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Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42]

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Alexender Von Ravellow
Hunter - "Criminel" en fuite
Alexender Von Ravellow
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Date d'inscription : 11/03/2008
Race : Humain
Classe sociale : Aristocrate déchu
Emploi/loisirs : Hunter / Il est recherché par le Yard et les Vampires de Jirômaru Keisuke.
Age : 25 ans
Proie(s) : Tous les Vampires, sauf Raphaël qu'il surveille maintenant sans chercher à l'assassiner. Le Comte Kei est son pire ennemi. Alexender peut aussi s'attaquer à des Loups-Garous.
Crédit Avatar : Créé via Artbreeder.
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeSam 28 Juil - 10:19

Alexender était fou de rage. Il venait de laisser Raphaël vivre. Il venait de choisir l'alliance plutôt que la lutte finale. Au plus profond de son être, tout ses principes s’effondraient. Lui qui avait commencé à apprendre l'art des armes dès ses 12ans, qui avait vu sa vie basculer à 16ans et qui s'était mit à chasser l'ombre il y avait maintenant six ans...aveuglément, sans pitié, avec perte et fracas, sans jamais faillir! Lui qui combattait ainsi ce qu'il appelait le mal depuis des années...Il était ce soir tombé au rang de diplomate. Un lâche, un faible, un homme manipulé. Oui...forcément. Par tout ces regards de femmes...C'était insupportable.

Après avoir ramené Sarah avec lui près du fiacre, il l'avait embrassée et menacée d'une voix sourde. Sa colère le poussait aux pires extrémités. C'était un homme blessé dans sa fierté, meurtri dans ses idées. Ce Raphaël ne méritait pas de vivre. Car même si cela revenait à se prendre pour Dieu, il pensait intimement qu'aucun Vampire ne pouvait respirer le même air que lui. Ils restaient tous une menace, incontrôlables, assassins, assoiffés. Ils n'avaient pas d'autre échappatoire que la mort. Hors lui, Alexender, il voulait bien la leur donner cette délivrance chérie...Cela éviterait au moins qu'ils n'assassinent les femmes, les filles, les mères, les pères, les frères...Les Humains ne pouvaient se permettre de les laisser vivre. C'était la loi de la nature et ils perdraient s'ils ne les exterminaient pas. Un jour ou l'autre, un Vampire finirait par lever une armée et par gouverner chaque parcelle de ce monde. Si les Vampires continuaient d'errer parmi eux, bientôt il ne resterait plus rien des Hommes. Certes ces êtres issus des ténèbres étaient intelligents, capables de réflexion et parfois même, peut-être, de sentiments, mais ils ne quitteraient jamais cet instinct bestial et meurtrier qui faisait leur essence. Raphaël était la preuve vivante qu'ils ne pouvaient retenir leurs pulsions quand bien même ils chassaient eux-même les leurs! Ce Comte Kei était aussi la preuve qu'ils cherchaient à dominer les Hommes au-delà d'une simple apparence sociale! Il jouait avec leur vie! Le Comte l'avait abandonné dans les égouts par pur jeu sadique. Non, les Vampires ne pouvaient pas cohabiter avec les Humains. C'était impossible.

Dans sa rage, il délaissa Sarah pour aller vers le fiacre. Ses pensées étaient complètement bouleversées. Il lui en voulait atrocement de s'être ainsi interposée. Et puis cette relation ambiguë qu'elle entretenait avec ces créatures infâmes...C'était trop pour lui! Il ne pouvait l'accepter! A quoi jouait-elle? Elle était évidemment sous l'emprise du Comte, elle aussi, d'un Vampire, comme Eulalia...Ces pensées le tuaient.

Marguerite et Suzanne arrivèrent et commencèrent à aider leur maître à décharger le reste des caisses. Elles restaient silencieuses. Les domestiques étaient habituées aux sautes d'humeur de l'aristocrate. Elles le comprenaient en partie et surtout elles connaissaient par coeur son caractère belliqueux. Même si ce dernier était enfuit au plus profond de son coeur, dissimulé derrière un masque de fête, elles avaient droit à ses confidences et ses doutes. Elles le connaissaient mieux que quiconque. Cette histoire de Vampire, cet hôte qui s'avérait être à la fois créature de l'ombre et Hunter, elles savaient que c'était une source de haine absolue pour leur maître. Elles craignaient sa colère et ses actions prochaines. Elles savaient que le mieux à faire était de se taire et d'attendre que l'orage passe. Un rien pouvait le pousser à des gestes inconsidérés...Ce coup de feu avait laissé une impression terrible en leur coeur.

Le Hunter déchargeait les caisses avec le visage fermé. Sombre comme jamais, il grognait à chaque mouvement qu'il faisait, énervé au possible. Mais il n'eut pas plus tôt descendu une caisse du véhicule que Sarah, qu'il avait laissée devant le manoir, arriva à sa hauteur. Le temps qu'il tourne la tête vers elle, il se prit une gifle du tonnerre. Le Hunter sentit la main de la chasseuse aligner ses cinq doigts le long de sa joue. Le claquement fut bref mais violent. Alexender ne s'y était pas attendu.
Surprises elles aussi, Marguerite et Suzanne avaient porté leurs mains à leur bouche. La caisse que tenait Alexender fut envoyée à deux mètres plus loin par la chasseuse. Chose incroyable! Immobiles, les domestiques finirent cependant par continuer à s'occuper silencieusement des caisses pendant que leur maître se prenait maintes réflexions de la part de la chasseuse. Elles devaient exécuter leurs tâches. Ce genre de dispute n'était pas de leur ressort. Il valait mieux ignorer le couple pour le moment.

Alexender regarda Sarah d'un air hébété, les yeux écarquillés. Sans jeter un seul regard à la caisse qu'il venait de lâcher, il porta la main à sa propre joue qu'il sentait palpiter sous la douleur, toute relative, qu'y avait laissé la gifle.
Sarah explosa. Elle lui cracha tout ce qu'elle avait sur le coeur. Elle se mit à crier fort et, le regard empli de colère et de tristesse, elle n'hésita pas à lui rappeler que sans Raphaël elle serait peut être morte à l'heure qu'il était. Une vie pour une vie...Un acte salvateur payé par un autre...C'était ainsi qu'elle expliquait son geste. Raphaël avait été courageux de s'opposer au Comte pour elle sans attendre quoi que ce soit en retour. Elle lui devait toute sa reconnaissance. L'idée de viol qu'elle balança pénétra Alexender dans ses chairs. Une montée d’adrénaline lui traversa l'estomac. L'imaginer était affreux! Mais la chasseuse ne s'arrêta pas là. Elle mis en avant son désespoir face à son comportement. Elle pouvait bien se tuer elle-même s'il ne voulait pas accepter la vérité! Son amour et sa confiance lui étaient trop précieuses, il l'avait blessée comme jamais...Alexender en prit conscience en cet instant. Elle était horriblement déçue par ses soupçons. Elle avait peur du Comte et tout ce qu'il avait su faire c'était laisser passer son jugement hâtif sur son amour. Il s'était laissé emporter par sa haine des Vampires et s'était focalisé sur Raphaël au lieu de prendre du recul. Sa jalousie et sa colère avaient anéanti la chasseuse.

Sarah s'en retourna vers le manoir. Alexender hésita mais il lui emboîta le pas.


- Sarah...gémit-il les mains tendues vers elle.

La chasseuse allait vite. Elle allait monter les escaliers mais elle redescendit soudainement les quelques marches qu'elle avait franchit. Alexender s'arrêta net, surpris par son mouvement. Elle se tourna vers lui pour lui lancer une dernière réplique avant de disparaître dans les couloirs du manoir.


"Et si tu crois encore que Raphaël représente une menace. Dis-toi ceci : Ce n’est pas lui qui a mon sang sur les mains se soir..."

Alexender fut foudroyé par cette phrase prononcée avec toute sa lourdeur. Il l'a pris de plein fouet, comme la gifle. Immobile, il laissa Sarah s'en aller. Il était pétrifié par ses propos. Lentement, il regarda ses mains. Du sang, celui de Sarah, son amour, tâchait son manteau de cuir noir. Elle avait raison...C'était lui qui lui avait tiré dessus. L'ampleur de son acte lui parvint enfin. Il l'avait un peu oublié grâce aux pouvoirs de guérison d'Eulalia mais il lui avait tout de même déchiré l'épaule d'une balle de Bloody Rose! Des larmes vinrent aux yeux du Hunter. Jamais il n'avait autant haït les Vampires...

Quelques minutes passèrent. Alexender était resté dans l'entrée, figé, comme une statut de sel.
Eulalia descendit alors du salon. Le Hunter ne la regarda pas jusqu'à ce qu'elle arrive à son niveau. Lorsqu'il posa enfin ses yeux sur elle, son air était à la fois mélancolique et rageux. La jeune femme avait coiffé ses cheveux en un chignon serré. Cela lui donnait un air plus sévère et discipliné. Sa robe lui allait bien, mais Alexender n'avait pas la tête aux mondanités. Il se contenta de regarder Eulalia d'un air dur tandis qu'elle exposait ses capes. Elle avait bien travaillé, c'était un fait. Elle voulait qu'il essaye la cape qui lui était destinée. Comme dans un mauvais rêve, Alexender se sentit happer par un flot de doutes. Fallait-il continuer cette mascarade ? L'alliance était-elle réellement possible après tout cela ?
Lentement, silencieux comme une tombe, le Hunter enleva son long manteau de cuir crissant et le laissa tomber au sol. La chaîne de son Bloody Rose brilla à sa ceinture. L'arme, symbole de guerre et de violence, dépassait à l'arrière de son pantalon. L'aristocrate prit doucement la cape que lui tendait Eulalia et l'essaya. Elle était légèrement trop longue. La jeune femme se baissa alors pour faire l'ourlet nécessaire au bon maintient du vêtement. Alexender la regarda s'accroupir devant lui. Droit, il ne bougea pas afin de la laisser faire son travail sans gêne. Il regardait sa petite tête qui s'agitait au niveau de ses genoux. Elle était fine, sa taille était gracile, ses cheveux soyeux. Malgré la pénombre du lieu, il réussissait à la distinguer. Elle lui fit pitié. Comment pouvait-elle s'enticher d'un Vampire? Fallait-il la laisser se ruiner la vie avec Raphaël? Elle n'aurait aucun avenir! Le Vampire aurait tôt fait de l'affaiblir et de la dévorer toute entière! Elle avait tellement de douceur dans ses gestes, tellement de conviction dans la voix...
La cape ajustée, Eulalia se redressa. Alexender évita son regard mais il comprit qu'elle voulait qu'il la garde désormais.

Alexender resta muet. Eulalia évoqua son idée pour le théâtre. Elle la trouvait finalement incongrue. Le Hunter tiqua. Elle était dangereuse mais pas idiote...
Puis Eulalia s'excusa. Ses paroles s'échappèrent de sa bouche comme un souffle. Alexender prit un air grave et triste. Elle était désolée...Désolée pour Raphaël...Mais qu'y pouvait-elle...? La jeune femme était complètement perturbée. Elle s'en voulait. Alexender voulu dire quelque chose pour la rassurer mais Raphaël sortit alors de l'ombre. Alexender ramena son regard brusquement sur lui dès qu'il perçu sa voix. Que faisait-il là? Il ne l'avait ni vu, ni entendu! C'était une nouvelle provocation? Prêt à agir, le Hunter regarda le Vampire approcher. Mais ce dernier se contenta d'un regard assassin et de précisions sur l'infirmerie. Lui aussi devait se contenter d'une alliance qui n'était pas dans ses goûts. La haine entre les deux hommes faisait palpiter l'air ambiant.

Alexender lui rendit son regard noir et grogna:


- Ouai...On aura vite fini...Mais il reste aussi quelques caisses au fiacre.

Le Hunter attendit que Raphaël soit sorti. Il soupira alors et posa une main sur l'épaule d'Eulalia qui était tremblante.

- Merci pour les capes, miss Grey...

Il la lâcha presque aussitôt et ramassa son manteau de cuir au sol avant de se redresser. Ses yeux d'ambre plongèrent alors dans ceux de la chasseuse.

- Quant au reste, chacun est roi de ses propres jugements. Les miens vous incrimineront toujours si votre choix reste inchangé. Sachez que je le tuerais sans hésitation s'il devenait une menace. Vos sentiments ne m'arrêteraient pas.

C'était dit. Alexender n'avait que faire des excuses. C'était son choix, elle n'avait pas à s'excuser. Par contre elle avait à savoir que sa position resterait défensive malgré sa présence. Ils devaient s'allier mais lui, Alexender, était prêt à abattre son coéquipier au moindre faux pas. Son regard était la détermination pure.
Sur ces mots, il balança sa cape de cuir sur un meuble recouvert de tissu blanc et dégrafa sa nouvelle cape pour l'y poser également. Ainsi, libre de ses mouvements, il saisit une caisse de l'entrée et la monta à l'étage.

Bientôt, toutes les caisses furent à leur place. A chaque fois que Raphaël et Alexender se croisaient, c'était un concours de regards noirs. Leur alliance allait-elle rester aussi tendue? L'ambiance était lourde. Le Hunter aux cheveux roux sentait que le Vampire avait tout aussi envie que lui d'en découdre. L'un protégeait les siens, un idéal violent et cruel, une vision étriquée du monde mais néanmoins défensive et vengeresse, l'autre voulait prouver qu'il pouvait être bon malgré sa nature, courageux et ouvert. La lutte silencieuse n'attendait qu'un signe pour devenir corporelle.

Une fois que toute la troupe rassemblée au salon, manteaux et capes posés dans un coin, la cheminée rallumée par Alexender et le vin servit par Raphaël, les discussions pouvaient reprendre.
Le Hunter aux cheveux roux observait le vin qui stagnait dans son verre. Du vin rouge, du vin couleur sang...Ses pensées étaient très dispersées. Il ne songeait qu'à une chose : ces marques sur la gorge d'Eulalia...La jeune femme tentait de les cacher avec son écharpe. Cela l'énervait. Raphaël...avec ses manières, ses regards, ses cheveux blancs, le fait qu'il ne buvait ni ne mangeait...tout cela l'exaspérait au possible. Il suffisait d'un rien pour qu'il lui jette son verre à la face.
Mais Sarah était là, Eulalia aussi, ses domestiques...Il fallait se contenir.
Le feu crépitait près de lui...Comme sur la Vampire qu'ils avaient abattue la veille...Raphaël finirait par la rejoindre...

Alexender bu une gorgée du vin italien qu'il tenait. Ses yeux froids et sombres fixèrent Raphaël par dessus le bord de son verre. Qu'il touche à Sarah pour voir...juste une fois...

Comment engager une conversation sur la stratégie à entreprendre dans pareil climat ? Lui ne le pouvait pas. Ses nerfs étaient encore trop à vif.
Un peu plus loin, Suzanne et Marguerite s'affairaient pour préparer une collation aux Hunters. Elles sortaient du thé, des gâteaux et des fruits d'une caisse parmi les autres. L'heure était avancée. Stan tardait.
Alexender n'osait plus regarder Sarah. Un mur s'était érigé entre eux. Il évitait son regard et restait muet. Le nœud qui lui étreignait la gorge n'était pas facile à défaire. Silverwings à ses côtés, le Hunter s'enfermait lentement dans un chaos de pensées obscures.


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Eulalia Grey
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Eulalia Grey
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeSam 28 Juil - 17:49

Quelle horreur que ce sentiment d’échec qui l’envahissait ! C’était rageant, rageant au possible. La culpabilité lui donnait envie de se battre, de tout casser sur son passage. Et, dans le même temps, elle se sentait triste et responsable de cette tragédie pathétique. Son moral était au plus bas. Elle se releva et alla doucement vers Raphaël. Ses yeux brillaient d’un nouvel éclat, plus vif et dur. Elle baissa les siens et fixa le sol flou qui s’étendait à ses pieds. Lui exposa son point de vue, plus ou moins clair, sur ce qui venait de se passer. Ils ne devaient plus recommencer. Cela leur nuirait à tous. Comme s’il avait lu dans ses pensées, il lui parla alors du stade de non-retour que pouvaient parfois atteindre les vampires. Ils devenaient complètement fous et finissaient inexorablement par mourir, quelle que soit la manière. Elle espérait sincèrement qu’il n’en était pas encore là… Il pouvait encore y avoir une solution… Sur l’immensité de l’Empire, sur l’immensité du monde, il devait bien y avoir quelque chose pour lui venir en aide… Elle baissa la tête et soupira.

- Oui… Oui, je le sais.

Il darda à nouveau son regard sur elle et se rapprocha. Tout dans son air, son regard, sa démarche… semblait changé. Mais elle ne parvint pas à déterminer si ce changement était bon ou mauvais. Il lui parla un peu de sa mère, du vampire dont elle s’était éprise. Un fou… Quand elle employa le terme d’héritier, elle comprit que c’était lui le responsable de la transformation du jeune homme en créature de la nuit. Elle ne dit strictement rien mais son regard accrocha le sien, lui transmettant bien plus que ce que de simples mots ne pouvaient faire passer.

Il lui confia qu’il était instable, depuis toujours. Rien ni personne ne pourrait jamais venir à bout de cela. Même pas elle. Cette pensée lui était tout simplement insupportable. Elle voulait croire qu’il y avait encore de l’espoir alors qu’au fond, l’inévitable se produirait, inexorablement. Elle hocha négativement la tête, refusant cette réalité. Il raffermit sa prise sur elle tandis que son regard se faisait plus dur. Il lui fit soudain une demande qui la déconcerta au plus haut point. Sérieux et déterminé comme jamais, il lui demanda de le tuer s’il devenait dangereux. Ses yeux s’agrandirent de stupeur et sa voix s’étrangla dans sa gorge. Elle baissa les yeux instinctivement mais le jeune homme la secoua, la forçant à le regarder. Il la supplia de le faire, mettant dans la balance ses sentiments pour lui.
Un pincement au cœur serra sa poitrine. Elle le comprenait, malgré tout. Il avait besoin de compter sur quelqu’un pour agir le jour où la folie s’emparerait de son être, quelqu’un qui serait là pour lui servir de garde-fou, quelqu’un qui lui offrirait la mort avec autre chose qu’un regard de haine pure et des réflexes de chasseur. Il préférait que ce soit elle qui mette fin à son existence plutôt qu’Alexender. Il comptait sur elle… Elle ne pouvait pas le décevoir. Si la requête venait de lui-même, elle s’y plierait. Ravalant les larmes qui lui piquaient les yeux, elle prit sa main froide et riva ses yeux dans les siens.


- Je te le promets. Quand… Quand le moment sera venu, je… t’abattrai.

Voilà, c’était dit. Elle ne pourrait plus revenir en arrière désormais. La mort de Raphaël viendrait de sa main. Tendrement, il caressa son cou du revers de sa main blanche à l’endroit de sa morsure. Il s’excusa de l’avoir mordue avec tant de violence et d’avidité. Mais elle ne lui en voulait pas. C’était elle qui lui avait demandé cela. Elle lui adressa un sourire timide mais sincère.

- Ne t’en fait pas pour ça…

Il joignit alors ses lèvres aux siennes, et elle répondit à ce contact, dans un élan de tendresse. L’espace d’un instant, elle oublia le reste du monde, les problèmes qu’elle venait de causer. Il saisit sa taille fermement et son visage se balada sur son cou et dans ses cheveux. Mais il la lâcha, sans doute par peur de la mordre à nouveau. Elle prit alors congé et partit chercher ses affaires. Plus question de lambiner. Il fallait qu’elle oublie son malaise et son chagrin et qu’elle se jette corps et âmes dans la préparation de ce plan. Après s’être morfondue dans le salon un court instant, elle attacha rageusement ses cheveux en un chignon serré, redressa le col de sa robe, rajusta son écharpe et descendit pour présenter sa cape à Alexender.

Au moment de l’ajuster, elle remarqua la marque rouge sur sa joue. Sarah l’avait giflé… Dans son for intérieur, elle s’accorda à penser qu’il l’avait mérité. Mais par courtoisie, elle fit comme si elle n’avait rien vu et ne fit aucun commentaire. Elle s’appliqua à refaire l’ourlet, les genoux dans la poussière. Si l’on avait sorti ce tableau de son contexte, les spectateurs n’y auraient vu qu’une servante en train de recoudre un des manteaux de son seigneur.

Eulalia n’avait rien d’une grande dame… Sa robe était modeste et ses mains n’étaient pas aussi soignées que celles d’une aristocrate. Et bien que sa mère lui ait inculqué toutes les règles de maintien, qu’elle lui ait fait subir mille exercices plus incongrus les uns que les autres pour qu’elle arrive à se tenir droite, son port de tête et son regard avaient quelque chose de libéré, naturel et revêche. Lorsqu’elle eut fini son travail, elle rangea son aiguille et son fil dans son panier et se releva, époussetant sa robe aussi brune que les feuilles d’automne. Elle lui parla de son idée qui lui paraissait maintenant horriblement déplacée, surtout que la jeune Lady semblait contrôler le feu. Il n’y avait aucun souci à se faire quant à l’incendie. Puis elle s’excusa, sincèrement. Elle savait que cela ne changerait rien mais au moins, elle aurait la conscience un peu plus tranquille.

Ce fut le moment que choisit l’italien pour se manifester. Il était visiblement mécontent. Depuis combien de temps les observait-ils dans l’ombre ? La tension était palpable. Il annonça que l’infirmerie était quasiment prête. Ce à quoi Alexender répondit qu’il y avait encore des caisses à décharger. Une fois le Vampire reparti, il la remercia pour les capes. Il plongea ensuite ses yeux dans les siens et lui déclara qu’elle était libre de ses choix, bien que, si elle persévérait dans la voie qu’elle s’était choisie, ils ne seraient jamais d’accord. Il lui annonça qu’il tuerait Raphaël s’il s’avérait dangereux, quels que puissent être ses sentiments.

La jeune femme se sentit piquée au vif. Les sous-entendus de cette phrase étaient nombreux et déplaisants. Comment pouvait-il lui laisser la liberté de ses décisions tout en lui précisant, non sans une certaine courtoisie, que celle qu’elle avait choisie n’était pas la bonne à ses yeux ?
Elle lui donna sa réponse calmement, de sa voix la plus douce. S’énerver ne servirait à rien.


- J’avais cru comprendre votre point de vue mais je vous suis gré de me le rappeler… Néanmoins, sachez que vous n’aurez pas à tuer Messire Veneziano. Je m’en chargerai personnellement. Son regard s’était fait décidé. Malgré la pâleur de son visage, sa fragilité suite au lancement de son sortilège et à son très récent saignement, elle semblait prête à ne fléchir devant rien ni personne. Mes sentiments ne m’arrêteront pas. Elle reprit ainsi la fin de la phrase d’Alexender, pour lui faire comprendre qu’il n’était pas le seul capable de se battre ici et qu’elle aussi était prête à faire abstraction de ce qu’elle ressentait. Maintenant, veuillez m’excuser mais il y a encore un peu de ménage à faire dans l’infirmerie. Je tiens à ce que tout soit propre pour prévenir une infection éventuelle de vos futures plaies.

Elle tourna les talons sur cette phrase non sans lui avoir adressé un sourire faible, preuve qu’elle ne pensait pas à mal en disant cela. Mais la vérité était souvent très difficile à entendre… Elle entra dans la pièce où les matelas avaient été installés. Il restait un peu de poussière ça et là, elle le sentait… La jeune femme alluma des bougies, enleva son manteau et son écharpe qu’elle posa dans un coin avec son panier et s’employa à récurer tout ce qui pouvait l’être, tandis que les hommes déchargeaient les caisses. Elle termina d’épousseter les coins et passa la serpillière sur le sol en ruminant ses pensées. Elle trouvait qu’ils se comportaient presque de façon puérile. Alexender ne comprenait vraiment pas qu’il fallait qu’il fasse abstraction de ses sentiments au moins jusqu’au théâtre pour s’assurer la victoire ? Et pourquoi Raphaël se sentait-il obligé de provoquer le Hunter roux à chaque fois qu’il en avait l’occasion ?
Bien sûr, elle ne pouvait pas leur en vouloir non plus, c’était elle qui avait provoqué tout ce chambardement. Leur faire des remontrances serait très mal perçu.

Quand elle eut fini son travail, elle retourna dans l’entrée où les dernières caisses avaient été déchargées. Elle aida Raphaël à transporter les affaires de soin à l’infirmerie ainsi que deux ou trois caisses de vivres au cas où. Elle en profita pour lui faire essayer la cape qui lui était destinée, sans un mot. Elle tombait mieux que celle de l’Aristocrate à la chevelure de feu. Il n’y avait strictement rien à redire. Au moment de sortir, alors qu’elle prenait ses affaires, elle se tourna vers lui, plus soucieuse qu’autre chose.


- Raphaël… Je sais que c’est dur, je sais qu’il ne t’inspire aucune sympathie… Mais si l’un d’entre vous ne met pas son poing dans sa poche ne serait-ce que jusqu’à la représentation, vous n’aurez aucune chance de triompher… Alors, je t’en supplie, cesse de lui lancer des regards assassins et, surtout, ne répond pas à ses provocations. Il faut que l’un de vous fasse une concession pour que nous puissions sortir de ce cercle vicieux dans lequel nous nous trouvons par ma faute. Je te le demande parce que tu es plus posé que lui et… Et parce que je pense que tu comprends pourquoi je te soumets cette requête.

Elle lui caressa doucement la joue, l’air grave. Son regard, lui, était tendre. Elle s’en voulait de lui demander cela mais il n’y avait pas de moyen plus aisé pour remettre le groupe sur les rails.

- Par ailleurs… Sais-tu dissimuler ton aura ? Le Comte te repérera facilement si tu ne la contrôle pas…

Son père lui avait parlé des auras vampiriques et de leur perception. Elle lui en avait parlé en privé pour ne pas relancer le débat sur une éventuelle faiblesse du jeune homme qui pourrait encore coûter cher au groupe. Un long silence s’installa au cours duquel plus rien n’exista pour elle. Puis, elle s’écarta de lui, ramassa ses affaires et remit quelques mèches dans son chignon.

- Nous devrions aller à l’étage.

Elle monta les marches quasiment à tâtons et se dirigea vers le salon où Alexender avait allumé un feu. Le vampire changea de chemise avant de les rejoindre et de servir du vin. Elle en refusa, préférant ne pas boire d’alcool après ce qu’elle avait subi.

L’ambiance était lourde… Elle était assise dans un coin du canapé, titillant nerveusement les plis de sa jupe. Les servantes s’affairaient et elle réprima une furieuse envie de les aider. Elle n’avait que peu l’habitude de se faire servir. Personne ne disait rien et l’ambiance était des plus pesantes. Lady Spencer avait posé des plans sur la table mais le silence n’en avait pas encore été brisé. Prenant le taureau par les cornes, elle se saisit de la mine de plomb qu’elle avait emmené dans ses affaires et s’approcha du plan qu’elle examina.


- Bien. Mes parents seront placés dans le poulailler. Première rangée de sièges, travée du milieu. Elle entoura l’endroit correspondant sur la carte. Les points les plus stratégiques pour recevoir un signal se situeraient selon moi ici, ici et là. elle entoura un point au fond de la travée frontalière à celle qu’elle avait colorée précédemment, un autre point près d’une colonnade en retrait mais parfaitement visible depuis les tribunes et un petit renfoncement juste à côté de la scène. Je ne vois que ceux là mais il y en a peut-être d’autres… Qu’en pensez-vous ? Sieur Von Ravellow, avez-vous les masques dont nous avons parlé ?


Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Signa_10

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Dernière édition par Eulalia Grey le Dim 5 Mai - 18:32, édité 2 fois
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Stan Calder
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeMar 31 Juil - 1:44

Stan se hâtait vers le manoir de Raphaël Veneziano. La veille, il avait préféré rentrer chez lui, car il savait qu’il devrait préparer beaucoup de choses avant de retourner auprès de ses nouveaux alliés. En fait, il sentait que le futur combat s’avérerait particulièrement difficile. Lorsqu’il avait dit qu’il ne reculerait pas devant la mort, il le pensait réellement. Il n’avait aucune envie de disparaître, mais il savait que toutes les chasses restaient imprévisibles. Malheureusement, celle-ci semblait plus dangereuse que les précédentes. De plus, il connaissait mal les vampires comparé aux loups-garous. Il était d’ailleurs surpris d’en avoir croisé deux en aussi peu de temps. Et, s’il en croyait ses associés, le troisième serait bien plus puissant que les deux précédents.

Il décida de mettre ses affaires en règle, au cas où les choses tourneraient vraiment mal. Pour commencer, il se rendit dans les bouges où il avait l’habitude de plumer quelques pigeons… Ou de se faire avoir, selon les jours. Il avait deux ou trois dettes de jeu qu’il voulait payer, pour éviter que certaines personnes un peu trop agressives ne s’intéressent pas à ses proches. Même s’ils ne connaissaient pas sa famille, ils n’ignoraient pas son nom. Trouver des Calder dans Londres ne serait pas difficile, mais ils pouvaient se tromper de gens. Pourtant, s’ils tombaient sur ses frères ou, pire, sur ses sœurs… Stan ne voulait pas courir un risque pareil. De toute façon, il avait largement de quoi rembourser ses dettes.

D’ailleurs, sa prodigalité surprit ses partenaires de jeu habituels. Le Hunter veillait à toujours payer ce qu’il devait, pour éviter les ennuis. Pourtant, il prenait rarement la peine de solder toutes ses pertes d’un coup. Il agissait comme beaucoup de joueurs, même si on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas payer ce qu’il devait. En général, cela lui prenait juste une semaine ou deux. Plus surprenant, Stan accepta que Frank Jones, qu’il avait plumé une fois de plus, ne le rembourse que le mois prochain. D’ordinaire, il ne se montrait pas aussi généreux. Mais personne ne se posa de questions sur sa prodigalité. S’il était dans un de ses bons jours, autant en profiter.

En réalité, le Hunter avait bien d’autres préoccupations. Une fois ses dettes payées, il lui restait beaucoup d’argent. Comme il avait eu la chance de jouer avec des nobles la nuit précédente, ses poches étaient plus que pleines. Il voulait laisser la plus grande partie de son argent à ses frères et sœurs, au cas où il ne pourrait pas les revoir. Cependant, il dut attendre la fin d’après-midi, car tous les quatre travaillaient en journée. De plus, il savait que son père n’allait pas très bien ces temps-ci. S’il avait tenté d’entrer dans son ancien foyer, il aurait sans doute dû faire face à son géniteur, idée qui ne lui plaisait pas spécialement. Il préféra donc attendre à la porte que l’un de ses proches arrive.

