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Retrouvailles non désirées [19/06/42]

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Jana Taylor
Membre de l'Ombre
Jana Taylor
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Race : Lycanthrope
Classe sociale : Ouvrière
Emploi/loisirs : Voleuse / Escalade / Informatrice / Messagère / "Espionne" // Violon, Danse, Chant
Age : 19 ans
Age (apparence) : 19 ans
Entité n°2 : Karvaan, chatte noire aux yeux jaunes
Crédit Avatar : xaiisu, Deviantart
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MessageSujet: Retrouvailles non désirées [19/06/42] Retrouvailles non désirées [19/06/42] Icon_minitimeDim 11 Fév - 17:29

Jana était suivie. Encore et par la même personne, elle en était certaine. Cette fois ça commençait à bien faire ! Elle arrivait toujours à la semer, mais, sitôt qu’elle s’éloignait de quelques rues de ses repères et planques, elle sentait cette présence oppressante, et elle avait beau tourner mille fois dans les rues, se fondre vivement dans les foules ou emprunter des passages dérobés, elle mettait du temps à la distancer jusqu’à ce qu’elle ne la sente plus. Du temps qu’elle ne pouvait plus se permettre de perdre, et elle en avait assez de ce petit jeu. Ce n’était pas mademoiselle Spencer, elle aurait reconnu son odeur. Peut-être un de ses sbires ? Non, aucune personne de la haute ville ne circulerait avec autant de dextérité dans les recoins sombres des quais et des maisons de passe. C’était quelqu’un de la basse ville, donc quelqu’un potentiellement comme elle. Avait-on mis un contrat sur sa tête ? C’était probable, mais personne ne connaissait ses déplacements, comment cet espion aurait-il fait ?

Elle avait des questions et la frustration de ceux qui en attendent les réponses. Cette fois il était absolument banni de fuir et de laisser faire, elle allait attraper le poursuivant la main dans le sac. C’est avec cette résolution qu’elle s’était élancée dans les rues comme si elle poursuivait un but secret alors qu’il n’en était rien. Mais le stratagème avait fonctionné et elle sentait sa présence. Elle le coincerait au détour d’une ruelle, et il serait bien obligé de répondre à ses questions. Elle ne lui laisserait pas le choix et se servirait sans vergogne d’une lame bien aiguisée ou d’une partie de la force d’Eiwya. Ses sœurs étaient tout aussi aux aguets qu’elle, elles n’aimaient pas cela.

Arrivée au coin d’une ruelle sombre, elle bifurqua brusquement et avança de quelques pas puis se retourna. Elle avisa un point au-delà du carrefour – elle surprendrait l’inconnu par-derrière. Elle se concentra et sentit l’afflux de magie couler dans ses veines, une vague nausée, puis elle disparut dans une brume noirâtre, pour réapparaitre à l’endroit qu’elle visait. Prise d’un vertige, elle se ressaisit. Sa manœuvre n’avait duré qu’une seconde, l’inconnu allait arriver, elle le savait.

Et, de fait, il arriva. Un garçon malingre tourna au coin de la rue comme elle venait de le faire, et se stoppa net quand il ne vit pas l’ombre d’uns silhouette au-devant alors que la ruelle était droite et tout ce qu’il y avait de plus longiligne, sans l’ombre d’une cachette. Jana ne lui laissa pas le temps de se remettre de sa surprise et bondit sur sa proie. Elle l’attrapa par le col et le força à se retourner, ce qui était bien plus facile que ce qu’elle aurait cru. En même temps, elle s’attendait à voir un adulte et non…un enfant. Car c’était bien ce qu’elle avait devant les yeux. Un gamin de moins de dix ans, dans des habits rapiécés trop petits pour lui et la peur dans le regard, mais un regard pas innocent, un regard qui avait déjà vu des choses et qui en savait long. Jana ne se laissa pas attendrir et raffermit sa prise quand il fit mine de se débattre. Il s’immobilisa mais ne détourna pas les yeux des siens.


*Un petit courageux qu’on a chopé là*, déclara mentalement la rouquine.

*Doucement, ce n’est qu’un enfant*, répondit Karvaan d’un ton doux.

*C’est surtout un petit voyou et probablement un voleur*.

*On ne l’était pas, à son âge ?*

Jana siffla et ne répondit pas. En revanche, elle secoua un peu le garçon, histoire de lui flanquer la trouille. Il avait des cheveux mi-longs noirs et sales…en fait il était tout simplement sale, c’était un gosse des rues, et il avait de beaux yeux bleus qui pour l’heure étaient totalement écarquillés.

Parle. Pourquoi tu me suis ?
Je ne…
N’envisage pas un seul instant de me mentir, le gronda Jana en fronçant les sourcils. Pour qui travailles-tu ?
Pour…pour personne.
Menteur !

Elle le lâcha brusquement, si bien qu’il trébucha en arrière de deux pas. Il réajusta son col de ses doigts tremblants, baissant pour la première fois le regard.

Je ne mens pas. Je te suis, c’est vrai, mais pour personne, juste pour moi.
Pour toi ? Explique-toi je comprends rien.

Il releva un regard timide, et, curieusement, plein d’adoration.

Tu es le chat errant de Whitechapel, déclama-t-il soudain en élevant la voix. Je connais beaucoup de tes exploits dans les bas-quartiers, où tu traines, ce que tu fais pour les uns ou les autres. Tu es un modèle, c’est pour ça que je te suis, pas pour te nuire. Je veux être comme toi plus tard.
Mauvaise réponse gamin. Je veux pas de toi dans mes pattes et je suis le modèle de personne. Amène-toi.

Elle lui prit le col de nouveau et l’entraina à sa suite.

Est-ce qu’au moins tu as de la famille ? lui demanda-t-elle avec indifférence.
Non, ils sont morts.
Alors ta place est à l’orphelinat.

Le petit se dégagea subitement, faisant lâcher prise à Jana.

Non, j’irai pas. Et puis là-bas ils disent que toi tu t’es enfuie quand tu avais six ans seulement, et tu as réussi à survivre toute seule dans la rue, donc je peux le faire aussi !
Tu te trompes, j’étais pas seule. Et les nonnes doivent être ravies qu’un autre gosse se soit fait la malle. Retourne là-bas, c’est ce qu’il y a de mieux pour toi, crois-moi.
Alors pourquoi tu es partie ? lança-t-il d’un air de défi, en croisant les bras.

*Tu veux jouer à ça ? Très bien.*

*Jana…* commença la petite chatte.

*Non.*

L’adolescente se déplaça si vivement que l’enfant n’eut pas le temps de comprendre avant de se retrouver plaqué contre un mur, la main de Jana contre sa gorge. Aussitôt, le gamin s’immobilisa. Curieusement calme pour son jeune âge, il plongea ses yeux dans ceux de l’adolescente, incertain. Il la suivait de loin depuis des jours et avait vu à quelle violence elle pouvait s’adonner. Mais, tout à sa candeur d’enfant, il n’avait jamais pensé qu’elle pourrait le tuer. A présent, avec sa main rugueuse autour de sa gorge et le mur humide et froid contre son dos, il revoyait silencieusement son jugement. Allait-elle vraiment lui ôter la vie ?

Jana resserra sa prise comme un aigle refermerait ses serres sur une souris. Son visage ne trahissait aucune expression. Intérieurement, elle sentit une forme de satisfaction couler en elle et empoisonner son esprit. Elle tenait la vie d’un plus faible qu’elle entre ses mains. Elle serra davantage. Les yeux de l’enfant s’écarquillèrent et il se débattit instinctivement, sans succès. Jana sentit sa peur alimenter le sentiment qui grandissait en elle.

A contrecœur, elle s’en arracha. Cette jouissance typiquement prédatrice était à elle, mais elle était aussi involontairement liée au fait que ses sœurs étaient toutes deux des prédatrices naturelles.


Est-ce que tu peux t’enfuir, ou te dégager ? demanda-t-elle d’une voix totalement détachée.

Son ton plat et égal étonna l’enfant mais il n’eut aucune réaction autre que celle de se débattre avec tout l’acharnement dont il était capable. Cela ne fit que raffermir la poigne de Jana. Elle l’étranglait tout à fait à présent.

*Jana*, intervint Eiwya, *Karvaan a raison, ce n’est qu’un enfant.*

*Un enfant stupide qui va se faire tuer avec ses conneries alors laissez-moi lui apprendre quelque chose qui lui sauvera peut-être la vie.*

*Tu lui comprimes la trachée*, intervint posément Karvaan. *Il ne peut pas parler.*

*Oh, crois-moi*, rétorqua mentalement Jana, *si ce mioche est un centième aussi malin que ce qu’il prétend, il saura me répondre.*

Sur ce, elle coupa définitivement la communication, renvoyant ses deux sœurs dans le Monde des Esprits. Elle était la seule des trois à pouvoir faire ça, les rendre sourdes, aveugles et muettes en les parquant dans leur Monde éthéré. Elle ne l’employait que rarement, mais elle ne voulait pas de moralisatrices sur les bras. Elle resserra sa prise, étranglant doucement le garçon qui gigota comme un poisson pris dans un filet.

Alors, tu peux ou pas ? insista-t-elle fermement.

Il se débattit une seconde de plus puis renonça. Il secoua sa tête devenue toute rouge et Jana le lâcha aussitôt. Il tomba au sol en toussant, une main sur la gorge. Il inspira bruyamment pour reprendre son souffle.

Alors tu ne survivras pas dans la rue, et tu as ta réponse. Je suis partie parce que moi, je pouvais survivre.

Elle lui laissa quelques secondes. Puis elle le reprit par le col avec la même brutalité qu’auparavant et l’entraina à sa suite dans la ruelle. L’enfant, qui se remettait à peine de son étranglement, eut du mal à adopter son rythme et trébucha à plusieurs reprises, mais ne tomba pas et se mit presque à courir pour compenser les longues foulées de Jana. Cette dernière avançait résolument, le regard droit devant elle.

Tu m’emmènes où ? s’enquit le gosse dès qu’il eut retrouvé sa voix.

Secrètement, il espérait que le chat errant de Whitechapel avait été impressionnée par le temps qu’il était resté sans respirer et avait finalement décidé de l’engager, mais vu qu’elle l’avait étranglé et ne lui adressait plus la parole depuis dix minutes, il avait quelques doutes.

Je te l’ai déjà dit. A l’orphelinat.
Non, s’il te plait ! Je te promets que je ne te suivrai plus mais laisse-moi partir, je veux pas y retourner.
C’est pour ton bien.

Jana étouffa le curieux nœud qui se formait dans sa gorge et accéléra. Plus tôt elle serait débarrassée de ce problème, mieux ce serait. Elle n’avait pas de sentiments à se faire, les sentiments étaient le meilleur moyen de se faire tuer, et si elle ne ramenait pas…

C’est quoi ton nom ?
No…Noham.

…et si elle ne ramenait pas Noham à l’orphelinat, il y avait de grandes chances qu’elle le retrouve mort dans un caniveau deux jours plus tard. Se sentir coupable pour un mioche qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam ne lui ferait pas plaisir et ce serait handicapant. Elle avait plus urgent à penser.
Et si tu le prenais sous ton aile ? lui murmura une petite voix traîtresse. Il apprendrait et il serait protégé.

Jana secoua la tête pour la faire taire. Elle avait bien trop de choses à faire ou à penser, et une seule bouche à nourrir était déjà trop. Elle ne pourrait pas surveiller le gamin à chaque instant et lui garantir de manger à sa faim, de toujours dormir sous un toit et au chaud, d’être en sécurité. Et puis il ne ferait que la gêner, point barre.

