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Tracer sa route [22/05/42]

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Gaspard de Sorel
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Gaspard de Sorel
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MessageSujet: Tracer sa route [22/05/42] Tracer sa route [22/05/42] Icon_minitimeVen 7 Mai - 23:48


Tracer sa route
Confidences | Gaspard de Sorel
En provenance Des landes de la méditation

Crédit image vanngoctang / Pixabay

Dans l’aurore naissante, le jardin de la Maison des Sorel s’éveille. Les oiseaux entament leurs chants matinaux, les rongeurs regagnent leurs abris, le hibou s’agite sur une haute branche. Son heure est venue. Il déploie ses ailes et plane jusqu’au sol, se posant sans bruit. Il gratte l’humus de ses serres puis s’immobilise. Là où se trouvait à l’instant une harfang des neiges se tient l’ombre d’un homme aux cheveux de feu, frissonnant dans sa tenue du dimanche, celle-là même qu’il portait un mois plus tôt, pendant cette après-midi d’avril où il se prévoyait un nouvel avenir.

Galyllée a retrouvé la quiétude du monde des esprits, remerciée par son hôte reconnaissant du service qu’elle lui a rendu en prenant sa forme terrestre. Elle-même est heureuse d’avoir pu évoluer à nouveau dans la nature, prendre part à des chasses, jouir de la liberté du présent.

Sans tarder, le lycanthrope s’engagea sur le petit sentier qui remonte vers la maison. Alors qu’il le longeait, son regard fixa le kiosque près duquel tout s’était joué. Sa mâchoire se carra, puis il poussa un soupir.

- Je vais faire la lumière sur tout cela, murmura-t-il pour lui-même à la manière d’un serment.

Ses pas le menèrent à la terrasse, qu’il contourna pour venir frapper à la porte d’entrée. Tandis qu’il patientait dehors, ses pensées vagabondèrent vers la rue, les toits, le ciel. Un grincement fit se retourner Gaspard face au visage tout juste éveillé d’André, qui se découpait dans l’entrebâillement de la porte. Ses sourcils en broussailles se haussèrent sous l’effet de la surprise, puis il s’effaça prestement pour laisser passer l’aristocrate.

- Je suis heureux de vous revoir Monsieur, dit-il de sa voix éraillée en guise de salut.

- Moi de même, André.

- Monsieur a-t-il pleinement profité de son voyage scientifique pour observer les phénomènes astronomiques ?

Tandis qu’il ôtait sa veste aidé par son majordome, Gaspard marqua une pause et esquissa un sourire, suivit d’une exclamation enjouée :

- L’astronomie !

- Les dernières publications scientifiques qui se trouvaient sur votre secrétaire mentionnaient des manifestations tout à fait particulières prévues dans les prochaines semaines, lui expliqua André. Monsieur ne pouvait pas manquer ces singularités, n’est-ce pas ?

Il posa la veste de l’aristocrate sur son avant-bras gauche et l’invita à le suivre vers le petit salon.

- C’est évident, répondit Gaspard en lui emboitant le pas, se remémorant les articles évoqués par son domestique. La voûte céleste était divine, lorsque les nuages me laissaient du répit pour l’observer. J’ai pu m’appuyer sur la mécanique céleste et plus précisément sur la gravitation universelle pour établir et vérifier des calculs à propos des satellites de Jupiter. Ganymède était d’ailleurs toujours aussi spectaculaire et ses éclipses nombreuses, même dans un laps de temps aussi court.

Arrivés dans la pièce, André entreprit d’allumer les lumières, pendant que Gaspard se dirigeait vers la cheminée, afin de réchauffer la pièce et ses os glacés.

- C’est assez convaincant pour éteindre les soupçons des ignorants, conclut André. Il vous reste à broder un peu pour donner le change dans les salons et votre absence sera tout à fait crédible. Il esquissa un geste pour se charger du feu, mais fut arrêté par l’aristocrate qui lui fit comprendre qu’il s’en occuperait lui-même. Bien, je vous apporte de quoi vous restaurer.

- Avant d’y aller, dites-moi juste la date du jour, sollicita le lycanthrope.

- Nous sommes le 22 mai, Monsieur. De l’année 1842, finit-t-il par ajouter avant de s’engouffrer dans le couloir.

Les mains occupées à placer le petit bois dans l’âtre, l’aristocrate fit un rapide calcul. Son absence avait duré un mois et une semaine approximativement. Il actionna le briquet à amadou, le feu alluma le papier journal et se répandit rapidement. Les mains tendues au-dessus des flammes nouvelles, Gaspard profita de la chaleur qui en émanait.
Sa retraite lui avait fait perdre toute notion du temps. Bien sûr, à observer la nature il n’avait aucune difficulté à savoir que le printemps était maintenant bien installé, mais les dates lui échappaient complètement. Dans le monde des esprits, le temps et l’espace n’avaient pas un cours ordinaire, les lois de la physique pouvaient s’y tordre aisément selon la volonté des hôtes qui s’y trouvaient.
Un bon mois pour réfléchir et se remettre sur pieds, ce n’était pas si terrible pour un éternel. D’autant que le lycanthrope revenait avec une énergie nouvelle et un plan.