Finalement, il vit ses deux sœurs approcher de la maison. Ravi, il s’approcha d’elles un grand sourire aux lèvres. Il s’était toujours montré plus attentif envers ses petites sœurs, car elles étaient les enfants les plus jeunes de la famille. De plus, il avait toujours craint que des pervers puissent s’en prendre à ses cadettes. Contrairement à lui, elles ne traînaient pas dans les lieux douteux. Mais comment être sûr ? La moindre rencontre pouvait causer une catastrophe ! Un individu aux apparences honnêtes pouvait avoir de mauvaises intentions. S’il s’agissait d’un noble ou d’un bourgeois, déshonorer une jeune fille pauvre ne leur coûterait rien ! Pour résumer, Stan se comportait de façon un peu trop protectrice envers ses sœurs.

Pourtant, le Hunter était le seul membre de la famille qui traînait dans les coins louches. Même s’il n’en avait pas vraiment conscience, ses frères et sœurs s’inquiétaient beaucoup à cause de lui. Cependant, l’instant présent restait le plus important. Sa sœur Melly se planta devant lui avec un air grognon, avant de lui balancer un coup de poing dans l’épaule droite.


- Espèce de lâcheur ! Ca fait bien un mois qu’on ne t’a pas vu !
- Désolé Melly. J’ai eu beaucoup de travail ces temps-ci, répondit Stan en souriant tendrement.
- Ah oui ? Dans les auberges ou dans les poches des passants ?
- Melly, ce n’est pas drôle !

Stan prit un air fâché, sans grande conviction. Sa petite sœur haussa les épaules et se dirigea vers la maison familiale. Mais Jane resta en arrière et le fixa avec anxiété. Même si elle n’avait que 17 ans, elle comprenait un peu trop bien les choses au goût de Stan. Il n’avait jamais menti à ses frères et sœurs. Pourtant il savait qu’elle était la seule à qui il ne pourrait rien cacher. Il aurait pu arranger les choses, sauf avec elle.

- Qu’est-ce qui t’est arrivé ? Lui demanda-t-elle d’une voix un peu trop froide.
- On m’a proposé de jouer avec quelques nobles bien riches… Et j’ai gagné. Ces jolies pièces sont à moi, de façon indiscutable.

Le hunter sortit l’argent qu’il venait de remporter. Il y en avait bien plus que ce qu’il avait gagné les autres fois. Jane regarda l’argent avec surprise, avant de redresser la tête vers lui. Son regard lui sembla un peu trop soupçonneux. Elle ne le croyait pas, alors qu’il ne lui avait dit que la vérité. Peut-être sentait-elle qu’il y avait quelque chose qu’il ne lui avouerait pas.

- Je t’assure que j’ai bien gagné cet argent en jouant honnêtement… Sans tricher. Je n’ai pas volé un seul penny !
- Je te crois… Alors rentrons à la maison, dit-elle en lui tendant la main.
- Malheureusement, j’ai des choses à faire. Je te confie cet argent pour qu’il profite à la famille. Je reviendrai bientôt.

*Du moins je l’espère.* Pensa-t-il.

Jane le fixa avec attention, comme si elle croyait qu’il lui cachait quelque chose. D’ailleurs, elle ne se trompait pas. Mais Stan ne voulait pas parler de la prochaine chasse. Ses frères et sœurs ne savaient rien de tout cela. Il ne leur avait jamais parlé de son rôle de Hunter. Les choses devaient demeurer ainsi.


- Le père va très mal. On ne sait pas combien de temps il va vivre.

Stan ne répondit rien. Il voulait savoir ce qui était arrivé à son père, mais à quoi cela servirait-il ? Si l’argent qu’il venait d’apporter ne pouvait pas le sauver, il ne pourrait rien faire de plus pour lui.

- Dans ce cas, j’espère que les remèdes ne seront pas trop chers, répondit-il. Il y a de quoi en acheter avec ce que je viens de te donner.

Sa voix était basse et un peu trop sèche à son goût. Il voulait vraiment partir maintenant.

- Et Mark compte se marier dans les prochains mois.
- C’est une très bonne chose.

Stan fit demi-tour et se dirigea vers la rue principale. D’habitude, il aimait avoir des nouvelles de sa famille, mais là… Il ne pouvait rien faire pour son père et son frère s’apprêtait à mener sa propre vie. Il n’avait rien à dire, surtout s’il devait mourir demain. Soudain, il entendit des pas pressés derrière lui et une main fine lui saisit le poignet.

- Stan, je n’ai pas le droit de te donner tes conseils sur ta propre vie, mais est-ce que tu crois que nous ne voyons rien ? Tout cet argent, avec de simples jeux de cartes… Et les armes que tu te donnes tant de mal à cacher… Et les cauchemars de Melly… Je ne sais pas ce qui se passe, mais je te défends de mourir bêtement ! Quoique tu en penses, on a tous peur pour toi. Même le père… Si quelqu’un doit te ramasser dans la Tamise, fais en sorte que ce ne soit pas nous !

La petite main le lâcha brusquement et Stan ne se retourna pas. Qu’est-ce qu’il aurait pu faire ? Lui garantir qu’il reviendrait vivant ? Il n’en était pas certain. Il ferait vraiment tout ce qu’il pouvait pour rester en vie, mais…

- Tout se passera bien, Jane. Jamais personne ne viendra vous tourmenter à cause de moi.
- Ce n’est pas ça qui va me rassurer… Lui répondit une voix mouillée. Va au moins voir ton père.

Stan soupira, mais il lui obéit. Malheureusement, son père allait réellement mal. L’une des voisines était assise dans un coin de la pièce. Ses proches lui avait sûrement demandé de veiller le malade, même si ce n’était pas gratuit. Son père le reconnut, mais il ne put pas faire beaucoup de gestes pour le montrer. Il lui agrippa le bras, avant de se mettre à tousser comme s’il allait cracher ses poumons. Stan aurait encore préféré qu’il lui donne une bonne raclée. Peut-être les médicaments pourrait-il le guérir ? Ou peut-être serait-il mort demain ? Non, il préférait garder confiance. Avec autant d’argent, on pouvait encore faire quelque chose. Il s’approcha de Melly, qui ne parvenait pas à retenir ses larmes, et il la prit dans ses bras.

- Il y a un très bon apothicaire près du Pont de Londres. Jane, tu connais sa boutique n’est-ce pas ? Il demande beaucoup d’argent, mais il est doué. Je suis sûr qu’il trouvera un remède efficace.

Jane acquiesça de la tête. Elle ne semblait pas convaincue, mais ils ne pouvaient pas faire grand-chose d’autre. Stan embrassa Melly sur le front, avant de prendre Jane dans ses bras.

- Ne m’en veux pas trop… Lui chuchota-t-il.

Sa sœur se raidit, sans rien dire. Il glissa sa bourse dans sa poche et se dirigea vers la sortie. Il regretta de ne pas voir ses frères avant de partir. Cependant, il préférait ne pas s’attarder. Il cachait trop de choses aujourd’hui, il ne voulait pas leur faire plus de peine. Il alla chercher de nouvelles munitions pour son bloody rose. Il lui fallait faire un gros stock s’il voulait participer à la prochaine opération. Il ne prit pas la peine de repasser par chez lui, car il n’avait rien à récupérer là-bas. S’il disparassait, on louerait sa chambre sans se soucier de ce qu’il était devenu.

Il était donc tard quand il entra dans le quartier abritant le manoir des Veneziano. Il avait fait attention au trajet pour être certain de ne pas se perdre. Les rues étaient parfois un peu trop différentes entre la nuit et la journée. De plus, un quartier riche était très peuplé le jour venu. Stan se déplaçait en début de soirée, mais il y avait encore trop de monde à son goût. Emmitouflé dans son manteau, il traversait rapidement les rues en espérant qu’on ne le remarquait pas. Il ne s’inquiétait pas de l’opinion des humains, mais des êtres plus malfaisants risquaient de le repérer. Il avançait d’un pas rapide, tout en évitant de courir. Il n’avait pas envie de se faire remarquer par qui que ce soit. Cependant, les policiers humains lui paraissaient plus dangereux que les monstres.


*Est-ce que les bestiaux savent ce qui s’est passé cette nuit ou est-ce qu’ils s’en moquent ? Ce sont des vampires. Ils ne doivent guère s’inquiéter de leurs semblables.*

Le Hunter quitta les rues très fréquentées pour rejoindre le quartier isolé où semblait vivre Raphaël. Après l’après-midi qu’il avait vécu, il avait du mal à se concentrer sur les prochains évènements. Cependant, il retrouva sans trop de difficulté son chemin. Quand il arriva, il remarqua que de nouvelles personnes étaient arrivées. S’agissait-il de nouveaux alliés ? Ou étaient-ils ici sans que le propriétaire soit au courant ? Cela lui semblait impossible. Ces personnes ne se cachaient, on ne pouvait que les avoir vues. Comme Stan ne les connaissait pas, il ne prit pas la peine de leur adresser la parole. Il n’avait pas envie de discuter avec des inconnus, quitte à se montrer impoli. Il alla frapper à la porte du manoir, bien décidé à entrer sans autorisation s’il ne recevait pas de réponse.

[HRP/ Je ne sais pas quand je pourrai reposter, peut-être pas avant la semaine prochaine. Mais je pourrai suivre un rythme plus rapide à partir de lundi. /HRP]


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Sarah Spencer
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeMer 1 Aoû - 21:47

Le temps passait et pourtant Sarah n’arrivait pas à passer par-dessus la douleur qui enserrait son cœur. Elle détestait hausser le ton avec Alexender. Ce n’était pas ce qu’elle voulait. Ils auraient du bien s’entendre, partager une complicité intellectuelle à toute épreuve…mais leurs caractères était si semblable que ni l’un ni l’autre n’était capable de céder la moindre parcelle de terrain. Elle s’en voulait de l’avoir traité de la sorte et pourtant, elle ne pouvait supporter l’idée qu’il refuse de la traiter en égal. Ils allaient devoir régler ce différent s’ils voulaient collaborer ensemble.

Un bruissement tira la Chasseuse de sa peine. Sans se retournée, elle remonta doucement le capuchon de sa cape gardant un silence obstinée. Seulement trois personnes pouvaient venir la retrouvée ici et dans aucun cas elle ne souhaitait être prise en moment de faiblesse. Elle se pencha tranquillement pour ramasser son sac et elle venait à peine de le mettre sur son épaule lorsque la voix grondante de Raphael se fit entendre dans son dos. Les paroles menaçantes du vampire attisèrent la colère de l’aristocrate et elle se retourna pour lui jeter un coup d’œil. Le jeune homme semblait avoir repris des couleurs. Ses lèvres et ses joues avaient repris des couleurs roses plutôt associé aux humains. Ses yeux par contre étaient remplis de vitalité et avait l’étincelle perçante des chasseurs nocturne.

Pendant quelques instants le visage de la jeune femme sortit du capuchon qui lui recouvrait la tête et fut éclairer par la lune. La peau de la magicienne était parfaitement blanche et lisse, comme si elle avait été sculpté dans de le marbre, et son visage semblait aussi inanimé que celui d'une statue, à l'exception des deux yeux bleus et brillants qui regardaient fixement le jeune homme, telles des flammes logées dans des orbites. Il y avait quelque chose d’inhumain dans son regard, de terrible. Une rage à peine contenue qui aurait pu ravager le monde en un brasier incandescent. Elle dégageait une aura de fascination certaine. Le visage de l’aristocrate s'éclaira d'un sourire presque désenchanté et crispée tandis que ses doigts fin se posaient sur la manche encore tachée de sang de sa cape.


-Je vais régler ça à l’instant monsieur...

Sans attendre de réponse, elle dépassa le vampire avec la ferme intention de se diriger vers la demeure.

- ''Il'' vous a imposé sa marque...je le sens à travers l'odeur de votre sang...

Un frisson de peur et de rage traversa le dos de Sarah, suspendant sa marche d’un seul coup. Elle se raidit et ses poings se serrèrent instinctivement. Oui elle le savait. Ce n’était pas la première fois qu’on lui rappelait que le Comte avait imposé sa marque à travers elle. Une partie d’elle lui appartenait déjà, au milieu des noirceurs de la nuit… La rage lui étouffant la gorge, la magicienne préféra ne rien ajouter. Elle se retourna légèrement pour recevoir les remerciements et les conseils du jeune homme auquel elle répondit par un simple hochement. Oui la pluie s’annonçait. La jeune femme se hâta de rentré. Elle avait encore des choses à faire pour se montrer utile.

Une fois dans la demeure, l’aristocrate soupira longuement. Elle ne devait pas se laisser dépasser par les évènements, elle ne devait pas sombrer de nouveau. Le futur s’annonçait sombre mais au moins, elle devait tenter d’y faire face. Sarah se dirigea vers ce qui lui semblait être un salon encore encombré par la poussière. Posant son sac sur l’un des fauteuils, elle inspira profondément avant d’enlever sa cape. Il fallait rendre tout cela plus accueillant... Pendant les minutes qui suivirent, la demoiselle s’occupa à chasser la poussière des meubles elle tenta d’allumer un bon feu dans la cheminée pour faire disparaitre l’humidité de l’air sans y parvenir. . Quand l’endroit lui sembla plus accueillant, elle s’attarda à nettoyer ses vêtements. La cape se nettoya rapidement, le cuir aidant à l’élimination du sang. Sa chemise fut plus difficile, le tissu fin ayant engorgée la majeure partie du fluide. Désespérer, la demoiselle monta à l’étage et fini par trouver ce qu’elle avait besoin dans une vieille armoire encore plus poussiéreuse que le reste de la demeure. Le vêtement datait surement du dernier propriétaire des lieux car il était trop petit pour la silhouette de Raphael. Après un changement rapide, la magicienne retourna au salon pour y faire bruler le vêtement souillé, histoire de ne pas s’attirer les foudres du vampire de nouveau. Les plans du théâtre, de ses rénovations et des bâtiments aux alentours étaler sur la table, la demoiselle prit place dans le fauteuil attendant les autres. Elle était bien fière des papiers qu’elle avait habilement substitués à son père. Alexender entra avant de s’occuper du feu.


-Alex…?

Elle allait continuer sa phrase lorsque Raphael et miss Grey entrèrent dans la pièce. Préférant reporter à plus tard cette discussion, Sarah se contenta d’un pâle sourire lorsque le vampire lui servit du vin. Puis le silence s’abattit sur le groupe, chacun ruminant des pensées sombres de son côté. L’aristocrate tenta plusieurs fois de capter le regard de son amant mais celui-ci gardait les yeux baissés, la fuyant. La demoiselle préféra terminer rapidement son vin qui rougit ses joues. Ce fut finalement Miss Grey qui brisa l’ambiance et observant ses plans et en dévoilant ses idées. Attentive, la Chasseuse la regarda pointer divers endroit tout en analysant mentalement le résultat. Son charisme habituel repris le dessus et elle se pencha elle-même sur les plans.

-L’idée est excellente Miss Grey, mais je crains que ce ne soit guère suffisant. Un petit feu à cet endroit serait rapidement étouffé et la représentation continuerait après une simple pause pour analyser les dégâts. Il ne faut pas oublier que plusieurs choses joueront contre nous. Soit la présence de la reine, celle du Scotland yard et celle encore plus nombreuses des vampires. Avec leur rapidité, ils auraient tôt fait d’éteindre le feu…à moins que...

Les yeux de la jeune femme devinrent brillant tandis qu’elle extirpait un plan des alentours du théâtre.

-Voici l’ancien Milte and Co, un magasin qui à du fermer à cause de la construction du théâtre. Le bâtiment est à l’abandon depuis quelques années. Si on s’arrange pour le faire flambé quelques instants après le début de la représentation, il est assez collé sur le théâtre pour forcer une évacuation. Pour ajouter plus de dramatique, on pourrait toujours s’arranger pour faire un petit feu dans le coin gauche du théâtre, les gens penseront qu’il s’agit d’une propagions des flammes. Mais le plus dangereux demeure le Comte… c’est un vampire qui possède de nombreux pouvoir et…

La demoiselle s’interrompit tandis que des coups sourds étaient frappé à la porte d’entré. Après un coup d’œil à Raphael qui se levait, la magicienne posa sa main sur le genou de son amoureux, espérant s’attirer son regard au moins le temps d’un instant.


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Raphaël Veneziano
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeLun 6 Aoû - 21:38

Assis avec les autres Hunters, Raphaël ruminait ses sombres pensées.
Son regard revenait sans cesse vers Eulalia. Il la trouvait fort belle, dynamique, et terriblement désirable, surtout depuis qu'elle lui avait laissé boire à son cou. La douceur de sa peau l'odeur de ses cheveux, la chaleur de son corps...Tout cela obsédait déjà le Vampire. Ils avaient commis une erreur qu'ils allaient forcément payer un jour.
En même temps, Alexender l'énervait d'autant plus qu'il avait foncièrement décidé de ne pas lui parler. L'un comme l'autre sentait qu'un grave conflit pourrait briser toute l'opération. Mais Raphaël avait également en tête les paroles de son amie. Il devait éviter de le provoquer. L'alliance était nécessaire et c'était lui-même qui semblait le plus apte à coopérer sans instincts belliqueux. Certes, la chasseuse avait raison puisqu'il était LA créature fauteuse de trouble, puisque c'était LUI qui avait acquit une certaine capacité et une volonté d'errer parmi les Hommes sans leur être hostile et non pas Alexender qui avait décidé de choisir quelles créatures étaient nuisibles ou non. C'était Alexender le plus belliqueux des deux, c'était évident, et s'il y en avait un qui pouvait rester sur sa position de départ, c'était bien Raphaël.

Enfoncé dans le creux de sa chaise, après avoir servi tout ceux qui acceptaient volontiers un verre de vin, Raphaël songea à nouveau à son entrevue avec Eulalia dans le jardin. Elle avait répondu à ses baisers, sans peur, sans détresse, elle l'avait reçu dans ses bras malgré tout ce qui venait de se passer. L'aimait-elle donc vraiment ? Pouvait-on laisser de côté la méfiance à ce point, par amour ? Cet amour...il avait été si soudain! Raphaël ne pouvait s'empêcher de songer à ses dons...C'était sa beauté surnaturelle qui avait piégé la belle. Il lui avait expliqué son cas, la dégénérescence qui rongeait ce qui lui restait d'âme. Elle avait pâlit, elle avait compris, mais surtout elle lui avait accordé son soutient, promettant qu'il aurait ce dernier jusqu'au bout, dût-elle l'abattre elle-même. Malgré la violence de leur accord et la déchirure qu'elle laissait supposer entre-eux, malgré la tension que cela allait instaurer dans leur couple, Raphaël avait été soulagé d'entendre la belle répondre positivement à sa volonté. S'il devenait dangereux, ce serait elle qui le tuerait. C'était un acte qui la blesserait, l'idée même semblait la retourner, mais elle comprenait sa demande et elle lui donnerait la mort selon son souhait, par amour. Raphaël était soulagé. Au moins ne se laisserait-elle pas faire s'il devenait dangereux pour elle.
Lally lui avait ainsi accordé son coeur, sa patience et même son sang. Maintenant, elle venait de lui donner la possibilité de se battre sans crainte. Il pouvait continuer à collaborer sans se soucier de sa nature : elle serait toujours là pour l'arrêter. Mais le pourrait-elle ? Raphaël ne pouvait s'empêcher de trouver leur contrat dangereux. Au fond, la présence d'Alexender et de sa belliqueuse rage rassurait le Vampire. Si Eulalia avait des soucis avec lui, s'il devenait dangereux pour son environnement, Alexender saurait lui prêter mains fortes pour l'achever dans sa folie. Raphaël avait toujours senti l'épée de Damoclès peser au-dessus de sa tête, prête à la trancher, mais jamais il ne l'avait autant désirée et son ombre lui servait en cet instant de véritable refuge.

Une fois Eulalia partie, il avait prié, longtemps, pour se donner la force de continuer le combat. Il s'était effondré, fatigué de cette soirée. La foi avait affermi ses idées et sa volonté de combattre. Si Eulalia acceptait de le surveiller, si Alexender était dans les parages et si Dieu lui avait accordé la vie, il se devait de continuer la mission. Tuer le Comte devenait une véritable priorité. S'il périssait dans la bataille, que ce soit de la main du Comte ou de celle d'un Hunter, peu lui importait. Seul Dieu était maître de son âme. La Paradis, l'Enfer ? Que méritait-il ? Pour le moment il ne le savait pas, même s'il s'accordait volontiers sur l'idée de terminer ses sombres jours dans l'Empire Infernal. Maintenant que ses collègues connaissaient sa nature, maintenant qu'un accord les liait, il ne devait plus reculer. Lally ne se laisserait plus faire, Alexender veillerait aux grains, Sarah serait toujours là pour tempérer son amant et calmer la situation, l'infirmerie était prête, le plan de guerre allait s'échafauder...il ne pouvait plus abandonner.

Puis Sarah était venue dans le jardin. Leur entrevue avait été un peu sèche mais il avait bon espoir quant à leur alliance. La chasseuse était intelligente et, malgré l'affliction qui mouillait ses yeux, malgré la colère intérieure qui lui rongeait les sens, elle savait quel était son rôle dans cette histoire. Le Comte lui avait imposé sa marque il fallait l'en libérer si elle voulait profiter de ses jours avec Alexender.
Discrètement, le Vampire jeta un regard à la chasseuse qui buvait son verre rapidement. Elle était fortement affectée par les derniers événements auxquels elle avait participé, mais elle avait ramené une foule de papiers, de plans et d'esquisses qui montrait bien assez son caractère vindicatif. Elle avait travaillé de son côté, fouillant les archives, pour mieux cerner le quartier dans lequel ils allaient intervenir. C'était une femme pleine de ressources, efficace et neutre malgré son attachement au rouquin. Son aide leur serait précieuse. Alexender pouvait bien l'aimer et vouloir la sauver. C'était une fille de bonne famille, une aristocrate de haut vol et une Huntress avertie. Leurs conditions étaient presque semblables. Elle chassait les créatures de la nuit et s'ils étaient opposé quant à leur conception de ses dernières, ils avaient beaucoup de choses en commun qui devait les assembler.

Raphaël songea alors à la scène qu'il avait vu dans l'entrée : Eulalia aux pieds d'Alexender, lui ajustant sa cape...Un pic de rage le traversa. La jeune femme venait certes d'un milieu moins aisé que le leur mais elle n'avait pas à s'agenouiller ainsi devant lui. Il avait ses propres domestiques, pourquoi ne les avait-il pas appelées pour faire l'ourlet de sa cape ? Même si c'était l'oeuvre d'Eulalia, Raphaël ne pouvait s'empêcher de sentir que la jeune femme avait une nette tendance à se sous-estimer et à se sentir inférieure. Il ne pouvait laisser passer cette colère qui sommeillait en lui. Qu'en avait-il à faire des classes sociales ? Lui-même descendait d'une très haute famille italienne, oubliée dans les sables du temps. Qu'en avait-il à faire ? C'était un Vampire ! Eulalia était la plus belle chose qui lui soit arrivée ! Il voulait la traiter en princesse, ne jamais plus la revoir à genoux dans la poussière ! Il avait honte, au fond, de lui présenter une demeure aussi délabrée...
Puis il était intervenu pour mettre un terme à cette scène. Il avait aidé à déménager les caisses, silencieux mais cependant le regard dur. Il n'avait pas pu s'acquitter de sa tâche en cachant sa haine envers le rouquin.
Eulalia avait alors fini par réussir à se retrouver seule avec lui dans l'entrée. Elle l'avait prié de rester neutre face à Alexender et de rester tranquille afin de réussir à maintenir cette alliance bancale. Elle lui avait également demandé s'il savait cacher son aura. A cette pensée, le cœur de Raphaël se serra à nouveau. Tandis que la chasseuse exposait ses idées au sujet des emplacements tactiques dans le théâtre, le Vampire se remémora l'horreur de la question.


- Non...avait-il répondu tête baissée. Non...je ne sais pas dissimuler mon aura...Enfin pas entièrement...

Son regard désespéré avait croisé celui de la belle qui l'observait dans l'ombre de l'entrée.

- C'est pour cela qu'il m'a senti de loin sur le pont de Londres, c'est pour cela aussi qu'il m'a coincé au muséum...Il joue avec ma vie...à cause...de mes faiblesses.

Raphaël savait que les Vampires n'avaient pas le droit de tuer directement l'un des leurs et il sentait qu'il avait donc raison de conclure que le Comte s'amusait simplement à lui faire peur et à le provoquer.

- Eulalia, avait-il fait en lui prenant les mains, le Comte me hait parce que je cherche à tuer ceux de ma...race, mais il me hait certainement aussi à cause de ma condition. Je suis trop jeune et inexpérimenté...Je n'ai été mordu qu'il y a...trente-trois ans...et j'ose me dresser contre lui...

Raphaël n'avait rien appris. Son père et maître l'avait abandonné, sa mère adoptive n'avait pas eu le temps de lui enseigner quoi que ce soit, trop préoccupée par l'anémie constante du jeune Vampire. Il n'avait jamais appris à contrôler ses pouvoirs, ni sa soif, ni son aura. Elle était faible, même si sa rage l'amplifiait certainement, mais il ne savait pas la dissimuler.
Cela allait poser problèmes dans leurs plans.

Depuis qu'il était arrivé à l'étage avec tous les Hunters et les domestiques d'Alexender, Raphaël se sentait torturé par cette idée qu'il puisse n'être d'aucune utilité dans le théâtre à cause de son incapacité à dissimuler sa présence au Comte. Que faire ? Fallait-il en parler ? Eulalia venait d'apprendre la vérité de sa bouche. Leur discussion dans l'entrée avait été coupée, nécessairement interrompue par le temps qui passait. Elle avait compris les enjeux de cette faiblesse. Allait-elle l'exposer ? Raphaël réfléchissait à tout cela, rongé par un malaise insupportable. Il n'avait pas pensé à son aura. Maintenant qu'Eulalia avait soulevé le problème, il lui apparaissait gros comme une maison. Il se sentait faible, inutile, réduit dans ses capacités...et c'était la pire chose qu'il pouvait ressentir en cet instant.

Toujours plus tassé sur sa chaise, le Vampire avait croisé les bras. Son regard se creusait. Il était fatigué et meurtri. Malgré la résurgence de ses sens surnaturels grâce au sang d'Eulalia, Raphaël sombrait peu à peu dans un tourbillon de sombres pensées.
Mais Eulalia et Sarah avaient prit les devant. Pour décoincer la situation, les deux jeunes femmes prirent la parole chacune leur tour afin de faire avancer leurs plans d'action.

Quittant un instant ses noires pensées, Raphaël se re-concentra donc sur les idées qui étaient proposés. Eulalia finit de faire le tour des cartes du théâtre pour expliquer les points stratégiques du bâtiments. Le Vampire posa ses yeux de glace sur les papiers. Il fallait être méfiants: les parents de la belle seraient présents dans les spectateurs, Sarah et les siens aussi. C'était à la fois une bonne et une mauvaise chose. Les deux jeunes femmes pourraient participer à l'évacuation plus facilement et entraîner leurs familles à faire sortir le public, mais elles étaient également fortement exposées aux Vampires et au feu qu'ils avaient songé déclarer.
Sarah intervint alors. La Huntress étala devant eux d'autres plans : des croquis du quartier. Elle expliqua qu'elle avait repéré un ancien magasin presque collé au théâtre. Il était abandonné. Mettre le feu à ce bâtiment plutôt qu'au théâtre forcerait le public à l'évacuation sans pour autant risquer de perdre des vies durant l'opération. Cela éviterait l'hypothèse de ne pas maîtriser l'incendie. Raphaël fut agréablement surpris par cette proposition. Sa voix se dénoua soudainement:


- Mademoiselle Spencer, fit-il en se penchant vers la table basse une main sous son menton, je dois dire que je n'y aurait jamais songé...Votre plan me paraît des plus brillants. Milte & Co...oui...maintenant que vous le dites...C'est une excellente idée!

Sarah Spencer venait d'illuminer le visage fermé de Raphaël. Lui qui commençait à désespérer de leur situation, voyait maintenant apparaître des raies de lumière au milieu du ciel sombre qui entourait son âme. Ils avaient une chance! Et les idées ne manqueraient pas.
Mais ils n'eurent pas le temps de tous s'exprimer quant à cette nouvelle propositions. La sonnette retentit fortement dans le manoir. Raphaël sursauta presque. C'était forcément Stan !


- Je m'en occupe, fit-il en se levant d'un air soudainement redevenu mélancolique et dur.

Il jeta un regard à Eulalia et descendit rapidement les escaliers laissant les Hunters entre-eux. Pendant sa descente, Raphaël s'embrouillait dans un méandre de questions. Fallait-il expliquer à Stan sa véritable nature maintenant ? Le laisser en dehors de la confidence n'était plus possible. Mais comment le prendrait-il ? Il pouvait aussi bien réagir aussi violemment qu'Alexender. Rien ne leur disait qu'il ne l'abattrait pas à vue dès lors qu'il aurait appris sa véritable nature.
Mais Raphaël souhaitait maintenant jouer le tout pour le tout. Il n'avait plus le temps de réfléchir, sa main était déjà posée sur la poignée de sa demeure.
Une fois la porte ouverte, le Vampire se trouva face à face avec le Hunter. Oui, c'était bien Stan. Il était très en retard mais leur alliance nécessitait beaucoup de préparatifs, nul ne pouvait le lui reprocher.


- Bonsoir, fit Raphaël en esquissant une courbette polie. Entrez Stan, nous vous attendions. Les autres sont déjà là depuis un moment...

Lorsqu'il eut refermée la porte, Raphaël arrêta le Hunter afin de l'empêcher de monter immédiatement à l'étage.

- Permettez que je vous dises quelques mots en tête à tête...

Éloignant le Hunter de l'escalier, il l'entraîna avec lui dans la pièce d'à côté transformée en infirmerie provisoire.

- Comme vous le voyez, nous avons nettoyé en partie l'ancienne salle à manger pour en faire notre infirmerie. Tout est déjà en place. Sieur Von Ravellow nous a ramené des vivres et du matériel de soin avec l'aide de ses deux domestiques. Elles resteront d'ailleurs au manoir avec miss Grey pour nous recueillir si besoin est. Une partie de la nourriture restera en bas dans ces deux caisses, les reste, les autres caisses, sont déjà à l'étage.

Raphaël montra au Hunter les deux matelas et les caisses de provisions installées à côté des multiples caisses de produits et bandelettes installées-là pour les soins éventuels.

- Je dois également vous informer de quelques changements dans notre alliance...

Son ton c'était gravement assombrit et il avait baissé la voix. Le Vampire déglutit. Comment lui annoncer sa nature sans provoquer sa colère ? Trop remué par les événements, il se permit de s'asseoir sur un des matelas. Tête baissée, mains jointes sur ses genoux, il soupira.

- Stan, vous avez le droit de savoir...Un accident s'est produit pendant votre absence...et...j'en suis le responsable.

