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Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42]

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Marine Desmuguets
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Marine Desmuguets
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MessageSujet: Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Icon_minitimeDim 10 Nov - 15:40

[HRP/ De retour du post "Attentat aux moeurs"/HRP]

Non loin de St James' Square, dans une petite ruelle sombre, passait une ombre encapuchonnée. D'après sa démarche, c'était une femme pressée d'atteindre son objectif. Rien de bien étonnant à pareille heure puisque l'on avoisinait les 21h et qu'il était évidemment peu recommandée pour une femme d'errer seule dans la capitale en semblable période. Néanmoins, l'on pouvait se demander ce qui l'amenait justement là...Un fiacre venait de la déposer quelques rues plus loin avant de la laisser s'éloigner avec discrétion. Il fallait être un expert pour reconnaître la jeune personne dans un tel environnement. En effet, aucun lampadaire n'éclairait la scène et, hormis le square, tout était dans le noir. Couverte d'une cape à lourde capuche gonflée, l'inconnue dissimulait son visage dans l'obscur tissu. Seule sa main gantée dépassait de son manteau pour en maintenir les deux pans disjoints. Son pas, rapide et pourtant hésitant, frappait légèrement les pavés rongés d'humidité.

*Il faut que je me dépêche, je vais être en retard* songeait-elle alors.

C'était Marine Desmuguets, jeune noble d'origine française résidant à Londres depuis trois ans. Elle était connue des salons pour sa beauté, son charme, son intelligence et son accent. Elle avait des parents aimables et attentionnés restés en France et qui lui écrivaient régulièrement. C'était une femme qui s'intéressait à la science, ce qui pouvait être fort mal perçu pour son sexe et son statut, mais c'était également une personne discrète, humble et sans histoire, du moins en apparence, et on lui passait ainsi quelques réflexions qui pouvaient paraître masculines ou déplacées tant son bon maintient et son élégance en effaçait les âpres senteurs. Marine était désirable et désirée, sa fortune et son teint attiraient les nobles désargentés qui arpentaient les salons et jouissaient de sa compagnie, elle était fine, perspicace, aimable et bien faite. C'était aussi une jeune femme avisée et sauvage, bien éduquée, franche et courtoise.

Que faisait-elle donc dans pareil endroit ? Pourquoi ce pas de voleur ?

En vérité, loin d'être parfaite, Marine avait récemment contracté des problèmes. Mais ce n'était pas le genre de problème que n'importe qui pouvait connaître. C'était une histoire de meurtre, de phénomène étrange, de magie...Marine en était réellement traumatisée.
En effet, elle avait rencontré des Vampires et cette découverte lui avait retourné le cœur et la tête à tel point que c'était la première fois qu'elle sortait de chez elle en un mois. Elle avait fait courir le bruit qu'elle était tombée cruellement malade afin de n'avoir pas à se justifier d'avantage en public mais la dure vérité était bien plus terrible qu'une grippe ou une simple varicelle...La jeune femme était horriblement retournée de ce qu'elle avait vu et elle ne s'en remettait toujours pas. Pendant des semaines elle s'était morfondue, elle avait pleuré, hurlé, cessé de manger et elle avait désespéré dans la plus terrible des peurs. Les crocs pointus des créatures qu'elle avait rencontrées la hantaient jour et nuit. Leurs terrifiants pouvoirs également. Rien n'était humain, à part leur apparence, quoiqu'ils ressemblaient à des morts, rien n'était du moins rationnel dans leurs façons d'agir, de parler, de jouer avec elle...Non...Elle n'avait réussi à retrouver le sommeil qu'à coups de narcotiques que sa fidèle Elize, sa suivante, lui avait concocté...

Et puis, complètement dépassée par les événements et son propre dépérissement, elle avait fait appel à Suzie, une amie fidèle. Cette dernière était accourue et l'avait soutenue comme elle avait pu sans pourtant avoir en main toutes les clés de son histoire. Marine avait effectivement évité la mention de Vampires, en lui confiant seulement qu'elle avait été agressée par des tueurs. Suzie avait tenté de la calmer mais Marine lui avait fait part de son impression qu'ils avaient utilisé de la "magie", aux risques de passer pour une folle. Suzie avait eu un peu de mal à accepter cette idée-là mais elle lui avait confié que son oncle et sa tante croyaient en la magie et qu'ils allaient justement voir un jeune homme capable de réveiller les morts pour entendre une dernière fois sa cousine morte quelques jours plus tôt.


- Réveiller les morts...? Avait murmuré Marine incrédule. Comment ? Et pourquoi ?

Suzie avait simplement répondu que pour elle tout ceci n'était que superstitions et charlatanisme, que son oncle était fou et aveuglé par la douleur, mais aussi que c'était la seule piste qu'elle avait concernant une forme de magie, hormis les cabarets où les illusionnistes se faisaient de plus en plus nombreux. Marine, après de sincères condoléances, lui avait demandé l'adresse de son oncle et de sa tante et elle s'était arrangée avec eux pour être présente à leur séance de spiritisme. Elle doutait grandement que l'homme en question puisse l'éclairer quant à son problème et qu'il puisse ou accepte de répondre à toutes ses questions, mais elle n'avait plus le choix : sa santé en dépendait maintenant. Déjà ses joues étaient plus creusées et ses corsets serrés plus fortement d'un centimètre...Elle avait besoin de savoir...Avait-elle rêvé cette soirée ou avait-elle réellement assisté à  une scène surnaturelle ?

Ce soir, elle rejoignait donc la demeure de Mr et Mme Haemford, près de St James' Square, en toute discrétion, pour assister à une cérémonie, ou du moins une séance de spiritisme, censée réveiller ou appeler l'esprit de leur fille, la jeune Mademoiselle Jenny Haemford, décédée quelques jours plus tôt d'une noyade dans la Tamise suite à un malheureux accident sur les quais, une histoire de cordage et de glissade...Peut-être un meurtre.

