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Un chasseur sachant chasser... (A P. DiVeneris)

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MessageSujet: Un chasseur sachant chasser... (A P. DiVeneris) Un chasseur sachant chasser... (A P. DiVeneris) Icon_minitimeJeu 6 Oct - 22:27

(Suite de ce sujet)

Quand il entendit au loin les cloches d'une église sonnait la sixième heure du jour, Wynn délaissa l'épais volume, presque achevé, sur le bureau. Il fit un brin de toilette, attacha soigneusement sa longue tignasse et prit le temps d'affûter la lame de son poignard avant de considérer qu'il était prêt.
Ses deux précieux revolvers ronronnaient à sa ceinture, affamés par ses longues journées sans une goutte de sang, et il se promit avec un sourire de leur laisser une part copieuse du gâteau.
Laissant la veste qui n'aurait fait que l'encombrer, il sortit du petit manoir et prit tranquillement la direction de St James's Square.
Les rues étaient désertes à cette heure matinale, et il put goûter avec délice ce silence si reposant.
A mesure qu'il approchait de son but, il voyait ce désert de quiétude se changer en une fourmilière angoissée. Les uns couraient, les autres vérifiaient l'heure sur leur montre à gousset, pestant contre un retard inexpliqué. Les humains ne savaient définitivement pas prendre leur temps... Leur angoisse perpétuelle était communicative, et c'est après quelques minutes que Wynn se rendit compte qu'il avait pressé le pas, le calquant inconsciemment sur celui des passants.

S'écartant en poussant un soupir blasé, il reprit son chemin à son rythme, parvenant à destination avant même que 7h30 ne soit passé. Un peu en avance, il espérait que son invité le serait également. Il se doutait aussi que Phorao ne serait pas loin, pour veiller à ce que tout se passe bien.
Se dissimulant dans l'ombre d'une ruelle totalement déserte, l'assassin plissa les yeux, se concentrant, avant que tout son corps ne se vaporise, prenant la consistance et la densité de la brume qui enveloppait encore les rues de Londres.
Ainsi dissimulé, il put se mouvoir jusqu'à une autre ruelle sombre donnant sur la grand rue. Il avait de là un aperçu de la plupart des cafés et restaurants, l'endroit idéal pour mener à bien ses recherches.

Scrutant les environs, il cherchait un individu correspondant à la description de son commanditaire. Un homme matinal qui n'aurait pas eu le nez plongé dans un journal, observant ses congénères ne devait probablement pas courir les rues.
Il était certes un peu tôt, mais Wynn avait déjà repéré quelques personnes. Il élimina de suite la jeune bourgeoise qui se pavanait à sa table, arborant bijoux et dorures, et gratifiant chaque passant d'un indiscret clignement de l'oeil.
Un homme âgé vint s'assoir à une table, ne commanda rien et s'en tint à parcourir la rue de son regard vitreux. L'assassin ne mit pas longtemps à comprendre que son regard portait avec insistance vers la jeune courtisane. Il fit donc une croix sur l'individu.

Il n'en restait donc que deux. Deux hommes assit à la terrasse de deux cafés voisins. L'un commanda un café accompagné d'une viennoiserie, l'autre se contenta d'une tasse de l'amer breuvage. Impossible alors de les distinguer. Tous deux observaient d'un oeil distrait les passants, comme absorbés dans leurs propres pensées.
Wynn tendit alors la main, murmura quelques mots, et dans l'ombre de la ruelle se forma une étrange forme faite de sang au bout de ses doigts. Elle prit l'apparence d'un corbeau d'un noir d'ébène, qui émit un faible croassement en reconnaissant son maitre.
Celui-ci l'envoya voler prêt des tables, où l'animal alla se poser, mimant à la perfection l'attitude de l'animal en quête de quelques miettes de brioches ou de pain.
Le vampire renouvela l'expérience, créant un deuxième corbeau identique qui alla se poser prêt de l'autre suspect.
Si deux animaux pouvaient le fatiguer plus, Wynn n'avait pas suffisamment de temps pour penser à son petit confort personnel.

