurement qu’elle ne se détourne et ne s’en aille. Enfin … je le souhaite. Quelque part. Une petite voix, au fond de mon esprit. Très loin. Très loin, et étouffée par autre chose. Un hurlement, de chaque fibre de mon être, qui m’ordonne de la tuer pour que sa simple existence ne cesse de menacer la mienne.

Quelque chose percute le toit. Si les discussions avaient continué, que nous avions été en train de marcher, ou que nous n’avions pas fait attention, le son n’aurait même pas été perceptible. Mais je l’entends aussi clairement que si un marteau avait frappé les tuiles fatiguées. Et aussitôt, je me mets en mouvement, aussi vite que je ne le peux. Elle aussi. Mes mains trouvent le manche de mon stylet et son fourreau sans même que je n’ai réalisé ce que je voulais faire. Je tire l’un, maintiens l’autre en place. La lame argentée tranche l’air pour venir se placer. Elle ne s’arrête qu’à l’épaisseur d’une rognure d’ongle de la carotide de la louve face à moi. Car je n’ai aucun doute sur le fait que ce soit une louve. Sa peau semble si vulnérable … Et pourtant, son sourire est toujours là. Mais il a changé. Le masque normal s’est fendu … il est tombé. Ses traits ne sont pas tant plus crispés ou plissés … Mais son expression … toute entière … est plus … intense. Beaucoup trop. L’idée que je ne la menace de la tuer la fait jubiler. Ceci dit, ce n’est pas la seule raison à sa joie.

Quelque chose a percé la peau de mon ventre. Pas les organes. Ce n’est pas une plaie profonde. Je ne sais même pas si, lorsque la lame se retirera, j’aurais le temps de saigner, avant que les chaires ne se referment. Mais quelque chose à légèrement incisé mon ventre … et se tient là, prêt. Je n’ai pas besoin de baisser les yeux pour savoir qu’il s’agit d’un couteau. Juste en dessous de mon sternum. Avec l’angle que je sens qu’il a, je vois très bien le but de son geste. Elle remonte le poing, et sa lame me transperce le cœur. Sans le moindre problème. Sans le moindre obstacle. Et sans grande chance que j’y survive. Tout comme moi, elle a arrêté sa lame. Mais tout comme moi, elle ne l’a pas retiré. Nous restons là, à continuer de nous regarder dans les yeux. Ma main tremble. Pas comme celle de quelqu’un ayant peur de son propre geste. Pas comme quelqu’un qui ne saurait se décider entre maintenir ce couteau en place, et abandonner toute tentative d’intimidation en reculant. Au contraire. J’hésite. J’hésite entre continuer à retenir mon stylet là où il se trouve … Et le laisser déchirer cette gorge, qu’elle lève très légèrement la tête comme pour me l’offrir. Elle veut que je le fasse. Elle veut me voir le faire.

Lorsque d’autres coups de marteaux se mettent à frapper les tuiles, je comprends qu’il ne s’agit que de la pluie. Les carreaux sales de la fenêtre permettent de voir une averse, qui devient en quelques secondes aussi violente qu’un orage de tempête. Deux blondes restent immobiles, dans une salle sèche qui pue le sang et l’encre séchée. Quelque chose siffle. Pas comme un oiseau, ou un jeune homme de mauvaise éducation … plutôt … comme … un gosse chétif qui respire mal. Il me faut un effort monstrueux pour décoller mes yeux de Mila, et jeter un œil sur ma gauche. William. Qui est aussi terrorisé que si les deux lames le pointaient lui. Lorsque je regarde de nouveau Mila, elle a tourné la tête vers lui aussi … Mais revient très vite à moi. Mais son sourire s’atténue … et elle retire son couteau si lentement que si je ne l’avais pas face aux yeux un instant plus tard, je le penserais encore appuyant contre mon ventre. Le stylet vacille quelques secondes de plus … mais finit par s’abaisser, pivoter, et filer vers ma nuque, où je le range dans son fourreau avec un léger claquement. Je réajuste mon écharpe blanche pour le masquer, par habitude. Si ce n’était pas presque déjà devenu un réflexe, je n’y aurais même pas songé. Je souffle. J’inspire. J’ai toujours l’impression de sentir son arme contre moi.