Arrivée devant la grande grille de fer de la demeure des Haemford, Marine sonna et un majordome vint lui ouvrir avant de la conduire à l'intérieur. Elle fut accueillie par l'oncle et la tante de Suzie avec courtoisie et angoisse : l'homme devait arriver d'une minute à l'autre. C'était des gens de la petite aristocratie, décadente, certes, mais néanmoins toujours riche. L'homme portait un costume noir avec jaquette et veste ajustée, la femme une robe à crinoline mauve bordée de dentelle noire. A côté d'eux, Marine allait passer pour une bourgeoise tant sa robe était simple. Blanche, bordée de dentelles entre le saumon et le pêche, elle était légèrement gonflée par une petite crinoline sans envergure. Quelque peu échancrée, elle laissait voir une partie de ses épaules, ce qui avait nécessité un petit châle brun qu'elle avait glissé sous sa cape.
Sage et muette, Marine les salua, les remercia et les suivis dans la pièce où devait avoir lieu la séance. Elle était petite, parfaitement carrée, entourée de quelques étagères de livres, confinée, étouffante et sombre. Seules quelques bougies autour d'un corps étendu sur une table permettaient de distinguer le mobilier et les yeux des personnes présentes. Marine fut prise d'un haut le cœur en voyant le cadavre de la fille étendu ainsi à la vue de tous. Elle était vêtue d'une robe blanche et son visage paraissait paisible, quoique glauque et légèrement gonflé. Ses mains étaient posées en croix sur sa poitrine et des fleurs, blanches elles aussi, gisaient avec elle. Marine souleva sa capuche, libérant ses longues boucles noires. Elle ne portait aucun bijoux, aucun ornement et sa cape s'ouvrait sur une robe presque plus sobre que celle que portait la morte. Les lèves pincées, elle s'agenouilla pour réciter une prière aux morts puis elle s'assied sur une chaise qui lui était apparemment réservée. Enfin, elle attendit, les mains jointes sur ses genoux, la suite des événements. Elle avait chaud.

Soudain, entra un jeune homme. Il devait avoir quelques années de plus que la pauvre Jenny, environ 24 ans, comme elle-même. Il était vêtu d'un costume noir lui aussi et son visage était balayé par l'inquiétude. Il lui sourit brièvement et lui fit un baise-main en se présentant : c'était Steve Haemford, le frère aîné de Jenny. Puis, silencieux, il s'assied sur une chaise et attendit à son tour. Marine songea qu'ils devaient donc être quatre en tout à assister à cette séance : le couple Haemford, leur fils et elle-même. Le majordome et l'ensemble du personnel resterait en dehors de cela, c'était une histoire trop privée pour les accepter ici. Marine n'avait été accueillie que par demande de Suzie et sous serment de n'en parler à personne...

Le regard de Marine revint sur le cadavre au milieu de la pièce. L'angoisse et la honte la prirent. Que faisait-elle ici ? Ces gens n'avaient pas besoin de sa présence dans pareil moment. C'était égoïste de se servir de leur malheur pour trouver des réponses à ses questions. Face à la jeune fille, elle culpabilisait. Sortant son éventail de dentelle blanche, Marine s'aéra un peu le visage. Cette pièce était décidément étouffante.
Steve se racla la gorge et toussa. Cela fit l'effet d'un cor de brume au milieu d'une forêt endormie. Marine faillit sursauter. Mme Haemford revint alors et s'assied à son tour. Son visage était marqué par la tristesse et elle tenait dans ses mains un mouchoir de soie.


- Il va bientôt arriver...Mon mari va l'accueillir. Fit-elle comme pour justifier l'attente. On m'a dit que c'était un homme charmant.


Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Marine10

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Dernière édition par Marine Desmuguets le Jeu 28 Nov - 12:50, édité 2 fois
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Nathaniel de Miran
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MessageSujet: Re: Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Icon_minitimeSam 23 Nov - 12:41

[HRP / Premier RP de Nathaniel /HRP]

C'était une nuit noire et humide, comme il les appréciait. La pluie commençait tout doucement à s'abattre sur la ville, quand à l'orage, il était annoncé et n'allait plus tarder à éclater, faisant ainsi vibrer sous ses assauts tonitruant, le ciel londonien, ajoutant par là-même, la touche finale à la petite mise en scène qu'il avait si habilement orchestré. Quelle plus belle nuit aurait-il pu rêver pour une séance de spiritisme ?
Il avait lui-même choisi cette date précise pour organiser cette séance qui devait avoir lieu chez les Haemford. Il avait imposé cette date, en leur faisant croire que ce soir-là, était le soir idéal pour invoquer l'esprit de la défunte, et qu'une telle opportunité, ne pourrait se représenter avant longtemps. Il n'est rien de plus facile que de manipuler les nobles trop crédules, prêt à gober n'importe quelles sornettes, pour voir leurs espoirs se réaliser.
Toutefois, il n'avait pas mentit sur un point : cette nuit, était la nuit idéale, et pour cause. Une tempête s'approchait, il n'était pas difficile de prévoir qu'un orage allait éclater, or, quoi de mieux pour accompagner la venue d'un esprit que le tonnerre qui gronde au dehors ? Déchirant le ciel nocturne de ses éclaires, et tonnant face à ses hérétiques, qui de part leurs actes, encouraient la colère de Dieu. Nathaniel ne put réprimer un sourire moqueur à cette pensée. Lui qui aimait les mises en scènes parfaites, allait ainsi pouvoir donner la pleine mesure de son talent à un tout nouveau public et ainsi offrir à la famille Haemford un spectacle à la mesure de leurs attentes.