Elle en était là de ses réflexions quand ils arrivèrent devant les portes closes de l’orphelinat. La grille était fermée et Jana se rendit compte qu’il faisait déjà nuit ou presque.


Et merde, jura-t-elle dans sa barbe, raffermissant sa prise sur le gamin.
C’est fermé ! déclara celui-ci d’un ton triomphant. Allez, laisse-moi partir, maintenant. Je ne te suivrai plus.
Et tu te feras tuer ? Non merci. Tu restes avec moi cette nuit et demain je te ramène à l’ouverture.

Elle connaissait bien quelques passages secrets, mais les montrer à un gosse qui avait tout sauf envie de rester à l’orphelinat lui sembla peu sage, même si elle devrait se le coltiner une nuit entière.

C’est vrai ? Tu m’emmènes avec toi, je peux rester ? s’exclama-t-il, un large sourire sur le visage.
Une nuit, précisa de nouveau Jana. Une seule et unique nuit.
Oui, oui. Bon, où est-ce qu’on va ?

Jana soupira et le lâcha pour se masser les tempes. Elle sentait venir un méchant mal de crâne. Le gamin avait l’air d’être un sacré bavard.

Alors ? Alors ? On va où grande sœur ?

Jana releva brusquement la tête.

M’appelle pas comme ça.

Noham se contenta de hausser les épaules, un sourire en coin. Jana leva les yeux au ciel.

***


Le gamin avait enfin cessé ses jacasseries, qui les avaient suivis jusqu’à la vieille église abandonnée de Bloomsbury. Il dormait actuellement dans une alcôve cachée des regards et du vent, sur un lit de fortune que l’adolescente lui avait construit à la va-vite. Il s’était endormi très vite, visiblement épuisé. Mais Jana n’était pas tranquille pour autant. Ses sœurs l’assaillaient de leurs réflexions et questions. Kaarvan voulait garder Noham, Eiwya non, et elles n’arrêtaient pas de se disputer. La migraine que ressentait Jana s’amplifiait de seconde en seconde.

Actuellement, elle se tenait sur sa « mezzanine », une plateforme en hauteur où elle s’activait à concocter de nouveaux onguents, dont – et elle se surprenait elle-même – certains pourraient être utiles pour le gosse rachitique qui partageait sa maison. Maison qu’elle allait bientôt devoir quitter, songea-t-elle avec amertume.


"Clever Devil Devil
How quickly they do sell their souls, for the feast and the promise of gold? But Devil, that won't be me !"


Devil Devil , MILCK


Dernière édition par Jana Taylor le Sam 17 Fév - 20:42, édité 2 fois
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Sarah Spencer
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MessageSujet: Re: Retrouvailles non désirées [19/06/42] Retrouvailles non désirées [19/06/42] Icon_minitimeLun 12 Fév - 21:32




Le temps s’écoule sans qu’on ne puisse l’arrêter
Glissant doucement
Perturbant à peine l’onde immuable de l’ondine endormie

Les jours passaient, se ressemblaient, s’effaçaient dans un méandre de pluie, de boue, de silence tumultueux qui se fracassait contre les pièces vides du manoir devenu prison de linceul. Les grandes tentures noires qui avaient été dressées sur les murs de la bâtisse rappelaient chaque jour le deuil qui frappait la vie de ceux qui y habitaient. Les Anglais étaient si attachés à leur malheur, cloitré dans toute la dignité de se morfondre, deux ans de noirceur venaient s’abattre sur les survivants. Emmurer chacun dans leurs chagrins, mère et fille ne s’adressaient la parole que du bout des lèvres, parlant des choses urgentes du domaine. Litanie répétitive où les ombres se croisaient matin et soir autour d’un repas à peine avalé, pièce de théâtre grotesque où chacun jouait son rôle avec un manque d’entrain pathétique. Et pourtant la vie continuait inlassablement son cours, défilant dans son fleuve tranquille que rien ne pouvait arrêter. Bal désormais proscrit sans chaperon digne de ce nom, l’héritière boudait les rencontres et le thé d’après-midi, s’enfermant dans le bureau du défunt pour y repasser la paperasse de la maison, les comptes de dépenses et toutes ces choses qui gouvernaient le monde. L’administration était faite par son représentant officiel, un jeune homme du nom de Fitzwilliam dont Lady Spencer n’avait jamais entendu parler. L’apparition de ce nouveau personnage semblait marquer l’écart singulier qui se creusait de plus en plus entre l’héritière Spencer et le Comte Kei. Même l’apparition du mystérieux cousin dont le nom commençait à se répandre sur les lèvres de la bonne société ne parvenait pas à faire sortir la jeune femme de son nouveau sanctuaire. Comme si elle semblait se résoudre de plus en plus à devenir vieille fille alors qu’elle se retrouvait à présent à la tête d’un domaine et d’une fortune colossale.

Lady Spencer s’interrogeait toujours sur la présence bienveillante de ce mystérieux dandy Fitzwilliam qui aidait leur demeure. L’envie lui prenait par moment d’égarement de vouloir se renseigner un peu plus. La pensée folle même lui avait traversé d’écrire au Comte pour lui demander son avis, mais rien n’en avait été fait. À quoi bon? Pourquoi chercher l’intrigue là où un baume de douceur leur venait en aide? Pouvait-elle se permettre d’être capricieuse sur ceux qui leur étaient salutaires? Les livres de comptes et d’investissement de la maison lui certifiaient que non. Au moins pouvait-elle se rassurer de savoir que sa fille faisait une confiance totale envers cet homme. Pour une fois que l’entêtement de sa progéniture se révélait utile. La voir en maitrise de la situation réduisait quelque peu le fardeau qui pesait sur ses frêles épaules. Elle se surprenait même parfois à rêver de nouveau. Peut-être pourrait-elle concrétiser cette idée de voyage? Sa vie étant maintenant réduite aux quatre murs de sa maison, elle pouvait bien troquer le babillage des domestiques pour une visite en son pays natale. Peut-être même pourrait-elle convaincre son frère de revenir en Angleterre avec elle. Le notaire était toujours à la recherche de l’héritier mâle de la descendance de son époux à qui devait revenir le titre. Qui sait quel étrange cousin lointain pouvait se manifester devant une offrande aussi alléchante? Mieux valait s’assurer d’avoir un homme de sagesse de leur côté et le Comte ne pouvait leur être d’aucune aide en cette situation. Sarah avait beau se montrer malicieuse, une femme ne pouvait décemment pas tenir un rang ainsi pendant très longtemps. Surtout alors qu’elle n’était pas mariée… L’espoir reposant sur l’étrange cousin, le Sieur de Santis aux manières si agréables semblaient de plus en plus de la poudre lancée aux yeux pour éblouir. Bien sûr la robe qu’il avait fait livrer était aussi somptueuse qu’exquise, mais le silence qui avait suivi le précieux cadeau ne laissait présager rien de plus.

Que pouvait-elle encore espérer de l’avenir?


•••

Les yeux fixant la pénombre qui descendait doucement sur le jardin du domaine, Sarah fut surprise une fois de plus de constater qu’aucune émotion ne parvenait à la faire chavirer de nouveau. Dire qu’avant, le voile sombre qui recouvrait le ciel était signe d’excitation des sorties nocturnes, où de la chasse ne laissait à présent qu’un vide immuable, semblable aux froids engourdissant de la rivière qui l’avait transformé en Ondine. L’esprit occupé d’un livre de compte à l’autre, aux recherches et aux lettres diverses, aux invitations poliment refusées, mais qui continuait d’affluer, restait encré dans le moment présent, ne trouvant aucune joie dans les distractions de ce monde. Pourtant, il y avait tant à faire. S’occuper de la maison ne représentait qu’un simple pan de tout ce qu’il y avait à accomplir. Aussi douce que fût l’idée de se laisser submerger par les demandes du quotidien, l’héritière savait qu’elle ne devait pas se laisser glisser dans cette psalmodie mortelle.

Jirômaru

Nom maudit qu’elle refusait désormais de prononcer à voix haute. Comment avait-il pu l’oublier? Comment avait-il pu oublier? Cette épée de Damoclès invisible qui pendait au-dessus de sa tête lui rappelant qu’à chaque instant sa courte vie pouvait s’arrêter aussi brusquement que celle de son père? Sans aucun avertissement, un simple couperait qui descendrait aussi certainement que la nuit apparaissait chaque soir. N’y avait-il pas une échappatoire? Elle aurait cru que oui. Elle aurait cru que le Comte finirait par se ranger de son avis et que la disparition de son père mettrait en avant l’évidence de sa demande. Douce illusion, rapidement brisée. Voilà des semaines qu’il s’était emmuré dans un silence imposant, devenant fantôme dans sa demeure, rarifiant les apparitions publiques. Souvenir cruel qui s’effaçait, allant même jusqu’à lui remettre le présent qu’elle lui avait offert, se contentant d’une inscription grotesque qui n’avait aucun sens. Que voulait-il lui dire? Qu’elle méritait d’avoir une famille et une descendance et que cela était impossible avec son désir de devenir immortel? Prétentieux personnage osant du haut de son éternité lui faire la morale sur ce qu’était le désir. Comme elle aurait souhaité le haïr de l’avoir abandonné au moment où elle avait le plus besoin de lui. Comme elle aurait souhaité balayer d’un simple revers de la main les sacrifices qu’il avait faits pour la sauvé, cette nuit-là au cimetière. Comme elle aurait aimé lui en vouloir d’avoir repris si rapidement sa promesse d’être là pour elle si elle en avait besoin. Et pourtant, elle n’arrivait toujours à effacer sa présence, devinant sa silhouette alors qu’il n’y était pas. Et au royaume des ombres que dessinait la nuit, c’était encore pire. Le roi cloitré dans son coin refusait de bouger sur l’échiquier. Valait-il encore la peine qu’on se battre pour lui?


Vincento

Curieux pion qui s’était glissé sur une table déjà fort encombrée. Même cet étrange cousin semblait avoir disparut, disgracieux feu follet qui s’amusait à glissé entre ses doigts chaque fois qu’elle tentait d’en saisir les contours. Les renseignements sur ce personnage étaient aussi difficiles à obtenir que tout le reste. Homme aux manières admirables et gracieuses, son arrivée émouvait déjà les dames des salles, tentatrice de se faire les dents sur ce nouveau dandy fortuné tout juste débarqué. La robe qu’il avait fait livrer au domaine était déjà sur bien des lèvres. Le coursier ayant semble-t-il dû s’arrêter dans une boutique pour refaire l’emballage, les yeux curieux s’étaient posés sur cette merveille d’étoffe soyeuse. Coup de maitre, car maintenant le nom de cet importateur courait les salles de bal dans l’espoir de passer commande. Pour la plus grande déception des curieux, la robe ne serait sans doute jamais vue. Le paquet à peine déballé, la jeune femme avait ordonné qu’elle soit mise au placard. Bien que les invitations se multipliaient, elle se voyait mal se présenté vêtu d’un présent d’un inconnu, sans compter que le corsage du vêtement suivait la mode italienne, dévoilant la gorge bien plus que ne le supportait les mœurs anglaises et encore plus celle du deuil. Mais tout cela ne permettait toujours pas à l’héritière d’en savoir plus sur Vincento et son mystérieux acolyte. L’idée de l’invité en guise de remerciement était tentante, mais fréquenter les loups sans savoir s’ils mordaient était dangereux. Il lui fallait d’abord plus d’information. Les noms semblaient banals, une couverture à la portée de tous. Impossible d’en savoir plus sans remonter vers la source même de son arrivage, soit l’Italie lointaine. Et comme les nouvelles avec le vieux continent voyageaient au rythme des bateaux, elle devrait prendre en patience l’espoir d’obtenir une quel conte réponse.