André revint quelques minutes plus tard délesté du manteau de son maître, trouvant ce dernier accroupit devant les flammes qui pourléchaient avidement le bois mort. Il déposa son plateau chargé d’une théière, de deux tasses et d’une collation sur le guéridon, puis servit la boisson fumante qu’il tendit ensuite à l’aristocrate.

- Merci, dit Gaspard en se relevant et en attrapant la soucoupe. Mon absence est passée inaperçue ?

- Pour autant que je le sache, oui. Et puis, il s’est à nouveau joué de nombreuses choses alors que vous n’étiez pas là, je doute que qui que ce soit s’en soit inquiété.

André se garda bien d’ajouter que Miss Thanas s’était peut-être posé des questions de son côté, quoiqu’il n’en soit pas certain puisqu’il n’avait pas entendu parler de la bourgeoise depuis qu’elle avait quitté la propriété les joues baignées de larmes. D’ailleurs, le majordome ne savait toujours pas ce qui c’était tramé dans le jardin ce fameux dimanche. Il n’avait que de bien tristes suppositions, d’autant plus probables que la jeune femme n’avait pas même cherché à contacter Monsieur de Sorel.
Devant le regard interrogateur de celui-ci, André poursuivit :

- Si vous me donnez un instant pour replacer chronologiquement les événements passés, je vais vous conter le mois écoulé. Non, j’ai mieux que cela ! Je n'en aurais pas pour longtemps. Attendez.

Gaspard hochât la tête et s’installa dans l’un des fauteuils. Il porta la tasse à ses lèvres et but une gorgée, indisposé par sa moustache qui avait poussé. Il devait avoir une allure affolante ! Sortant un mouchoir de sa poche de pantalon, il se tapota la bouche, puis le posa sur ses genoux. Ses doigts vinrent frotter sa barbe bien fournie et remonter ensuite dans ses cheveux, qui laissés à l’abandon avaient pris du volume et bouclaient sur les pointes. Il aurait fort à faire avec son apparence.
André revint, les mains chargées de ce qui se révéla être des coupures de journaux.

- Je me doutais que vous souhaiteriez savoir ce qu’il s’est passé, alors j’ai compilé les articles qui pourraient vous intéresser. Surtout ceux concernant vos amis et connaissances. Il se passa la main sur les yeux, comme pour se réveiller. Hum... Voilà pour commencer il y a eu la disparition de Miss Spencer, quelques jours seulement après que vous soyez parti, il tendit une page de The London Journal, tout de suite intercepté par Gaspard qui entreprit de le lire, le visage devenant plus grave à mesure qu’il avançait.

Journaux portant sur la disparition de Sarah Spencer.

- Grands Dieux ! Sarah, souffla-t-il en relevant la tête une fois qu’il eut terminé. A-t-elle été retrouvée ?

- Vous pouvez vous rassurer, oui. Regardez ici, cet article du 3 mai le confirme, répondit André en tapotant le papier.

Journaux : l’héritière Spencer retrouvée.

Les yeux de Gaspard parcoururent l’article de The Old Post rapidement, pendant que le majordome prenait un biscuit avec son thé. C’était court, mais au moins la jeune femme était saine et sauve. L’aristocrate reposa le journal sur la table basse, auprès d’autres articles préparés par son domestique, dont la prévoyance le ravissait.

- Et bien, après les attentats, puis l’évasion d’Alexender, les journaux ont à nouveau eu de quoi faire la Une. D’ailleurs, aucune nouvelle de la part de mon ami ?

Le domestique pinça les lèvres et secoua la tête.

- Aucune missive de ce genre. Tout porte à croire qu’il se tient à l’écart pour le moment. Peut-être que ses blessures l’auront raisonné, s’autorisa-t-il à ajouter. A moins qu’il soit derrière les événements qui ont eu lieu sur les docks, je crois que cela s’est passé peu après la disparition de Miss Spencer. J’ai entendu parler d’un incendie et de combats violents, à mes oreilles de vieil initié cela résonnait comme une altercation entre différentes créatures de la nuit. Et comme Monsieur Ravellow est... ce qu’il est, il est probable qu’il y soit mêlé de près ou de loin.