La famille Haemford souffrait du décès tragique de leur fille adorée, survenu à peine quelques jours plus tôt. Officiellement, la jeune fille s'était accidentellement noyée en tombant dans la Tamise alors même qu'elle se trouvait sur les quais. Que faisait donc une jeune femme de sa condition sur les quai ? Officiellement, elle était venue assister à l'inauguration d'un nouveau géant des mers, qui avait pu voir le jour grâce au financement de son riche fiancé, un parvenu du nom de McAllister. Mais comme chacun le sait, la vérité était toute autre et soigneusement enfui, tel un secret honteux que l'on chercherait à dissimuler à tout jamais. Obligée à un mariage qui lui faisait horreur avec ce bourgeois de vingt ans son aîné, la jeune fille aurait choisi de mettre fin à ses jours, préférant ainsi risquer de jeter l'aprobe sur sa famille que de conforter leur position social. Stupide péronnelle ! Mettre ainsi fin à sa vie pour une simple question de mariage, il n'y avait vraiment que les pauvres petites filles riches qui ignoraient tout de l'existence, pour agir aussi stupidement. La vie n'était pas un conte de fée et le prince charmant n'existait pas ! Tout ceci n'était qu'une vaste supercherie, alors donner sa vie pour une chimère n'était-ce pas là pathétique ?
Le père n'était pas en reste ! Lord Haemford, était issu de la riche aristocratie, mais, comme la plupart des nobles, il n'avait plus que son nom et son titre, pour faire illusion. Tous l'ignoraient, mais les caisses étaient vides depuis fort longtemps et il comptait sur le mariage entre la famille Haemford et McAllister pour sortir de ce marasme financier et mener à nouveau ce train de vie qui commençait à leur faire défaut. Un mariage qui satisfaisait ainsi les deux parties. D'un coté, les Haemford pourraient garder leur train de vie mondain, et les McAllister gagnaient un titre. Malheureusement pour eux, tous leurs beaux projets venaient de disparaître en fumé en même temps que celle qui aurait du leur ouvrir les portes du paradis.
Un sourire moqueur s'afficha sur les lèvres de Nathaniel. Relativisons, les caisses des Haemford n'étaient pas si vides que ça, puisqu'ils avaient encore les moyens de s'offrir ses services. D'ailleurs, le médium s'était octroyé un petit supplément. Non pas que le service demandé apportait une quelconque difficulté, bien au contraire, puisque Nathaniel n'avait aucunement l'intention d'utiliser ses véritables pouvoirs pour « ça », disons simplement qu'ainsi, ce stupide noble payait sa tranquillité d'esprit et entendrait ce qu'il aurait envie d'entendre.
Si l'homme avait fait appel au plus populaire des médiums ce n'était pas pour savoir si sa fille connaissait les tourments de l'enfer, ni même pour lui faire communiquer un quelconque message post-mortem incluant ses regrets. Non, tout ce qui intéressait notre homme, était qu'elle ne lui en veuille pas, qu'elle lui ait pardonné et qu'elle ne le précipite pas en enfer par une quelconque vengeance ! Le noble Seigneur ne voulait pas aller en enfer ? Il payerait donc chèrement sa place au paradis et sa tranquillité d'esprit.

Ce soir, Nathaniel avait donc troqué son habituel thobe qui faisait ressortir son teint halé, pour un strict et sombre costume noir. Faisant voler sa longue cape anthracite derrière lui, il posa son chapeau haut de forme sur sa tête, et de sa main ganté, en parfait gentleman qu'il était, s'empara de sa canne. Puis, il descendit les escaliers jaune en onyx de l'hôtel particulier Albany, qu'il louait depuis déjà presque un mois, et qu'il comptait bien conserver encore quelques temps.
Face à l'entrée, l'attendait un fiacre ou avait été chargé ses affaires ; des pièces indispensables pour toutes séances de spiritisme.

Durant le trajet qui le mena de ses appartements privés à St James' Square, le médium observa le paysage de la ville nocturne défiler sous ses yeux, sans réellement le voir, bien trop plongé dans ses propres pensées pour s'en préoccuper. Lorsque enfin le fiacre s'immobilisa finalement, Nathaniel comprit qu'ils venaient d'arriver. Un valet de pied vint lui ouvrir la porte et il descendit de voiture tout en exigeant qu'on lui porte ses affaires dans la demeure. Un sourire légèrement carnassier se dessina sur son visage lorsqu'il sentit la pluie s'abattre sur sa personne bien plus violemment que lorsqu'il avait quitté son hôtel. Pile à l'heure, tout était prêt, le spectacle allait pouvoir commencer. Abrité par un parapluie, que le valet tenait, ils pénétrèrent dans la riche propriété, qu'il avait déjà eut l'occasion de visiter cette après-midi même, après avoir rendu une petite visite privé à madame. On le débarrassa de ses affaires, canne, chapeau et cape, alors même que deux autres valets transportaient ses affaires. Nathaniel nota dans leurs gestes, et surtout à l'expression de leur visage, une certaine appréhension, comme si ces objets qu'ils étaient contraint de transporter avaient appartenu au diable lui-même. Craignaient-ils d'être maudits par quelques obscures esprits ? Un fin sourire moqueur se dessina sur ses lèvres, tels maîtres, tels domestiques. Il les suivit et rejoignit ainsi la pièce ou toute la famille Haemford était à présent réunie. Ses petites pratiques étant interdites par l'Eglise, il n'était pas recommandé pour quiconque souhaite y avoir recours, de faire ça à la vu et au sus de tous. La séance de spiritisme allait donc se dérouler en petit comité, dans ce qui semblait être le salon privé du couple. Seul la famille de la défunte avait été convié. Il y avait en tout et pour tout 5 personnes. Les parents, le frère aîné, venu sans son épouse, qui était sûrement dans l'ignorance de ce que son mari s'apprêtait à faire, et,... tiens donc. Qui était cette délicieuse et jeune personne qui se tenait là dans cette élégante robe saumonée ? Contrairement aux autres membres de la famille, il n'avait encore jamais eut le plaisir de la rencontrer. Un châle brun recouvrait ses frêles épaules dénudée à la peau laiteuse. Etait-elle une cousine éloignée ? A moins que la jeune épouse de Steve Heamford ne soit finalement de la partie... Si tel était le cas, heureux homme.