Alexander

Le Cavalier qui continuait d’avancer à sa guise. L’amertume avait afflué dans sa bouche lorsque l’héritière avait constaté que l’ingrat hunter ne s’était même pas donné la peine de lui présenter ses condoléances. Même cloitrer sous terre, la nouvelle du décès de son père avait dû lui parvenir. La sombre nouvelle avait fait le tour des gazettes et des journaux, tout comme ses prétendues fiançailles jetées à l’eau. Elle avait bien écrit au Padre de la Chapelle pour s’enquérir de l’état de la guilde, s’assurer que le repère était toujours sécuritaire et que ses nouveaux pensionnaires y étaient bien en sécurité. Les réponses de l’homme d’Église bien que positive étaient étrange, ne disant que ce qu’il fallait au lieu de s’épancher dans les détails comme il le faisait habituellement. Tout ceci ne laissait rien présager de bon et la magicienne savait qu’elle devrait tôt ou tard aller vérifier par elle-même la situation. Cette manie qu’avait les autres de la laisser dans l’ignorance et à l’écart commençait sérieusement à la contrariée, seule émotion encore assez virulente pour faire battre son cœur. Elle avait l’impression que la belle image qu’elle s’était faite de son chevalier à la chevelure de feu s’effritait comme un parchemin au soleil. Pris par ses propres démons, le hunter semblait avoir oublié le début réel de toute cette histoire. Peut-être le Comte avait-il eu raison. Leur but n’avait peut-être jamais été d’être ensemble et ce nouveau revers mettait en évidence la lumière de cette relation à sens unique. Elle n’était que l’excuse pour attiser le feu et non pas la finalité en soi.

Trois hommes, trois triptyques bien différents qui tournaient à eux seuls ce qui restait de son univers en queue de poisson. Aucun des hommes n’étaient simple, chacun voulant la sauvée à leur manière, la considérant comme une précieuse babiole qu’il fallait mettre derrière une vitrine et admirer lorsque bon leur semblait. S’en était pathétique que de devoir s’abaisser à une telle constatation. Soupir bref et inaudible qui vida l’air de ses poumons, soufflant contre la fenêtre un petit nuage de buée qui fit disparaitre le paysage.

Autant barricader ses sentiments dans une tour de cristal et d’en jeter la clé. Elle comprenait presque l’ironie des immortels qui les comparaient à de petits animaux accaparés par leur sentiment. Autant de sensation engluant qui finissait par paralysé tout le système. Il fallait qu’elle bouge, qu’elle sorte, qu’elle finisse par prendre l’air. L’idée d’une chasse était tentante, mais donner un coup de pied dans un nid de guêpes alors qu’on était sans protection relevait du suicide. Il valait mieux se montrer prudent. Se retournant pour observer le grand bureau, le regard chercha une excuse, une échappatoire au domaine maudit. Elle pouvait toujours se déguiser en homme pour aller effectuer sous les apparences de Fitzwilliam les demandes faites en son nom. Encore de l’administration soulante que lui interdisait son sexe. Ou alors...

Les saphirs se posèrent sur le petit stylet encombré de lettre qui reposait sur le coin de son bureau. Objet étrange remis par Lady Ballinger lors des funérailles de son père et qu’elle avait complètement oublié. La petite chatonne qu’elle avait confiée à son amie avait fini par prendre la poudre d’escampette. Hortense Lui avait expliqué qu’un soir son domestique était monté lui porter son souper et il avait constaté que la gamine avait disparu, oubliant dans sa précipitation son objet précieux. Trop préoccupée, Sarah s’était contentée de maudire l’ingrate, considérant comme juste chose qu’elle ait perdu son objet en échange. Mais maintenant qu’elle y pensait... L’arme prise entre ses doigts, elle la fit tournoyer doucement. Le métal était de bonne qualité, l’équilibre entre la lame et le manche inégaux, mais cela en faisait tout de même un objet efficace. Il n’était pas bien intéressant au niveau du style, mais pour une gamine des rues il devait avoir son importance. Et trouvé une lame efficace dans les rues de Londres n’était pas donnés à tout le monde.

La magicienne soupira de nouveau. Comme si elle avait envie de traverser la ville entière à cette heure pour aller gronder une gamine ingrate qui oubliait ses lames ici et là. C’était ridicule. Elle avait d’autres choses à faire… Non. Non elle n’avait définitivement rien de mieux à faire. Et puis, c’était une belle occasion de passé ses nerfs sur quelqu’un. Ne restait plus qu’à mettre au point une évasion discrète. Elle n’aurait pas le choix que de passer par le Leonticon, histoire de se changer et de traverser le reste de la ville sous une apparence plus convenable. Elle n’avait pas besoin de poussé le déguisement bien loin, pas de fausse barbe naissance si de cheveux sombres, il ne faudrait quand même pas effrayer le chaton comme la dernière fois. Elle n’avait définitivement pas le temps de jouer les sauveuses de nouveau...


•••

L’église avait toujours la même allure pitoyable que dans ses souvenirs. Rassurant son manteau sombre à la couple ample contre son corps, Sarah se maudit un instant de ne pas avoir songé à prendre une écharpe pour le voyage. Loin de l’habitacle de la berline qui l’avait conduit jusqu’ici, le vent lui soufflait un vent mordant qui gelait les os. Pour peu, elle aurait regretté de ne pas avoir eu des couches de jupons pour la protégée. Mais au moins, sous cette apparence, elle pouvait se déplacer sans encombrement. Aucun commentaire sur sa destination ni sur l’heure tardive. Une simple pièce et voilà que son carrosse la conduisait où il fallait. Un soupir s’échappa de ses lèvres minces alors que le regard avisé observait la vieille église à l’allure revêche. Elle était aussi sombre que lorsqu’elle l’avait vue au printemps. Le bois vieilli, les pierres envahies par la poussière et le lierre, le toit donnaient l’impression de pouvoir s’effondrer au moindre coup de vent. Un endroit charmant, sortant d’une chronique littéraire ou frisait l’horreur et l’épouvante. Mais c’était là la seule piste pour la jeune femme. Le petit chaton lui avait dit que cette église était leur maison donc si la gamine s’était enfuie, il y avait de bonne chance qu’elle revienne ici. Contournant le bâtiment comme elle l’avait fait la première fois, Sarah poussa la porte du presbytère d’un coup d’épaule, faisant grincer le bois sur ses vieux gonds. La sécurité était toujours aussi adéquate, constatait-elle. Inutile de s’embarquer dans un jeu de cache-cache, elle n’avait définitivement pas la patience de courir les vieux corridors moisis et les alcôves délabrées. Il n’aurait plus manqué quelle se casse le cou bêtement sur un escalier abimé.

Longeant le corridor sombre, elle arriva assez rapidement dans la nef, remontant vers le transept où se trouvait encore le vieil hôtel de pierre. Même en pleine nuit, les vitraux brisés diffusaient dans l’espace une lumière froide qui donnait l’impression de voir des fantômes contre les murs. Un esprit impressionnable aurait pris peur depuis longtemps. Balayant le vide de la main, les cierges restants s’allumèrent d’un seul, éclairant à peine un peu plus l’endroit. Il faudrait donc s’en contenter. Comment s’annoncer maintenant? Elle pouvait toujours crier Jana à travers l’église, ce qui s’avèrerait vraiment bête si elle était occupée par quelqu’un d’autre. Le regard d’hiver balaya l’espace, s’arrêtant sur un pied de candélabre brisé, sans doute abandonné quand des voleurs avaient apporté le reste du chandelier. Juste ce qu’il lui fallait. Attrapant la base bien lourde, elle le frappa contre l’hôtel, faisant résonner le bruit à travers le chœur de l’église à trois reprises.

Une manière comme une autre de toquer à une porte.





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Jana Taylor
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MessageSujet: Re: Retrouvailles non désirées [19/06/42] Retrouvailles non désirées [19/06/42] Icon_minitimeMar 13 Fév - 13:35

Jana préparait consciencieusement ses baumes et onguents depuis bientôt deux heures. Comme à leur habitude, ses sœurs s’étaient retranchées dans le monde des esprits, ne supportant pas l’odeur et les mélanges que leur première entité réalisait. Avec une pointe de désarroi, celle-ci réalisait qu’au moins la moitié de ce qu’elle avait créé était pour Noham. Un baume contre le rhume, une lotion pour ses cheveux gras, des compléments alimentaires pour pallier à son rachitisme, et la liste s’allongeait. Elle avait beau se dire qu’elle lui donnerait quand elle le ramènerait à l’orphelinat, une petite voix lui soufflait que c’était faux. D’une part il ne savait probablement pas lire les étiquettes des flacons, et d’autres part les nonnes lui prendraient tout. Mais cela la ralentissait-elle dans sa tache ? Absolument pas.

Du coin de l’œil, elle avisa le garçon dans son alcôve, qui dormait à poings fermés, recroquevillé sous une couverture de fortune. Il ne grelottait pas, mais elle pouvait sentir qu’il avait froid. Son tout petit corps formait une bosse de taille moyenne sous le vieux drap déchiqueté. Cela la ramena des années en arrière, quand elle venait de s’enfuir définitivement de la prison que représentait pour elle l’orphelinat. Affamée, épuisée, elle avait marché pendant des heures sous un froid glacial, à la recherche d’un abri qu’elle avait trouvé en cette vieille bâtisse délabrée. Elle s’y était aventuré la peur au ventre, malgré les paroles rassurantes d’Eiwya qui ne sentait aucune présence. Elle avait observé les lieux, pleine d’appréhension, et découvert l’alcôve et la vieille couverture où dormait actuellement Noham. Peu à peu, l’église était devenue sa maison, elle avait arrangé les débris à sa guise, trouvé des cachettes, des prises pour grimper en hauteur. Elle avait fait de l’église son foyer. Devrait-elle laisser Noham en faire de même ?

Elle secoua la tête pour chasser cette idée. Noham sentait l’humain à plein nez, il n’avait pas la chance d’avoir des entités comme elle pour le protéger. Quand l’hiver serait dur, il mourrait de froid, s’il ne mourait pas de faim avant. Et pourtant, elle éprouvait une pointe de regret à l’idée de le remettre entre les mains glacées des sœurs malveillantes, qui ne se gênaient pas pour faire du mal aux enfants sous le prétexte de leur « apprendre des leçons ». La lueur pleine de vie et d’espièglerie dans les yeux du garçon finirait par s’éteindre pour laisser place à l’abattement et au renoncement. Coincé dans l’austère bâtisse, il subirait le même sort que les autres enfants qu’elle ne pouvait sauver. Peut-être pouvait-elle en sauver un ?

