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Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42]

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Veronica della Serata
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Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Empty
MessageSujet: Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Icon_minitimeMer 16 Jan - 16:19

[HRP/ Venant du post "A la lueur d'une bougie"/HRP]

Véronica et Armando étaient dans un fiacre en route pour le quartier de Whitechapel, vêtus de vêtements pauvres encore dissimulés par des manteaux longs. Plus tôt dans la journée, elle avait trouvé une adresse en ré-épluchant le dossier de leur enquête. Elle semblait indiquer une maison d'hôtes dans le quartier le plus sordide de Londres où avait vécu Nikola avant qu'il ne se fasse assassiner.

Véronica venait alors de se laver et de s'habiller et avait décidé de travailler un peu avant de rejoindre Armando dans la pièce à vivre. Elle était encore peu habituée à vivre avec quelqu'un et cette situation inattendue lui avait fait perdre tous ses repères et se réfugiait dans le travail. Ce fut à ce moment qu'elle tomba sur ce nouvel indice, complètement par hasard. Elle ne se souvenait pas l'avoir déjà vu dans ce dossier pourtant... Avait-elle négligé un détail aussi important ? Après tout, elle était loin d'être une enquêtrice accomplie. Mais si quelqu'un l'avait placé là...
Quoi qu'il puisse en être, il fallait prendre en compte ce nouvel élément et interroger cette fameuse Elena...

Elle était alors sortie discrètement de sa chambre et avait aperçu Armando. Ce dernier était réveillé, lavé et rasé de près. Il attachait une cravate en face d'un miroir lorsqu'il l'aperçut et lui intima d'entrer, ce qu'elle fit avec un sourire gêné. Elle murmura un timide ''Bonjour...'' et le laissa finir de nouer sa cravate, les yeux rivés sur la moquette. Elle ne savait pas trop quoi dire, les événements de la veille étaient encore présents dans sa mémoire, notamment le moment où elle s'était malencontreusement retrouvée dans ses bras...

Il arriva ensuite vers elle et lui fit un baise-main en lui demandant si elle avait bien dormi. Elle lui répondit avec un sourire:


- Oui, merci. J'espère que vous aussi...

Puis il se redressa et s'excusa pour son attitude d'hier. Visiblement, il semblait très contrarié contre lui même. Elle s'apprêtait à le décharger de tout lorsqu'il lui demanda de ne pas lui trouver d'excuses. L'Alchimiste parut surprise mais ne dit rien, se contentant de hocher la tête avec un petit sourire. Il devait regretter la manière dont il s'était conduit la veille, même si le vin et la fatigue avaient beaucoup aidé. Il restait un parfait gentleman aux yeux de la jeune femme.

Ils prirent ensuite un petit déjeuner copieux en discutant de leur enquête. Armando et elle parlèrent de l'enquête. L'agent du Yard avait reclassé les faits connus d'eux selon l'ordre chronologique, de la façon la plus concise qui pouvait être. Ils en auraient besoin pour réfléchir correctement...
Elle lui fit ensuite part de sa découverte et du besoin qu'ils auraient de faire un tour dans l'East End. Mais l'agent émit des réticences à l'emmener avec lui, ce qui la toucha d'un certain côté. Néanmoins, elle fronça un peu ses sourcils sans cesser de sourire. Elle réussit à convaincre Armando avec force arguments qu'il aurait besoin d'elle là où ils allaient. Après tout, elle s'était déjà rendue plusieurs fois là-bas pour les besoins de son travail et savait se fondre dans la masse puante des ouvriers sans le sous qui peuplaient ces rues.

Il fut décidé qu'ils iraient ensemble en début d'après midi. Ils devraient profiter du temps qui s'offrait à eux pour se déguiser comme des gens du petit peuple.

Elle s'éclipsa dans sa chambre pour se grimer et laissa Armando à sa propre tâche. Elle reparut sans ses lunettes, marque de richesse qui les aurait vite démasqués, les cheveux vaguement retenus par un ruban noir rongé par les mites. Elle portait une vieille robe d'un rouge délavé et déchirée par endroits qui laissait voir le jupon de dessous désormais plus gris que blanc. Elle avait chaussé de vieilles bottes de cuir noir et enfilé un châle en laine miteuse. Pour cacher ses mains trop bien entretenues pour appartenir à une ouvrière et dissimuler son gant blanc, gravé d'un cercle de transmutation, elle avait mis des gants gris. Enfin, la jeune femme attacha son pistolet à percussion à sa cuisse droite. L'Alchimiste hésita un moment à emporter un poignard mais décida de s'en tenir à l'attirail qu'elle avait déjà sur elle.

Véronica revint ensuite dans la pièce principale et tomba sur Armando, qui se présenta à elle en rougissant de sa tenue dépenaillée. Ce devait être effectivement une épreuve que de revêtir ce déguisement pour un élégant tel que lui ! Dans sa gaieté habituelle, l'Alchimiste sourit à l'homme pour le détendre ne serait-ce qu'un peu.


- Oh, je ne suis pas mieux arrangée que vous ! Néanmoins je ne peux m'empêcher de trouver cette situation cocasse...

Elle partit d'un petit éclat de rire et essaya de se composer une mine de circonstance lorsqu'elle passa son long manteau et une coiffe pour dissimuler le désordre de ses cheveux. Avant de partir, elle s'empara d'un vieux sac de toile et y glissa la photo de l'Indien, une photo du colonel Felton qu'elle avait découpé à la va-vite dans la rubrique nécrologique du journal ainsi que les dessins qu'elle avait fait la veille. Si Elena avait été en contact avec Nikola, peut-être avait-elle également rencontré l'un de ces hommes... Si c'était le cas, ils auraient enfin une piste vers laquelle se tourner.

Ils descendirent ensuite dans le Hall et prirent le cab qui les attendait. Bien vite, ils s'éloignèrent de l'hôtel Albany pour se diriger vers les sombres rues des quartiers glauques de la ville, perdus entre des murailles d'usines fumantes.

Véronica pour sa part regardait son partenaire, pensive. Elle voyait aussi bien avec ses lunettes que sans, fort heureusement pour elle. En réalité, sa monture n'était là que pour soigner au quotidien un petit défaut de son œil qui pouvait s'avérer dangereux s'il était laissé sans traitement trop longtemps.  L'Alchimiste pouvait donc se permettre de les enlever parfois sans risque de se retrouver incapable de voir à plus de cinq pas devant elle, ce qui l'aidait grandement pour ses incursions dans l'East End.

Ils avaient réquisitionné le cab pour la journée, ce qui leur permettrait de remiser leurs manteaux, trop riches pour appartenir à un ouvrier des fonderies ou à une travailleuse des usines d’allumettes. Confortablement assise dans la banquette, elle commença à penser à la meilleure manière d'approcher la tenancière de la maison pour l'interroger. Ici, les gens n'aimaient pas les policiers et se fermaient comme des huitres lorsqu'ils étaient interrogés par un bobby ou un agent du Yard. Ils pouvaient bien sûr user de leur statut pour obliger la femme à parler mais Véronica savait qu'ils risquaient fort de ne pas ressortir indemnes de ce quartiers si ils décidaient d'employer cette méthode. Ils s'aventuraient dans un territoire qui n'était pas le leur et ils devraient procéder avec beaucoup de finesse et de doigté.

Finalement, la jeune femme eut une idée qu'elle trouva un peu bancale mais c'était la seule solution qu'ils avaient pour le moment. Elle se redressa un peu et observa Armando, l'air grave.


- Comme vous devez vous en douter, nous n'obtiendrons rien de la part de ces gens si nous les interrogeons dans le cadre d'une enquête de police... Il faudra donc procéder avec doigté pour la persuader de coopérer... J'ai bien peur que les menaces ne marchent pas très fort sur ces gens là... Nous aurions vite fait de nous retrouver passés à tabac.

Tout dépendrait du caractère de la tenancière de la maison. Véronica espéra vivement qu'elle ne serait pas trop vindicative avec eux. Elle était actuellement leur seul espoir d'avancer dans l'enquête.

Ils discutèrent encore un moment des détails pratiques, jusqu'à ce que le Cab ne s'arrête, en face d'une rue sombre. Ils descendraient ici et marcheraient jusqu'à Miller's Court, quelques rues plus loin. Maintenant qu'ils étaient arrivés, Véronica réalisa combien le décor avait changé. Les larges avenues et les bâtiments bourgeois avaient laissé la places à des rues étroites encadrées par des taudis entassés les uns sur les autres. On sentait l'odeur des tanneries jusque dans le cab.

En enlevant sa veste, Véronica parut très lasse, se demandant encore une fois comment des êtres humains pouvaient vivre dans un tel milieu. Et dire que moins de deux kilomètres plus loin, des nobles se pavanaient dans leurs riches toilettes, bien heureux dans leurs petits mondes protégés. Comment pouvaient-ils laisser tous ces gens nager dans une misère pareille sans lever le petit doigt alors que des bourgeois sans histoires, des familles des classes moyennes qui arrivaient à nourrir leur famille mais qui n'avaient pas non plus de gros revenus étaient prêts à donner tout ce qu'ils pouvaient pour aider ces pauvres gens ?
L'Alchimiste pensa que moins les gens étaient riches, plus ils étaient prompts à donner... ou à voler.


- Eh bien je crois que nous sommes prêts ! Allons donc trouver cette fameuse Mrs Stenforth.

Ils descendirent du véhicule et Véronica frissonna. Elle qui était toujours protégée par de la laine et des fourrures, elle sentait pour la première fois le froid mordant traverser les minces épaisseurs de tissus qu'elle portait. Elle se rapprocha un peu d'Armando et regarda autour d'elle. Il n'y avait pas beaucoup de monde dans cette rue mais au fur et à mesure qu'ils s'enfonçaient dans les bas quartiers, la foule se fit plus dense.

Elle finit par agripper le bras de l'enquêteur pour ne pas le perdre au milieu des ouvriers malodorants, des prostituées qui commençait leurs services et des divers marchands de frippes qui manœuvraient leurs étals en surveillant du coin de l'oeil des gamins rachitiques très prompts à aller fouiller dans les poches des gens.

Véronica gardait la tête baissée pour éviter d'attirer l'attention en ayant l'air trop observatrice et serra son sac de tissus contre son cœur. Ils passèrent près de pubs et de boucheries dont les odeurs lui firent froncer le nez. Elle avait beau être déjà venue par ici, ce qu'elle sentait était toujours aussi immonde. Il aurait valu qu'elle vive ici tous les jours pour finir par s'y habituer.

Ils finirent par arriver à Miller's Court. C'était une rue sale, comme le reste du quartier, et qui sentait affreusement mauvais. Véronica et Armando ne le sauraient sans doute jamais mais ce serait cette même rue qui, dans un peu plus d'une quarantaine d'années, serait le théâtre du dernier meurtre de l'un des plus grands assassins que la Terre ait jamais porté. Mais c'était là une toute autre histoire...

Le couple s'arrêta devant une maison qui se démarquait des autres par sa pancarte en bois vermoulu qui indiquait : Elena S. Chambres à louer.
Ils s'approchèrent de la porte et Véronica évita de justesse d'écraser un enfant qui reposait là, roulé en boule dans une couette. Elle ne sut dire s'il était vivant ou mort et, à la réflexion faite, ne préférait même pas le savoir.

Elle laissa Armando sonner et attendit que l'on vienne ouvrir. Ils découvrirent une femme d'une cinquantaine d'années, aux cheveux filasse et aux yeux perçants. Sa maigreur était telle que même Véronica, qui était plutôt svelte, paraissait grosse en comparaison. Elle dut les prendre pour des clients car elle s'effaça pour les laisser rentrer sans poser de questions.

Une fois la porte refermée,  elle leur fit face sans le moindre sourire:


- J'suppose que vous v'nez pour une chambre ? C'est trois pence la nuit, repas compris. Vous pouvez payer au jour le jour mais j'préfère quand on m'donne au moins un mois d'avance. Et on fait pas d'crédit ici ! Si vous pouvez pas payer c'est dehors un point c'est tout. J'ai d'jà perdu trop d'argent en voulant faire ma bonne âme.

Véronica se mordit la lèvre en hésitant. Devaient-ils annoncer de but en blanc qu'ils étaient là pour chercher des réponses concernant un meurtre qui datait de plus de vingt ans ? Comment le prendrait elle ? L'Alchimiste pensa qu'ils avaient autant de chances d'être jetés dehors que de réussir. Elle décida de tenter le tout pour le tout. S'écartant un peu d'Armando, elle déclara:

- Eh bien... A dire vrai, nous ne sommes pas là pour une chambre mais pour vous poser des questions sur un de vos anciens clients.

La tenancière ouvrit la bouche et la referma, prenant le temps d'analyser l'information. Elle se mit automatiquement sur la défensive et son regard se fit noir. Elle recula de quelques pas en lissant sa jupe rêche.

- Des questions, hein ? Qui vous êtes pour venir m'poser des questions comme ça ? Des roussins ? Ouais, j'aurais dû m'en douter, vous respirez le commissariat à plein nez ! J'ai rien à vous dire moi ! Fichez le camp avant que j'me mette à crier!

Bien décidée à ne pas les laisser parler plus longtemps, elle avança vers eux pour les forcer à reculer. Cette femme rude n'était pas méchante mais elle avait peur, cela se sentait. Et c'était compréhensible... La police était si mal vue dans ce quartier que si la présence d'agents dans sa maison venait à se savoir, elle serait probablement obligée de mettre la clé sous la porte. Elle ne savait pas comment les agents du Yard réagissaient dans de telles situations mais Véronica opta pour la compréhension et la douceur. Elle posa alors ses mains sur les frêles épaules de leur interlocutrice pour l'immobiliser. Cette dernière commença à se débattre mais la jeune femme essaya de la raisonner.

- Mrs Stenforth, écoutez moi. Nous venons simplement chercher des réponses, nous ne sommes pas là pour vous arrêter. Je suis sûre que vous n'avez rien à vous reprocher, d'ailleurs. Vous vous contentez de faire tourner votre commerce sans enfreindre la Loi, n'est-ce pas ? La jeune femme adressa un sourire à la femme qui semblait s'être calmée afin d'écouter. Véronica marqua une pause et reprit : Je ne vais pas nous mentir, cet homme ici présent est un policier, mais ce n'est pas mon cas. Et puis, regardez nos habits ! Croyez-vous vraiment que, déguisés comme nous le sommes, les passants que nous avons croisés ont réussi à nous différencier d'un couple d'ouvriers ? Nous avons besoin de vous Mrs Stenforth. Aidez-nous et je vous promet que personne ne saura jamais que la Police est venue fouiller dans vos affaires... Avons-nous un deal?

La vieille femme se dégagea alors, le visage rembrunit. Véronica crut l'espace d'un instant qu'elle allait refuser et les mettre à la porte. Elle sentit une boule se former dans son ventre, jusqu'à-ce que l'hôtelière esquisse un semblant de sourire. Il lui manquait une dent sur le devant de la mâchoire.

- Bon, c'est d'accord. Suivez-moi dans la cuisine, on pourra discuter tranquilles.

Elle passa devant eux et ouvrit une porte sur le côté qui donnait sur une pièce relativement propre. Une femme qui avait à peu près l'âge de Véronica était assise à la grande table, en train de peler des tubercules qui ressemblaient vaguement à des pommes de terre. Elena s'adressa à elle avec une gentillesse qui contrastait avec la rudesse du ton qu'elle avait eu tout à l'heure.

- Margrit, va donc voir si y'a pas un client qui voudrait passer une nuit ou deux ici. J'ai besoin d'la cuisine.

La jeune femme hocha la tête et sortit après avoir remisé son ouvrage dans un coin. Elena la regarda partir avec un sourire avant de refermer la porte. Véronica pensa que cette jeune personne devait être une des enfants de la femme ou alors, sa belle-fille.
L'hôtelière les invita à s'asseoir et fit de même, se postant en face d'eux. Son air se fit plus sérieux lorsqu'elle demanda :


- Bon, alors, qu'est-ce qui vous amène ici en fin d'compte ?


Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Signav10

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Dernière édition par Veronica Newburry le Mar 29 Jan - 15:13, édité 1 fois
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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Icon_minitimeLun 28 Jan - 22:40

Cocasse?
Ho oui pour une situation cocasse s'en était une.

Armando et Véronica ne se connaissait que depuis maintenant deux jours. Ils avaient rit ensemble des aristocrates du Queen's Head, trouvé un cadavre, essuyé des menaces manuscrites puis évité une balle, ils s'étaient retrouvés ensemble chez l'Agent pour se cacher et mener l'enquête et maintenant ils partaient en expédition dans les quartiers les plus glauques de la ville pour aller questionner une vieille dame sur un de ses anciens clients. Ils s'étaient grimés, à la façon des pauvres erres qui habitaient les taudis qu'ils allaient visiter, et ils montaient maintenant dans un fiacre en silence.

La tenue de Véronica lui allait à ravir, malgré son aspect dépareillé. Et Armando se surprit à penser que tout devait bien lui aller. Autant c'était une femme qui n'éclairait pas l'espace par sa beauté, autant elle possédait un charme divin qui en faisait un véritable joyau. Ses lunettes ajoutaient une touche d'élégance et de gravité à son visage longiforme, ses cheveux rebelles lui donnaient un air un peu sauvage et ses façons, quelque peu masculines parfois, en faisait une battante qui n'hésitait pas à prendre les devants. C'était grandement appréciable pour un homme tel que lui, trop longtemps privé de présence féminine autre que les catins que ses amis promenaient à leur bras pour se pavaner. A force d'être seul ou entouré de tels exemples, il avait presque oublié qu'une femme pouvait être désirable dans sa simplicité et son naturel. Véronica le réveillait un peu de sa torpeur de célibataire.

Pendant le trajet, Armando resta silencieux un long moment. Appuyé sur son coude, le menton sur le poing fermé, il observait le monde par l'étroite fenêtre du véhicule. Cependant, le rideau n'arrêtait pas de lui cacher la vue et ce fut l'exaspération qui le fit abandonner l'idée de regarder dehors. Le lien qui attachait le rideau était brisé, c'était inutile d'insister.
On ne pouvait pas dire que l'Italien était de très bonne humeur en ce jour sombre. En effet, en plus d'enquêter sur des meurtres atroces et calculés, il gardait en tête le déroulement de la soirée de la veille. Il s'était tout bonnement rendu ridicule devant Véronica et même déplacé! Ce n'était pas dans ses habitudes et il maudissait son comportement infantile que l'alcool avait accentué. Son mal de tête allait mieux mais son orgueil en avait pris un coup. Malgré ses excuses, il ne se pardonnait pas son attitude.

Alors qu'il gardait le regard dans le vide devant lui, Véronica se redressa et se mit à lui expliquer que dans pareil endroit ils auraient beaucoup de difficulté à faire parler les gens. Elle s'inquiétait de leurs statuts et pensait qu'il valait mieux éviter d'expliquer d'entrée de jeu pourquoi ils étaient là. Armando tiqua d'un air éteint.
Ho oui ils risquaient un passage à tabac, il ne le savait que trop bien...


- Ne vous inquiétez pas miss, ce n'est pas la première fois qu'une de mes missions me conduit dans l'East End...

En effet, l'Agent était déjà venu maintes fois se perdre dans ces ruelles malodorantes. Il y avait poursuivi des malfrats de tout bord, et même des créatures étranges tels que des Vampires. Il s'était déjà fait tabasser deux fois dans une de ces rues obscures. Une fois par des mafias qui s'échangeaient de la drogue, une autre par les hommes de mains d'un certain Delichi Del Alto, un trafiquant d'esclaves venu tout droit d'Italie...
Mais rien n'arrêterait l'As. Il savait se battre et il conservait précieusement dans sa manche son fameux pistolet miniature en cas d'extrême urgence. Il avait en outre ses quatre cartes des arcanes dans sa poche. D'un geste machinal, il caressait toujours le trèfle pour leur porter chance.


- Il nous faudra en effet rester sur nos gardes. Répondit-il à Véronica. Il ne s'agit pas de s’attirer la haine des habitants. Comme vous le dites, ici ils sont moins portés sur le respect de la vie, c'est normal: ils vivent là-dedans depuis qu'ils sont nés, la vie et la mort n'ont pas les mêmes sens pour eux que pour nous, les privilégiés...

Armando resta ensuite silencieux. Comme Véronica, il fronçait du nez à cause des odeurs qui commençaient à envahir le cab. Acier trempé, produits chimiques, colorants, acides...les fonderies et les tanneries laissaient leurs fumées et leurs eux usées se répandre dans l'atmosphère et le sol. Les pavés ainsi que le smurs de briques étaient étrangement noirs de crasse, comme s'ils étaient toujours recouvert de suie.
Lorsqu'ils eurent enlevé leurs manteaux, Armando descendit le premier pour aider Véronica à mettre pied à terre en esquivant une flaque d'eau saumâtre. L'Italien donna un pourboire supplémentaire au chauffeur pour s'assurer qu'il les attendrait et se tourna vers les ruelles de l'East End. Il soupira. Véronica avait l'air aussi las que lui. Qu'étaient-ils donc venu faire ici? Pour une enquête aussi glauque, cela valait la peine, évidemment, mais comment pouvait-il donc avoir accepté d'emmener une femme avec lui? L'Alchimiste ne devait pas avoir l'habitude de ce genre de lieu. Les scènes qui allaient s’enchaîner devant ses yeux allaient peut-être la traumatiser à jamais...

Entamant la marche, Armando donna rapidement son bras à la jeune femme pour la soutenir et la protéger. Il avait peur qu'elle ne défaille face aux odeurs et à la misère qui infectaient les pavés. Ils croisèrent maints ouvriers aux regards basanés, aux mains calleuses et aux vêtements déchirés. Ils évitèrent tant bien que mal les nombreuses prostituées qui interpellaient l'Agent en soupirant ainsi que les multiples enfants qui mendiaient recroquevillés sur le sol. Armando gardait la tête haute, évitant autant que possible de croiser le regard de toute ces âmes en sursis. Il se méfiait des vagabonds qui passaient près d'eux et il ramena plusieurs fois Véronica contre lui pour bien montrer qu'ils étaient ensemble et pour lui éviter d'être happée par la main squelettique de quelques voyous avides ou simplement curieux.


- Restez près de moi surtout...murmura-t-il. Vous ne risquerez rien...

En soit, l'Agent lui-même n'était pas convaincu par ses propres propos. Ils n'étaient pas bien armés et s'ils tombaient sur une bande de malfrats, il doutait pouvoir faire le poids. Etmême s'il se rassurait grâce à ses arcanes, il préféra accélérer le pas dès qu'ils en avaient l'occasion.

- C'est cette rue-là je crois...

Ils étaient enfin arrivés à Miller's Court. C'était comme-ci le soleil ne pouvait pas atteindre le sol ici. Les fumées du quartier plongeaient la zone dans une demi-obscurité poussiéreuse et étouffante. Plongeant dans la ruelle sordide, Armando et Véronica trouvèrent rapidement ce qu'ils cherchaient: l’hôtel que tenait Mme Stenforht. Une pancarte indiquait l'endroit: "Elena S. Chambres à louer". Le couple s'arrêta et bientôt Véronica frappa à la porte. La vieille femme qu'ils recherchaient leur ouvrit et es laissa entrer. Elle les pris aussitôt pour des clients et elle était déjà en train de leur demander de l'argent lorsque Véronica cru bon de devoir l'arrêter pour lui expliquer les raisons de leur venue. Armando ouvrit la bouche pour protester mais se tue aussitôt: il était totalement inutile et dangereux d'avoir deux versions différentes, autant laisser la jeune Alchimiste aller au bout de son idée. Cependant, l'Agent ne pu s'empêcher de penser qu'elle venait de les placer dans une situation qui risquait de leur fermer la porte au nez. Elle qui venait de le prévenir et de lui demander de garder leur identité secrète dévoilait à présent leur motif avant même que cela soit nécessaire. Leur couverture était bien inutile en cet instant, sauf si l'on s'accordait à dire qu'elle les avait aidé à passer plus tranquillement dans les rues pour venir ici.

Comme il s'y attendait, la vieille femme les envoya paître avec rogne. Elle ne voulait pas d'ennui, et cela était bien compréhensible, et elle ne souhaitait pas répondre à quelque question que ce fut. Elle se mit à gronder et à vouloir les faire sortir. Véronica réagit aussitôt. Elle posa ses mains sur les épaules de la vieille dame et tenta de la calmer. Armando posa à son tour sa main sur l'épaule de Véronica.


- On ne touche pas les témoins. Souffla-t-il, perturbé au possible par ce mouvement imprévu.

Ils risquaient gros s'ils venaient à la blesser. L'enquête pouvait être suspendue pour moins que ça, même si le statut d'Armando lui permettait d'en venir aux mains sans pour autant qu'il ne soit inquiété, il préférait éviter les fautes professionnelles.

Mais heureusement cela calma Mme Stenforth qui finit par écouter Véronica d'un air sévère. L'Alchimiste présenta alors Armando comme un policier. L'Italien serra les dents. Quelle idée avait-elle donc là à balancer cette information? C'était tout sauf rassurant pour le témoin. Il aurait mieux fallu qu'elle lui invente une histoire à dormir debout plutôt que de balancer aussi vite leurs identités. D'ailleurs Armando remarqua qu'elle n'avait pas parlé de son statut d'Alchimiste. Ainsi donc elle se permettait de dévoiler son métier mais pas le sien. C'était déplacé et malhabile.

La tenancière finit par accepter de leur raconter ce qu'elle savait en échange de leur départ immédiat. Armando la rassura à son tour:


- Ne vous en faites pas, ce ne sera pas long, nous allons vite vous laisser tranquille...

Ils se retrouvèrent bientôt tous les trois dans la cuisine de le vieille dame. Une jeune femme était occupée dans un coin et se vit congédiée avec une gentillesse inattendue. Armando l'observa rapidement: elle était maigre mais elle était bien logée et bien traitée, cela était évident. Une fois qu'ils furent tous assis autour de la vieille table vermoulues, la tenancière leur demanda ce qu'ils voulaient.

Armando toussota un peu et se redressa pour être le plus clair possible.


- Mme Stenforth. Nous savons que vous avez eu il y a quelques temps un locataire du nom de Nikola Filipovitch, un Russe.

L'Italien observait les réactions de la vieille dame à mesure qu'il parlait. Apparemment elle cherchait dans sa mémoire où est-ce qu'elle avait déjà croisé un nom pareil.

- Il a été assassiné il y a maintenant 20 ans. Peut-être que vous ne vous en souvenez plus...

La vieille dame soupira.

- Il y a vingt ans?! Pouah...J'peux pas me souvenir de tous les gaillards qui passent dans mon p'tiot hôtel m'sieur l'roussin...Elle réfléchit un instant et marmonna: Filipovitch...nan...j'sais plus moi...Un Russe...oui...p'tet' ben...Elle ramena son regard terne sur l'Italien. Qu'est-ce que c'est que vot' question au final?