Comment lui dire ? Stan s'attendait certainement à un blessé dans l'escalier ou au pire à des fuites d'informations par rapport au Comte mais certainement pas à sa nature vampirique ! L’enjeu était énorme. Stan était-il de ceux qui tirent sans réfléchir ? Était-il aussi expéditeur qu'Alexender ? Raphaël allait le voir à l'instant. Un coup de feu allait peut-être à nouveau résonner dans le manoir...

- Eulalia est arrivée la première...

C'était difficile. Il lui fallait trouver ses mots, tenter d'atténuer le choc de l'information. Mais comment expliquer que cet accident gravissime puisse être relégué au second plan par rapport à leur mission ?

- Savez-vous...continua-t-il en laissant sa première phrase en suspens, que certains Vampires ne sont pas aussi mauvais que ce que l'on croit ? Je veux dire...que certains ne cherchent pas à nuire à l'humanité mais bien au contraire à s'en détacher pour mieux la protéger?

Son regard de glace se posa dans les yeux vifs du Hunter. Raphaël hésita encore. Il se sentait comme emprisonné dans un confessionnal. Avouer sa nature et son acte lui coûtait beaucoup. Mais il finit pas se lancer, dévoilant tout d'un seul mouvement sans laisser une seule zone d'ombre. Son choix était d'être sincère avec ses partenaires dussent-ils mettre un terme à sa vie sur un coup de tête. Finalement, sa mission n'aurait de sens que s'il ne devait pas lutter contre leurs choix. Il souhaitait vivre, il souhaitait combattre le Comte, il voulait prouver à Dieu que s'il lui avait laissé la vie à travers la colère d'Alexender c'était pour qu'il puisse le servir sans faille mais s'il devait mourir avant de commencer le combat, ce serait aussi un choix de Dieu. Il devait se lancer et avoir al foi! Stan serait le dernier à convaincre de l'utilité de cette alliance.

- Je suis un Vampire, Stan, et...j'ai mordu Eulalia. Mais je ne l'ai pas tuée. J'ai été entraîné malgré-moi dans cet acte...Mon but est d'éliminer tout ceux de ma race, je n'ai aucune pitié pour ces créatures infernales et je me considère moi-même comme une aberration bonne à exterminer sans sommation. Le ton du Vampire était rauque et grave. Il s'en voulait et il se retrouvait dans une position extrêmement délicate. Si votre choix est de m'achever, allez-y, mais sachez que nous sommes arrivé à un accord tremblant, Eulalia, Alexender, sa compagne et moi. Mon rêve en cette heure est véritablement de tuer le Comte pour aider Sarah et me venger des Vampires qui ont pourrit mon existence à jamais. Je n'ai aucune raison de vous attaquer, d'autant que je me suis toujours refusé à boire le sang des vôtres, et ce depuis ma transformation. Mais ce soir, j'ai fais une erreur. Une horrible erreur. Eulalia a accepté de se laisser mordre, je n'ai pas pu résister à la tentation...Je suis un faible qui vient de commettre l'irréparable.

La tête baissée, le Vampire commençait à trembler. Sa nature le répugnait. Devoir ainsi s'expliquer le tuait. Mais il continua. Il ne voulait pas laisser Stan dans l'ignorance. Son but était de s'en faire un allié, il devait répondre de son acte et lui assurer sa collaboration.

- Mais je suis aussi une personne de parole. Je n'ai jamais souhaité la blesser. Mon ermitage m'a malheureusement créé une faiblesse par rapport aux Hommes. J'ai toujours fuit les vôtres que j'admire pour ma nature passée et pour vos capacités d'adaptation. Résultat, en votre présence, j'ai été déstabilisé. Je n'ai pas l'habitude de recevoir des Humains dans mon manoir. Vous l'aurez remarqué...Vivre reclus m'a toujours permis d'éviter ce genre d'accident...

Son regard se voila un peu puis il devint plus ferme à mesure qu'il se levait pour faire face au Hunter.

- Croyez-moi...Luttons côtes à côtes le temps de vaincre le Comte, laissons de côté cette nature qui me scie l'estomac et sortons les armes ensemble. Je ne vous demande pas de m'accorder toute votre confiance, au contraire, je vous serais même gré de rester méfiant par rapport à moi et de vous tenir prêt à m'éliminer si je devenais dangereux. Tout ce que je vous demande, c'est de m'accorder le temps nécessaire pour remplir cette mission.

Les choses étaient posées. Stan n'avait plus qu'à choisir sa position. Soit il le tuait maintenant et allait demander des comptes aux autres Hunters, soit il acceptait l'idée que la nature de Raphaël puisse leur être utile et valable dans cette mission.
Raphaël attendit que le Hunter lui réponde. Soucieux et le coeur battant, il espérait que sa franchise puisse lui être bénéfique en cet instant.


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Dernière édition par Raphaël Veneziano le Mar 7 Aoû - 20:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeMar 7 Aoû - 12:17

L'air était lourd et l'ambiance devenait écrasante. Alexender sirotait son verre sans aucun plaisir. Le vin restait le même que la veille : il était bon, sucré et doux. Mais le Hunter avait désormais une nouvelle vision des choses, une vision plus sombre, une vision plus terne, et la boisson accompagnait la noirceur de ses pensées. Lui qui était venu chercher de l'aide pour vaincre le mal, il se retrouvait maintenant confronté à ce dernier au sein même de ses alliés potentiels. Il devait faire face à un choix qui le torturait : accepter l'alliance avec un Vampire ou tout achever maintenant. Fallait-il prendre le risque de se faire poignarder dans le dos ? Pouvait-il faire confiance à cet être au moins le temps de coincer le Comte ? Jusqu'à quel degrés Raphaël était-il sincère ?
Eulalia était sa première victime. Comment croire qu'elle s'était proposée d'elle-même pour devenir son Calice ? Pourquoi ferait-elle une chose pareille seulement un jour après leur rencontre ? Il était évident que Raphaël l'avait manipulée. C'était inacceptable ! L'abattre restait la meilleur solution.
Son regard belliqueux, ses paroles suicidaires pleine de rage et de provocation...pouvait-il donc laisser passer cela sans rien dire ? Il avait menacé le Vampire, il s'était laissé fléchir par des voix de femmes et se retrouvait maintenant assis dans un fauteuil non loin de lui...Quelle situation ridicule !

Alexender n'éprouvait désormais que de la haine envers Raohaël. Rien ne pouvait faire pencher la balance dans son sens. Il avait attaqué Eulalia, il l’avait envoûtée, Sarah s'était interposée, c'était elle qui en avait subit les conséquences, rien n'allait plus. Cette alliance était stérile, du moins pour lui. Il regrettait maintenant de n'avoir pas tiré lorsqu'il l'avait eu en pleine ligne de mire.

"Et si tu crois encore que Raphaël représente une menace. Dis-toi ceci : Ce n’est pas lui qui a mon sang sur les mains ce soir..."
Sarah avait clairement choisit son camp, et cela lui broyait l'estomac. Comment une simple intervention sur le pont de Londres avait-elle pu l'hypnotiser à ce point ? D'ailleurs, Alexender avait bien comprit que c'était face au Comte qu'ils avaient ''combattu'' ensemble. Raphaël avait peut-être déjà ses envies de vengeance ancrées en lui ! Rien ne pouvait prouver qu'il avait aidé Sarah pour elle-même. Peut-être qu'il n'était venu que pour le Comte...

''Sachez que vous n’aurez pas à tuer Messire Veneziano. Je m’en chargerai personnellement. Mes sentiments ne m’arrêteront pas.''
Eulalia avait décidé de l'aimer et de le surveiller. Son cœur aurait raison de sa volonté...c'était certain. Jamais elle ne pourrait lever une arme vers le Vampire. Elle était sous sa domination.

A quoi jouaient donc ces femmes ? Toutes deux défendaient Raphaël sans se rendre compte que son charme vampirique faisait office d'arme ! Aucune ne se préoccupait de cette morsure qui aurait pu s'avérer fatale ! Alexender, lui, avait vu le Vampire boire goulûment au cou d'Eulalia. Cette vision ne le quittait plus. Il avait vu ses crocs ensanglantés luire à la lumière du soir, dans ce jardin mortuaire laissé à l'abandon. Comment pouvaient-elles être aussi naïves ? Il avait eu soif, il s'était servi et quand bien même voulait-il la peau du Comte, pourquoi ne les condamnerait-il pas une fois la mission achevée ? Il avait besoin d'eux pour sa petite vengeance personnelle, mais avaient-ils, eux, besoin de lui ? Alexender en doutait fortement.

Ce que redoutait le plus le Hunter, c'était que ce Vampire soit en réalité un infiltré du Comte qui n'attendait que le moment propice pour les coincer. Il avait trouvé que Raphaël avait accepté bien vite sa proposition d'alliance. Alexender avait peur pour Sarah. Et si le Comte savait désormais qu'il était vivant ? N'était-ce pas un piège pour les coincer tous en même temps ? Comment savoir ? Raphaël avait eu une journée entière pour informer le lord de leurs petits plans. Les Vampires avaient de multiples moyens de communiquer. Lui faire confiance était bien trop dangereux !

Les jambes croisées, une main sur le manche de son katana appuyé contre son fauteuil, Alexender surveillait Raphaël. Ce dernier semblait lui aussi plongé dans ses pensées. Il restait silencieux, regardant de temps à autre Eulalia. Le Hunter aux cheveux flamboyant n'attendait qu'un geste mal intentionné pour se lever. Sa lame d'argent saurait lui faire comprendre ce qu'il en coûtait aux créatures qui osaient se mettre en travers de sa route. Ils avaient été bien trop naïfs de se regrouper ici, dans ce manoir délabré. C'était l'endroit idéal pour les piéger. Alexender ruminait. Et s'il n'était pas intervenu...que serait-il advenu d'Eulalia ? Il n'osait l'imaginer. Et Stan qui tardait...Ce n'était pas pour le rassurer.

Le silence fut brisé par la jeune soigneuse. Alexender l'écouta, attentif à sa voix, son timbre, ses mains. Il veillait à son comportement. Peut-être était-elle sous l'emprise du Vampire ? Que pouvaient-ils en savoir après tout ? Mais si Eulalia paraissait quelque peu fatiguée, elle ne semblait pas mal en point. Elle exposa, sur les plans ramenés par Sarah, la position exacte de ses parents et les endroits stratégiques de l'édifice. Oui, il fallait tout de même songer à s'organiser. Mais Alexender commençait à établir des rêves d'assassinats avant la mission. S'il devait éliminer Raphaël pour leur assurer la sécurité e leurs informations, il se ferait une joie de lui plonger son katana dans le cœur.
Eulalia était ferme. Elle voulait faire avancer les choses et c'était tout à son honneur. Mais Alexender plongeait à nouveau dans ses envies de chasse personnelle. Non seulement il se sentait d'humeur à anéantir Raphaël, là, maintenant, mais en plus la cruelle défaite dans les égouts lui restait tellement en travers de la gorge qu'il était prêt à retourner faire face au Comte, seul. Il n'avait jamais travaillé en équipe. Il c'était débarrassé seul des Vampires de son domaine natal à seulement 19 ans ! Il était revenu pour lutter à Londres sans autre soutient que celui du discret Gaspard de Sorel, son ami Lycanthrope qui le récupérait souvent dans un état lamentable. Pourquoi se liguer maintenant ? N'était-il pas à la hauteur de la tâche ? Non...et il le savait. Cette alliance était clairement de circonstance. Son impuissance l'énervait au possible.

Sarah prit alors la parole. Ce qu'elle avança surpris tout le monde. Elle pouvait maîtriser en partie l'incendie, c'était une bonne chose, mais surtout elle venait de donner la solution à ce dernier : inutile d'incendier le théâtre même, c'était trop risqué, ils pouvaient simplement faire flamber le bâtiment d'à côté pour forcer une évacuation saine et sécurisée. C'était une merveilleuse idée ! Milte & Co était un magasin abandonné depuis des lustres, c'était le bâtiment tout désigné pour cette opération. De plus, la garde royale, le Scotland Yard et les Vampires ne s'attendraient pas à un incendie démarré dans cet édifice désaffecté. Il suffirait de se méfier d'éventuels gardiens nocturnes dans les environs, particulièrement sur les toits et l'affaire était jouée.
Alexender ne pu s'empêcher de poser ses yeux d'ambre sur son amie tandis que Raphaël la félicitait pour son idée. Un pâle sourire lui étira la bouche le temps d'une seconde avant qu'il ne détourne à nouveaux son regard.

Même si elle s'opposait à lui quant à la personne de Raphaël, même si sa colère en partie injustifiée lui avait valu une gifle, le Hunter l'aimait. En cet instant, il ne pouvait plus le montrer à cause de la situation et de sa rancoeur, mais il savait au fond de lui que leurs différents finiraient par mourir sous leurs baisers. Il l'espérait de toute son âme.

La sonnette retentit. Alexender se crispa. Stan arrivait enfin ! Il voulu se lever pour aller l’accueillir mais Raphaël se leva avant lui. Vexé, le Hunter aux cheveux roux grogna tandis qu'il sentait la main de Sarah se poser sur son genoux :


- Vas-y mais si jamais tu t'en prends à lui je descends te faire avaler tes crocs...

Il n'avait pas pu s'en empêcher. La menace était sortie toute seule. L'idée de laisser le Vampire seul à seul avec l'un d'entre-eux ne lui plaisait pas du tout. Il faudrait l'éviter à l'avenir.
Une fois Raphaël parti, Alexender ramena ses yeux brûlants dans ceux de Sarah, sans se préoccuper de sa main posée sur lui.


- Je veux bien collaborer le temps de voir à quel moment il va nous trahir, mais je refuse de te laisser, ne serait-ce qu'une minute, seule avec lui. J'espère que tu le comprends bien.

Son regard était dur. Il ne voulait plus être contredit. Si les deux jeunes femmes voulaient conserver Raphaël dans leurs rang, elles avaient plutôt intérêt à aller dans son sens. Si la défense de leur vie passait au second plan, Alexender abattrait le Vampire sans remord.

- Je veux que l'on reste tous très prudents. Continua-t-il d'un air morne en jetant un regard à Eulalia et à ses domestiques qui amenaient maintenant sur la table basse leurs plateaux chargés de thé, biscuits et fruits. Puis il replongea son regard dans celui de Sarah. Si tu refuses de comprendre, alors j'agirais à ma façon.

Le Hunter était ferme. Il refusait tout simplement de faire équipe avec le Vampire s'il sentait que c'était lui qui dirigeait les opérations.

- Tu pourras me gifler autant de fois que tu le voudras, Sarah, cela ne m'enlèvera pas mes griefs. Jamais je n'aurais tiré sur toi s'il n'avait pas mordu Eulalia. Tous ces soucis n'ont qu'une seule source...

Écartant les jambes, le Hunter laissa son verre sur la table basse et posa ses coudes sur ses genoux pour se prendre la tête dans les mains. Il soupira longuement en s'ébouriffant un peu les cheveux puis il attendit, écoutant chaque mouvements perceptibles venant d'en bas.
Si Stan criait, si le moindre bruit suspect venait du rez-de-chaussée, il sortirait à nouveau son Bloddy Rose. Prudence est mère de vertu. Jusque là il ne l'avait pas été assez. Eulalia en payait le prix et cela le retournait profondément.

Au bout de quelques minutes, le Hunter se leva. Raphaël et Stan mettaient bien trop de temps. Le silence l'inquiétait. Suzanne et Marguerite s'étaient assises sur des chaises non loin de lui. Elles lui jetèrent un regard perturbé. Les deux jeunes femmes reconnaissaient l'air mélancolique de leur maître. C'était cet air qui le rendait souvent incontrôlable et surtout inconsolable.
Alexender saisit son katana et se dirigea d'un pas ferme vers l'escalier.


- Est-ce vous Stan ? Demanda-t-il d'une voix forte vers l'ombre du rez-de-chaussée.

Le Hunter commença à descendre une marche, puis deux.


- Tout va bien ?

Il était prêt à descendre en trombe pour porter secours à Stan.


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Stan Calder
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeVen 10 Aoû - 13:07

Les yeux perdus dans le vague, Stan repensait à la journée qui venait de s’écouler. D’ordinaire, il parvenait à faire abstraction de ses ennuis quand il devait se concentrer sur une future chasse. Mais il s’inquiétait un peu trop pour sa famille en ce moment. Il savait que son père risquait de mourir, même si l’argent permettrait de bien le soigner. Si cela se produisait, que deviendraient ses sœurs. Elles gagnaient leur vie, mais elles n’avaient que 16 et 17 ans. Ses frères étaient plus âgés, ils avaient plus d’expérience. Depuis qu’ils travaillaient sur les docks avec leur père, ils gagnaient mieux leur vie.

*Non, tout va bien se passer. S’il arrive malheur au père, ils veilleront sur Jane et Melly. Ils s’entendent très bien avec elles, ils ne les abandonneront pas…*

Plongé dans ses pensées, le Hunter releva brusquement la tête quand la porte s’ouvrit. Raphaël lui faisait face en lui souhaitant la bienvenue.

- Bonsoir, répondit-il d’une voix froide, le visage crispé.

Stan entra dans la maison et fit quelques pas vers les escaliers. Ses collègues se trouvaient sans doute à l’étage, là où ils avaient discuté de leurs plans la veille. Cependant, la voix de son hôte l’arrêta. En dépit de sa surprise, le jeune homme le suivit sans faire de remarque. A première vue, le propriétaire des lieux souhaitait juste lui montrer les derniers aménagements du manoir.


- C’est bien pensé. Ainsi, il sera possible de soigner les blessés plus rapidement.

Le Hunter tenta de se montrer intéressé, mais sa voix le trahissait. Tout cela lui paraissait si futile vis-à-vis de ce qu’ils allaient affronter. Il reconnaissait l’utilité de tout ce matériel, sans pour autant s’estimer concerné. Pourtant, il n’était pas le seul à se sentir mal à l’aise. Soudain, la voix de Raphaël devint grave, tendue. Apparemment, il avait quelque chose d’important à lui annoncer.

- Je vous écoute, ajouta-t-il en le regardant fixement.

Un changement… Que pouvait-il lui avouer, à part la fin de leur association ? Le Hunter trouverait cela dommage, alors que l’opération s’engageait bien. Après tout, il avait toujours exterminer seul jusqu’à maintenant. Cependant, l’hésitation de son interlocuteur lui parut de mauvais augure.


*Il est arrivé quelque chose à Eulalia ? Pourquoi diable met-il autant de temps à cracher le morceau ?*

Il leva un sourcil quand Raphaël lui parla de la nature douce et compatissante de certains vampires. D’accord, il existait des bêbêtes gentilles, ce qui n’avait aucun intérêt. Il ne risquait pas de tuer les vampires pacifiques, car il n’apprenait l’existence d’une créature que si celle-ci s’attaquait aux humains. Il allait le lui dire, mais quand il entendit la suite…

- C’est une plaisanterie ?

Pendant quelques instants, Stan ne réagit pas. Il devait rêver, ce n’était pas possible… Il lui fallut plusieurs secondes avant que le flot de paroles ne parvienne à son cerveau. D’un seul coup, il comprit la gravité de sa situation. Il se trouvait seul, sans arme à la main, à moins d’un mètre d’un vampire ! Un vampire ! Il s’était fait avoir comme un débutant ! Mais il n’allait pas se laisser dévorer sans rien dire, bien au contraire ! Au moment où Raphaël lui annonça qu’Eulalia avait accepté d’être mordue, Stan recula brusquement et plongea la main dans sa veste. Il en sortit un bloody rose chargé qu’il pointa en direction de son adversaire. Cependant, il ne fit pas usage de son pistolet.

- Je vous laisse terminer vos explications avant de prendre une décision, répondit-il d’un ton sec.

Le Hunter ne quitta pas des yeux Raphaël, tandis que celui-ci cherchait à s’expliquer. Il ne dit pas un mot et garda l’immobilité d’une statue. Il savait qu’une réaction impulsive et irréfléchie risquait de lui coûter cher. Il se sentait tendu, prêt à attaquer au moindre geste suspect. Sans doute ferait-il mieux de tirer tout de suite d’ailleurs… Pourtant, il hésitait encore. Si leur hôte voulait réellement les aider, et non les entasser dans son garde-manger comme tout monstre digne de ce nom, il serait stupide de le tuer. Qui mieux qu’un vampire pouvait connaître les créatures à longues dents ?

*Quand même, s’allier avec une de ces sales bêtes…*

D’un autre côté, le terme alliance faisait rarement partie du vocabulaire de Stan. S’il se souciait beaucoup de sa famille, il préférait garder des relations distantes avec les gens qu’il approchait. Se méfier de tous lui avait permis de rester en vie jusqu’à maintenant, alors qu’il menait une existence plutôt dangereuse. De plus, c’était la meilleure solution pour protéger ses frères et sœurs. On aurait pu s’en prendre à eux en cherchant à l’atteindre, ce que le Hunter ne se serait jamais pardonné.

Lorsque Raphaël se tut, Stan resta silencieux, immobile, toujours aussi menaçant. La pièce resta plongée dans un lourd silence, sans que le jeune homme ne cherche à le rompre. Soudain, la voix d’Alexender retentit à l’étage.


- Tout va bien ! Cria Stan. On arrive.

Le jeune homme baissa lentement son arme et la rangea dans sa veste.

- Je vois que vous n’avez pas supprimé tout le monde, ajouta-t-il d’une voix calme. Je suppose que vous faites partie des bons Samaritains à longues dents.

Stan se dirigea vers la porte, s’apprêta à sortir de la pièce, hésita, avant de se tourner vers Raphaël.

- Autant vous prévenir tout de suite, je n’ai aucun de vos prétendus principes. Seule l’efficacité m’intéresse. Tant que vous me laisserez tranquille, j’en ferai de même. Mais si quelqu’un cherche à s’en prendre à moi, que ce soit vous, nos chers collègues ou n’importe qui d’autre, je n’hésiterai pas à frapper. Je ne fais confiance à personne, car c’est la meilleure façon que j’ai trouvée de rester en vie.

Selon lui, c’était aussi la seule manière de tenir sa famille à l’écart de son existence dangereuse. Evidemment, il garda cette pensée pour lui. Il voulait juste que Raphaël sache à quoi s’en tenir sur son compte. Avec un peu de chance, cela l’inciterait à se contrôler mieux que ce matin. Le Hunter n’éprouverait guère de remords à tuer le vampire. Cependant, il trouverait regrettable de renoncer à un outil utile. Une fois ces précisions données, Stan sortit de la pièce et se dirigea vers les escaliers. Il y avait encore beaucoup de choses à régler et il n’avait pas de temps à perdre. Le jeune homme n’était pas trop convaincu par leur plan d’attaque pour l’instant. Mais il supposa que ses collègues avaient déjà rediscuté de la question.


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Raphaël Veneziano
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Aoû - 11:39

Un second Bloody Rose pointé sur sa poitrine...Raphaël devrait s'y habituer s'il voulait collaborer avec des Hunters. Ainsi Stan avait-il mit un peu de temps à réagir à l'annonce de sa nature mais, comme Alexender, il avait amené le canon de son arme face à lui. La situation ne pouvait être autre s'ils voulaient tous garder un minimum de sécurité dans leurs actions. Lui-même levait volontiers son épée au moindre signe révélant la présence d'un Vampire. Pourquoi ses collègues seraient-ils différents ? Mais contrairement au rouquin, Stan ne tira pas dans l'immédiat, préférant entendre ses justifications jusqu'au bout. Il était donc moins impulsif.

Le Hunter avait ses propres problèmes et le Vampire l'avait bien vu lorsqu'il lui avait ouvert la porte. Stan n'était pas là pour le plaisir, il semblait qu'il était là presque par nécessité. D'ailleurs Raphaël s'était demandé s'il n'avait pas lui-même une véritable dent contre le Comte. Leur cachait-il sa rancoeur ? Avait-il un quelconque lien avec lui ? Son air revêche et tiré, son manque de verve qui le rendait si silencieux...Peut-être que Stan leur dissimulait une rage contenue ? Après tout, il avait accepté de venir avec eux sans justifier totalement son geste. Cette alliance partait sur d'étranges bases.
Mais Raphaël avait autre chose à faire que de songer à nouveau à l'ombre qui se terrait en chacun de ses collègues. La véritable menace, dans le groupe, était clairement devenue ses propres canines. Pourquoi suspecter les autres désormais ? C'était lui le monstre à surveiller.

Heureusement pour lui, Stan resta maître de ses émotions. Même s'il sembla d'abord surpris puis quelques peu en panique, il tenait désormais son arme braquée sur lui sans trembler.
Raphaël ne fit aucun geste particulier, se contentant de rester debout, face à lui, pour lui expliquer son point de vue sur la situation. Il voulait collaborer, tuer le Comte, sans faire d'autre victimes. Il expliqua à Stan que son but était clairement de tuer le lord et que s'ils pouvaient tous faire équipe dans ce sens c'était l'occasion ou jamais. Il demanda un sursis : juste le temps d'accomplir cette mission. C'était suffisant. Il ne demandait pas plus. Par la suite, ils pourraient le poursuivre s'ils en avaient envie, cela ne l'inquiétait pas.

La voix d'Alexender gronda en haut de l'escalier. Il s'inquiétait pour Stan. Raphaël leva les yeux au ciel. Que cet homme l'énervait ! Qu'il n'aie pas confiance était une chose, qu'il se comporte de façon aussi protectrice et vengeresse en était une autre.
Stan baissa son arme.


''Je vois que vous n’avez pas supprimé tout le monde...Je suppose que vous faites partie des bons Samaritains à longues dents.''

A cette réplique, Raphaël tiqua.

- Un bon samaritain...je ne sais pas si ce titre me sied vraiment...C'est à Dieu d'en décider...répondit-il dans un murmure blasé. Mais si j'avais voulu vous éliminer, je n'aurai pas attendu ce soir. J'ai eu bien l'occasion de vous tuer...

C'était on ne peut plus vrai. Raphaël aurait pu laisser Eulalia crever sur le pavé, il aurait pu saigner Alexender et Stan dans la ruelle où était morte la Vampire, il aurait pu les coincer la veille dans son manoir, achever Eulalia à son retour alors qu'elle lui annonçait qu'elle avait découvert sa nature, il aurait pu les avoir tous, un par un, à cette réunion. Pourquoi aurait-il attendu ? Et pourquoi annoncerait-il ainsi à Stan sa nature en risquant sa vie ? Le jeu de certains Vampire pouvait bien aller jusque là, mais c'était un risque si grand, surtout pour un Vampire de son âge, qu'il était finalement peu courant. Beaucoup de créatures de la nuit tuaient sans élaborer de pièges machiavéliques. Ils aimaient trop obtenir rapidement ce qu'ils désiraient pour s'adonner à pareille plaisanterie.

Stan rangea son arme. Il avait fait le choix d'accepter sa nature. Il était clairement moins belliqueux qu'Alexender et sa conception des créatures de la nuit différait quelque peu de celle du rouquin. Il lui exposa alors son point de vue sur leur alliance. Pour lui, la confiance ne pouvait s'accorder à personne. Il se méfierait autant de lui et de sa nature vampirique que des autres. Raphaël perçu la menace sous-jacente mais surtout le côté solitaire de l'homme qu'il avait devant lui. C'était comme une condition sine qua non des Hunters : la solitude dans la chasse, l'indépendance dans les méthodes employées, la méfiance inaliénable à leur métier. Oui, Stan avait raison : dans pareil environnement, il était bon de ne faire confiance qu'à soi-même.


- Je vous suis gré de votre aide dans l'entreprise qui est la nôtre, Stan. Je ne vous demanderai jamais plus qu'un appui dans cette affaire. La confiance, je ne peux la réclamer de personne, surtout pas d'Humains qui chassent comme moi ceux de ma race maudite...

Sur ces mots, il laissa le Hunter passer devant lui et monta l'escalier jusqu'au salon. Arrivé en haut des marches, Raphaël fit un geste de la main pour indiquer à Stan les chaises qu'il restait près de la cheminée au loin.

- Prenez une chaise et servez-vous du vin si vous le désirez. Les domestiques d'Alexender ont préparé du thé si vous préférez.

Le Vampire laissa Stan s'éloigner et se retrouva alors à la hauteur d'Alexender. Il le dévisagea avec un regard noir. Ses yeux de glace glissèrent le long de son bras armé jusqu'à tomber sur la lame argentée de son katana.

- Vous devriez ranger cela, Monsieur Von Ravellow. Lui fit-il sèchement avant de continuer sa route.

Il avait encore en tête les paroles belliqueuse du Hunter. Lui faire ravaler ses crocs ? S'il se croyait à la hauteur de ses pouvoirs et de sa force...c'était un bel orgueilleux...
Mais Raphaël ne comptait pas déclencher une bataille. Son but était de poursuivre sa route, seul, après cette mission. Il voulait leur prouver qu'il était digne de confiance et que lever les armes contre lui n'était qu'une stupidité. Même s'il comprenait que l'on puisse tuer à vue ceux de sa race, il considérait qu'il y avait tout de même un certain recul à avoir lorsque le dialogue entrait en jeu.

Enfin rassit sur une chaise, Raphaël attrapa la cape noire qu'Eulalia lui avait confectionnée.


- Monsieur...? Enfin Stan... Fit-il au Hunter fraichement arrivé. Voici un exemplaire des capes confectionnées par Miss Grey. Nous en avons chacun une. Il faudra que vous essayiez la vôtre.

Raphaël déplia la cape et la montra ainsi au Hunter sous toutes ses coutures avant de jeter un regard à Eulalia.

- C'est une bonne couturière.

Puis il reposa la cape sur le tapis près de sa chaise avant de croiser les bras.

- Au niveau de nos plans, la donne a changé. Non seulement nous pensons désormais que la présence de la reine, des Vampires et du Scotland Yard ne nous permettrait pas d'allumer un incendie assez maîtrisé pour éviter de se faire pincer, mais en plus la présence de la famille de Miss Grey, ainsi que celle de Miss Spencer pourraient être mieux exploitées.

Raphaël se pencha sur les plans du théâtre et indiqua à Stan les places qui seraient occupées par les jeunes femmes ainsi que les fameux points stratégiques déterminés par Eulalia.

- Ici se trouvera certainement la reine, dans une tribune officielle, nos deux amies seront certainement sur le par-terre ou au premier étage...Ici le balcon donne pleine vue sur la scène et une partie des coulisses de droite, là de gauche...

Puis il prit en main le plan du quartier pour montrer à Stan le vieux bâtiment de Milte & Co.

- Voyez ici, les anciens locaux de Milte & Co. Notre chère amie, Sarah Spencer, vient de nous faire part d'une idée lumineuse. Si nous brûlons ce bâtiment abandonné, plutôt que le théâtre directement, l'évacuation sera nécessairement menée à cause de la proximité de ce bâtiment. Ainsi, nous ne risquerons pas de blesser le public. Qu'en pensez-vous ? Pour ma part, je suis pour cette option. Mettre le feu à cet édifice créerait la diversion parfaite pour entrer dans le théâtre. Le public serait évacué sans danger et nous pourrions tomber sur le Comte plus facilement, en partant bien entendu du principe que Scotland Yard se mette à gérer la foule et la reine, tandis que les Vampires iraient voir en partie voir ce qui se passe du côté de l'incendie.