Jana se sentait seule, malgré ses visites répétées à l’orphelinat et au père James. Avec Noham, elle se sentirait peut-être plus entière. Ce serait une présence différente de celle de ses sœurs. Elle n’aurait pas à se retrancher dans le monde des Esprits pour pouvoir les serrer dans ses bras, les toucher, passer un réel temps avec elles. Et quand viendrait l’hiver, elle n’aurait qu’à coller le petit corps contre le sien pour partager sa chaleur et celle de ses sœurs. Elle lui apprendrait à lire et écrire, aidée du père James, et aussi l’herboristerie et l’art de créer des potions. Elle lui apprendrait à voler, à grimper et espionner, à se déguiser. Il pourrait être ses oreilles dans la rue, son intermédiaire. Peut-être même…

[grande sœur]

Indécise, elle soupira et se laissa glisser en arrière pour appuyer sa tête sur la poutre. Tout à sa réflexion, elle ne prêta pas attention à la violation de son sanctuaire et sursauta quand un bruit sourd, répété trois fois, la tira de sa réflexion. Aux aguets, elle se redressa, et, de son poste de vue, avisa la silhouette d’une personne inconnue, qui venait de frapper l’autel, sans doute pour s’annoncer. Elle appela mentalement ses sœurs et reconnut l’odeur de mademoiselle Spencer. Elle grimaça. Elle n’avait pas dégagé les lieux assez vite. Du coin de l’œil, elle avisa Noham s’agiter dans son sommeil, mais il ne se réveilla pas. L’aristocrate était trop proche de l’alcôve à son goût, elle sentit un devoir de protection s’éveiller. En elle, Eiwya grogna.


*Laisse-moi m’occuper d’elle.*

*Ah non, ça ne va pas recommencer !* s’énerva Jana. *Ne prends le contrôle que si je te le demande, nos cuisses ne sont pas encore remises.*

A regret, la louve obtempéra, encore honteuse de l’accident qui avait eu lieu par sa faute. Karvaan tempéra les choses en proposant de discuter, et Jana acquiesça, curieuse malgré tout de savoir ce que l’aristocrate lui voulait encore. Etait-ce à cause de sa nature particulière ? Voulait-elle l’exposer dans un zoo ou un cirque ? Si c’était le cas, elle laisserait Eiwya la bouffer, décida-t-elle.

Que faites-vous là ? demanda-t-elle avec animosité depuis son perchoir.

Puis, désireuse de protéger Noham comme il se devait des pouvoirs étranges de la jeune femme, elle descendit en un tour de main, non sans laisser un petit gémissement de douleur quand elle effectua une mauvaise position avec sa cuisse blessée. Arrivée au sol, elle se tourna pour faire face à mademoiselle Spencer, et croisa les bras. Pour une fois, elle n’était pas totalement déguisée en garçon. Elle portait une tunique violette un peu rapiécée sur un pantalon serré noir, et ses longs cheveux étaient lâchés, reposant sur une de ses épaules.


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MessageSujet: Re: Retrouvailles non désirées [19/06/42] Retrouvailles non désirées [19/06/42] Icon_minitimeMar 13 Fév - 16:12




Cloches silencieuses qui ne sonnaient plus, tut à jamais, décrocher de leur réceptacle pour être vendu pour leurs métaux. Les bancs délabrés, brisé, couvert de poussières, encore bien enligné de chaque côté de l’allée vide de tout tapis, semblaient les tristes spectateurs d’un événement oublié. Une fête qui n’avait jamais eu lieu, une célébration qui n’avait eu aucune demande. Vide résonnant qui trouvait écho chez la jeune femme. L’héritière se sentait ridicule de se rappeler qu’elle avait songé que la prochaine fois qu’elle franchirait le parvis d’une maison de dieu se serait vêtue d’une couronne de fleur d’oranger pour y sceller son destin à son futur époux. Elle avait déjà imaginé la grande allée décorer de fleur, de ruban coloré, les pétales lancés sur leur pas alors qu’ils quittaient vers leur vie future. Doux parfum qui s’était évaporé sous l’odeur pestilentielle des chrysanthèmes posés sur son chemin. Dur rappel à la réalité alors qu’elle se tenait seule, dans l’obscurité, à attendre cet homme qui ne viendrait pas. Amertume de nouveau refoulée alors que les rêves d’enfants s’évanouissaient pour de bon dans le silence pieux de l’endroit désert. La couronne de fleur troquée pour le chapeau haut de forme trop grande qui retombait à moitié sur son front, le regard clair fixaient l’obscurité, attendant que les pas feutré de la chatonne ne trahisse sa présence. Comme elle se sentait stupide de devoir attendre encore. Que ferait-elle si la créature n’avait pas réintégré son refuge? Devrait elle l’a cherché à travers les rues de Londres? Un véritable labyrinthe rempli de danger pour celui qui s’aventurait en terrain inconnu. Voilà pourquoi chassait-elle rarement de ce côté de la ville. Comment s’enfuir lorsqu’on ne savait où aller?

Un soupir d’impatience s’échappa des lèvres minces, la main noire et gantée glissa contre sa nuque nue. Ses cheveux tressés avaient été remontés contre sa tête, dissimulée sous son couvre-chef, cachant leur longueur révélatrice. Sa chemise sombre sous son manteau, la tenue de deuil la suivait jusque dans son déguisement. Une petite voix claire résonna du haut de la nef, faisant soupirer la jeune femme.

- Que faites-vous là ?

Pas de bonjour, pas de salutation, une attaque directe comme si elle était un être séagréable dont on était pressé de se débarrasser. Le nez se plissa, insulté par un tel accueil. À force d’évoluer chez les aristocrates, on en oubliait les manières directes du petit peuple qui n’avait pas de temps à perdre en bla-bla inutile. Quand même. Sarah appréciait définitivement mieux la gamine sous sa forme de chaton. Se retournant lentement, elle observa la demoiselle descendre de son perchoir avec une agilité doublée d’une maladresse. Sa blessure à la cuisse encore? Retenant l’agacement qui menaçait de percer sa voix, l’héritière garda son calme.

-Je m’attendais à un meilleur accueil, mais bonsoir à toi aussi.

Au diable le vouvoiement, bien inutile puisque les civilités avaient été laissées dehors. On ne lui avait jamais appris les manières à cette demoiselle? Elle aurait cru que l’orphelinat offrait une meilleure éducation.

-Ce que je fais ici? Je cours après une enfant ingrate qui se sauve comme une voleuse.

Sortant le style de son manteau ample, elle le déposa sur l’autel, reculant d’un pas pour que la gamine le récupère d’elle-même. À la voir se tenir aussi loin, on avait l’impression de faire face à un animal. Toujours à agir comme un chien méfiant. Ce devait être sa tête de loup. Elle ne comprenait toujours pas comment fonctionnaient ces histoires d’entiers et de corps animal, mais sa dernière rencontre avec les ‘’amies’’ de la demoiselle la laissait perplexe.

-Tu as oublié ceci dans ta précipitation. Une lame est toujours plus utile dans une poche que sous un lit non?

La magicienne observa les alentours, le vent qui pénétrait par l’entretoit brisé.

-Alors, la chambre du Leonticon était à ce point désagréable? Il est vrai qu’avoir le gîte et le couvert devait être bien pénible à comparer de ce charmant endroit.

Vraiment? Elle avait préféré revenir ici? Appuyant son dos contre l’une des colonnes, les bras de la jeune femme se croisèrent, dévisageant sévèrement la gamine.

-Pourquoi tu n’es pas restée? Lady Ballinger était ravie de ta présence. Elle aurait pu te trouver du travail même, de quoi te sortir… d’ici.

Pour ne pas dire de cette misère glaciale qui empestait à plein nez.




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MessageSujet: Re: Retrouvailles non désirées [19/06/42] Retrouvailles non désirées [19/06/42] Icon_minitimeSam 17 Fév - 20:31

Un meilleur accueil ? Jana s’interrogea sur ses mots. Elles n’étaient que des inconnues, quel accueil aurait-elle aimé recevoir ? Ah oui, elle venait de la haute, elle s’attendait sûrement à une révérence et au thé avec des petits gâteaux. Dommage pour elle, ce n’était ni le lieu ni le moment. Jana détestait qu’on pénètre dans son antre. Tous ceux qui l’avaient osé, exceptés le père James et maintenant Noham, s’en étaient retournés d’où ils venaient.

*Du calme*, lui intima Karvaan. *Elle nous a sauvé la vie*.

La pointe de fascination dans la voix de la petite chatte l’énerva. Karvaan avait beau bien s’entendre avec l’aristocrate, ce n’était pas son cas. Il fallait bien avouer que leur relation n’était pas au beau fixe. Jana avait commencé par lui voler son journal, ce qui avait entamé une belle course-poursuite à travers les rues encombrées de Londres, pour finir par se retrouver ici, elle avec un stylet dans la cuisse à cause d’Eiwya qui voulait bouffer leur invité indésirable.

*Oui bah calme-toi*, répondit-elle à la petite chatte. *On n’est pas là pour faire ami-ami.*

Karvaan se tut mais Jana sentit sa désapprobation. Depuis que mademoiselle Spencer leur avait effectivement sauvé la vie, à Eiwya et elle, la chatte lui vouait une admiration sans borne. Elle en parlait souvent, ce qui avait le don d’agacer ses sœurs, Eiwya se méfiant autant de l’aristocrate que Jana.

Cette dernière plissa le nez quand elle se fit traiter d’enfant. Enfant, ça faisait bien longtemps qu’elle ne l’était plus. Avait-elle déjà eu une adolescence digne de ce nom, d’ailleurs ? Pensivement, elle tritura son collier, seul héritage familial, magnifique bijou qui représentait la seule famille qu’elle ne reverrait probablement jamais. Elle ne s’offusqua pas du terme de voleuse, et émit même un ricanement.

Une voleuse ? Ne le suis-je pas ? J’ai dérobé votre carnet je vous rappelle.

Puis son regard se figea sur le stylet que sortit la demoiselle. Voilà donc où elle l’avait perdue, cette arme qui lui était bien utile. Elle observa les gestes de l’aristocrate, notant qu’elle s’écartait de l’autel pour qu’elle puisse récupérer son bien. Méfiante malgré tout, elle n’avança pas tout de suite. Ses yeux virèrent au jaune, signe qu’Eiwya veillait, et elle s’approcha doucement. Une fois arrivée à l’autel, elle prit l’arme et la glissa lestement dans l’étui prévu à cet effet sous la manche de son vêtement.

Merci, dit-elle à contrecoeur. Elle sera effectivement plus utile avec moi.

Elle ne recula pas, restant près de l’autel, et ses yeux redevinrent normaux quand Eiwya considéra tout danger écarté. S’il ne tenait qu’à elle, elle aurait reculé, mais de là où elle était elle se trouvait plus proche de Noham. Elle la regarda observer son lieu de vie, imaginant ce qu’elle pouvait en penser. Les bancs renversés, la poussière, les toiles d’araignée, le toit et le sol délabrés. Seul l’autel conservait son entièreté, pas même une fissure ne s’y trouvait. Le père James interprétait cela comme un signe du Seigneur.

Elle eut un rictus devant l’ironie qui perçait la voix de l’aristocrate, et croisa les bras.


La chambre était très bien. Je n’aime simplement pas les endroits que je ne connais pas.

« Je m’y sens toujours en danger », faillit-elle ajouter, mais elle se coupa au bon moment et humecta ses lèvres sèches. Elle haussa une épaule à la question suivante.

Je ne reste jamais trop longtemps au même endroit, sauf quelques-uns, comme ici. Et lady Bellinger est une gentille dame, mais jouer les servantes ou je ne sais quoi ne m’intéresse pas. Je trouve mon propre travail.

Souvent au désavantage de sa santé et de l’apport de nourriture, mais c’était une vie qui lui plaisait. Plus jamais elle ne voulait rester dans des endroits clos sans voir le ciel, sans sentir l’air frais sur son visage. Pour les temps durs, elle avait le père James. Si elle décidait de garder Noham, elle l’enverrait sans doute là-bas pour l’hiver.