Qui qu'elle fut, elle n'était pas pour déplaire au célèbre médium.
Il se dégageait à la fois beaucoup de noblesse, mais aussi de fragilité de sa personne. Pourtant son regard azuré  laissait entrevoir une certaine force de caractère. Des lèvres charnues, une silhouette généreuse et avenante. il ne pouvait qu'imaginer la douce texture que devait avoir sa peau rosé et parfaite. Elle était à l'image même de ses nymphes idéales, généreusement belle et envoûtantes, que les artistes peintres se plaisent à dessiner sans toutefois jamais parvenir à incarner l'essence même de cette perfection. S'ils l'avaient eut pour modèle, nul doute qu'elle aurait fait chavirer bien des coeurs, et qu'ils l'auraient fait poser nue dans des poses qui se voulaient lascives et sensuels et comme de bien entendu, ils seraient tombés amoureux de leur muse. Elle aurait incarné la nouvelle Venus, reléguant celle de Boticelli à un idéal féminin d'une époque clairement révolue. Un poète aurait tout aussi bien pu lui aussi s'emporter de passion et lui dédier toute une ode qu'il aurait consacré à son unique beauté.
Ne s'étant que trop attardé, sur la jeune beauté ici présente, et conscient de frôler l'inconvenance, il se tourna vers la maîtresse de maison qu'il gratifia d'un baise-main et d'un sourire charmeur.

- Madame, mes hommages.

La femme opina visiblement flattée, puis, elle fit signe à Marine de s'avancer

- Vous connaissez déjà Steve, mon fils, les présenta-t-elle, et voici Lady Desmuguet, une parente éloignée.

Voilà bien un grossier mensonge, mais qui avait au moins le mérite de justifier la présence de la jeune fille en ces lieux. Nathaniel se tourna vers elle, et s'inclina tout en la gratifiant à son tour d'un chaleureux baise-main.

- C'est un honneur. "Des muguets" ? Prononça-t-il à la française. Nul nom n'a jamais été aussi bien porté.

Nathaniel se releva et ses yeux émeraudes se posèrent sur le cadavre qui trônait dans la pièce. Des long cheveux blonds très pale, presque blanc, encadraient son joli visage qui semblait paisiblement endormi. Elle était vêtue d'une robe blanche style empire, et ses petits bras reposaient sur sa poitrine. Telle une Ophélie emportée par les eaux, elle était allongée dans un lit de fleurs aussi blanc que son linceuil. La belle semblait attendre paisiblement que son prince charmant vienne enfin déposer un chaste baiser sur ses lèvres bien pales. Un baiser qui cependant ne la réveillerait plus jamais.
La belle Lady avait bien du mal à dissimuler l'effroi que lui inspirait la vision de ce cadavre dans la pièce. Nathaniel, pour sa part, trouvait cela risible. Il avait pourtant expliqué au couple Haemford qu'il n'avait nul besoin du corps de la jeune fille pour invoquer son esprit, mais comme tout noble de leur condition, ils n'en n'avaient fait qu'à leur tête. Qu'espéraient-ils ? Qu'elle se lève de son cercueil et qu'elle vienne les embrasser dans une dernière étreinte glacé avant de pouvoir enfin goûter au repos éternel ?
Nathaniel s'avança vers le centre de la pièce où il installa lui-même une sorte d'autel. Dans un geste théâtrale, aussi élégant qu'exagéré, il retira la nappe qui recouvrait le petit guéridon qu'il avait fait porter, laissant ainsi apparaître une petite table ronde sur laquelle était dessiné un pentacle. En son centre, il y installa une boule de cristal et un peigne ayant appartenu à la défunte. Les maîtres de maison eurent un mouvement de recul inquiet, et simultané.

- Pour cette séance, j'ai préparé un trépied en bois d'olivier, orné d'un pentacle. En son centre une boule de cristal et un objet ayant appartenu à la défunte. A présent, si vous voulez bien vous avancer.

D'un geste de la main, il invita les personnes présentent à le rejoindre autour de la table. Tous obéirent en s'avançant d'un pas mal assuré vers ce modeste mais pourtant si impressionnant guéridon, qui semblait déjà tous les impressionner. Que les nobles étaient superstitieux ! Un rien suffisait à les troubler ! Ils avaient perdu de leurs superbes, eux, si arrogants, qui étaient tout excités à l'idée de faire quelque chose d'interdit. Dire que cela ne faisait que commencer...
Des bruits de pas se mirent à résonner et la porte s'ouvrit avec fracas. Toute la petite assemblé déjà fébrile se retourna d'un même mouvement pour voir apparaître un jeune homme encore essoufflé par la course qu'il venait de faire.


- Charles ? S'exclama la noble

- Puis-je.. puis-je me joindre à vous demanda-t-il haletant, penché vers l'avant, les mains posés sur ses genoux

- Charles Haemford, le cousin de la défunte, le présenta le père, et... sa jeune soeur, Elisa rajouta-t-il en apercevant la jeune femme apparaître

Cette dernière avait un joli visage encadré par de parfaites anglaises rattachées par un ruban de soie blanc, et laissant apparaître une magnifique paire de boucles d'oreilles en perles nacrés assorties à son collier. Elle portait une robe blanche à froufrou très évasé, dont le bustier décolleté laissait apparaître la courbe ses épaules et de sa nuque.
Madame de Haemford fronça les sourcils de désapprobation en voyant apparaître l’audacieuse dans cette tenue


- Et bien Madame, où sont donc passé vos habits de deuil ?