Il attendit que l'un des deux fassent un geste pour chasser l'animal, humant l'air à la recherche d'une odeur qui aurait pu lui rappeler celle qu'il avait sentit sur la redingote bleue.
Il lui semblait que cette odeur venait davantage de l'homme au café sans confiserie, mais avec la densité de population qu'il y avait, il n'était sûr de rien.
Percevant le cri d'un corbeau, il pencha la tête en avant pour découvrir qui allait être l'heureux gagnant de cette tombola saugrenue et bien cruelle...
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MessageSujet: Re: Un chasseur sachant chasser... (A P. DiVeneris) Un chasseur sachant chasser... (A P. DiVeneris) Icon_minitimeVen 7 Oct - 19:24

Une autre crainte typiquement humaine que Phorao ne ressentait pas était celle de la chute. Il se perchait fréquemment en des endroits peu équilibrés - à supposer qu'il le fût lui-même - et son absence d'appréhension contribuait à le stabiliser ; c'est qu'il savait qu'en cas de mauvais coup, il ne risquait pas grand-chose et le cas échéant se remettrait de n'importe quelle blessure. La douleur, lorsqu'elle restait physique et passagère, ne l'effrayait pas. C'était un vulgaire ennui qui s'évapore d'autant plus vite qu'on l'ignore. Il conservait toute sa sensibilité pour la douleur morale, celle qui ne s'apaise jamais vraiment. En cet instant il se tenait au bord d'un toit, les jambes ballantes dans le vide, où nul n'aurait cherché une menace, et où toute personne sensée aurait pensé voir un petit ramoneur prenant sa pause en toute inconscience du risque. C'était un univers au-dessus de l'univers, où il avait l'impression d'avoir le monde pour lui tout seul ; une île déserte au beau milieu de Londres.

Quelque chose lui disait de fuir. Hermano ne devait pas être très loin. Il se servit de ce sentiment à rebrousse-poil, comme d'une boussole qui indiquerait le Sud, et parcourut un petit chemin sur les arêtes des toits ; tous ses instincts lui intimaient de faire demi-tour et d'aller se terrer dans sa mansarde, mais il n'en avait cure. L'issue était proche. Serait-ce l'avènement de sa liberté ? C'était peut-être aller un peu loin mais il était impatient d'avoir la réponse, quelle qu'elle soit. Lorsqu'il aperçut la forme d'un corbeau qui planait un peu plus loin vers le fond d'une rue voisine, il sut qu'il était arrivé, et qu'il n'était pas seul. Hermano avait la relique qui le paralysait ; il s'immobilisa avant d'être arrivé au bord du toit. Cette fois, il allait falloir rentrer. S'il faisait un malaise sur ce toit que personne ne pouvait apercevoir, il essuierait la prochaine averse avant d'être découvert et secouru. Mais alors qu'il tournait les talons, une exclamation virulente s'éleva des terrasses au pied du bâtiment, qui le fit sourire jusqu'aux oreilles :


"Maledetto corvo ! Va al diavolo !"

Eh bien, il était temps d'aller au travail, de s'emparer du livre précieux de Lord Ashley, et de s'attendre à de bonnes nouvelles.

~

Attablé devant son café, un touriste italien agitait les deux bras comme s'il comptait lui-même essayer de s'envoler, ou peut-être montrer l'exemple à l'animal sans-gêne qui tentait de grappiller sa pitance juste sous son nez. Il se tourna vers les passants qui l'observaient avec un certain embarras, et leur déclama deux autres injonctions trop rapides pour être traduites. On aurait juré que soudain la rue venait de se changer en scène de théâtre et qu'il y faisait montre de ses talents les plus fous. Puis il se rassit, dans une posture toute étudiée cette fois, certain qu'il était que tous les yeux étaient rivés sur sa personne, et but son café avec affectation. L'animation générale reprit son cours sans plus se soucier de lui. Il se remit alors à détailler les visages de ceux qui passaient, sans plus de gêne que n'en avait montré le corbeau à se repaître. Les autres clients se levaient et quittaient les lieux, peut-être ennuyés d'être mêlés à sa bruyante compagnie ; il n'en avait cure. Il les dévisagea aussi, et l'on pouvait presque le voir ranger dans les tiroirs de son esprit les informations ainsi glanées, après les avoir étiquetées et dûment séchées pour assurer leur conservation, loin de toute considération humaine et périssable.