Raphaël venait ainsi de faire un résumé de leur nouveau plan à Stan. Il était plus ingénieux, c'était évident. Mais cela restait toujours risqué pour eux-mêmes.

- Autre chose...fit-il en se redressant sur sa chaise. Il faut que vous sachiez tous...

Oui il le fallait, c'était vital pour eux.

- Ma...nature...me confère une aura spéciale qui est malheureusement détectable par les Vampires...Et je ne sais pas la dissimuler...

C'était une faiblesse soulevée par Eulalia, sans elle il n'y aurait pas songé et tout aurait été établi en vain. Maintenant, même si cela l'énervait, il fallait composer avec.
Les poings serrés, il continua donc 
:

- Je ne peux donc pas approcher du théâtre avant que l'incendie n'aie jeté le public et les Vampires dans la confusion. On me détecterait aussitôt et notre plan tomberait à l'eau. Je me propose donc pour allumer l'incendie chez Milte & Co.

Le regard de Raphaël était plein de convictions.

- Pendant que le père de Miss Grey ainsi que Miss Spencer seront au centre du théâtre prêts à réagir, vous pourrez, vous Monsieur Calder, et vous Monsieur Von Ravellow, vous préparer à entrer dans l'édifice pour coincer le Comte. Le mieux serait que vous passiez par les coulisses pendant que Monsieur Grey et Miss Spencer passerons par les gradins et la scène. Cela vous permettrait d'encercler le Comte. De mon côté, je peux éliminer quelques gardiens sur les toits et me rendre à Milte & Co pour déclencher l'incendie. Mon aura reste faible. Je ne suis pas certain que le Comte me détecte à cette distance, surtout s'il est concentré sur sa pièce. Au pire, les Vampires qui gardent l'endroit seront attirés par elle et vous pourrez ainsi passer plus aisément au moment de l'évacuation. Il n'y aura que le Scotland Yard qui posera véritablement problème à votre infiltration.

Leur mission restait risquée. Même si le public et la reine seraient évacués, même si la présence du Scotland Yard empêcherait certainement que les Vampires ne se déchaînent aussitôt, et même si l'incendie allait leur permettre de s'infiltrer dans le théâtre, Raphaël n'était pas assez naïf pour imaginer que le Comte n'avait pas prévu quelques Vampires de sa garde personnelle pour surveiller les lieux. Ils ne seraient jamais assez forts et ils allaient devoir compter sur la chance, en plus de leurs capacités. Finalement, Raphaël priait pour que les Hunters soient forts. Il avait eu un petit aperçu de leur force contre la Vampire du Queen's Head mais il ne les connaissait pas assez pour être certains de leur force.

- J'espère que vous êtes entraînés, fit-il aux deux hommes. Car si moi je ne crains guère les blessures autres que celles du feu ou de l'argent, vous êtes bien plus fragiles. Notez également qu'il n'y a que le Comte qui aie le droit de me tuer...à moins qu'il n'y aie d'autres Vampires de son âge. Car chez les Vampires, l'assassinat d'un autre Vampire est considéré comme un crime, sauf s'il est réalisé par les plus vieux. Je ne peux qu'être torturé...

En soit, Raphaël avait tellement d'avantages dans la bataille qui se dessinait qu'il regrettait presque de ne pas pouvoir en faire profiter les autres. Maintenant qu'il y songeait, il risquerait sa peau, certes, mais pas dans l'immédiat à moins que les disciples du Comte ne franchissent l'interdiction.
Évidemment, il ne s'attendait pas au déploiement de force qu'allait montrer le Vampire. La situation serait bien plus critique que ce qu'il imaginait maintenant.


- Nous avons capes noires à capuches, armes et masques. Nous aurons l'aide précieuse d'Eulalia et des domestiques de Monsieur Von Ravellow si jamais nous devions essuyer des difficultés...

Le plan se dessinait maintenant dans son ensemble. Il n'y avait plus qu'à agir si tout le monde était d'accord. Leurs avantages resteraient celui de la surprise, de la présence de deux Hunters à l'intérieur, de la confusion de l'incendie et de son aura qui agirait comme un aimant pour limiter la présence des Vampires au théâtre.

- Je n'ai rien à ajouter. Je considère toujours cette opération comme un suicide, en partie, mais j'ai la conviction que nous pouvons tout de même réussir à les surprendre et à tirer notre épingle du jeu.


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Dernière édition par Raphaël Veneziano le Ven 24 Aoû - 13:19, édité 1 fois
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Eulalia Grey
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeVen 24 Aoû - 12:15

Eulalia essayait autant que faire se pouvait de ramener les hommes sur l’objectif premier de leur réunion mais c’était loin d’être une partie de plaisir. L’ambiance lourde qui pesait sur leurs épaules devenait vraiment insupportable. Mais comment voulait-elle, après ce qui venait de se passer, que les quatre jeunes gens se mettent à parler stratégie dans l’entente la plus parfaite ? C’était tout bonnement impossible et le simple fait d’espérer cela relevait de la naïveté la plus profonde. La jeune femme se retint de soupirer. C’était en grande partie de sa faute, ça, elle le reconnaissait, mais Alexender ne faisait rien pour arranger la situation. En cet instant, il lui paraissait orgueilleux et belliqueux au possible. Il ne comprenait rien ! Il n’écoutait personne, même pas sa propre amante ! Etait-il jaloux ? En voulait-il à Raphaël uniquement pour sa nature ou bien parce que la femme qu’il aimait avait prit la défense du vampire envers et contre tout ? C’était fort probable… En tout cas, il restait un véritable calvaire pour toutes les personnes présentes dans le petit salon. En cette heure, si la situation n’avait pas été aussi critique, elle l’aurait volontiers gourmandé pour son manque de jugeote.

Assise dans son fauteuil, attendant que quelqu’un prenne la parole, n’osant pas le faire elle-même, elle sentait le regard de Raphaël se poser sur elle de temps à autre. Sa nuque la piquait quelque peu mais elle se retenait d’y porter la main, de peur de rappeler encore plus le tragique incident qui avait eu lieu plus tôt dans la soirée. Les mains crispées sur ses jupes, elle attendit, le regard plus ou moins perdu dans le vague. Dans quelle histoire s’était-elle embarquée ? Elle ne pouvait pas croire qu’elle était naïve et faible au point d’avoir si facilement cédé à Raphaël uniquement pour ses beaux yeux. Il avait l’air tellement sincère… Non, il ne pouvait décidément pas penser à mal. Mais si elle se trompait ? Elle était persuadée, quelques temps avant, qu’elle avait prit la bonne décision, qu’elle ne pouvait pas se fourvoyer. Et puis, le hunter roux avait semé le doute dans son esprit. Mais s’il s’avérait que son amour pour le vampire à la chevelure de neige n’était en réalité qu’une passade, un envoûtement, elle ne cesserait pas pour autant de l’aider. Une promesse était une promesse, jamais elle ne reviendrait sur sa parole.

La jeune femme ferma les yeux et repensa à l’entrée sombre, l’infirmerie tout juste agencée et le vampire en face d’elle. Elle avait soulevé le problème de son aura, problème qui s’était subitement imposé dans son esprit. Il eut l’air visiblement abattu. Il n’y avait certainement pas songé lui-même… Il baissa la tête et lui répondit dans un souffle, par la négative. Il ne le savait pas encore tout à fait… Elle se mordit la lèvre et ne bougea pas. Il lui confia que le Comte jouait avec sa vie à cause de cela. Elle n’osait même pas imaginer ce qui s’était passé au muséum. Au fond d’elle même, elle s’en voulait de ne pouvoir qu’imaginer ce que pouvait ressentir le jeune homme. Être traqué par un être aussi noir, cruel et pervers que le diable, les nerfs constamment à vif, malade et sous-alimenté… Ce fut à ce moment-là qu’elle jaugea dans toute son horreur la vie infernale que menait le vampire. C’était encore pire que ce qu’elle avait envisagé. Ses yeux bleus se posèrent dans les siens, pleins de cette compassion et de ce désir ardent de venir en aide qui la caractérisaient. Sa gorge nouée ne laissait passer aucun son, toute abasourdie qu’elle était. Ce fut alors qu’il lui prit les mains et en vint à la raison qui faisait que le Comte le détestait. Il bravait une des règles les plus importantes de sa communauté et était très jeune. A vue de nez, si on lui donnait un âge humain, il devait à peu près avoir soixante ans. Pour un vampire, c’était étonnamment jeune. Se dresser à cet âge là face au vampire parmi les vampires… Elle fut impressionnée par son courage et sa détermination. En réalité, elle ressentait même de la fierté.
Ses mains blanches serrèrent les siennes, si froides, et elle le regarda profondément, plus sérieuse que jamais.


- Dans ce cas, tu ne dois pas t’approcher du Théâtre avant que l’incendie ait été déclenché. Nos chances de vaincre sont extrêmement minces, nous ne pouvons pas nous accorder le luxe de prendre des risques inconsidérés en te faisant rentrer avec les autres. Il te sentirait automatiquement et tous vos efforts seraient réduits à néant.

Eulalia prit conscience de la dureté de ses paroles et du fait que Raphaël devait déjà se sentir coupable et frustré. Elle le serra dans ses bras un instant puis lui adressa un sourire qui se voulait rassurant, bien qu’elle doutât fortement, elle aussi, de la réussite de la mission.

- Je suis désolée… Nous trouverons une solution pour cela aussi, ne t’en fais pas. Je ne sais pas exactement comment fonctionnent les auras chez les vampires mais… Avec un peu d’entraînement, tu finiras par la contrôler. Et… Je voudrais que tu te montres prudent. Les vampires ne peuvent pas se tuer les uns les autres mais ce Comte Keï est vieux et puissant. Qui sait ce qu’il serait capable de te faire…

Ils étaient ensuite remontés et s’étaient installés dans le salon. Raphaël avait changé de chemise, ce qui n’était pas plus mal. Elle se rendit compte également que Lady Spencer avait emprunté une des chemises de l’Italien qui, au vu de la couleur, n’avait pas été portée depuis bien longtemps. S’ils voulaient collaborer dans le calme, il valait mieux écarter du vampire tout ce qui faisait penser, de près ou de loin, à du sang.

Après un moment, elle fit le premier pas et exposa les endroits les plus appropriés pour envoyer un signal à son père. Mais elle ne voyait pas de lieu adéquat pour déclencher l’incendie… Ce fut alors que l’amante d’Alexender prit la parole et leur expliqua qu’un vieux magasin depuis longtemps désaffecté se trouvait à côté du théâtre. Tout le monde trouva l’idée tout à fait excellente et, malgré elle, elle se sentit frustrée de ne pas y avoir pensé elle-même. Mais elle ne se rendait que peu dans les quartiers comme celui-ci, tous réservés plus ou moins aux hautes strates de la société londonienne. Et puis, si elle n’avait pas soulevé le problème de l’aura de Raphaël, la stratégie de l’aristocrate n’aurait pas servi à grand chose. Elle vit le visage de l’Italien s’éclairer et cela lui fit plaisir. Elle alla se rasseoir dans son fauteuil avec un sourire pour la chasseuse et sirota sa tasse de thé.
Ses yeux se fermèrent un instant et elle commença à céder à la fatigue, accentuée par l’usage de son don à deux reprises dans la soirée et de sa ponction de liquide vital.

La sonnette la tira brusquement de sa somnolence et elle se redressa en espérant que personne n’avait remarqué son accès de faiblesse. C’était sûrement Stan qui arrivait. Enfin. Raphaël se leva, sombre comme jamais, et descendit les escaliers pour l’accueillir. Quand il quitta la pièce, elle vit Sarah poser la main sur le genou du Hunter roux. Par pudeur et discrétion, elle détourna le regard, fixant la tapisserie décrépie des murs, ce qui ne l’empêcha pas d’entendre les paroles chargées de menaces proférées par Alexender. Elle eut envie de se terrer dans un trou de souris pour une bonne dizaine d’années, tant elle avait honte. Il leur intima ensuite la prudence, ne manquant pas, par la même occasion, de justifier ses actes et de clamer son bon droit dans cette affaire. Eulalia se contenta de hocher la tête et se resservit une tasse de thé, assez perturbée par le fait de se faire servir par des domestiques.

Un long moment passa. Elle pensa que le vampire devait tout raconter à Stan mais quand Alexender se leva, elle envisagea la possibilité qu’il pouvait aussi bien avoir changé d’avis et commencé à vouloir les éliminer pour retrouver la paix. Ou alors, il s’était laissé dominer par les pulsions qu’elle avait réveillées.
Elle ne pouvait y croire mais son expérience lui fit songer au fait que le risque zéro n’existait pas et n’existerai jamais.
Elle vit le Hunter s’emparer de son arme et elle décida de faire de même. La jeune femme tira prestement sa rapière, savamment dissimulée dans le fond de son grand panier et accompagna le rouquin sans un mot. Si Raphaël avait cédé à la tentation, elle honorerait sa promesse et elle le tuerait. La détermination se lisait dans ses yeux. Quand il appela les deux hommes, il y eut un temps mort durant lequel chaque muscle de son corps se tendit et où elle se prépara au pire. Et puis la voix de Stan se fit entendre. Dieu merci, il était sauf ! Un long soupir franchit les lèvres fines d’Eulalia et elle fit demi-tour pour aller se rasseoir. Quelques instants plus tard, les hommes étaient à nouveau installés, après ce qui avait failli devenir une belle altercation. La tension entre Raphaël et Alexender était palpable. D’un geste discret, elle fit glisser son arme dans le panier et fixa la table comme si de rien n’était.

L’Ange blanc donna ensuite au nouvel arrivant la cape qui lui était destinée, lâchant quelques explications et un compliment pour elle. Elle inclina la tête imperceptiblement pour le remercier et se leva pour la lui faire essayer. Les manches étaient bien trop longues mais le reste tombait juste au bon endroit. Elle sortit son fil et une aiguille et s’avança vers lui.


- Je vais vous demander de garder les bras le long du corps…

Elle s’agenouilla à nouveau car Stan était bien trop petit. Le dos penché, elle refit l’ourlet et le cousit en deux temps trois mouvements. N’importe quelle femme un tant soit peu couturière aurait vu qu’il s’agissait là d’un travail d’appoint mais elle ne pouvait pas faire mieux. Ses lunettes lui manquaient, le tissus était noir et la pièce sombre. Elle ne pouvait décemment pas faire du travail d’orfèvre. Mais les hommes n’avaient pas l’œil pour ce genre de choses. Les gens présents dans la salle n’y verraient que du feu. Elle se redressa, épousseta sa robe au niveau des genoux et laissa son ami expliquer la suite. Un bref résumé de la situation, deux ou trois détails pratiques et il en vint au problème de son aura. Il proposa alors d’incendier lui-même Milte & Co. Il n’y avait pas d’autre solution. Dans l’ensemble, le plan qui se profilait paraissait plus sûr, à présent. Mais elle avait conscience qu’ils seraient inférieurs en nombre et qu’ils n’auraient pas l’avantage du terrain. Ils pouvaient aussi bien revenir terriblement blessés que ne pas revenir du tout. Les hommes avaient toujours dans l’esprit de mourir là-bas. Elle ne pouvait pas le concevoir. Ils devaient rester en vie ! Se battre, tout essayer, tout donner, oui. Mais mourir dans l’incertitude d’emporter le Comte dans la tombe, non ! A quoi servait un guerrier une fois mort ?! Elle secoua la tête et se leva, prenant la parole.

- Nous devons maintenant parler du temps. Si nous voulons que tout se passe comme prévu, nous devons être réglés à la seconde près. Pour commencer, avez-vous tous une montre de poche ? Il faudra nous en procurer si la réponse est non. Elle marqua une pause puis survola les plans avant de s’emparer d’une feuille vierge et d’une mine de plomb qui traînaient avec le reste. Elle griffonna des mots, des flèches, des chiffres au fur et à mesure de ses explications. Les spectateurs commenceront à arriver entre huit heures et huit heures et demi. La représentation commencera à neuf heures moins le quart. Je propose de laisser un petit laps de temps pour permettre au spectacle de se dérouler, afin de capter l’attention du Comte. A neuf heures, Messire Veneziano allumera le feu chez Milte & Co. Mon père jettera un œil à la fenêtre chaque minute, jusqu’à neuf heures cinq. On ne sait pas quelles seront les conditions météorologiques, il vaut mieux prévoir un peu de temps pour permettre au feu de prendre. Si, à neuf heures six, mon père n’a toujours pas donné l’alerte, le Sieur Von Ravellow ira voir ce qui se passe dans le vieux bâtiment et pourra vérifier que le feu est bien en train d’être allumé.

Elle avait proposé cette opportunité pour rassurer le Hunter roux, lui montrer qu’il pouvait agir en cas de trahison de la part de Raphaël. Elle était presque sûre qu'il coopérerait avec plus de bonne volonté si on lui accordait des occasions de surveiller le vampire.

- Si tout se passe comme prévu, mon père commencera à faire évacuer la salle. Vous pourrez à ce moment là agir comme bon vous semble pour coincer le Comte. Soyez malgré tout très prudents, il aura à n’en pas douter des alliés parmi les acteurs, les musiciens et peut-être même dans le public. N’excluons pas la possibilité de quelques réjouissantes surprises telles que des tireurs embusqués ou autres pièges de ce genre. N’oubliez pas non plus que vous serez inférieurs en nombre. Et si à minuit précise, je n’ai pas de nouvelles de vous, je vous rejoindrai. Vous y avez certainement pensé mais je ne vous conseillerai que trop, Lady Spencer, de porter un pantalon sous votre robe et de détendre les coutures des jupes et jupons pour vous en débarrasser dans la bataille.

Voilà, tout était dit, elle ne voyait pas quoi recommander de plus. Il allait sans dire que la Huntress avait peur pour la vie de ses alliés. Elle avait également peur pour son père. Il était très heureux de pouvoir se battre à nouveau, et qui plus est, de faire face au Comte, mais Lally savait pertinemment qu’il n’était plus tout jeune et que sa force était moindre que dans le passé. Elle prierait pour eux, de toute la force de son âme.

Un claquement se fit entendre au rez de chaussée. Elle prêta l’oreille et se rendit alors compte que le vent soufflait à pierre fendre dehors. C’était sans doute un volet qui avait été mal fixé… Elle s’avança vers la porte, une bougie à la main et s’adressa aux autres.


- Je vais voir ce qui se passe. Au moindre signe suspect, je donne l’alerte.

Elle disparut sans plus attendre et descendit les escaliers vermoulus avec précaution. Son souffle s’était fait plus profond et une goutte de transpiration courut sur sa tempe.
Il faisait noir, très noir... et on n’y voyait pas à vingt centimètres devant soi. Eulalia gardait une main posée sur le mur, pour ne pas se perdre. Et s’ils avaient été découverts ? Si un vampire avait pénétré dans la maison ? Si... Si Raphaël les avait trahis et avait demandé de l'aide pour les réduire au silence une bonne fois pour toute ? Depuis le moment où elle lui avait avoué son secret, elle n'était pas restée tout le temps à ses côtés. S'il avait profité d'un temps mort pour envoyer un message ? Son cœur cessa un instant de battre et elle sentait ses jambes flancher sous elle. Non, c'était impossible. Cela ne pouvait pas se passer comme ça. Elle ne voulait pas.

Lally arriva enfin à l’infirmerie et s’empressa d’y allumer la lumière. Rien. Personne n’était entré. Un volet pendait, agité par les violents courants d'air. Elle posa la bougie sur une table et essaya de s’emparer du panneau pour le fixer à nouveau. Plus facile à dire qu’à faire. Le volet lui échappait constamment et virevoltait en tous sens. Elle se le prit plusieurs fois sur les bras et les mains, causant bleus et contusions mais au bout de quelques pénibles minutes de lutte, elle réussit à fermer la fenêtre. Essouflée, échevelée, elle souffla longuement. La fatigue était de plus en plus présente et son corps commençait à manquer de nourriture. Elle n’avait pas faim mais les sortilèges avaient consommé beaucoup de nutriments et d’énergie.

La tête lui tourna. Elle eut soudain très froid puis très chaud, sans pouvoir en expliquer la raison. Elle avait un grand mal à respirer et son corset n’arrangeait rien à l’affaire. Ses jambes tremblaient et refusaient de la porter davantage. Trop de fatigue avait été accumulée ces derniers jours et son corps en ressentait les effets. Elle devait récupérer de toute urgence si elle voulait être en état de les soigner demain. S’appuyant de tout son poids sur la table, elle s’obligea à marcher. Il fallait rejoindre les autres, leur expliquer qu'il fallait qu'elle dorme. Encore deux pas et elle tomba à genoux. Son corps commençait à ne plus vouloir répondre. Ses paupières devenaient lourdes et des tâches noires de plus en plus grosses brouillaient sa vision déjà médiocre. Encore quelques secondes et ce fut le noir complet. Elle glissa sur le côté et sombra dans la plus lourde et noire des torpeurs.


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Dernière édition par Eulalia Grey le Dim 5 Mai - 18:33, édité 1 fois
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Alexender Von Ravellow
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeSam 25 Aoû - 23:56

La tension coulait dans les veines d'Alexender, réveillant chacun de ses muscles, piquant chacun de ses sens. Si jamais Raphaël avait fait quelque mal à Stan, ce serait le point de départ d'une lutte à mort. Il était impensable que le Hunter puisse laisser le Vampire faire ce qu'il voulait de leurs vies. Il avait bu au cou d'Eulalia : ce seul geste le condamnait à ses yeux. Le laisser respirer le même air qu'eux et devoir s'allier à lui pour la réussite probable d'une mission personnelle le rendait malade. S'il avait touché à un cheveu de Stan, il allait lui faire comprendre à quel point la violence était reine chez lui. Le voir brûler dans son propre manoir délabré serait une fête à ne pas louper !

Alors qu'il allait descendre plus bas, Eulalia le rejoint, rapière sortie. La jeune femme semblait déterminée à donner du poids à ses propos. Saurait-elle vraiment réagir comme il le faudrait s'il aérait que Raphaël les avait bien conduit dans un piège ? Alexender tiqua. Il n'avait pas pour habitude d'être suivit dans ce genre d'initiative, encore moins par une femme qui maniait les armes. Mais il faudrait qu'il s'y habitue. Sarah n'était-elle pas une chasseuse de cette trempe-là ? Les deux femmes allaient s'entendre...

Heureusement, la voix de Stan retentit enfin. Tandis qu'Eulalia soupirait et retournait s'asseoir, Alexender se contenta de remonter les quelques marches qu'il avait descendues pour laisser passer Stan. Il salua ce dernier d'un coup de tête maussade. Lorsque ce fut Raphaël qui arriva à sa hauteur, leurs regards noirs se croisèrent à nouveau. Raphaël laissa tomber ses yeux sur Silverwings, son katana à lame d'argent. Alexender, qui était prêt à dégainer l'arme, resserra son poing autour de son fourreau en dévisageant le Vampire. Voulait-il y goûter ? Mais Raphaël continua son chemin après lui avoir simplement demandé sèchement de ranger sa lame.
Alexender grogna, le laissa passer et le suivit pour aller se rasseoir à son tour. Laissant son katana à portée de la main, contre son fauteuil, il se réinstalla en position d'observateur. Les jambes croisées, appuyé d'un coude sur l'accoudoir souple et une main sous le menton, il soupira.
Combien de temps devrait-il subir cette présence ? Décidément, cette alliance ne lui disait rien qui vaille.

Observant Raphaël d'un air sombre, il l'écouta faire un résumé de leurs réflexions à Stan. Ce dernier devait maintenant être au courant de la situation. Alexender trouvait qu'il le prenait plutôt bien. Peut-être trop bien...Raphaël ne l'avait-il pas envoûté à son tour ? Stan ne disait mot, il n'avait l'air ni choqué, ni foncièrement en colère. Acceptait-il la présence du Vampire sans s'en inquiéter ? Raphaël lui avait-il avoué son crime ? Alexender en doutait.
Stan essaya sa cape et Eulalia se mit à lui ajuster comme elle l'avait fait avec lui-même dans l'entrée. Alexender songea à cette image qu'il avait eu. Ce petit chignon, ces petites mains qui s’affairaient avec aiguille et fils...Elle était douée, mais saurait-elle recoudre une plaie ? L'idée venait de lui traverser l'esprit. L'infirmerie allait servir, c'était certain. Il fallait s'attendre à revenir en piteux état. C'est qu'il commençait à les collectionner les cicatrices...La dernière en date, sur sa jambe, n'était pas belle à voir. Il la devait à un certain Angelstone, un acolyte du Comte...

Puis Raphaël continua d'exposer leurs forces et leur plan. Lorsqu'il expliqua à Stan que Sarah avait eu l'idée de mettre le feu à Milte & Co plutôt qu'au théâtre, Alexender sentit monter en lui un pic de rage. ''notre chère amie, Sarah Spencer''...comment osait-il parler ainsi ? Et ce sourire de satisfaction...L'envie de lui sauter au cou ne lui manquait pas. Certes c'était une idée des plus brillantes de la part de son amante, elle avait de quoi motiver l'enthousiasme, mais cette formule dans la bouche d'un Vampire énerva au possible le Hunter. Cependant, il se retint d'exploser. Ce n'était décidément pas le moment.

Le Vampire finit par hésiter. Il avait une chose importante à leur confier pour le déroulement de leur mission. Lorsqu'il se mit à parler de sa nature, Alexender se renfrogna. Qu'allait-il encore leur sortir ? En réalité, Raphaël leur fit part de ses craintes concernant son aura de vampire. Alexender avait vaguement entendu des histoires à ce sujet mais il ne maîtrisait pas du tout ce principe. Apparemment, les Vampires pouvaient se sentir les uns les autres, cela allait de quelques pas à peut être des lieues. Raphaël ne savait pas la ''contrôler''. Il était donc possible d'influencer sur cette forme de présence ? Alexender se redressa sur son fauteuil. Il sourit d'un air à la fois sadique et amusé mais au lieu de dire ce qu'il pensait, il resta sur un long soupir déconfit.
Ce Raphaël était dangereux de base mais en plus, parmi les Vampires, il allait faire office d'aimant. Bien, c'était une merveilleuse chose ! Pourquoi ne pas arriver en hurlant ? Temps qu'ils y étaient, ils pouvaient attacher Sarah au bout d'une perche et la secouer au-dessus de la foule pour attirer l'attention du Comte ! Cela devenait presque censé !

Un rire jaune prit Alexender qui finit par s’enfoncer dans son siège en murmurant :


- Voilà autre chose...Décidément...

Il termina sa phrase en se passant la main sur le visage comme pour revenir d'un mauvais rêve. Leur mission allait être une véritable catastrophe. Le Vampire n'était véritablement plus le bienvenue.
Raphaël continua d'exposer ses idées. Il commençait à prendre clairement la direction des opérations, toujours à récapituler l'ensemble de leurs réflexions. Cela l'agaçait outre mesure. Ce que le Hunter ne voulait surtout pas était en train de se mettre en place : Raphaël prenait la tête du groupe...

Impatient, Alexender leva les yeux au ciel.


- Bien sûr que nous sommes entraînés ! Chacun à notre manière, c'est évident, mais nous sommes tous prêts à tuer du Vampire...

Son regard perça celui de Raphaël. Non, il ne lui pardonnerait jamais sa nature. Eulalia avait été une victime suffisante pour anéantir toute forme de confiance possible entre eux. Alexender craignait foncièrement pour la vie de Sarah.

Eulalia reprit à son tour les faits. Elle exposa sa conception du temps. Il était certain qu'il fallait qu'ils se coordonnent pour arriver à leurs fins sans risquer de louper totalement leur entrée et de se faire piéger. Alexender acquiesçait à ses judicieuses remarques. Ils avaient tous une montre à gousset et il fallait qu'ils s'en servent. Les yeux d'ambre du Hunter fixèrent la feuille que maniait Eulalia. Elle faisait en sorte de tout calculer à la minute près, elle faisait preuve de méthode et de raison. Son esprit pratique épatait le Hunter qui n'avait jamais eu à s'allier avec quiconque et qui découvrait à la fois les mauvais et les bons côtés de la chose.


- Je suis assez d'accord avec l'ensemble du plan et je ne vais pas revenir dessus. La seule chose que je souhaite ajouter c'est que s'il ne se déroulait pas comme nous l'avions prévu, alors je reprendrais mes propres méthodes. Mon but est d'éliminer une fois pour toute le Comte pour libérer la ville de sa présence et pour garantir la sécurité de Sarah. Si le timing n'est plus possible, à nous d'improviser au mieux.

Tout semblait convenu. Un silence se fit. Puis, soudainement, un volet claqua au rez-de-chaussé. Eulalia qui était déjà debout marqua une pause dans ses mouvements et tendit l'oreille. Elle saisit une bougie et s'empressa d'aller voir. Alexender voulu se lever pour l'accompagner. La laisser seule n'était pas une bonne idée. Après tout, Stan avait pu être suivi. Mais la perspective de laisser Sarah sans lui en présence de Raphaël le contraint à rester assis.
Il regarda Eulalia disparaître dans l'escalier. Lorsque toute lumière émanant de sa bougie eut disparue, Alexender commença à s'inquiéter.


- Marguerite, fit-il à sa domestique aux cheveux blonds comme les blés. Accompagne-la s'il te plaît. Toi aussi Suzanne...

- Oui Monsieur, j'allais vous le proposer. Fit la brunette en suivant son amie.

Les jeunes femmes allèrent chercher elles-aussi une bougie. C'était Marguerite qui la tenait. Puis elles s'éloignèrent à leur tour. Lorsqu'elle arrivèrent en bas de l'escalier, elles suivirent la faible lueur de la bougie d'Eulalia. Cette dernière l'avait posée sur une table. Elle gisait au sol devant une fenêtre.
Suzanne poussa un petit cri aiguë et se précipita vers la jeune femme. La retournant pour la prendre dans ses bras, la jeune domestique lui ouvrit lentement les yeux pour vérifier que ses pupilles réagissaient. Elle était en vie, son souffle était régulier, comme si elle dormait d'un sommeil profond. Son front était couvert de sueur. Elle était presque fiévreuse. C'était un signe de grande fatigue. Les marques sur son cou firent frémir la jeune femme. Elles étaient profondes, rouges et noires. Le sang y était coagulé. Elle devait en avoir perdu beaucoup avec la morsure de Raphaël...


- Vas chercher Alex ! Fit-elle à Marguerite dans un souffle. Elle s'est écroulée de fatigue !

Marguerite remonta les marches deux par deux en tenant ses jupons le plus haut possible. Essoufflée, elle arriva à l'étage. Son maître s'était déjà levé, le katana et son fourreau dans une main.