- Red’, c’est pAHCK-

Blunt. A qui mon poing a coupé la parole, en lui percutant la mâchoire pour le foutre à terre. Je le regarde se masser la pommette, incapable de réagir convenablement. Lui comme moi. J’halète. Comme un bœuf, à vrai dire. Il me regarde sans comprendre. J’ai du mal à saisir ce qui se passe lorsque je me redresse. Des visages, autour de moi. Je ne comprends pas leurs expressions. A part … à part un sourire. Moqueur. Encadré de cheveux blonds. Je tente de m’excuser. Pour ? Blunt. Je m’excuse à Blunt. Mais la phrase sort mal. La phrase … deux mots. Je me dirige vers la porte d’une démarche raide. Personne ne m’arrête. Le battant percute le mur lorsque je le pousse. Je descends les escaliers en glissant sur une marche. Je pousse la porte principale de la maison, quelques secondes plus tard. Il ne me faut qu’une dizaine de pas dans la rue pour être trempée. Mais je continue de marcher. Sans savoir où je vais, où je suis. Le quartier ne m’est pas familier. Je passe dans les ruelles. L’eau ne rentre pas dans mes bottes de peu. Je respire toujours aussi fortement malgré la pluie, et dois finalement m’arrêter. J’ai l’impression que quelque chose cogne, dans ma tête, comme pour sortir. Qu’est-ce qui vient de se passer ? Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai toutes les peines du monde à remettre les unes dernières les autres les dernières minutes de ma vie. Main sur le ventre. Pas de couteau. Ma chemise est déchirée. Je regarde ma paume. Du sang. Je dois fermer les yeux. Continuer à … je suis en vie. Inspirer. Expirer. Rouvrir les yeux. Je me remets en marche. La pluie est glacée, mais j’ai trop chaud. Droite ? gauche ? Je reste un instant face au mur, hésitante … puis reprends.

* *
*

Il s’écoule surement plusieurs minutes avant que je ne parvienne à m’éclaircir les idées. Mon corps aussi s’est calmé … un peu. Ne reste qu’une colère sourde et puissante. Mais rien pour la faire sortir. Le fait que ce soit la femme du patron ne devrait pas me déranger … non, il ne me dérangerait pas en fait, si … il ne me dérange pas. J’observe un instant un mur de brique. Met un coup de poing dedans. Je sens la peau du dos de mes doigts se déchirer, et la retire lentement, serrant les dents à cause de la douleur. Je regarde les chaires se reformer. Ça me dérange. Ça me dérange parce que je ne peux pas … … la pluie ne m’aide pas à trouver le mot. Mais elle est dangereuse. Pour moi. Pour d’autres. J’ai un sourire en me rappelant la nervosité de Slick. Mais c’est différent. Slick pourrait changer son visage pour avoir celui de Krieg qu’il le ferait immédiatement. Se ferai-t-il offrir d’avoir autant de sang sur les mains qu’il n’hésiterait pas. Il veut que le patron l’apprécie. Je suppose que voir une inconnue que son idole aime le met en boule. Mais moi … Je la vois comme deux choses. Quelqu’un que je ne pourrais pas soumettre à coups de poings, dont je ne pourrais pas me débarrasser dans la tamise, et à qui je ne pourrais de façon générale pas toucher. Parce que c’est la femme du patron. Et aussi … comme quelqu’un qui me regarde comme un chat regarde une sourie sans pattes. Elle regarde probablement les gens … le monde entier comme cela. Mais moi, je le sens. Et elle le sait, désormais … même si je suppose que c’était fatalement supposé arriver.


Qu’est-ce qui sépare les hommes des hommes moindres ? Les prédateurs des proies ?
La peur.
Les prédateurs la sentent … et se détournent, lorsqu’ils ne sentent rien.
Qu’est-ce qui sépare les prédateurs … et les monstres ?
La peur.
Tous deux peuvent la sentir. Mais lorsqu’il ne la détecte pas … Le monstre la créé.