Il portait d'ailleurs les signes extérieurs du naturaliste en promenade dans la jungle, à la recherche de spécimen. Certes, il ne tenait pas un filet à papillon ; il ne s'agissait pas de se faire arrêter par la police pour manifestation de folie sur la voie publique ; puis, les papillons ne l'intéressaient pas, c'étaient ses semblables qu'il étudiait. Par ailleurs, son chapeau, pour le moment posé sur la chaise voisine, ses chaussures solides, inutiles pour marcher en ville, et le tissu même de ses vêtements, évoquaient davantage l'aventurier tout droit revenu d'Afrique sans avoir eu le temps de se changer convenablement. Une loupe dépassait de la poche de sa veste, et il y avait fort à parier que dans sa chambre d'hôtel l'attendait un fusil à longue portée prêt à l'emploi et graissé le soir même. Autour de son cou, une ficelle noircie disparaissait dans le col de sa chemise. Le pendentif qu'elle supportait n'était pas visible, mais sa forme plus ou moins arrondie se dessinait de manière assez prononcée quelques centimètres plus bas.

Soudain, son regard se fixa sur quelque chose. En le suivant, on pouvait s'apercevoir qu'une silhouette sur le trottoir d'en face avait retenu son attention. La jeune fille était gracile, bien coiffée, l'air sage d'une petite provinciale égarée et intimidée par la seule ombre des monuments environnants. Ses vêtements noirs dénotaient un veuvage précoce ou peut-être une condition d'orpheline. Ayant terminé son café, l'homme jeta une pièce sur la table sans la quitter des yeux un instant, se leva et commença à s'approcher d'elle.
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MessageSujet: Re: Un chasseur sachant chasser... (A P. DiVeneris) Un chasseur sachant chasser... (A P. DiVeneris) Icon_minitimeDim 9 Oct - 22:39

L'injonction vociférée en italien fit rire l'assassin, toujours dissimulé dans l'ombre de la ruelle. Finalement, l'homme n'avait pas été très difficile à repérer, tant il était voyant. Comme le lui avait décrit Phorao, il ne perdait pas une occasion de se mettre en avant, et ses grands gestes théâtraux dignes d'un chanteur d'opéra d'un autre siècle ne laissait planer aucun doute sur son identité.
Cependant, en personnage particulièrement méfiant et minutieux, Wynn accorda encore un regard à l'autre suspect, lequel buvait tranquillement son café sans prêter attention au corbeau prêt de lui, se contentant d'un regard étonné du côté de l'italien.
Il finit par se saisir d'un journal abandonné sur un table, d'absorbant dans la lecture des nouvelles du jour. Plongé dans un quotidien, totalement désintéressé par le volatile, il n'y avait plus de doute, ce n'était pas lui.

Le dédaignant totalement, Wynn revint à son touriste italien, qui dispensait alors son entourage d'un regard méprisant, comme s'il s'était sentit supérieur de quelque manière que ce soit.
Le vampire eut un rictus plein de dégout. On ne pouvait pas dire qu'il haïssait farouchement ce genre d'individus, étant donné son détachement presque total pour toutes créatures humanoïdes vivantes, mais ils ne le laissaient pourtant pas indifférent. Il ne pouvait qu'avouer que les voir comme de simples cafards et les écraser sous le talon de sa botte l'emplissait d'une satisfaction qui avait quelque chose de despotique, en un sens.
Il savait qu'il n'aurait que plus de plaisir à le briser... Il s'attaquerait tout d'abord aux membres physiques de sa personne, pour ensuite plonger au coeur des méandres de son esprit, et ainsi démêler les noeuds de son inconscient, pour mieux le détruire et en faire un parfait pantin plus bavard qu'une jeune courtisane avide de ragots.