Le lycanthrope se rappela les dernières discussions qu’il avait eues avec Alexender. Il était justement question de Sarah, qu’il n’envisageait pas une seconde d’abandonner à son sort et qu’il comptait bien secourir lorsqu’il le pourrait. Et de leur combat commun. De ce dessein qu’il poursuit sans relâche, pour lequel il est prêt à mettre sa vie continuellement en danger, pour les bien des Hommes et de sa soif vengeance inassouvie.
Suite à sa fuite dans les landes et cette flamme ravivée qu’il sentait croitre en lui, Gaspard se demanda soudain s’il ne pourrait pas venir en aide à Alexender et rejoindre la cause des Hunters. Il laissa cette idée s’infiltrer en lui et l’analysa. Il voyait bien tous les maux causés par les Vampires, comme par les Loup-Garous. Cette cause était noble, quoique menée d’une manière qui convenait peu à ses habitudes de lycanthrope. Et son ami semblait déterminé à ne pas le mêler à ses intrigues.

- Cela-vous arrive-t-il encore de vouloir reprendre les armes, André ?

L’interpelé, qui n’avait pas suivi le fil des pensées de son interlocuteur, sembla désappointé un instant. Il s’adossa dans le fauteuil, pensif, puis fit claquer sa langue contre son palet.

- J’ai déjà mené mes combats. Non, tout ce pan de ma vie est derrière moi. Lorsque je vois mon reflet dans le miroir j’y vois un vieil homme... mon propre père, murmura-t-il pour lui-même. Non, Monsieur, j’ai fait ma part. Il faut connaitre ses limites et s’écouter. Je suis en paix maintenant.

- Mais lorsque le Loup-Garou a attaqué la maison l’année dernière ?

- Vous m’avez demandé si je voulais reprendre les armes, je ne le souhaite pas. Mais je n’allais tout de même pas laisser un prédateur surnaturel dévaster la Maison et nous tuer, alors que mon pistolet était à portée de mains. Et puis, j’ai été si peu adroit,... Preuve là encore qu’il y a un temps pour la chasse et un temps pour la retraite. Et puis, j’ai légué mon Bloody Rose au Sieur Ravellow, finit-t-il par ajouter, espérant que ce don ait pu dépanner un temps le hunter.

Maintenant dépouillé de ce qui avait fait de lui un chasseur, il s’était encore éloigné de son passé. La vie de domestique lui convenait. Œuvrer pour Gaspard de Sorel n’était pas désagréable. L’aristocrate sous ses grands airs, était loin d’être un tyran. Quoiqu’il fut pointilleux sur certaines tâches, être à son service était presque une sinécure, pour la qualité de vie et les avantages qu’il en tirait.
Passé l’instant de surprise, l’aristocrate approuva, finalement c’était dans l’ordre des choses.

- Pourquoi m’avoir interrogé à ce propos ?

Gaspard se passa la langue sur les dents. Indécis quant à la réponse qu’il allait formuler. Puis il décida qu’après cette décennie à son service et la loyauté dont André avait fait preuve, il n’avait aucune raison de dissimuler ses pensées. L’aide de l’ancien chasseur pour retrouver la trace d’Alexender deux mois plus tôt avait prouvé à quel point il était un homme de confiance. C’est d’ailleurs à cette occasion que l’aristocrate lui avait révélé sa véritable nature. Il aurait même pu le faire plus tôt et pourtant il s’était retenu trop habitué à garder son identité secrète. Leurs recherches conjointes pour retrouver le fugitif et lui permettre de s’enfuir les avaient indéniablement rapprochés.
Avant cela, Gaspard et André se limitaient à une relation strictement professionnelle, quoique teintée de loyauté et de respect quant aux secrets de chacun. Ils s’étaient rencontrés lorsqu’ils étaient tous deux en Louisiane, ignorant tout de leurs particularités respectives. André avait finalement donné des détails sur son passé suite à une malencontreuse altercation où ses aptitudes s’étaient dévoilées aux yeux de l’aristocrate. Mais ces révélations, quoiqu’acceptées par le lycanthrope, ne déclenchèrent pas pour autant sa confidence.
Puis les années avaient passées, chacun conservant son rôle de maître et de domestique, le secret révélé s’enfouit et le quotidien le garda éloigné des consciences.

- Je ne sais pas vraiment... Je me demandais si l’âge nous rend moins combatif. Maintenant informé sur sa longévité, Gaspard savait qu’André serait en mesure de comprendre à quoi il faisait allusion, alors que son apparence physique lui donnait la trentaine. Pendant mon absence, j’ai beaucoup réfléchi à propos de l’avenir. Depuis, je ne cesse de m’interroger sur la place que je pourrais avoir dans le monde, si je cessais de le fuir.

- Dans vos jeunes années, avez-vous seulement eu un comportement batailleur ? André en doutait, mais étant donné les vies cumulées de son interlocuteur, il ne devait pas se fier aux apparences.

- Touché*, admit l’aristocrate, sans donner de détails.

- Je crois que vous pouvez donc vous ôter immédiatement l’idée de devenir un allier des Hunters. Si j’ai bien deviné, cela vous a effleuré l’esprit ? Le lycanthrope grimaça, presque contrarié d’être aussi transparent. Avec votre fortune vous pourriez indirectement intervenir en faveur des plus démunis ou des orphelins, vous pourriez éduquer les masses... Etre un mécène, peut-être ?