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MessageSujet: Re: Retrouvailles non désirées [19/06/42] Retrouvailles non désirées [19/06/42] Icon_minitimeDim 18 Fév - 4:51




Il fallait faire preuve de patience.

De toute la patience du monde devant la gamine effrontée qui la toisait avec méfiance. Après avoir voyagé avec la chatonne sur ses genoux et l’avoir quitté en bon terme, la magicienne avait du mal à croire que ces souvenirs n’avaient pas été transmis à la jeune fille. Elle s’était attendu à un minimum de reconnaissance, un bonjour enjoué et non pas être accueillis comme un diable en lieu saint. La remontrance lancée sur son départ sans courtoisie ne sembla pas émouvoir Jana pour le moins du monde. Sa répartie lui arracha un sourire sarcastique sans pour autant l’insulter. Comment l’héritière aurait-elle pu en vouloir alors qu’elle usait des mêmes manières. Retenant un petit soupir, l’aristocrate se contenta de lever les épaules.


-Mais toujours avec le même problème Jana, les bons voleurs ne se font pas prendre et ils ne laissent pas d’objets derrière eux.

Ne l’avait-elle pas retrouvé jusqu’ici? Et ne venait-elle pas lui rendre son arme bêtement oubliée dans une chambre? La petite avait encore du chemin à faire avant de devenir une ombre invisible. Le style posé comme une tentative de paix, l’attention de la voleuse se concentra aussitôt sur l’arme, la reconnaissant sans doute au premier coup d’œil. Comme Sarah le pensait, c’était bien à elle. La créature méfiante s’approcha de son pas de loup, ses yeux prenant de nouveau cette teinte jaune caractéristique des canidés des landes. Pourtant, la Chasseuse n’eut aucun mouvement de peur. Préparé à ce que la louve pouvait apparaitre à tout moment, elle avait convenu que l’animal féroce n’était toujours qu’un chat de salon à comparer d’un loup-garou enragé ou d’un vampire déterminé. Rien que sa magie ne pouvait contrôler du moins, d’où la raison pour laquelle elle n’avait pas apporté de lame à son tour, sauf peut-être le pistolet dissimulé au fond de son manteau. Non pas par crainte de la jeune fille, mais plutôt des détrousseurs de fiacre qui auraient eu la mauvaise idée de s’en prendre à elle pendant le transport.

L’héritière Spencer ne comprenait toujours pas comment fonctionnait cette histoire d’entité. Au début, elle avait cru que c’était une simple manière de changer de forme, à la manière des loups-garous, mais visiblement c’était bien différent. Comme si chaque créature avait sa propre personnalité. La chatonne était douce et ronronnante, la louve une vraie furie agressive et l’humaine. La tête se penchait doucement sur le côté. L’humaine était... méfiante. Peut-être un peu trop pour la patience de la demoiselle, mais elle ne pouvait faire autrement. En observant le lieu saint qui servait de tanière à la voleuse, il était difficile de ne pas songer qu’un homme d’Église aurait pu y voir là une possession diabolique. Une véritable apparition du Diable. Une sorcière dont parlait la bible, qui changeait de formes et d’apparence et qui aurait fini au buché ou emprisonnée.

Tout comme elle.

Observant la jeune fille récupérer sa lame, la magicienne marcha jusqu’au premier banc d’église, prenant place avec la même prestance que s’il s’était agi d’un fauteuil couteux dans un salon huppé. Il y avait des manières qui ne se perdaient pas, peu importe le costume. Elle ne voulait pas se montrer trop entreprenante avec la jeune fille et la laisser d’autant plus sur ses gardes.


-Une bonne lame ne doit pas être facile dans les rues. La tienne manque quelques grammes au niveau du manche pour être parfaitement équilibrée, mais elle peut servir, il faudrait seulement la faire affutée.

Comment une aristocrate pouvait en savoir autant sur les armes? Non seulement les maniaient-elles, mais elle avait la chance d’avoir pour amie la propriétaire d’une compagnie qui en fabriquait. Bien avantageux lorsque venait le temps de refaire la réserve après une nuit mouvementée. Les yeux de la voleuse avaient repris leur teinte normale, signe sans doute que la créature était repartie au ‘’pays des esprits’’ comme l’appelait la petite chatonne. Voilà qui résonnait comme une bonne nouvelle, elle ne serait pas croquée pour l’instant. À savoir maintenant pourquoi la gamine avait quitté le nid fraichement trouvé, le visage se masqua d’un agacement qui disparut aussitôt sous les bons mots concernant Lady Ballinger.

-C’est une personne exceptionnelle en effet.

Qui pouvait être aussi bon que cette vieille dame? La veuve au grand cœur agissait comme un ange gardien pour beaucoup de jeunes filles de la société. Ses conseils étaient précieux, malgré le fait qu’elle assistait rarement aux bals avec sa santé fragile, elle avait des yeux et des oreilles dans chaque salon. Elle était une alliée incommensurable et d’une gentillesse à toute épreuve. Alors, pourquoi refuser une aide aussi précieuse? La désapprobation fit secouer la tête.

-Du travail?

Si c’est ainsi qu’elle appelait ce qu’elle faisait.  

-Visiblement rien qui permet d’assurer une sécurité, une stabilité et un toit convenable sur ta tête.

Sans compter que ses talents de voleuse étaient visiblement à revoir.

-Que feras-tu pour manger? Ou pire, quand l’hiver viendra? Cette église est remplie de courant d’air, de quoi tomber malade ou pire.

Voulait-elle réellement prendre le risque de mourir seule, gelée dans la poussière dans une église délabrée? Qui pouvait choisir un destin aussi dur? Pourtant Sarah faisait le même choix chaque fois qu’elle prenait son arc et qu’elle arpentait les rues pour chasser les vampires et autres créatures sanguinaires. C’était le même risque que de finir au fond d’un caveau. Et alors, qui viendrait la chercher? Qui viendrait la pleurer? Sa mère serait sans doute la seule à etre affectée par sa disparition. Pour les sectes elle serait un problème de moins, un adversaire de plus à passer l’arme à gauche. Pour le Comte elle serait une contrariété passagère, lui qui avait prévu mettre fin à sa vie de ses propres mains. Maintenant que l’amertume revenait lentement enflé ses veines, les paroles acerbes de Maria revenaient la hanté, venin craché contre son visage comme une révélation moqueuse. Était-ce donc la raison de son éloignement? Avait-il trouvé un autre sacrifice? Peut-être cette Miss Stephenson avec qui avait-il eu l’audace de discuter à la vue de tous au bal qui aurait dû annoncer leurs fiançailles? Tant de complication et de mystère.

Mais si elle pouvait éviter un destin aussi tragique à quelqu’un d’autre, elle se devait de faire l’effort de tenter de la convaincre. Se relevant de son siège, Sarah secoua son manteau, enlevant la poussière d’un coup qui s’était fixée aux tissus sombres.


-Sans compter que les rues ne sont pas sures. Tu n’es pas la seule… personne à posséder des particularités.

Elle s’était reprise juste avant de mentionner le mot créateur. Car Jana était avant toute humaine.

-Comment te défendras-tu devant des vampires? Ou devant un loup-garou enragé? Et ne crois pas que tes crocs te seraient d’une quelconque aide dans une telle situation.

La remarque s’adressait surtout à la louve tapie dans le corps de la gamine. La magicienne marqua une hésitation, ne se souvenant plus si Jana connaissait l’existence de la société nocturne. Elle n’arrivait plus à se rappeler ce que lui avait dit la chatonne. Qu’importe, elle le saurait tôt ou tard.

-Tu n’as pas envie de quelque chose de plus…sécuritaire?



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MessageSujet: Re: Retrouvailles non désirées [19/06/42] Retrouvailles non désirées [19/06/42] Icon_minitimeDim 18 Fév - 11:28

Pensivement, Jana laissa ses doigts traîner sur la surface immaculée de l’autel, qu’elle se chargeait souvent d’épousseter pour qu’il conserve sa majesté d’antan. Cet endroit était sa maison, malgré tous ses défauts évidents et ses morceaux de pierre qui pourraient toujours lui tomber sur la tête un jour ou l’autre. Et puis elle avait le père James. Elle ne comprenait pas bien quel rôle l’aristocrate devait jouer dans sa vie. Pourquoi était-elle venue ? Seulement pour lui rendre son stylet ? Elle ne pensait pas, vu qu’elle essayait visiblement de lui dégoter du travail. Quoi, elle voulait la remettre dans le droit chemin ? C’était bien loin derrière elle tout ça.

La remarque sur son travail la fit tiquer et ses joues virèrent au rouge alors qu’elle se détournait de l’autel.


Hé ! Je suis une bonne voleuse, si vous voulez tout savoir. Ne jugez pas sur une mission ratée, j’ai de nombreux contrats.

Bon, elle ne mentionna pas la bijouterie de miss Orlov, ni le fait qu’elle grossissait un peu les traits en parlant de « nombreux » contrats. Elle avait des contrats, c’était certain, la réputation du chat errant de Whitechapel n’était plus à faire, mais elle n’en avait pas non plus à la pelle, et les temps s’annonçaient particulièrement durs à l’approche de l’hiver. Ce dont elle ne parla pas non plus. L’aristocrate en face d’elle n’avait pas besoin d’en savoir autant. Jana se méfiait toujours d’elle, c’était une seconde nature. Ne jamais faire confiance aux gens. Que ce soient les gens de la haute ou ceux d’en bas, tout le monde avait des squelettes dans le placard.

Ce qui la faisait une nouvelle fois se remettre en question au sujet de Noham, dont la discussion actuelle ne l’avait pas encore tiré du sommeil. Il était épuisé et sale, et il le serait tout autant à l’orphelinat, si ce n’est plus. Et quand viendrait l’hiver, les rations se feraient plus rares et les bûches tout autant, les enfants allaient comme d’habitude souffrir du froid impitoyable. Elle en revenait à son interrogation ; devait-elle ramener Noham ou le garder avec elle ? Si de prime abord il l’embêtait bien, elle s’était laissée attendrir devant l’émerveillement qu’il avait ressenti en pénétrant les lieux, un émerveillement qu’ils n’étaient que trois à ressentir : elle, le père James et maintenant lui. Et puis le garçon était vif d’esprit, intelligent, furtif et agile. Si elle le formait il deviendrait fort.

Mais les dangers étaient nombreux dans la rue, et c’est cela qui l’inquiétait. Devrait-elle s’en faire à chaque fois qu’elle le verrait partir hors de ces lieux ? Devrait-elle simplement le confier au père James et le laisser s’en occuper ? Non, le gamin fuguerait, il aspirait au ciel tout comme elle et à la liberté des rues. Les questions se bousculaient dans sa tête, elle ne savait pas quoi faire.

Toutefois, elle revint au moment présent quand l’aristocrate alla s’asseoir. Elle se détendit légèrement et prit appui sur l’autel derrière elle pour lui faire face. A gauche, à peine plus loin, un petit garçon aux cheveux et au corps sale sommeillait. Jana se détendit légèrement maintenant que mademoiselle Spencer s’était éloignée. Elle écouta les recommandations sur son arme, surprise qu’une aristocrate en sache autant. Elle avait acquis son stylet auprès du meilleur receleur des bas-fonds, et il était vrai qu’elle était légèrement déséquilibrée, mais elle avait appris à s’y habituer et à calculer ses coups en fonction. Elle hocha la tête.


Je la ferai affûter.