- Que se passe-t-il ?!

- Elle s'est pâmée monsieur ! Sûrement la fatigue...Suzanne la tient dans ses bras complètement inconsciente.

- Vas vite chercher de l'eau !

La domestique alla directement à la salle d'eau que venait de lui montrer du doigt Alexender. D'un geste brusque, ce dernier se tourna vers Raphaël.

- Tu vois ?! Cria-t-il. Tu vois pourquoi je ne pourrai jamais te faire confiance ?! Tu l'as épuisée ! Si je n'étais pas intervenu tu l'aurais tout simplement tuée !

Le dominant au-dessus de sa chaise, le Hunter se fit plus menaçant encore. D'une main, il saisit le col du Vampire pour lui grogner dessus les dents serrées :

- Ose...ose ne serait-ce qu'un instant jouer avec la vie de mes domestiques ou de Sarah...et je te tue ! Tu pourras dissimuler tes véritables pulsions autant que tu le voudras, cet acte immonde que tu as osé perpétrer sur Eulalia n'est que le reflet de ce que tu es ! Tu ne fais que mettre en péril notre mission pour ta vengeance personnelle...

Alexender perdait ses moyens. Il n'arrivait plus à réprimer sa colère. Un Vampire comme coéquipier ? La belle utopie ! Rêvée par une paire de bonne-femmes naïves !

- Demain, fais un seul pas de travers et je t'égorge. Si nous arrivons à bout de ce Comte, je pourrais envisager de te laisser la vie sauve lorsque nos pas se recroiseront...mais d'ici-là...Rien, je dis bien RIEN ni PERSONNE, ne pourra m'empêcher de te haïr pour ton acte.

Marguerite revint avec une bassine et un bout de tissu trempé. Lâchant le Vampire sans douceur, Alexender pesta :

- Nous allons dormir en bas avec elle. Sarah aussi...

Son regard glissa dans celui de la Huntress. Elle n'avait pas son mot à dire. De toute façon, Raphaël avait sa chambre à l'étage, Stan pouvait prendre le canapé et il ne restait plus que les deux grands matelas en bas. A moins que l'un d'eux ne dorme avec Raphaël, il n'y avait pas assez de place. Alexender songea un instant rester à l'étage pour dormir dans un fauteuil. Il fallait entendre ''veiller'' par ''dormir''. Mais il pensa immédiatement que si un danger venait d'en-bas il fallait qu'il soit prêt. Il ne voulait pas lâcher Sarah en tous cas, c'était hors de question. Il dormirait donc assis dans un coin au rez-de-chaussée, laissant les matelas aux quatre femmes. De toute façon il ne pourrait par fermer l'oeil de la nuit sachant qu'un Vampire était sous le même toit que lui...

Marguerite descendit l'escalier pour rejoindre Suzanne et Eulalia. Alexender allait la suivre lorsqu'il se ravisa. Il se figea devant Sarah une main tendue.


- Viens. Il est temps de dormir. Nous avons maintenant tout préparé, il nous faut du repos. Je sais que tu n'aimes pas être chaperonnée, cela n'est pas mon but, crois-moi. Mais il y a des impératifs à respecter, comme partout, et ta raison doit le comprendre.

Il attendit que la chasseuse ne se lève et l'accompagne. Sa main tremblait de colère et son regard s'était embrasé.


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Sarah Spencer
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeMer 29 Aoû - 16:47

Sarah était aussi tendue et droite que la Justice elle-même. L’atmosphère de la pièce était si étouffante qu’elle avait l’impression de se trouver dans l’aura du comte lors de ses habituelles colères monstrueuses. Fort heureusement, le nouvel arrivant était bel et bien le sieur Calder, dernier membre de leur groupe de rebelle. L’aristocrate entendit sa voix résonner avant qu’il ne disparaisse avec Raphaël. Aussitôt que le vampire passa devant lui, son amoureux ne pu retenir une remarque cinglante et la Chasseuse du serrer sa main sur le genou pour éviter de le gifler de nouveau. Comment pouvait-il se comporter de manière si grotesque?! Le jeune homme partit et Alex ne perdit pas de temps pour reprendre sa verve, lui annonçant tout bonnement qu’il refusait qu’elle se trouve seule avec l’italien et que si elle agissait contre sa volonté, il agirait à sa manière. Encore une fois piquer au vif par l’impertinence de son amant, la jeune femme retira sèchement sa main de son genou avant de se redresser sur elle-même.

Le désaccord marquait franchement ses traits mais elle préféra ne pas répondre à Alexender. Il voulait agir à sa façon, elle ferait pareil. Le jeu se jouait à deux après tout. Pour le moment il valait mieux ne pas trop réagir et éviter de mettre le feu aux poudres de cette situation. Malgré tout, la jeune femme ne pouvait s’empêcher d’être inquiète. Le jeune aristocrate aux cheveux de feu était prompt à sortir sa lame et son tempérament sanguin brimait toute sa logique. S’il agissait ainsi pendant leur mission, l’échec était certain. Sarah comprenait bien qu’il détestait les vampires et qu’il ne cherchait qu’à la protéger, mais pour le moment, c’était de lui quelle avait le plus peur. Il devait forcément y avoir une explication à tout ça, à cette attitude de haine pur envers les créatures de la nuit. La demoiselle se doutait bien que derrière cette colère se cachait une histoire terrible et elle était bien décider à le découvrir.

Stan arriva finalement suivit de Raphaël. La jeune aristocrate fronça des sourcils tout en détaillant le nouvel arrivant. Il n’était certainement pas un aristocrate et encore moins un bourgeois. L’œil avisé de l’héritière Spencer voyait rapidement qu’à l’état de ses vêtements et particulièrement de ses mains, le jeune homme appartenait à la classe des paysans... Il avait le regard et le cheveu noir et tout dans son attitude n’inspirait que méfiance. Pourtant, il avait l’œil rapide et les doigts agiles. Il devait sans doute exercer un métier où la dextérité était importante. La demoiselle ne poussa pas ses réflexions plus loin, les discussions reprenaient et elle ne voulait absolument rien manquer. Elle garda son regard posé sur les schémas et les feuilles affichant un air d’ennuie mondain qu’elle prenait lorsqu’elle souhaitait réfléchir tranquille en public. Oui, il restait encore le problème du feu.


-Si jamais le feu ne se développe pas assez rapidement, je pourrai toujours m’arranger pour accélérer les choses...

Un peu de flamme aux tentures et l’alerte serait donné de toute manière. Sarah hocha plusieurs fois la tête lorsqu’une bonne idée était dite et ne la releva que lorsque la Mademoiselle Grey s’adressa à elle. Prise de court, la magicienne leva un sourcil écoutant son commentaire. Des pantalons? Bien sur que cela lui avait traversé l’esprit mais encore une fois, il y avait un détail important.

- L’idée est bonne mademoiselle Grey mais je ne crois pas qu’une telle tenue passerait inaperçus aux yeux des membres de haut rang qui seront présent. Sans compter que si le Comte s’aperçois d’une supercherie, il aura aussitôt la puce à l’oreille… ne vous en faite pas, je me chargerai de ma tenue vestimentaire...

La plus part des détails régler, il fallait maintenant s’adresser au vif du problème. Sarah prit un air sérieux avant de regarder chaque membre présent dans la pièce.

- Il faut que vous sachiez ceci messieurs, le comte est avant tout un fin stratège. S’il à planifier la pièce de théâtre, tout sera calculer dans les moindres détails. Il faut que lorsqu’il se rende compte de la supercherie, il soit déjà trop tard. Vous croiserez sans doute des vampires dans les alentours qui vérifieront le périmètre. Il faut les éliminer dans la plus grande discrétion...

Elle jeta un coup d’œil aux armes à feu des gentlemans en leur lançant un regard attendue.

- Une larme d’argent devrait suffire... en ce qui concerne l’attention du comte, je me chargerai de faire mon possible...

La chasseuse laissa la phrase en suspend sans même adresser un regard à Alex. Elle était la distraction qu’il fallait.

- Je dois aussi vous avouer quelques information… Le comte tout comme miss Grey et moi-même, possède quelque pouvoir...

Le visage de la jeune femme se liquéfia lentement, perdant de sa couleur. L’ennemi auquel ils s’attaquaient lui semblait soudainement beaucoup plus effrayant qu’ils ne se l’imaginaient.

- C’est un vampire très vieux qui a déjà de nombreux siècle à son actif... Il fait partie des anciens de cette ville, ses pouvoirs de vampire sont donc très développer et très puissant... Une ouïe fine, une vision parfaite et une rapidité qu’il ne faut en aucun cas sous-estimer... Il possède également une aura fatale et un pouvoir d’attraction presque impossible à résister sans parler de son statut de Comte... En cas de problème, il pourra facilement mettre la reine, les aristocrates et le Scotland yard de son côté... D’où le fait que nous devons être méticuleux...

Un bruit fort résonna et la jeune miss Grey se leva pour aller voir ce que c’était, aussitôt suivit par les deux domestiques d’Alexender.

- Il peut également éteindre les sources de lumières… Il peut contrôler les être inanimée…comme…comme les poupées ou les marionnettes...Et il y a aussi la pièce noir…

Marguerite arriva en courant, coupant court à la discussion. Miss Grey s’était effondrée, à bout de force. Il n’en fallut pas plus pour qu’Alexender sorte de ses gonds une fois de plus. Sans ménagement, il attrapa l’italien par le collet avant de lui lancer des paroles abjectes en plein visage. La chasseuse se leva d’un seul bond, honteuse du comportement de ami. Les flammes dans la cheminée se mirent à crépiter dangereusement tandis qu’elle se retenait pour ne pas l’envoyer valser contre un mur. Avait-il seulement conscience de son attitude?! La demoiselle garda les dents serrées, sachant qu’il la tenait comme étant l’une des deux responsables de la situation. À bout de nerf, le hunter tourna les talons avant de se raviser pour l’inviter, ou plutôt pour lui ordonner de la suivre. L’aristocrate était subjuguée par la colère mais contrairement à son amant, elle ne souhaitait pas faire une scène en public. Après une inclinaison de la tête en signe de salut au maitre de la maison et au Sieur Calder, elle prit la direction de l’escalier à son tour sans même un regard pour Alexender ni pour la main qu’il lui tendait.

D’un pas rapide elle descendit les marches pour entré dans le salon qui c’était transformer en infirmerie. Susanne tenait dans ses bras la jeune Miss Grey, toujours inconsciente. La magicienne aurait pu l’aider grâce à ses pouvoirs à l’installer sur l’un des matelas mais en ce moment, elle risquait plus de perdre la maitrise qu’autre chose. Elle traversa donc l’infirmerie pour aller dans la pièce adjacente, laissant la porte se refermée derrière elle toute seule.

La pièce était petite. Un sofa, un fauteuil et une petite table, le tout couvert de poussière. Sarah ne prit même pas la peine d’allumer les chandeliers et alla se poster devant la grande fenêtre qui donnait vue sur la rue. La pluie commençait à tomber. Avec beaucoup de chance, l’orage tomberait se soir et non pas demain. Elle resta silencieuse jusqu’à ce qu’elle entendit la porte s’ouvrir. Elle croisa les bras et ne se retourna guère. Cela ne pouvait être qu’une personne après tout.


- Je veux des explications.


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Raphaël Veneziano
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeMar 4 Sep - 20:25

Raphaël gardait cet air sombre et fermé qui le caractérisait tant. Comme il s'y était attendu, son problème d'aura énerva Alexender qui ne manqua pas de lui montrer à quel point cela le désespérait. Il était certain que ce soucis n'allait pas les aider dans leur entreprise et que cela allait même être l'objet d'un débat sur sa présence au théâtre. Mais Raphaël ne voulait plus se préoccuper des remarques du rouquin. A quoi bon? Cela ne ferait que déclencher une guerre ouverte entre-eux. La situation était déjà bien assez compliquée pour sauter sur la moindre occasion de se battre qui se présenterait à eux. Le Comte ne pourrait qu'en être heureux. Le chaos dans leur rang n'était que synonyme de victoire pour lui et cela était hors de question. Ils n'allaient pas lui laisser une seule chance de les diviser avant la bataille. Même si c'était déjà le cas à cause de la morsure d'Eulalia, même s'ils ne pourraient pas se faire confiance avant longtemps, le semblant d'union qui rassemblait les Hunters autour d'une même cause était à conserver précieusement s'ils voulaient espérer vaincre le Vampire. Patient, Raphaël continua donc ses explications sans perdre sa concentration. Ainsi, il préféra ignorer totalement les pics lancés par Alexender, ou du moins ne jamais y répondre franchement.

Lorsque l'aristocrate leva les yeux au ciel pour lui cracher dessus que lui et ses collègues savaient évidemment se battre, et que tuer des Vampires était devenu son passe-temps favori, ainsi le laissait-il supposer du moins, le Hunter aux cheveux blancs ne fit que tiquer une seconde, souriant d'un air déçu. Certes oui c'était un Vampire, oui c'était son pire ennemi puisqu'il tenait tant à le considérer ainsi, oui il avait mordu Eulalia parce qu'il se nourrissait de sang et oui il possédait une aura à cause de sa nature, mais si le rouquin croyait qu'il était dans le bon en attrapant au vol la moindre occasion de lui être désagréable, il saurait tôt ou tard reconnaître que sa méfiance avait beau être légitime, elle aurait aussi été un peu trop excessive. Un jour, il réaliserait qu'il pourrait lui faire confiance. Car même si Raphaël ne pouvait que le haïr lui aussi pour son attitude agressive au possible et pour sa façon de gérer les problèmes, le Vampire ne pouvait s'empêcher d'imaginer en plein combat combien il lui serait reconnaissant pour sa race. Il saurait se montrer utile! Il allait lui montrer de quoi il était capable et il saurait gagner leur confiance à tous en agissant comme l'aurait fait n'importe quel humain en chasse! Sa nature ne serait dans cette entreprise qu'un atout considérable! Oui, il fallait laisser de côté cette histoire d'aura. Ne venait-il pas de trouver un moyen de la contourner pour le début de leur opération? Maintenant qu'il était officiellement celui qui allait allumer le feu dans le bâtiment de Milte & Co, il ne lui suffisait plus qu'à être à la hauteur de cette mission pour prouver sa valeur. Réduire au silence quelques gardiens, réussir à s'infiltrer silencieusement dans le dépôt désaffecté et à y mettre le feu ne devait pas être une épreuve insurmontable pour lui. Une fois leur plan lancé, il n'aurait plus qu'à venir les aider au théâtre. Quoi de mieux qu'un Vampire pour faire face à un Vampire? Alexender ne pouvait pas encore voir toute la dimension de cette caractéristique. Il n'y voyait que le mal incarné, la bête furieuse retenue sous les chairs immortelles. Il ne voyait que l'emprise du sang sur ses sens et la force de séduction dont Raphaël était pourvu malgré lui. Le Vampire saurait lui montrer son utilité...Tout cela n'était qu'une question de patience et de foi.
En tous cas, si le Vampire n'était guère patient de nature et qu'il pouvait facilement s'énerver lui aussi, ce n'était apparemment rien comparé au rouquin, complètement manipulé par ses pulsions rageuses. Face à un tel débordement de rage et de rancoeur, il lui serait plus facile de cerner sa propre patience.

Visiblement, son amante, Sarah, était également tendue face à son caractère impossible. Elle qui lui tenait le genoux quelques minutes auparavant avait enlevé sa main. Raphaël l'avait discrètement remarqué lorsqu'il était revenu de son entretient avec Stan au rez-de-chaussée. Alexender ne s'en était pas préoccupé le moins du monde jusqu'à maintenant, chose flagrante pour l'ensemble des Hunters. Ce petit geste tendre avait disparu aussi maladroitement qu'il était apparu. C'était la cruelle obsession du rouquin qui lui faisait oublier l'essentiel dans sa vie. C'était triste de constater cela...
Raphaël songea à Eulalia. Elle qui était si calme, si posée...Et Stan, si mystérieux et muet...Pourraient-ils s'entendre tous?

La question du feu fut complètement élucidée grâce à Sarah qui acheva de parfaire les idées d'Eulalia. Elle le suivait dans sa démarche, en cela Raphaël lui était reconnaissant. Un incendiaire, une magicienne prête à intervenir, un Hunter qui surveillerait le tout...cela était parfait. La seule donnée qui leur manquait était le nombre de gardiens autour du théâtre. Raphaël ne pourrait peut-être pas tous les éliminer dans la discrétion le moment venu. Pour atteindre Milte & Co, il aurait donc peut-être quelques difficultés. Cependant, le Vampire n'évoqua pas cet éventuel problème. Il était persuadé qu'il pourrait s'introduire dans l'édifice abandonné sans faire de vague. C'était peut-être un excès de confiance en lui, chose très rare chez cet homme rongé par ses faiblesses, mais c'était peut-être aussi la preuve qu'il maîtrisait assez ses pouvoirs pour s'assurer une victoire, au moins sur ce morceau du plan prévu.
Raphaël songea un instant aux dons de Sarah. Que pouvait-elle faire exactement? Contrôlait-elle les flammes? Pouvait-elle allumer un feu sans source de chaleur? Était-ce son seul pouvoir? Jusqu'à présent le Vampire n'avait jamais été en contact avec des Humains sachant maîtriser une forme de magie. Cela était une nouveauté particulièrement intéressante pour lui. Finalement, les Humains n'étaient peut-être pas aussi faibles que ce qu'il avait cru à travers ses études. Aujourd'hui, il était en présence de deux magiciennes...C'était aussi étonnant que fascinant ! En apprendre plus sur ces deux femmes l'aiderait peut-être à se faire une conception plus optimiste du destin des Hommes.

Laissant de côté ces questions quelques peu personnelles, Raphaël finit par ramener son attention sur ce qui était en train de se dire autour de la petite table basse. Beaucoup de verres étaient posés dessus, vides ou à moitié. C'était le signe que les Hunters étaient trop concentrés sur leur plan pour songer à se resservir ou à boire tout simplement.
Cette fois-ci, il était question de leurs tenues vestimentaires. Les hommes n'avaient pas de soucis à se faire, il fallait juste qu'ils soient habillés de manière sombres pour passer assez inaperçus aux yeux des gardes et du Scotland Yard, même si cela n'était pas valable pour les Vampires à cause de leur vue nocturne. Ils auraient leurs capes à capuches ainsi que leurs masques pour dissimuler leurs visages. Sarah quant à elle, serait dans le public. Il fallait donc qu'elle soit vêtue comme n'importe quel spectatrice de son rang pour ne pas attirer l'attention sur elle, c'était évident. Eulalia lui proposa alors de prévoir sous ses jupons un pantalon d'homme et de concevoir une robe prête à être ouverte et retirée en un clin d'oeil. Cette idée sembla presque faire sourire la chasseuse qui se contenta d'acquiescer en la rassurant sur ses propres façons de faire. Raphaël remua un peu sur sa chaise. Ces détails féminins n'étaient pas à prendre à la légère mais c'était tout de même un peu comique de se retrouver maintenant à parler de chiffon...Il ne savait pas quoi dire. Ce genre de chose lui était plus ou moins inconnu...

Le sujet aimablement éludé par la jeune Spencer, cette dernière enchaîna sur des conseils de prudence. Elle évoqua les éventuels gardiens dont il faudrait se charger à l'aide d'armes contondantes ou silencieuses comme des lames. Raphaêl était d'accord. Il fallait évidemment éviter à tout pris de tirer au pistolet, que ce soit par Bloody Rose ou par percussion, cela serait trop bruyant. Raphaël jeta un coup d'oeil à son épée qui reposait contre le mur près de la cheminée. De toute manière, lui il n'utilisait que cela.
La jeune femme continua dans sa démarche de mise en garde. Elle voulait être certaine que tous avaient bien en tête la puissance du Comte. Raphaël s'assombrit lorsqu'elle exposa ses pouvoirs. Oui...Lui aussi avait eu l'occasion d'en voir une partie. Sarah avait raison, il fallait s'en méfier comme de la peste. Les sourcils froncés, l'air soucieux et dur, il confirma ses dires en se penchant un peu en avant:


- Miss Spencer a raison. J'ai moi-même assisté à deux démonstrations de sa part...Non seulement il est âgé, je l'ai vite ressenti à travers son aura et sa présence, mais en plus il est doté de pouvoirs dont nous n'avons même pas d'idées précises. Il manipule les ombres, c'est un fait. Et cela risque de nous coûter cher. Il faudra prévoir des sources de lumières si nous ne voulons pas nous retrouver dans le noir, enfin...vous.

Il jeta un regard à Alexender. Oui, lui, en tant que Vampire, il se fichait pas mal de cette possibilité. Cela allait certainement lui servir. Mais il continua sur un ton plus grave qui mit fin à son regard quelque peu provocant:

- Cependant, ce n'est pas une forme de ténèbres naturelle. Même moi je me retrouve aveugle lorsqu'il utilise ce pouvoir sous une certaine forme...

Raphaël ne se souvenait que trop bien de cette affreuse soirée au musée. Le Comte l'avait coincé dans des ténèbres impénétrables, même pour lui, et cette impression de peur qu'il avait ressenti avait été d'une force terrible. D'où venaient ces ombres qu'il manipulait? Il ne le savait pas, mais une chose était certaine: ce n'était pas n'importe quelle forme de nuit.

- Contrairement à vous autres, les Vampires ont tous des pouvoirs, le Comte n'est pas le seul dont on doit se méfier à ce niveau-là. Même si son âge me laisser supposer qu'il en possède bien plus que la plupart de ceux qui seront présents, il faudra se préparer à quelques désagréables surprises...

Raphaël venait peut-être de leur apprendre quelque chose d'énormément important dans leurs chasses. En effet, tous les Vampires possédaient des caractéristiques physiques et sensitives hors du commun mais ils étaient tous également dotés de particularités magique. Raphaël ignorait jusqu'à quel point mais sa mère adoptive lui en avait suffisamment parlé pour qu'il soit au courant.

- Les Vampires nomment cela le « don obscur »...cette force qui nous réanime et nous rend immortels. C'est une puissance noire qui insuffle la vie dans la mort ainsi que des aptitudes magiques...ou maléfiques...comme vous voulez.

Le Hunter joignit ses mains. Il venait de leur avouer qu'il possédait lui aussi des pouvoirs. Allait-il les détailler un peu plus ? Inutile. Cela était de toute manière trop personnel. S'il avait besoin de s'en servir, il s'en servirait. C'est tout ce dont ils devaient être au courant.

Un claquement résonna au rez-de-chaussée. Eulalia réagit aussitôt. Raphaël beaucoup moins, même s'il se redressa. C'était vraisemblablement ce même volet qui faisait des siennes depuis qu'il était installé dans ce manoir. Une de ses fenêtre était défaillante, le bois avait gonflé et craqué, le volet ne tenait plus très bien. Cela laissait parfois une raie de lumière entrer dans l'édifice et il devait l'éviter soigneusement dans la journée.
Lorsque la chasseuse se leva pour aller jeter un coup d'oeil, Raphaël faillit l'arrêter pour y aller lui-même. Mais Eulalia était déjà en marche, inutile de descendre à plusieurs. Raphaël resta donc sur sa chaise, sans bouger. Il se contenta de lui jeter un regard presque inexpressif et de ramener son attention sur les autres. Alexender semblait très soucieux. Il envoya d'ailleurs ses deux domestiques accompagner la belle qui était déjà descendue.


- Ce n'est qu'un volet...marmonna Raphaël en soupirant.

Si cela avait été autre chose, ils le sauraient déjà...du moins...lui. La tension accumulée depuis la veille n'était pas pour les aider. Il était temps qu'ils se calment...

Sarah continua d'expliquer ce qu'elle savait des pouvoirs du Comte. Elle évoqua alors une « pièce noire ». Qu'est-ce que c'était que cela ? Raphaël se remémora ce soir-là sur le pont...Était-ce ainsi qu'il appelait cet amas de ténèbres qui avaient emporté Sarah et lui sous son nez ?
Le Vampire allait demander à la jeune femme ce qu'elle entendait par ce terme lorsque Marguerite, la domestique blonde d'Alexender, remonta les escaliers d'un air affolée. Eulalia s'était évanouie. Raphaël resta perplexe, la bouche-entrouverte, figé.
Alexender, lui, explosa. Il renvoya sa domestique chercher de l'eau et aider la belle à se relever avant de se tourner vers lui et de lui cracher toute sa haine. Raphaël n'eut pas le temps de réagir. Le rouquin se rapprochait déjà de lui en pestant tout ce qu'il pouvait. Saisit soudainement au col, Raphaël sortit les crocs. Lui briser un poignet et l'envoyer valser contre le table était une idée soudainement très séduisante pour le Vampire. Comment osait-il le toucher ainsi ?
Mais l'être de la nuit resta maître de ses émotions. Il se contenta de saisir le poignet du Hunter pour faire pression dessus et lui montrer qu'il n'était pas du genre à se laisser malmener.
Il laissa le rouquin clamer sa colère et le menacer. Raphaël le dévisageait comme s'il allait le tuer sur place
.

- Je n'ai que faire de vos menaces...fit-il les dents serrées.

Il n'ajouta rien d'autre. Lorsqu'Alexender le lâcha enfin, Raphaël remit son col de chemise en place. Pendant que le rouquin tentait d’entraîner avec lui sa compagne, le Vampire tentait de calmer ses soudaines pulsions. Lui rentrer dedans, le jeter hors de son manoir, l'écraser sous son épée...Il n'avait pas idée de sa puissance !
Mais ce qui arrêtait Raphaël, c'était non seulement la présence de Sarah et de Stan, mais aussi l'horrible impression qu'il était dans le vrai. Eulalia s'était évanouie...ce ne pouvait être que sa faute. La culpabilité le rongeait déjà avant cet événement, désormais, il était dévoré par elle. Comment pouvait-il se révolter contre l'attitude du rouquin dans pareille situation ? Il défendait les siens et hurlait ce que tout le monde pensait tout bas. Comment l'en blâmer ?
Sarah se leva et descendit l'escalier. Elle n'avait même pas répondu à son amant, signe avant coureur d'une nouvelle dispute entre-eux. La jeune lady Spencer allait-elle encore une fois prendre sa défense et s'opposer au comportement spontané d'Alexender ? C'était possible...

Une fois le couple descendu, le Vampire se leva et alla devant la cheminée observer le feu. Il ne crépitait plus autant qu'à l'instant. Raphaël avait eu l'oeil rapide. Lui qui craignait le feu, comme tout ceux de sa race, avait bien sentit qu'un changement peu naturel était intervenu au moment où Sarah s'était levée. Influençait-elle sur les flammes avec ses émotions ? Dangereuse découverte...


- Stan, fit-il enfin en attrapant son épée, je vous laisse ma chambre. Je possède un lit deux places, vous pouvez vous y installer confortablement, seul, ou le partager avec les domestiques d'Alexender. Arrangez-vous, je ne me soucie plus de qui dort dans mon lit depuis longtemps...

Le regard sombre, Raphaël s'éloigna vers une porte du fond du salon.

- Si vous me cherchez, je serai par-là, dans un salon. Évitez juste de me réveiller brusquement, on ne sait jamais...

Il sourit, d'un air ironique et disparu derrière la porte grinçante.
Une fois arrivé dans le petit salon annexe, empli de meubles recouvert de toiles et tissus protecteurs qui prenaient la poussière depuis des années, Raphaël se dirigea vers un coin de la pièce. Un cercueil reposait contre le mur d'une façon bancale. Le Vampire le regarda d'un air morne et sans vie. Fallait-il qu'en ce jour il soit attiré par cette chose ? Pourquoi ce soudain besoin, comme un appel vital ? Dormir dans un cercueil ne lui était pas arrivé depuis plus d'un an et demi. Pourquoi en avait-il envie aujourd'hui ? Le soleil n'allait pas tarder à se lever doucement et il avait une myriade de visiteurs chez lui. Peut-être était-ce tout simplement un réflexe défensif ? Il n'en était pas certain.
Il jeta son épée dans la poussière et la regarda un instant, perdu dans ses pensées. Puis il ramena son attention sur le cercueil. Attrapant une anse de l'objet rigide et poussiéreux, le Vampire le fit basculer et tomber sur le côté. Le cercueil percuta le parquet avec un bruit lugubre. Une fois qu'il l'eut positionné correctement, soufflant dessus pour limiter la poussière, Raphaël l'ouvrit. A l'intérieur, le satin brillait encore d'un vert émeraude envoûtant. Il était vide, totalement vide.
Le Vampire hésita. Il allait entrer dedans pour enfin dormir lorsqu'il se ravisa. Refermant le cercueil, il s'assied dessus, les coudes sur ses genoux, le menton posé sur ses mains. Dehors, la pluie tombait fortement. Il l'entendait vrombir sous le vent et rigoler contre les parois de sa demeure.

Il songea à Eulalia. Allait-elle bien maintenant ? Les domestiques d'Alexender en prendraient soin, c'était certain, mais il ne pouvait s'empêcher de penser à sa santé. Il était coupable, hautement coupable. Il se sentait comme un monstre, obligé de se tenir à l'écart. Il s'en voulait à mort...Comment réussir à dormir ?


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Alexender Von Ravellow
Hunter - "Criminel" en fuite
Alexender Von Ravellow
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Classe sociale : Aristocrate déchu
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Proie(s) : Tous les Vampires, sauf Raphaël qu'il surveille maintenant sans chercher à l'assassiner. Le Comte Kei est son pire ennemi. Alexender peut aussi s'attaquer à des Loups-Garous.
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeMer 5 Sep - 15:06

Alexender venait à nouveau de perdre pied dans la colère et la violence. Sa haine contre les Vampires se déchargeait maintenant sur Raphaël. Eulalia était tombée évanouie au rez-de-chaussée, par sa faute, son unique faute. Il l'avait saignée, sans retenue. Et s'il n'était pas arrivé, la jeune femme serait morte. De cela Alexender était certain.

Lorsqu'il avait trouvé le couple dans le jardin, le Hunter avait d'abord cru à une nouvelle relation, à un amour inconditionné, sorti de l'oeuf de façon in-extremis. Il croyait aux coups de foudre. N'en avait-il pas eu un avec Sarah ? Un regard derrière un masque, un sourire, une danse, quelques jeux autour d'un banquet...Lui qui ne l'avait jamais vue auparavant en était tombé amoureux en une fraction de seconde. Il n'avait suffi que d'une soirée, et encore, de quelques heures en vérité, pour que son cœur ne s'arrête sur elle. Plus jamais il ne battrait pour une autre. Ce bal avait été pour lui une révélation. Puis il y avait eu cet incendie...Sarah avait faillit y laisser la vie. Le Comte l'avait abandonnée exsangue dans un enfer incandescent, sans pitié. Double révélation...Heureusement, Alexender était arrivé, forçant la porte, traversant les flammes pour la sauver...Gaspard l'avait aidé à la ramener dans son atelier et à transférer son sang...Un échange vital pour la jeune femme, un risque de plus pour le Hunter.