- Le noir n'est guère une couleur qui sied à mon teint, minauda-t-elle. De plus, la période de deuil imposé a enfin prit fin aujourd'hui, vous ne m'en voudrez pas très chère, d'avoir aussitôt relégué mes vêtements de deuil dans ma penderie, après une semaine de supplice.

Le médium arqua un sourcil suspicieux, mais ne vit aucune raison de les refuser dans le cercle. En guise de réponse, Nathaniel leur fit signe de se joindre à eux. L'homme le gratifia d'un signe de tête, et se plaça entre la délicieuse Melle Desmuguets, Elisa, et le frère de la défunte

- Donnez-vous tous la main. Bien, nous pouvons commencer. Je vous en prie, veuillez ne pas faire de bruit et ne pas lâcher vos mains tant que l'esprit que j'aurai invoqué sera parmi nous. Sinon, je ne garantis rien de ce qui pourrait se produire. La séance est ouverte !

Qu'avons nous là ? Un couple de noble si crédule, qu'il pourrait s'effrayer en apercevant leur propre ombre. Ils étaient de toute évidence tourmenté par la disparition tragique de leur fille adorée. Ou peut-être serait-il plus pertinent de dire, par la perte d'un avenir qui leur aurait assuré tout le confort que cette dernière aurait pu leur offrir, si elle avait consenti a épouser l'homme qu'ils lui avaient choisi au lieu de mettre stupidement fin à ses jours. La mort lui semblait donc plus attrayante que cet homme, qui, à ce que l'on disait, avait deux fois son âge ? Pauvre idiote ! La mort était la fin de tout, un mariage ce n'est qu'un compromis avec lequel il est toujours possible de s'arranger !
Toujours est-il que ses parents avaient fort mauvaises consciences et craignaient un retour de bâton... étrange. Juste pour un mariage arrangé ? Ne cachaient-ils pas autre chose ? Nathaniel devait reconnaître que ça l'intriguait, et pour peu, invoquerait bien l'esprit pour satisfaire sa curiosité, mais à quoi bon de toute manière ! Les squelettes cachés dans les placards de ces nobles ne l'intéressaient aucunement ! Seul comptait leur argent ! Et s'ils étaient prêt à se faire plumer pour avoir bonne conscience, Nathaniel se ferait un plaisir de les exaucer !

Il y avait aussi le frère aîné, Steve, qui était visiblement très proche de la défunte et dont la mort semblait réellement l'accabler, à moins que ceci ne cachait en réalité, un poids bien trop lourd  à porter sur la conscience ?

Il n'oubliait pas Charles, ce grand gaillard, un cousin, que Nathaniel n'aimait guère. Derrière son allure un peu niaise, au regard faussement complaisant, il avait tout le profil du parfait petit arriviste. Parfaitement accouplé à sa soeur Elisa, qui affichait ouvertement son méprit envers la défunte. Prétentieuse et hautaine, elle faisait partie de ces petites précieuses que Nathaniel exécrait au plus haut point.

Et pour finir et non des moindre, il y avait cette femme, à la prestance et au charme indéniable. Incontestablement, la personne qui lui paraissait la plus intéressante de ce petit groupe de bourgeois. D'apparence, elle avait tout, de ces jeunes nobles, venues pour expérimenter l'interdit, tout en étant terrifiée par ce qu'elle pourrait y découvrir. Malgré tout, il s'échappait d'elle quelque chose de particulier, un esprit curieux et intelligent. Il la soupçonnait d'être pleine de ressource et de surprise, et avait très envie de découvrir cela par lui-même.

Un éclaire zébra le ciel obscure de la nuit, illuminant soudainement dans un bruit de tonnerre, la petite pièce intimiste, qui jusqu'alors, était plongée dans une obscurité ambiante. Mme Haemford sursauta lorsque le tonnerre éclata violemment avant de pousser un petit cri strident. Cette vieille bique faillit rompre le cercle pour poser sa main dodue sur sa poitrine opulente, mais son mari l'en empêcha en maintenant fermement sa main dans la sienne. Il se sentait observé, scruté même avec intérêt curieux et grandissant, mais fort heureusement pour lui, Nathaniel n'était plus un novice, bien au contraire. Il était un maître dans son art et pouvait l'exercer avec plusieurs paires d'yeux braqués sur lui, sans se faire démasquer, à moins... d'être soi-même un maître dans l'art de la tricherie. Ne dit-on pas que seul un arnaqueur peut reconnaître un arnaqueur ? Il n'y avait là rien de plus vrai. Mais l'heure n'était pas à ses réflexions, il avait un travail à effectuer, et son public était prêt pour assister à sa représentation.

- Oh, toi, esprit de Lady Jennifer, apparaît en ce cercle, à la demande de tous tes proches qui désire te revoir une dernière fois.

La table se mit alors à trembler pendant que certains objets présents dans la place se mirent à se déplacer soudainement, comme si, l'appel de Nathaniel venait de réveiller quelques esprits frappeurs. Steven perdit de sa superbe, Mme Haemford était au bord de l'évanouissement, Mr Haemford quand à lui, jetait des regards inquiet comme si le spectre de sa fille allait soudainement surgir derrière lui pour, quand à Elisa, elle semblait au bord de l'évanouissement.

- Je le veux et l'exige, fit-il en posant son regard furtivement sur la mère, avant de glisser sur la belle Lady, apparaît devant nous

Un nouvel éclaire, des vibrations encore plus intense et soudain... l'obscurité totale. La lumière qui émanait des deux candélabres s'éteignit et le calme revint. Même s'il ne pouvait pas clairement les voir, Nathaniel imaginait très bien la réaction de ses hôtes. Tous devaient s'échanger des regards anxieux, en cherchant à comprendre ce qui venait de se passer. Puis, la voix de Jennifer se mit à résonner dans la pièce. Ce n'était pas sa petite voix fluette habituelle. Son intonation était différente, comme sortie d'outre-tombe

- Aaah...ah.... mes chers parents....  