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Red'maw
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MessageSujet: Re: [07/12/1841] La place dans la chaîne alimentaire. [07/12/1841] La place dans la chaîne alimentaire. Icon_minitimeDim 4 Fév - 12:12

Quelque chose me suit. Quelqu’un, plutôt. Ses pas ne sont pas très difficile à percevoir, même avec l’eau, qui continue de tomber, de plus en plus doucement. Je n’ai pas besoin de me retourner. J’entends les pas dans les flaques. Les sans-abris qui ricanent à son passage. Je continue d’avancer. Sors dans une avenue. La remonte, sur quelques dizaines de mètres. Je suis presque seule, à part une voiture dont le chauffeur semble concourir contre son cheval pour celui qui aura l’air le plus mort à l’intérieur. Je tourne. Rentre dans une ruelle à nouveau. Cette dernière fait un coude au bout d’une dizaine de mètres. Je m’arrête juste après ce dernier, et patiente. Les pas se font de nouveau entendre, pressés. Il trottine. Je l’écoute se rapprocher avec des petits « plash plash » de plus en plus forts. Mais juste avant qu’il ne passe, je tends le bras, et l’arrête. Il fait des yeux ronds comme des billes en me voyant. Je suppose que mon regard à moi lui fait peur.

– William.

Il déglutit. Mais, avec une sorte d’hésitation, finit par sourire. Il me tend la main. Il tient quelque chose en cuir. Je mets quelque secondes à réaliser. Lorsque nous étions rentrés chez Slick, qui avait fait brûler énormément de bois même pendant la journée, il faisait chaud. J’avais laissé ma veste sur le porte-manteau, à l’entrée de son bureau. C’est ce qu’il tient dans les mains. Je me balade depuis 10 minutes sous la pluie avec une simple chemise de tissus. Et en fait … j’ai froid, maintenant. J’ai un petit sourire en prenant le vêtement. Inutile de l’enfiler ici.

Je finis par lui prendre la main, et le tirer derrière moi. Il ne résiste pas spécialement. Nous trouvons un porche, sous lequel nous devons légèrement nous serrer pour être au sec … façon de parler. La pluie ne me dérange plus, depuis ma transformation … mais elle n’est pas pratique. Veste sur le bras, je la fouille, trouve mon carnet. Il n’est pas trempé, c’est déjà ça … J’ouvre une page, écrit rapidement. Lui montre le billet une fois que je l’ai terminé. Il n’y a que quelques mots dessus.


Pourquoi tu me suis ? Ordre de Slick ? Mila a dit quelque chose ?
- Ah … Non … Enfin, si .. ? Elle … Elle a ri. Et dit que … que tu étais très intéressante … m-mais j’ai décidé de te suivre tout seul.
– et Blunt ? Mon ton est involontairement agressif.
– Blunt ? Ah … Il va bien, je suppose … il a grommelé que tu n’y étais pas allée de main morte, mais s’est relevé sans problème...
– ... Me suivre. … Pourquoi ?
Il donne l’impression d’hésiter quelques secondes … Mais il connaît déjà la réponse. Il hésite juste à la dire.
– Je … J’étais inquiet pour toi.

Il se gratte l’arrière du crâne comme un enfant fautif. Mais je sais qu’il est sincère. C’est probablement la seule personne à l’être, de la bande … avec Teretchenko, peut-être. Mais c’est différent. Alexey n’en a rien à faire. Lui … si. Il rougit, alors que je le dévisage, à quelques centimètres de lui. Sans que je ne puisse me l’expliquer … le voir ainsi m’apaise. Je finis par ranger le carnet … et glisser mes bras sous les siens pour l’enlacer. La chose le surprend. C’est normal. Slick l’a déjà plus d’une fois titillé sur le fait qu’il ne sait jamais dire si je veux le frapper ou caresser. Mais là … le doute s’envole petit à petit. Il finit par me tenir en retour. Son corps est aussi trempé que le mien. Je ferme les yeux. Laisse le son de la pluie me bercer. Je réalise que nous formons à la fois le duo le plus jeune, et pourtant le plus proche du patron. Enfin. Je ne suis pas de son âge … Mais je sais que j’en ai presque l’air. Les gouttes continuent de tomber, les unes après les autres …

Quelque chose me fait rouvrir un œil. Je sens quelque chose contre ma cuisse, à travers mon pantalon. Les deux yeux, en fait. Qui clignent. Il n’a pas spécialement bougé, pourtant, et moi non plus … Je finis par me décoller, et l’observer. Il était déjà rouge lorsque je l’ai lâché. Ça empire lorsque je l’observe, et pas qu’un peu.