Armando jeta un regard à Véronica: il fallait montrer à la tenancière les visages des Alchimistes. Une fois que les portraits robots furent placés sous le nez de la vieille dame, son visage se ferma tandis qu'elle admirait le coup de crayon de Véronica.

- Ha oui, c'est d'beaux dessins ça...mais qu'est-c que j'en fait moi? J'ai rien pour les accrocher!

- Mme Stenforth, continua Armando avec patience, ce sont des esquisses de nos principaux suspects. Est-ce que vous reconnaissez l'un d'entre eux?

La tenancière fronça les sourcil et analysa un peu plus en détail les dessins de Véronica. Au bout d'un moment, elle tendit à l'Agent le portrait d'un des Alchimiste.

- C'lui-là, fit-elle en le montrant du doigt, c'était un magouilleur. Il v'nait voir vot' Nikola Filitruc-là...Enfin d’après c'que j'me souviens. Il lui amenait des paquets qu'il fallait pas ouvrir...

Armando fronça les sourcils et regarda le portrait robot. C'était le dénommé Granville Maxwell qu'elle venait de pointer. Il jeta un nouveau regard à Véronica et continua ses questions:

- Quel genre de paquets? Vous avez une idée de leurs rapports?

La tenancière leva les mains vers le ciel.

- Haaa mais qu'est-ce que j'en sais moi? Mes clients font ce qu'ils veulent du moment qu'ils payent! J'ai pas à regarder dans leurs paquets moi!

Face au regard sérieux de l'Agent, elle consentit à faire un effort.

- Ils ne se parlaient pas beaucoup, fit-elle avec une moue de fatigue. C'te grand-là amenait un paquet...mm...une fois par semaine je crois...puis il a disparu, il est jamais revn'u. C'était des paquets tout carrés, bien fermés. J'sais pas c'que c'était mais ça paraissait fragile.

Armando eut une idée soudaine. Il pris la photo de Danny et montra à la tenancière l'ouroboros.

- Est-ce que ce symbole vous dit quelque chose.

- Ha c'est ce truc-là qu'était sur le poignet du Russe, c'est un truc de sorcier ça! Je l'ai vu une fois qu'il cuvait dans mon sofa. C'était un drôle de type. Un Russe ça bois beaucoup vous savez.

La réaction de la vieille dame perturba Armando. Nikola était donc un Homonculus lui aussi? Impossible! Aucun rapport ne parlait de cette marque! L'Italien grimaça en évitant le regard de Véronica. Il n'appréciait vraiment pas la tournure que prenaient les choses. S'il y avait bien un domaine sur lequel il n'était pas encore à l'aise, c'était celui de l'Alchimie.

- Une dernière question, Mme Stenforth, puis nous partirons...Est-ce que les noms de Amshul Paniandy, Danny Virelton ou Harry Felton vous disent quelque chose?

La tenancière réfléchit à nouveau. Une main sous le menton, elle grogna:

- Non. C'est pas des clients ça...Paniandy...connait po. Felton...Mais c'est pas ce grand gaillard re'vnu des Indes ça? Y'en a qu'en parlent le soir. Il est chez les nobliaux par-là...Vous croyez que des gens comme ça viendraient dans mon hôtel? Ha! Vous rêvez m'sieur!

Armando étala un peu les photos et les portraits robots qu'il avait sorti. La vielle dame s'arrêta de rire en voyant le portrait du capitaine Felton.

- Ha! fit-elle en le pointant du doigt, c'est lui l'Russe! Il a changé là-dessus...Il n'a plus de barbe noire...tiens...

La tenancière pris la photo et la retourna dans tous les sens. Elle avait l'air perplexe mais ce n'était rien en comparaison d'Armando et Véronica.

- Ha oui...bah...il est plus beau comme ça si vous voulez mon avis.

La vieille abandonna la photo pour regarder les autres.

- C'est des belles choses que ça...j'avais jamais vu avant. Faut un sacré appareil pour faire ça.

Armando coupa court à sa curiosité en se levant soudainement. Il venait de voir une lueur sordide briller derrière la fenêtre au bout de la pièce.

- Hé bien Madame Stenforth, ravi de vous avoir rencontrée. Je vous remercie profondément pour votre témoignage. Nous allons maintenant vous laisser tranquille. Merci.

Il récupéra les photos et les portraits robots, les rangea soigneusement dans leur pochette et mit dans les mains de la vieille d'une paires de pièces avant de quitter la pièce d'un pas rapide. Il entraîna Véronica en la poussant devant lui avec douceur.

- A vo't bon coeur! fit la tenancière avant de fermer la porte derrière eux. Reven'ez poser des questions à la vieille Stenforth! C'est un plaisir!

Armando prit le bras de Véronica pour l’emmener vers le bout de la ruelle.

- Miss Newburry nous ne sommes plus du tout en sécurité ici, et j'ai bien peur que nous ayons même mis en danger cette pauvre femme. Il faut nous hâter! C'est plus grave que ce que je pensais! Si Nikolai et le Capitain Felton sont la seule et même personne et si les Homonculus sont autant impliqués, alors il n'y a que vous qui pourrez m'aider sur cette affaire. Nous avons notre homme alors partons!

Le cab n'était pas encore en vue quand un coup de feu retentit dans la ruelle. Armando se stoppa net et se retourna d'un coup en maintenant Véronica derrière lui. Mais le coup de feu ne leur était pas pas destiné. Cela venait de chez la tenancière...

- Mon Dieu...murmura l'Italien les yeux écarquillés.

Il lâcha lentement Véronica, avançant d'un pas vers l'hôtel qu'ils venaient de quitter dans un réflexe de pure empathie. Un hurlement de femme leur parvint alors et la porte de l'hôtel s'ouvrit brusquement. Armando accéléra le pas. La femme que Mme Stenforth avait appelée Margrit sortit alors en trébuchant dans ses jupons. Armando voulu se précipiter vers la jeune femme mais un homme sortit avec elle en la tenant par les cheveux. Se servant de la femme comme bouclier, ce dernier leva son bras pour tirer sur Armando. L'Agent fut frôlé par le projectile brûlant au niveau de sa joue droite. Sa chance venait de lui sauver la vie. Bondissant sur le côté, Armando fit quelques pas en arrière pour tendre le bras et attraper Véronica. Il ramena l'Alchimiste contre lui et la plaqua au mur le plus proche pour les cacher tous deux derrière une cage d'escaliers en fer forgé dont les supports étaient plus rouillés encore que la coque d'un bateau abandonné depuis dix ans.


- Attention!

Deux coup feu partirent à nouveau et la dénommée Margrit poussa un long cri de terreur.
Une minute passa alors, sans qu'il n'y ai plus aucun son. Armando resta collé à Véronica pour garantir leur dissimulation. Il sentait son coeur contre lui et son souffle près de ses lèvres. L'Agent écoutait d'une oreille attentive le moindre bruit qui venait de la ruelle. Il n'y avait plus rien.
Lentement, il tourna le dos à Véronica et se pencha en avant pour jeter un coup d'oeil: il n'y avait plus âme qui vive. Aucune trace ni de l'homme, ni de Margrit. L'Agent resta perplexe. Où étaient-ils passés? Ils ne pouvaient qu'être rentrés dans l'hôtel...
Étrangement, personne n'était sorti de chez soi et la rue était déserte. Armando commençait à se demander s'ils n'étaient pas tombés dans un traquenard.

Il fit à nouveau face à Véronica. Il trouva son regard et s'inquiéta.


- Est-ce que vous allez bien?

Ses yeux descendirent le long du corsage de l'Alchimiste: il voulait vérifier qu'elle n'était pas touchée. Apparemment ni lui ni la jeune femme n'avait reçu de balle, c'était heureux.

Soudain, une ombre les domina et se jeta sur Armando. L'homme qui avait pris en otage Margrit venait de se jeter depuis une fenêtre du bâtiment contre lequel le couple s'était appuyé. Surpris, Armando poussa un cri de colère et d'un mouvement ample il fit basculer l'homme par-dessus son épaule. Il y eut un nouveau coup de feu qui se perdit dans une ruelle et l'Agent sortit un couteau de sa botte. Dans un geste décisif, il planta sa lame d'une quinzaine de centimètres dans l'estomac de son agresseur. Ce dernier poussa un hurlement et lâcha son arme. C'était fini. L'homme reposait aux pieds d'Armando. Il crachait du sang en grognant sa douleur tandis que l'Agent le poussait du pied pour le retourner.


- ... Jonathan?

Ses mots se perdirent dans sa gorge. L'homme qu'il avait devant lui était son collègue du Scotland Yard.
Ce dernier sourit d'un air éteint et gargouilla dans sa barbe:


- Tu aurais...dû...le savoir..."l'As"...

Son sourire se fit plus sarcastique puis il s'écroula. Armando savait trop bien utiliser son couteau, l'homme n'avait eu aucune chance de s'en sortir avec un pareil coup.
L'Italien resta muet de stupeur et d'horreur. Le sang de son collègue lui coulait sur la main qui tenait encore fermement son couteau d'argent. Comment avaient-ils pu en arriver-là? Pourquoi Jonathan était-il là?

Armando ferma les yeux un instant. Il recadra ses pensées et, lorsqu'il rouvrit les yeux, il dévisagea Véronica avec fermeté:


- Il faut retrouver la jeune femme. Peut-être est-elle encore vivante?

Son regard était le même que d'habitude, comme-ci ce qui venait de se passer ne changeait en rien les priorités pour lui. Mais en vérité, Armando hurlait de tout son être.



Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Sans_t11
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Veronica della Serata
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Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Empty
MessageSujet: Re: Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Icon_minitimeVen 1 Fév - 9:36

Véronica ne put s'empêcher de sourire devant le costume de l'Agent. Cela le changeait radicalement de d'habitude !! Non pas qu'il était laid là dedans, bien au contraire, mais le peu de temps pendant lequel elle l'avait côtoyé lui avait renvoyé l'image d'un homme élégant, propre sur lui et soigné en toutes circonstances. Par conséquent, la vision qu'il lui offrait maintenant, contraste parfait avec les deux jours précédents, faisait de ses lèvres un joyeux croissant plissé aux extrémités.

Durant le trajet, alors qu'il regardait par la fenêtre, elle coula un regard vers lui.
Elle ne savait pas ce qui l'attirait le plus en Armando. Sa personne dégageait une prestance, peut-être un peu rigide, qui le grandissait et le rendait maître de la situation quoi qu'il se passe. En le regardant, elle se sentait en sécurité, protégée. Il n'avait pas perdu une seule fois son calme depuis qu'ils étaient sortis du Queen's Heads malgré le coup de feu, son emménagement soudain et à présent cette expédition dans les quartiers les plus sordides de la capitale anglaise.
La jeune femme ne pouvait également nier qu'il était très beau. Ses traits masculins si harmonieux étaient adoucis par la longueur de ses cheveux soyeux qui brillaient comme la soie la plus raffinée. En contraste avec la finesse de ces traits presque angéliques, la carrure de l'enquêteur traduisait une certaine puissance et des muscles plutôt bien dessinés, sans être trop gonflés. Il était le parfait mélange entre la douceur d'un gentleman et de la combativité d''un policier bien entraîné.
Il y avait ses yeux aussi... Bon nombre de femmes les préféraient clairs mais Véronica se sentait irrémédiablement attirée par la noirceur de ceux de l'agent. Paisibles comme un ciel nocturne, ils capturaient parfois la lumière et les éclats de la lueur faisaient comme des étoiles dans ses orbites.

A nouveau, elle se demanda pourquoi il n'avait pas songé au mariage malgré son profond amour du travail. Bien qu'il fut on ne peut plus charmant, il approchait bientôt la trentaine. Pour un homme, à la limite, ce n'était que très peu problématique mais pour une femme... Véronica se souvint que dans quelques années, elle n'aurait plus aucune chance. Déjà à vingt-trois printemps, elle glissait tout doucement dans la catégorie des vieilles filles. Un bref instant, elle se demanda si elle pouvait éventuellement envisager d'avoir une chance avec Armando, idée qu'elle chassa vite. Ils ne se connaissaient que depuis deux jours et il méritait mieux qu'une Alchimiste dissipée comme elle.

Ils discutèrent un peu des précautions à prendre. Bien sûr, Armando savait déjà tout ça. En tant que policier il avait dû mener maintes enquêtes dans ces quartiers sales et mal-famés, aussi choisit-elle de vite se taire. Elle eut peur que l'agent ne se vexe à cause de sa fâcheuse tendance à énoncer des évidences qui, selon l'interlocuteur, pouvaient la faire passer pour une personne tout à fait stupide.

Enfin, ils s'approchèrent de Whitechapel, au cœur de la City. Les odeurs d'urines et d'excréments qui provenaient des tanneries faillirent lui soulever le cœur mais elle résista bravement. En tant qu'Alchimiste, Véronica mettait un point d'honneur à la maîtrise de son corps. Et elle ne tenait vraiment pas à recracher son déjeuner sous les yeux du bel agent, elle n'aurait plus osé se montrer, après coup.

Ils descendirent à l'entrée d'une rue dont le bout se perdait dans l'obscurité des lieux. Bien que la météo sur Londres était fort clémente aujourd'hui, il faisait incroyablement sombre ici, comme si même les éléments avaient délaissé cet endroit qui semblait habité par le diable en personne.
Ils commencèrent à cheminer sur des pavés sales et disloqués, évitant autant que faire se pouvait la foule de gens qui se tenait là. Il y avait de tout, des enfants, des marchands, des femmes... Elle rougit en entendant des filles de joie interpeller Armando et se rapprocha un peu de lui. Il la ramena contre lui, lui assurant qu'elle ne craignait rien en sa compagnie. Elle hocha la tête et baissa les yeux. Elle se sentait tout de même observée. Bien qu'ils se soient grimés comme les pauvres qui peuplaient ce quartier, on voyait clairement qu'ils étaient bien nourris comparés aux bras rachitiques qui dépassaient, comme sortis de nulle part.

Tout se confondait ici, c'était comme si la terre les englobait de tous côtés, jusqu'à n'en plus voir le ciel.
Ils arrivèrent enfin à Miller's court et entrèrent dans l'auberge, un bâtiment aux murs noircis qui semblait pourtant être un des plus ''cossus'' du quartier. Sans plus attendre, ils entrèrent et se retrouvèrent face à la patronne qui les prit pour des clients. Véronica hésita. Que dire ? Quelle histoire raconter ? Autant elle n'était pas douée pour s'adresser aux humains, autant elle savait les juger sans jamais se tromper. Cette Mrs Stenforth était plutôt rustre dans sa manière de parler mais semblait très clairvoyante et elle avait déjà perçu dans son ton une certaine méfiance à leur égard.
C'était sûrement dû à leurs corpulences et à leurs dentitions blanches. Un détail qu'ils n'avaient pas pensé à cacher.

Véronica hésita. Devait-elle inventer une histoire à dormir debout ou bien lui dire la vérité ? Finalement, elle opta pour la seconde option. Elle n'avait pas réfléchi mais agi par instinct. Elena se fâcha immédiatement et Véronica jura intérieurement. Elle s'était trompée ! Si elle ne trouvait pas quelque chose immédiatement, ils risquaient de perdre leur témoin ! Alors, elle agit comme si elle avait voulu calmer un enfant, en posant ses mains sur les épaules de la femme. Armando tiqua. Selon les codes qui régissaient la police, les témoins ne devaient pas être touchés... Mais elle n'était pas policière.
Elle arriva à faire entendre raison à la tenancière qui se relaxa un peu, au grand soulagement de Véronica. Elle avait parlé du métier d'Armando et pas du sien, pour la simple et bonne raison que l'Alchimie n'était pas connue du commun des mortels. Selon sa logique, c'était tout à fait correct mais lorsqu'elle croisa le regard de l'agent, elle réalisa alors qu'elle avait agi complétement à l'opposé de ce qu'ils avaient dit précédemment. Elle avait failli tout gâcher et elle avait l'impression que l'Italien lui en voulait terriblement. Cette pensée lui mit un coup au coeur, comme si le fait de décevoir l'Italien était une des pires choses qui pouvaient lui arriver sur Terre. Elle baissa la tête, honteuse, et le laissa prendre le relais, trouvant préférable qu'elle ne parle plus pendant un moment.

Ils allèrent dans la cuisine où ils commencèrent l'interrogatoire. Armando commença par annoncer qu'ils savaient que Filipovitch avait résidé chez elle il y a quelques temps. La vieille femme sembla chercher, visiblement perturbée. Peut-être ne se souvenait-elle pas de lui...
Ce fut en tout cas ce qu'elle annonça. Elle fronçait les sourcils, ne comprenant pas où ils voulaient en venir. Sur un regard d'Armando, elle comprit qu'il était temps qu'elle sorte les portraits des suspects et des victimes.

Sans un mot, elle les déposa sur la table, bien alignés, et attendit les réactions de la tenancière qui ne semblait pas comprendre le but de la manœuvre. Armando lui expliqua patiemment à quoi servaient ces portraits et la vieille les examina plus attentivement, jusqu'à pointer un des alchimistes du doigt. Véronica se redressa un peu. Il s'agissait de Granville Maxwell ! Maintenant qu'elle y repensait, il avait mené d'importantes recherches sur les Homonculus et les Chimères, peut-être continuaient-elles d'ailleurs en ce moment même. Voici donc un lien supplémentaire qui apparaissait...

La jeune femme mémorisait chaque mot de la conversation, chaque indice que leur laissait la tenancière. Cette histoire de paquets l'intriguait. Carrés, fragiles, probablement pas très grands... Que pouvait-il donc y avoir dedans ? Véronica s'appuya sur ses coudes et écouta la femme, avide de ses paroles. Elle avait l'agréable impression qu'ils commençaient à voir le bout, à entrevoir un début de solution. Armando continua l'interrogatoire tandis qu'elle gardait les oreilles grandes ouvertes.

Le policier montra ensuite le symbole de l'ouroboros, que la vieille femme identifia clairement, puisqu'il avait été tatoué sur le poignet de Nikola. Lui aussi était un Homonculus ? Peut-être y avait-il fort à parier qu'il était une création de Maxwell...
Mais la plus grande surprise était encore à venir. La mâchoire de Véronica faillit se décrocher lorsque Mrs Stenforth s'empara de la photo du colonel Felton et l'identifia comme étant le Russe. Il n'était donc pas mort ?! La jeune femme tourna la tête vers Armando qui semblait aussi étonné qu'elle. Alors que la vieille femme commençait à s'extasier sur les photos, Armando décida de prendre congé. Ils ramassèrent leurs affaires, glissèrent quelques pièces dans sa main et sortirent, salués de manière fort affable par la tenancière du bâtiment. Dès qu'ils furent dehors, Véronica bredouilla:


- Mr Della Serata, je voulais vous présenter mes plus plates excuses pour tout à l'heure. J'ai agi sans réfléchir et fait exactement le contraire de ce que nous avions prévu, bien que je ne sache pas pourquoi. J'ai fait preuve d'une grossière maladresse...

Ils cheminèrent ensuite vers le bout de la ruelle, pour attendre le cab. L'Italien lui confia qu'ils n'étaient plus en sécurité ici, que Mrs Stenforth pouvait aussi être menacée. En soi, il avait raison, lors de cet interrogatoire ils avaient découvert que le mystère qui entourait ces meurtres était bien plus épais que ce qu'ils n'avaient cru au début. Elle hocha la tête et lui confia sa pensée à voix basse.

- Je suis tout à fait d'accord avec vous, nous sommes en train de toucher à quelque chose de dangereux... Peut-être que nous risquons de mettre beaucoup de monde en colère, selon moi. Peut-être que notre meurtrier n'est pas un psychopathe mais un homme tout à fait lucide qui cherche à protéger quelque chose. J'ai déjà quelques hypothèses mais je vous les fournirai en d'autres lieux plus appropriés.

Un coup de feu leur parvint alors aux oreilles. Véronica se raidit instantanément, prête à l'action. Elle tâta sous ses jupes à la recherche de son pistolet à percussion, par réflexe, tandis qu'Armando avançait vers l'auberge. Peu après, la jeune femme qui s'appelait Margrit sortit en hurlant, malmenée par un homme d'une stature plutôt imposante qui lui donna une désagréable sensation de déjà-vu. Elle sentit que l'Agent amorçait sa course lorsque l'agresseur lui tira dessus. Il esquiva la balle de justesse, qui alla se ficher dans un mur. L'Alchimiste se retourna pour la récupérer, pensant la comparer avec celle du tireur de l'exposition florale mais Armando l'attrapa d'abord pour la protéger d'une nouvelle salve. Ils se retrouvèrent collés l'un à l'autre derrière une cage d'escalier, dissimulés à la vue de l'homme qui tira deux fois, sûrement dans le vide. La pauvre fille hurlait sa peur et son cri fendit le cœur de Véronica. Ils devaient la sortir de là !
Un moment passa dans le plus grand silence. Ils étaient si proches l'un de l'autre que, dans d'autres circonstances, leur position aurait été inconvenante. Véronica était entièrement recouverte par l'agent, plus grand d'une dizaine de centimètres environ.

Il s'écarta pour observer la ruelle et la jeune femme tendit le cou pour apercevoir quelque chose. Margrit et son agresseur semblaient avoir disparu, ainsi que tous les passants qui se trouvaient dans cette ruelle, peu de temps auparavant. Non, cette situation ne disait rien qui vaille à la jeune femme.

Celle-ci sentit d'ailleurs le regard du bel homme sur elle, qui cherchait probablement à voir si elle était blessée. Il s'enquit de son état, l'air soucieux ; aussi le rassura-t-elle d'un sourire qui ne cachait pas sa nervosité.


- Non, je n'ai rien... Et vous ?

Apparemment, l'agent n'avait rien non plus. C'était une aubaine quand on pensait qu'il avait failli se retrouver avec une balle dans la tête quelques minutes auparavant. Elle allait dire quelque chose lorsqu'une ombre vint obscurcir l'endroit où ils se trouvaient. Véronica n'eut pas le temps de savoir de quoi il s'agissait que, déjà, l'homme leur tombait dessus.
La jeune Alchimiste cria de surprise et dégaina son pistolet à percussion d'un geste sûr, faisant virevolter ses jupes. Mais elle n'eut pas besoin d'intervenir. Armando, avec une force et une agilité surprenantes, renversa l'imposant inconnu qui appuya à nouveau sur la gâchette, sans prendre la peine de viser. Pendant qu'ils luttaient, Véronica se déplaça de sorte à tenir l'homme en joue si jamais il devenait incontrôlable, elle n'hésiterai pas à lui mettre une balle dans la tête s'il menaçait la vie de l'agent. Mais ce dernier sortit un couteau de sa botte pour l'enfoncer sans hésitation dans le ventre de l'homme, signant définitivement son arrêt de mort.
Lorsqu'il le retourna cependant, la surprise sembla se peindre sur son visage. Il connaissait cet homme. L'Alchimiste se rapprocha à son tour et reconnu les traits de l'agent qu'elle avait mené par le bout du nez le soir du meurtre du Queen's Heads.

Il expira en prononçant une ultime provocation, un sourire sarcastique aux lèvres. Véronica baissa le regard mais sentit malgré tout qu'Armando était crispé, stupéfait et en colère. Elle ne savait pas quoi faire pour lui, c'était quelque chose de trop personnel...
Finalement, elle sortit un mouchoir de sa poche, il était vieux et élimé mais tout à fait propre.


- Vous devriez peut-être enlever le sang sur votre main et sur votre arme...

Il lui annonça ensuite sur un ton tout à fait normal qu'ils devraient retrouver Margrit. C'était vrai, ils ne l'avaient plus vue ni entendu depuis tout à l'heure ! Véronica pria de tout cœur pour qu'elle soit encore en vie.

- Commençons par examiner l'hôtel, peut-être est-elle encore à l'intérieur?

Elle laissa l'Italien s'engager le premier et profita du fait qu'il lui tournait le dos pour ranger son pistolet au milieu de ses jupes. La cachette était pratique mais nécessitait des mouvements assez gênants qui frisaient l'inconvenance. Elle rattrapa ensuite son allié pour pouvoir entrer avec lui dans l'établissement. L'intérieur était affreusement dérangé, comme si l'on s'y était battu. Les talons de Margrit avaient fait des traces sur le parquet, indiquant dans quelle direction on l'avait trainée, jusque dans une pièce sur le côté droit qui semblait être une chambre. Il y avait un lit deux places et un berceau renversé. Il y avait des traces de lutte, des draps et des couvertures éparpillées...
La jeune femme avait dû se débattre comme une lionne !

Mais il n'y avait pas de traces de Margrit... Du moins jusqu'à-ce que Véronica ne remarque un pied qui dépassait de l'autre côté du lit.


- Dites moi que ce n'est pas ce que je crois...

Mais les craintes de la jeune Alchimiste furent malheureusement confirmée quand ils se déplacèrent sur le côté pour voir l'état dans lequel se trouvait la pauvre fille. Le spectacle qui s'offrit à leurs yeux était celui d'une jeune femme au visage déformé par la haine et l'horreur dont la tête formait un angle bizarre avec le corps. Elle s'était probablement brisé la nuque dans la lutte ou alors Jonathan en avait fini avec elle parce qu'elle se débattait trop. Si cette chambre était celle de Margrit, son mari n'était pas encore rentré.... Comment réagirait-il en apprenant la nouvelle ?

Véronica se faisait violence pour ne pas pleurer. La pauvre fille n'avait rien à voir avec eux, elle ne méritait pas de mourir ! C'était profondément injuste !
Pour ne pas avoir à supporter ce spectacle plus longtemps elle se retourna face au berceau qui était par terre. L'Alchimiste avait noté ce détail mais, encore en état de choc, elle n'avait pas réalisé sa signification. En ré-examinant l'objet, elle se rendit compte qu'un petit poing blanc dépassait de sous les couvertures.


- Oh non, pas ça...

Si ce petit était mort aussi, elle ne se le pardonnerait jamais ! Elle se précipita à genoux près du coussin et s'empressa d'écarter les tissus pour dégager le corps d'une petite fille de trois ou quatre mois. Elle avait les yeux fermés et ne semblait pas donner signe de vie. Inquiète, elle scruta sa poitrine, rapprocha son oreille de ses narines dans l'espoir d'entendre ou de voir quelque chose. Il était très difficile de détecter le souffle d'un nourrisson et elle crut que la petite avait vraiment rendu l'âme.

La jeune femme laissa cette fois quelques larmes couler le long de ses joues et serra l'enfant contre elle, le caressant dans l'espoir qu'il réagisse.


- Dans quel monde vivons-nous, si même les plus innocentes créatures font les frais de nos griefs ? Elles n'avaient rien à voir là-dedans et pourtant... Elle réprima un sanglot, puisant dans sa force pour ne pas céder à la faiblesse d'une crise de larmes. Je me sens tellement coupable...

Alors qu'elle essayait de reprendre ses esprits, une petite pression se forma soudain autour de l'index gauche de l'Alchimiste. Elle baissa les yeux et vit que l'enfant lui serrait le doigt, les yeux grands ouverts. Un sourire d'espoir vint éclairer le visage de la jeune Alchimiste qui se redressa en tenant la petite fille et se tourna vers l'Italien.