Et maintenant, Sarah se dressait contre lui. Elle se tenait entre lui et ce Vampire, ce Raphaël...Farouche, déterminée, raide et froide comme la glace. Lorsqu'il lui avait tendu la main pour lui intimer de descendre, elle ne l'avait même pas regardé. Que penser de tout ceci ? La rage, la jalousie aussi, et ce sentiment d'injustice...tout cela lui empoignait le cœur avec force.
Regardant son amie descendre l'escalier sans un mot, le Hunter sentit qu'il entrait dans un puit dont on ne pouvait pas voir le fond. Il l'avait perdue. Pas complètement, pas entièrement, mais une partie de leurs cœurs venait de se fermer définitivement l'un pour l'autre. Leur couple n'était pas encore assez solide pour résister à ce genre de situation. Lutter contre la rancoeur, les quiproquos et les ombres qui s'avançaient maintenant au-dessus de leurs têtes n'était pas encore possible. Cela les briserait. Alexender venait de s'en rendre compte.

Le Hunter jeta un regard assassin au Vampire resté sur sa chaise. Tout était de sa faute. Il ne méritait pas de vivre. Pour sa nature, son odieuse soif, pour Eulalia, pour Sarah...Il ne méritait pas de vivre.
Alexender était focalisé sur ses crocs qu'il avait encore dévoilé lorsqu'il lui avait saisi le col. Cet air hautain, ce dédain pour ses menaces...Qu'il avait envie de le tuer ! Comment Eulalia pouvait-elle se laisser manipuler de la sorte ? Comment Sarah osait-elle crier qu'il avait forcément un bon fond ?

Pas à pas, une marche après l'autre, Alexender descendit dans les ténèbres du rez-de-chaussée. Laisser Stan seul en présence du Vampire ne lui avait même pas traversé l'esprit. D'habitude, il aurait tout fait pour éviter d'abandonner le jeune homme face à cette créature, mais en cet instant ses pensées se bousculaient trop pour qu'il puisse réfléchir correctement. Au fond, porter assistance aux femmes était bien plus naturel chez lui.
Arrivé en bas de l'escalier, il se rendit directement à l'infirmerie où il trouva Suzanne et Marguerites affairées autour d'Eulalia. La jeune femme était d'une pâleur extrême. Même si la lampe à huile accentuait sûrement cet effet, il était évident qu'elle devait être très faible. Elle avait perdu beaucoup d'énergie à cause de ses blessures et de l'utilisation de sa magie. Mais elle avait surtout perdu beaucoup de sang...Alexender pesta intérieurement. Il tenait son katana avec rage. Son poing tremblait.

Marguerite vint le trouver.


- Monsieur, tout va bien, elle a juste besoin de repos...

La domestique hésita un instant et, face au silence de son maître, elle retourna auprès de la Huntress. Suzanne lui épongeait le front. Ramenant sur elle une couverture, Marguerite jeta un regard inquiet à son amie. Suzanne releva la tête vers leur maître. Elle hésita à son tour. Alexender était clairement fermé à tout dialogue ce soir. Les événements l'avaient trop perturbé. Ses yeux venaient de retomber sur les marques de morsure que portait le fragile cou d'Eulalia. Son regard parcouru un instant sa peau blanche comme la neige. Elle était belle dans cet état d'inconscience, belle mais meurtrie.

- Monsieur... fit Marguerite avec une dose de prudence dans la voix. Miss Spencer est partie dans l'autre pièce.

Elle lui indiqua du doigt une vielle porte de bois.
Alexender resta silencieux, sans même tourner son regard vers la porte.
Que faire ? La rejoindre pour essuyer une nouvelle dispute ? C'était parfaitement inutile ! A quoi bon ? Elle ne comprendrait jamais son point de vue. Elle était butée et dangereusement naïve. Il n'en pouvait plus.

Suzanne sentait que le Hunter hésitait. Aussi prit-elle le soin de le pousser à rejoindre Sarah.


- Monsieur, fit-elle soudainement d'un ton ferme en se relevant. Votre amie est par-là...

Alexender leva un sourcil et jeta un regard dur à sa domestique. Depuis quand se permettait-elle de pareilles insistances ? Mais bien vite il lui sourit. Suzanne et Marguerite le connaissaient bien mieux que personne. Il ne les considérait pas tout à fait comme des domestiques. Elles avaient le droit de lui dire ce qu'elles pensaient, toujours. Mais il n'était pas habitué à ce ton.

- Veillez sur Miss Grey...

Fit-il d'un air totalement blasé. Son sourire avait vite disparu.
Sans ajouter mot, il se dirigea vers la porte fermée. Arrivé devant, il marqua une pause. Sarah avait-elle besoin d'être seule ? Pleurait-elle ? Était-ce le moment pour arriver ? Que pouvait-il en savoir ?
Le Hutner prit tout de même l'initiative d'entrer. Sarah était bien là, devant une large fenêtre. Elle observait la pluie tomber. Une fois la porte doucement refermée, Alexender avança de quelques pas vers elle.
Mais il fut accueilli sur un ton si brusque qu'il s'arrêta net.


- Une explication ? Répéta-t-il comme sonné. Une...explication... ? Son ton devint très noir. Il n'y a pas d'explication à donner, Sarah, ce monstre l'a vidée de son sang, tout comme le Comte a fait avec toi au bal, et elle s'est épuisée ! Voilà l'explication !

En rage, Alexender se mit à tourner en rond comme un fauve en cage. Faisant grands gestes et poussant des soupirs d'exaspération, il continua d'un ton terriblement sombre :

- Je ne pourrais pas donner mon sang à toute les filles qui se laissent séduire par les Vampires ! C'est au-dessus de mes forces ! Si vous n'êtes pas capables de comprendre ça, nous allons droit à la catastrophe !

Il donna un coup de pied dans un meuble, faisant sauter un tiroir qui s'ouvrit à moitié. Il le referma violemment en grognant.

- Mais où avez-vous la tête ?! Bon sang ! Tout ceci est loin d'être un jeu ! Vous vous croyez fortes, prêtes à survivre à ces saloperies de buveurs de sang, vous êtes buttées dans votre idée qu'ils ne sont pas tous dangereux ! Et voilà le résultat ! Ils vous séduisent, boivent à votre gorge et vous abandonnent ! Comme c'est romantique...! Ne me fait pas croire que tu ne réalises pas la situation...

Son regard dur croisa celui de la belle chasseuse. Ses yeux s'embuèrent. Après sa colère hystérique, la tristesse et le désarrois s'emparaient de ses sens. Il n'arrivait plus à supporter l'idée que le Comte puisse encore vivre après ce qu'il avait fait subir à Sarah. Maintenant il assistait à la déchéance d'Eulalia et la trouvait le cou marqué, comme celui de son amante, épuisée jusqu'à la perte de conscience. C'en était trop.

Le Hunter tourna soudainement les talons. Laissant Sarah avec elle-même, il se rendit dans l'entrée, sans même jeter un regard à ses domestiques occupées à réanimer la belle avec de l'eau, et ouvrit la porte d'entrée. Dehors, le vent soufflait fort et la pluie tombait par trombes. Sans aucune hésitation, Alexender sortit, claquant la porte derrière lui avec fureur.
Ramenant le col de sa chemise contre son torse dans un geste vain pour limiter l'humidité contre sa peau, il s'éloigna sur les graviers du parc et marcha jusqu'à un arbre qui trônait au milieu des herbes folles. Il quitta les graviers, fit crisser ses bottes de cuir contre les plantes trempées et alla s'asseoir contre l'arbre, son katana entre ses jambes.
La tête levée vers le ciel, il soupira.
Qu'avait-il bien pu faire au monde pour que de pareilles créatures ne le poursuivent toute sa vie ? Car c'était ainsi qu'il voyait les choses, depuis toujours. Même si c'était un Hunter qui traquait ses proies, il avait toujours considéré que c'était lui la victime. Où qu'il aille, il rencontrait leur sillage, baigné de sang, jonché de morts. Quelles que soient les personnes auxquelles il s'attachait, ils étaient là, dans l'ombre, prêt à lui prendre le peu d'humanité censée qui lui restait. Pourquoi le destin l'avait-il choisi pour canaliser toute cette haine ? D'abord ses parents...son héritage...ses amis...La Nouvelle-Orléans n'avait été qu'un cauchemar et il semblait ne jamais s'être réveillé.

Poussant un cri de rage, le Hunter donna un coup dans une racine près de lui et resta prostré, la tête finalement baissée entre ses jambes pliées. Serrant son katana, il se mit à pleurer de découragement. Comment réussir à surmonter ces épreuve s'il devait affronter à la fois le mal, sa propre colère et l'amour ? C'était trop.
La pluie avait déjà entièrement mouillé ses longs cheveux de feu, ternissant leur couleur si brillante. Ils lui collaient le visage, comme sa chemise lui collait maintenant la peau. Le vent accentuait l'effet désagréable qui en résultait. L'humidité suintait de partout autour de lui, de cette herbe jaunâtre, de cet arbre tordu, de son écorce, de ce sol terreux et malade...Alexender n'en avait que faire.
Il comptait rester-là le temps qu'il lui faudrait pour oublier sa rage et sa peine. Non seulement il avait besoin de calme et de repos mais en plus l'amertume relatif à Sarah lui donnait un goût de sang dans la bouche.


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Eulalia Grey
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeMer 5 Sep - 17:03

Tout était noir. D’un noir aussi profond que la plus sombre des nuits. Rien ne bougeait, rien ne respirait. Pas un souffle d’air, pas un bruit. Eulalia ouvrit les yeux. Son corps tout engourdi de sommeil lui donnait l’impression d’être écrasée par la pression d’un océan. Elle mit un moment à reprendre totalement ses esprits et à réaliser où elle se trouvait.

La pièce était vaste et sentait la poussière et le renfermé. Le sol était recouvert d’un parquet sale et craquelé par endroits, signe qu’il avait été négligé pendant de très longues années. La tapisserie à motifs floraux qui pendait lamentablement le long des murs, décollée par pans entiers à certains endroits et maculée de tâches d’humidités, devait être belle par le passé. À cet instant, ce n’était plus qu’une loque piteuse, semblable à un linceul vieux de plusieurs siècles. Quelques tableaux semblaient accrochés de part et d’autre de cet endroit mais elle ne distinguait pas leur contenu. Sans doute quelque portrait de personnage enfariné posant dans son plus bel habit, pompeux et tout fier de sa personne… Des meubles étaient disposés dans les angles de la pièce. Une armoire, une table et deux vieux fauteuils éventrés dont les ombres prenaient des proportions étranges et difformes. Elle remarqua des ouvertures dans les murs… Des fenêtres aux vitres cassées, fermées par des volets vermoulus et grinçants.
La jeune femme se tourna vers la droite. Elle était couchée à même le sol mais un tissus recouvrait son corps, comme une couverture. En face d’elle, une bougie diffusait une faible lueur. Elle tendit la main pour l’attraper, fébrile à la manière des rescapés de la Méduse devant le bateau salvateur.

D’une main, elle effectua une poussée pour se relever. Le tissus qui la recouvrait tomba à terre. Il était clair et plutôt fin, ce qui l’intrigua. Elle se pencha en avant pour le saisir et l’examiner à la lueur de la bougie. Un tissus de lin déchiré par endroits et maculé de terre… Elle le porta à son nez un bref instant. Il émanait des fibres une odeur tout à fait ignoble qui lui rappela les charognes d’animaux laissées à l’abandon dans l’East End. En un éclair, elle comprit. Horrifiée, elle jeta la pièce le plus loin possible d’elle. Un suaire… Elle avait dormi dans un suaire ! Le dégoût s’empara d’elle, la tordant au plus profond de ses tripes. Elle eut envie de vomir, de se laver des pieds à la tête. D’un geste convulsif, elle laissa tomber la bougie, qui fit s’enflammer le parquet. Le feu progressa vite, trop vite. Paniquée, gênée dans une robe qui ne lui appartenait pas, la jeune femme se rua vers la sortie. La porte s’ouvrit sans résister, fort heureusement, et elle la referma précipitamment derrière elle.
Son cœur battait la chamade et ses jambes tremblaient, cachées par l’épaisseur de ses jupes.

La pièce où elle se trouvait à présent était très bien éclairée alors qu’il n’y avait aucune fenêtre. Tout était en bois d’acajou. Le parquet, les murs lambrissés, le plafond… Elle avait l’impression d’être dans une boîte. Le seul meuble présent était un grand miroir décoré de moulures dorées. Elle s’en approcha lentement, n’osant pas regarder. Qu’allait-elle voir ? Quelle surprise macabre lui réservait cette glace ? La porte par laquelle elle était entrée avait disparu. Elle n’avait guère le choix… Brusquement, elle porta son regard sur la surface polie. Elle ne vit rien d’autre que son propre reflet.
Eulalia était vêtue d’une robe de soirée à la dernière mode, coupée dans un tissus de soie bleu nuit sur lequel on avait brodé de minuscules perles de nacre. L’ensemble rappelait un ciel nocturne empli d’étoiles. En paradoxe avec cette magnificence, les cheveux de la jeune Huntress étaient lâchés et emmêlés. Ses boucles rebelles allaient en tous sens, encadrant son visage pâle et terrifié. Quelle était donc cette mascarade ? Que faisait-elle dans cette robe, où avait-elle atterrit ? Il y avait de cela quelques heures, elle était dans le manoir de Raphaël, en compagnie d’autres Chasseurs. Que s’était-il passé entre temps ? Il n’y avait qu’un grand vide dans sa mémoire…
Le reflet bougea. Eulalia hurla et recula d’un bon mètre. Pourtant, rien ne vint. C’était toujours elle dans le miroir. Sereine, elle appuyait sa main droite sur la vitre et regardait son alter-ego d’un air à la fois doux et autoritaire. Sans trop savoir ce qu’elle faisait, la jeune femme s’avança, la main tendue, et l’appuya contre celle de son reflet.
L’image changea. Une salle richement décorée de moulures et de sculptures raffinées, aux fauteuils pourpres et confortables et au plafond haut. À l’arrière-plan, elle put distinguer une scène illuminée.


- Mais qu’est-ce que… ? On dirait le théâtre…

A ces mots, la pièce sembla bouger dans tous les sens tandis que le miroir prenait des proportions démesurées, comme s’il cherchait à avaler la jeune femme. Des morceaux de plafond se détachèrent et tombèrent autour d’elle. Instinctivement, elle se recroquevilla et ferma les yeux, s’imaginant qu’un morceau lui tomberait dessus à un moment ou à un autre. Mais rien ne vint. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle se trouvait dans la salle du Théâtre. Tout était propre et calme, comme à la veille d’une représentation. Les fauteuils avaient été nettoyés et le parquet était ciré. Aucun bruit ne venait perturber le tableau. Même pas le bruit de sa respiration. Méfiante, elle se déplaça dans les rangées, jetant des regards de droite et de gauche. Même les talons de ses souliers n’arrivaient pas à briser le silence.

Comment faire pour sortir d’ici ? Fallait-il trouver un autre miroir ? Trouver une autre porte ? Pourquoi ne voyait-elle personne ? La tentation de hurler pour appeler à l’aide était forte, très forte. Elle se sentait au bord de la panique et de la crise d’hystérie. Quelque chose ne tournait pas rond, elle le sentait. Et elle en eut la confirmation lorsque quelque chose attrapa un pan de sa jupe.
Lally se retourna en sursautant. C’était une main, une main blanche comme la mort qui la tirait en arrière, jusqu’à la bonne rangée de sièges, deux pas en arrière. Ce qu’elle vit faillit lui arracher un cri d’horreur. C’était le corps de Stan, exsangue et sauvagement éventré qui la retenait. En hurlant, elle se débattit et descendit plusieurs rangées pour s’éloigner et, cette fois, vomir de tout son saoûl. Elle avait compris… Stan avait laissé sa peau au Théâtre… Mais pourquoi n’avait-elle aucun souvenir de la journée qui avait précédé ? Son cœur se glaça. Elle retroussa ses jupes et continua sa descente.


- Il y a quelqu’un ? Je vous en supplie, si vous m’entendez, répondez-moi !

Une forme sombre, à l’ombre d’une travée latérale, attira son attention. Elle avait peur d’aller voir et d’y faire une autre découverte immonde. Mais c’était plus fort qu’elle. Comme si ses pieds avaient décidé d’agir à la place de sa tête. Elle marcha en direction de la silhouette qui prenait forme humaine, petit à petit. A la faible lueur des appliques, elle distingua les cadavres de Sarah et Alexender baignant dans une mare vermeille, unis dans la mort par un dernier baiser. Cette vision la fit tomber à genoux. Plus rien ne réagissait. L’immense horreur qui s’était produite en ces lieux la laissait pantoise.

- Oh Seigneur…

Un râle la fit sursauter. Quelqu’un était en vie ! Et ce quelqu’un ne pouvait être qu’une seule personne. Affolée, le cœur au bord des lèvres, elle ramassa ses jupes et courut vers la source du bruit. Raphaël gisait dans la fosse d’orchestre, la poitrine barrée par une profonde blessure. Il avait déjà perdu beaucoup de sang… Elle sauta à son côté et le prit dans ses bras, le secouant un peu. Il ouvrit ses yeux d’azur mais ne dit strictement rien. La jeune femme caressa sa joue. Elle pleurait à chaudes larmes.

- Raphaël ! Raphaël, accroche-toi ! C’est moi, Eulalia ! Je vais te sortir de là, c’est fini… C’est fini… Elle caressa ses cheveux et embrassa son front. Il était glacé, encore plus que d’habitude. Elle sentait son souffle qui devenait de plus en plus faible à chaque seconde qui passait. Il était mourant, elle ne pouvait rien faire… Alors elle le serra plus fort, désespérée. Bats-toi, je t’en supplie… Raphaël, s’il te plaît… Elle sanglota, en le tenant comme un enfant. Il ne respirait plus et elle le réalisa brutalement. Non… Non, non, NON ! Je t’en supplie, reviens ! Raphaël, pour l’amour de Dieu, respire ! RAPHAËL !!!

Elle le secoua, essaya de le soigner. Mais sa magie ne répondit pas. Pourquoi ne pouvait-elle pas se servir de son don ? Le cadavre du vampire allongé à côté d’elle lui fit réaliser toute l’horreur de ce qui venait de se produire. Elle avait été absente, elle les avait laissés se faire tuer. Si elle était allée au combat avec eux, elle aurait pu les soigner sur place, leur éviter une mort tragique ! C’était sa faute…

Terrassée par le chagrin, elle hurla à la mort tandis que la pièce se disloquait autour d’elle. Tout disparut et elle se retrouva dans le noir et l’obscurité complète. Des voix l’accablaient de reproches, autour d’elle, des squelettes obscènes dont les orbites pourtant vides semblaient briller de joie, dansaient et la poignardaient de toutes parts. Ce fut de terreur et de douleur qu’elle hurla. Elle était tachée de sang, du sang des autres. Elle avait été leur meurtrière.



* * *

Lally ouvrit brusquement les yeux en inspirant tout l’air qu’elle pouvait. Au-dessus d’elle, les visages des deux domestiques d’Alexender la scrutaient, visiblement inquiètes. Elles épongeaient son front avec une compresse mouillée pour tenter de la faire revenir parmi elles. Tout cela n’avait été qu’un affreux cauchemar… Tout le monde était en vie… Elle cligna des yeux et se redressa doucement, plus éveillée que jamais. Évidemment, elle était encore un peu faible mais son corps avait récupéré un minimum d’énergie durant sa perte de connaissance. D’une voix faible, elle s’adressa aux jeunes femmes.

- Je vous remercie d’avoir veillé sur moi… Je ne voudrais pas abuser de votre gentillesse mais auriez-vous l’amabilité de me préparer un peu de thé et quelque chose à manger ?

Elle avait besoin de recharger son corps en nutriments, c’était indéniable. Pendant que les jeunes femmes s’affairaient, elle alla s’asseoir sur une chaise, toujours enveloppée dans la couverture en laine. Elle ne savait pas que Sarah et Alexender venaient de se disputer violemment, mettant en péril leur couple déjà fragilisé, pas plus qu’elle ne savait que Raphaël se morfondait dans un petit salon. Elle n’avait pas non plus conscience de la violente dispute qui avait éclaté après son malaise…

Elle mangea avec plaisir ce qu’on lui proposa et n’en laissa pas la moindre miette. Elle se sentait bien mieux à présent et les forces revenaient petit à petit. Elle songea alors à aller se débarbouiller. La transpiration lui collait à la peau et elle détestait cette sensation. Surtout, elle voulait se retrouver seule un moment. Bien qu’elle n’ait pas assisté aux évènements, elle pouvait imaginer que ce qui venait de lui arriver avait été l’étincelle qui avait mis le feu aux poudres. Il était plus que probable qu’Alexender avait profité de l’occasion pour décharger son fiel sur le vampire et, par la même occasion, fragilisé davantage leur alliance déjà bancale. Elle se leva, gardant la couverture sur les épaules, et informa les domestiques de son désir de se laver. Comme elle s’y attendait, elle s’opposèrent à ce qu’elle monte seule, de peur qu’elle retombe dans l’inconscience. Mais Lally les rassura, leur adressant un charmant sourire quoiqu’un peu faible.


- Ne vous en faites pas… Je ne risque rien.

Sur ce, elle quitta la pièce avant qu’elles aient eu le temps de protester.
Les escaliers furent montés avec prudence et délicatesse. Eulalia fit de sorte de ne pas les faire grincer. Elle arriva dans le salon, vide, où le feu brûlait encore. Sans s’attarder, elle se dirigea vers la salle d’eau. Elle y entra, alluma la lumière et referma la porte derrière elle. Elle enleva sa robe et posa la couverture sur un meuble. Elle se tenait sur le linoléum, vêtue de son corset et de sa chemise de dessous. S’approchant du lavabo, elle fit couler de l’eau froide pendant un petit moment et se saisit d’un savon qui traînait là.

Pendant plusieurs minutes, elle se débarbouilla avec un soin méticuleux, évitant de trop penser aux récents évènements. La sensation de l’eau sur son visage lui fit le plus grand bien et elle en fut soulagée. Ce n’était pas grand chose mais la sensation de bien-être était faite de petits riens, comme par exemple, le sentiment d’être propre.
En soupirant, elle repassa sa robe et empoigna sa couverture avant de souffler la lampe à huile et de retourner dans le salon. Au lieu de redescendre tout de suite, elle s’assit par terre, en face de la cheminée, la couverture sur les épaules. Elle fixa la lueur des flammes mourantes d’un air absent.

Si son rêve avait été une prémonition ? Si… S’ils mouraient là-bas parce qu’ils n’auraient pas la force de rentrer ? Si elle ne venait pas avec eux… Que se passerait-il ? Mais si elle les accompagnait, elle serait un poids pour eux. Elle subirait le contrecoup de son incantation en plein milieu des combats…

Elle se sentait coincée. Elle avait peur pour eux. Peur de les voir mourir. Elle avait envie de hurler, de frapper tout ce qu’elle voyait, de pleurer toutes les larmes de son corps dans l’espoir de changer quelque chose. D’une main malhabile, elle raviva les flammes puis croisa les bras sur ses genoux et enfouit sa tête au milieu pour sangloter.


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Proie(s) : Les êtres de nuits mais plus particulièrement les vampires.
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeLun 10 Sep - 15:41

Sarah attendait une explication. Il était inconcevable pour elle que tant de haine ne cache pas une histoire plus profonde. Ils avaient tous décidés de chasser les êtres de la nuit, que ce soit vampire ou loup-garou. Mais avec les années, la jeune femme c’était rendue compte qu’à chaque fois, de triste évènements étaient sous cette décision. C’est ce qu’elle attendait de la part d’Alexender. Qu’il lui dise enfin pourquoi il avait tant de colère. Mais bien évidemment, ce fut le contraire qui se produit. Son amant retourna sa rage contre elle qui ne pu que la subir sans possibilité de placer le moindre mot. Tournée vers lui, les bras croisée, le regard profond, elle l’écouta vomir sa rage avant de sortir en claquant la porte qui faillit sortir de ses gonds. La Chasseuse demeura immobile quelque instant, pétrifiée et sans souffle par la hargne qui venait d’exploser dans cette pièce. Elle avait prit la remarque acerbe sans pouvoir desserrer les dents.

Cette confrontation, au lieu de raviver sa colère, la laissa dans une profonde lassitude. Le mauvais pressentiment qui l’habitait grandit encore. Un coup de tonnerre ébranla les fondations faibles de la demeure et la demoiselle retourna à sa fenêtre. Dehors, la pluie tombait avec force, faisant disparaitre le brouillard. Ce n’était pas ainsi qu’elle voulait que la situation se développe…

Elle demeura un moment immobile, prenant le temps de se calmer avant de sortir de la pièce. La demoiselle jeta un regard au corps toujours inconscients de la jeune Miss Grey et aux deux domestiques qui tentaient de la réanimer. Un petit coup d’œil à Marguerite et celle-ci pointa la porte d’entré du regard. Après un petit signe de tête, la magicienne les laissa à leur tâche.

Sarah s’approcha de la porte d’entré, redoutant l’instant où elle devrait aller sous la pluie. Un éclair la décida et elle franchit le cadre d’un pas rapide. Les cheveux étaient encore là. L’aristocrate repoussa les mèches qui lui tombaient devant les yeux avant de se diriger vers l’arrière de la demeure. Ses vêtements étaient déjà tremper, collant à sa peau, moulant ses formes que rien ne dissimulait. Sa cape était encore posée sur la chaise près du feu de la pièce qu’elle venait de quitter. Le jardin était plongé dans une obscurité grise. S’enfonçant dans la désolation végétale, la demoiselle finit par entendre un gémissement parmi les arbres morts. Elle s’approcha pour reconnaitre la silhouette de son amoureux.


-Alex...

Elle franchit à la course les quelques mètres qui la séparait de lui pour se jeter à genoux à ses côté et pour l’envelopper dans ses bras. Elle resta un bon moment à le serrer doucement dans ses bras lui murmurant des je t’aime à l’oreille jusqu'à ce qu’elle le sente calmer. S’écartant un peu, elle prit son visage dans sa main pour le regarder dans les yeux. Elle ne voulait pas repartir une guerre mais le sujet devait être vidée une fois pour toute.

-Écoute… je sais que nous ne serons probablement jamais d’accord sur ce sujet...

Elle le sentit se raidir mais elle posa sa main sur la sienne pour l’apaiser avant qu’il ne cri de nouveau.

- Si tu es incapable de voir Raphael comme un alliée, voit le plutôt comme une arme à notre avantage. Il est plus rapide, plus puissant donc efficace. Et les vampires verront comme une insulte que l’un des leurs tente de l’attaquer. Une diversion de plus…
Elle cherchait un moyen de réduire la tension qu’il y avait entre eux.

-D’un autre côté je trouve difficile à accepter que tu lui en veuille pour ce qu’il est, alors que ces la Miss Grey qui lui a demandé de poser un tel geste. Elle c’est mit elle-même en danger...

Pour la jeune femme il était clair que la faute revenait en grande partie à la Demoiselle Grey. Elle l’avait dit elle-même qu’elle avait poussé le jeune italien à la mordre. Une idée suicidaire pensait la Chasseuse puisqu’elle connaissait le tempérament violant et incontrôlable des jeunes vampires. Elle serra un peu plus fort la main de son amant.

-Je ne te demande pas de l’aimer ou de le supporter… Je comprends ta rage et ta frustration mais exploser ainsi au moindre mouvement ne mènera nulle part Alexender. Ça ne fait que créer des tensions et il y en a déjà assez suffisamment comme ça…

Elle s’approcha de lui pour coller son fort trempé au sien. Ce n’était pas lui qu’elle n’aimait pas, c’était cette situation impossible et elle voulait qu’il le comprenne. Approchant ses lèvres, elle l’embrassa passionnément, oubliant la pluie et le froid qui traversait ses membres.


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Raphaël Veneziano
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeJeu 13 Sep - 12:00

La culpabilité. Cette terrible engeance de la conscience et du doute. Fille de la peur et de la responsabilité. La culpabilité, autrement nommée tristesse, affront, peine et souffrance, rongeait Raphaël. Le Vampire, assit sur son cercueil poussiéreux, songeait depuis de longues minutes à toutes ses fautes passées et futures. Eulalia avait été sa plus cruelle erreur depuis bien des années. Lui qui luttait contre le mal, contre les siens et leurs pulsions meurtrières, venait de transgresser les limites qu'il s'était imposées et entrait à présent dans la catégorie abhorrée des monstres qu'il chassait. Cette envie de sang, de chaleur, d'énergie vitale et de rapt égoïste l'avait toujours complètement repoussé. Jamais il n'avait pris plaisir à boire du sang, que ce soit celui d'un humain ou celui d'un animal, sauf ce soir...Avait-il donc perdu la tête ? Sa soif, trop longtemps retenue, avait-elle donc enfin eu raison de lui ? Avait-il ainsi perdu la dernière once d'humanité qui siégeait en son cœur et son âme ? Pourquoi maintenant, la veille d'un coup si important ? Sa faiblesse le révoltait autant qu'elle le poignardait. Le désarroi s'emparait peu à peu de tout son corps et de tout son esprit. Entre la rage et la douleur la plus extrême, le Vampire errait dans un univers empli de fantômes et de démons.

Où était donc la vérité ? Qu'est-ce qui régissait encore sa personne ? Était-ce la raison, la folie ? Ou était-ce le hasard, la chance, la fatalité ? Un diable sanglant dormait en son sein et il ne savait plus comment le maîtriser. Le goût du sang lui titillait encore les papilles, il le sentait, peut-être même plus que cette culpabilité chérie qu'il ruminait en cette heure. Quel était donc le droit chemin ? Fallait-il continuer à lutter désespérément contre sa nature en risquant sa vie et sa conscience ? Ou devait-il accepter entièrement cet alternatif que lui offrait Eulalia ?

Raphaël songea à ses lèvres, ses yeux, son parfum...L'amour était-il possible pour lui ? Dans son monde de ténèbres et d'amertume, pouvait-il encore aimer ? Les sentiments humains semblaient rester ancré chez les membres de sa race, lui-même ressentait une vive affection pour cette jeune femme. Mais était-ce de l'amour ? Qu'en savait-il ? Avait-il déjà aimé ? Non. Jamais. Raphaël faisait partie de ces hommes pour lesquels les choses de la vie n'étaient pas encore toutes découvertes. Certes il avait toujours plu aux femmes, certes il avait déjà dansé avec elles et échangé des paroles mondaines, mais jamais encore il ne s'était attaché et jamais encore il n'avait accepté d'échange charnel. Il respectait bien trop la vie.