Cette discussion était surréaliste. Elles parlaient armes comme elles parleraient dîners mondains et beaux jeunes hommes. Cela lui rappela la conversation qu’elle avait eue avec miss Orlov. Les gens de la haute société qu’elle rencontrait depuis peu étaient un peu étranges, elle devait l’avouer. Elle se détendit progressivement alors qu’elles parlaient de lady Ballinger. Effectivement, à partir des échos de Karvaan et de sa propre expérience, quoique courte, avec la vieille dame, elle était très gentille et attentionnée. Puis mademoiselle Spencer aborda le sujet crucial, sans doute celui qui avait motivé son retour jusqu’ici. Ses lèvres se pincèrent.

Oui, du travail. Je ne fais pas que voler, pour votre information. On me recrute pour d’autres travaux, quand on ne veut pas se salir les mains ou qu’on veut rester discret.

Elle n’en dit pas plus. Cela concernait ses clients et le secret était la clé pour continuer à travailler.

Ce toit est peut-être fissuré et cette église délabrée au possible, elle reste ma maison. La première maison que j’ai vraiment eue.

Son masque se fissura un instant, laissant apparaitre une petite expression de tristesse alors qu’elle repensait à sa fugue et à l’errance qui l’avait menée ici au cœur de l’hiver. Elle se rappela avoir déniché de quoi se couvrir, à peine, et s’être glissée dans la même alcôve où Noham dormait actuellement. Elle s’était serrée contre le mur et avait passé une nuit affreuse, mais le lendemain, après une journée à mendier dans les rues, elle était revenue. Et tous les jours qui suivirent. Jamais elle n’avait songé à retourner à l’orphelinat. Les sœurs la haïssaient car elle ne rentrait pas dans le rang auquel elles voulaient la forcer à se soumettre.

Elle se concentra sur la conversation qui continuait, et haussa les épaules.

J’ai toujours su me débrouiller, et ce depuis treize ans déjà. Je saurai me trouver de quoi manger, ou je laisserai mes sœurs chasser. Pour l’hiver, le poil d’Eiwya nous tiendra chaud, et si la température chute trop, je peux toujours aller chez le p…chez quelqu’un que je connais. Je ne suis pas aussi démunie que vous semblez le penser.

Elle avait failli mentionner le père James, mais s’était heureusement contenue. Elle ne voulait pas le mêler à cela, d’autant plus qu’il serait très certainement du côté de l’aristocrate. Lui aussi se faisait du mouron à chaque fois qu’il la savait dehors, seule et chétive face au monde entier, c’est-à-dire pratiquement tout le temps. Elle songea qu’elle devrait bientôt lui rendre visite.

Je connais les rues, elles sont ma maison elles aussi. Je connais Londres comme ma poche. Et je me doute bien, après avoir assisté à vos capacités, que je ne suis pas la seule à en posséder. Mais celles que je possède me sont d’une grande utilité, et j’ai mes entités.

Elle faillit s’étouffer à la remarque suivante et ouvrit de grands yeux.

Les Vampires et les Loups-garous existent ? J’avais un doute, mais je n’étais pas sûre.

Elle mit du temps à faire attention à la prochaine remarque, qui fit grogner Eiwya dans sa tête. Karvaan, elle, suivait la conversation avec intérêt, bien qu’elle ait compris qu’il ne fallait pas déranger Jana.

Soit, je ne pourrai peut-être pas me défendre. Mais j’ai plus d’un tour dans mon sac. Eiwya court très vite, et Karvaan peut se faufiler et grimper à des endroits où personne ne pourrait la suivre. Je ne suis pas sans défense, mademoiselle.

La dernière phrase que prononça l’aristocrate l’embêta bien. Une nouvelle fois son masque tomba et elle se dandina d’un pied à l’autre, paraissant soudain beaucoup plus jeune. « Quelque chose de plus sécuritaire » ? Elle ne savait pas ce qu’elle voulait, mais elle ne voulait pas quitter la rue. Ne sachant que répondre à cette question, elle en posa une autre à la place.

Pourquoi tenez-vous tant à me sauver ? Je ne suis personne pour vous.


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Sarah Spencer
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MessageSujet: Re: Retrouvailles non désirées [19/06/42] Retrouvailles non désirées [19/06/42] Icon_minitimeMer 21 Fév - 2:23




Elle ne l’écoutait pas.

Ou pire, elle ne comprenait pas.

Main dans les poches, Sarah devait faire un effort pour ne pas arpenter la pièce de long en large, comme elle le faisait lorsqu’elle était contrariée. La petite lui résistait, argumentait, posait des questions au lieu de simplement comprendre l’évidence. Retenant un soupir profond, l’aristocrate fit un effort pour se calmer. Elle n’arriverait à rien si elle s’emportait, si ce n’était que de faire sortir les crocs de la louve tapie dans l’humaine. Et elle voulait autant éviter un nouvel affrontement inutile. Jana avait raison sur un point, elle ne pouvait pas uniquement se fier sur la tentative ratée de son journal pour déterminer l’excellence de ses compétences, mais d’un autre côté elle devrait bien finir par lui faire entendre raison. La remarque sur ses contrats peignit une grimace évidente sur la bouche de la magicienne. Des contrats. Il ne manquait plus que cela, encore des occasions de se mettre à danger et de risquer sa vie. Et la suite des explications lui confirmait que la situation était pire qu’elle ne pensait.

Pour ceux qui ne veulent pas se salir les mains ou rester discrets.

Des mots lourds de sens et de crime qu’elle n’osait même pas imaginer. Cette fois le regard de réprobation se lut franchement.


-Ne me dis pas que tu fais des meurtres aussi?

L’air scandalisé était palpable. Pour qui était élevé dans la haute société, le recours au meurtre était un acte répréhensible au plus haut point. Oh non pas que les aristocrates étaient prémunis contre ce type de tentative. Elle avait bien entendu les histoires sombres de maris qui décédaient mystérieusement le soir de leur noce ou de rival qu’on retrouvait mort au petit matin. Mais d’entendre Jana en parler de manière aussi franche avait de quoi choquer. De quoi pouvait bien être fait sa vie à Whitechappel? Nez plissé, Sarah évita de s’emporter plus, même si l’envie était forte. La Chasseuse ne faisait-elle pas exactement la même chose en débarrassant la ville de ses vampires? Était-ce le fait que ses victimes disparaissaient en cendre sans laisser de trace qui rendait la situation plus acceptable? Croisant les bras contre sa poitrine, la jeune femme expira doucement. Juste ciel. Elle avait l’impression que ces nuits de chasse dataient d’une éternité. Devait-elle reprendre son arc et ses flèches? Devait-elle retrouver cette mission longtemps mise de côté? Sa cause n’avait pas changé, mais les interludes avec le Comte avaient entrainé plusieurs bouleversements. Devait-elle reprendre ses recherches sur le Père et la Mère? Devait-elle s’embarquer dans cette nouvelle chasse? Qu’avait-elle à perdre? Ce n’est pas comme si quelqu’un l’attendait chez elle.

La nostalgie de la voleuse sur sa demeure la frappa de plein fouet. La petite avait visiblement un attachement profond envers l’endroit. Elle comprenait cette impression de n’avoir nulle part où aller et de considérer le toit au-dessus de sa tête comme un refuge immuable. Sarah ne se souvenait plus de cette sensation depuis longtemps, depuis que les cauchemars venaient hanter ses rêves et que les ombres se manifestaient jusque dans sa chambre. Jana ne semblait pas aussi démuni qu’elle en avait l’air. Son plan se tenait, ses ressources également. À la mention de sa présence dans les rues depuis ses treize ans, l’héritière claqua la langue de désapprobation. N’y avait-il pas des institutions payées par la couronne pour empêcher que les enfants finissent ainsi? Et elle croyait vraiment pouvoir s’en sortir dans la rue? Avec toutes les créatures qu’on pouvait y croiser?


-Oui ils existent...

Phrase lourde de sens déposé dans le lieu saint comme une malédiction dont on dévoilait les contours. Dire qu’elle n’en avait jamais croisé relevait du miracle.

-Et ils sont dangereux Jana. Ce ne sont pas de simple personnage de conte qu’on raconte aux enfants pour leur faire peur.

Même si une partie des légendes contenait une part de vérité. Repoussant le chapeau qui lui tombait sur le front pour l’enlever, Sarah fit tourner le haut de forme entre ses doigts habiles, cherchant de quelle manière elle pouvait présenter les choses.

-Grâce à toi, j’ai appris l’existence des Lycos que récemment alors imagine le nombre d’êtres que tu peux croiser dehors.

Les yeux lui brulaient, la fatigue encore une fois. Et voilà que la demoiselle évitait sa question en lui en posant une autre tout aussi pertinente. Laissant un long silence plané, la magicienne prit le temps de s’interroger, de se poser la question elle-même.

Pourquoi voulait-elle l’aider?

La question avait le mérite d’être posée. Cherchait-elle à s’encombrer d’une gamine têtue, voleuse et peut-être meurtrière à ses heures? N’avait-elle pas assez de problèmes à s’occuper comme ça? L’héritière soupira longuement.


-Tu as raison, tu n’es rien pour moi. Et je ne te ferai pas croire le contraire. Je ne ferai pas l’effort de te mentir en disant que je peux t’offrir un avenir meilleur dénué de toute difficulté. Celui qui te promettrait une telle chose serait un imbécile.

Comme ceux qui osaient promettre de protéger et de veiller dans l’ombre. Mensonge doucereux qui dévoilait leur sens vide dès que la nuit tombait. Elle devait déjà le savoir, on était toujours seul quoi qu’il advienne. Posant ses coudes contre l’hôtel, le chapeau se posa devant ses mains, cherchant quelque chose exprimé son idée complètement.

-Mais je sais ce que c’est que d’être seule, de ne pouvoir compter sur personne, d’avoir ce don exceptionnel qui est à la fois une bénédiction et un fardeau. Je ne te forcerai à rien Jana, mais si je peux t’offrir des possibilités qui pourraient rendre ta vie plus facile, avoir un toit bien à toi sur ta tête et ne plus avoir à passer une nuit dehors, alors je le ferai comme j’aurai aimé que quelqu’un m’offre une échappatoire un jour...

Et dire qu’elle y avait cru. À Alexander tout d’abord, puis à Jirômaru par la suite. Homme volage qui faisait de belles promesses sans jamais s’engager. Sa prison était peut-être dorée, remplis de bal, de couleur chatoyante des robes de soie et des émeraudes qu’on lui envoyait, mais cela demeurait une cage tout de même. Mais Jana n’allait pas lui faire confiance aussi facilement. Il fallait lui montrer sa bonne foi. Les doigts tapotèrent l’hôtel de marbre, surpris que les gants sombres n’accumulent pas de poussière.

-Tu avais des doutes sur l’existence des êtres nocturnes, tu n’en as donc jamais rencontré?

La chance veillait peut-être sur la petite tête rousse si elle n’avait jamais dû à fuir l’une de ces bêtes sanguinaires. L’index tapota doucement le rebord du chapeau, cherchant par où commencer.

- Comme dans les contes, les loups-garous se transforment les soirs de pleine lune, devenant bête féroce qui annihile tout de ce que l’humain était, se contentant de suivre l’instinct animal. Ils sont à la fois mi-hommes mi-loup. Leur corps est plus grand, volumineux, puissant, leur visage composé d’un long museau aux dents féroces. Et lorsqu’ils mordent, si vous n’en mourez pas, vous devenez alors maudit à votre tour...

S’ouvraient alors une voie remplie de détresse où le suicide devenait une option valable. Le cœur de la belle se serra au souvenir de son amie Abigaïl. Elle n’avait plus de ses nouvelles depuis si longtemps. Comment savoir si la huntresse n’avait pas commis l’irréparable? Comment savoir si elle n’avait pas mis fin elle-même à son existence maudite? La tête se secoua doucement, chassant ces souvenirs douloureux pour les enfermer avec les autres.