Mais l'heure n'était pas à de si plaisantes pensées. Il devait rester concentré sur sa proie, et surtout sur l'heure. Une église venait de sonner les huit heures, et il ne lui restait plus que quelques dizaines de minutes avant que le soleil ne vienne le rappeler à l'ordre.
Deux choix s'imposaient donc à lui. Il pouvait jouer la prudence et la minutie, en continuant son observation, quitter le lieu avant neuf heures et ne revenir que le lendemain pour continuer son espionnage, ou bien l'attirer vers lui dans des coins plus sombres ou un intérieur, le suivre, et fondre sur lui tel un rapace, toutes griffes dehors.
Si la seconde était plus alléchante, la première jouait la prudence. Il ne fallait pas faire fuir le gibier, sous peine de perdre par la même occasion la confiance d'un client fort intéressant, et son butin.

Ses narines frémirent alors qu'il réfléchissait encore, le tirant de ses pensées. Hermano, du moins il le pensait, venait de se lever pour s'approcher de l'autre côté de la rue, d'où l'odeur que Wynn était à présent certain de reconnaître. C'était bien cette effluve musquée qu'il avait relevé sur le cardigan de Phorao, il n'u avait plus aucun doute.
L'avait-il repéré? Le vampire en doutait, mais dans le doute il recula un peu plus dans l'ombre, afin de reprendre l'appareil vaporeuse d'un nuage de cendres, se fondant à merveille dans l'obscurité.
Ainsi caché, il ne put qu'observer l'attitude pour le moins étrange de l'autre. Pendant de longues minutes, il resta sans faire le moindre mouvement, analysant chaque traits de son visage, chaque expression chaque mot.

Si la situation lui sembla bien trop facile, Hermano à portée de main, il ne commit cependant pas l'erreur de perdre son sang froid et garda son calme. Le laisser partir aurait été un véritable gâchis, et Wynn songea que finalement, la seconde solution serait la bonne. Il lui suffisait de détourner son attention et de l'attirer vers lui... Comment? Il y réfléchissait encore, observant toujours l'attitude de l'italien et de la jeune fille.
Il ne pouvait user à nouveau du subterfuge des corbeaux, étant incapable d'user de deux pouvoirs aussi puissants en même temps, et il lui fallait trouver autre chose.
Hermano était devant lui, prêt de la ruelle, et pourtant il était inaccessible, ce qui avait le don de frustrer particulièrement le grand blond qui, s'il n'avait pas été fait de cendres, se serait certainement mis à grogner de mécontentement.

Après quelques minutes de réflexion, il décida de tenter le tout pour le tout. La ruelle était assez longue et étroite pour les abriter et les dissimuler le temps qu'il le capture, et même s'il était encore tôt, les gens étaient trop nombreux et pressés pour s'intéresser à quoi que ce soit d'autre que leur petite personne.

Se glissant aux pieds de Hermano, il remonta légèrement, l'enveloppant jusqu'à mi mollets, et usa de l'étrange voix qui était la sienne sous cette forme immatérielle: Semblable à un murmure sombre et grave, assimilable à un souffle de vent, particulièrement oppressant et suffisamment remarquable pour que la personne visée s'en rende compte.
Il ne prit pas la peine de parler distinctement, ni de faire de phrases entières.
Le nom de sa soit disante soeur disparue suffirait certainement à le faire réagir. Du moins le nom de Phorao évoquerait sûrement quelque chose pour lui.
Il répéta plusieurs fois ce nom, dans un murmure, de moins en moins fort comme s'il s'éloignait, pour l'attirer, espérant que le subterfuge suffirait à lui mettre suffisamment la puce à l'oreille...
Dans le cas contraire, Wynn serait contraint d'improviser à nouveau, ce dont il avait horreur.
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MessageSujet: Re: Un chasseur sachant chasser... (A P. DiVeneris) Un chasseur sachant chasser... (A P. DiVeneris) Icon_minitimeLun 10 Oct - 9:07

Il y avait là une présence fantômatique ; un alchimiste, même apprenti, n'aurait pu l'ignorer. Hermano se précipita à la poursuite de ce murmure qui l'appelait. Son visage mobile s'était éclairé d'un jour qui le transfigurait. En mettant le pied dans l'ombre de la ruelle attenante, il sentit le froid l'envelopper, sa belle confiance s'évanouir, et quelque chose lui dit que c'était une mauvaise idée de suivre aveuglément un fantôme inconnu. Néanmoins, il ne s'arrêta pas. Un voyage si long ne pouvait s'achever sur une hésitation et un demi-tour. Le monde des morts était une contrée terrifiante, il avait déjà été en contact avec tout cela et pourrait supporter cette nouvelle épreuve ; et cette fois, il réussirait. Sa soeur renaîtrait au monde des vivants qui avait tant besoin de sa présence. C'est animé de ces résolutions qu'il plongea au coeur des ténèbres, et sitôt hors de vue de la rue et de ses questions importunes, il éleva la voix :