Gaspard considéra cette idée, la trouvant digne d’intérêt et pourtant elle ne l’attirait guère.

- C’est effectivement possible. Mais,... Il chercha ses mots. C’est impersonnel. Je voudrai être acteur du changement. Je ressens le besoin d’agir. Quelque chose grandit en moi depuis quelques temps. Toutes mes expériences et mon savoir... quelle finalité s’il n’y a rien à partager ? Poussant un soupir il se repositionna dans son fauteuil, penchant son buste en avant et posant ses coudes sur ses genoux. Je ne m’imagine pas dans un rôle de professeur de physique ou de sciences naturelles pour autant.

- Et pourquoi ne pas vous chercher un pupille ?

A ces mots, le bicentenaire se figea, s’attirant le regard déconcerté d’André.

- Monsieur ? N’obtenant pas de réponse, il tendit la main pour la poser sur l’avant-bras de l’aristocrate toujours immobile. Gaspard ?

Ce dernier sortit de sa torpeur, les yeux hagards.

- Hum... Je... Non, bégaya-t-il en portant la main à son front, puis après s’être raclé la gorge il ajouta, pas de pupille. Plus d’enfant. Il se leva, pour se diriger vers la fenêtre et regarder au-dehors.

Le silence s’épaissit, inconfortable.
Le lycanthrope sentait les yeux de son domestique lui bruler la nuque. Il continuait à choisir la fuite. Quand affronterait-il ses démons en face ? S’il ne se donnait pas les moyens d’appliquer ses nouvelles résolutions dès aujourd’hui, à quoi bon être revenu à Londres ? Mais cette partie irrésolue de son passé le hantait depuis si longtemps. Il ne voulait pas ouvrir la boîte de Pandore si tôt. Néanmoins, il pouvait faire un pas en avant sur un point bien plus récent et qui allait les occuper dans les prochaines semaines.

- Je vous prie de m’excuser, il y a des sujets délicats que je suis incapable d’évoquer. Il se détourna de sa contemplation pour faire face à André. Des événements du passé bien plus sensibles que ma dernière après-midi en compagnie de Miss Thanas. Et à ce propos, j’ai à vous parler.

Maintenant qu’il avait repris contenance et rassuré ses totems d’une transmission fugace, il s’installa sur le fauteuil qu’il venait de quitter et se prépara à confier ses projets au majordome.

*En français dans le texte.
© Laueee


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MessageSujet: Re: Tracer sa route [22/05/42] Tracer sa route [22/05/42] Icon_minitimeDim 4 Juil - 11:11


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Confidences | Gaspard de Sorel

Crédit image Alex Lazaro / Pixels

André secoua la tête, le regard hanté qu’avait eu un peu plus tôt son employeur bien à l’esprit. Une vie humaine était bien suffisante pour se créer ses propres fantômes, puis avoir à les affronter le temps venu. Alors penser au lycanthrope, qui avait cumulé les identités et les existences... Cela ne le rendait pas envieux de cette condition d’immortel.

- Nous ne sommes pas obligés d’aborder le sujet. Je pense avoir tiré moi-même les conclusions de ce qui s’est joué ce dimanche.

Un demi-sourire s’étira sur les lèvres de Gaspard, conscient de l’attitude prévenante d’André, dont le rôle de serviteur semblait avoir embrassé jusqu’à sa personnalité même, effaçant sans doute le caractère bien plus flamboyant de son passé de Hunter.
En cela, il avait raison. L’âge avait rendu cet irréductible combattant bien plus sage et avisé. Pourtant s’il l’avait connu plus tôt, le lycanthrope aurait aussi saisi que ce caractère était sous-jacent depuis toujours.
Dans sa jeunesse André avait rapidement effectué son choix de carrière, s’engageant auprès des forces militaires des Etats-Unis à peine adulte pour devenir officier de santé. Discipline et patriotisme, ainsi conciliés à son appétence pour la médecine humaine et sa soif d’aventure, dans un monde encore à découvrir. Une pièce à double face, soldat autant que guérisseur.

- C’est nécessaire, car je vais avoir besoin de votre aide. Le maintien du majordome se modifia insensiblement, son attention entièrement dévouée à l’aristocrate. Je ne vous révèlerai pas ces informations intimes s’il m’était possible de faire autrement. Néanmoins, vous êtes déjà mon confident par bien des aspects et votre discrétion n’est plus à prouver.

Son interlocuteur acquiesça, tandis que Gaspard inspirait profondément avant de reprendre la parole, modulant sa voix pour qu’elle soit exempte d’émotions.