– William ? T’es armé ?
Il semble avoir du mal à réaliser ce que je dis, dans un premier temps.
– Je … heu … Ah ! Euh … Non ?

Il ne donne même pas l’impression de savoir s’il a donné la bonne réponse. Je plisse un peu les paupières … Puis réalise, en baissant un peu les yeux. Juste une chemise de tissus fin … désormais tellement trempée qu’elle me colle à un point presque parodique à la peau. En un sens, heureusement que quasiment personne n’était dehors … je suis presque capable de discerner les veines légèrement bleutés qui courent sous la peau de mes seins. Entres autres détails … Quant au pantalon de William, qui se trouve pour moi pratiquement dans la même direction … l’idée même que j’ai pu penser que ce soit une arme blanche a quelque chose d’amusant. Je passe quelques secondes à dévisager le gamin hors-la-loi le moins à l’aise de tout l’est Londonien. Il évite mon regard, au début. Mais au bout d’un certain temps, timidement, il se met à me regarder aussi. Je crois qu’il est un peu terrifié … Pourtant, il ne se « calme » pas. Un vieux commentaire de Slick me revient en mémoire. J’ai un petit sourire. Je finis par poser une main sur son torse … Puis, regarder autour de nous. Mais l’allée est toujours aussi déserte, et même les rats sont partis se réfugier dans un endroit sec des égouts. Je finis par me tourner vers William à nouveau … Et, lentement, plier les jambes pour m’accroupir, jusqu’à m’asseoir sur mes talons. Des questions traverseraient sûrement l’esprit d’une fille normale … comme le contexte, l’endroit … ce qui s’est passé, quelques minutes plus tôt. La pluie, toujours aussi fraiche, qui me caresse désormais désagréablement les jambes. La possibilité que quelqu’un nous surprenne. Mais j’ai depuis longtemps abandonné l’idée d’être normal. Je sais juste que j’en ai envie. Et en voyant le truc chaud qui se trouve désormais au niveau de mon visage, que j’ai quelques mal à dévoiler à cause du manque de coopération de son propriétaire … Je me dis que lui aussi, même s’il m’aide autant que s’il était pieds et poings liés.

– J-je … Red’, attends … Tes dents …

Je me contente de lever le visage vers lui et de faire un sourire. Il peut voir sans trop de mal que j’ai de petites quenottes blanches et carrés, comme depuis deux ou trois jours … Je suppose l’inquiétude légitime, cependant. Il n’ajoute rien de plus. Peut-être par peur de me frustrer, et que je n’arrête. Et que je ne passe ma frustration sur lui autrement, s’entend. Ou alors … il musèle ses appréhensions simplement parce qu’il accepte enfin d’avoir envie, lui aussi. Et la chose, quelque part, me fait plaisir.

* *
*

Quelques dizaines de secondes plus tard, une épaule contre le mur, j’observe la ruelle et tend l’oreille pour m’assurer que personne ne vient, tandis que Will’ remet avec une difficulté presque parodique son pantalon en place. La chose s’abstient de commentaires, vraiment. Lorsqu’il a enfin terminé, je remets ma veste en place par-dessus ma chemise trempée, et la ferme. Je n’ai pas le moins du monde plus chaud. Déglutissant, William me regarde sans vraiment donner l’impression de savoir la suite … Je finis par lâcher un léger soupire, et me mettre en marche. La pluie trempe de nouveau ma chevelure et mon haut, mais c’est tout à fait supportable. Il m’emboite le pas avec une hésitation certaine, mais me rattrape en quelques foulées.