- Armando regardez, elle est vivante ! Mais... qu'allons-nous faire pour elle ? Sa mère est morte et nous ne sommes même pas sûrs que son père soit toujours en vie...

Véronica était une âme charitable de nature mais ce trait de caractère était encore plus exacerbé lorsqu'elle était en présence de bambins. Elle avait la fibre maternelle, c'était un fait. Rien que la façon sécurisante dont elle portait l'enfant alors qu'elle n'en avait jamais eu elle-même prouvait qu'elle avait un certain don pour ça.
La vie de la fillette semblait faire pétiller ses yeux verts encore humides, même si l'Alchimiste tâchait de conserver un minimum de gravité ; la mort de la pauvre Margrit hantait encore la pièce. L'Alchimiste se rapprocha un peu. Elle aurait aimé pouvoir l'allonger sur le lit, lui donner une position décente mais elle savait qu'ils étaient face à une scène de crime qu'on ne touchait pas par principe. Elle ne fit donc rien sans qu'Armando ne le lui demande. Sur le papier elle était peut-être sa supérieure mais en pratique c'était lui l'expert.

La fillette se mit alors à pleurer, sans doute avait-elle senti que sa mère n'était plus. Touchée par le chagrin de la fillette, elle commença à la bercer, fredonnant une vieille comptine de son écosse natale. Mais elle ne semblait pas vouloir se calmer pour autant. Peut-être la présence de la mort la gênait-elle aussi ? Elle se dirigea vers la porte et adressa un pâle sourire à l'agent.


- Je vais la bercer plus loin...

Elle sortit et retourna dans l'entrée où elle s'assit sur une chaise qui était remisée dans un coin. La fillette commençait à ralentir la frénésie de ses pleurs et l'expression de son chagrin se résuma bien vite à des petits hoquets espacés et quasiment inaudibles.
Alors que Véronica allait se relever, la porte de la cuisine grinça et une personne en sortit. Lorsqu'elle la reconnut, la jeune femme bondit sur ses pieds en poussant un cri de surprise.


- Mrs Stenforth !! Vous êtes vivante?

Son exclamation avait sans doute été assez forte pour qu'Armando puisse l'entendre. Il allait probablement venir voir ce qui se passait de leur côté, songea la jeune femme. Elle reporta ensuite son attention sur la vieille femme qui lui répondit, l'air fier et soulagé d'être encore de ce monde.

- Ah pour sûr que j'suis encore en vie ! Y'a un sagouin qu'à voulu m'canarder mais il a loupé son coup ! Alors moi j'ai pas d'mandé mon reste, j'me suis éloignée d'la fenêtre et j'ai cherché à m'cacher sauf que j'ai trébuché sur un sac et j'me suis assommée sur le buffet. Et maint'nant j'me réveille et j'vois mon entrée sans d'ssus-d'ssous, s'est passé quoi encore ici?

La gorge serrée, Véronica s'apprêta à lui conter les événements lorsque le regard de la vieille s'arrêta sur le bébé.

- Oh bah c'est Elsa ! Mince alors qu'est-ce qu'elle fait das vos bras ? Elle a l'air de bien vous aimer en plus la p'tiote!

Véronica regarda la fillette, en plein examen d'une des mèches de ses cheveux, puis la vieille dame.

- Vous connaissez cet enfant?

La vieille ouvrit des yeux ronds et annonça comme une évidence:

- Bah ouais un peu que j'la connais ! C'est la fille de Margrit et d'mon fils cadet qui travaille comme coursier pour un marchand du coin. Tiens au fait elle est où Margrit d'ailleurs?

Véronica hésita. C'était très dur à annoncer... La vieille dame semblait très attachée à sa belle-fille. Mais ils ne pouvaient cacher une perte pareille aussi se lança-t-elle en toute franchise, sans perdre une once de sa douceur.

- Mrs Stenforth... L'homme qui vous a agressée s'en est ensuite prit à Margrit. Elle s'est violemment débattue semble-t-il mais son agresseur a fini par lui briser la nuque... Je suis désolée. J'ai trouvé Elsa dans la chambre, son couffin avait été renversé.

Ce fut comme si le ciel était tombé sur la tête d'Elena. Elle ouvrit la bouche puis la referma, deux fois de suite. Elle ne réalisait pas encore...

- Seigneur Dieu... Non, c'est pas possible, pas Margrit ! Elle avait jamais fait d'mal à personne ! Même un rat elle l'aurait pas tapé ! C'est injuste, injuste ! Elle fit une pause avant de reprendre : Vous... z'êtes policier hein ? Vous allez l'arrêter celui qu'à fait ça ? J'veux l'voir rendre son souffle sur l'échafaud !

Véronica hésita encore. Elle pesa le pour et le contre : lui dire que l'homme était déjà mort ? Non.... C'était Armando qui l'avait tué, elle n'allait pas le crier partout. Même si la victime était la pire des ordures, un meurtre, même en cas de légitime défense, pouvait aller très loin surtout quand des policiers étaient impliqués. Elle resta discrète tout en se montrant persuasive.

- Ne vous en faites pas, nous nous en chargerons. Pour l'instant, restez chez vous le temps que l'affaire se tasse, attendez votre fils et restez cachée.

La vieille ferma les yeux,en signe de compréhension. Elle adressa hochement de tête reconnaissant à la jeune femme et tendit les bras pour récupérer sa petite fille. Véronica la lui rendit, un peu à contrecoeur, et adressa un sourire à l'enfant.

- Ouais... J'vais faire ça, merci. Quant à vous vous devriez vous mettre en sécurité aussi si j'puis m'permettre... z'avez l'air d'être sur un gros coup. Bon... J'vais aller m'occuper de ma belle-fille si vous voulez bien...

Il n'y avaient toujours personne dans la rue. La jeune femme n'aimait pas cette atmosphère presque glauque, elle voulait partir le plus vite possible. La masse informe du corps de Jonhatan était seule, noire et dégoulinante de sang. Elle se tourna alors vers Armando et demanda d'une voix blanche :

- Si nous rejoignions le cab ?


Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Signav10

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Dernière édition par Veronica Newburry le Lun 6 Mai - 16:50, édité 1 fois
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Armando della Serata
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Age : 27 ans
Proie(s) : Les criminels, les meurtriers et tout ceux qui se jouent de la justice.
Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Empty
MessageSujet: Re: Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Icon_minitimeMar 5 Fév - 0:08

Tout s'était déroulé à une vitesse hallucinante. Véronica et Armando étaient sortis de la maison pour se hâter de rejoindre le cab mais un coup feu les avait arrêté dans leur mouvement. Alors qu'Armando venait de dire à la belle Alchimiste qu'il ne lui en voulait pas pour ses maladresses dans le questionnement de Mme Stenforth, cet écho retentissant venait confirmer ses craintes: il avait bien vu un homme derrière la fenêtre de la cuisine lorsqu'ils discutaient tous les trois, ils avaient bien mit en danger la vieille tenancière...La lueur qu'il avait aperçue était ce qui l'avait décidé à bouger: il aurait juré que c'était un pistolet à percussion, il en avait déjà trop croisé dans sa carrière...Ce coup de feu avait donc sonné comme un terrible glas. Mme Stenforth venait certainement d'être assassinée! Par leur faute!

Mais alors qu'Armando se dirigeait de plus en plus vite vers l'entrée du bâtiment pour tenter de lui porter secours, il avait esquivé de peu une balle qui lui était cette fois-ci destinée. L'agresseur de Mme Stenforth était en effet sorti avec sa belle-fille, Margrit, en otage et avait bien failli avoir l'Agent. Heureusement le tir avait été rapide et sans ajustement et Armando avait pu se cacher à temps en compagnie de Véronica. Mais après un temps, alors que le couple restait silencieux observant avec soulagement que ni l'un ni l'autre n'avait été touché, l'agresseur était sorti de nul part et avait fondu sur l'Italien. Ce dernier, expert en art martial et dans le maniement du couteau, ne lui avait pas laissé une seule chance de survie. Par réflexe défensif, il l'avait envoyé à terre en un mouvement d'épaule et, lorsqu'il s'était relevé, il lui avait enfoncé sa lame dans le ventre sans une seule hésitation. Ses capacités exceptionnelles et ses années d'entrainement étaient ainsi ressorties l'espace d'une seconde et avait tout simplement pris la vie de l'homme comme un éclair fend le ciel noir d'une nuit d'orage. Tout s'était passé trop vite pour que Véronica n'ai le temps d'intervenir.

Les mains en sang, Armando contemplait maintenant le cadavre de son collègue, Jonathan, qui s'avérait être l'agresseur. Quelle surprise! C'était un retournement de situation que même l'As n'avait pas envisagé. Jonathan était certes un élément désagréable du Scotland Yard mais jamais Armando ne l'avait suspecté de faire partie d'une quelconque organisation criminelle et encore moins d'être le complice d'un meurtrier! Choqué, l'Italien était resté muet un moment face à son acte. Mais, toujours droit et maître de ses émotions, l'Agent s'était vite redressé et avait expliqué à Véronica qu'il fallait retrouver Margrit pour s'assurer qu'elle était encore vivante. Il n'y avait plus rien à faire pour Jonathan, il était mort, c'était inutile de perdre plus de temps avec lui maintenant. Peut-être que la belle-fille de la tenancière était encore en vie! Elle avait certainement besoin d'aide!

Jetant un dernier regard au cadavre qui gisait à ses pieds, Armando entama sa marche. Véronica lui avait intimé d'essuyer le sang qu'il avait sur les mains et elle lui avait même prêté un mouchoir à cet effet. Encore...du sang...toujours du sang...Jusqu'où sa quête l'emmènerait-elle? Armando s'essuya les mains en marchant. Il jeta un coup d'oeil au pistolet que rangeait Véronica.


- Je ne pensais pas que les Alchimistes avaient le droit de porter une arme lorsqu'ils étaient en fonction...fit-il d'une voix rauque en détournant le regard pour éviter de gêner la jeune femme qui levait ses jupons.

Il n'aimait pas cette situation: Véronica avait sorti son arme pour l'épauler et l'Agent ne s'en était aperçu qu'après coup. S'il avait su qu'elle avait un pistolet, il aurait peut être agit autrement. Du moins, c'était l'impression qu'il avait. En réalité cela n'aurait rien changé, la scène s'était déroulé en une fraction de seconde. L'Agent était tout simplement à cran. Savait-elle au moins tirer? N'avait-elle pas risqué de le blesser plutôt que de l'aider?
L'Italien laissa de côté ses obscures raisonnements et réfléchit à tout ce qu'il avait pu reprocher à Jonathan: sa violence, sa négligence, son goût prononcé pour les femmes, la bonne chair et le vin...Oui c'était un sale type, mais il avait tout de l'agent fidèle, quoiqu'un peu maladroit et indiscipliné, il n'avait jamais failli à sa tâche. Pourquoi était-il donc lié à cette sordide affaire? Que faisait-il donc ici, dans ces vieux quartiers? Il ne pouvait pas savoir que Véronica et lui étaient là en cet instant. Était-ce réellement le fruit d'un curieux hasard qu'ils se soient retrouvés tous les trois chez Mme Stenforth? Ou la situation était véritablement plus compliquée et terrible que ce qu'ils avaient imaginé? Tout cela n'était pas bon. Cette fois, l'Agent prenait entièrement conscience du danger dans lequel Véronica et lui s'étaient jeté. Leur enquête les menait où il aurait préféré éviter de mettre jamais les pieds: dans la corruption. Car que ce soient les Alchimistes avec ce fameux Grandville Maxwell, les militaires avec le colonel Felton étrangement lié à Filipovic, ou la police avec Jonathan: tous étaient liés par l'argent, les expériences interdites et le pouvoir. Cette fois-ci, Armando s'était vu confier une mission qui prenait une ampleur considérable.

L'Italien se remémora les paroles de Véronica:
''nous sommes en train de toucher à quelque chose de dangereux...[...] Peut-être que notre meurtrier n'est pas un psychopathe mais un homme tout à fait lucide qui cherche à protéger quelque chose.''
La belle avait peut-être raison. Les créatures chimériques que créaient les Alchimistes pour l'État faisaient presque office de légendes tant ces affaires étaient étouffées par l'État lui-même. Armando ne s'y connaissait pas vraiment, dans ce domaine il était même relativement ignorant, mais tout portait à croire que la police, les Alchimistes et les politiciens mêlés à cette affaire avaient un rapport avec une quelconque expérience à cacher.
Pourquoi lui avait-on confié cette mission dans ce cas? Cela n'avait pas de sens!


- Un homme tout à fait lucide...oui...et non...marmonna l'Agent tandis qu'ils arrivaient au niveau de la maison de Mme Stenforth.

Gardant ses réflexions pour lui, Armando passa devant. Il avait toujours son couteau à la main. Le mouchoir de Véronica, tâché de sang, dépassait de sa poche de pantalon. Il n'avait pas pu enlever tout ce qu'il avait sur les mains tant le sang marquait la peau et coagulait vite, mais sa lame brillait à nouveau de l'éclat argenté qui l'avait animée plus tôt.


- Faites attention...Il avait peut-être des complices...fit-il en faisant reculer Véronica lorsqu'ils arrivèrent dans l'encadrement de la porte d'entrée qui était restée béante.

Avec mille précautions, ils avaient alors réinvesti les lieux. Armando regardait en tous sens, vérifiant avec précision chaque coin et recoin susceptible d'abriter un tireur tandis que Véronica explorait les environs. Ils suivirent les traces laissées par les talons de Margrit et trouvèrent la pauvre jeune femme inerte dans sa chambre. Armando se tint droit au-dessus du cadavre pendant que Véronica s'éloignait pleine de douleur dans la voix. L'Agent s'accroupit pour tâter le pouls de la jeune femme, c'était évidemment inutile puisqu'elle avait le cou brisé...

Lorsque l'Italien se releva, il se trouva nez à nez avec Véronica, à genoux sur le sol près d'un couffin. La jeune femme portait un bébé dans les bras et le regardait d'un air si éploré qu'elle faisait pitié à voir. Il eut comme un choc. Cette image, à la fois magnifique et terrible, allait le hanter souvent par la suite. Sur le moment, il revit sa mère tenant sa soeur dans ses bras. Il vécu à nouveau la scène qu'il avait dû subir à ses six ans, lorsqu'il avait protégé sa soeur dans son berceau. On lui avait appris à se détacher de sa vie personnelle pour rester efficace dans ses enquêtes, mais l'Agent n'avait jamais pu oublié son passé. Sa réelle motivation dans la police n'était pas tellement de faire le bien mais de retrouver cette fameuse soeur perdue...

Armando tiqua face au visage déformé par la tristesse qui lui imposait alors l'Achimiste. Il ferma les poings et grommela, les yeux fuyants:


- Dans un monde de fous...

Le bébé devait être mort pour que Véronica soit aussi peinée. Cela débecta tellement l'Agent qu'il s'éloigna en soupirant. Son visage déjà très sévère s'était fermé plus que jamais. Son regard, dur et froid, inspectait le reste de la pièce, comme un fauve cherche sa proie qui vient de se cacher dans l'ombre.
Mais alors qu'il avait amorcé quelques pas, Véronica l'interpella. L'Agent se retourna l'air mauvais. Mais il fut accueilli par un visage radieux, tout éclairé de joie et un petit gargouillis qui venait du bébé que la belle tenait dans ses bras. Son propre visage se détendit: le bébé était vivant...


- Dieu soit loué...souffla-t-il en revenant vers l'Aclhimiste.

Véronica se releva et commença à s'inquiéter de la mère de la petite ainsi que de son père. L'Italien laissa son regard tomber sur le cadavre de Margrit. Que faire? Ce bébé allait certainement finir dans un orphelinat...C'était bien triste. Mais Armando se reprit. Non! Elle avait un père, il était bien vivant. L'Agent avait repéré des vestes d'hommes et des chaussures dans l'entrée, il avait déjà noté la présence d'au moins un homme. Cela ne pouvait pas être le mari de Mme Stenforth, ni un client quelconque, c'était certainement le mari de Margrit.
Armando s'approcha de Véronica mais le bébé se mit à pleurer. L'Agent s'arrêta, gêné par la situation. L'Alchimiste regardait le bambin comme une mère et, dans un souffle, elle lui expliqua qu'elle allait bercer la petite chose plus loin. L'Italien tiqua:


- Faites attention...Nous ne devrions pas nous séparer...

Véronica passa dans la pièce d'à côté et Armando voulu lui emboiter le pas. Mais il eut un pincement au coeur en voyant Margrit au sol. Finalement, il se résolu à ranger son couteau dans sa botte et à redresser la pauvre jeune femme afin de la porter et de la poser sur le lit avec décence. Ses ongles étaient plein d'échardes de bois. Elle avait visiblement combattu Jonathan et elle devait s'être raccrochée à des meubles ou l'encadrement de la porte pour lui résister...C'était un spectacle déplorable. Ses cheveux étaient ébouriffés et Armando pris le temps de les placer sur le côté pour leur donner meilleur allure. Une fois que la belle fut positionnée les bras sur la poitrine et la tête sur un oreiller, Armando vérifia qu'elle avait bien les yeux fermés avant de se diriger vers la pièce d'à côté.

Les pleurs de la petites étaient calmé depuis quelques minutes, Armando n'entendait plus ses hoquets. Alors qu'il passait la porte, Véronica poussait un cri. L'Agent se précipita mais il fut soudainement soulagé de voir Madame Stenforth au lieu d'un assassin qu'il venait d'imaginer. Véronica était déjà en pleine discussion avec la vieille femme lorsque l'Italien arriva à ses côtés. La tenancière lui expliquait qu'elle l'avait échappé belle et qu'elle s'était assommée sur un meuble. Puis elle reconnu l'enfant que tenait l'Alchimiste. Cette dernière hésita mais elle expliqua bien vite à la tenancière de quoi il en retournait. La pauvre vieille leva les bras vers le ciel, véritablement prise de désarroi. Elle venait de perdre sa belle fille, une jeune femme qu'elle jugeait sans histoire. Non elle ne méritait pas de mourir ainsi, Armando pensait en son fort intérieur que nulle âme ne méritait véritablement la mort, même s'il la donnait volontiers lui-même lorsque la situation l'exigeait...

Madame Stenforth récupéra l'enfant et tourna son regard vers l'Italien pour lui demander de retrouver l'assassin. Véronica intervint pour la rassurer et lui demander de rester cachée.
Armando se tue. Son regard était fixé sur le nourrisson qui gigotait dans les bras de la vieille.

Véronica pris congé et sortit pendant que Madame Stenforth commençait à se diriger vers la chambre où reposait Margrit. Armando jeta un regard à Véronica qui voulait se hâter de retourner au cab. Il ignora ses paroles.


- J'en ai pour une minute, ouvrez l'oeil, fit-il en refermant la porte sur lui sans laisser le temps à Véronica de protester.

Armando rejoignit Madame Stenforth dans la chambre. La vielle était assise sur une chaise. Elle se balançait pour bercer le nourrisson tout en se berçant elle-même face à tant de malheur. L'Agent se posta prêt d'elle et regarda Margrit. Elle semblait dormir paisiblement ainsi positionnée.


- Je vous prie d'accepter nos sincères excuses, Madame Stenforth, notre venue vous a causé grand tord et j'en suis navré, croyez-moi...

La vieille fit un mouvement de la tête, comme si elle fut pris d'un tic terrible, mais ne dit rien. Armando continua :

- Des agents vont passer pour examiner les traces de lutte, je vous demande de rester calme et coopérative. Margrit sera enterrée avec décence, vous aurez des aides financières pour ses funérailles, je vous le promets. Quant à la petite et son père, ils auront également un dédommagement, de la part du Scotland Yard ou de la mienne si nul ne lève le petit doigt.

- Et l'meurtrier ? Bougonna la vieille entre deux larmes.

Armando soupira en lui montrant ses mains encore tâchées de sang.


- Il n'est déjà plus de ce monde Madame Stenforth...Cela ne la ramènera pas, j'en ai bien conscience mais peut-être que cela peut vous soulager de le savoir...

La tenancière leva les yeux vers lui, ouvrit la bouche et la referma pour regarder Margrit.

- Tu vois Margrit, il est déjà en Enfer ce salop...

Le silence se fit.

- Merci...murmura soudainement la vieille.

Armando fit ses adieux à la tenancière et quitta l'hôtel. Véronica était toujours là.


- Je suis navré pour l'attente, mais il fallait qu'elle sache.

Sans attendre de réaction de la part de l'Alchimiste, l'Agent se dirigea vers le cadavre de Jonathan. Il fallait quitter les lieux au plus vite mais il était hors de question de laisser le corps de l'agent ici, en plein milieu de la rue. Qu'elle le veuille ou non, Véronica devrait se contenter de voyager avec.

- Je vais avoir besoin d'aide.

La tâche ne fut pas aisée. Armando fut même obligé de montrer sa plaque du Scotland Yard au cocher pour le calmer lorsqu'il les vit arriver avec cet homme au ventre tout sanglant. Jonathan était lourd et le hisser dans la voiture fut bien difficile, même si Armando était fort. Il évitait de se tâcher d'avantage.
Une fois Jonathan installé dans un coin du cab, Armando et Véronica reprirent place.


- Direction le Scotland Yard ! Fit l'Agent au cocher.

Sans se poser plus de question, le cocher lança les chevaux. Armando évitait le regard de Véronica et gardait un œil sur le cadavre qui les accompagnait. Jonathan avait les yeux fermés, le menton sur la poitrine. Il semblait ivre, comme souvent et l'Italien lui trouvait cet air bêta qu'il traînait souvent sur son visage. Mais l'heure n'était pas à la plaisanterie : c'était un mort...


- Vous êtes témoin. Fit soudainement Armando à Véronica. C'était de la légitime défense.

Armando fixait maintenant l'Alchimiste de ses yeux noirs. Il croisa les bras et les jambes avant de fermer les yeux en soupirant.

- Quelle histoire !

Le cab cahotait sur les pavés disloqués dans un raffut du diable. Véronica et Armando étaient bien plus secoués qu'à l'aller. L'Italien fronça les sourcils.

- Mais où est-ce qu'il nous emmène ?

L'Agent ouvrit la fenêtre et se pencha pour crier au cocher sa question. Le pauvre homme lui répondit avec confusion qu'il y avait trop d'ouvrier à cette heure dans les rues précédemment utilisées : c'était la sortie des usines ! Il avait donc été obligé de bifurquer pour emprunte une route moins usitée.
Armando se rassied en fermant sa fenêtre. Il soupira furieusement en sortant sa carte de trèfle. Il regarda l'objet avec une pointe de dédain et une lueur en fit soudainement briller le contour. Mais un pavé plus haut que les autres fit sursauter tous les passagers. Armando laissa échapper sa carte qui se perdit sur le sol du cab et Jonathan se pencha pour finalement tomber sur Véronica. L'Italien laissa de côté sa carte pour aider l'Alchimiste à redresser le cadavre.


- Mais quel...lourdaud... ! Marmonna l'Agent.

Le cab continuait, enfonçant le couple d'enquêteur dans des ruelles de plus en plus sombres. Le cocher n'avait pas l'habitude de se promener dans l'Est End et le fait d'avoir changé de rue commençait à lui faire peur. En vérité, il était en train de se perdre. Il voyait les prostituées se multiplier et les cheminées cracher de plus en plus de fumée. Il devait être 17h et le soleil se faisait rougeoyant sur le dessus des maisons de briques. D'ici une heure il ferait déjà noir.

Armando se rendit compte que quelque chose clochait. Il arrêta le cab d'une voix forte et descendit pour rejoindre le cocher. Leur discussion se fit animée lorsque l'Agent se mit à houspiller le pauvre homme sur sa façon de les conduire. Il n'avait pas l'habitude, certes, mais il aurait dû rester patient avec les ouvriers ou leur demander leur avis avant de dévier de la route prévue ! Maintenant ils étaient perdus. Heureusement l'Italien reconnaissait les lieux. Ils n'étaient pas encore très loin dans l'Est End et il avait déjà vu ces maisons close auparavant. Un groupe de prostituées avait déjà pris d'assaut le cab. Avec leurs éventails et leurs froufrous, elles tournaient autour d'Armando qui se contentait de les écarter pour rester en vis à vis avec le cocher. L'une d'entre elle vint voir à la fenêtre et poussa un cri en voyant Jonathan et sa blessure au ventre :


- Hii ! Ils ont un blessé !

Armando se redressa.

- Oui et nous sommes donc pressés. Fit-il d'une voix forte. Veuillez nous laissez, mesdames, nous n'avons pas le temps de jouer !

L'une des prostituées prit de travers la réflexion de l'Agent :

- Jouer ? Parce que nous sommes des jouets peut-être ? Pourtant...continua-t-elle en s'approchant de l'Italien pour l'attraper doucement par les hanches d'une façon provocante, nous ne sommes pas pour les enfants...mon mignon...je peux te montrer...

Armando la repoussa un peu brusquement avec une pointe d'impatience.
- Allons, allons, de l'air ! Ne me touchez pas !

- Olala ! Reprit la jeune femme sur-maquillée. Quel genre d'homme êtes-vous donc !?

L'Italien convint avec le cocher qu'ils feraient tout simplement demi-tour au prochain carrefour pour retourner sur leurs pas et éviter de se perdre un peu plus. Il écarta encore les prostituées et remonta dans le cab l'air las.

- Bon sang...ces filles...

Il jeta un coup d'oeil à Véronica et ne pu s'empêcher de lui offrir un sourire gêné. Il n'avait pas l'habitude de fréquenter ce genre de cocottes et cette situation l'avait stressé plus qu'il ne l'aurait songé.

- Je ne veux pas leur être désagréable...ni les malmener...Mais elles sont si...si...

Il ne trouvait pas ses mots. Le cab repartit et les prostituées leur firent des signes en leur tirant la langue de manière sensuelle. Armando ferma le rideau.

- Si vulgaires ! Acheva-t-il finalement.

Les yeux fermés, l'Agent soupira:


- Nous n’aurions jamais dû venir ici, fit-il finalement en regardant Véronica d'un air tendu.

En soit, leur enquête avait avancé d'un bond grâce à leur expédition, mais aux yeux de l'Agent, avoir deux morts sur la conscience n'était qu'un échec.

Au bout de quelques longues minutes, l'Italien rouvrit le rideau. Il se rendit compte qu'ils étaient dans le quartier juif. Des rabbins passaient ici et là, des églises se succédaient. Ils étaient en train de s'éloigner concrètement du secteur des tanneries et des fonderies.


- Mais il n'a rien compris le bougre ! Maugréa l'Italien en ouvrant à nouveau la fenêtre. Hé ! Ho ! Héla ! Vous seriez aimable d'arrêter de dévier de la route prévue !

Le cocher répondit d'une voix blanche qu'il était perdu. Dans les rues les plus sordides de Londres, et maintenant perdus au milieu des religieux, avec un cadavre dans le véhicule, la situation n'était décidément pas des plus agréables...

- Dans quel nouveau lieu de perdition va-t-il nous conduire...soupira Armando en se rasseyant. Véronica, je suis désolé.


Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Sans_t11
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Veronica della Serata
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MessageSujet: Re: Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Icon_minitimeDim 17 Fév - 18:28

Véronica avait le souffle coupé. L'homme étendu à terre, devant eux était donc un agent du Yard ? Maintenant qu'elle y repensait, c'était à ce même agent qu'elle avait montré son insigne pour ouvoir rester dans l'enceinte du Queen's Heads ! Bien qu'il ne lui avait inspiré aucune sympathie de prime abord, elle ne l'aurait jamais soupçonné d'être de mèche avec leur assassin. Mais pourtant, comment pouvait-il en être autrement ? Comment se serait-il retrouvé sur leur route s'il n'avait pas été intimement mêlé à l'affaire et, quand bien même leur rencontre n'avait été que le fruit du hasard, pourquoi les avait-il agressé ? Aucun doute là-dessus, le macchabée qu'ils avaient à présent sur les bras était un de leurs ennemis.

Elle aida Armando, visiblement plus que choqué, à se défaire du sang qui tachait ses mains et son arme. Il ne lui fallut qu'un regard pour comprendre qu'il était à cran et peut-être même un peu choqué. Mais qui ne l'aurait pas été dans une pareille situation ? Elle le comprenait, mais ne savait pas comment lui faire part de sa compassion. Mais il y avait plus urgent, de toute façon. Si Mrs Stenforth était certainement morte, Margrit était probablement encore en vie !
L'agent commença à marcher dans la direction de la maison, après lui avoir lancé un regard. Il s'étonna qu'elle ait une arme sur elle pendant son service. Confuse, elle lui lança en rangeant son pistolet:


- Eh bien... Disons que ce n'est pas ouvertement autorisé mais pas non plus explicitement interdit.

Quand elle travaillait au bureau, la jeune femme ne prenait pas d'arme sur elle puisqu'elle n'évoluait alors pas en milieu hostile. Son gant alchimique et son pistolet ne l'accompagnaient qu'en cas d'expéditions de ce type, qui arrivaient rarement. Elle sentit, en se rapprochant de lui, le scepticisme qu'il ressentait en cet instant. Peut-être pensait-il qu'elle ne savait pas tirer ou qu'elle aurait pu le blesser au lieu de l'aider. Ce manque de confiance lui fit ressentir un pincement au cœur, amplifié par la tension des événements qui venaient de se produire. Elle fut surprise de réaliser qu'elle ressentait tout de même une pointe de vexation.

* Comme si j'allais emporter une arme sans savoir m'en servir au préalable... Je ne suis quand même pas stupide à ce point !* pensa-t-elle.

Ils arrivèrent devant l'hôtel et l'homme sembla marmonner quelque chose qu'elle n'entendit pas bien. Préférant ne pas s'en préoccuper davantage, par souci de décence, elle se dirigea vers la porte. Au moment où elle allait ouvrir, Armando la fit reculer, pensant aux éventuels complices qui pouvaient se trouver à l'intérieur. Elle ne le lui fit pas remarquer mais si la présence d'autres larrons avait été avérée, elle se serait fait un plaisir de les accueillir avec son alchimie.

Ils pénétrèrent alors dans un hall dévasté par la lutte. Pendant que l'As du Scotland Yard vérifiait qu'aucune présence hostile ne se trouvait dans les alentours, elle se pencha sur les traces de luttes qui la menèrent dans la chambre de Margrit. Ils y découvrirent le corps sans vie de la pauvre jeune fille, le cou brisé. La vision du cadavre mit Véronica terriblement malheureuse et mal à l'aise. Elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle aurait pu se trouver à la place de cette fille. S'ils n'étaient pas venus, serait-elle toujours en vie ? Rien n'était moins sûr. Peut-être avait-elle prévu de retrouver son mari ce soir. Son mari qui avait dû l'embrasser avant d'aller travailler, pensant la revoir au retour pour l'enlacer, et, autour d'une tasse de thé chaud, lui raconter sa journée...
Finalement, personne n'avait prévu que Margrit passerait de vie à trépas aujourd'hui. Rien n'aurait pu la préparer à cela. Réaliser que la mort pouvait arriver tout à fait sans prévenir fit l'effet d'une douche froide à la jeune femme.
L'envie de la prendre, de l'allonger sur son lit et de la laver pour faire disparaître les traces de lutte et donner l'illusion qu'elle dormait la démangeait mais elle hésitait. Elle avait déjà agi à l'encontre des règles de la police lors de l'interrogatoire de Mrs Stenforth, ce n'était pas le moment de commettre une seconde bourde en déplaçant un corps sur une scène de crime ! Elle préféra laisser l'initiative à Armando. Lui seul savait ce qui se faisait ou pas en pareille situation.

Peut-être qu'un jour, elle se lèverait pour aller travailler, agirait selon sa routine... pour finir sa vie dans un accident de la route quelques minutes après avoir quitté sa maison. La Mort frappait toujours sans prévenir. Et c'en était d'autant plus déconcertant pour l'Homme que ce dernier avait tendance à ce croire invincible. C'était de là que venait le problème. Ils n'étaient pas immortels mais l'oubliaient bien trop souvent.

Elle avisa ensuite le couffin et l'enfant qu'elle trouva à l'intérieur. Au début, elle le crut mort et ce fut comme si le monde entier s'écroulait sur elle. Véronica avait toujours été sensible à la mort d'innocents, surtout depuis le drame qui avait secoué sa famille. Mais la mort d'enfants la touchait encore plus profondément. Son côté maternel, peut-être trop exacerbé malgré le manque de bambins dans son entourage, ressortait dans ses moments là, la bouleversant comme elle l'avait rarement été dans sa vie.
Elle ne fit pas attention au regard perturbé d'Armando ni au tic qu'il avait eu lorsqu'il avait posé les yeux sur elle. Tant de malheur en une journée... Comment pourrait-elle à nouveau se regarder dans la glace après ça ? Elle se tenait en grande partie pour responsable de ce qui était arrivé.

Puis, alors qu'elle serrait le petit corps contre elle, elle entendit la respiration du nouveau né, musique salvatrice de la vie qui changea instantanément ses larmes en sourire. Elle rappela l'agent qui se tourna, crispé. Mais comme elle, son visage se détendit quand il vit que la fillette était en vie. La jeune femme se releva en berçant le bébé qui s'était mis à pleurer et décida d'aller le bercer plus loin. Elle sentait la présence de la mort dans la pièce sans aucun doute, c'était cela qui la perturbait tant. Véronica décida alors de la bercer ailleurs. L'agent la mit en garde, préférant qu'ils restent ensemble. Elle lui adressa un pâle sourire en sortant.


- Ne vous en faites pas, je ne vais pas loin... Et je resterai dans votre ligne de mire.

Elle tint sa promesse et vit de loin son allié remettre la pauvre Margrit sur son lit avant de l'arranger quelque peu. Cette vision lui serra la gorge mais elle n'eut pas le temps de s'épancher sur ce qu'elle ressentait que Mrs Stenforth faisait son apparition, la faisant crier de surprise.
Armando déboula aussitôt, prêt à agir. Il avait dû penser, à juste titre, qu'un assassin était sur le point de l'agresser.

Ils discutèrent avec la tenancière, apprenant ainsi le hasard qui avait fait qu'elle avait eu la vie sauve, contrairement à sa belle fille. Lorsqu'elle apprit le décès de cette dernière, son visage se décomposa littéralement. Véronica avait une terrible envie de la réconforter mais elle ne savait pas comment s'y prendre. Elle passait tellement peu de temps en compagnie d'autres personnes qu'elle se retrouvait parfois désarmée face au désarroi d'autrui.
Finalement, elle lui rendit sa petite fille et ils retournèrent dehors. Véronica était terriblement mal à l'aise de ne pouvoir rien faire ou dire pour aider cette pauvre femme et préférait la laisser seule, pensant qu'elle n'aurait été qu'un poids pour la tenancière.

Armando décida de retourner à l'intérieur, sans lui laisser le temps de ne rien dire. Il allait certainement parler à cette vieille femme, lui dire que l'assassin de sa fille était déjà mort. Machinalement, elle parla à une porte qu'elle savait déjà close :


- Mais je vous en prie, faites...

En soupirant, elle regarda le ciel, attendant qu'Armando ne revienne. Elle cherchait, là-haut, un réconfort quelconque, à moins qu'elle n'ait voulu y voir le visage de Margrit. Cette jeune femme n'avait pas eu le temps de profiter de la vie que déjà elle basculait dans l'autre monde. Mais aurait-elle vraiment eu une vie heureuse dans ce quartier insalubre ? Elle serait peut-être morte deux ans plus tard des suites d'une affreuse infection, qui sait...

La jeune femme repensa ensuite à tout ce qu'ils avaient appris en venant ici. Indéniablement, ils avaient fait un pas de géant de leur enquête mais à quel prix ?


- Quelle histoire, mon Dieu...

Elle attendit patiemment que l'Agent ne reparaisse, ouvrant grand les yeux et les oreilles. Si jamais une agression se produisait en son absence, elle devait se montrer capable d'affronter seule le danger. La jeune Alchimiste était elle aussi capable de sauver des vies. Du moins, elle l'espérait...
Un peu plus tard, Armando revint, s'excusant de l'attente. Il avait dit à la tenancière qu'il avait envoyé l'assassin de sa belle fille ad patres. La jeune femme, compréhensive, lui adressa une esquisse de sourire.


- Je comprends. Il vaut mieux que ce soit vous qui le lui ayez dit.

Mais il ne l'écoutait déjà plus. Parti en direction du cadavre, elle trottina à sa suite pour le rattraper. Au passage, elle récupéra la balle que l'agent avait tirée et qui s'était fichée dans un mur de brique. Avec un peu de chance, elle appartiendrait à la même arme que celle du parc...
Elle la fourra dans une de ses poches et s'approcha du corps qu'Armando ne tarda pas à essayer de soulever en lui demandant de l'aide.
Sans hésiter, elle se pencha et saisit les pieds de l'agent en grimaçant lorsqu'ils le soulevèrent. Le bougre pesait son poids !

Ils rejoignirent le cab avec peine et le conducteur paniqua tellement à la vue du cadavre qu'Armando dût lui montrer sa plaque pour le forcer à les véhiculer. Ils hissèrent Jonathan à l'intérieur puis prirent eux-mêmes place pendant que l'homme démarrait en trombe, vers le Scotland Yard.

Véronica n'osait rien dire, perturbée par le macchabée si près d'eux. Soudainement, Armando lui annonça qu'elle était témoin, que son acte relevait de la légitime défense. La jeune femme se redressa et hocha la tête.


- Mais naturellement ! Vous ne pensiez tout de même pas que j'allais vous accuser d'avoir tué cet homme?

Il la fixa ensuite de ses yeux profond et soupira. C'était vrai qu'ils s'étaient embarqués dans une histoire complètement folle et insensée qui commençait à tourner à la chasse à l'homme.

Elle dire quelque chose lorsque des cahots violents commencèrent à se faire sentir. Apparemment, le cocher semblait s'être perdu. L'As, qui tenait une carte à la main, se pencha pour crier une question au cocher. Les ouvriers avançaient en masse autour d'eux, c'était la sortie des usines.
Dans quel piège à rats s'étaient-ils encore fourrés ?!

Le cab fut encore secoué et le corps de Jonhatan tomba sur elle. Etouffée par la masse et l'odeur de chair morte qui commençait à s'en dégager, elle faillit lâcher un cri et se débattit comme elle pouvait. Mais l'homme était beaucoup trop lourd et, sans l'aide du bel Italien, elle aurait sans doute défailli.[/i]

- Merci.

Elle se rassit et attendit que les choses se calment. Mais le cocher ne semblait pas vouloir revenir en arrière et ils s'enfoncèrent encore plus profondément dans l'East End. Exaspéré, Armando descendit pour houspiller leur conducteur, au milieu des passants à la mine douteuse et des prostituées qui ne la regardèrent même pas, obnubilées qu'elles étaient par l'Agent. Quelques curieuses s'avancèrent tout de même du côté du cab et l'une d'entre elles poussa un cri strident à la vue du corps du policier.
Armando en profita pour les écarter, jusqu'à-ce qu'une des filles de joie ne le prenne par les hanches, par jeu. Véronica pinça les lèvres et serra les poings. Elle se sentit soudain énervée sans pouvoir vraiment se l'expliquer et faillit intervenir.
Heureusement, Armando se dégagea et retourna dans la voiture qui se remit en route, sous les huées des jeunes femmes.

Armando semblait exaspéré par leur attitude mais ne voulait pas non plus se montrer désagréables avec elles. Véronica l'écouta en silence et appuya son menton dans la paume de sa main, pensive.


- Elle sont peut-être rudes et malpolies mais j'ai de la peine pour elles... Elles doivent vivre dans une misère impossible pour s'abaisser à de telles vicissitudes, vous ne croyez pas ?

Armando termina la discussion en arguant qu'ils n'auraient jamais dû venir ici. Elle se contenta de hocher la tête et attendit. Elle espérait vivement sortir de ces quartiers le plus vite possible... Un peu plus tard, alors que l'agent ouvrait le rideau pour regarder par la fenêtre, elle entrevit une synagogue. Ils étaient dans le quartier juif ? Mais ce n'était pas l'itinéraire prévu !! Que faisait donc leur chauffeur ?
L'Italien houspilla une nouvelle fois le chauffeur et Véronica entendit qu'il était perdu. Comment allaient-ils faire ? Elle jeta un œil nerveux au cadavre et attendit qu'Armando referme la fenêtre. Il s'excusa auprès d'elle.
Véronica lui sourit, un peu pâle, et se pencha en avant pour poser un instant sa main sur son bras.


- Ce n'est pas de votre faute Armando, vous avez fait tout ce que vous pouviez...

Elle se pencha un peu en avant pour mieux le voir, observer ses réactions, entendre sa respiration. Plus elle se concentrait sur lui et plus elle oubliait le mort qui se trouvait à leurs côtés. Puis elle avisa la carte qui était tombée à terre. Elle se leva pour la ramasser et l'apporter à son propriétaire qui devait être Armando.

- Je crois que vous avez perdu ceci...

Mais alors qu'elle lui remettait le petit objet, un cahot plus violent que les autres la propulsa en avant. Elle se rattrapa pour ne pas tomber sur Armando et pesta contre le chauffeur avant de réaliser qu'elle était vraiment très près de lui. Ses yeux verts s'agrandirent mais elle ne bougea pas, comme paralysée. Elle ne savait vraiment plus comment agir, se dégager paraissait impossible et il y avait les yeux d'Armando, dans lesquels elle eut soudain envie de plonger. Durant un instant, elle oublia la situation dans laquelle ils se trouvaient, le cadavre de Jonathan, tout.

- Armando...

Elle ne termina jamais sa phrase.

Le cab continuait toujours son avancée dans les ruelles sombres et la nuit était tombée sur la ville de Londres. Véronica entendit un bruit sourd, comme si quelque chose était tombé sur la chaussée mais elle n'y prit pas garde. La population s'était faite plus clairsemée maintenant. Depuis combien de temps roulaient-ils ? Peut-être une demi-heure ou une heure, elle ne savait pas.
Le véhicule bifurqua soudain dans une rue annexe avec une violence telle qu'elle tomba sur le sol, suivie de près par le cadavre qui ne la toucha pas. Quelques secondes plus tard, le cab s'arrêtait et la jeune femme en profitait pour se redresser.


- Mais qu'est-ce qui se passe encore?

La porte s'ouvrit alors et un homme au visage dissimulé par un foulard attrapa la jeune femme par la taille pour l'extirper de la voiture. Elle avait toujours sur elle la sacoche dans laquelle elle avait rangé ses dessins et quelques affaires, heureusement. Surprise, elle lâcha un cri et se débattit, lançant des coups de pieds vers l'intérieur, espérant atteindre son agresseur, jusqu'à-ce qu'elle sente la pression froide d'un canon de pistolet à percussion sur sa temps. L'homme s'adressa alors à Armando, d'une voix rude et grave.

- Toi ! Tu descends tout de suite sans faire d'histoire ou la vie de ta copine s'arrête là, t'entends ?!

Une fois qu'il fut exaucé, il tourna autour d'Armando, étranglant presque la jeune femme de son autre bras. Celle ci regardait l'agent, honteuse de s'être faite attrapée de la sorte. Mais elle ne pouvait pas bouger, sa force était trop inférieure à celle de l'homme.
Il monta avec elle sur les marches du cab et le vandale cria vers le chauffeur, un homme également masqué qui n'avait pas la carrure de celui qui avait tenu cette place précédemment, un ordre ferme et sec.


- C'est bon, fouette les chevaux !

Il poussa alors Véronica qui tomba sur la chaussée, manquant de peu de s'écorcher les mains au passage tandis que le cab lancé à tombeau ouvert disparaissait de leur champ de vision.

- Les sagouins... Marmonna-t-elle en se relevant. Elle se tourna ensuite vers l'agent. Nous nous sommes bien faits avoir ! Maintenant que le corps a disparu... Comment prouver que Jonathan nous a agressé?

Elle épousseta ses vêtements et vérifia qu'elle avait encore toutes ses affaires. Rien ne manquait, ni la balle, ni les croquis. C'était une chance ! Elle sentait que sa cheville était foulée mais la douleur était supportable, elle n'allait pas inquiéter son ami pour si peu...
Dans quelle situation s'étaient-ils encore fourrés ? Ils avaient tout perdu et se retrouvaient lâchés au beau milieu de l'East End en pleine nuit, à l'heure à laquelle les prostituées et les criminels de tous acabits étaient de sortie. Véronica était inquiète, terriblement inquiète. Ils fallat qu'ils regagnent les grandes artères mais par où passer ? Elle connaissait très mal cette partie de la ville et ne voyait pas du tout où ils se situaient par rapport à leur point de départ.


- Essayons déjà de trouver un coin éclairé, je n'aime pas cet endroit...

Ils commencèrent à marcher au hasard des rues ; la jeune Alchimiste était sur les talons de l'Agent et scrutait les alentours. Les bruits de la nuit commençaient à l'inquiéter et, à vrai dire, elle avait un peu peur. Elle saisit alors le bras d'Armando et continua à marcher sans le lâcher. Elle était consciente que tant de proximité pouvait gêner cet homme si discret et elle s'en voulait de lui imposer sa présence de cette façon.

- Excusez-moi de tant de familiarité mais je préfère que l'on ne soit pas séparés... J'ai honte de vous l'avouer mais cette obscurité commence à m'inquiéter sérieusement...

Pour ne rien arranger, il s'était mis à pleuvoir. Le couple se retrouva bien vite trempé des pieds à la tête et Véronica commença à frissonner à cause du vent qui s'était levé. Comment leur situation pouvait-elle être pire ? Quelle guigne allait encore leur tomber dessus ? Elle préférait ne pas y penser, continuant à cheminer au milieu des ruelles dans l'espoir de rejoindre un quartier plus fréquentable.
Ils finirent par trouver une rue un peu plus large et mieux éclairée, bien que tout aussi sale que les précédentes. Il y avait des magasins et des pubs d'ouverts ainsi que quelques filles de joie adossées sous un porche dans des poses lascives. Elles gloussèrent lorsqu'ils passèrent à proximité, adressant des signes à Armando et murmurant des propos aguicheurs. Véronica ne put s'empêcher d'accélérer la marche et de les fusiller du regard, ce qui ne fit qu'augmenter leur amusement et causer des moqueries à son encontre. Elles huèrent la jeune Alchimiste qui rentra la tête dans les épaules et continua à marcher sous la pluie en marmonnant.

Ces femmes commençaient à l'échauffer sérieusement. La vie était dure avec elles mais étaient-elles obligées de se montrer aussi déplacées pour exercer leur métier ? Comment... Comment un homme pouvait-il avoir envie d'une femme aux manières si dépravées ? Cela dépassait l'entendement.


- Décidément il y en a partout...

Elle faillit glisser dans une flaque de boue et se rattrapa à un réverbère. Il pleuvait à verse maintenant et il faisait vraiment froid... Ils ne pouvaient décemment pas continuer à avancer comme ça, ils risquaient d'attraper mal. Elle aurait bien voulu se réfugier quelque part mais l'homme semblait bien décidé à continuer sa marche, du moins c'est ce qu'elle croyait. Elle se décida à l'arrêter quelques rues plus loin, alors qu'elle retenait un éternuement.

- Je crois que la pluie est devenue trop intense, nous ferions mieux de nous installer quelque part et d'attendre la fin de l'intempérie, vous ne pensez pas?

Ils choisirent finalement de se réfugier dans un petit bouge discret au coin de la rue. L'odeur de bière mêlée à la sueur prit la jeune femme à la gorge lorsqu'ils entrèrent. L'endroit était plutôt bien rempli, mais il restait des tables de libres. L'eau de ses vêtements dégoulinait sur le sol recouvert de paille. Personne ne se retourna vers eux lorsqu'ils entrèrent, c'était déjà une bonne chose... Il y avait principalement des hommes attablés en train de se plaindre de leur journée de travail ou de raconter des blagues douteuses.

Une serveuse aux arguments plutôt convaincants les approcha en jetant un regard appuyé au couple.


- J'peux vous aider ? Vous voulez une table pour deux ? Ou si vous préférez nous avons des chambres...

Outrée, Véronica ne la laissa même pas finir et annonça précipitamment :

- Une table suffira, merci.

Avec une moue désappointée, la serveuse les conduisit dans un coin un peu isolé et leur demanda ce qu'ils prendraient à boire. Ils n'allaient évidemment pas rester sans consommer.

- Je vais prendre un thé s'il vous plaît.

Une fois la femme repartie, Véronica vérifia que personne ne pouvait les entendre. Elle devait parler à Armando, lui faire part de ce qu'elle ressentait en cet instant mais elle ne savait pas comment aborder le sujet. Finalement, elle soupira et parla d'une voix éteinte et inaudible pour tous ceux qui n'étaient pas à leur table. Autant dire tout le monde sauf Armando.

- Cette enquête a déjà vu trop de morts... C'est lamentable. Mais je crois que nous sommes près du but. Je suppose que Sir Maxwell doit être notre assassin, mais nous n'avons pas encore de preuves pour l'arrêter ou l'interroger. Cependant, nous avons maintenant en notre possession des indices qui peuvent nous permettre de remonter la piste. Je sais que notre homme est un spécialiste des Homonculus, il pourrait bien en avoir créé quelques uns... Nous savons aussi que le Colonel, ou plutôt Nikola, était en réalité l'un d'entre eux. Pourtant, l'assassinat a bel et bien eu lieu... A moins que l'on ait monté sa disparition de toutes pièces... Véronica parut pensive un instant, puis son regard sembla s'allumer. J'ai peut-être une idée... Nous savons que le Colonel a participé à la guerre en Inde, et cette histoire d'Homonculus... Oui, ça concorde, je ne vois que ça !

Véronica se redressa sur son siège et baissa un peu la voix, par réflexe.

- Armando... Il existe un second type d'Homonculus que nous appelons Homonculus créés. Ils résultent de l'insertion d'une pierre philosophale incomplète dans un organisme humain. Les cobayes servent la plupart du temps d'armes de guerre... Leur utilisation a été interdite, ou du moins fortement déconseillée depuis quelques années mais il y a 20 ans en arrière, ils ont prit une part active dans la colonisation de l'Inde et je suppose qu'ils sont également intervenus dans la guerre qui a opposé la Grèce à l'Empire Ottoman. Vous voyez où je veux en venir ? Il y a fort à penser que le Colonel était un de ceux là... Mais une fois de plus, je ne peux rien prouver si je n'ai pas le rapport d'autopsie ou, mieux, le cadavre sous les yeux. Cela fait à peine deux jours qu'il est mort, je suppose qu'il doit être encore dans la morgue du Yard ? J'aurais aussi besoin de consulter les archives pour voir ce que les journaux ont écrit sur le ''meurtre'' de Nikola.

Elle se tut en voyant la serveuse arriver et récupéra sa boisson. Elle attendit qu'elle s'éloigne et but quelques gorgées de son thé. C'était le plus immonde des thés qu'elle avait bu de sa vie. Il était amer avec un petit goût âcre qu'elle n'aurait pas pu définir. Finalement, elle reprit le cours de son discours.

- Les informations que je vous donne sont évidemment confidentielles, vous ne devez en aucun cas en parler, même lorsque l'enquête sera close... Bien. J'ai également autre chose à vous confier... Ce... Ce que nous appelons pierre philosophale est un composant alchimique aux vertus surprenantes qui ne peut être obtenu qu'à... Qu'à partir d'âmes humaines. Elle déglutit, honteuse d'avoir à révéler une pareille ignominie. Grâce à elle, les Alchimistes peuvent outrepasser le principe d'équivalence... Fusionnée à un humain, celui-ci obtient des capacités de régénération inouïes, une puissance décuplée. Vous imaginez les enjeux qu'aurait un tel matériau dans un conflit ? C'est ignoble, je suis tout à fait d'accord avec vous... J'ai honte de notre pays parfois, si vous saviez...

Véronica avait conscience que ce qu'elle venait de faire relevait à présent de la haute trahison. Elle pouvait être relevée de ses fonctions ou pire, condamnée à mort si l'on apprenait qu'elle avait révélé ces secrets à Armando. Sa vie dépendait maintenant de la capacité de ce dernier à se taire. Que pouvait-elle dire d'autre ? Elle préférait arrêter là les explications sur les plus noirs secrets de sa profession. Les événements du début de l'après midi lui revinrent en mémoire.

- Je pense que notre homme sait que nous sommes à sa recherche. Il a probablement dû envoyer Johnathan chez Mrs Stenforth pour la supprimer parce qu'il savait qu'elle détenait des informations. C'est un heureux ou malheureux concours de circonstances qui a fait que nous nous sommes retrouvés à Miller's Court le même jour. J'imagine qu'il savait que vous étiez sur l'affaire... Vous êtes l'enquêteur le plus talentueux de Scotland Yard, si l'assassin l'a apprit, il a dû tout mettre en œuvre pour effacer les preuves parce qu'il savait que vous remonteriez jusqu'à lui...


Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Signav10

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Dernière édition par Veronica Newburry le Lun 6 Mai - 16:49, édité 1 fois
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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Icon_minitimeSam 23 Fév - 7:48

Cette main sur son bras, pleine de compassion, de gentillesse et d'abnégation...Armando n'avait pas l'habitude des contacts physiques, surtout avec les femmes, et les seuls qu'il avait avec les hommes se résumaient à une poignée de main par-ci une poignée de main par-là ou à quelques pugilats avec des bandits de tout horizon. Même ses entraînements, au couteau et à la lutte, qui l'amenaient à toucher ses collègues, sans pour autant leur faire du mal, n'avaient pas cette étrange allure que venait d'avoir ce mouvement de l'Alchimiste. A son contact, l'Agent frissonna imperceptiblement. Pourtant Véronica ne faisait que le rassurer. Elle lui disait de sa voix compatissante qu'il avait fait ce qu'il pouvait pour le conducteur et que s'ils étaient maintenant perdus cela ne relevait pas de sa responsabilité. Quelle charmante intention que de le calmer de cette façon! Bien sûr que si c'était sa faute! Il avait loué les services d'un incapable et il n'avait pas pris garde à la route. Et puis, cette sortie d'usine, il aurait dû la calculer! C'était ridicule de s'être laissé surprendre par ce genre d'élément! Mais le sourire de Véronica réussit à adoucir les traits de l'italien. A quoi bon râler maintenant? Elle avait raison. Il valait mieux rester calme. Ils n'avaient plus qu'à laisser leur homme les conduire comme il pouvait à travers ces ruelles plus sombres les unes que les autres et espérer qu'il les mènerait à bon port.