La pluie tombait dehors, ses tortures avec elle.
Peu à peu, à force de réfléchir à tant de questions si diverses et chaotiques, son esprit s'engourdissait. Lentement, Raphaël ferma les yeux. Il était fatigué, très fatigué. Malgré son regain de forces dû au sang d'Eulalia, il véhiculait en ce jour bien trop de soucis pour rester éveillé encore longtemps.

Après un long soupir, il se leva enfin de son macabre siège pour errer près de la fenêtre. Il ouvrit cette dernière d'un geste lent et paresseux. Le bois résista quelques secondes mais bientôt le vent s'engouffra dans la pièce à travers les lattes moisies du volet. Raphaël ressentit alors une vive envie de prendre l'air. Ouvrant cette fois-ci le volet de bois, le Vampire poussa avec ferveur le loquet et s'émerveilla devant le spectacle de la nuit. Le ciel était noir comme l'encre, aucune étoile ne pouvait se frayer un chemin jusqu'à l'oeil des vivants. Les nuages roulaient dans sa sphère éthérée, grondant en se percutant les uns les autres comme pour illustrer une magnifique bataille en mémoire des anciens dieux. Ils déversaient leurs larmes par flots entiers, comme pour laver la terre de ses pêchers. Raphaël sentit la pluie sur sa peau de nacre.

Une voix, au rez-de-chaussée, le fit revenir vers l'intérieur comme pour le sortir de son rêve pour lui rappeler la réalité. C'était celle d'Alexender. Il hurlait à nouveau. Raphaël entendit distinctement la porte d'entrée se claquer violemment. Il eut une pensée pour la jeune Spencer. Était-ce contre elle qu'il s'était ainsi énervé ? La pauvre jeune femme prenait sur elle toute la rage du Hunter. C'était une nouvelle raison de culpabiliser pour le Vampire. Non seulement il n'avait pas su retenir ses pulsions face à la superbe gorge d'Eulalia et avait ainsi causé son affaiblissement et la guerre entre eux-tous, mais en plus il risquait par ce geste de briser leur ménage.
Tendant l'oreille un instant, le Vampire vérifia qu'il n'y avait pas plus d'esclandre de cela. Il pensa à Eulalia, espérant de tout cœur qu'elle se portait bien. L'idée de descendre pour aller la voir lui arrachait presque des grognements de frustration. Rester ainsi enfermé loin d'elle pour le bon plaisir du rouquin s’insupportait comme jamais. Elle avait besoin de repos, certes, c'était une évidence, et le sommeil ne pouvait que lui faire du bien. Mais sans les domestiques d'Alexender, Raphaël se serait déjà rendu à l'infirmerie pour vérifier que la jeune femme n'avait besoin de rien d'autre. Et puis...il voulait revoir son visage, là, tout de suite, maintenant. Pourquoi ? Il voulait la protéger, la tenir dans ses bras...

Revenant à la fenêtre, le Vampire resta quelques minutes appuyé contre le rebord, songeur, laissant la pluie mouiller son visage par rebonds contre la corniche. Puis, dans un élan de curiosité et de doute, il monta sur le rebord vermoulu de la fenêtre et, prestement, se hissa sur une poutre qui dépassait du toit, au-dessus de sa tête, pour escalader ensuite son manoir afin d'atteindre ses hauteurs. La tâche ne fut pas aisée, même pour un Vampire aussi expérimenté que lui dans l'art de grimper après les bâtisses. La pluie rendait le boit et les tuiles glissantes au possible. L'état moussu et dégradé des bords lui jouait des tours qui auraient pu lui coûter la vie. Cependant, leste et agile, Raphaël réussi à se hisser jusqu'au toit de son manoir. Debout, il observa son jardin. De ce côté-ci du domaine, c'était réellement la jungle. Les arbres se multipliaient sans aucune taille, toute la végétation s'étendait de façon anarchique. C'était un spectacle à la fois beau et terrible, tellement naturel et pourtant si effrayant dans son manque d'entretien.

Se détournant rapidement du lugubre paysage à l'arrière de son manoir, le Vampire erra sur les tuiles jusqu'à voir toute la partie avant de son domaine. Il y avait moins de végétation qu'à l'arrière, c'était logique d'une certaine façon, mais rien n'était entretenu là non plus. Quelques arbres poussaient ça et là, l'herbe avait atteint une hauteur inconsidérée et les gravillons de l'allée principale étaient éparpillés dans un désordre désolant. Une forme gisait au pied d'un arbre. Raphaël comprit bien vite que c'était Alexender. La pluie tombait toujours. Elle trempait leurs vêtements, collait leurs cheveux et ruisselait contre leurs bouches. Pourtant, alors que le temps semblait trop frais pour un humain, Alexender restait là, appuyé contre le tronc de son bienfaiteur silencieux, son arme entre ses jambes. Raphaël l'observa un instant. Lui, il ne ressentait pas le froid, simplement une agréable sensation de respirer un air pur. Seule la pluie le gênait, cela le rendait plus obscur, plus terne. Ses cheveux blancs prenaient une teinte grise sous ce ciel noir et la sensation désagréable de son pantalon qui tentait d'avaler sa peau à travers ses fibres trempées n'était pas non plus pour lui plaire.

Une forme féminine sortit soudainement du manoir, attirant son attention. Raphaël manqua un battement de cœur. C'était Sarah, il avait songé une fraction de seconde à Eulalia. La jeune aristocrate se précipita vers son amant et termina dans ses bras. La scène ému Raphaël autant qu'elle le dégoûta. C'était beau de voir ces deux humains se rassembler malgré leurs différents, mais c'était aussi cruel pour lui.
Alors que la chasseuse embrassait son compagnon sous la pluie pour former un tableau des plus dramatique et romantique de ce siècle, Raphaël s'éclipsa. Il revint de l'autre côté du toit et redescendit jusqu'à sa fenêtre. Enfin arrivé dans le petit salon poussiéreux, il referma soigneusement les volets et sa fenêtre avant de pousser un long soupir de soulagement. Le vent l'exaspérait.
Dos contre la fenêtre, le Vampire se sentit vidé de ses forces. Pourquoi était-il sorti ainsi ? Maintenant ses vêtements étaient lourds, gonflés d'eau, il dégoulinait sur le plancher. Mais surtout, il venait d'assister à cette scène de retrouvailles...

Perturbé plus que jamais, Raphaël entreprit de vaincre son amertume en se bougeant un maximum. Pour occuper son esprit à d'autres pensées, il commença par retirer sa chemise pour l'essorer. Une fois que le tissu noir fut décollé de sa peau et extirpé de son corps, le Vampire se mit au-dessus d'une bassine qui traînait dans un coin de la pièce pour l'y tordre et en enlever un maximum d'eau. Cette dernière coula lentement du tissu, d'abord par verres, puis par gouttes. Observant sa chemise, Raphaël soupira à nouveau. Il n'avait rien pour se changer. Quel abruti ! Il allait devoir réveiller Stan ou se coucher avec un pantalon trempé. Il réfléchit quelques minutes puis il se décida à aller chercher son manteau dans le salon. C'était une solution. Stan serait certainement dans sa chambre avec une domestique, Alexender et Sarah étaient dans le jardin, Eulalia devait dormir dans l'infirmerie avec la seconde domestique...Son manteau à col d'hermine était resté dans un coin du salon où il ne devait plus y avoir personne. Il ferait d'ailleurs sécher sa chemise devant la cheminée, c'était une perspective encourageante.

Sur ces idées, Raphaël enleva ses chaussures pour les laisser près de son cercueil et éviter de mettre de l'eau partout. Puis il entrouvrit sa porte. A vue d'oeil, il n'y avait plus personne. Stan devait bien être parti se coucher dans sa chambre. Le Vampire ouvrit donc plus grand sa porte et entra dans le salon. Il était torse nu, tenant sa chemise mouillée et torsadée dans une main et pieds nus. Ses cheveux en bataille étaient ébouriffés dans un chaos artistique digne d'un badaud de cabaret. Il était loin de son élégance habituelle mais tellement plus naturel et plus viril ainsi. Mais cela, il ne s'en préoccupait pas le moins du monde. Son objectif était bien plus concret que de se plaire à lui-même dans un miroir.
D'un pas rapide, il arriva à mi parcours, entre l'encadrement de sa porte et les fauteuils, lorsqu'il vit clairement se dessiner devant la cheminée la silhouette d'une femme emmitouflée dans une couverture. C'était Eulalia et elle sanglotait.
Raphaël s'était figé.
Eulalia ! Mais que faisait-elle là ? Elle s'était donc réveillée ?

Le Vampire hésita. L'avait-elle entendu ? Il en doutait vue sa position, la tête dans ses bras, ses sanglots et le crépitement du feu qui reprenait de plus bel grâce à ses soins. Il était entré si discrètement, comment aurait-elle pu l'entendre ?
Raphaël paniqua un instant. Que faire ? Il n'avait pas prévu cela ! Alexender le tuerait s'il se retrouvait une nouvelle fois seul avec elle ! Mais ce n'était pas tant du Hunter dont le Vampire avait peur mais bien de lui-même ! Allait-il être à nouveau tenté ? Pourquoi pleurait-elle ? Et lui qui se promenait trempé de la tête aux pieds, à demi-nu, dans une tenue complètement inconvenante...

Raphaël songea à repartir comme il était venu : discrètement, sans un bruit, comme une ombre, afin de laisser la jeune femme à ses pleurs intimes. Cela lui éviterait un nouveau scandale mais aussi son regard choqué. Comment réagirait-elle en le voyant ainsi ? Raphaël eu soudainement honte de la situation qui se présentait maintenant à lui.
Mais, alors qu'il commençait à pivoter sur lui-même pour faire demi-tour, les sanglots de la jeune femme lui déchirèrent le cœur. N'avait-il pas songé, quelques instants auparavant, à descendre la rejoindre pour s'assurer qu'elle allait bien ? N'était-il pas celui qui pouvait la réconforter en cette heure ? La laisser à sa souffrance n'était qu'une cruauté à la fois pour elle et pour lui. C'était oublier ce baiser, cette morsure, ce lien étrange qui les attachait maintenant l'un à l'autre. Elle lui avait dit qu'elle l'aimait et qu'elle était prête à le suivre dans sa douleur, elle lui avait dit qu'il pourrait toujours compter sur elle, sa présence, ses soins, son affection...N'avait-il pas le devoir de lui montrer que lui aussi était capable de tout pour elle ?


- Miss Grey...fit-il d'une voix tendre, à peine audible.

Lentement, Raphaël chercha des yeux son manteau blanc bordé d'hermine pour esquiver le regard de sa compagne. Il n'eut aucune difficulté à le trouver. Laissant à sa place la chemise trempée, il l'enfila silencieusement et rejoignit Eulalia qui devait avoir maintenant perçu sa présence. Debout derrière elle, il lui murmura doucement en s'accroupissant lentement :


- Séchez ces larmes...voulez-vous ? Tout va bien...

Prenant dans une de ses mains la sienne, il posa l'autre sur son épaule et lui sourit faiblement.

- Je suis navré que vous ayez assisté à nos petites disputes et...que je vous aie...

Son regard se perdit un instant sur le cou de la jeune femme. Ses yeux se ternirent dans une expression de tristesse.

- ...affaiblie de la sorte...

Il serra sa main autour de la sienne et glissa l'autre vers sa joue pour ensuite lui caresser les cheveux au niveau de sa tempe. Il remit une de ses mèches rebelles derrière son oreille.

- Est-ce que vous vous sentez mieux ? Allons, ne pleurez pas...

Raphaël posa ses genoux au sol et saisit tendrement Eulalia dans ses bras. La ramenant doucement vers lui, il l'engloba dans un mouvement ample et intime. D'un bras, il soutint le dos de la jeune femme, tenant sa couverture contre elle pour éviter qu'elle ne glisse, de l'autre, il lui saisissit la tête pour la poser contre son torse, à cheval entre la fourrure d'hermine et sa peau nu. Eulalia accepterait-elle tant de proximités avec un homme ? Raphaël ne se posa même pas la question. Il sentit la chaleur de la jeune humaine contre son poitrail et son ventre, ce fut une sensation intense et voluptueuse. Il la serra plus fort contre lui, profitant de ce moment de solitude.

S'il n'avait pas conscience que d'autres étaient présents dans le manoir et si sa culpabilité quant à la fatigue extrême de la jeune femme ne le rongeait pas en même temps que ses larmes, Dieux seul sait ce qui se serait alors passé. Raphaël sentait monter en lui un sentiment de jouissance qui le poussait à aller plus loin. Il se mit à chercher des lèvres la bouche d'Eulalia, brûlant de ce nouveau feu qui l'habitait depuis la scène du jardin. Son nez vient plonger dans la nuque de la belle, perdu dans ses cheveux, tandis qu'il la poussait à se lover contre lui.

Mettant fin à cette étreinte qui se faisait de plus en plus passionnée, Raphaël souleva à nouveau le visage de la chasseuse et plongea ses yeux d'azur dans les siens.


- Il faut que vous vous reposiez. Demain, notre plus grand combat devra se jouer sur les planches de ce théâtre maudit. Nous aurons besoin de vos talents...

Raphaël passa une main sous la couverture d'Eulalia pour la saisir doucement par la taille de son corset. Il l'embrassa encore, fougueusement, en la ramenant vers lui. Puis il s'éloigna soudainement. Debout, il lui tendit une main pour la relever.

- Est-ce que vous avez faim? Soif? Vous voulez plus de couvertures? Vous pouvez prendre le canapé, Stan semble avoir prit ma chambre. Mais vous pouvez aussi redescendre avec...Alexender et ses domestiques.

Les yeux de Raphaël brillèrent un instant d'une lueur farouche.

- Je ne peux malheureusement pas veiller sur vous cette nuit...

Le Vampire désigna la porte ouverte de son salon poussiéreux.

- Je vais dormir dans la pièce d'à côté. Tout ce que je vous demanderais, c'est de ne jamais y entrer.

Raphaël ne voulait pas qu'elle voit le cercueil et encore moins qu'elle ne prenne le risque d'attiser sa soif. Il y avait également le danger de la lumière du jour, Raphaël n'avait pas confiance en Alexender.

- Faites passer le mot que je désire rester tranquille. Stan est déjà au courant. Le jour, pour moi, est un calvaire...


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Eulalia Grey
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeMar 18 Sep - 18:50

Le feu avait beau réchauffer son enveloppe charnelle, Eulalia se sentait emplie de la plus profonde des froideurs. Son esprit était embrumé par les sentiments qui la tourmentaient et lui broyaient le cœur, lui laissant un cruel sentiment d'amertume dans la bouche. Les images sanglantes de son rêve la hantaient encore, ainsi que leur réalisme surprenant et les mauvais présages qu'elles supposaient. Les images des cadavres de ses alliés dansèrent dans son esprit, lui arrachant un sanglot déchirant. Ce qu'elle avait rêvé n'avait rien d'improbable... Bien qu'ils soient tous rodés au combat, comment pourraient-ils survivre dans une salle truffée de vampires ?! Si elle ne restait pas sur place pour les soigner au moment où ils en avaient besoin, qui sait ce qui leur arriverait ? Et c'était sans compter sur Raphaël et Stan, bien décidés à mourir s'ils pouvaient emporter le Comte dans la tombe. Cette attitude la révoltait. Comment pouvaient-ils se montrer si radicaux face à leur propre destinée ? La perspective de mourir demain n'avait même pas effleuré l'esprit de la jeune femme. Et maintenant qu'elle y pensait, la peur l'étreignait et remuait les tréfonds de son âme. Elle aurait pu mourir il y avait de cela quelques jours, en tombant du haut du Queen's Head...

Soudain, ce fut l'image du jeune vampire agonisant dans ses bras qui s'imposa à elle, dans toute son horreur. Ce fut comme un coup de poignard dans son jeune cœur encore fragile. Le simple fait d'imaginer qu'il puisse perdre la vie lui causait une douleur intense et déchirante qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant. Pourquoi ? L'aimait-elle vraiment ou était-ce un engouement passager dû en grande partie à son physique envoûtant ? Bien qu'elle soit Huntress et qu'elle ait vu plusieurs fois la mort en face, la jeune femme gardait en elle un certain romantisme, dû en grande partie à son jeune âge. Bien que sa raison lui dictât qu'elle ne pouvait offrir sa vie à un homme qu'elle n'avait guère vu plus de deux fois et qui n'avait que peu discuté avec elle, Eualia voulait croire à cet amour improbable, né de la rencontre purement fortuite de deux êtres qui n'auraient jamais dû se croiser. Elle voulait croire que les coups de foudre existaient vraiment, que Raphaël était son âme sœur. Elle qui d'habitude se montrait si raisonnable et si terre-à-terre, elle voulait juste se laisser aller à la folie que représentait l'étreinte de ce vampire qui devait avoir l'âge de son propre père.
Quel sentiment assez fort pouvait bouleverser la volonté de cette jeune femme au point de lui faire perdre son bon sens ? Certainement pas la simple amitié.

Et puis, elle repensa à Alexender et à ses paroles blessantes et hargneuses et pourtant non dénuées de vérité. Il voulait la pousser à le dénigrer, à le laisser seul avec sa souffrance. Il la pensait envoûtée, manipulée. Il l'avait traitée de naïve. C'était facile pour lui de dire ça ! Il avait Sarah, lui. Elle était humaine, ils s'aimaient envers et contre tout ! Comment aurait-il réagi si cette Lady à l'air un tantinet prétentieux, comme toutes les jeunes femmes de son rang d'ailleurs, s'était avérée être une vampire ? Aurait-il eu le cran de l'éliminer ? Elle lui avait déjà posé la question et il s'était contenté d'esquiver le problème. De toute façon, Sarah était aussi humaine qu'elle. Il n'y avait donc pas matière à discussion.

Lally s'était rendue compte que pour cet homme roux qui s'était montré pourtant si galant, tous les vampires devaient être éliminés. Pourquoi ? Après tout, s'ils étaient sur terre, c'était la volonté de Dieu. Il y avait donc forcément une utilité à la vie de cette espèce. Ils étaient les prédateurs de l'Homme. Et en tant qu'être humain, elle tuait ceux qui menaçaient la vie de ses semblables. Mais pourquoi aller faire du mal à une créature qui lutte contre ses instincts naturels et ne s'en prend pas à ce qui devrait être ses proies ? Pourquoi aller tuer quelqu'un qui s'inflige lui-même des blessures dangereuses dans le seul but de protéger des êtres qu'il devrait tuer sans pitié ? Pour Lally, chaque créature engagée corps et âme sur le chemin de la rédemption devait avoir droit à une seconde chance. Dieu serait alors leur seul juge.
A cet instant, Eulalia pensa que le Sieur Von Ravellow devait être un très mauvais croyant.

Mais si elle pensait à tout cela, si elle se torturait l'esprit de cette manière, c'était parce qu'elle avait déclenché une réaction en chaîne en offrant son sang à Raphaël dans le but de lui permettre de subsister. Elle avait été imprudente et c'était sa faute si tout cela arrivait. Et elle avait l'impression que Lady Spencer lui en tenait impitoyablement rigueur.
Dans le fond, notre jeune femme aimait bien l'Aristocrate parce qu'elle partageait les mêmes idéaux qu'elle, ça, elle en avait la certitude. Elle n'aurait pas protégé le vampire sinon. Mais à chaque fois qu'elle regardait son air, ses manières, elle trouvait toujours un petit détail qu'elle interprétait comme des reproches à son égard. De la même façon, quand elle avait posé sa main sur le genou d'Alexender, elle avait trouvé à ce geste totalement anodin une dimension plus retorse, comme si elle avait fait cela en sa présence, juste pour lui rappeler que son histoire d'amour à elle n'était pas vouée à l'échec.

Était-elle jalouse ? S'imaginait-elle tout cela ? C'était fort possible... Sarah représentait ce qu'Eulalia avait toujours voulu être. Une jeune fille de bonne famille avec un joli minois, des belles robes et une foule de prétendants, sans aucun doute. Et, dans le même temps, elle connaissait la vie trépidante et dangereuse des Hunters. C'était terriblement égoïste et injuste comme point de vue et elle le savait. Elle avait déjà vu assez de pauvres miséreuses qui auraient vendu leur corps au plus immonde des culs-de-jatte pour avoir le moitié de ce qu'elle possédait. C'était un sentiment très inconfortable que d'envier quelqu'un tout en sachant que c'était mal.

Et pourquoi pensait-elle à des sujets futiles en pareil moment ? C'était tout sauf responsable. Elle se conduisait comme une adolescente capricieuse alors qu'elle aurait dû être une adulte responsable. Elle ne méritait pas d'être Huntress ! Cette réalité lui fit mal au cœur et un gémissement déchirant s'échappa de ses lèvres fines. Dieu qu'elle avait mal...

Mais, comme une lumière dans l 'obscurité la plus totale, une voix familière l'appela. Une voix masculine, douce comme du velours. Le cœur de la jeune femme rata un battement et elle toussa doucement, la gorge encombrée par les larmes. Raphaël marcha dans la pièce et saisit son manteau d'hermine -elle l'entendit au frottement du tissus- avant d'aller s'accroupir derrière elle. Il lui demanda de sécher ses larmes en saisissant une de ses mains tout en exerçant une pression sur son épaule. Sa présence lui fit l'effet d'un baume apaisant. Elle renifla et sécha ses larmes en partie.


- Oh, Mr. Veneziano, si seulement tout pouvait aller bien... J'ai l'impression que nous ne sortirons jamais de cette situation.

Sa voix était un peu rauque. Le vampire s'excusa de l'avoir affaiblie, de l'avoir exposée au conflit entre lui et le Hunter roux. Il avait l'air terriblement perturbé et gêné, on sentait qu'il cherchait ses mots. De grosses perles translucides roulèrent sur ses joues.

- Ne vous excusez pas...

Après tout, c'était de sa faute, encore une fois, si elle avait assisté à toutes ces disputes, et si elle se trouvait affaiblie. Raphaël n'y était pour rien... Elle ne voulait pas qu'il y soit pour quelque chose. Elle sentit qu'il serrait plus fort sa main et caressait ses cheveux, replaçant ses mèches indisciplinées. Un geste qui mêlait à la fois la tendresse paternelle et l'affection profonde. Il la réconfortait avec une tendresse rare et elle en fut profondément touchée. Cette fois ci, elle essaya à nouveau de stopper ses pleurs avec un peu plus d'efficacité.

- Oui, je me sens mieux... Merci.

Il bougea alors et la serra contre lui, l'englobant de ses bras puissants. Elle se sentit alors en sécurité, comme si plus rien ne pouvait les atteindre. Il posa une de ses mains sur sa tête et la dirigea sur son torse d'homme. Elle sentit les poils de l'hermine caresser la partie supérieure de son crâne alors que sa joue était en contact avec quelque chose de froid et légèrement humide. Elle réalisa que c'était la peau nue de Raphaël. D'un coup, elle sentit le rouge lui monter aux joues mais elle ne se raidit pas, pas plus qu'elle n'essaya de se dégager. Jamais elle n'avait été aussi intime avec un homme et jamais... Jamais elle n'avait vu quelqu'un du sexe opposé au sien torse nu. Alors, évidemment, elle était un peu gênée. Timidement, elle posa une de ses mains fines de pianiste sur l'épiderme du vampire, dans un contact très doux. On aurait dit qu'elle avait peur de casser quelque chose.
Elle garda les yeux ouverts, plongés dans ceux du Hunter. Dans le même temps, elle caressait du bout des doigts la peau froide comme le marbre, devinant peu à peu les petites aspérités dues à la musculature. Il resserra son étreinte. Cette proximité lui faisait du bien et lui permettait d'oublier les horreurs passées et celles à venir. Progressivement, elle sentit quelque chose, comme un pincement au plus profond d'elle-même. Mais cela n'en était pas pour autant désagréable... C'était une sensation nouvelle, vivante et fébrile. Elle ne le savait pas encore mais pour la première fois de sa vie, elle désirait physiquement un homme.
Et puis les lèvres blanches du vampires partirent à la recherche des siennes et elle fit de même. Leurs nez, leurs bouches se croisaient, se liaient, allaient chercher à différents endroits de leurs visages. Eulalia se serra plus fort contre lui et posait de doux baisers, légers comme le battement d'ailes d'un papillon, sur le visage et le cou du jeune homme.

Ils s'arrêtèrent avant de dépasser le point de non-retour et leurs yeux s'accrochèrent. C'était presque magnétique. Il lui rappela qu'elle devait se reposer, en vue de leur combat. Ce combat... Eulalia eut un frémissement d'horreur et caressa la joue du vampire.


- Oui... Je sais... elle secoua la tête légèrementJ'ai tellement peur, si vous saviez ! Je ne supporterai pas que l'un d'entre nous vienne à mourir... Je ne supporterai pas que vous mourriez.

Elle baissa les yeux. Puis Raphaël la saisit par la taille et leurs lèvres se lièrent dans un baiser passionné qui réunit à nouveau leurs deux corps. Puis il mit fin à leur étreinte d'un coup. Sans doute avait-il peur de ne pas se contrôler... Il se releva et lui tendit une main qu'elle saisit avant de se hisser sur ses jambes avec son aide. Il s'inquiéta, lui demandant si elle n'avait besoin de rien. Puis il lui proposa de rester dormir ici, ou de retourner en bas. A la prononciation du nom d'Alexender, elle vit ses yeux briller méchamment. Il lui désigna ensuite une porte ouverte à l'arrière. Visiblement, c'était là qu'il dormait... Elle frémit quand il lui demanda de ne pas y entrer. Il devait y avoir une bonne raison à cela... Mais essayer de le découvrir aurait été de la curiosité mal placée voire dangereuse. Et, pire que tout, cela aurait équivalu à une trahison. Elle ne chercha pas à en savoir plus.

- Ne vous inquiétez pas, j'ai tout ce qu'il faut... Elle soupira.Ce n'est pas de gaieté de cœur mais je vais retourner en bas avant que Sieur Von Ravellow ne monte à nouveau sur ses grands chevaux. Je pense que mes caprices ont déjà causé assez de tort à tout le monde ici, ce soir... Et je les préviendrai du fait que vous souhaitez être seul...

Elle hésita un instant puis croisa ses bras derrière le cou du jeune homme et l'embrassa tendrement, pendant un moment. Elle ne voulait pas le quitter, elle voulait rester avec lui le plus longtemps possible parce qu'elle avait peur que lui ou elle perde la vie demain. Elle voulait profiter de cette tendresse, de cette affection pure tant que c'était possible. Elle ne dit rien mais cette peur, ce chagrin se lisaient sur son visage. Mais il fallait qu'elle descende. Il le fallait absolument. Elle resta un moment à l'étreindre puis quand elle trouva la force de partir, elle le quitta avec un sourire pâle et sortit de la pièce sans se retourner.

Alexender n'était pas là quand elle revint à l'infirmerie. Elle rassura les servantes avec sourires et excuses pour avoir trop tardé. Ensuite, toujours emmitouflée dans une de ses couvertures, elle se lova dans un coin du matelas le plus éloigné de la porte et s'endormit comme une masse.

Elle ne sut pas quelle heure il était quand elle se leva mais la pièce était déserte, à l'exception des servantes qui la surveillaient. Quoi qu'il en fût, elle se sentait parfaitement remise et prit un petit déjeuner qu'elle mangea avec appétit. Puis elle organisa l'endroit, discutant gaiement avec les deux femmes, se renseignant sur leurs capacités médicales et leur indiquant de quelle manière elle avait besoin d'être soutenue. Elle ne vit pas les autres jusqu'au déjeuner. On parla stratégie et on essaya de ne pas faire allusion aux événements de la veille. Puis, chacun alla vaquer à ses occupations.

En fin d'après-midi, juste avant que le jour ne décline, L'Eclipse accueillit un nouveau visiteur. Thaddeus Grey était venu faire le point avec les autres membres du groupe, avant de se préparer pour la soirée.

C'était un homme de haute stature et bien bâti. Il avait un visage séduisant et une chevelure poivre et sel encore bien fournie. Ses yeux étaient exactement les mêmes que ceux de sa fille et on notait tout de suite la ressemblance, notamment dans la franchise du regard. Pourtant, l'air de cet homme semblait plus las et mystérieux. Hunter d'expérience, il avait chassé le vampire pendant plus de cinquante ans avec précision et discernement. Et c'était cette même expérience qui l'avait peu à peu éloigné des relations humaines superficielles.
Il avait revêtu son habit clérical et tenait à la main une grosse valise de voyage qui contenait, entre autre, son attirail. Il possédait deux dagues en argent massif savamment affûtées et un Bloody Rose dont il avait caché l'existence à sa fille. Il ne se servait que peu des armes à feu et essayait d'en tenir Eulalia le plus éloigné possible.

Il parla longuement avec les hommes, leur offrant quelques fioles d'eau bénite par ses soins, juste au cas où. Et puis il se tourna vers sa fille et ouvrit la valise pour en sortir sa robe noire de Huntress et sa ceinture en cuir. Il lui donna le tout en glissant quelques mots à son encontre.


- Je sais que tu restes ici mais si jamais il doit se passer quelque chose, je voudrais que tu sois en bonnes conditions pour te battre.

Eulalia resta coite et se contenta d'acquiescer et de serrer ses affaires contre son cœur. Son père chercha ensuite dans une de ses poches pour en sortir un flacon empli d'un liquide mordoré qu'il lui tendit.

- J'ai également pensé que ceci te serait utile... J'ai mis des années à mettre au point cette potion. Elle te permettra de retarder de deux heures les effets secondaires du Donum Angeli. Mais fait bien attention : dès que le temps sera écoulé, tu subira le contrecoup de tous les sorts que tu auras lancés. Je ne sais pas très bien ce qui risque de se passer mais la douleur sera certainement terrible. Je te demanderai d'être très prudente...

Lally saisit la fiole avec un soin religieux. Jamais elle n'aurait deviné que son père travaillait su un tel projet ! C'était la solution rêvée pour les accompagner au bal sans être un poids mort pour eux ! Mais accepteraient-ils ? Comme si tout cela n'était pas suffisant, Mr Grey tendit à sa fille un petit étui en cuir qu'elle ouvrit, intriguée. Elle y trouva une paire de lunettes ovales, brillantes et neuves. Elle en resta bouche bée. Où avait-il pu trouver l'argent pour les remplacer si vite ? Son père posa sa main sur son épaule et lui sourit.

- Tu sais, j'étais persuadé qu'à un moment où à un autre, tu finirais par les casser. Alors j'ai économisé en cachette pour t'en racheter une paire, le cas échéant...

Lally ne sut quoi dire et avala difficilement.

- Merci, père...

Elle les enfila ensuite. Effectivement, elle y voyait bien mieux. Et puis, elle ne le savait pas mais elles lui allaient à ravir.
Son père les quitta un peu plus tard pour aller rejoindre sa femme et se préparer pour la grande bataille. Maintenant, il savait où regarder pour détecter le départ de feu. Il ne lâcherait pas Milte&Co de vue.