– Heum … Red’ ? Je … On va … Où est-ce que tu vas ?
Le fait qu’il ait tourné sa phrase de cette manière me fait sourire. Ça m’arrange.
– Me battre.
– Hein ?

Ce serait trop long de lui répondre en parlant, et il est hors de question que je ne sorte mon carnet sous cette météo. Mais malgré mon silence, il continue de me suivre, cherchant à se protéger du mieux qu’il peut de la pluie avec son béret. Nous n’avons pas beaucoup de marche à faire, à vrai dire, pour parvenir à un contexte qui lui est rapidement familier : les docks. Entre les caisses de marchandises parfois plus hautes que l’étage d’une maison, les piles de poisson plus ou moins fraichement pêché, et les odeurs de déchets portés par les caniveaux pour se déverser dans la mer, l’endroit ne change pas beaucoup avec la pluie … si ce n’est plus sale, et plus désert que d’habitude. Ce qui ne me pose pas réellement de problème : je ne compte pas m’attarder. Les entrepôts et leurs silhouettes sinistres nous surplombent rapidement. Je passe par le même chemin que d’habitude : j’ai l’impression que je pourrais le parcourir les yeux fermés. Lorsque j’arrive à l’entrepôt où se tiennent les combats clandestins dont j’ai l’habitude, je cogne sèchement à la porte. Un judas s’ouvre, laisse voir deux petits yeux méfiants … mais on m’ouvre tout de suite. Cyril n’a pas l’air de vouloir se faire cogner dessus ce soir. Je regretterais presque. Presque.

L’entrepôt est chargé, en ce début de soirée. A cause de la pluie, on craint moins les flics, je suppose. Tant mieux. Je tire une petite grimace en regardant le ring. Le type dessus qui fait de grands gestes avec les bras et salue la foule avec un sourire aussi large qu’idiot me débecte déjà. Il n’a visiblement pas spécialement l’approbation du public. Je comprends pourquoi en voyant un arbitre et un « toubib » radié depuis longtemps de l’ordre pour alcoolisme, non loin de lui, penchés sur quelqu’un d’allongé sur le ring. Pas la peine de chercher à trop déterminer le corps, visiblement. Plissant les yeux, je regarde William serrer la main à son petit copain, les deux garçons échangeant des politesses en regardant la salle. Visiblement, le type sur le ring est un nouveau, un allemand. Et il a voulu célébrer son arrivée en tuant quelqu’un ? Il ne connait visiblement pas les règles aux environs … Mais personne n’a envie de le détrôner. Il fait peut-être peur, avec ses mains pleines de sang. Je me dirige d’un pas raide vers le books de ce soir. Le nouveau veut une revanche.

– Ah, Red’Maw. Tu viens danser avec lui ?
– Si possible..
– Ce ne sera pas compliqué … personne n’a envie de lui cogner sur la figure. Ou en tout cas, pas assez. Montes ... je t’annonce.

Je défait lentement mon écharpe de mon cou, et fait signe à william d’approcher. Dans le tissus blanc et trempé, je dépose mon stylet, un couteau que j’avais dans ma veste, et ma bourse. Je n’ai pas besoin des deux premiers, et je n’ai aucune envie de me faire voler le troisième. J’empaquète le tout, et lui colle dans les bras, avec ma veste. Pas besoin de lui donner de consigne : il hoche la tête. Book me demande si je ne tiens pas à parier sur moi-même. Je n’écoute même pas en saisissant une des cordes du ring pour me hisser dessus. Je soupire, debout, alors que je fais face à mon adversaire.

-Et bien ! La seule femmelette d’entre vous tous à s’être portée volontaire, c’est vraiment une fille ? Il part dans un rire gras et méprisant, avant de me regarder et de me pointer du doigt. – Tu sais que je ne vais pas me retenir pour éviter d’abimer ta jolie figure, n’est-ce pas ?.
– Ta gueule. Je finis de m’attacher une queue de cheval plus ou moins correcte, tout en le regardant perdre un peu son sourire. Me massant ensuite un peu la nuque, je soupire … Et lève les poings. – En garde.