- Jen... Jenny ? Bégaya le père surprit sous le regard satisfait de Nathaniel

- Pourquoi a-t-on troublé mon sommeil ? Pourquoi suis-je ici ?

- Lady Jennifer, Vos parents sont entrés en contact avec moi, afin que je les aide à communiquer avec  vous. Ils sont inquiets, et éprouve beaucoup de peine quand à votre disparition.

- Mes chers parents, je regrette sincèrement toute la peine que je vous ai causé.

- Jenny... s'étrangla son frère au bord des larmes

- Tu... tu ne nous en veux pas ?

- Vous êtes mes chers parents, même au-delà de la mort, comment pourrais-je vous en vouloir ? C'est moi qui regrette de vous avoir causé tant de peine.

- Ma petite fille...

Bien, les effusions de sentiments avaient assez duré, jugea Nathaniel, en levant le bras dans un mouvement ample prêt à faire disparaître l'esprit qu'il avait soi-disant invoqué.
C'est alors que Mme Haemford leva son regard vide en direction d'Elisa et de son frère. Là, il y avait un problème. Nathaniel le comprit instantanément. Jusqu'à présent, la maîtresse de maison avait parfaitement fait tout ce qu'il lui avait demandé sous hypnose. Les parents étaient libérés du poids qui alourdissait leur conscience, et lui, qui avait répondu à leurs attentes, allait repartir avec un bon paquet d'argent. Il n'était nul question de chercher véritablement à invoquer l'esprit de cette fille. Malheureusement, cette dernière sembla avoir été réceptive à ses préparatifs, et venait de se manifester.


- J'ai froid... Il fait froid... l'eau m'entraîne.... mes jupons sont lourds... je... je n'arrive pas à remonter à la surface. Pourquoi tu ne m'aides pas ? Demanda-t-elle à l'adresse de son cousin Charles.

Ce dernier avait violemment blêmit et ses membres tremblait de manière compulsive, puis Mme Haemford possédé par l'esprit de Jenny se tourna vers Elisa.

- Pourquoi... pourquoi m'as-tu poussé ?

Nathaniel jeta un regard inquisiteur sur les coupables. Ce n'était donc pas un suicide mais un meurtre ?

- Je....  je... n'ai rien fait voyons...

- Tu l'as laissé faire, accusa la malheureuse en se tournant vers Charles.

- Jenny, pardon,... je... je te demande pardon,...

- Qu'est-ce qui te prends ?!!! Je n'ai rien fait ! S'indigna Elisa dans une tentative désespéré.

- Pourquoi Elisa ?... insista la voix d'outre tombe.

Se sentant acculer, les larmes de terreur perlant au bord de ses yeux, la jeune aristocrate se mit à trembler. A trembler à la fois de peur mais également de rage

- C'était moi, c'est moi que Mcallister aurait du épouser !! Nooon, ne t'approche pas... !!

- Ne rompez surtout pas le cercle ! Leur ordonna fermement Nathaniel.

Mais il était trop tard ! Bien trop terrorisé pour obtempérer, Elisa lâcha les mains de ses condisciples et prit la fuite en direction de la fenêtre. Il eut un éclaire, puis des cris, enfin le bruit des carreaux d'une fenêtre qui se brisent, puis... plus rien. Le silence total. Un silence de mort.
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Marine Desmuguets
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MessageSujet: Re: Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Icon_minitimeDim 1 Déc - 13:54

*Ho mon Dieu...*

La séance de spiritisme avait tourné au cauchemar. C'était devenu une véritable histoire funéraire, au-delà de l'accident, au-delà du deuil, enveloppée dans le sombre drap du crime. C'était devenu une histoire de fantômes et de meurtre.

Marine se trouvait à nouveau au cœur d'une intrigue qui la dépassait de loin...

Pourtant, si cette soirée avait certes commencé dans un silence de mort et une atmosphère aussi tendue que s'il eut s'agit d'un duel, elle n'en avait pas moins commencé dans le calme. Un calme d'attente et d'appréhension, mais un calme appréciable en ce qu'il semblait aussi favorable aux pensées tumultueuses qui régissaient chaque esprit en ces lieux qu'à l'opération prévue sur la défunte.
La famille Haemford, constituée des deux parents et de leur fils, avait accueillit Marine sans grande cérémonie trop préoccupée par l'arrivée imminente de l'homme qui devait présider à cette séance de spiritisme. Elle, elle s'était assise, silencieuse, évitant du regard le cadavre de la pauvre Jenny tout comme elle évitait de prêter attention à l'agitation de Steven, le frère aîné de la jeune femme.
Jusque là, la tension qui écrasait toute joie de vivre dans cette demeure lui avait simplement donné l'impression qu'elle n'avait pas sa place en ces lieux sans pour autant lui soulever le cœur outre-mesure. C'était un deuil familial qui ne la concernait pas et si elle était présente ce soir, ce n'était que pour trouver des réponses à des questions très personnelles. C'était à la fois égoïste et déplacé. Mais, quelque part, cette soirée avait commencé sous le signe de la curiosité et cela était valable pour tous. Il régnait donc une certaine harmonie entre les vivants de cette pièce, une harmonie dissonante en apparence, mais loin de la cacophonie qui allait bientôt ravager les derniers espoirs de cette famille déjà morcelée par la perte de la cadette.