- Comme vous l’avez deviné, Miss Thanas et moi avons rompu notre engagement mutuel. Cette décision est la conséquence de ma demande en mariage auprès d’elle. Refusée évidemment. Cela a entrainé notre départ précipité à tous les deux. Vous l’avez vu quitter la Maison à grands pas, en proie à un grand trouble.

- Je suis désolé pour Monsieur, murmura le quinquagénaire dans un souffle.

Il était bien loin de se douter que l’aristocrate avait officiellement demandé la main de la jeune femme et d’autant plus surpris de la tournure des événements. Son maitre n’avait-il donc pas d’abord convenu l’arrangement auprès de la famille Thanas ? Celle-ci aurait eût la possibilité de refuser cette union, évitant ainsi tout ce débordement. Quoiqu’il ignore pourquoi la demoiselle avait rejeté la proposition de Monsieur de Sorel, il trouvait que celui-ci avait placé la jeune femme dans une position bien compliquée. Il éprouva un élan de compassion pour elle, qui avait dû faire face à cette grande figure et eût le courage de lui dire non.

- Après réflexion, ses « explications »... si l’on peut appeler cela ainsi, la voix de Gaspard s’était faite amère, alors que sa bouche se tordait en un rictus. Comme il se détestait d’être incapable de se contrôler. Ses explications sont troubles. J’y ai beaucoup songé pendant mon absence et je pense qu’elle a pu mentir, pour des raisons qui m’échappent encore. Cette fois, l’aristocrate prit bien soin de rester factuel. Miss Thanas serait donc déjà fiancée auprès d’un hongrois, qui arrivera à Londres d’ici quelques mois.

Cette fois André eut un sursaut, immédiatement suivit par un sentiment de colère incisif directement dirigé contre la jeune couturière. Peste ! Elle qui lui semblait si douce et ingénue, il n’aurait jamais pensé qu’elle soit de ces intrigantes. Un instant avant il la trouvait courageuse, un avis maintenant remplacée par une soudaine et virulente détestation.

- Je souhaite que vous meniez l’enquête pour savoir si cet homme existe bel et bien. Je veux la preuve que ce mariage aura bien lieu. Si tel est le cas, j’aurais tout le loisir de maudire cette femme et ma propre bêtise. Néanmoins, son attitude lors de ce dimanche me laisse penser que la famille Thanas a un secret bien lourd à porter. Si vous aviez vu son comportement vous pourriez mieux comprendre. Il ajouta : je sais pertinemment que j’ai l’air d’un homme qui ne veut pas se rendre à l’évidence qu’il ait pu être trompé. Mais André je vous assure : Julia transpirait la peur.

Le domestique doutait effectivement de l’objectivité de Gaspard à ce sujet. Pourtant il réfléchit à ce que pouvait induire cette possibilité. Julia avait en effet paru alarmée lorsqu’il lui avait proposé d’atteler le fiacre pour la reconduire au Dressed.

- Je prie pour votre propre bonheur que vous puissiez avoir raison Monsieur. Quoique si votre intuition est vraie, je n’ose imaginer ce qui a pu pousser Miss Thanas à refuser votre demande en mariage, qui lui apporterait pourtant la meilleure des protections. L’aristocrate donna son assentiment d’un geste de la main, satisfait qu’André ait rapidement saisi ce que cela impliquait.

- Pour bien faire, il faudrait engager un détective, continua Gaspard. Il est nécessaire de rester discret sur cette affaire et si possible d’ourdir toute mention de mon nom. Quoiqu’un bon détective devrait pouvoir remonter sans mal les liens qui nous unissent vous et moi. Non, oubliez cela, c’est inutile de taire mon identité auprès du professionnel et s’il tient à sa réputation il n’en fera pas mention.

L’aristocrate toucha son pouce, puis son index, l’air calculateur.

- Notre homme devra faire des recherches à propos de ces fiançailles et du hongrois, s’il existe bel et bien. En outre, il aura aussi à enquêter sur le passé de la famille Thanas ainsi que sur leurs fréquentations. Intercepter leur courrier serait indéniablement un moyen d’obtenir des informations, mais j’ignore si cela peut se faire. Il marqua une pause, puis tapota son majeur. Je pense aussi m’impliquer personnellement, sous une forme différente, pour une discrétion optimale.

Avec ses sens de hibou aux aguets, il serait capable d’espionner sans risquer d’être reconnu. C’était une stratégie qu’il avait d’ores et déjà convenu avec Galyllée et qu’elle trouvait tout à fait acceptable.

- Très bien, je vais me charger de trouver un détective qui puisse satisfaire vos interrogations. Le majordome hésita. Si effectivement Miss Thanas a menti à propos de cet homme à qui elle est fiancée, avez-vous une quelconque idée de ce qui se trame ?

Le lycanthrope haussa les épaules et détourna la tête, regardant au loin par la fenêtre.