-Les loups-garous œuvrent particulièrement sur la lande, en périphérie de Londres, ainsi que sur les quais et ses environs.


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Jana Taylor
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MessageSujet: Re: Retrouvailles non désirées [19/06/42] Retrouvailles non désirées [19/06/42] Icon_minitimeDim 25 Fév - 18:49

Jana ne quittait pas l’aristocrate du regard. Elle s’interrogeait vraiment. Pourquoi ce désir de la sauver de sa condition, alors qu’elles ne se connaissaient pas et surtout qu’elle ne lui avait rien demandé. Elle vivait sa vie comme un oiseau libre, escaladant les toits, courant dans les ruelles, s’infiltrant dans les demeures,… et elle aimait ça, ce sentiment de pouvoir mêlé au danger que représentaient parfois ses missions. Pourquoi elle quitterait son mode de vie qu’elle aimait tant ? Elle vivait ainsi depuis treize ans, c’était sa routine, son quotidien, et elle ne désirait en rien le changer.

Elle quitta ses pensées lorsque la jeune femme la regarda avec une franche désapprobation. La question qui s’ensuivit aurait pu la faire éclater de rire si l’ambiance n’était pas aussi tendue. Elle glissa ses mains dans ses poches négligemment et secoua la tête.


Pas de meurtres. Je parle de basses besognes c’est tout. Il m’est déjà arrivée de tuer, mais seulement en cas de légitime défense. Et la plupart du temps c’est Eiwya qui s’en chargeait.

Elle s’interrompit brusquement. Pourquoi déballait-elle soudain sa vie comme ça ? L’aristocrate n’était pas une personne de confiance. Qui savait si une armée de policiers n’attendaient pas derrière les portes à demi défoncées de l’église ? Ou le type baraqué de l’autre fois ? Elle n’avait aucune certitude et elle détestait ça. Tout comme elle haïssait l’idée de repenser aux quelques meurtres qu’elle avait commis. Tous avaient été du ressort d’Eiwya, à qui elle avait cédé la place, mais une fois, elle avait été trop faible pour effectuer le transfert, frappée à la tête par un objet contondant quelconque. Elle avait eu le réflexe de dégainer son stylet et l’homme qui lui fonçait dessus s’y était empalé. Le sang avait giclé partout de la blessure importante, et n’avait cessé de couler quand elle avait ôté son arme, l’aspergeant au passage. Dans un état second, elle avait contemplé ses mains couvertes de sang et s’était souvenue de Michael, comme un souvenir qui revient sur le devant de la scène alors qu’on n’avait rien demandé. En état de choc, elle avait réagi instinctivement : elle avait essuyé son arme et ses mains sur les vêtements du type, là où le sang ne coulait pas, puis elle avait laissé la place à Karvaan qui les avaient fait sortir discrètement de l’impasse où elles se trouvaient.

Elle inspira profondément pour se sortir de son souvenir et recouvrer son attention. Ce n’était pas le moment de la relâcher. Elle voulait que l’aristocrate parte et la laisse en paix. Que lui importait le sort d’un miséreux parmi tant d’autres dans le monde ? Qu’elle la laisse donc tranquille et reparte à sa vie de paillettes et de vaisselle dorée. Avait-elle l’impression de commettre une bonne action envers une personne du petit peuple, était-ce là la raison de sa présence en ces lieux ? Jana en doutait mais ne discernait pas le but de l’aristocrate, et cela la troublait. D’ordinaire, elle avait un bon instinct envers les gens. Ils ne recélaient aucun mystère. Leurs désirs, leur parcours, leur raison de vivre ou d’être à sa recherche lui apparaissait clairement. Mais pas cette fois-ci, car le comportement de la jeune femme défiait toute logique. Elle savait qu’il n’y avait pas qu’une chatte douce enfouie en elle, mais aussi un loup redoutable dont elle avait dû la protéger la dernière fois. Alors, pourquoi se jeter précisément dans sa gueule ?

Jana pencha la tête sur le côté quand mademoiselle Spencer lui confirma l’existence des Vampires et des Loups-garous. Elle prêta à peine attention au discours qui suivait.


*Vous entendez ça, mes sœurs ?* s’enquit-elle mentalement. *Nous ne sommes pas les seules créatures mystiques de ce monde.*

*A bien y réfléchir,* répondit Eiwya, qui s’était légèrement détendue depuis que la conversation ne risquait théoriquement pas de finir en bain de sang, *miss Orlov dégageait une odeur particulièrement troublante, ce n’était pas celle d’un humain. Peut-être celui d’une de ces fameuses créatures.*

*Elle a voulu mon sang. Tu crois que c’est un vampire?*

*Je n’en sais pas plus que vous sur ce coup-là*, conclut la louve d’un ton sinistre, elle qui détestait ne pas comprendre.

Jana daigna enfin répondre à l’aristocrate. Son moment d’absence n’avait pas dû passer inaperçu.

Je ne crains pas le danger. Je vis dans la rue depuis que j’ai six ans mademoiselle. Ces créatures peuvent être dangereuses, et je les craindrai à partir de maintenant. Je redoublerai de vigilance, et le flair de mes sœurs m’y aidera, mais je me refuse à vivre dans la peur. Elle a dicté mon quotidien pendant bien trop longtemps.

Elle observa la jeune femme jouer avec son chapeau et sa prochaine remarque la fit tiquer. Il y avait bien un être qu’elle avait croisé l’autre jour, un être singulier qui ne lui paraissait pas être un vampire ou un loup-garou, quand elle avait rencontré un autre Lycos. Le monde de la nuit recélait bien des secrets, comprit-elle.

A sa question, elle vit que l’aristocrate y songeait pensivement. Se pouvait-elle qu’elle-même ignore pourquoi elle voulait l’aider ? Alors quoi, elle avait découvert en elle une de ces « créatures de la nuit » et était revenue la voir pour lui tendre la main, sans savoir pourquoi ?


*Je ne la comprends pas*, soupira-t-elle mentalement.

Elle détestait ne pas comprendre.

*Elle veut simplement aider*, intervint Kaarvan, plutôt silencieuse depuis le début de la conversation.

*Oui mais pourquoi ?*

*Je l’ignore.*

La réponse de l’aristocrate lui fit relever la tête et cesser l’échange intime. Au moins, elle avait le mérite d’être honnête. Elle se tendit un peu quand elle se rapprocha d’elle, mais elle posa simplement ses coudes sur l’autel. Jana se tourna alors pour lui faire face. De près, et ce malgré l’obscurité – merci Karvaan – elle pouvait mieux distinguer les traits fatigués de la jeune femme. Jeune, elle l’était, mais semblait un peu plus âgée qu’elle. Elle avait les traits fins, le nez droit et fier, un port de tête altier comme il seyait aux membres de son rang. Jana songea que malgré tout, la vie d’aristocrate ne devait pas être de tout repos, et comporter son lot de règles barbantes et d’enseignements ennuyeux. Elle préférait cent fois mieux avoir été prise sous l’aile du père James, qui transformait tous ses enseignements en jeux. Elle y emmènerait Noham pour qu’il apprenne comme elle avait appris.

*Alors il ne retourne plus à l’orphelinat ?* demanda Karvaan d’une voix prudente, redoutant la réaction de sa sœur.

*Je sais pas. Je sais pas quoi faire.*

Elle poussa un petit soupir. Si elle ramenait Noham à l’orphelinat, il y serait maltraité comme tous les autres, et il devenait déjà trop vieux pour espérer une adoption. De plus, avec son tempérament, c’était presque chose impossible. Et que ferait-elle quand elle viendrait rendre visite aux enfants ? Dans quel état le trouverait-elle, lui qui aspirait comme elle au ciel et à la liberté ?

Elle se força à revenir à la conversation quand l’aristocrate reprit la parole. Elle l’écouta avec attention. Puis elle haussa une épaule.


Je ne suis pas aussi seule qu’il y parait. Quand on grandit dans la rue on apprend à connaitre les « bonnes » personnes. J’ai quelqu’un chez qui aller, en cas de besoin…mais de quoi parlez-vous quand vous dites pouvoir m’offrir un toit sur la tête ? Si vous voulez vraiment m’aider, engagez-moi quand vous en aurez besoin. Si je ne suis pas là, demandez à un mendiant dans la rue « le chat errant de Whitechapel ». Ils vous aiguilleront dans la bonne direction. Les mendiants sont ceux qui en savent le plus.

A bien y réfléchir, Jana ne voyait que cette solution. Elle refusait de quitter sa vie, sa maison, son quartier, son quotidien. Le seul moyen qu’avait mademoiselle Spencer de l’aider, c’était de lui confier des missions, qu’elle travaille pour elle de temps en temps pour se faire de l’argent. Elle secoua la tête à la question qu’elle lui posait puis l’immobilisa et la pencha légèrement sur le côté.


Je n’en avais jamais rencontré, jusqu’à l’autre soir. J’ai croisé un autre Lycos pour la première fois, et un être étrange qui avait l’air et l’odeur d’un humain, mais qui sentait aussi autre chose. Je ne sais pas ce que c’était.

Elle écouta attentivement le discours de l’aristocrate, avide d’en savoir davantage sur ces créatures dont elle ignorait l’existence il y avait encore quelques minutes. Mais bientôt, une voix se fit entendre.

Ils deviennent maudits ? Ils deviennent quoi quand on les mord ?
Merde, jura Jana.

Elle se retourna. Noham se tenait gauchement au bord de l’alcôve, trop petit dans ses vêtements aussi sales qu’il l’était. Elle remarqua deux sillons de larmes qui coulaient le long de ses joues.

— J’ai fait un cauchemar, grande sœur.
Ne m’appelle pas comme ça, rétorqua-t-elle.

Malgré la sécheresse de son ton, Noham avança jusqu’à elle et tendit les bras. Incapable de rester insensible à sa détresse, Jana le souleva sans aucun effort tant il était maigre, et le cala sur sa hanche, alors qu’il plongeait la tête dans son cou. Elle le berça doucement comme elle en avait l’habitude avec les enfants de l’orphelinat.

Je veux pas qu’un loup-garou me morde, dit le petit garçon.
Aucun loup-garou ne te mordra Noham. Allez, calme-toi. Tu as juste fait un cauchemar.

A tous les coups il avait rêvé de l’orphelinat. Elle se tourna vers l’aristocrate.

Deux minutes. Je reviens.

Elle s’éloigna et rejoignit l’alcôve. Elle eut toutes les peines du monde à desserrer l’emprise des mains du garçon sur son cou, mais à force de mots doux, il relâcha son étreinte. Elle l’aida à se recoucher en lui promettant qu’aucun monstre ne viendrait l’attaquer, et qu’ils ne pouvaient pas se cacher sous son lit puisqu’il dormait à même le sol sur une vieille couverture. Une fois le garçon rassuré, il papillonna des paupières, déjà prêt à se rendormir. Elle lui caressa machinalement le front.

*Tu es en train de t’attacher*, commenta Eiwya.

*Je sais.*

Elle soupira et revint vers l’autel.

Désolée pour l’interruption.

Elle écouta la fin de son récit et fronça les sourcils.

Etrange. Je parcours souvent la lande et je n’en ai jamais croisé. Ni ici d’ailleurs. Je me montrerai plus prudente.