*Marcia ? Tu dois être en colère... mais je vais tout récupérer, je le chasserai et tu reprendras ta place. Pardon, j'aurais dû y arriver dès le début...*

C'était une voix qui ne s'exprimait en aucun langage, qui s'adressait aux esprits. Dans un rayon de quelques mètres, toute forme de vie aux alentours, matérielle ou immatérielle, humaine ou animale, devait l'entendre et en comprendre le sens. Sa soeur ne disposait plus de l'ouïe, que le démon possesseur de son corps utilisait en revanche impunément tous les jours ; mais elle parvenait à communiquer avec Hermano et, sans doute, elle l'entendait. Afin d'être certain qu'elle ne fuirait pas, et qu'elle serait bien avec lui au moment où il chasserait l'actuel occupant de son corps, le voyageur tira de son gilet le pendentif qu'il portait autour du cou et le brandit comme un flambeau en direction de l'ombre. Au bout du fil se balançait une vertèbre humaine, menue mais trop bien dessinée pour être la création d'un artiste au goût morbide, ou d'un orfèvre bien payé. Il l'agita comme un pendule en faisant encore un pas en avant.

*Que les êtres de l'autre monde se détournent, que seul vienne à moi celui que j'appelle. Marcia, ceci sera ton réceptacle, jusqu'à ce que tu retrouves ta liberté. Marcia, tu n'appartiens pas à cette ville, tu appartiens à nos terres, elles te réclament.*

Ce n'était pas normal, il ne se passait rien. Il s'immobilisa et attendit un autre signe. Ce ne pouvait avoir été une illusion, et elle ne pouvait s'être envolée si vite ! Etait-il la proie d'un autre mage plus puissant ? C'était la seule alternative, mais Hermano était trop fier pour l'imaginer, et d'une certaine façon, ne pouvait le faire en raison de sa foi profonde en la réussite de sa mission. Sa propre soeur mourante lui avait demandé de pratiquer ce rituel, comment n'aurait-elle pas pu le suivre partout dans l'attente de leur victoire commune ? L'aurait-elle laissé partir au-delà des terres et des mers, à la poursuite de son corps possédé, sans l'accompagner des bénédictions de son âme errante ? Impensable. Il percevait bien cependant que rien ne répondait à ses appels, qui étaient comme des lignes jetées à la mer de tous côtés, et qui n'accrochaient ni poisson ni rivage ; il n'y avait qu'à les observer, en tenir le bout, pour s'apercevoir qu'aucune tension ne signalait un objet étranger évoluant alentour. Pourtant, il y avait une présence.

Il y avait une présence et ce n'était pas Marcia.


-Pharao ? demanda l'homme cette fois à mi-voix, brandissant d'autant plus audacieusement la relique qui affaiblirait le démon. Il fit un dernier pas et disparut dans l'obscurité.
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MessageSujet: Re: Un chasseur sachant chasser... (A P. DiVeneris) Un chasseur sachant chasser... (A P. DiVeneris) Icon_minitimeLun 10 Oct - 22:04

Reculant dans l'obscurité, pratiquement dissimulé, Wynn prenait un plaisir certain à voir Hermano jeter des regards surexcités de tous les côtés. Il décida donc de le faire marcher un peu plus longtemps, s'accordant pour une fois ce petit moment de jeu.
Il comprit alors ce dont lui avait parlé Phorao. Les lèvres de l'italien étaient immobiles, et pourtant une voix s'éleva dans l'ombre, comme surgit de nulle part, répercutée en un écho très désagréable sur les parois de pierre des bâtiments les entourant.
Cette voix n'avait rien de comparable à une voix humaine, elle résonnait avec force dans la tête, imposant sa présence sans qu'il soit possible de lutter contre. Et l'assassin se serait mit à grincer des dents s'il avait pu. Ce genre de pouvoir ne lui plaisait guère, car il avait une sainte horreur qu'on contrôle quoi que ce soit de lui. Lui imposer d'écouter représentait à ses yeux une forme d'ordre qu'il ne pouvait réfuter, et par là un affront à sa personne.