Véronica se pencha alors et l'Agent lui jeta un coup d'oeil en biais, intrigué de son agitation. La belle se redressa bien vite pour lui tendre sa carte de trèfle. Armando écarquilla les yeux. Il avait complètement oublié qu'il avait sortit ladite carte et qu'il l'avait perdue dans le chaos du fiacre. Quelle aurait été sa réaction s'il l'avait cherchée plus tard dans sa poche pour finalement se rendre compte qu'il l'avait égarée? Plein de reconnaissance, l'italien pris l'objet entre deux doigts d'un air réellement heureux.


- Ha miss Newburry, c'est une chance que vous l'ayez ramassée! Merci beaucoup.

Sur ces entrefaites, l'Agent glissa la carte dans sa poche habituelle et sourit à l'Alchimiste. Elle avait dû remarquer qu'elle n'était pas normale et qu'elle n'existait dans aucun jeu connu, mais elle n'avait alors posé aucune question, se contentant de la lui retourner avec tout ce qu'il y avait d'amabilité possible. La belle ignorait l'importance qu'avait cet objet d'apparence neutre et ludique. Armando, lui, était soulagé à un point inimaginable. Perdre une de ses fameuses cartes des arcanes lui en aurait coûté! Surtout celle-là! C'était la plus utile et de loin sa préférée.

Mais alors qu'il rangeait la carte, un cahot soudain projeta Véronica contre lui. L'Agent la rattrapa prestement et resta figé. Dans l’obscurité du cab, les grands yeux d'émeraude que l'Alchimiste fixa dans les siens d'un brun ténébreux lui firent l'effet d'une gifle. Une telle proximité avec une si jolie femme ne lui était pas arrivée depuis bien longtemps. Au fond de lui, malgré la ferveur qu'il mettait dans ses enquêtes au point de s'oublier lui-même, l'Agent restait un homme. Comment résister plus longtemps à une beauté telle que Véronica? Car elle était belle dans son originalité, elle était belle et désirable. Et il était maintenant indéniable qu'elle lui plaisait non seulement physiquement, mais aussi mentalement. Armando n'oublierait jamais leur petite discussion du Queen's Head au sujet des nouvelles avancées technologiques. Il n'oublierait pas non plus de si tôt leur soirée à l'Albany...
Comment pourrait-il trouver une autre femme aussi intelligente et ouverte que Véronica? Comment pourrait-il trouver plus intéressante, plus amusante ou plus charmante? N'était-ce pas sa chance de partager sa vie avec une âme aussi aimable que diligente?
L'Agent resta ainsi dans une raideur de statue tandis que son cerveau empruntait un tortueux chemin qu'il évitait souvent. Une de ses mains était crispée sur le bras de Véronica. Sa main en faisait entièrement le tour et ses doigts, enfoncés dans le tissu de ses pauvres vêtements, sentaient sous l'étoffe brune la présence de la belle.
Véronica semblait aussi perturbée que lui. Sa position la pliait de telle manière qu'avec les cahots du véhicule il lui fut impossible de se redresser immédiatement. L'Agent la tenait toujours et son regard avait pris une nouvelle expression entre la surprise et la gêne la plus évidente. L'Alchimiste murmura alors son nom et l'italien entrouvrit la bouche pour dire quelque chose qu'il laissa mourir dans sa gorge. En effet, le fiacre s'arrêta soudain, Véronica se dégagea pour se redresser et cette petite scène sembla s'oublier en une fraction de seconde. Armando toussota tandis que la jeune femme s'inquiétait de ce qu'il se passait encore dehors. L'italien entrouvrit le rideau de son côté pour regarder à l'extérieur. Le temps s'était encore assombri...

Mais pourquoi s'étaient-ils donc arrêtés?
La réponse fut immédiate. Un homme ouvrit la portière de Véronica avec fracas pour la saisir. Le cri que poussa la belle fit sursauter l'Agent qui se retourna vivement vers elle. Son réflexe fut de se précipiter de son côté pour la rattraper mais c'était trop tard: l'homme avait fait sortir l'Alchimiste de la voiture et la menaçait déjà à l'aide d'un pistolet. Armando serra les dents et les poings de rage. Il songea à l'arme miniature qu'il dissimulait dans sa manche mais il était évident que Véronica risquait d'être tuée par le bandit s'il faisait le moindre geste suspect. Aussi n'eut-il d'autre choix que de descendre les mains en l'air, sans faire de mouvement brusque. Il dévisagea l'homme d'un air véritablement furieux et le contourna pour lui laisser l'accès au fiacre comme il semblait le réclamer. Pendant un instant, l'Agent eut peur qu'il emmène Véronica avec lui. Prêt à réagir à sa façon, l'italien sentit monter en lui une véritable colère. Comment avait-il pu se laisser avoir aussi facilement? Et ce canon posé sur la tempe de Véronica...C'était un spectacle des plus énervants! Qu'il arrête de poser ses sales pattes sur elle avant qu'il ne rende son dernier souffle! Qu'il ôte donc son arme de cette tête chérie!

L'homme monta lentement dans le fiacre, entraînant Véronica avec lui. Armando fit un pas en avant. C'était hors de question qu'il ne le laisse l'emmener! Mais le bandit poussa alors l'Alchimiste vers l'avant avec une telle force que la pauvre jeune femme se retrouva projetée au sol directement sur les durs pavés de la rue. Armando réagit aussitôt. Il se précipita vers elle, non pas pour la relever mais bien pour l’enjamber et se placer entre elle et le fiacre qui démarrait au quart de tour. Une balle perdue pouvait encore faire leur malheur! Faisant rempart de son corps, il se tendit et sa main frôla la poignée du véhicule. Mais l'italien ne parvint pas à la saisir à temps. Les bandits s'en étaient allés avec le cadavre de Jonathan...

Poussant un cri de rage, l'Agent revint vers Véronica qui se relevait lentement.


- Raaa! Les enfoirés! Excusez mon langage miss...Est-ce que ça va?

Prévenant, l'italien vint soutenir l'Alchimiste. Mais déjà la jeune femme était débout et elle s'époussetait les vêtements. Le jeune homme serra les dents face à la colère de l'Alchimiste. Oui, ils s'étaient bien fait avoir...

- Nous n'avons plus aucune preuve désormais...Jonathan sera porté disparu et même si nous sommes deux à pouvoir affirmer qu'il était dans le coup, non trois si l'on compte Mme Stenforth, cela ne nous avancerait à rien.

Armando avait espéré que son ancien collègue avait des indices dans ses poches ou sur lui et qu'une fois rentrés au Scotland Yard il aurait pu le confier à un homme de la morgue pour ensuite avoir accès à ses effets personnels. Mais maintenant que son cadavre avait définitivement disparu de leur champ de vision, comment allaient-il pouvoir le fouiller? L'Agent rageait de ne pas l'avoir fait dans le fiacre.
Et ces hommes masqués? Qui étaient-ils? Des complices, sans aucun doute possible mais qui les avait donc envoyés? Armando avait observé l'homme au pistolet avec énormément d'attention. Son oeil vif et efficace avait noté les cheveux bruns qui dépassaient de son capuchon et ses yeux grisâtres cernés de plis. Mais a quoi bon retenir une partie de son visage? Ils ne seraient peut-être jamais amenés à se rencontrer à nouveau...
Leur situation était réellement désastreuse.

L'italien sembla chercher quelque chose du regard. En vérité, il se demandait où était passé leur chauffeur initial. Il n'y avait aucune trace de lui, pas un cadavre, pas un chapeau au sol. Les bandits devaient l'avoir assommé et emporté avec eux à l'avant du véhicule. L'Agent ne voyait que cette solution. Quel pétrin! Des hommes assassinés, des Alchimistes meurtriers, des Homonculus en cavale, un agent corrompu, une jeune femme tuée sauvagement, et maintenant leur chauffeur volatilisé, un cadavre en balade et leur fiacre volé! C'était véritablement rageant. Rien ne se déroulait correctement depuis cette fameuse soirée au Queen's Head. C'était à en perdre la tête!

Véronica grimaçait. Elle était aussi désemparée que lui mais elle venait en plus de subir la pression d'un pistolet sur sa tempe et de se faire jeter au sol. La pauvre jeune femme en voyait des dures depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Armando culpabilisait beaucoup. Le fait qu'elle soit mêlée à cette affaire ne lui avait jamais plu mais en plus elle était devenue une cible de choix, elle se faisait tirer dessus et prendre en otage...
Cependant, la belle ne s'en était jamais plainte jusqu'ici. Les évènements transformaient son beau visage mais comme la tempête déchire les voiles d'un navire sans jamais le mener par le fond, l'Alchimiste semblait forte, bien plus forte que ce que tout homme pourrait attendre d'une femme de cette époque. Elle s'était relevée prestement et, après un instant de désarroi, elle avait suggéré qu'ils reprennent leur route pour sortir de ces rues infâmes. Armando s'était ressaisi à ces paroles.


- Vous avez raison miss, il vaut mieux continuer. Rester ici ne fait que nous mettre un peu plus en danger.

Ils avancèrent alors dans la semi-obscurité des rues. Armando marchait vite, Véronica le suivait parfois avec difficulté. Bientôt, l'homme ralenti. Il s'était rendu compte qu'elle boitait légèrement. Avait-elle mal à la cheville? Était-ce sa botte qui la gênait? L'Agent ne posa pas de question, ce n'était pas le moment. Il se contenta de l'attendre et d'accepter d'un sourire qu'elle ne s'accroche à son bras. La jeune femme avait peur, cela se sentait. Qui n'aurait pas tremblé après pareilles épreuves perdu dans ce genre de lieu? Véronica s'excusa alors de ses manières et expliqua qu'elle était angoissée. Armando lui jeta un regard presque étonné.

- Allons Véronica, ne soyez donc pas gênée. Un homme doit bien pouvoir donner son bras à toute demoiselle qui le lui demande! Qui le refuserait? Un rustre! Surtout lorsque la demoiselle en question est aussi charmante...

Était-ce le moment des mondanités? Absolument pas. Mais Armando n'avait pas pu retenir ce compliment qu'il pensait sincère et dont la belle devait avoir besoin dans pareille situation. Pourquoi ne pas détendre l'atmosphère dès qu'il leur en était possible? Garder l'esprit entièrement pris dans la colère et le labeur alors qu'ils étaient dans une rue des plus glauques de la ville n'allait certainement pas les aider à se sentir mieux!

Gardant Véronica au bras, l'italien continua donc sa route. Lui qui avait reconnu quelques rues dans le quartier précédent était totalement désorienté dans celui-là. Il errait, au grès de leur instinct. Une fine pluie des plus désagréable se mit alors à tomber. Armando grogna en resserrant son col et en prenant Véronica contre lui.


- On ne peut pas dire que nous ayons de la chance aujourd'hui...

Armando commençait à se poser des questions quant à l'efficacité de sa carte des arcanes. Il l'avait à moitié activée au cours de la journée et l'avait gardée au bout des doigts très longtemps dans sa poche. Pourquoi la chance ne leur avait-elle donc pas souri? En soit, le jeune homme n'avait pas réellement pris soin de s'arrêter pour consulter sa magie et le sort n'avait absolument pas fonctionné.

Dans leur laborieuse marche sous la pluie battante, Armando et Véronica croisèrent de nouvelles prostituées. L'italien évita leurs regards sournois et accepta d'accélérer le pas. Apparemment l'Alchimiste n'était pas à l'aise non plus avec ce genre de femmes. Ces dernières lui lançaient de sales répliques empruntes de jalousie et de rancune sans aucun autre motif que sa condition certainement plus aimable que la leur. Pendant qu'elles ennuyaient Véronica, elles tentaient d'attirer son collègue. Armando serra un peu plus la jeune femme contre lui et continua sa route sans se soucier plus de ces pauvres filles perdues. Il savait qu'il valait mieux jouer la carte de l'indifférence pour mieux les éviter. Ils n'avaient pas le temps de s'arrêter à chacune de leurs insultes. Armando sentait la pluie dégouliner le long de ses cheveux d'ébène, trempant ses épaules avec nonchalance. L'Agent était transit, Véronica aussi. D'ailleurs, la jeune femme émit bientôt le souhait de s'arrêter pour se mettre à l'abri. Elle avait raison, c'était inutile de continuer ainsi. La pluie leur brouillait la vue et ne faisait que les perdre un peu plus dans le noir. Ils commençaient à glisser sur le moindre pavé un peu plus haut que les autres, les flaques d'eau et de boue leur compliquaient l'avancée et la tombée de la nuit apportait son lot de fraîcheur. Non, décidément il ne valait plus la peine de s'acharner à continuer ainsi.

Avec l'Alchimiste, Armando entra alors dans une espèce de bar mal famé qui ressemblait plus à une taverne du XIIème siècle qu'à un établissement de leur époque. Mais au moins avaient-ils les pieds au chaud. L'Agent jeta un rapide coup d'oeil à l'endroit. Des lampes à huiles crépitaient en nombre insuffisant pour éclairer toute la pièce, des visages de ramoneurs se noyaient dans l'abysse de leurs pintes pleines de mousse qui venait lécher leurs moustaches grises. Il y avait-là une paire de roublards, quelques anciens, beaucoup d'ouvriers qui venaient se délasser de leur dure journée. Mais il n'y avait pas une fille de joie, au plus grand bonheur de l'italien et très certainement de l'Alchimiste.
La tenancière arriva bien vite pour les installer. Véronica parut piquée par ses sous-entendus à leur sujet. Armando esquissa une grimace. Évidemment, la tenancière avait imaginé de nombreuses choses en les voyant arriver ensemble, mais fallait-il refuser une chambre à l'heure qu'il était? Avec la nuit maintenant tombée et la pluie, la disparition du cab et leur fatigue, il valait peut-être mieux dormir là finalement...Mais il n'en dit rien sur le moment et laissa Véronica commander un thé.


- Un whisky...Fit-il sombrement avec néanmoins un sourire sympathique pour la jeune femme qui s'empressa de leur montrer une table et d'aller chercher leurs boissons.

L'italien pris place derrière la table en même temps que la belle et enleva sa veste décolorée pour la mettre sur le dossier de chaise dans l'espoir qu'elle sèche un peu. Il avait déjà enlevé son béret pour l'abandonner sur la table. Ses cheveux, complètement décoiffés, lui donnaient un air sauvage, accentué par le mauvais état de ses vêtements d'ouvrier maintenant noircis par la pluie et la boue.


- Misère...misère...fit-il en ramenant ses cheveux en arrière. Quelle pagaille! J'aurai bien demandé un bon vin mais ici ce serait suspect...

Il soupira et croisa les mains devant lui pour y poser son menton tandis qu'il mettait ses coudes sur la table. Il ferma les yeux un instant, l'air fatigué et songeur. Véronica se mit alors à récapituler leur enquête. Il y avait en effet déjà eu trop de morts...Entre les victimes du tueur, Jonathan et Margrit, sans compter peut-être leur chauffeur, il fallait songer à arrêter les frais. L'Alchimiste sembla alors se souvenir d'une chose importante. Armando quitta sa position pour s'installer plus confortablement contre son dossier tout en croisant les jambes. Il écouta alors Véronica lui parler des Homonculus "créés"...Armando se sentit mal à l'aise dès cette mention. Un Homonculus né d'un cadavre était déjà pour lui difficile non seulement à concevoir scientifiquement mais en plus à accepter moralement mais cette idée que l'on puisse fabriquer une de ces créatures à partir d'un être humain, cette fois, le dégoûtait réellement. Comment cela se pouvait-il sous le règne de Victoria? Comment de telles choses étaient-elles possibles? Il fut question de l’État, de la guerre, de l'Inde. La serveuse les interrompit un instant en leur délivrant leur commande. Et puis Véronica reprit lorsqu'elle fut partie. Il fut alors question de pierre philosophale, d'armes humaines, de sacrifices...s'en fut trop. L'Agent serra le poing et l’abattit sur la table avec force.

- Et que fait l'Alchimist Room dans tout ça?! Hein? Vous ne faites rien? Ces crimes sont donc permis?

L'italien était en colère et son front plissé commençait à montrer de l'inquiétude et de la haine. Il baissa la tête et la voix lorsqu'il se rendit compte que son ton un peu brusque aurait pu attirer les regards. Il s'excusa:

- Je suis désolé, je n'aurais pas dû m'enflammer. Mais je dois vous avouer que...que les Alchimistes ne sont pas parmi les gens que je tolère vraiment...

C'était dur, c'était froid, mais en même temps il était évident que pour Armando sortir cette phrase avait eut un prix. C'était ce qu'il avait toujours pensé: les Alchimistes étaient des gens dangereux que l’État ne surveillait pas assez, c'était encore prouvé aujourd'hui au sein même de leur affaire. Mais il fallait admettre que s'il craignait l'Alchimie et que s'il désapprouvait ses disciples, il n'avait aucune animosité envers Véronica. Son air désolé montrait bien assez à la jeune femme que cela ne concernait pas tous les Alchimistes mais bien que de manière générale il s'en était toujours méfié.

- Ce que vous me dites-là est grave, Véronica,reprit-il dans un souffle. Jouer ainsi avec des vies humaines pour créer des armes, des...des monstres...relève de la plus dégoûtante de toutes les pratiques. J'ai passé ma vie à traquer les assassins et les terroristes, j'ai vu des horreurs dont vous n'auriez pas idée, mais songer que des gens utilisent des corps...des...âmes, comme vous dites, pour leurs expériences délirantes me retourne l'estomac!

Sur ces mots, l'italien saisit son verre de whisky d'une main ferme et le vida d'une traite. Il fit une grimace en poussant un râle de douleur avant de reposer son verre vide sur la table. Armando n'avait pas l'habitude de boire ce genre de remontant, surtout pas à la manière des ouvriers qui les entouraient, mais c'était encore un homme et un homme dans le besoin de remotiver ses forces...
Ramenant son regard sombre dans les beaux yeux de Véronica, il se rapprocha de la table pour lui parler plus bas.


- Nous devrions rester ici cette nuit. L'heure n'est plus à la balade dans ces quartiers et la pluie battante nous a déjà bien assez trempé les os. Je suis navré de vous imposer cela mais je ne vais louer qu'une chambre, une seule et unique chambre, je ne vous laisse pas le choix. Vu notre situation, il est impensable que je vous laisse seule.

Armando ne laissa pas le temps à Véronica de répondre. Il se leva et se rendit directement au comptoir pour interpeller la tenancière. Il lui parla rapidement, lui laissa dans la main une paire de pièces, lui donna un faux nom et revint avec une clé en main. La tenancière leur jeta un dernier coup d'oeil amusé et continua de s'occuper de ses verres. Armando revint en vitesse occuper sa chaise et montra à Véronica la clé qu'il venait de prendre.

- Chambre numéro 14, au deuxième étage. Nous y monterons une fois que nous aurons avalé la bonne soupe que je viens de commander.

Abandonnant la clé devant lui, l'italien se remit au fond de sa chaise et croisa les bras. Il avait vraiment l'air énervé. D'ailleurs son ton n'était plus du tout enjoué ni rassurant, il était devenu glacial.

- Je préfère vous prévenir, Véronica, que cette histoire d'arme humaine en Inde et notre affaire vont me contraindre de délivrer d'importantes informations au Scotland Yard concernant les Alchimistes.

L'Agent n'était pas fou au point de croire que les Alchimistes allaient apprécier que la police n'investisse leurs laboratoires et il savait bien que cela n'allait pas non plus plaire à Véronica. Cependant, une fois qu'ils auraient fouillé les archives au sujet de Nikola, une fois qu'ils auraient fait les liens entre les Homonculus, l'Inde, le petit anglais et Jonathan, Armando comptait faire le ménage chez les siens et chez les Alchimistes. La corruption et les crimes ne pouvaient pas traîner indéfiniment dans de pareilles institutions. Comment un scientifique pouvait-il en arriver là? Comment un agent pouvait-il se mettre à tirer sur un collègue en pleine rue et tuer une innocente? Lui qui était né pour faire la justice, lui qui croyait fermement en la loi et au châtiment, il ne pouvait pas continuer à laisser le coeur de la ville pourrir de l'intérieur.

- Je suis navré de vous être désagréable miss, mais j'ai bien peur que la hiérarchie n'aie jamais fonctionné correctement pour moi.

La tenancière arriva avec deux assiettes de soupes emplies de pommes de terre, de poireaux et de carottes, ainsi qu'une miche de pain. Elle leur donna des couverts et les salua aimablement avant de s'en retourner à ses ouvriers. Armando poussa Véronica à l'accompagner:

- Mangez, fit-il en affichant un pâle sourire,il faut reprendre des forces. Demain matin nous quitterons ces affreux quartiers pour nous en retourner au Scotland Yard. Je pourrais vous montrer les archives et nous irons à la morgue pour voir le cadavre de Nikola. J'espère seulement qu'il n'est pas déjà en terre. La police va malheureusement parfois trop vite. Il est à parier que Nikola est toujours tranquillement installé sur son lit glacé, puisque l'enquête est dirigée par mes soins et que mes collègues connaissent mes méthodes, mais bon...Quand je vois ce que Jonathan a fait...Je me demande parfois où nous allons...Enfin...passons...

Durant leur repas, Armando tenta d'être un peu plus avenant avec Véronica. Ses réflexions sur les Alchimistes avaient clairement jeté un froid entre eux. Sa colère, en plus de ce lieux qui empestait la mort et la bière, avait peut-être fait plus de dégât que la pluie qui venait de les tremper tous les deux. Il proposa du pain à la jeune femme, s'assura que sa soupe était assez salée et alla même chercher une carafe d'eau au comptoir. L'Agent resta cependant le plus silencieux possible. Il n'avait pas la force de continuer sur des discussions autour de leur enquête, il en avait déjà trop vu et trop entendu aujourd'hui.
Heureusement, ils ne mirent pas longtemps pour terminer leur maigre assiette et bientôt Armando se leva.


- Venez, fit-il à la belle en lui tendant une main pour la relever. Quittons cette salle poisseuse.

L'italien jeta un coup d'oeil autour d'eux tout en saisissant la clé sur la table. Il y avait encore de nombreux ouvriers, certains étaient déjà ivres depuis un moment, d'autres parlaient de leurs conditions de travail ou des dernières prostituées qu'ils avaient eu le "bonheur" de croiser. L'Agent jeta son veston sur son épaule et retourna au comptoir pour demander une couverture supplémentaire. Il obtint un plaid de petite taille, c'était tout ce que la tenancière pouvait lui prêter.
Puis il poussa Véronica dans l'escalier pour gagner au plus vite la chambre n°14. Lorsqu'ils entrèrent, une odeur de poussière envahit leurs narines. Armando alluma une lampe à huile qu'il tendit à l'Alchimiste et une bougie qu'il garda avec lui. La pièce leur apparu alors dans tout son lugubre aspect. La tapisserie, fripée et détrempée par endroits, était d'un blanc sale, délavé par le temps et les moisissures. De fines bandes mauves le zébraient tous les 6 pieds et un motif de fleur formait une frise près du plafond. Il n'y avait qu'un lit, sans baldaquin, une table avec trois chaises, une commode, une armoire et une table de nuit. Autant dire le nécessaire sans aucun luxe ni ornement. Tout était froid, crissant, grinçant, démoralisant.
Armando soupira en jetant son veston sur une chaise.


- Je pense qu'il va falloir nous en contenter...

L'italien s'approcha du lit pour en soulever l'édredon et tâter les oreillers. Apparemment il n'y avait ni tâches suspectes, ni puces...C'était déjà ça. Il promena sa bougie au dessus des draps pour s'assurer que c'était à peu près propre et prit l'un des deux oreillers avant de se tourner vers Véronica.

- Je vais dormir sur une chaise, ne vous en faites pas. J'irais...là-bas, fit-il en désignant de la tête le coin opposé au lit dans sa diagonale, près de la fenêtre.

Avec un sourire mitigé, il fit une courbette et s'éloigna. Il saisit une chaise au passage et s'y assit, face à la fenêtre, dos à Véronica, avec l'oreiller contre le dossier. Croisant les jambes, il posa sa bougie sur le rebord de la fenêtre.

- Je sais que cela n'est ni galant, ni agréable, fit-il en restant de dos, mais vous pouvez vous changer sans crainte, je ne me retournerai pas. Sinon, j'ai aperçu une salle d'eau commune aux étages, à trois portes de notre chambre. Je vous déconseille d'y aller, évidemment, mais je comprendrais...A moins que vous ne vouliez que je sorte? Fit-il en se tournant vers la belle un air plus bienveillant sur le visage.

L'Agent se retourna alors pour faire à nouveau dos à Véronica. Son regard erra sur la bougie devant lui et s'arrêta sur sa flamme dansante. Il songea à ce qu'il avait dit un peu plus tôt. Il avait dû blesser la jeune femme et il en était de plus en plus navré à mesure que la soirée avançait. Dans pareille situation, ils avaient besoin de se serrer les coudes. Même s'il restait campé sur sa position concernant les Alchimistes, il aurait souhaité en parler dans d'autres termes peut-être, de manière plus élégante...Soudain, un mouvement situé un peu au-dessus de sa bougie attira son oeil habile. C'était le reflet de Véronica et de la lampe à huile qu'elle tenait près d'elle. Leurs formes s'agitaient dans le verre de la fenêtre. Armando rougit immédiatement jusqu'aux oreilles. Il n'avait pas pensé à cette possibilité de voyeurisme en se postant ainsi à cet endroit. Maintenant qu'il était face à cette image, il réalisa à quel point son comportement était déplacé. Il se leva d'un coup et ferma les courts rideaux poussiéreux d'un geste ferme avant de se rasseoir une main sur le front. Heureusement que la belle ne s'était pas encore déshabillée! Sur le moment, il avait même faillit se retourner pour s'assurer que tout allait bien, et ce par pur réflexe. Quel idiot! Il n'avait décidément pas l'habitude d'être accompagné d'une femme...

Quelque peu tremblant de honte, l'Agent attendit patiemment. Une fois que Véronica fut prête à se coucher, il lui demanda timidement s'il pouvait se retourner.


- Avez-vous terminé...miss Newburry? Je...Je peux me retourner ou bien préférez-vous vous coucher sans que je ne vous vois?