Endormie à jamais devant eux, la jeune femme semblait attirer leurs regards autant qu'elle les éloignait. C'était une attraction venue d'un autre monde, une malheureuse victime qui avait encore beaucoup à dire mais qui se trouvait de l'autre côté d'un miroir que tous pensait incassable. Au fond du cœur de chacun régnait cette envie, ce désir profond de la voir réanimée, à nouveau parmi eux dans son entier. Mr Haemford recherchait le pardon, il craignait l'Enfer, sa femme le suivait dans son délire, pleine de remords et d'appréhension, le frère de la belle sentait qu'il se compromettait en présence d'une telle scène mais un devoir plus grand que son image sociale l'avait appelé, celui du devoir fraternel et filial, Marine venait chercher des réponses à des questions qui n'avaient d'autre rapport à cette soirée que celui de la présence d'une éventuelle magie en laquelle elle ne croyait presque pas...Quelle pitié que cette assemblée secrète ! C'était une des plus imbéciles mascarades que le monde pouvait cacher dans ses sombres poches. La mort, la curiosité, le chagrin et la peur rassemblaient ces mortels désorientés dans une folie fantastique.

Marine était emplie de remords et d'appréhension. Que venait-elle faire ici ? C'était insensé ! Elle, une scientifique, une fille de bonne famille, se retrouver ainsi devant le cadavre d'une noyée, sous le toit de parents éloignés d'une amie, prête à assister à une séance qui ne pouvait être que charlatanisme...Maintenant, elle doutait fortement qu'une quelconque magie puisse se manifester ici. Elle avait encore mit ses espoirs dans une ridicule réunion d'indices sans valeur, tourmentée par ses peurs, poussée par un tiers...
Devait-elle finalement rebrousser chemin et disparaître sans demander son reste ? C'était certainement la meilleure chose à faire. Mais, quelque part, son esprit refusait de lui accorder le moindre mouvement de corps. Elle souhaitait savoir, elle voulait comprendre et surtout guérir. Car Marine Desmuguets était malade, malade de peur, malade d'incompréhension. Ce qu'elle avait vécu un mois plus tôt dans les rues la poursuivait dans ses cauchemars. Elle n'osait plus sortir, elle ne voulait plus être confrontée à l'obscurité. Dans son désespoir, cet homme, soit-disant capable de réveiller les morts, était comme une petite lueur qui pouvait venir l'éclairer dans son ignorance ou la délaisser. Ce soir, ce serait tout ou rien, elle le savait bien. Dans son cœur, le doute et la science lui hurlaient d'arrêter d'espérer que cette rencontre puisse lui apporter quoi que ce soit d'honnête ou de sincère. Dans cette ruelle sombre, face à ces deux Vampires et à leurs pouvoirs étranges, elle avait certainement rêvé...
C'était ce qu'elle espérait le plus.
Mais l'oeil ne croit-il pas toujours ce qu'il voit ?


- Vous savez, fit soudainement Steven à ses côtés, ce qui eut l'effet de la faire sursauter plus que de raison, cet homme, ce Nathaniel de Miran, a déjà réussi...

Pétrifiée, Marine serra un peu plus ses mains sur ses genoux, froissant sans le vouloir sa robe de neige. Elle écouta d'un air passablement effrayé le jeune homme qui lui parlait sans même la regarder, comme pris de quelque traumatisme intérieur. Il transpirait, cela se voyait à son front luisant dans la pâle lumière des bougies qui les entouraient. Ses mains tremblaient. On aurait pu croire qu'il était alcoolique.

- J'ai entendu dire, au Spirit, qu'il avait fait parler le jeune Daniel Hodge, décédé quelques jours plus tôt dans un accident de train. Et tout ça malgré son corps déchiqueté...Jenny...elle va parler...j'en suis certain...

Marine blêmit et détourna son regard écarquillé. Cet homme était fou ! Comment pouvait-il lui parler de pareilles choses, à elle, une jeune femme de son rang, dans la pièce d'un mort, devant sa propre mère ? Ses yeux d'azur se posèrent sur le cadavre de Jenny. Elle était belle et il semblait qu'elle pourrait se lever soudainement comme si elle n'avait été qu'endormie. Marine tressaillit. Imaginer cet homme en charpie discuter après sa mort lui donnait des sueurs froides et songer que Jenny pourrai se relever telle une figure abominable des pires cauchemars de l'Homme lui serrait la gorge. Quelle famille ! Mais que faisait-elle ici !?
La porte s'ouvrit lentement et Marine fit un bref sourire courtois au maître de maison qui venait simplement jeter un coup d'oeil à sa femme et son fils avant de retourner faire sa ronde dans l'entrée. Avant qu'il ne referme la-dite porte, Marine aperçut derrière-lui une fenêtre au fond de la pièce voisine. Sur ses carreaux s'écrasaient de grosses gouttes de pluie et une branche d'arbre venait y appliquer ses feuilles molles et grasses. Il pleuvait et le vent s'était levé...
Observant cette fois une des deux fenêtres qui s'ouvraient sur la pièce dans laquelle elle se trouvait, elle réalisa que l'une d'entre-elles était complètement obstruée de lourds rideaux afin que d'éventuels voisins ne puissent pas voir le cadavre de Jenny. Cependant, la seconde fenêtre était nue et les volets n'avaient pas été fermés. Marine réalisa qu'elle n'avait pas encore remarqué le temps épouvantable qui régnait au-dehors. L'eau s'écrasait avec moins de violence sur cette fenêtre puisqu'elle était en partie protégée par un léger avancement du toit. Aucune branche ne venait gratter contre les carreaux pour tenter d'entrer. Mais maintenant qu'elle écoutait et qu'elle regardait avec attention, elle vit que l'orage qui avait étouffé l'air quelques minutes plus tôt avait finalement éclaté.