Marcia? Ainsi donc, c'était le nom de la défunte... Curieusement proche du second prénom de Phorao, sûrement voulu. Il trouvait d'ailleurs amusant la différence de discours entre les deux ennemis. En écoutant l'un, le touriste italien était un être de la pire espèce, à éradiquer au plus vite, aussi nuisible qu'un cafard. En adhérant aux paroles de l'autre, on devait voir en Phorao une créature parasitaire qui aurait prit possession d'un corps ne lui appartenant pas...
S'il avait eu un semblant de parti prit, Wynn se serait certainement rangé du côté de l'un ou de l'autre. Mais il n'était motivé que par la rançon qu'il y avait à la clé. Or, Phorao était le possesseur de ce butin. L'assassin ne pouvait donc qu'adhérer à ses paroles.

Reculant un peu plus dans l'ombre de la ruelle, à présent hors du champ de vision des passants, il remonta un peu le long du mur, dévoilant sa nature vaporeuse aux yeux de l'autre. Restant silencieux, il l'écoutait toujours, commençant à prendre l'habitude d'entendre cette étrange voix surgie de nulle part.
Un souffle rauque et grave se fit entendre, s'apparentant de loin à un ricanement, preuve que le vampire riait sans vergogne. La façon que l'italien avait de brandir l'objet osseux dans sa direction avait une forme de comique qu'il trouvait presque pathétique. S'il n'appréciait pas les crucifix et l'argent, il était totalement insensible à tout autre artefact dirigé contre sa personne.
Hermano ne pouvait certes pas savoir, mais la situation l'amusait beaucoup.

Wynn eut alors une idée qu'il trouva au premier abord particulièrement saugrenue, mais qui lui sembla tout à fait indiquée dans une telle situation.
Le nuage de cendres se mit à se mouvoir, prenant peu à peu une couleur plus blanchâtre qu'à l'origine. La forme évolua doucement, jusqu'à prendre une forme humanoïde. De mémoire, Wynn reconstituait au mieux les traits et l'apparence de Phorao, lui donnant un aspect fantomatique et transparent, à tel point qu'on ne devinait que les contours de son corps.
Une réplique fort reconnaissable venait de naitre sous les yeux de l'italien, lequel devait être étonné de voir une telle apparition devant ses yeux.
Sa voix murmurée semblable à la mélopée d'un vent en colère s'éleva à nouveau, presque inaudible, et seuls quelques mots franchirent la barrière de ses lèvres. Oubli et déception furent les plus évidents, chuchoté dans un latin avec un accent presque imperceptible.
Non désireux de voir sa cible fuir, Wynn se garda bien de se lancer dans un discours plus long. Le but n'était pas de converser mais bien de l'attirer dans ses filets par quelques mots susceptibles de le faire réagir.
En le provoquant de la sorte avec l'apparence de celui qu'il cherchait à atteindre, l'assassin avait toutes ses chances.
Il s'approcha de l'italien, son pas feutré inaudible sur les pavés humides, et passa au travers de son corps sans le moindre effort, le dépassant pour se rendre dans un autre endroit.
Même sous cette forme, Wynn restait sensible à la lumière du jour, et il lui fallait trouver au plus une cachette abrité pour pouvoir pratiquer ses sombres activités.

Amateur de lieux de culte, l'église St James, non loin, lui semblait parfaite pour les accueillir, lui et son invité. Les souterrains étroits et sinueux masqueraient aussi bien leur présence que leur échange. Personne ne se douterait de leur présence, à cette heure matinale.
La forme nébuleuse prit le chemin de l'église, non sans jeter quelques coups d'oeil derrière lui.
Il ne doutait pas une seconde que l'autre le laisserait filer ainsi, mais dans le doute, il valait mieux être prudent.


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