Armando avait beau être d'une maladresse peu commune avec les femmes, il savait que les dames de son époque ne se montraient jamais à des hommes, surtout à des "inconnus", en tenue de soirée. C'était tout à fait inconvenant! Mais l'Italien avait besoin de se lever pour aller rechercher le plaid qu'il avait laissé sur la chaise avec son veston. Lentement, il se retourna. Ses yeux trouvèrent rapidement ceux que Véronica mais il les détourna presque aussitôt par pudeur et respect. Il s'avança dans la pièce pour saisir le plaid et s'arrêta, les yeux baissés vers le plancher.

- Je vous souhaite une bonne nuit Véronica, je suis navré si j'ai pu vous être désagréable, je ne...je ne voulais pas vous offenser. Dormez bien...

Sans regarder la belle, il retourna à sa chaise et s'y rassied. Il attendit ainsi pendant longtemps, dans une position droite et sèche. Seule sa bougie éclairait encore son visage fatigué. Il songea à l'enquête, à cette attaque dans la rue, au fiacre...Tout ceci était déplorable...
Mais bientôt, il frémit. Véronica devait dormir maintenant et il était temps pour lui de se débarrasser de ses vêtements trempés. D'abord, il enleva sa chemise qui lui collait à la peau sans lui laisser de répit. C'était impressionnant de voir que le tissu était encore gorgé d'autant d'eau après 2h qu'ils étaient déjà au chaud et au sec! Torse nu, l'Agent attacha sa chemise après le bord de la fenêtre en prenant garde à la bougie et il s'empara du plaid pour s'envelopper dedans. Il n'allait pas enlever son pantalon, cela risquait de devenir véritablement indécent dans la même pièce qu'une demoiselle. Cependant, il enleva ses bottes, laissant son couteau dedans et sortit de sa poche ses quatre cartes des arcanes pour les étendre sur le bord de la fenêtre le plus loin possible de la bougie. Elles étaient toujours aussi belles que la première fois que l'italien les avait eues dans les mains. C'était une de leurs particularités: la survivance au temps. Abandonnant ses cartes, Armando se réchauffa en se frottant les bras. Il avait sommeil mais il restait éveillé pour s'assurer que Véronica dormait. En bas, les derniers grognements des soiffards du coin se faisaient écho. L'italien tâta sa poche et sentit la clé contre sa cuisse. Il avait oublié de fermer la porte de la chambre!
Dans un grognement de mécontentement, Armando se leva pour aller à pas de loup du côté de la porte. Il ne pu s'empêcher de jeter un coup d'oeil à Véronica. La belle n'était pas visible dans l'obscurité et les draps. Il espérait qu'elle dormait paisiblement. Une idée lui vint alors en tête: parmi ses cartes, il avait celle du carreau qui lui permettait de manipuler les rêves. Peut-être pouvait-il lui offrir un sommeil tranquille et un aimable paysage pour cette nuit? Non, cela ne se faisait pas. Manipuler l'esprit d'autrui n'était jamais une bonne chose, et quand bien même cela était dans de bonnes intention, il pouvait risquer de se tromper. Après tout, il était fatigué et les arcanes lui demandaient beaucoup d'énergie. Ce n'était absolument pas raisonnable.
Arrivé devant la porte, l'italien glissa la clé dans la serrure. Mais alors qu'il allait la tourner pour verrouiller la chambre par pure sécurité, il entendit un cri étouffé dans le couloir et le grognement d'un homme.


- Aller, fais pas ta garce ma pouliche, ça va te faire du bien et de tout façon t'as pas le choix alors ta gueule, soulève-moi ça, aller!

Armando abandonna aussitôt la clé dans la serrure, laissa tomber le plaid au sol et ouvrit brusquement la porte pour sortir sur le palier. Son instinct de protecteur et sa foi envers la justice venaient de lui donner des ailes. Il se retrouva alors nez à nez avec un homme à l'air porcin, aux yeux étroits d'un brun sale. Ses vêtements empestaient autant le purin que son haleine l'alcool. Il avait le crâne presque dégarni et une barbe de 5 jours. Entre ses mains, une femme d'un âge mûr, qui ressemblait plus à une fermière égarée en ville qu'à une ouvrière. Ses yeux étaient écarquillés par la peur et ses cheveux complètement défaits. L'homme la tenait d'une main par le visage pour la faire taire, de l'autre par les jupons pour les soulever. Il l'avait plaquée au mur et sa force de colosse nourri à la pomme de terre ne lui avait laissé aucune chance.
L'italien attrapa l'homme par l'épaule et le fit lâcher prise d'une simple pression entre l'os de la clavicule et l'artère du cou.


- Lâche-la tu veux? Espèce de...

Il se pris alors un coup de poing monumental directement dans le nez. Son sang en jaillit aussitôt par flots et goutta à la fois sur la tapisserie du couloir et sur le plancher. Armando ne s'était pas attendu à pareille riposte ni à une telle violence. Lui qui calculait tout, lui qui était devenu un expert en lutte et qui ne craignait aucun adversaire, venait de se faire frapper si fort en un coup qu'il tituba sous le choc, aveuglé par le sang et la douleur. Il recula en se tenant le nez tout en poussant un juron du tonnerre:

- Sua madre la pute! Bastardo di inglese!

(la traduction de ce passage ne semble pas nécessaire à la bonne compréhension de l'intrigue, veuillez nous excuser pour la version originale)

L'homme n'attendit pas que l'Agent reprenne l'entièreté de ses sens pour lui mettre un bon coup de pied dans l'estomac. Armando se plia en deux dans un souffle douloureux et se jeta aussitôt en avant pour attraper son adversaire par la taille. La femme qui venait de manquer de se faire violer était déjà partie dans l'escalier pour dévaler les marches à toute vitesse. Elle sanglotait et voulait quitter les lieux le plus vite possible. Abandonnant l'Agent aux prises avec son agresseur, elle s'enfuit ainsi sans demander son reste.
Armando tenait à présent son homme à terre mais la douleur du coup qu'il avait reçu au nez lui fit perdre l'équilibre et le mastodonte qu'il tentait de dompter se releva en le projetant contre la rambarde de bois. L'italien s'y raccrocha comme un noyé se rattrape à une bouée salvatrice. Puis dans un effort de titan, il se redressa pour esquiver une nouvelle attaque du colosse.
Les bagarres étaient courantes dans cet établissement et le bruit que faisaient encore en bas les ouvriers, sans compter les gais-lurons du premier étage qui faisaient apparemment des parties de poker très animées, couvraient en partie le vacarme de leur lutte. Mais Véronica ne pouvait pas avoir loupé ces cris, ces coups et ces grognements de mâles en plein effort. La porte de la chambre était restée entre-ouverte et cela se passait sur le palier juste devant elle...


Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Sans_t11
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Veronica della Serata
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Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Empty
MessageSujet: Re: Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Icon_minitimeLun 25 Fév - 9:12

Véronica se débattait furieusement. Saisie par la taille, elle ne pouvait rien faire pour lutter contre son adversaire, bien plus corpulent et lourd qu'elle. Elle connaissait mille et une façons de détourner la force d'un adversaire contre lui mais malheureusement, la position dans laquelle elle se trouvait l'empêchait de mettre ses années d'entraînement à la lutte en pratique. Elle ne pouvait pas non plus se pencher pour le faire basculer en avant, son poids lui aurait brisé les lombaires ! Coincée, elle se vit contrainte de gigoter dans tous les coins pour rendre la tâche de cet homme masqué qui empestait la sueur plus difficile que ce qu'elle n'était déjà.
Cependant, la fougue de la jeune femme retomba net lorsqu'elle sentit la froideur d'un canon de pistolet à percussion sur sa tempe. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle comprit que sa vie ne tenait plus qu'à une simple pression de doigt. Un seul geste, le plus simple du monde, et elle basculait dans l'autre monde.

Elle regarda Armando qui semblait bouillir de rage. Mais il ne pouvait rien faire, l'agresseur l'aurait descendue avant. Il fut donc contraint de quitter le cab et de se mettre dans la rue, les mains tournée vers le ciel. Toujours emprisonnée dans les bras de l'homme, elle ne bougeait que pour se déplacer en même temps que lui, glacée par l'horreur de la situation. Lorsqu'il remonta sur les marche du cab, ses yeux s'agrandirent de stupeur et elle crut qu'il allait l'enlever et laisser l'agent seul ici. Son regard se tourna vers lui, au moment où elle fut subitement projetée à terre, se foulant la cheville au passage.

L'agent se posta alors entre elle et le véhicule qui s'éloignait, en protection d'un éventuel coup de feu. Il était fou ! Une cible aussi massive que lui était bien plus facile à avoir qu'elle, menue et jetée au sol. Mais visiblement, l'intention de ces hommes n'était pas de les tuer aussi repartirent-ils sans leur faire plus de mal.

La jeune Alchimiste se releva prestement et ramassa ses affaires en marmonnant tandis que son allié utilisait un langage beaucoup moins châtié. Ils s'étaient faits avoir en beauté !
Comme il le lui fit remarquer, maintenant que le corps de Jonathan avait été enlevé, ils n'avaient plus aucune preuve concernant leur agression. De cela, Véronica tira une conclusion claire comme de l'eau de roche : L'assassin avait au moins trois complices. Enfin, deux, maintenant que l'agent bedonnant avait cassé sa pipe.

Sur son idée, ils s'éloignèrent de l'endroit où l'agression avait eu lieu. La pluie avait commencé à tomber, les trempant des pieds à la tête. Véronica boitillait légèrement à cause de sa cheville foulée et il lui sembla qu'Armando l'avait remarqué, bien qu'elle ait tout fait pour dissimuler sa douleur. Il était si gentil et prévenant... Avec un sourire, elle le rattrapa. Son sourire disparut cependant bien vite face à l'anxiété qu'elle ressentait en cet instant. Elle prit le bras de l'Italien pour éviter d'être séparée de lui et s'excusa de la proximité qu'elle lui imposait, ce à quoi il répondit par une galanterie qui la fit rougir jusqu'à la pointe des oreilles.

Elle ne répondit pas mais un sourire revint fendre son visage blanc. La pression de ses mains sur le bras de l'agent se fit un peu plus présente, sans être désagréable.

Ils cheminèrent ainsi, croisant un groupe de filles de joie qui mirent la jeune femme de mauvaise humeur. Malgré toute la compassion dont elle était capable, cette engeance commençait sérieusement à l'agacer. Mais la meilleure réponse à leurs provocations semblait être l'indifférence.

Après un moment, elle suggéra qu'ils s'arrêtent quelque part pour attendre la fin de l'averse. Ils choisirent le premier bouge qui passa, une taverne-hôtel aux allures quasi médiévales.
Aux sous-entendus de la serveuse venue les aborder, Véronica répondit par la défensive. Ils s'installèrent à une table et commandèrent respectivement un thé et un whisky.
Ils se mirent à l'aise et la jeune femme se débarrassa de son châle pendant qu'Armando posait son béret sur la table. Il avait l'air vraiment sauvage et indomptable comme ça, à l'opposé de son allure de gentleman toujours impeccable. Cela changeait de d'habitude mais lui donnait un air indéniablement séduisant. Elle faillit rougir de ses pensées et baissa les yeux avant de rougir. Ils s'assirent en attendant leurs commandes et ne se dirent plus rien.

Pendant un moment, la jeune femme essaya de trouver une position à peu près confortable sur sa chaise en bois plus dure que tout ce qu'elle avait connu jusque là. Puis elle reprit le fil de leur enquête en ressassant encore une fois ce qu'ils savaient, ce qu'ils avaient apprit et les conclusions qu'ils pouvaient en tirer. Nikola ne pouvait qu'être un Homonculus créé, c'était le seule solution. L'Ouroboros, la guerre en Inde... C'était forcément lié. Elle se vit contrainte d'expliquer à Armando ce qu'elle savait de ces créatures qu'elle trouvait effroyablement instables et dangereuses. Elle savait que ça n'allait pas plaire à l'agent mais à quoi bon lui cacher la vérité ? Il valait mieux qu'il l'apprenne de sa bouche...

La réaction du bel Italien fut encore pire que ce qu'elle avait imaginé. Il se mit à parler beaucoup trop fort et la force avec laquelle il abattit son poing sur la table la fit sursauter. La colère qui déforma le beau visage de l'homme était tellement effroyable, l'éclat dans ses yeux tellement haineux qu'elle se recroquevilla un peu, comme pour se protéger. Elle prit les reproches pour elle, bien qu'elle n'avait rien à voir avec tout ça. Lorsque la production d'homonculus battait son plein, elle avait à peine une dizaine d'années... Comment aurait-elle pu être responsable ?
Armando ne comprenait pas. Il ne comprenait pas la portée de ce qu'il disait. D'une voix étranglée par le chagrin, elle l'apostropha :


- Parce que vous pensez que c'est si simple ?! Nous sommes au service de l'Etat ! C'est le souverain d'Angleterre qui a voulu que de telles créatures soient créées dans ses laboratoires. Les Alchimistes n'ont alors eu d'autre choix que d'obéir... Oh, il y en a beaucoup qui ont refusé de collaborer bien sûr. Certains se sont faits démettre de leurs fonctions et envoyer en exil mais la plupart ont été accusés de haute trahison et exécutés dans le plus grand secret... Vous comprenez ?

La jeune femme, pâle et tremblante, était à deux doigts de pleurer. La journée qu'ils avaient eu avait été des plus éprouvantes, même pour elle, et les émotions qu'elle avait refoulé au plus profond d'elle-même pour rester efficace auprès d'Armando commençaient à remonter en masse à cause de ce que ce dernier était en train de dire.
Il s'excusa d'ailleurs, avant de proférer une phrase qui allait se graver dans son esprit. Il ne tolérait pas les Alchimistes...
Bien sûr, elle avait compris qu'il n'avait aucun ressentiment à son égard, mais il venait tout de même de manquer de respect à son métier, pour ainsi dire. Comment aurait-il réagi si elle avait tenu le même discours sur la Police et les hommes corrompus qui profitaient de ce système ? Qu'aurait-il dit si elle avait souligné toutes les affaires sordides dans lesquelles un homme bien né avait été impliqué et qui avaient été passées sous silence par la police ?

Il ne comprenait pas... Lorsque Véronica était devenue Alchimiste, elle avait dans l'optique de sauver des vies, d'utiliser ses pouvoirs pour rendre le monde plus beau. Lorsqu'elle avait appris ce qui s'était tramé -ou peut-être ce qui se tramait encore- dans les plus sombres couloirs de l'Alchemist Room, ses convictions s'étaient effondrées. On lui avait arraché sa carapace, détruit son monde. Elle avait dû se reconstruire à partir de rien, se remettre en question, pour au final arriver à croire encore en sa vocation et en une vie meilleure. Et voilà que les paroles d'Armando faisaient ressortir ses doutes. N'était-elle pas coupable elle aussi d'avoir gardé pour elle ces secrets au lieu d'essayer de faire tomber les responsables de ces abominations ?

Tant de doutes après une journée aussi rude, ce fut trop pour le cœur de l'Alchimiste qui commença à pleurer. Ce n'étaient pas des sanglots abondants et déchirants, non, simplement deux minces filets de larmes qui coulèrent silencieusement de ses yeux rougis. Précipitamment, elle sortit un vieux mouchoir de sa sacoche et étancha le flux, honteuse d'avoir montré des sentiments aussi intimes à Armando, d'avoir montré que, malgré les apparences, malgré ses airs de battante, elle gardait un cœur meurtri par les doutes depuis l'attentat qui avait arraché ses parents à la vie.


- Excusez-moi... Mes yeux ont toujours été sensibles à la poussière.

L'un comme l'autre savaient que la poussière n'avait rien à voir avec ses pleurs soudains mais pour couper court, elle changea de sujet. Armando termina son remontant avec un râle de douleur pendant qu'elle terminait son thé avec une grimace de dégoût. L'Agent lui annonça qu'ils resteraient ici pour la nuit mais qu'ils partageraient la même chambre par souci de sécurité. Il avait raison de prendre toutes ces précautions, aussi hocha-t-elle la tête en signe d'acquiescement avant qu'il n'aille à la réception chercher la clé. Elle prit un instant sa tête entre ses mains et soupira.

Il revint avec une clé qu'il abandonna sans ménagement avant de lui annoncer qu'il avait également commandé une soupe pour le dîner. A nouveau, elle hocha la tête, effrayée par l'air haineux qu'il avait à ce moment là.
Après cela, O comble de l'horreur, il lui confia qu'il allait utiliser ces informations dans l'enquête de police. Il ne comprenait décidément rien ! Cet homme n'avait aucune idée de ce à quoi il s'attaquait. Les yeux agrandis d'horreur, ce fut à son tour de se redresser et d'annoncer d'une voix rendue rauque par la nervosité et la terreur :


- Mais vous ne comprenez pas ! En vous attaquant aux Alchimistes, vous vous en prenez aux plus hautes sphères du gouvernement ! Croyez moi, ces gens ont le bras bien plus long que vous ne l'aurez jamais et s'ils vous jugent trop dangereux, ils contrôlent tout ici ! Si vous leur attentez un procès, ils achèteront le Juge s'il n'est pas déjà avec eux ! Et vous ne pourrez pas prouver la corruption. Personne ne vous écoutera... Il organiseront notre mise à pied dans le meilleur des cas. Et dans le pire, nous serons accusés de diffamation envers la Reine, de Haute Trahison, que sais-je encore ? En tout cas, ce sera un aller simple pour l'échafaud. Ils se débarrasseront de vous pour avoir fouillé trop loin et de moi pour vous avoir délivré des informations confidentielles.

Il s'excusa ensuite, soupirant sur ses soucis avec la hiérarchie. Véronica se tut et reporta son attention sur l'assiette de soupe que la serveuse leur apportait. Demain, ils iraient au Scotland Yard consulter les archives et examiner le corps de Nikola, c'était une bonne idée. Elle hocha la tête, pensive.

- Nous devrions peut-être repasser par l'Albany pour nous changer, je pense...Ce serait étonnant qu'on nous laisse entrer au Scotland Yard attifés comme nous le sommes.

Elle commença ensuite à manger dans le plus grand silence, préférant ne pas agacer l'agent davantage. Celui-ci se montra aimable et attentionné à son égard et elle se montra réceptive, lui adressant des sourires à chaque fois qu'il lui demandait quelque chose et lui répondant sur un ton aimable. Elle évitait de repenser à leur enquête, qui avait déjà fait bien trop de mal autour d'eux.

Lorsqu'ils eurent fini, elle prit délicatement la main que l'agent lui tendait et se releva. Ils n'oublièrent pas la clé sur la table et allèrent au comptoir pour obtenir une couverture, plutôt miteuse et de petite taille. Véronica espéra qu'il faisait assez chaud dans les chambres mais elle en doutait fortement. Elle fut doucement poussée dans les escaliers par le bel Italien et ils montèrent en silence mais sans traîner, vers la chambre numéro 14.
Lorsqu'ils entrèrent à l'intérieur, Véronica toussa plusieurs fois. Quelle poussière ! Ne faisaient-ils donc jamais le ménage ? On aurait dit que la chambre n'avait pas été utilisée depuis des siècles. En saisissant la lampe à huile, la jeune femme observa la pièce. C'était vétuste, lugubre et froid. Mais au moins, ils avaient un toit sur la tête et un lit pour dormir. La jeune femme choisit de détendre l'atmosphère en plaisantant, un sourire sur les lèvres.


- Seigneur Dieu, j'espère que les revenants ne font pas partie de la clientèle de l'établissement !

Armando alla tâter les coussins pendant qu'elle posait la lampe sur la table de chevet. Apparemment, le lit était propre, c'était déjà une bonne chose. L'agent saisit un des deux coussins et s'éloigna du lit, causant le regard interrogateur de la jeune femme.
Il allait dormir sur une chaise... Véronica était touchée de sa pudeur et de sa galanterie mais il avait besoin de se reposer convenablement ! Comment poursuivre un meurtrier si l'on est pas au mieux de sa forme ?! Elle fronça les sourcils et s'avança vers lui.


- Armando, j'apprécie votre sollicitude mais... Êtes vous bien sûr de vouloir dormir de cette manière ?

Il lui répondit avec un sourire mi-figue mi-raisin et s'éloigna après une courbette. La jeune femme resta au milieu de la petite pièce, les bras ballants. Elle ne savait pas quoi dire pour convaincre l'homme. Cette journée semblait avoir vidé toute l'énergie de son corps. Elle le laissa s'asseoir, dos tourné et elle tourna sur elle-même nerveusement, pour examiner encore cette pièce.
La voix d'Armando la fit sursauter. Il s'inquiétait encore de son bien-être et de sa pudeur, à l'heure où elle devait se changer pour aller au lit. Il lui assurait qu'il ne se retournerai pas mais qu'elle pouvait aller dans une salle d'eau ou même lui demander de sortir, pour plus d'intimité. Le sourire de l'homme et sa sollicitude donnèrent un regain d'éclat à ses yeux et à son visage.
L'Alchimiste fit alors un petit geste de la main pour lui faire comprendre qu'il n'avait pas à s'inquiéter.


- Je vais me changer ici, votre bonne parole me suffit largement.

Sans plus faire attention à lui, elle commença à se déshabiller. L'Alchimiste enleva progressivement les couches qui la couvraient, son châle, sa robe, son jupon, ses bas et ses bottes. Elle posa ses mitaines sur la table et cacha son gant Alchimique dans sa sacoche. Pour finir elle dégrafa les lanières de son étui de pistolet qui rejoignirent les mitaines. Elle n'était plus vêtue que de sous-vêtements de coton et de sa chemise de dessous qui descendait à peu près jusqu'au creux du genou, ce qu'elle trouvait franchement indécent. De plus, le col n'était pas montant et dévoilait une partie de sa gorge, bien qu'il cachait la naissance de la poitrine.
Elle put voir à la lueur de la lampe que sa cheville était un peu enflée et rougie. Alors qu'elle allait la tâter, Armando reprit la parole. Elle se redressa nerveusement et remis ses cheveux en ordre.


- Je... euh... Vous pouvez vous retourner...

Elle se recula près de lit et se glissa dedans au moment où Armando tournait la tête. Il évita son regard et garda les yeux rivés au sol, jusqu'à-ce qu'il ait saisi le plaid. Lorsqu'il s'excusa pour les propos qu'il avait tenu plus tôt, elle baissa à son tour la tête et se mordit la lèvre. C'était vrai qu'il n'avait pas mâché ses mots et s'était montré blessant à son égard. Cependant, pouvait-elle lui en vouloir ? Lui aussi était fatigué, éprouvé par les événements. C'était peut-être sa nervosité qui se manifestait...

- Ne vous en faites pas c'est oublié. Je vous souhaite une bonne nuit également...

Elle se coucha ensuite sur le côté et ferma les yeux. La jeune femme mit un temps certain à s'endormir. Les événements de la journée la perturbaient encore et elle ne pouvait s'empêcher d'y penser, bloquant de la même façon son endormissement. Elle finit par plonger dans une torpeur légère peu avant qu'Armando ne se lève. Elle l'entendit bouger mais son esprit embrumé ne fit pas le rapprochement et elle sombra peu à peu.
La jeune femme était sur le point de s'endormir quand un coup puissant donné dans la cloison suivi d'une insulte bien sentie la firent sursauter. Elle se réveilla en sursaut et regarda dans la pièce, faiblement éclairée par la bougie. Elle ne voyait pas grand chose mais put en déduire qu'Armando n'était pas dans la chambre.

Elle se passa la main sur le visage et se leva. Ses sens commençaient à reprendre leurs droits et elle put enfin assimiler les bruits qu'elle entendait à des bruits de lutte. Deux hommes se battaient devant sa chambre, et l'un d'entre eux était Armando ! La jeune femme se précipita alors hors de la chambre, juste à temps pour voir l'agent, le nez en sang, se faire envoyer à terre par un colosse puant la transpiration et la bière. Sa masse corporelle était trop importante, même pour le bel Italien qui, à cette heure n'en menait pas large.
Sans plus se poser de questions, elle se jeta sur le colosse et grimpa sur son dos, lui bloquant la vue. Celui-ci ne tarda pas à se débattre mais ses bras courtauds eurent du mal à saisir la jeune femme qui sauta à terre, envoyant l'homme en avant. Elle n'y était néanmoins pas allée assez fort et, si l'homme fut déséquilibré, il ne tomba pas pour autant.


- Monsieur, je pense que vous devriez surveiller vos manières...

Le colosse furieux abandonna Armando pour river son regard sur la nouvelle venue, dans une tenue plutôt légère qui ne manqua pas de lui faire de l'effet. L'homme la déshabilla du regard sans aucune honte, pendant qu'ils se tournaient autour, prêts à ouvrir les hostilités. Finalement, ce fut le colosse qui se lança sur elle. Habile et légère, la jeune femme esquiva le plus gros de l'attaque reçut un coup dans l'épaule qui la fit tituber. Elle se rattrapa au mur et se déplaça sur le côté tandis que l'ouvrier revenait à la charge. Il était lourd et puissant mais ses coups mettaient du temps à venir. Elle pouvait ainsi utiliser sa légèreté à son avantage et retourner la force de l'homme contre elle. Alors qu'elle baissait la tête pour éviter un poing qui alla se planter dans le mur, son regard fut attiré par Armando. Est-ce qu'il allait bien ? Son nez saignait abondamment, c'était à faire peur. Bon sang qu'est-ce qui lui avait prit d'aller dehors ?!

Profitant de la distraction de la jeune femme, l'homme en profita pour la plaquer contre le mur avec un sourire édenté. Son haleine puait la bière de mauvaise facture et la jeune femme eut la chair de poule lorsqu'elle sentit les mains de l'immonde personnage sur elle. L'homme crasseux commença à la respirer, la glaçant d'effroi. Elle ne voulait pas qu'il la touche ! Il était si sale, si... Si odieux ! Mais pour l'instant elle était immobilisée.


- Alors ma poule, on vient sauver son ami ? Il en a d'la chance...

En passant sa langue sur ses grosses babines humides, il passa une main sous la robe de la jeune femme qui lâcha un cri de détresse, d'horreur et de colère.
Se faire toucher par un homme comme lui, à une époque de sa vie ou encore aucun homme n'avait frôlé la blancheur de sa peau... C'était ignoble, il gâchait ce qui aurait dû être un des plus beaux moments de son existence !
Mue par une force qu'elle ne se connaissait pas, elle envoya un coup de pied bien senti dans l'entrejambe de l'homme qui s'éloigna en grognant, tandis que la jeune femme rouge de colère et de honte mêlées, remettait sa chemise en place.


- Je vous défend de me toucher espèce d'ordure !

L'homme grimaçant grogna et braqua un regard furieux dans sa direction.

- Tu vas voir, je vais t'éduquer moi... Sale garce ! Ca s'voit qu'on t'a encore jamais prise, tu te débats comme toutes ces pucelles qui traînent dans la rue. T'inquiètes, j'te promet qu'tu vas prendre ton pied avec moi, j'suis monté comme un taureau ! Il éclata d'un rire graveleux alors que la jeune femme ne cillait pas, les poings tremblants de haine. Oh, allez, fait pas ta mijaurée ma mignonne, faut bien commencer quelque part... Viens là, j'te promet qu'tu vas pas l'regretter...