Il maugrée quelque chose, mais obtempère. L’arbitre, a l’air particulièrement las, siffle le début du combat. Il sait déjà comment ce dernier va se terminer. Mal. Pour le nouveau.



La mâchoire rouge... Pourquoi un tel nom ?:
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Red'maw
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MessageSujet: Re: [07/12/1841] La place dans la chaîne alimentaire. [07/12/1841] La place dans la chaîne alimentaire. Icon_minitimeDim 4 Fév - 12:13

Certains « gros durs » sont ce qu’ils donnent l’impression d’être. Bornés. Bruts. Capables. Violents. Avec un mental solide. Certains. Mais certains autres ont juste une carapace de muscles, un immense vide, et un cœur tout mou et tendre au beau milieu de la carcasse. Différencier l’un de l’autre n’est pas dur. Il suffit de laisser cogner. Et c’est ce que je fais. J’encaisse plusieurs droites plutôt correctes, en donnant l’impression de chercher à les éviter. Pour un peu, j’en aurais la tête qui tourne. Mais même si je ne guérissais pas anormalement vite, il ne donne aucun coup réellement douloureux. Et j’en ai très vite marre. Au bout de la troisième fois où il se met à crier en frappant, je décale soudainement ma garde, et percute son poing sur le côté avec mon poignet. La manœuvre le déséquilibre, et laisse son flanc grand ouvert pour une riposte, qui vient sous la forme d’un coup de poing dans les côtes. Il titube en reculant, souffle, souffre. Je m’approche un peu. Il tente un crochet. Je répète l’exacte même manœuvre, en plus fort. Je pense lui fêler une côte, vu son expression livide. Il m’injective dans une langue que je ne comprends pas. Je me jette en avant et lui en décoche une à la tête, qui le fait encore reculer de plusieurs pas, puis cracher une dent et un peu de sang. Il s’écoule quelques secondes où il me regarde avec la haine d’un type ivre, avant qu’il ne crie de nouveau, et ne se rue sur moi, perdant toute finesse et tout style. Dommage. Je me demande comment il a pu boxer quelqu’un à mort. D’un pas de côté, je me mets hors de portée. D’un geste synchronisé des deux bras, j’attrape le sien, le maintien, et le force à tourner autour de moi. Il court en cercle comme un ivrogne, perd rapidement l’équilibre, et chute à terre. Mais je ne lâche pas son bras. Au contraire, je le maintiens en l’air, et pose le pied sur son épaule.

– Abandonne.

Il crie encore en allemand … je n’aime pas répéter. Je me contente de faire pivoter son poignet. Il crie très rapidement. Presque trop vite à mon goût, il lève sa seconde main et frappe le ring avec pour capituler. Ça ne m’empêche pas de continuer à lui tordre le poignet. Avec un peu de chance, il aura des courbatures dans l’avant-bras dès qu’il voudra s’en servir, ou serrer quoi que ce soit, pendant au moins une semaine … Mais je le libère finalement, et le laisse partir, vaincu, et misérable. Les gens s’écartent à son passage, et certains lui crachent dessus alors qu’il se dirige vers le toubib. Pas satisfaisant. Le combat, je veux dire, j’ai encore besoin de me passer les nerfs. Je me frappe les poings l’un contre l’autre sur le ring, laissant Book régler les paris, et l’annonceur crier qu’il me faut un nouvel adversaire. Il y en a bien vite un qui émerge … Et me tire un sourire un peu sadique. Un habitué. Un habitué qui me connaît. Un habitué du ring qui, à vrai dire, me déteste.

« Le bulldog » n’a de en commun avec un bœuf que le nom : il n’est pas très grand, fait plus peur à cause de son faciès que pour sa musculature, et pour ce que j’en sais, c’est un ébéniste – charpentier dans la vie de tous les jours. Mais il est de style hargneux, méchant, et a collé plus d’une rouste à des plus grands que lui l’ayant sous-estimé. La raison pour laquelle il ne m’aime pas n’est un secret pour personne chez les habitués : j’ai tendance à le couper dans ses séries de victoires. Il y a bien quelques manches où c’est lui qui m’est tombé dessus … Mais pour cela, il faut qu’il soit frais, et que je n’ai pas combattu avant, de préférence. Alors qu’ici … enfin. Nous nous serrons la main au milieu de l’arène, mais quelque chose cloche. Il a le regard légèrement fou. Lorsque ma paume embrasse la sienne, il me force presque à me rapprocher un peu, et me souffle avec un air mauvais et une haleine chargée de vinasse.