- Aucune, mais je peux déjà exclure certaines possibilités, comme tout ce qui pourrait se résoudre grâce à un mariage avantageux avec un aristocrate : dette, chantage, procès,... Tout ceci aurait pu trouver un arrangement dans une union devant l’Eglise avec moi. Et puis, Julia m’a parlé des soucis qu’elle a pu rencontrer avec la famille de La Phalère. C’est forcément quelque chose de plus complexe.

- Je ne vois pas ce que de simples bourgeoises pourraient avoir de si mystérieux à dissimuler, objecta André.

- Vous ne croyez pas que mes recherches vont aboutir, n’est-ce pas ? Demanda Gaspard la voix soudainement plus grave, reportant son attention à l’intérieur du petit salon.

Le domestique pinça les lèvres. Cette conversation n’avait rien d’habituel. Il outrepassait la conduite qu’il aurait dû avoir avec son employeur. Donner ainsi son avis le mettait en porte-à-faux. Il espérait pouvoir parler honnêtement, quitte à déplaire à son interlocuteur.

- Cela me chagrine de vous le dire, mais vos espoirs pourraient être déçus. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas enquêter, mais je vous invite à prendre garde. Miss Thanas pourrait effectivement être une menteuse hors pair.

- Je sais cela, répondit sèchement le bicentenaire, ce qui n’empêcha pas André de terminer.

- Elle peut aussi s’être laissée charmer par Monsieur, oubliant ses engagements tant que ceux-ci n’étaient pas concrétisés. Jusqu’au moment où vous lui avez fait votre demande : elle aurait alors pris toute la mesure de ses actions de ces derniers mois. Cela l’aura effrayé d’être ainsi prise au piège de ses mensonges et certainement même rendu honteuse, au point de perdre ses moyens. A sa décharge, j’avoue avoir peine à croire qu’elle ait pu jouer les jeunes ingénues tout ce temps si cela ne faisait pas partie de son tempérament.

L’aristocrate garda le silence, les mains enserrées sur les accoudoirs de son fauteuil. Il essayait de tempérer les vagues d’émotions qui ruaient en lui, se sentant profondément malmené par les paroles de son majordome, au point d’éprouver une certaine rancœur à son égard. L’incertitude le prenait à la gorge, comme au premier jour. Insoutenable.

- Il me faut des réponses, siffla-t-il. Quoi qu’il en coûte.

- Vous les aurez, affirma André en se redressant sous le regard menaçant de Gaspard. Je vous prépare la salle d’eau, puis j’irai quérir les services d’un détective. Je serai aussi attentif aux rumeurs qui circulent entre domestiques, c’est une source d’informations sans nulle autre pareille.

Le lycanthrope se détendit imperceptiblement à ces mots, se rappelant qu’il avait en face de lui un allier prêt à lui venir en aide de bon cœur. Quoiqu’il soit aussi prompt à lui faire connaitre le fond de sa pensée. Une honnêteté qui avait ses revers, comme à l’instant. Excepté avec Alexender, l’aristocrate n’était plus habitué à entendre l’avis d’autrui délesté des formalités.

- Bien.

Son regard glissa sur les flammes pour ne pas s’en détacher lorsque le domestique quitta la pièce. Malgré la chaleur qui avait maintenant réchauffé le petit salon et s’insinuait dans son corps, il continuait de se sentir frigorifié en dedans. Le doute le rongeait de l’intérieur, engourdissant sa pensée et affectant ses humeurs.
Gaspard inspira profondément, concentrant son attention sur ses objectifs. Ses émois ne trouveraient de fin que lorsqu’il aurait obtenu des réponses à ses questions. Inutile de chercher à trouver la paix tant qu’il ne serait pas fixé. Et s’il lui était impossible de reposer, autant qu’il use de son temps de manière productive.
Les prochaines semaines, le lycanthrope serait donc entièrement dévoué à son enquête.

© Laueee


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MessageSujet: Re: Tracer sa route [22/05/42] Tracer sa route [22/05/42] Icon_minitimeJeu 8 Juil - 19:34


Tracer sa route
Une nouvelle apparence | Gaspard de Sorel

Crédit image Couleur / Pixabay

La Maison devint tout à fait silencieuse après le départ d’André.

L’aristocrate quitta le petit salon et traversa les couloirs, le bout des doigts traçant leur chemin contre les murs, effleurant les tableaux, caressant les meubles. L’esprit apaisé par l’atmosphère de sa demeure qui restait inchangée, un roc immuable aux multiples merveilles dans lesquelles il trouvait du réconfort. Malgré toutes les péripéties de l’année écoulée, chaque objet était à sa place. Il était rassurant que tout ce petit univers ait résisté aux changements, permettant à Gaspard de retrouver ses marques alors que son monde intérieur se fissurait, en réfractant sur les murs de la Maison des ombres vivaces. L’essence de Julia se retrouvait partout. Il la voyait du coin de l’œil le suivre d’une pièce à l’autre, retraçant les parcours qu’ils avaient effectués ensemble. C’est presque s’il entendait les froufrous de ses robes et sa voix murmurante. Se retrouver chez lui avait donc un goût doux-amer. Plus agréable qu’amer tout de même, car s’il mettait de côté son chagrin, être chez lui le rassérénait et les réminiscences de la jeune femme n’avaient rien de malheureux en eux-mêmes.