Excédée, la jeune femme cracha à la figure de l'odieux personnage avant de lui lancer de sa voix la plus noire :

- Navrée mais vous allez devoir m'attraper...

Et cette fois, ce fut elle qui fonça sur le colosse, si rapidement qu'il n'eut pas le temps de réagir. Véronica savait comment agir avec ce genre de gros balourds qui avaient une masse phénoménale de muscles, inversement proportionnelle à celle de leur cerveau. Ils frappaient fort mais mettaient du temps à préparer leurs coups et les adversaires aussi lestes qu'elle finissaient par devenir de redoutables ennemis.
Elle commença par lui envoyer un coup de poing dans l'arête nasale, comme il l'avait fait pour Armando. C'était pour elle une manière de venger l'agent, mais aussi une façon infiniment pratique de blesser l'adversaire. Même sur un homme aussi bien charpenté, le nez restait un point sensible et fragile. Son coup déclencha une hémorragie qui déstabilisa le colosse un moment. Celui-ci braillait et donnait des coups au hasard que Véronica commençait à peiner à esquiver à cause de sa cheville dont l'état s'était aggravé. Le dernier coup lui rafla la mâchoire, créant instantanément une trace rouge vif, comme si on l'avait giflée. Elle tituba sous l'effet du choc et sa cheville blessée se tordit alors qu'elle reculait trop vite. Lâchant un gémissement de douleur, la jeune femme se retrouva contre le mur, au moment où le colosse fonçait sur elle.

Dans un effort qui coûta énormément à son pied, elle fit une roulade en direction des escaliers et se stoppa un peu avant le début des marches. Cette fois, elle allait tenter le tout pour le tout. Alors que le colosse avait reporté son attention sur l'agent du Yard, Véronica lui lança dans la nuque un pot de fleurs vide et défraîchi qui trônait sur une petite table. L'objet s'écrasa contre le cou de l'ouvrier qui se retourna à nouveau, fier se sa stature, un sourire goguenard suspendu aux lèvres.


- T'en as pas eu assez encore ? T'inquiètes tu vas être servie ma poule.

L'homme prit son élan et courut dans sa direction, bien décidé à la faire tomber dans les escaliers. Véronica ne bougea pas, attendant le dernier moment. Si elle se décidait trop tôt, son plan échouerai et ils auraient encore cet odieux personnage sur le dos.
Et, alors qu'il était presque sur elle, la jeune Alchimiste se jeta à terre. N'ayant plus rien à quoi se raccrocher, ce fut lui qui tomba dans les escaliers avant de s'étaler lamentablement dans la salle principale, sous les éclats de rire des hommes encore présents. La jeune femme eut peur un instant de l'avoir tué mais quand elle le vit s'ébrouer en pestant, elle retourna voir Armando en boitillant et l'entraîna à l'intérieur de leur chambre qu'elle ferma à double tour.


- Eh bien, quel monstre celui-là !

La bougie illuminait encore la pièce et Véronica raviva la lampe à huile. Armando avait des bleus et une vilaine plaie au nez. Elle ne saignait plus mais le sang coagulé lui donnait vraiment une mine affreuse.

- Voulez-vous vous allonger sur le lit ? Je vais voir ce que je peux faire. Et, pour prévenir toute réticence de la part de l'agent, elle lui adressa un sourire en continuant d'un ton très doux : ]Et ce n'était pas une suggestion, Armando.

La jeune femme posa la lampe à huile sur la table de chevet et fouilla dans les tiroirs. Elle y trouva de vieilles serviettes, peu épaisses et trouées par endroits mais tout à fait propres. Il y avait également, posée dans un coin, une petite vasque de mauvaise facture et une carafe plus qu'ébréchée remplie d'eau froide. Cet hôtel avait beau être miteux, elle avait pu y trouver tout le nécessaire pour nettoyer les plaies de son ami.

La vasque dans les mains et les serviettes sur un bras, elle revint vers le lit et posa tout à côté de la lampe. Elle examina la plaie d'Armando avec minutie et s'aperçut que son nez avait été salement amoché. Une bosse disgracieuse s'était formée sur l'arête et le bout semblait ne pas être aligné. Heureusement, elle pouvait le remettre en place sans difficulté.


- Excusez-moi, ça risque de faire un peu mal...

La jeune femme posa délicatement ses doigts de chaque côté du nez de l'Italien puis remit l'os en place, d'un coup sec et ferme. C'était la méthode forte mais ils n'avaient pas trop le choix. Armando aurait très mal sur le coup mais, demain, la douleur serait partie alors qu'il aurait été accompagné d'une douleur lancinante pendant de longues semaines s'ils n'avaient rien fait.

Pour endormir la douleur de l'agent du Yard, elle tamponna son nez avec une serviette qu'elle avait au préalable trempée dans l'eau très froide de la carafe. Quand la douleur se fut atténuée, elle nettoya avec le plus grand soin le sang coagulé, effaçant toute trace de sa présence sur le beau visage de l'homme.
Ce fut à peu près à ce moment là qu'elle réalisa qu'il était torse nu. Elle avait une vue imprenable sur le corps bien entretenu d'Armando, vision qui la fit rougir jusqu'aux oreilles. Pour cacher son trouble, elle se releva trop vite pour sa cheville qui l'obligea à s'agenouiller par terre en retenant un gémissement de douleur.


- Je... C'est ma cheville, j'ai dû me la fouler quand je suis tombée du cab et notre petite séance de lutte n'a rien arrangé...

En effet, le pied était rougi et enflé. La jeune femme finit par l'envelopper dans une serviette trempée d'eau froide pour le faire dégonfler pendant la nuit. Elle se releva difficilement pour aller se coucher quand son regard se posa sur la chaise. Hors de question qu'Armando ne retourne dormir là cette nuit, il avait besoin de repos. Et tel qu'elle pensait le connaître, il n'accepterait pas qu'elle prenne sa place, pour tout l'or du monde.
Alors, elle alla récupérer le coussin et le plaid qui traînait et les repositionna dans le lit avant de s'asseoir à la place qui restait libre.


- Oh, Armando, laissez donc votre galanterie de côté ce soir. Vous avez eu une journée aussi rude que la mienne et ce n'est pas en dormant sur une chaise que vous allez vous reposer. Nous devons être en forme si nous voulons attraper ce meurtrier un jour, alors, par pitié, écoutez votre corps pour une fois... Non, ça ne me gêne pas, je vous assure. De toute façon, je n'ai pas de réputation à sauver et personne ne saura ce qui s'est passé ici. Vous allez donc rester couché ici et vous reposer, vous l'avez bien mérité.

Sur ces paroles, la jeune femme tira les couvertures sur eux. A deux dans le même lit, ils avaient au moins la chaleur nécessaire pour bien dormir... La jeune femme ne pouvait s'empêcher de penser à l'homme à côté d'elle, ses manières de faire, de parler, son physique d'athlète et surtout ses yeux si profonds...
Mais sans qu'elle sache pourquoi, un autre sujet revint obscurcir sa mémoire. Il allait parler de ce qu'elle savait au Scotland Yard, c'était une catastrophe ! Mais était-ce le bon moment pour lui en parler ? Il ne dormait pas encore, elle l'entendait...
Véronica avait peur. Elle savait ce qu'ils risquaient tous les deux, si jamais il délivrait ces informations. La mort, sans hésitation. Et si Armando pouvait être épargné, elle, la petite Alchimiste, passerait obligatoirement sur l'échafaud pour avoir divulgué les secrets de son ordre. Prenant son courage à deux mains, la jeune femme se lança, d'une voix hésitante.


- Armando, je... Je sais que ce n'est ni le moment ni le lieu mais il faut que je vous parle. Elle effectua un quart de tour pour se retrouver face à lui. Je vous en conjure, ne dites rien au Scotland Yard. Je ne suis même pas sûre qu'ils vous croiront et, si c'est le cas, ils effaceront les preuves pour éviter le scandale politique ! Ecoutez, je sais que c'est dur pour vous mais parfois on ne peut pas lutter contre ses supérieurs. Ils vous tueront probablement, et, même en admettant que vous réussissez, vous ne pourrez pas arrêter tous ceux qui ont trempé là-dedans. Certains s'échapperont et n'auront sans doute pas de mal à deviner d'où est venue la fuite qui a causé leur perte. Et, à ce moment là... C'est moi qu'ils tueront. Il faut que vous compreniez, quelle que soit l'issue de notre combat, je mourrai pour avoir trahi mon ordre. C'est peut être de ma faute, j'aurais mieux fait de ne rien vous dire mais j'ai voulu que vous sachiez parce que... Parce que je veux être honnête avec vous.

La jeune femme soupira. Il y avait peu de temps, la mort lui aurait fait moins peur. Il y avait une semaine de cela, rien ne l'attachait vraiment à la vie si ce n'était son majordome et sa femme de chambre qui approchaient du crépuscule de leurs existences. Jamais Véronica n'avait pensé à se suicider mais, en ayant déjà réfléchi à cette éventualité, elle en était arrivée à conclure que si elle venait à quitter ce monde, ce serait sans beaucoup de regrets. Mais maintenant c'était différent. Depuis cette soirée au Queen's Heads, elle s'accrochait à la vie comme un noyé à son radeau. Et même si elle n'osait pas l'admettre ouvertement, elle savait très bien pourquoi. C'était trop tôt pour savoir ce qu'elle ressentait vraiment, au plus profond de son être, mais elle n'avait encore jamais éprouvé de telles sensations depuis qu'elle avait connu Cuthbert, des années auparavant...
La trahirait-il lui aussi ? Elle ne le savait pas. En cet instant, elle avait peur de ce qu'elle pouvait dire mais son silence l'effrayait tout autant.

Finalement, Véronica se mordit la lèvre et confia à l'agent d'une voix nerveuse :


- Ça va sûrement vous paraître terriblement égoïste mais... Je ne veux pas mourir. Armando, je ne veux pas mourir maintenant, pas tout de suite, pas... Pas alors que je viens tout juste de... De vous rencontrer.

Voilà, c'était dit, elle l'avait fait. Trop gênée pour attendre une réponse ou peut-être lancée dans son élan, la jeune femme se hasarda à prendre l'Italien dans ses bras, tout simplement. Elle se tut, figée par ce qu'elle venait de faire. Son propre geste l'étonnait encore elle-même, à vrai dire...
Mais il fallait reconnaître que la sensation n'était pas déplaisante.
Le cœur de la jeune femme battait la chamade dans sa poitrine, délicatement pressée contre celle de l'homme. Ses mains fines étaient croisées dans son dos puissant et sa tête, posée dans le creux de son cou. Il n'y avait rien de provocant là-dedans, non. C'était l'étreinte chaste d'une jeune femme incertaine, perdue dans les méandres de ses émotions, de son cœur qu'elle avait voulu fermer pour toujours.
Ces sensations éteintes, Armando les avait réveillées. Qu'était-elle pour lui ? N'allait-il pas la repousser ? Après tout on pourrait croire qu'elle avait profité de la situation, bien que ce ne soit évidemment pas vrai du tout. Elle n'avait jamais été proche d'un homme en dehors de son domestique, et encore. La jeune Alchimiste ne savait pas comment se comporter avec Armando, si elle devait se montrer distante comme toutes ces jeunes filles qui se montraient dans les salons ou verser dans la chaleur, au risque de passer pour une femme facile.
Ils se connaissaient encore si peu, bien que les circonstances de leur rencontre avait fait qu'ils se rapprochent pour mieux s'épauler face au crime qui venait d'être commis.
Et si elle n'était pas le genre de femmes qu'Armando appréciait ? S'il la repoussait, ici, maintenant ? S'il la renvoyait chez elle et continuait seul ? Au fond, elle ne pouvait se résoudre à être attirée par un autre que lui. C'était quelqu'un de bon, ouvert d'esprit, courageux, intelligent et fier. Il ne traitait pas les femmes comme une sous-espèce et la traitait comme une égale. En somme, il avait tout ce qu'elle pouvait attendre d'un homme et c'était le seul jusqu'ici à avoir montré un quelconque intérêt à sa personne. Elle ne pouvait rêver mieux...

Encore nerveuse, elle sentit son cœur accélérer si fort qu'elle crut qu'il allait sortir de sa poitrine. Sans pour autant se détacher d'Armando, elle murmura à son oreille deux mots d'une voix mal assurée :


- Excusez-moi...


Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Signav10

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Dernière édition par Veronica Newburry le Lun 6 Mai - 16:48, édité 1 fois
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Armando della Serata
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MessageSujet: Re: Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Icon_minitimeDim 3 Mar - 17:06

Du sang plein les mains, du sang plein le visage, du sang qui l'aveuglait comme une rage brute inonde l'herbe d'un coin paisible au passage d'un tigre...
Comment en était-il arrivé là ?
C'était ce que se demandait Armando della Serata, agent du Scotland Yard en mission spéciale, alors qu'il se battait avec un colosse dans une taverne en plein centre de l'East End. Comment avait-il pu se retrouver dans une situation pareille ? Lui qui était si réputé pour sa droiture, ses tenues impeccables et ses prouesses à la lutte, se retrouvait ce soir torse nu, le nez presque cassé, à se défendre tant bien que mal contre un parfait inconnu qui s'avérait être un adversaire redoutable. Son équilibre l'avait lâché, la surprise l'avait déboussolé et il n'en menait pas large lorsque Véronica intervint. Malgré ses esquives et ses coups, l'italien était en effet si gêné par son nez qu'il n'arrivait pas à maîtriser son adversaire. D'ailleurs ce dernier devait faire deux fois son poids, ce qui compliquait la tâche. Lorsque l'Agent vit les bras blancs de la jeune femme enserrer le cou de taureau de son agresseur, il écarquilla les yeux à la fois de surprise et de peur. C'était bien la première fois qu'une femme prenait sa défense de cette façon ! Une femme de la haute bourgeoisie qui était prête à se jeter sur un tel homme au milieu d'une lutte était réellement incroyable à cette époque. Véronica n'avait pas froid aux yeux ! Mais la belle risquait gros...

Tandis que l'Agent se redressait, l'Alchimiste était aux prises avec le colosse. Elle venait d'esquiver deux de ses attaques mais si elle avait heureusement évité le coup de poing que son adversaire encastra dans le mur, la belle avait été touchée au niveau de son épaule. Armando avait serré les dents de rage et il s'avançait déjà vers elle lorsqu'il la vit se retourner pour le regarder. L'italien écarquilla les yeux et poussa un cri :


- Attention ! Derrière-vous !

Mais c'était trop tard, le colosse avait profité que l'Alchimiste ne tourne son regard vers Armando pour l'attraper et la plaquer au mur. Le temps que l'italien n'arrive à son niveau, il avait déjà posé ses sales pattes sur la belle qui se débattait comme une furie.

- LACHE-LA SALE PORC !

Ce rugissement accompagna le grognement de douleur que le colosse poussa alors : Véronica venait de lui donner un coup de pied bien senti dans les parties. Rien de tel pour faire reculer un homme, aussi massif soit-il. L'ouvrier tituba un instant et sa rage se décupla. Ce fut alors l'Alchimiste qui fondit sur lui. Avant même qu'Armando ne puisse faire quoi que ce soit pour l'aider, la jeune femme lui mettait son poing dans le nez. Mais elle reçu alors à son tour un coup qui la fit reculer. Sa cheville céda et la belle se retrouva à terre. Armando sauta alors sur le colosse pour lui faire une clé de bras et l'empêcher de revenir à la charge sur Véronica. L'homme se débattit en hurlant sa rage. Mais l'Agent était puissant et ses techniques de lutte n'étaient pas à la portée de tout le monde. Lâchant le bras de son adversaire, l'italien l'attrapa de manière à lui serrer le coup entre ses bras fermés comme un étau. L'homme se sentit étouffer sous la pression qu'exerçait l'agent du Yard et son visage déjà bien rouge prit une teinte vermeille. L'italien était littéralement en train de l'étrangler. Mais bientôt l'homme se jeta en arrière contre un mur, écrasant l'Agent sous lui. Armando lâcha prise, à moitié sonné. Le colosse allait l'attraper par un bras pour le redresser afin de lui mettre un coup au visage lorsque Véronica lui lança un vase qui éclata en mille morceaux derrière sa nuque de taureau. Le géant se tourna aussitôt vers elle avec un sourire mesquin. Profitant que l'italien était à terre, il se jeta sur l'Alchimiste. Mais la belle avait prévu cette idiotie et l'homme se retrouva directement dans l'escalier qu'il dévala sans s'arrêter.

Armando sourit. Le sang lui collait nez et sa tête lui faisait mal mais ce coup magistral allait rester dans les mémoires. Lentement, il se releva tandis que Véronica venait l'aider.


- Hé bien, miss, je ne pensais pas vous voir un jour lutter de la sorte...

Ils rentrèrent dans la chambre qu'ils fermèrent à double tour et l'Alchimiste ordonna plus qu'elle ne suggéra à l'italien de s'allonger sur le lit. L'Agent hésita mais face au regard ferme et dur de la belle, il accepta sans plus de question. Une fois allongé, Armando se rendit compte qu'il avait mal au bras droit. A la lueur de la lampe à huile, il vit qu'il avait un beau bleu au niveau de son biceps. Véronica revint alors avec de l'eau et des serviettes. Elle examina son nez. Face à l'air décomposé de la jeune femme, l'Agent comprit vite que ce dernier ne devait plus être très droit. La belle voulu alors lui remettre en place.

- Vous...vous êtes sûre ?

Avait-elle déjà remis ainsi un nez à moitié cassé ? Armando en doutait beaucoup. Mais il n'avait pas le choix. Aussi se laissa-t-il faire. Lorsque l'Alchimiste le lui craqua, il poussa un grognement rauque et se retint de lancer une injure en italien.

- Madre de dios ! Al...

Mais le pire était passé. Au moins conserverait-il un nez a peu près correct et sa blessure ne risquait-elle pas de dégénérer.

- Merci...

Armando souffrait, c'était évident, mais, même s'il grimaçait, il resta muet à partir de cet instant. Il ne devait pas inquiéter Véronica et de toute manière il avait déjà vécu bien pire. La belle trempa alors une serviette dans l'eau glaciale de la vasque qu'elle avait trouvée et se pencha au-dessus de lui. L'Agent recula instinctivement, mais bien vite il se laissa à nouveau faire. L'Alchimiste avait le geste doux et minutieux.
Alors que Véronica lui épongeait ainsi le nez, Armando tentait de dévier les yeux de son col échancré. Dans cette position, la chose n'était pas aisée. La belle avait une peau si blanche et si parfaite que l'envie de la toucher lui était venue à l'esprit. Sa chemise blanche la sublimait et l'italien en aurait volontiers fait un ange qui venait lui prodiguer ses soins depuis le Paradis d'où il serait descendu. Véronica était si patiente, si pure, si belle...L'italien se rendit compte que sa poitrine soulevait le coton de son vêtement avec ce soupçon de pudeur et d'insolence qu'on les jeunes femmes lorsqu'elles jouent au jeu du voilé-dévoilé. Cette image était éminemment érotique. La belle était si près de lui, si attentionnée et si attirante dans cette tenue qu'il en avait déjà oublié son nez...

Le sang entièrement nettoyé, l'Alchimiste lui jeta un regard étrange que l'Agent pris aussitôt pour de la gêne bien naturelle. Il était torse nu et elle était penchée sur lui, ce n'était pas rien. Leurs souffles avaient été si près en cet instant qu'il avait senti que l'atmosphère avait pris une couleur particulière. Inutile de se le cacher : ils se plaisaient tous les deux et cette situation était tout à fait inconvenante.
Véronica recula alors un peu vivement et sa cheville céda à nouveau. La belle mis genoux à terre. Armando se leva aussitôt pour la tenir par les épaules.


- Véronica ! Est-ce que ça va... ?

La jeune femme souffrait de sa cheville. Armando lui jeta un regard désolé et s'agenouilla. Il observa rapidement son pied sans le toucher et se releva.

- Oui...j'ai cru le comprendre...Nous aurions dû nous en occuper plus tôt. Excusez-moi...Enroulez-là dans une serviette humide pour la nuit, peut-être que demain elle aura dégonflée...Nous irons voir un médecin.

Véronica s'exécuta pendant qu'Armando retournait près de la porte. Son oreille après le tenant, il écouta attentivement pendant quelques minutes. Rien ne semblait se passer à l'extérieur. L'ouvrier devait avoir été mis à la porte. Lorsqu'il revint vers Véronica, il la trouva avec son oreiller et le plaid dans les bras. Elle lui intima alors d'une voix ferme que c'était ridicule qu'il dorme sur une chaise et qu'il avait plutôt intérêt à se reposer convenablement. L'italien resta muet. Il ouvrit la bouche pour protester mais abandonna aussitôt face au ton de l'Alchimiste. Elle avait raison mais les conventions sociales lui hurlaient de refuser catégoriquement cette proposition. Il la regarda s'installer dans le lit et soupira.

- Très bien...Je crois que vous ne me laissez pas le choix...

Il lui lança un sourire gêné en même temps qu'amusé. La belle avait le don de varier de ton de telle manière qu'il se sentait presque contraint par une mère de s'exécuter. Et puis, il venait de se battre, elle était sortie pour l'aider, elle avait lutté pour lui puis elle s'était occupé de sa blessure...Pouvait-il seulement lui être désagréable ? Non, il ne le voulait pas. Ainsi, l'italien préféra se taire et l'accompagner.
Une fois qu'il eut éteint la lampe à huile, laissant pour seule lumière que la petite bougie mourante, il s'allongea aux côtés de la jeune femme qui rabattit les couvertures sur eux.


- Merci...murmura-t-il à mi-voix.

Il conserva alors son regard sur le plafond. La lueur de la bougie y faisait danser quelques ombres ici et là. Cette situation ne lui convenait pas. Raide et perturbé, il craignait de frôler la jeune femme dans son sommeil et de lui paraître déplacé. Il avait peur de prendre trop de place ou de tirer la couverture. Mais il fallait bien avouer que la mollesse du matelas lui convenait mieux que la rudesse de la chaise en bois...

Véronica se tourna alors vers lui pour lui parler. L'Agent laissa ses yeux sombres tomber dans les siens. La belle semblait hésitante et perturbée. Elle lui parla alors des Alchimistes, de son ordre, de l’État et de ce qu'elle encourrait s'il révélait au Scotland Yard ce qu'il apprenait au sujet des Homonculus. Armando fronça les sourcils et tiqua. Il se remémora leur dispute à table. Véronica avait parlé du "souverain d'Angleterre", Armando n'y croyait pas. Elle avait aussi parlé "d'exil" et "d'exécution" à l'encontre des Alchimistes qui refusaient de collaborer. C'était trop terrible pour être resté secret jusque là...Puis elle avait même parlé des "hautes sphères du gouvernement", prêtes à les faire taire par tous les moyens. Il avait été question de "haute trahison", de "diffamation", de "procès"...Que croire ? Que penser ? Fallait-il donc laisser ces cinglés trafiquer les corps humains ? Fallait-il se risquer à enquêter là-dessus pour finalement découvrir que le gouvernement trempait dans ces infamies ? Et s'ils se taisaient, où serait donc passée la justice ? Fallait-il laisser ces crimes impunis ? Il ne pouvait pas l'accepter ! Mais maintenant Véronica y revenait et elle parlait de sa propre vie qui était en jeu. Armando saisit alors toute l'horreur de sa situation. La belle était Alchimiste d’État, elle savait des choses qu'il valait mieux qu'elle ignore et s'il se mettait à en parler elle serait écartée de l'Alchimist Room voire jugée et peut-être exécuté dans l'ombre. Le secret d’État, il le connaissait aussi, à son échelle. Certains criminels étaient jugés loin des yeux du public et certaines arrestations étaient même complètement effacées des archives.
Les yeux de Véronica brillaient d'une flamme à la fois convaincue et triste. L'italien se remémora son histoire de "poussière dans l'oeil" à table. Il l'avait déjà fait pleurer une fois et ne souhaitait vraiment pas voir à nouveau ses larmes couler.


- Je...commença-t-il.

Mais Véronica n'avait pas fini. Elle lui avoua alors qu'elle ne voulait pas mourir, pas maintenant, pas surtout depuis qu'elle l'avait rencontré lui. Armando sentit une montée d'adrénaline lui envahir l'estomac alors que la belle se pelotonnait contre lui pour le serrer dans ses bras. L'Agent rougit et son cœur se mit à battre comme jamais. Son regard se perdit à nouveau sur le plafond.
Il ne s'était absolument pas attendu à une telle déclaration et surtout pas à un tel contact physique de sa part. Même si la belle l'avait souvent pris par le bras, de manière peut-être même insistante, la situation était bien différente en cet instant. Il était torse nu, elle n'était vêtue que d'une chemise, ils étaient dans un lit, dans une obscurité tamisée par une simple bougie...

Que faire ? Comment réagir ?
Armando était pétrifié.
Il sentait la poitrine de la jeune femme se soulever contre lui. Ses bras l'enserraient et son souffle frôlait sa joue.
Fallait-il la repousser aimablement ou accepter ce geste ? Devait-il aller au-delà de simples mots pour la rassurer ? Qu'attendait-elle de lui ? Le moindre geste pouvait paraître déplacé !
Il sentit alors sa bouche se rapprocher de son oreille pour lui murmurer une douce excuse. Armando cilla et plongea son regard dans le sien.


- Ce...

Il passa alors un bras autour des épaules de la jeune femme pour la serrer un peu contre lui. Ce geste lui paru des plus offensant mais il sentait que la belle en avait besoin. Il lui sourit aimablement.

- Ce n'est pas grave...Véronica, je vous...je vous promets de ne rien dire. N'y pensez plus. Je ne ferais jamais rien qui puisse vous être hostile ou désagréable...Je vais repenser à tout cela...Le...le Yard aussi a ses secrets vous savez...Je vous comprends. Nous ne mêlerons pas le Yard et l'Alchimiste Room...Je vous le promets. Ne soyez plus inquiète. Je ne laisserai personne vous faire du mal.

Il hésita, puis il embrassa alors Véronica sur le front et lui sourit de plus belle, l'air fort gêné.

- N'y pensez plus...Dormez...Vous en avez besoin.

Armando serra une dernière fois l'épaule de la belle Alchimiste et reporta son regard sur le plafond avant de fermer les yeux.

- Dormez...Vous ne risquez rien.

La nuit passa vite. Il faut dire que les deux enquêteurs s'étaient couchés tard et que cette histoire de lutte les avait hautement perturbés. Armando se réveilla plusieurs fois pour écouter les bruits de la nuit et veiller à ce que Véronica dorme bien. Il s'éloigna naturellement de la belle durant son sommeil et au petit matin ils étaient chacun de leur côté. L'italien avait tout fait pour éviter le contact pendant la nuit. Il craignait un mauvais geste, des quiproquos, de l'indécence. Même s'il lui avait laissé son épaule chaude et protectrice pendant un moment afin de la rassurer, il ne pouvait pas la garder dans ses bras.
Mais lorsqu'il se réveilla et que son regard tomba sur la belle endormie, son cœur bondit. Un pâle soleil filtrait à travers les rideaux trop fins de la chambre et ses rayons diffus donnaient une teinte merveilleuse aux cheveux de l'Alchimiste qui encadraient son visage paisible. L'italien s'en approcha un peu pour l'observer puis, au bout de longues minutes de silence et quelques hésitations, il la secoua légèrement.