– Tu sais, tu m’as souvent fait cogiter. Très souvent. T’es pas une fille normale. Mais j’crois que j’ai trouvé. Enfin. Et tu vas manger, ce soir.

J’aime autant ses paroles que de devoir séparer une mêlée générale au broken. Mais étrangement, ça ne m’atteint qu’à moitié, après ma rencontre avec Mila. Ou alors, j’étais déjà trop remontée, vas savoir. Je ne réponds rien, mais me recule sur le ring, et lève les poings. L’arbitre nous demande si tout est bon. Il répond avec un rictus. Je hoche simplement la tête. Quelqu’un tape sur une cloche. Et le bulldog se jette sur moi. Au début, je me contente d’esquiver. Je sais qu’il cogne dur, mais ni la précision, ni les feintes ne sont son point fort. Son poing me frôle le visage quasi à chaque fois, mais je ne cherche pas à contre-attaquer. Pas pour l’instant. Ce qu’il m’a dit plus tôt me perturbe, je suppose, et me pousse à maintenir une distance de sécurité convenable. Vient rapidement un moment où la corde du bord du ring, dans mon dos, me bloque la retraite. Je bloque un crochet avec mon avant-bras. Dévie un direct avec l’autre main. Mais un coup de genoux qu’il me colle à la hanche me fait pousser un grognement, et subitement, je baisse légèrement ma garde. Je reçois en récompense une avalanche de coups brutaux, quasi sans pouvoir rien faire. Mais je remarque d’un coup que ceux sur le côté droit me font beaucoup plus mal qu’ailleurs. En particulier lorsqu’un coup, plus orienté sur le côté que les autres, me percute la pommette en la déchirant, et m’envoie à terre, sur le flanc. Je reste un instant au sol, hébétée. J’entends l’arbitre compter, quelque part. Mes doigts vienne effleurer ma chaire … je saigne. Beaucoup. Et j’ai de la purée en guise de joue. Pas un hématome : de la purée. Je ferme les poings, et appuie sur le sol pour me relever et me retourner. L’homme avec nous sur le ring me demande si je veux continuer, ou considérer l’ex-aequo. Je comprends pourquoi en voyant les poings de mon adversaire. Trois bagues, que je n’avais pas remarquées plus tôt, ornent son petit doigt, son annulaire et son majeur. Elles brillent … de l’argent.

Du moins, l’extérieur est en argent. Je sais par David que le bulldog n’a pas seulement le surnom d’un chien : c’est aussi un loup-garou qui n’assume qu’à moitié sa véritable nature. Je suppose que les bagues doivent être en acier ou ferraille, et que seule la couche externe est d’un métal différent, lui permettant de frapper avec sans se sectionner les doigts. Mais à vrai dire, le fait qu’il me prenne – vraisemblablement – pour une vampire m’indiffère. Le point qui m’enrage, c’est l’état de mon visage. Son sourire se fade quelque peu lorsqu’il semble réaliser que son astuce n’a pas vraiment aussi bien marché qu’escompté. Pourtant, il veut tenter de nouveau sa chance, et se jette sur moi. Grosse erreur. Je ne cherche même pas à esquiver son attaque, et me contente de lui viser la gorge avec le tranchant de la main. La seconde d’après, le plat de ma main percute son torse nu, et le fait reculer de quelques pas alors qu’il se tient le cou et cherche à respirer. Et un instant plus tard encore, mes mains sont sur ses tempes, et je tire sa tête à la mienne pour lui envoyer un puissant coup de boule. Il titube en arrière, sonné, souffle irrégulier, garde aussi ouverte que les cuisses d’une ribaude. Je saute pour lui envoyer mon poing dans la gueule. Je crois que juste avant l’impact, il avait commencé à dire « I give u-», mais au lieu de terminer sa phrase, il s’écroule à terre avec un énorme « thud », et je lui atterris plus ou moins dessus, les pieds de chaque côté de ses genoux. Avoir passé les dix dernières minutes à prendre des coups me rend probablement beaucoup plus forte que lui, et cela se ressent à chaque frappe. Pliant les jambes pour m’asseoir assez littéralement sur son ventre, j’entreprends de commencer à jouer des percussions sur son crâne. Faire ce pourquoi j’étais venue. Laisser les poings parler, crier. Hurler quelque chose. Faire sortir tout ce que j’ai ressenti dans cette baraque puant le sang et la poussière. Face à cette blonde qui me voyait moins comme subordonnée que jouet. Face à cette louve qui m’a mis les nerfs à vif. Face à ce prédateur, qui m’a pris pour une proie … Et toute cette frustration que j’ai ressentie en réalisant que je rentrais dans son jeu.