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MessageSujet: Re: Retrouvailles non désirées [19/06/42] Retrouvailles non désirées [19/06/42] Icon_minitimeLun 11 Mar - 15:42




Le silence lourd de l’église accueillait la voix douce de la Chasseuse qui dévoilait les secrets de la société nocturne. Petit pas feutré se déplaçant silencieusement dans la poussière de la pièce, les révélations s’étaient attardées en un premier temps sur les Loups-Garous. Pourquoi commencer par eux? Car aux yeux de la jeune femme, ils étaient les plus simples à comprendre. Moins compliqués, moins humains. Une bête sanguinaire tapie au fond de l’homme, répondant à l’appel de l’astre lunaire. Un être maudit par une morsure pour laquelle il n’existait aucun remède. Oh Abigail avait bien tenté de trouver une solution comme une autre, mais c’était impossible. La voix du Conservateur résonna dans l’esprit de la jeune femme, lui rappelant que chaque créature était maudite à sa façon, chacun étant les enfants d’un Adam et Ève ayant commis sa propre faute. Le visage altier de la magicienne songea un instant que le vieux vampire était peut-être le plus sage, mais que ça manière ridicule de parler en sous-entendu était plus frustrant que d’autre chose. Voilà pourquoi n’était-elle toujours pas retournée le voir dans son antre pour obtenir des réponses. Elle devrait trouver une autre manière.

Les cartes retournées à la manière d’une tireuse de tarot, dévoilant le loup, l’astre et l’homme sur l’hôtel de la demande, Sarah se sentait un peu comme une tutrice, révélant les secrets de l’univers à un élève attentif. Son changement d’attitude avait de quoi réconforter. Lorsqu’il était question de survie, Jana écoutait d’une bonne oreille. L’aristocrate avait cru un instant avoir à faire à un être aussi sanguinaire que la louve qu’elle abritait, surtout lorsqu’elle avait parlé des différents contrats qu’elle réalisait. Troublée, la jeune femme avait laissé parler la surprise, se refusant de croire que la gamine ait pu s’abaisser à ce genre de besogne. Heureusement, la protestation de la voleuse l’avait rassurée, à moitié. Comme elle s’en doutait, il n’y avait pas que de bonne chose qu’on pouvait croiser dans les rues des bas quartiers. Et si les hommes se conduisaient comme des prédateurs dans les salons, qui savaient ce qu’ils pouvaient réaliser loin des regards. L’héritière se sentit désolée que la jeune fille ait dû traverser tant d’épreuves à un âge si jeune. Quel âge pouvait-elle avoir? 16? 17 ans peut-être? Son visage avait encore quelques traits de jeunesse, mais la maigreur de ses joues rendait difficile la tentative de lui donner un âge certain. Ses cheveux roux accrochaient les lumières des chandelles qu’elle avait allumées, faisant briller ses yeux noisette. Avec sa taille fine, enrobée de quelques tissus de soie, elle aurait fait une fureur incroyable à un bal. Une vraie débutante de choc. À pareil âge, Sarah avait déjà accumulé deux saisons dans le grand monde, refusé des demandes de mariages, éconduit quelques prétendants, et mis hors d’état de nuire plusieurs créatures nocturnes. Toutes deux avaient dû affronter l’adversité sans détourner le regard. Heureusement que Jana avait ses créatures avec elle. Malgré son comportement explosif, la louve s’était bien débrouillée pour les faire survivre.

Mais déjà l’attention de la nouvelle élève s’égarait vers le néant, son regard sombre fixant le vide devant elle comme si elle plongeait en une intense réflexion. Sarah attendit patiemment, cherchant la réflexion que la jeune demoiselle pouvait bien sortir. La voyant revenir soudainement à elle, la curiosité de Sarah fut éveillée. Revenait-elle de ce monde des esprits? Avait-elle conversé avec les deux autres créatures? Sa réflexion sur la peur lui arracha un sourire amer.


-Je ne peux t’en vouloir. Mais il vaut mieux être renseigné et préparé pour ne pas se laisser surprendre par ces éventualités. Mais ne t’en fais pas, ils ne sont pas invincibles.

Même s’ils en avaient plutôt l’air. Mais le bavardage s’éclipsait sous la proposition de la voleuse.

-T’engager?

L’engager, mais pourquoi? Avait-elle besoin d’une voleuse à sa solde? Voilà qui sonnait farfelue. Sarah n’avait pas besoin de ce genre de service. Mais avant qu’elle n’ait pu s’avancer sur l’idée, du mouvement dans l’ombre attira son attention, la main se portant aussitôt à sa veste, se posant sur la crosse de son pistolet, prête à réagir sur ce qui pourrait surgir des ténèbres. Une petite voix claire stoppa aussitôt le geste, les yeux de l’aristocrate s’arrondissant de stupeur en découvrant l’enfant qui était descendu maladroitement de la mezzanine. Juron rapidement étouffé sous un sourire qui se voulait rassurant, elle laissa Jana prendre le relais, assistant à un étrange échange. Grande sœur? Elle avait entrainé son frère de l’orphelinat avec elle? Avait-il des pouvoirs lui aussi? Comment pouvait-elle espérer survivre dans ces gens d’environnement en entrainant des enfants avec elle? Reposant le chapeau sur sa tête, la jeune femme ajusta sa veste, faisant quelques pas en attendant que la voleuse ne redescende de son perchoir. De retour près de l’autel, le sourire de convenance se transforma en grimace. Oubliant totalement là où elle en était pour son récit, les questions affluèrent sur ses lèvres.

-C’est ton frère? Ne trouves-tu pas ta vie déjà assez compliquée pour y entrainer un membre de ta famille?

Frère était quand même moins choquant que la première idée qui lui avait traversé la tête. Pendant un instant, Sarah avait cru que Jana avait une progéniture qu’elle cachait dans l’Église. L’idée de la voir en jeune mère, volant les rues pour survivre, avait rendu la scène des pleurs de l’enfant insupportable. Baissant la voix pour ne pas risquer de réveiller le gamin avec ses histoires d’horreur, la magicienne secoua doucement la tête.

-Ne me dis pas que vous comptez rester ici, je peux bien croire que tu trouves de quoi te nourrir, mais lui… à moins qu’il soit spécial, comme toi?

La petite chatonne lui avait bien dit qu’elle trouvait toujours moyen de se mettre une souris sous la dent, mais deux estomacs ne pouvaient se remplir de vermine. La simple idée lui leva le cœur.



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Retrouvailles non désirées [19/06/42] Signat10
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Jana Taylor
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Jana Taylor
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MessageSujet: Re: Retrouvailles non désirées [19/06/42] Retrouvailles non désirées [19/06/42] Icon_minitimeMar 9 Avr - 1:48

Jana pensait. Elle songeait à ce que l’aristocrate allait faire bien sûr, mais pas que. Une foule de pensées se bousculaient dans sa tête depuis les révélations qu’elle venait d’entendre. La lande, endroit si rassurant et exutoire préféré d’Eiwya, lui apparaissait sous un nouveau jour, plus menaçant et mystérieux. Les rues de Londres, plus froides et ternes que jamais. Et l’orphelinat…car Noham occupait une grande partie de ses réflexions. Devait-elle le traîner de force demain et le remettre aux sœurs ? Que deviendrait-il, livré à lui-même là-bas ? Non, ça, elle le savait bien. Il deviendrait un fantôme, comme tous les rebelles que les sœurs s’évertuaient à briser.

Elle secoua la tête et se força à se concentrer. Noham n’était pas la priorité en ce moment. Il se rendormait déjà sur sa paillasse, elle n’avait pas à s’en faire. La situation présente était ce qui devait la préoccuper. Les loups-garous, les vampires, tout ça. La possibilité que miss Orlov en soit un était forte. Et « l’humain », dans le parc ? Qu’était-il ? Un loup-garou ? Ils n’avaient pas d’odeur ? Non, il s’était montré tout sauf hostile. Un peu benêt, très certainement, mais pas méchant. Ce que mademoiselle Spencer lui révélait la forçait à tout remettre en perspective. Ce n’était pas une mauvaise chose. Ces derniers temps, elle avait comme qui dirait oublié d’être vigilante. Et il fallait que ça cesse.

*Le monde de la nuit est des plus intéressants*, commenta-t-elle.

*J’aurais aimé être en mesure de vous l’apprendre par moi-même*, ragea la louve.

Dans le Monde des Esprits, elle faisait les cent pas sous l’œil inquiet de Karvaan. Toutes ces révélations bouleversaient celle que ses sœurs appelaient leur aînée. Elle ne savait pas comment réagir et surtout elle se sentait coupable. A ses maigres moyens elle avait fait l’éducation de ses sœurs, et ces trous noirs lui avaient échappés.

*Arrête*, la calma Karvaan. *Tu es née en même temps que nous, comment aurais-tu pu savoir leur existence ?*

*Karvaan a raison. Je t’en prie, ne te fais pas de mouron pour cela. Au moins maintenant nous savons.*

*Trop tard*, commenta aigrement la louve.

*Non,* affirma Jana. *Nous ne sommes pas face à une de ces créatures.*

*Mais nous l’avons été. Miss Orlov…*

*Nous n’en sommes même pas certaines,* la coupa Karvaan. *S’inquiéter de tout ça maintenant ne sert qu’à te rendre coupable d’une chose dont tu ne l’es pas.

Il y eut un silence, puis Eiwya cessa de s’agiter. Elle se rangeait à leur avis. Dès lors, Jana put pleinement se concentrer sur mademoiselle Spencer, qui déjà reprenait la parole. Jana tendit l’oreille.

Ils ne sont pas invincibles ? Comment les vaincre, alors ? s’enquit-elle impatiemment, comme un enfant en quête de réponse de la part de son précepteur.

Puis elle haussa les épaules à la réplique suivante.

Oui, m’engager. C’est bien la seule aide que vous pourrez m’apporter, croyez-moi.

Puis elle grimaça à la mention de Noham. Elle avait été certaine que l’intervention du petit garçon ne passerait pas inaperçue. Elle s’en voulut, elle aurait dû parler moins fort. Puis elle se souvint que le garçonnet avait fait un cauchemar ; il se serait réveillé de toute façon. Quand elle l’entendit parler de frère, sa réaction fut moins brutale qu’elle ne l’aurait cru. Elle n’eut pas totalement une sensation de rejet, et se prit à imaginer ce que ce serait pour elle d’avoir un frère. De le former auprès d’elle, de lui apprendre les secrets de la nuit comme venait de le faire mademoiselle Spencer, de lui enseigner l’art du vol, du combat et celui ô combien délicat des potions. Bien vite, la réalité la rattrapa et elle secoua la tête.

Ce n’est pas mon frère. C’est un gamin des rues qui me suivaient depuis quelques temps et que j’ai fini par choper. Je l’emmène demain à l’orphelinat. Normalement.

Elle n’était toujours pas convaincue de ce choix. Plus elle pensait à Noham, plus il lui rappelait ce qu’elle était quand elle avait fui l’orphelinat, bien que lui n’avait pas ses capacités.

*Mais il nous aurait nous*, souffla Karvaan, pour qui aucune des pensées de Jana ne demeurait secrète puisqu’elles étaient en pleine connection.

Ce qui aurait pu l’énerver, mais ce ne fut pas le cas.

Je me débrouille pour trouver à manger. Et lui, c’est une variable que je n’ai pas encore bien pris en compte. Mais la nourriture ça va et ça vient. Si je le garde il l’apprendra. A la dure certainement, mais il l’apprendra.


"Clever Devil Devil
How quickly they do sell their souls, for the feast and the promise of gold? But Devil, that won't be me !"


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