- Véronica ? Il faut partir...

Laissant la belle se réveiller doucement à sa façon, l'Agent descendit du lit. Il aperçu alors la cheville de l'Alchimiste, toujours enroulée dans sa serviette. Elle dépassait de la couverture un peu tirée. Il s'en approcha et, mettant genoux à terre aux pieds du lit, il entreprit de dérouler ladite serviette pour jeter un œil à la blessure de Véronica.

- Ne bougez pas, je vais voir ça...murmura-t-il doucement en soulevant le tissu encore humide. Permettez...

La cheville avait quelque peu dégonflée mais elle était toujours aussi rouge. Clairement Véronica se l'était foulée. Au moins n'était-elle pas cassée. Armando posa la serviette au sol et pris le pied de l'Alchimiste entre ses deux mains. Il frotta un peu sa peau, tout doucement pour éviter de faire mal à la jeune femme, et observa encore son articulation. Il n'y avait rien de grave, l'os semblait intact, mais la belle allait certainement boiter toute la journée. Il faudrait qu'elle voit un médecin pour être certain que tout aille bien. Armando lui présenterait le sien au Yard.
Il continua de masser un peu la cheville de Véronica, machinalement, tandis que ces yeux remontaient sur son mollet blanc. Ses mains s'éloignèrent alors de la cheville de Véronica pour errer plus haut. Elles s'enroulèrent autour du mollet de la belle et allèrent jusqu'à son genoux. Armando monta sur le lit et passa par dessus la belle Alchimiste. Ce mouvement, soudain et inattendu, semblait né d'une pulsion qu'il avait ruminée toute la nuit. Penché au-dessus de la jeune femme, l'italien plongea ses yeux dans ceux de Véronica. Il avait l'air si sérieux et si tendre en cet instant qu'il avait changé de visage. Approchant son visage du sien, l'Agent embrassa Véronica sur les lèvres avec douceur. Son souffle se fit alors plus pressant. Il l'embrassa sur la joue puis dans le cou, sur l'épaule, à la naissance de sa poitrine...Il s'enivra de son parfum de femme, de la chaleur de ses cheveux éparses. Ses mains trouvèrent ses hanches et l'une d'entre elles commençait à soulever la chemise de la belle. Ainsi, les doigts de sa main droite rencontrèrent la peau de Véronica au niveau de sa cuisse gauche. Le contact fut fait avec délicatesse. Il esquissa une tendre caresse, et puis soudain sa main se figea tout comme le reste. Armando réalisait qu'il faisait une erreur. Il manquait cruellement à l'étiquette et son geste lui apparu alors comme un véritable crime. Non seulement il ne connaissait pas encore réellement Véronica mais en plus il ne pouvait concevoir une telle relation, surtout pas maintenant au beau milieu d'une enquête ! Et puis cet écart de conduite était tout à fait inconvenant ! Ils n'étaient pas mariés ! Les paroles de leur agresseur de la veille lui revinrent alors en mémoire : "Ca s'voit qu'on t'a encore jamais prise". Elles sonnèrent dans sa tête en un écho affreux. Véronica était certainement vierge et lui se comportait comme le rustaud qui avait tenté de la forcer...
Dégoûté de sa propre attitude, l'italien se redressa brusquement, à quatre pattes au-dessus de l'Alchimiste et articula d'un air complètement perturbé.


- Je...je crois que nous...que je fais une bêtise...Véronica...Je...Nous...Nous devrions...

Armando semblait perdu. La gêne, la honte et la maladresse se lisaient sur son beau visage. Ses cheveux tombaient près de la belle, touchant les siens comme pour les embrasser une dernière fois dans une étreinte distante et langoureuse. Son bras droit se mit à trembler : les nerfs, le stress et la mauvaise position. C'était le signal du départ.

- Je...je suis désolé.

Armando se redressa tout à fait et abandonna Véronica sur ce dernier souffle. Il s'assied sur le bord du lit l'espace d'une seconde, se prit aussitôt le visage d'une main en grognant sa frustration et se leva pour aller se poster devant le fenêtre d'un air solennel, les mains derrière le dos. Il avait fauté. Son honneur, sa bienveillance et son travail ne pouvaient pas lui permettre ce genre de relation. Véronica et lui se compromettaient à se laisser tenter par le pécher. Ce n'était pas sain, du moins aux yeux de la société. Ils ne pouvaient pas se laisser aller à de semblables pulsions. C'était contre les règles, contre les codes. L'Agent soupira. Il avait mal dans le bas du ventre. Le coup de poing du colosse y était pour quelque chose mais il sentait aussi que c'était la peur qui lui étreignait l'estomac. La peur d'avoir été inconvenant, la peur d'avoir été bien trop loin et d'avoir franchi un seuil de non-retour. Comment pouvait-il s'éloigner de cette femme sans la blesser ? Éprouvait-elle de réel sentiments ? Et lui ? Qu'éprouvait-il ? Il ne le savait même pas lui-même.
Véronica lui plaisait, c'était certain, elle était belle, intelligente, audacieuse et amusante, c'était une femme forte, au caractère bien trempé et à l'empathie poignante. Comment ne pouvait-il pas tomber sous son charme lorsque seules des enquêtes policières, plus glauques les unes que les autres, avaient toujours régi sa vie depuis ses 15ans ? Tout était logique. Oui. Une simple question de logique. Armando avait toujours été seul, ou presque, et cette nouvelle présence dans son quotidien avait affecté ses sens et sa raison. Il fallait qu'il se ressaisisse.
Il remit ses bottes, empocha rapidement ses cartes à jouer et, se tournant vers Véronica, il s'avança vers elle en remettant sa chemise qui était restée sur la chaise près de la fenêtre. Elle était maintenant sèche.


- Véronica, fit-il en reboutonnant très rapidement le vêtement défraîchi, nous devons partir. Il faut que je vous montre le cadavre de Nikolai et que nous inspections les archives au sujet de la guerre en Inde.

Le ton de l'Agent était redevenu droit et ferme. Il voulait clairement faire comme s'il ne s'était rien passé.

- Habillez-vous et venez prendre un déjeuner, je vais tenter de nous trouver un cab...pour votre cheville.

Sur ces mots, et sans plus attendre, l'italien saisit sa veste, déverrouilla la porte de la chambre et disparu dans le couloir. Il voulait laisser Véronica seule avec ses pensées et surtout éloigner d'elle ce visage et ces mains odieuses. Il songeait qu'elle devait avoir besoin de tranquillité en cet instant et lui-même était tellement perturbé que rester en sa présence n'aurait rien arrangé. Au moins pouvait-elle se laver et se vêtir à sa guise sans qu'il ne la gêne.
Arrivé dans le couloir, le regard d'Armando fut attiré par une tache de sang au sol : c'était celle qu'il avait involontairement faite la veille lors de sa lutte avec l'ouvrier. Passant rapidement dans l'escalier, il descendit encore un étage pour arriver au rez-de-chaussé. Il s'entretint avec la tenancière pour lui demander un déjeuner pour Véronica et lui-même ainsi qu'un cab. Il réussit à obtenir les deux à coûts exceptionnellement excessifs. La misère des rues profitait souvent du premier pigeon venu. Mais l'Agent s'en contrefichait royalement : il fallait qu'ils partent au plus vite et qu'il s'éloignent de cet endroit.
Une fois que Véronica fut descendue, Armando l'invita à s'asseoir pour déjeuner avec lui. L'Agent resta muet comme une tombe et il évita le regard de la jeune femme autant qu'il le pouvait. Le cab fut annoncé. L'italien remercia la tenancière, lui donna un autre pourboire pour sa discrétion et bientôt le couple fut en route pour le Scotland Yard.

Dans le véhicule cahotant, Armando semblait plus sombre que jamais. Mais ce n'était pas l'enquête qui le rendait morose, c'était bien son attitude envers Véronica. Non seulement il l'avait effrayée avec ses histoires d'Alchimistes et du Yard mais en plus il avait osé la toucher, dans cette chambre infâme, après une lutte avec un pervers et ce en profitant de sa cheville et de l'heure matinale. Il ne se le pardonnerait jamais. Lui qui était si droit, si respectueux, si impeccable, comme avait-il pu se laisser aller à une pareille pulsion ?
Brisant le silence pesant qu'il avait volontairement placé entre eux, Armando finit par craquer:


- Véronica...je...

Son regard la fuyait mais il tentait de garder constance.

- Je...Je ne m'excuserais jamais assez pour...tout ce qui s'est passé. Cette mission...ces coups de feux, Margrit, Jonathan, le fiacre, la pluie, cet hôtel néséabond...Je...je suis désolé de vous avoir entraînée là-dedans...

Ce n'était évidemment pas ce qu'il avait voulu dire de prime abord mais l'Agent tournait autour du pot par pur appréhension. Il laissa son regard errer sur la vitre près de lui. Il se mit à observer les maisons qui défilaient dehors.

- Je m'excuse aussi pour ce matin. J'espère que vous me pardonnerez un jour...

C'était dit. Armando ne regardait plus Véronica, il préférait laisser son regard observer le vide près de sa propre fenêtre. L'Agent s'était ainsi excusé avec douleur pour une faute qu'il jugeait criminelle, surtout envers une femme telle que Véronica.

- Je ne sais pas ce qu'il m'a pris.

Le temps sembla s'étirer dans le cab. Armando était pressé d'arriver au Yard pour briser ce malaise. Il fallait qu'ils avancent dans leur enquête et qu'ils se dépêtrent une fois pour tout de cette dernière. Mais soudain, l'Agent se souvint qu'ils devaient passer à l'hôtel Albany pour se changer. Il signala alors au conducteur son souhait et bientôt ils dévièrent pour se diriger vers leur hôtel.

[HRP/ Suite du RP avec Armando au Scotland Yard, "Lorsque les morts parlent aux vivants"/HRP]


Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Sans_t11


Dernière édition par Armando della Serata le Ven 8 Mar - 0:37, édité 1 fois
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Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Empty
MessageSujet: Re: Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Au coeur de la misère se cache la vérité [Armando, Véronica] [11 et 12/03/42] Icon_minitimeJeu 7 Mar - 19:00

Dans l'obscurité de la chambre sale, Véronica avait réuni le nécessaire pour prodiguer les premiers soins à Armando qui saignait du nez. La brute l'avait quand même bien amoché ! Avec minutie, elle examina son os avec le plus de délicatesse possible mais elle en vint bien vite à la conclusion que celui-ci était cassé. Elle devait le remettre en place et l'annonça à l'agent qui parut hésiter.

- N'ayez crainte, j'ai déjà fait ça une fois... Bon allons-y !

Elle replaça l'arête dans un craquement et recula d'un pas quand l'homme grogna de douleur. Elle ne sut également pas pourquoi mais l'exclamation en italien lui tira un sourire. Qu'est-ce qui était le plus drôle ? Voir Armando, toujours sérieux et tiré à quatre épingles, se laisser aller à un tel épanchement ou bien la sonorité et l'intonation de sa voix lorsqu'il se plaignait dans sa langue natale ? Mais elle comprenait la douleur qu'il ressentait pour s'être retrouvée à sa place un jour.

Tout de suite après, elle appliqua de l'eau fraîche dessus pour faire disparaître la douleur, répondant par un léger :
'' Il n'y a pas de quoi ! '' à l'agent encore un peu mal en point.

Elle passa ensuite le tissus sur sa blessure pour en nettoyer le sang, essayant d'oublier le torse nu et musclé de l'agent du Yard. Elle se concentra sur les taches de sang, évitant de croiser le regard de l'homme qui aurait pu saisir l'origine de sa gêne. Cependant, lorsqu'elle eut fini et que son visage revint en face du sien, elle comprit la portée de la situation. Il avait finalement perçu son trouble, comme elle avait saisi le sien. Ils étaient tous deux dans des tenues très légères, dans une chambre fermée à clé de surcroit et ils étaient irrémédiablement attirés l'un par l'autre. Ce fut à cet instant qu'elle le réalisa, quand leurs souffles caressèrent la peau de l'autre, quand leurs visages si proches n'étaient qu'à deux pas de ne faire plus qu'un.
Perturbée par cette situation tout à fait nouvelle pour elle, la jeune femme recula trop vite et se retrouva à genoux. Sa cheville avait cédé sous l'effort.

Armando vint tout de suite s'enquérir de son état, posant ses mains sur ses épaules. Elle releva la tête et lui sourit, un peu crispée par la douleur. Elle essaya de minimiser sa douleur et lui expliqua d'où lui venait cette blessure qu'il avait apparemment remarquée.
Véronica fit ce que l'homme lui conseillait et lui sourit aimablement. Décidément, rien ne changeait sa prévenance... Mais il avait raison, mieux valait voir un médecin le plus tôt possible, ils auraient probablement besoin de courir tôt ou tard dans leur enquête et il ne faudrait pas qu'elle soit handicapée par une blessure. S'ils devraient fuir un homme armé, ce genre de détail pouvait bien lui coûter la vie.

Vint ensuite l'heure de se coucher et Véronica refusa catégoriquement que son ami n'aille se recoucher sur une chaise. Oui, bien sûr, c'était aller honteusement contre les codes qu'ils respectaient depuis leur plus tendre enfance mais pouvaient-ils seulement se permettre de malmener leurs corps alors qu'ils étaient sur une enquête aussi dangereuse ? Pour la jeune femme, l'importance de l'affaire pour le royaume d'Angleterre valait bien une petite entorse à la règle.

Une fois couchés, aussi gênés l'un que l'autre, ils essayèrent de trouver le sommeil. Mais l'Alchimiste était trop tracassée par l'échange qu'elle avait eu avec Armando à l'heure du repas. Elle hésita un long moment avant de se confier mais finalement la jeune femme se lança . Il fallait que l'Agent sache que s'il condamnait l'Alchemist Room en révélant la vérité sur les Homonculus, il la condamnerait aussi ? Nul doute qu'elle serait enlevée et exécutée dans le plus grand secret en guise de vengeance. Elle parla un long moment, jusqu'à-ce qu'Armando essaye de prendre la parole. Mais elle n'avait pas fini... Il devait aussi savoir pourquoi elle avait autant peur de la mort, pourquoi, soudain, vivre avait prit une dimension aussi importante pour elle.

A la seconde même où elle prononça cette phrase qui ne pourrait jamais plus être effacée, où elle le serra dans ses bras, elle se sentit fautive. Avait-elle le droit de se montrer aussi directe ? Comment allait-il le prendre ? Et si il la considérait comme une femme de petite vertu ?
Confuse, elle s'excusa, rougissante, consciente d'être allée trop loin.
Alors, il la serra contre elle, geste auquel elle ne s'attendait pas du tout. Il ne dirait rien... Visiblement, il avait compris ses tracas. Ce fut comme si un poids de plusieurs kilos lui avait été enlevé des épaules. Elle regarda Armando, reconnaissante et lui adressa un sourire à mi-chemin entre la gêne et le soulagement.


- Merci...

Il l'embrassa alors sur le front, avec une tendresse qui lui seyait à merveille, ce qui eut pour effet de faire rougir la jeune femme jusqu'aux oreilles. C'était la première fois que les lèvres de l'agent rentraient en contact avec sa peau.... Une sensation à la fois grisante et rassurante. Comme elle se sentait bien dans ses bras ! Jamais elle ne s'était autant sentie en sécurité depuis la mort de ses parents...
Elle acquiesça quand il lui intima de dormir et ferma les yeux. Cette fois-ci, Morphée l'accueillit à bras ouverts et elle glissa dans le sommeil avec une facilité déconcertante bien qu'elle tâcha de s'éloigner un peu d'Armando en premier lieu. Pas une fois pendant la nuit elle ne se réveilla, trop éprouvée physiquement par la journée qu'ils venaient de vivre. Son sommeil fut lourd mais régénérateur, sans aucun rêve. Le matin, elle ne s'éveilla pas tout de suite mais le soleil qui commençait à percer à travers les rideaux la tirait progressivement de son sommeil. Cependant, l'agent accéléra le processus en la secouant un peu.

Elle papillonna des yeux et mit plusieurs longues minutes à émerger. Quelle heure était-il ? En baillant discrètement, l'Alchimiste s'étira et se redressa un peu dans les coussins, faisant dépasser son pied de la couverture. L'Alchimiste fronça les sourcils en la voyant;elle avait oublié ce détail pour le moins gênant.
Alors qu'elle allait enlever elle-même la serviette, Armando se proposa pour examiner l'articulation, soulevant le tissus avec prévenance.


- Faites donc...

Lui dit-elle avec un sourire.
Elle grimaça un peu lorsqu'il frotta sa peau engourdie. Il ne lui avait pas vraiment fait mal mais la sensation restait éminemment désagréable. Elle espérait que le médecin pourrait faire en sorte que la plaie soit réduite d'ici demain, boitiller pendant leur enquête n'allait pas être très pratique.
Mais bien vite, elle se détendit et laissa sa cheville aux bons soins de l'Italien si doux et prévenant. Elle le couvait du regard, du haut du lit, avec une lueur d'attendrissement dans les yeux. C'était un homme vraiment remarquable...

Comme en écho à ses pensées, les mains de l'agent quittèrent son pied pour glisser sur ses mollets fins, en une caresse qui surprit la jeune femme. Elle n'esquissa cependant aucun geste pour se dérober, figée par sa gêne mais aussi par les frissons qu'elle ressentit quand il commença à toucher sa peau. Était-il possible qu'elle lui plût à ce point ?
Docile, elle le laissa remonter sur son genoux, les pupille dilatées et les joues rosies. Qu'allait-il se passer ensuite ?
Ce fut à ce moment qu'elle arrêta de réfléchir et apprécia tout ce qui se dégageait de cette caresse. Lorsqu'il monta sur le lit pour se poser au-dessus d'elle, elle posa délicatement ses mains sur ses épaules, encore hésitante. Il avait l'air si doux, si tendre... Son regard se perdit dans le sien après avoir fait le contour de son visage soudain rajeuni.
Elle ferma les paupières lorsque leurs lèvres se rencontrèrent avec une douceur exquise. La jeune femme s'abandonna à cette étreinte et osa serrer un peu plus l'homme dans ses bras. C'était la première fois qu'elle vivait un tel moment, son cœur battait à toute allure dans sa poitrine, seulement dissimulée par un tissus de coton un peu épais.
Elle le laissa faire lorsqu'il l'embrassa sur le visage et le cou, caressant délicatement son dos musclé, respirant sa peau, savourant le moindre contact.
Cependant, lorsque la main de l'agent rencontra sa cuisse, un doute l'envahit insidieusement. Qu'était-elle en train de faire ? Elle ne connaissait Armando que depuis quelques jours et déjà... déjà elle avait de tels contacts avec lui ?! Elle se comportait comme une vraie fille de joie ! Où était passée sa dignité de femme ?
Armando de son côté, dût penser la même chose car il s'arrêta net et se redressa. Véronica remit précipitamment ses mains le long de son corps, honteuse.
Oui, il avait raison, ils étaient en train de faire une énorme bêtise...
Le pauvre agent semblait bien gêné et elle essaya de lui faciliter la tâche en finissant sa phrase, d'une voix serrée par le remords et la culpabilité.


- Nous devrions nous habiller...

Il s'excusa et se releva avant d'aller à la fenêtre. Véronica ne dit rien et se releva avec un peu de peine, prenant soin de retirer convenablement les couvertures. Elle s'assit ensuite sur le matelas et démêla ses cheveux avec ses doigts avant de les attacher avec un vieux ruban qu'elle avait emporté.
Pendant ce temps, il avait remit sa chemise et ses bottes avant de s'adresser à elle d'un ton aussi rigide que celui qu'elle lui connaissait. Toujours égal à lui-même, comme si rien n'était jamais arrivé.
Il lui exposa le planning de leur journée et lui conseilla de s'habiller avant de descendre manger un petit déjeuner. La jeune femme rentra dans le jeu de l'agent et repris elle aussi son ton habituel, volontaire et enjoué. Elle parvint même à esquisser un sourire et se leva pour aller prendre ses affaires.


- Oui, je serai descendue d'ici cinq minutes !

Pendant qu'elle s'habillait, la jeune femme ne cessa de se poser des questions. Qu'est-ce qui l'avait poussée à se donner aussi facilement à Armando ? Comment avait-elle pu se montrer aussi familière ? Ils ne se connaissaient pas, jamais ils n'auraient dû avoir à faire l'un avec l'autre !
Elle ne pouvait nier qu'il exerçait une forte attirance sur elle. A bien y réfléchir, elle ne lui trouvait aucun défaut. Il était beau, fort comme un lion et intelligent. De plus, il était très ouvert, visionnaire, contrairement à la plupart des hommes de son époque mais surtout tendre et à l'écoute des autres. Comment aurait-elle pu lui résister alors que depuis la mort de ses parents elle cherchait une présence masculine pour combler le vide d'autorité et de tendresse qui s'était installé dans sa vie ?
Mais tout était allé bien trop vite, elle s'était vraiment comportée comme la dernière des catins. Armando devait la tenir en bien basse estime à présent, Dieu qu'elle avait honte !

Une fois prête, elle descendit prendre son petit déjeuner avec l'agent. Ils ne se dirent rien mais elle sentait bien qu'un malaise s'était installé. Elle récoltait ce qu'elle avait semé...
Honteuse, elle évita le regard de l'homme, autant qu'il évitait le sien. Ce fut dans un silence pesant qu'ils s'installèrent dans le cab et qu'ils s'éloignèrent de l'East End.

Dans la voiture, Véronica titillait les fils de laine qui s'échappaient de son châle, la tête penchée en avant. Si seulement elle avait pu empêcher ça ! Qu'est-ce qui l'avait aveuglée à ce point pour qu'elle s'égare de cette manière ?
Mais la question qui la travaillait le plus était bien ce qu'Armando pensait d'elle en cet instant. Il était renfrogné, la mine sombre... Lui en voulait-il ? Etait-il en colère ? La jeune femme n'osait rien dire et ce fut finalement l'agent du Yard qui brisa le silence.

Elle se redressa lorsqu'il l'interpella, à l'écoute de ses moindres paroles. Enfin elle allait savoir...
Mais finalement, il ne fit que s'excuser de l'enquête qui commençait à prendre une tournure des plus désastreuses. C'était vrai en soit mais la jeune femme n'avait pas espéré ces paroles de la part de l'agent. Elle cacha cependant sa déception à merveille et hocha la tête.


- Armando, vous n'êtes pas responsable de ce qui s'est passé au cours de ces derniers jours. Vous ne pouviez pas prévoir les affreux événements de la veille, pas plus que ce coup de feu au parc. Je n'ai pas à vous pardonner, vous n'avez rien à vous reprocher...

Elle essaya de capter son regard pour essayer d'y lire une quelconque trace d'émotion mais il tourna son regard vers l'extérieur. Il l'évitait... C'était triste pour elle, qui se sentait déjà plus que mal d'avoir fauté avec cet homme qu'elle tenait en si haute estime. Le regard de l'Alchimiste se reporta sur son châle et elle ne releva la tête que lorsqu'elle l'entendit inspirer comme pour parler à nouveau.

Comme elle l'espérait, il lui parla de ce matin. Mais au lieu de lui dire qu'il l'excusait, de s'être montrée si peu réservée, il se posa lui-même en coupable et lui demanda des excuses. Véronica ouvrit la bouche sans qu'aucun son ne puisse en sortir, déconcertée. Il ne savait pas ce qui lui avait prit... Était-ce possible qu'il s'imagine lui aussi responsable ? Ou bien est-ce qu'il jouait là simplement la carte de la mondanité pour éviter de lui assener tout le dégoût que son attitude lui avait inspiré ? De cela, elle doutait beaucoup. Armando avait beau être le plus aimable des hommes, elle l'imaginait mal mentir sur un sujet aussi sérieux.
Alors, si la culpabilité pesait sur ses épaules autant qu'elle pesait sur les siennes, il devait probablement lui aussi attendre un pardon... Pardon qu'elle lui donnerait au demeurant bien volontiers. Après tout, il ne l'avait pas forcée et elle rougit en réalisant qu'elle avait peut-être voulu ce qui s'était passé ce matin.


- Armando, vous... vous êtes tout excusé. Je sais bien que nous avons manqué cruellement à l'étiquette. Vous n'êtes pas le seul fautif dans cette histoire et j'espère que vous aussi, vous me pardonnerez ma familiarité... Je saurais rester à ma place à l'avenir, n'ayez crainte.

Voilà, c'était dit. Ils avaient maintenant dévié de chemin pour retourner à l'Albany pour revêtir des tenues correctes. Elle ne parla plus pendant le trajet qui fut, somme toute plutôt court. Véronica vérifia machinalement que tout était en place dans sa sacoche et scruta elle aussi le paysage en attendant.

Lorsqu'ils descendirent, les rues étaient encore relativement peu fréquentées et ils purent remonter dans leur suite sans croiser une personne qui aurait pu être alertée par leurs tenues dépenaillées. Une fois à l'intérieur, l'Alchimiste passa dans la salle d'eau pour prendre un bon bain et enlever la crasse qui s'était incrustée dans tous les pores de sa peau. Elle fut relativement rapide et sortit de la pièce en moins de 10 minutes pour se diriger vers sa chambre afin de choisir une tenue plus adéquate que les guenilles qu'elle avait renfilé pour éviter d'avoir à traverser la pièce à vivre en peignoir.
Une fois isolée, la jeune femme ouvrit sa valise et choisit une robe d'un vert sombre sans prétentions au niveau de la coupe, mais qui faisait admirablement ressortir ses yeux.

Elle laissa ses guenilles dans un coin et enfila des sous-vêtements et une chemise de dessous qui convenaient mieux à une bourgeoise. Enfin, elle fut heureuse de quitter ses bottes à moitié décollées pour des bottines de cuir confortables, bien qu'elle eut un peu de mal à les enfiler en raison de sa cheville.
Pour finir, Véronica s'empara d'un peigne et d'aiguilles avant de se diriger devant la glace. Elle coiffa ses cheveux en un chignon serré qui, pour une fois, ne laissait aucune mèche folle retomber autour de son visage. Elle allait au Scotland Yard que diable !
Plus que jamais, il fallait qu'elle ressemble à la jeune femme respectable qu'elle aurait toujours dû être. Elle replaça ses lunettes sur son nez et soupira avant de pénétrer dans le salon.

Elle était arrivée à se composer une expression naturelle, comme si rien ne s'était passé. Elle était à nouveau Véronica Newburry l'Alchimiste d'état. L'escapade dans l'East End, l'étreinte sensuelle qu'ils avaient eu ce matin... Tout cela serait relégué à l'état de souvenirs, bons ou mauvais.


-Bien, en route pour Scotland Yard...

[HRP/ Fin du RP de Véronica, suite au Scotland Yard (à venir sous peu ! ) /HRP]


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