Parvenu à la salle d’eau, le lycanthrope referma la porte après son passage, se retrouvant cette fois absolument seul car ce lieu était exempt de tout souvenir de Julia. La pièce de taille moyenne, munie d’une fenêtre au verre dépoli, était lumineuse. Le feu ronflait dans le foyer et devant lui s’étendait un tapis coloré, sur lequel reposait une baignoire en zinc d’où s’élevait des volutes de vapeur. Gaspard se délesta de ses chaussures et porta la main à ses poignets pour ôter les boutons de ses manches et les remonter au-dessus de ses coudes. Il s’approcha jusqu’à sentir les fibres du tapis sous la plante de ses pieds, puis il glissa l’une de ses mains dans l’eau pour en tester la température. Encore trop chaud.

Se détournant, il s’observa ensuite dans le miroir. Un sauvage échevelé lui faisait face. Son escapade dans la nature l’avait aminci, quoique cela ne se vit pas sur son visage mangé par sa barbe flamboyante, mais il remarqua tout de suite la différence en considérant ses avant-bras. Il détacha sa cravate et les boutons de sa chemise, puis en retira les pans pris son pantalon. Le tissu blanc encadrait son torse velu et athlétique, tandis qu’il tirait sur les boucles de ses cheveux roux pour en apprécier la longueur. Il fourragea dans sa barbe et tourna son visage en tous sens pour s’évaluer. Une fois décidé, il se munit de son nécessaire de rasage et s’occupa de se rendre une apparence présentable. Il avait opté pour un rafraichissement de la barbe, en la taillant uniquement dans la longueur, désireux de conserver cette toison épaisse, comme un moyen de faire de lui un homme nouveau.

Gaspard s’évalua de nouveau et s’adressa un hochement de tête satisfait. Son apparence lui rappelait d’autres identités qu’il avait pu revêtir et cela lui plut. Il garderait ses cheveux ainsi.

Tournant le dos à son reflet, il retira ce qui lui restait de vêtements, puis gagna la baignoire. Il gouta la température de l’eau maintenant agréable au toucher et s’y plongea tout entier. Dans le monde des esprits, il n’avait nul besoin d’entretenir son corps puisque celui-ci demeurait intangible. Il n’était alors qu’exclusivement sensible au passage du temps. Si cela pouvait représenter un réel avantage d’oublier son enveloppe charnelle et tout ce qui en découlait : faim, soif, ablutions,... il était indéniable qu’il prenait un réel plaisir à s’attarder dans un bain. Déjà ses muscles se délassaient sous l’effet de la chaleur. Bientôt, il laissa aller sa tête contre le rebord et ferma les yeux. Sa respiration se fit plus profonde et sans pour autant s’endormir, il sombra dans une forme de méditation relaxante.

Le temps s’étira.

Plus tard, Gaspard ouvrit les yeux et entreprit de se savonner, puis il se rinça avant de sortir de l’eau. Celle-ci s’écoula en cascade avant qu’il n’enjambe la baignoire et entreprenne de s’éponger consciencieusement. Il laissa retomber la serviette au sol devant la cheminée et s’installa dessus, les bras encerclant lâchement ses genoux. Bientôt, son corps fut totalement sec. Ses cheveux rendus légers d’être lavés bouclèrent sur les pointes, auréolant son visage d’une agréable manière, adoucissant sa physionomie rendue plus sévère par sa perte de poids.

Enfin, le lycanthrope se releva en s’étirant et revint vers le miroir pour s’apprécier. Il s’en détourna pour s’habiller de la tenue préparée plus tôt par André, puis s’observa à nouveau en se peignant. Sa nouvelle allure détonnerait avec la mode actuelle, pourtant il demeurait élégant. Aristocratique.

Après s’être coupé les ongles et mis une touche de parfum, il quitta la salle d’eau, passa en coup de vent par le petit salon pour attraper les journaux conservés par son majordome et partit s’installer dans la bibliothèque afin de les consulter. Il ne les lut pas entièrement, mais les parcourir lui permis de s’informer plus précisément sur tout ce qu’il s’était passé à la capitale pendant son absence.