– RED !

Le cri de William, qui est à peut-être moins d’un mètre de moi, me fait subitement réaliser. Le bulldog a perdu connaissance. Depuis peut-être un peu trop longtemps. Son visage ne ressemble plus à rien. Poing en l’air, je reste quelques instants, le souffle court, à regarder le massacre … avant de finalement laisser ma main retomber. J’ai le réflexe de poser deux doigts sur son cou. Il vit toujours. Tant mieux. Ceux qui tuent sur le ring ne sont pas bien vus, de manière générale … encore moins lorsqu’il y a deux morts en trois combats. Je me relève avec des jambes flageolantes. Tout ce que je ressentais s’est … effondré. Je me sens juste lessivée. On annonce ma victoire. Je laisse l’arbitre me faire lever le poing, sans joie. Lorsque je descends du ring, c’est William qui récupère des gains auprès de l’arbitre. Il m’en donne une partie, en même temps que mes affaires. Le médecin insiste pour au moins me désinfecter et poser un pansement sur la joue. Ce n’est pas par charité : si je ressors d’ici en donnant l’impression d’avoir été passée à tabac, je peux attirer l’attention des autorités. Je me laisse soigner sans rien dire.

Quelques minutes plus tard, moi et William ressortons de l’entrepôt. La pluie a cessé, mais la nuit tombe et s’assombrit un peu plus chaque minute. Je marche dans de gigantesques flaques plus ou moins boueuses, mains dans les poches. William me suit un instant, avant de finalement m’attraper le bras. Je tente de continuer à marcher, mais il me tient assez fermement pour me bloquer … je finis par me tourner vers lui.

– Tu … Tu te sens mieux ?
– mouais.
– B-bon … Je … je vais te laisser alors … je vais retourner chez ma mère.
– ça marche. Je sais parfaitement qu’il ne m’aurait pas arrêté pour dire ça, mais il hésite tellement avant de continuer que j’aurais presque un doute. Doute qu’il finit par m’ôter.
– J … Je … Je me demandais … Tout à l’heure, dans la ruelle, tu … … P-pourquoi t’as fait ça ?
Là, c’est moi qui met plusieurs secondes à réfléchir. Pourquoi j’ai fait ça …
– Me calmer. … Te calmer.
– … C’est … ça t’arrive souvent ?
– première fois.
– … tu veux dire … Par la bouche, ou …
– en général.

Il reste muet. Mais il finit par hocher la tête, me lâcher la main, et baragouiner un au-revoir. Je réponds un «
à plus. » désintéressé en me mettant également en marche, de mon côté. Je me sens … éreintée. « Le calme après la tempête », quelque chose de ce genre. Mais alors que la puanteur de la marée et des docks cède place à celle des tanneries du quartier juif, je réalise, en arrachant mon pansement pour laisser ma plaie, presque refermée, à l’air libre. Il va falloir faire quelque chose à propos de cette femme.

Ne serait-ce que parce que je ne peux pas me contenter de la menacer de mort avant de partir comme une furie à chaque fois que je la croise.



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