Eulalia s'isola ensuite pour se changer dans l'infirmerie. Elle se déshabilla presque entièrement, ne gardant sur elle qu'une culotte de coton très résistante. Sa chemise de dessous et son corset l'encombreraient plus que de raison. Elle enfila ensuite des bas noirs, des bottes en cuir à talon plat et passa sa robe savamment fendue sur le côté. Elle accrocha ensuite sa ceinture, glissant la fiole de potion dans un des réceptacles de cuir et rangea sa rapière dans son fourreau. Pour finir, elle attacha ses cheveux rebelles en catogan. Quand elle ressortit, tout le monde se préparait pour le grand soir, essayait les capes, vérifiait l'équipement et passait les masques.
Lady Spencer était sûrement repartie chez elle pour se changer...

Et puis, vint le moment où tout le monde se retrouva dans l'entrée, juste avant le départ. Dans quelques secondes, il serait trop tard. Elle tenait en sa position la clé qui permettrai que sa vision ne se réalise pas. Elle les regarda les uns puis les autres. Vraiment, elle ne savait pas quoi dire. Comment les convaincre ? Elle n'y arriverai jamais ! Il fallait qu'elle se décide. Maintenant. Alors, elle fit un pas en avant et les engloba de son regard si étrange.


- Je viens avec vous. Vous risquez de récolter beaucoup de blessures sur place et vous ne tiendrez peut-être pas longtemps. Si je vous soigne sur le champ de bataille, ce sera un atout supplémentaire face aux vampires. Mais vous devrez régler l'affaire en moins de deux heures.

Et puis, sans leur laisser le temps de protester, elle sortit du manoir, respirant l'air frais de la nuit. Elle s'expliquerait en chemin. Mais rien ni personne ne lui ferai faire demi-tour.

[HRP/ Clôture du RP de Lally, j'éditerai si besoin. Suite au Théâtre Wink /HRP]


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Alexender Von Ravellow
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeMer 19 Sep - 13:37

La pluie le glaçait sur place mais il n'en avait cure. Alexender restait prostré contre cet arbre branlant, torturé comme son esprit, dégoulinant d'eau et d'algues. Il était seul. Seul avec son arme. Cette fidèle amie qui l'avait accompagné dans chacune de ses chasses. Cette lame brillante, colérique et superbe, au manche enrubanné de noir et rouge. Une magnifique lame. Il s'y cramponnait maintenant comme un naufragé après un canot. Ses articulations étaient blanchies, par le froid mais surtout par sa poigne, enserrées autour de ce fourreau noir comme l'ébène. Il tremblait. Il tremblait à cause de la crudité de l'air qui le pénétrait comme mille petites aiguilles perverses. Il tremblait à cause de sa colère, dans un mouvement inassouvi, l'ébullition d'une vengeance future. Il tremblait aussi de fatigue, de peur, de frustration. Ses cheveux lui voilaient une partie du visage, collés, poisseux. Les dents serrées, sa chemise trempée, de toute son âme Alexender était plongé dans le chaos. Le chaos des pensées, le chaos des sombres idées et surtout le chaos du désespoir. Tangible, larmoyant, acéré, ce dernier lui remuait les entrailles avec salacité. Comme une sournoise créature, un malin désabusé, le désespoir s’immisçait dans chacune de ses cellules. Il ne pouvait que sombrer pour descendre dans un abîme sans fond, ou y répondre par la violence et la froide haine. Alexender était perdu entre deux sentiments.

Son passé revenait le hanter. Ses vieilles terreurs et ses anciennes mutilations refaisaient surface comme pour le pousser à continuer les hostilités. Mais ces dernières ne pouvaient pas durer. Pour Sarah, pour Lally, pour toutes ces femmes et leur mission. Pourtant, le danger était bien présent. Comment espérer vaincre avec un Vampire dans leurs combines ? Certes Raphaël avait certainement quelques dons qui pourraient s'avérer utiles, mais comment croire qu'il ne les trahirait pas à la dernière minute ? Et si c'était lui qui allumait le feu dans le hangar de Milte & Co, qu'est-ce qui garantissait qu'il n'allait pas tout simplement prévenir les gardiens du Comte ? Fallait-il donc lui faire aveuglément confiance et prier pour qu'il soit sincère ? Lui ? Un longues dents qui venait tout juste de boire le sang d'une des leurs ? Impossible.
Alexender ne croyait pas en Raphaël. Pour lui il était évident que le Vampire, même s'il avait peut-être une once de sincérité, ne pourrait jamais être considéré comme un allié.

Alors qu'il s'endormait presque de froid, enfermé dans ses pensées nauséeuses, la porte du manoir s'ouvrit. Alexender ne l'entendit pas et ne le remarqua même pas tant il était préoccupé par son mal. Ses vêtements, gorgés d'eau et boueux, se faisaient lourds et glacés. Le vent pétrifiait ses doigts autour de son arme. Il pleurait doucement, ruminant sa douleur, la tête baissée.
Pourquoi fallait-il toujours que les Vampires interviennent dans sa vie? Certes il les chassait et c'était une bonne réponse à cette question qui semblait n'avoir aucun sens, mais pourquoi avait-il fallu que sa compagne ne s'entiche de l'un d'eux et qu'il soit mêlé de si près à leur couple? Le Comte en ennemi commun...la belle excuse! Il ne pouvait l'accepter. Et pourtant, lentement, l'esprit du Hunter s'apaisait. La pluie et le vent avaient peu à peu raison de sa rage. Au fond, ne pouvait-il pas faire une exception? Alexender remua un peu.

Puis, il entendit les gravillons, un froissement dans l'herbe et il eut à peine le temps de relever la tête que Sarah se jetait à genoux près de lui pour l'envelopper de ses bras. Sur le moment, Alexender faillit la repousser violemment. Trop plein de sa colère et de sa peine, il désirait rester seul avec lui-même. Mais surtout, la culpabilité reprenait le dessus : la pauvre jeune femme était sortie sous la pluie battante pour venir l'enserrer, l'embrasser, le rassurer, l'aimer. C'était à la fois beau et insupportable.

Il bafouilla puis se tue, l'écoutant parler, se laissant faire comme s'il eut été moribond. La belle lui demanda de voir Raphaël comme une arme plutôt qu'un allié s'il ne le pouvait pas. C'était une solution. Il venait d'y penser. Le considérer comme un objet qu'il utilisait passerait certainement mieux dans son esprit. Il haïssait trop sa race pour pouvoir le concevoir autrement. Sarah lui confirma qu'ils ne s'entendraient peut-être jamais à son sujet mais elle lui montra aussi qu'elle n'en avait que faire en cet instant et qu'elle préférait faire passer son amour avant ses principes. L'enlaçant, elle l'embrassa à maintes reprises, oubliant leurs griefs et le temps.
Alexender laissa son arme tomber sur le côté tandis qu'il répondait enfin aux baisers de son amante. Ouvrant ses bras en même temps que son coeur, il voulu à nouveau s'emparer de Sarah. Cette dernière se fit plus fougueuse et plus assurée. Leur silence, dans cette étreinte passionnée, contrastait avec la fureur du ciel au-dessus d'eux. La pluie ne cessait pas, quelques éclairs tombaient au loin, le vent mugissait dans les branches de l'arbre qui leur servait d'appui. La force de l'orage qui grondait semblait mimer la puissance de leurs baisers.

Les deux Hunters s'embrassèrent ainsi pendant de longues minutes qui auraient pu être des heures s'ils n'avaient pas été transits par la pluie. Alexender finit par prendre Sarah par les épaules pour la faire reculer doucement. Il lui sourit, d'un air triste.


- Sarah...tes vêtements...Tu vas attraper du mal...

Il l'embrassa à nouveau puis se leva pour lui tendre une main. Il la releva aimablement et l'attrapa par la taille pour la ramener à lui. Lentement, il lui dégagea le visage en enlevant quelques mèches qui le traversait de façon anarchique.

- Rentrons...murmura-t-il.

Après un nouveau baiser et une étreinte, il entreprit de retourner au manoir. Mais au bout de quelques pas en compagnie de son amante, le Hunter réalisa qu'il avait oublié son arme au pied de l'arbre. Il s'excusa, fit demi-tour, saisit son katana pleine d'herbes et de terre, et revint vers Sarah.
Était-ce le signe que la chasseuse lui faisait abandonner une partie de son bellicisme ? Il y songea un instant. Jamais encore il n'avait oublié son arme ainsi. Les baisers de son amante lui faisaient donc perdre la tête ? Il était fatigué.

Une fois de retour au manoir, Alexender en ferma soigneusement les portes. Marguerite vint à lui. Elle le rassura quant à l'état de la jeune demoiselle Grey. Apparemment, durant leur absence elle s'était relevé, elle avait mangé et s'était couchée. La belle domestique, en connivence avec sa partenaire Suzanne, avait pris garde à omettre l'escapade de la jeune Huntress. Inutile de lui expliquer qu'elle était montée pour se changer et qu'elle avait donc dû être à nouveau en contact avec le sieur Veneziano. Une nouvelle esclandre n'était pas nécessaire.
Alexender ainsi rassuré soupira d'aise et ordonna leur couchage. Il demanda à ses domestiques d'aider Sarah à se dévêtir et à lui trouver des vêtements secs pour la nuit. De son côté, prenant garde à ne pas se retourner pour éviter la vue indécente de son amante, il enleva chemise et pantalon pour les changer lui-aussi après avoir farfouillé dans une malle que ses domestiques avaient conservée pour eux quatre pleine de vêtements et d'objets d'hygiène tels que des cruches, des vasques, des peignes.

Une fois tout le monde prêt pour se coucher, Alexender se tint quelques minutes en bas de l'escalier. Il n'y avait plus un son. Raphaël et Stan devaient dormir. Il revint dans l'infirmerie et demanda à Suzanne de dormir avec Eulalia qui devait maintenant rêver. Marguerite et Sarah dormiraient ensemble. C'était contre toute bienséance qu'il dorme avec son amante en présence d'autant de personnes. Marguerite hésita.


- Êtes-vous certain monsieur? Je peux prendre un fauteuil, dormir assise ne me dérange pas.

Alexender jeta un regard langoureux à Sarah.

- Allons Marguerite, tu me connais...

Le Hunter fit une grimace. Dans quoi s'était-il donc jeté? C'était comme avouer son intrépidité sexuelle. Sarah n'avait pas besoin de savoir qu'il était habitué des pratiques de l'amour et encore moins qu'il en avait fait une réputation auprès de certaines femmes.
Pour se rattraper, il enchaina d'un ton humoristique:


- Je retournerai tout le drap et miss Spencer n'aurait plus de quoi rester au chaud. Allons! On ne discute pas! C'est l'heure de se reposer, demain une dure journée nous attend.

Sans se faire prier d'avantage, les domestiques du rouquin se couchèrent. Les matelas étaient assez grands pour que deux personne et demi puissent tenir dessus. Marguerite invita Sarah à s'allonger, Suzanne s'étendit doucement près d'Eulalia et Alexender s'éloigna pour s'affaisser dans un fauteuil.
Il veilla longtemps, trop hanté par la présence de Raphaël. Malgré lui, son katana reposait toujours près de lui contre le fauteuil.


****************

Le lendemain, Alexender fut réveillé par Marguerite qui lui amenait de quoi se restaurer. Suzanne était apparemment montée pour servir les autres et Sarah était surement avec elle. Raphaël et Stan devaient être levés eux aussi. Le Hunter marqua alors une pause dans ses pensées: le jour était bien avancé, Raphaël ne pouvait pas être levé. Les Vampires pouvaient-ils veiller la journée? Le soleil les tuait, cela il en était certain, mais ensuite? Dormaient-ils vraiment?
Enfin, il prit le parti d'aller voir à l'étage. Il crois Suzanne qui redescendait.


- Monsieur, fit-elle en souriant, les autres vous attendent pour discuter du plan.

Alexender la remercia d'un signe de tête.

- Veillez sur le réveil de miss Grey.

La domestique acquiesça et laissa son maître passer avant de descende rejindre Marguerite et Eulalia.
Une fois à l'étage, Alexender retrouva Stan et Raphaël. Il tenta de laisser de côté sa rancoeur et de se concentrer sur le plan. Il jetait de tmeps à autre un regard en biais au Vampire. Il tentait de le juger une nouvelle fois. Allait-il leur être si utile que cela? Il lui laissait cette chance de lui prouver...Une chance bien terrifiante, tout n'était que danger avec lui. Mais Sarah avait réussi à le calmer en partie.

Tout fut enfin prêt.

La visite du père d'Eulalia, Taddeus Grey, embelli quelque peu le tableau de leur chasse. Un homme de son âge, si expérimenté, habile de sa langue autant que de ses armes, leur fournissant eau bénite et conseil: que demander de mieux? Les poignées de mains se multiplièrent. Alexender apprécia d'instinct cet homme si charismatique et élégant dans sa discipline. Il accepta volontiers l'eau bénite et jeta un coup d'oeil à Raphaël au passage. L'eau bénite, un poison terrible pour sa race...

Puis Eulalia s'éclipsa pendant qu'Alexender entretenait la conversation. Il se concentrait sur Monsieur Grey pour éviter toute envie de s'énerver contre Raphaël. Il hésita un instant à en parler au prêtre mais il se ravisa.
Lorque Eulalia revint, elle s'était changé pour arborer une tenue évidemment faite pour la chasse. Alexender tiqua. La jeune femme ovulait les accompagner.


- Vous savez ce qu'en pense notre « ami » ici présent, fit-il en désignant Raphaël d'un coup de tête. Moi, je ne m'y opposerai pas. Chacun est libre de ses choix. Même si je pense que vous auriez plus d'utilité à rester ici pour récupérer nos carcasses fatiguées...

Le Hunter s'assombrit.

- Mais soit! Comme vous voulez! Continua-t-il en levant les mains comme pour s'en laver. Plus on sera nombreux pour se battre contre le Comte, plus on aura de chance de le vaincre.

Sur ces mots, Eulalia était déjà partie. Elle ne voulait apparemment pas que l'on discute sa décision. Alexender évita le regard de Raphaël et suivit la jeune femme dans la nuit après avoir rassuré ses domestiques. Elles étaient leurs gardiens, celles qui pourraient poser les mains sur leurs plaies sanglantes, elles étaient un pilier de leur entreprise et ses plus fidèles amies. Il les embrassa et s'échappa par la porte son katana en main, ses torches à la ceinture, l'eau bénite de monsieur Grey en poche, son fameux Bloody Rose à l'arrière de son pantalon, la cape noire d'ébène fabriquée par Eulalia sur ses épaules. Il portait tout ce qu'il pouvait sur lui: l'heure du Comte avait sonnée.

[HRP/ Suite du RP au théâtre: "Que le spectacle commence!"/HRP]


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Raphaël Veneziano
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MessageSujet: Re: Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] Frères d'armes [Hunters] [08, 09 et 10/03/42] - Page 2 Icon_minitimeSam 22 Sep - 15:34

Ces larmes, cristallines, azurées, brillantes comme les étoiles. Cette peau trempée de tristesse, de crainte et d'amertume. Ces cheveux en chignon, rebelles, tirés, anarchiques dans leur mélange de brun et de châtain.
Tout, chez Eulalia, appelait Raphaël à la voluptueuse symphonie des sens. Le Vampire avait saisit cette occasion de solitude pour reprendre la belle dans ses bras. Il avait sentit son parfum, sa chaleur, ses lèvres contre les siennes. Il avait sentit ses poils se hérisser à son passage, son cœur s'accélérer, son souffle gonfler sa poitrine...Ses dons lui magnifiaient tout, comme-ci le monde n'était fait que de poésie, de superbes artefacts aux multiples visages. Chaque mouvement, chaque odeur et chaque son s'amplifiait dans son esprit. Eulalia lui paru si belle, si désirable, si fragile aussi et si merveilleusement sienne qu'il ne songea étrangement pas à boire à nouveau à son cou. Il avait craint cette menaçante possibilité, il avait failli faire demi-tour pour éviter de mettre en danger la jeune femme. Finalement, c'est de son amour naissant dont il avait à se méfier en cet instant. Il ne s'y était pas attendu.

La tenant plus fortement contre lui, passant outre les règles de la bienséance, il s'en rapprocha toujours plus, l'embrassa encore et encore, songeant que le tapis de ce salon était plus moelleux qu'il ne l'avait jamais cru. Il aurait voulu dormir près d'elle, enlacer ses bras autour de sa taille sans corset, libre de tout artifice, enveloppé seulement d'un drap. Il aurait voulut que ce moment dure une éternité. Mais ils n'avaient pas le droit, pas maintenant, et la cruelle vérité c'était qu'Eulalia ne connaîtrait jamais cette éternité. Ils ne pourraient jamais partager entièrement leur personne...

Alors que le feu crépitait encore joyeusement, comme s'il s'amusait à donner à la scène une touche de bonheur inespéré, ce couple si magique et improbable jouit une dernière fois de ces quelques minutes que le hasard ou la chance, peut-être Dieu, leur accordait. Mais bientôt ce fut l'heure de cesser cette étreinte heureuse. Il ne fallait pas tarder, Alexender pouvait rentrer d'une seconde à l'autre avec Sarah, ses domestiques aussi, Stan également ne devait pas être loin...Il y avait trop de tensions depuis leur arrivée pour se permettre pareille tendresse. Une nouvelle esclandre n'améliorerait pas leurs relations, et la mission qui les attendait pouvait en être gravement compromise.

Lorsqu'il eu enfin défait son étreinte sur Eulalia et qu'il l'eut relevée dans un geste galantet aimable, Raphaël soupira avant d'expliquer à la jeune femme qu'il fallait qu'il dorme seul, tranquillement, sans qu'on ne le dérange. Eulalia ne posa pas de question, à son plus grand soulagement, et se contenta de l'embrasser encore et encore, répondant à ses attentes les plus intimes, avant de lui certifier qu'elle préviendrait les autres de sa volonté et qu'elle allait maintenant redescendre pour dormir avec les domestiques et Alexender. Raphaël eut un pincement au cœur en la regardant s'éloigner dans les escaliers. Qu'il aurait aimé l'accompagner ! Dormir avec elle, oui, c'était une chose qu'il souhaitait désormais ardemment. Le Vampire était resté seul bien trop longtemps. Voir Alexender et Sarah s'embrasser ainsi sous la pluie lui avait porté un coup fatal. Son cœur, rabougris, recroquevillé, asséché par le temps et la mélancolie venait de se réveiller. Pourquoi cette jeune Humaine l'emballait-elle temps ? Il ne l'avait rencontré que la veille, embrassée le soir-même...Mais il l'avait mordue aussi....et cela expliquait finalement beaucoup de choses. Ils étaient désormais liés par le sang. Raphaël en sentait le parfum, la douce odeur, le fil conducteur de sa passion naissante. Ce goût, breuvage divin, lui avait rendu l'âme perdue. Il l'avait jusqu'ici égarée dans les tréfonds de son corps sans âge et Eulalia l'avait extirpé de ces marécages filandreux pour l'accrocher au soleil sur une branche. La vase devenait peu à peu poussière. Il était temps pour lui de se lever. Cette Humaine allait peut-être le sauver pour mieux le perdre, qu'en savait-il ? Il voulait essayer. Après tout, pourquoi n'aurait-il pas droit au bonheur lui aussi ? Son injuste condition l'écoeurait.

Eulalia disparue dans l'ombre des escaliers et Raphaël se retrouva seul. Pendant quelques minutes, il demeura debout, figé comme une statue. Il était comme en état de choc. Eulalia qui venait de se jeter à son coup, ce regard si triste de devoir s'éclipser maintenant, par pure obligation, cette douce voix, ces yeux rougis...Le Vampire perdait quelque peu pied par rapport à cette jeune femme.
Puis, lentement, il fit face à la cheminée. Le feu rongeait l'ultime bûche qui lui servait de nourriture. Les yeux de glace du Vampire laissèrent un instant les flammes remplacer ses iris puis il s'assied en tailleur sur le tapis. Il avait besoin de repos et de calme. Tout ces événements ne lui disaient rien qui vaille. Finalement, l'attaque du théâtre n'était pas pour le rassurer. Reprenait-il goût la vie au point de souhaiter enfin la conserver ? Peut-être...Eulalia craignait pour leur santé et elle venait de verser des larmes d'appréhension. Elle avait peur qu'ils perdent la vie, que le Comte ne les taille en pièces...Raphaël réalisait maintenant qu'il commençait à avoir peur lui aussi. Lui qui avait prévu de se jeter sur leur ennemi à mains nues s'il le fallait pour avoir sa peau, quitte à y laisser la sienne, doutait à présent de ses sentiments. La haine, la vengeance, la rage de vaincre passaient peut-être après l'amour...Il était perdu.
Raphaël connaissait un peu le Comte. Il l'avait rencontré par deux fois et s'en était sorti de peu la seconde. Seule la loi des Vampire le protégeait. Le lord, prétentieux, assassin et joueur, l'avait fait tourner en rond pour mieux le blesser. Il avait utilisé son pouvoir des ombres, une pouvoir effrayant, inconcevable à son échelle. Raphaël doutait fortement qu'ils puissent le vaincre. Il était bien trop puissant...

Écartant lentement les pans de son manteau blanc, le Vampire repoussa un peu son pantalon pour voir la blessure que le Comte lu avait faite au musée. Elle était toujours-là, marquant sa peau d'ivoire d'un trait rouge. Sa cicatrisation s'était très mal passée. Apparemment, le Comte n'hésitait pas à utiliser des lames d'argent...C'était gravement inquiétant. Même s'il ne le tuerait peut-être pas grâce à la loi Vampirique, il aimait clairement faire souffrir ses adversaires. Ce que Raphaël ignorait à son stade, c'est que si le Comte jouait avec lui, s'il lui avait laissé la vie sauve, ce n'était pas par rapport à cette fameuse loi vampirique, non, c'était par pur sadisme, car le Comte avait non seulement le pouvoir de le tuer, mais aussi le droit. Raphaël n'était pas au point dans les règles de sa race.

Au bout d'un moment, le Vampire réalisa que le feu se mourrait et que l'heure avançait. Le jour avait commencé à se lever, il le voyait doucement étaler sa pâle lueur derrière les volets. Le soleil allait poindre. Se levant d'un coup, il passa dans la pièce d'à côté et s'enferma dans son cercueil. Lever le couvercle de bois, s'insérer dans le meuble macabre et refermer sur lui cette tombe sans nom gravé à sa surface, relevait presque de l'irréel à ses yeux. Il tiqua, hésita, entra et s'endormit bientôt d'un lourd sommeil.

Le lendemain, vers 16h30, le Vampire s'éveilla. Il paniqua quelques secondes, d'abord persuadé d'être dans son lit habituel puis coincé entre quatre planches. Mais très vite Raphaël se souvint de sa situation actuelle et se leva plus tranquillement. Le lourd couvercle à terre, il resta assit dans le satin vert qui recouvrait le fond du cercueil. Il se frotta les yeux, passa une main dans ses cheveux et bailla. Il n'avait jamais aussi bien dormi depuis qu'il avait aménagé dans ce manoir. La sensation lui était étrange. Ainsi les Vampires étaient-ils donc faits pour ces lits étroits et fermés ? C'était un fait qu'il ne pouvait plus mettre en doute. Cela le dégoûta.

De mauvaise humeur, Raphaël se leva donc et retourna dans le salon. Il n'y avait personne encore. Profitant de sa solitude, il passa à la salle d'eau pour se débarbouiller et tenter d'avaler une Blood Tablett. Il la rejeta aussitôt dans un gargouillis infâme. Crachant et pestant, il en avala une autre, puis une troisième, se forçant à les avaler. Épongeant la sueur qui baignait son front et son torse, le Vampire retourna dans le salon. Il abandonna son manteau à col d'hermine sur un fauteuil et alla remettre ses chaussures. Elles étaient encore trempées dans le fond et la semelle se froissait. Finalement, Raphaël ralluma le feu et les plaça devant pour les faire sécher un maximum en vue de l'opération du soir. Installé dans le canapé, torse-nu et pieds nus, le Hunter souffla. Les Blood Tablett ne lui convenaient décidément pas.

Au fil de la journée, Raphaël alla enfin trouver une chemise dans sa chambre. Il salua Stan puis Alexender dont il ignora les regards belliqueux, ses domestiques qu'il remercia pour leur sollicitude et enfin Eulalia pour laquelle il eut un sourire et un regard empli de tendresse et de tristesse mêlées. Ils parlèrent longtemps de stratégie, s'accordant sur les horaires et les démarches à suivre pour éviter tout piège. Thaddeus Grey, le père de la chasseuse, vint leur rendre visite. Raphaël tiqua à son arrivée. La présence d'un tel Hunter près de lui l'inquiéta mais surtout il venait de réaliser qu'Eulalia avait pour père un tueur de Vampires...Elle lui avait pourtant dit la veille...Mais maintenant qu'il le rencontrait, il réalisait toute l'impossibilité de leur relation. Cela le perturba beaucoup et il fut comme absent tout le reste de la réunion. Le regard dans le vide, répondant par de simple coups de tête ou par des murmures rauques, Raphaël se contenta de songer à son malheur. Lui qui avait cru à leur amour devant la cheminée ne voyait plus qu'un sombre amas de problèmes à l'horizon. Il fallait briser cette situation, l'abandonner, l'oublier. Cela le tuait.

Il salua néanmoins chaleureusement le Hunter, laissant le soin aux autres de lui ouvrir la porte afin d'éviter les derniers rayons du soleil qui pointaient encore.


- Bienvenue Sieur Grey. Votre fille nous a beaucoup parlé de vous, j'espère que vous avez fait bon voyage jusqu'au manoir ? Je suis navré de vous entraîner dans pareille histoire, croyez-moi, mais je ne cracherais pas sur votre précieuse aide.

Le Vampire ne tiqua même pas lorsque l'homme leur donna des fioles d'eau bénite. Il pouvait les utiliser à condition qu'il n'entre pas en contact avec le liquide qu'elle contenaient. Et même si le statut religieux de ces petits objets en verre le repoussait, il su se contrôler pour masquer sa répugnance.

- Je vous suis gré de vos conseils et votre aide, monsieur Grey. Ces fioles nous seront utiles.

Bientôt, tous furent prêts. Armés jusqu'aux dents grâce à Monsieur Grey, assurés dans leurs plans grâce à Stan et Sarah, capés de noir grâce à Eulalia et masqués par les soins d'Alexender, ils pouvaient désormais sortir. Raphaël n'aimait pas laisser derrière lui son manteau blanc mais il fallait bien se rendre à l'évidence que la cape noire à capuche était nécessaire ce soir dans leurs projets. La capuche, en outre, permettait de dissimuler ses cheveux blancs qui attiraient facilement l'oeil dans le noir. Les domestiques du rouquin furent bientôt prêtes elles-aussi à récupérer les éventuels blessés. Raphaël était d'ailleurs en train d'expliquer à la dénommée Suzanne où se trouvaient d'autres tissus à déchirer pour de probables bandages lorsqu'Eulalia se présenta à eux armée et vêtue comme pour la chasse. Raphaël resta bouche-bée face à son annonce. Elle venait avec eux ? Comment ça ? Impossible !
Le choc fut trop dur pour qu'il ne puisse dire mot. De toute façon la jeune femme ne leur laissa pas le choix. Même Alexender qui parlait pourtant vite d'habitude, fut laissé sur la touche par la belle qui s'éloigna d'un pas ferme et rapide.


- Qu...quoi  Béguya le Vampire. Vous voulez rire ? Miss Grey ! Attendez !

Attrapant Ira au passage, Raphaël sortit en trombe du manoir à la suite du rouquin. L'heure avait sonnée, la nuit était tombée, la pièce du Comte allait être lancée. Oui, la mission commençait pour Raphaël et ses collègues, autrement que ce qu'il avait pensé, mais désormais plus rien ne pouvait les arrêter. Chacun était intimement décidé à régler ses différents avec le Comte.

[HRP/ Fin du rp de Raphaël, suite au théâtre: Que le spectacle commence! /HRP]


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Sarah Spencer
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La pluie grondait, menaçante et froide. Transit par la froid qu’elle ne ressentait pas pour l’instant, la jeune Spencer serrait son amoureux aussi fort que ses tremblements lui permettait. La confrontation qu’elle redoutait n’eu pas lieu, les deux amants étant si fatiguée autant physiquement que mentalement, ni un ni l’autre ne voulait repartir la querelle. Sarah agit un moment, sans qu’il n’y ait aucune réponse du côté d’Alexender. Il semblait ailleurs comme absent de la situation. Pendant quelques instant, la demoiselle crut que la colère ne lui enveloppait le cœur de manière si serrée que même ses baisés n’arrivaient pas à l’apaiser et à lui ouvrir de nouveau son amour. Peut-être était-ce le froid qui le rendait si stoïque. Le cœur de la Chasseuse se serra. Elle n’avait pas encore l’habitude de tout ses élans sentimentaux qui la traversait ni même de devoir plier sur ses convictions et ses principes. Soudainement, l’éclat revient dans les yeux brillant de son amant. Il sembla reprendre conscience de la situation et enfin il répondit à cet amour qu’elle lui offrait le plus innocemment et le plus honnêtement possible.

Leur étreinte fut longue et passionnée. Leur corps semblait enflammé et si ce n’avait été de la pluie ou encore de leur épuisement, ils seraient restés enlacer pendant un bon moment. Ce fut Alex qui revient à la réalité. La repoussant doucement, il dégagea son beau visage des nombreuses mèches rebelles qui lui collaient sur les joues. Ils repartirent vers le manoir où Alexender lui demanda de partager son lit avec Marguerite. Épuisée comme elle l’était, Sarah ne protesta guère. Après un dernier baisée, elle posa sa tête sur un coussin et s’endormis immédiatement


*****************



Il était tôt quand la jeune Spencer ouvrit les yeux, encore à moitié endormie. Le soleil n’était pas encore lever et le ciel semblait retenir ses flots pour une durée indéterminée. Autour de la jeune femme, tout le monde dormait encore. Sarah aurait voulu refermer les yeux pour se rendormir encore un peu, mais elle ne le pouvait pas. La représentation au théâtre avait lieu se soir et elle devait être prête. Se levant avec précaution, la demoiselle saisit sa cape pour la mettre sur ses épaules. Elle avait si froid en ce moment. Assis sur sa chaise, son arme dans les mains, Alexender dormait du sommeil des justes. Ses longues mèches rousses avaient eu le temps de séchés et brillait à la lueur du feu mourant. Avec mille douceur, Sarah marcha jusqu’à lui et lui caressa doucement la joue. Il semblait si apaisée dans ses rêves que l’aristocrate se demandait à quoi il pouvait bien rêver. Après un dernier baiser, elle ramassa ses choses avant de repartir, profitant de la clémence des cieux pour rentrer chez elle au sec. Elle espérait que tout se passerait bien ce soir...


[HRP: En direction de Que le spectacle commence: tempête sur l'échiquier]


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