A la relecture des articles, les péripéties arrivées à Sarah Spencer lui semblèrent rocambolesques : attaque de fiacre, disparition, suspicion d’enlèvement puis réapparition soudaine. L’annonce d’un Bal donné par la famille Spencer en l’honneur de leur enfant fraichement retrouvée couronnait cette succession d’aventures. Gaspard était curieux de savoir ce qui avait véritablement pu arriver à la jeune héritière. Il ne l’avait plus vue depuis qu’Alexender s’était radicalisé pour devenir un fugitif éminemment recherché. Son dernier échange avec elle remontait à la fin du mois de mars, lorsqu’elle avait pris le pli de lui envoyer un courrier, l’informant de ce qu’il était advenu de leur ami commun. Dans sa lettre, il se rappelait l’urgence des mots qu’elle avait utilisé, ainsi que sa prévenance envers le Hunter, alors même que ses fiançailles avec le Conte Keï avaient été révélées. Cette femme vivait dans un danger constant, s’amourachant de personnes peu recommandables. Parce que si le vampire n’était évidemment pas estimable de par sa nature, il devait le reconnaître qu’Alexender n’avait pas bonne réputation : grandiloquent, pressé de choquer les mœurs, un homme à femmes, devenu dernièrement l’ennemi public numéro un.

L’aristocrate replia le journal en soupirant et le déposa sur la pile déjà lue à ses côtés. Il espérait que l’absence de nouvelles concernant son ami n’était pas de mauvaise augure. Si l’intuition d’André concernant les événements sur les docks était vraie, le Hunter continuait d’œuvrer dans l’ombre de Londres et tant qu’il le faisait, cela signifiait qu’il était bel et bien vivant. Mais connaissant le fond de son combat et de son engagement, Gaspard se doutait que tout finirait dans le sang et les larmes. Déloger des Vampires centenaires de la ville était hautement improbable, surtout complètement seul. Encore s’il avait avec lui une confrérie de Hunters prête à faire front commun, cette lutte aurait un avenir. Seulement là, Alexender s’épuisait lui et ses ressources pour un idéal illusoire. Quelle pourrait être sa prochaine action ? Déciderait-il de faire une apparition au bal et ainsi défier de nouveau le Conte Keï ? Son chant du cygne avant une mort certaine…

Amer, Gaspard grimaça. Il n’avait pas le droit de penser ainsi ! Quoiqu’il ait des doutes sur l’entreprise de son ami, il ne pouvait pas se murer dans tant de négativité, ne serait-ce que par loyauté. Et puis, le Hunter s’était déjà sorti de maintes situations délicates voire mortelles. Il vivait sur le fil du rasoir, funambule déterminé à échapper à la mort comme à la donner définitivement.

Décidément, André avait tout à fait raison. Le lycanthrope serait bien incapable de s’engager auprès des Hunters pour soutenir leur cause. Il n’avait définitivement rien d’un guerrier. Alors, quelle était donc sa place dans le monde ? Il s’interrogeait encore à ce sujet et, repensant à la suggestion du majordome de prendre un pupille, il se frotta le visage agacé par la vive réaction qu’il avait pu avoir plus tôt ce matin.

Comme il l’avait dit, pas même la peine causée par sa rupture avec Julia ne pourrait égaler ce qu’il ressentait de chagrin et de honte lorsqu’il était question d’enfants. Autant avec la jeune femme, il se sentait blessé, voire même trahit, mais avec elle il n’avait aucun reproche à se faire quant à la manière dont il avait pu agir. Un pupille ! Il n’osait imaginer une telle imposture. Et malgré tout, l’idée restait gravée en lui, irritante.

Tout se bousculait dans sa tête. Le passé se mélangeait au présent. S’il voulait changer, il n’avait qu’à tracer un trait sur tout ça. A chaque fois qu’il quittait son existence taillée sur mesure et totalement factice, il conservait la même personnalité, ses habitudes, ses travers. Peut-être devrait-il modifier son caractère pour aller de l’avant.

Autant il était simple de jouer un rôle auprès des autres hommes, autant il n’y avait pas de ruse pour se mentir à soi-même ; un éclat fugace dans le miroir révélait toujours celui caché au fin fond de chacun, le voile se déchirait et alors la créature dissimulée se révélait. Hideuse de vérité.

Donc s’il était vain d’espérer être quelqu’un qu’il n’était pas, peut-être devrait-il prendre le problème dans le sens inverse. Qui souhaitait-il être ? Gaspard médita longuement. Au final, il savait ce qu’il ne voulait pas être. Cela n’était pas si mal. Et pour déterminer ce qu’il aimerait devenir, il lui faudrait faire de nouvelles expériences, ou tout du moins refaire des choses qu’il n’avait pas faites depuis des lustres, puisqu’à plus de deux siècles il se révélait difficile de trouver de la nouveauté.

Alors pour commencer, il en revenait toujours à cela, il devait reprendre les rênes de son destin. Stopper ses fuites à répétition. Tirer au clair cette histoire avec Julia, pour pouvoir taire le doute et continuer sereinement sa vie.

Cette vie dont il serait dorénavant le maitre absolu.


© Laueee


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Tracer sa route [22/05/42]

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