Comme pour le lui confirmer, un éclair zébra le ciel. Les pupilles de Marine réduisirent tout comme son courage face à la violence du tonnerre qui gronda aussitôt. La lumière révéla à tous l'entièreté de la pièce, éclairant le cadavre devant eux qu'une pâle lueur bleutée, avant que l'obscurité ne vienne reprendre ses droits.

Marine n'en pu plus. Elle allait se lever pour s'éclipser définitivement, prenant pour excuse un malaise, lorsque l'invité fut annoncé. C'était trop tard : Marine n'avait désormais plus le choix, elle devait rester, son éducation et sa curiosité l'y forçaient.
Nerveuse, elle se leva et observa le nouvel arrivant accompagné de Mr Haemford dont le visage trahissait à la fois sa crainte et sa joie d'avoir enfin à ses côtés cet étranger mystérieux. C'était un bel homme, grand, élancé et fort d'épaules. Il portait un costume noir et ses cheveux, que Marine imagina d'un brun foncé dans la semi-obscurité qui régnait, retombaient au-dessus de ses épaules comme une véritable crinière de lion. Quelque chose de puissant se dégageait de tout son être, comme s'il eût conservé en lui quelque force cachée qui faisait défaut aux simples mortels. Marine avait déjà fréquenté myriade d'hommes dans les salons, plus agréables les uns que les autres, mais elle n'avait encore jamais ressenti pareille prestance. Elle se sentit petite et fragile face à lui. Il semblait sûr de lui, avenant, aimable et gentleman mais il paraissait également faire partie de ces nobles conscients de leur propre valeur.
Sentant son regard se poser longuement sur elle, Marine détourna les yeux et rougit. Pourquoi la dévisageait-il de la sorte ? Il n'avait donc pas été prévenu de sa présence ? C'était fort gênant !
Puis, elle frémit lorsqu'il s'approcha d'elle pour lui faire un baise-main à la suite de la maîtresse de maison. Elle ouvrit la bouche pour se présenter mais Mme Haemford prit les devants et la présenta comme « une parente ». Marine ne chercha pas à démentir ce propos mais elle ne pu s'empêcher de songer que cela aurait pu être convenu entre-elles avant cette heure et que la façon dont elle avait procédé n'avait pas été très subtile.


- Enchantée de faire votre connaissance, Monsieur de Miran. Fit-elle avec une légère courbette.

Elle se contenta de le laisser lui faire ses hommages sans relever sa remarque galante ni son accentuation à la française. Puis, les yeux baissés, elle s'écarta pour le laisser passer.

Bientôt, une table avec un pentacle gravé sur son plat fut installée. Elle était petite, ronde, taillée avec art. En son centre, une boule de cristal trônait et un peigne reposait près de cet étrange objet translucide.
Marine fut fascinée par la boule de cristal. Elle n'en avait encore jamais vu dans sa vie, laissant aux idiots ce genre de vision dans les foires où nombreuses étaient les diseuses de bonne-aventure. En soit, hormis le pentacle qui lui donnait l'impression d'assister à quelque cérémonie punie par l’Église, Marine se rasséréna en voyant la boule. Finalement, cet homme n'était qu'un charlatan de plus et cette mise en scène allait tourner au ridicule. Quelle perte de temps ! Et quelle humiliation pour une scientifique !
Ainsi Marine reprit-elle un peu confiance en elle pendant que le reste de l'assemblée retenait son souffle. Cet homme était certes plus grand et plus beau que la moyenne, il dégageait un certain charme et une aura de mystère indéniable, sa table était étrange et son ton des plus dramatiques, mais l'avoir en face d'elle, plutôt que de l'imaginer dans l'expectation, le ramenait à un mortel, un homme comme tout le monde, et sa boule de cristal lui faisait l'effet d'une bien mauvaise blague. Les morts ne pouvaient revenir à la vie, c'était ridicule ! Non, ce n'était pas l'homme qu'il lui fallait pour répondre à ses questions. Il n'allait que la divertir et l'humilier...

La séance commença alors. La porte fut refermée et l'homme demanda à l'assemblée de se tenir autour de la table, en cercle, main dans la main. Marine avança d'un air incrédule. Elle jeta un regard à Mme Haemford sans réussir à rencontrer son regard trop fasciné par le pentacle. De son côté, Steven était si nerveux qu'il manqua de lui marcher sur le pied.


- Excusez-moi, Miss Desmuguets...Marmonna-t-il à la hâte dans sa barbe avant de l'ignorer pour se positionner.

Marine soupira silencieusement. Ils la stressaient tous. L'une avec son air pincé, l'autre avec son ventre proéminent, le jeune homme avec son attitude de souris enfermée dans un piège et le dernier avec son air macabre et ses manières de prestidigitateur. Elle leur trouvait à tous quelque chose de répugnant. Cette mise en scène la révoltait presque désormais.
Ils étaient donc ainsi à faire cercle en silence lorsque soudain la porte s'ouvrit laissant apparaître un couple qui entra presque aussitôt. C'était un certain Charles et sa sœur, Elisa, qui désiraient rejoindre leur séance. Marine observa les deux cousins de la défunte. Ils semblaient avoir couru, leur souffle était court. Mme Haemford reprocha à la jeune femme sa tenue qui était fort éloignée de celle du deuil. Elle prit le ton de l'indignation traduit par un regard sévère et une voix haute-perchée. Marine serra autour de ses épaules son petit châle brun. Maintenant qu'elle y songeait, elle était elle-même vêtue de blanc et de rose...c'était réellement insultant pour la famille qui souffrait la perte de leur chère fille...En venant, elle n'avait tout simplement pas pensé à cela, trop préoccupée qu'elle était par cette séance de spiritisme. Elle s'était contenté de prendre une de ses robes habituelles sans chercher plus loin. Hormis sa cape noire qu'elle avait laissée dans l'entrée, rien ne distinguait ses vêtements des autres jours. Rouge pivoine, la jeune femme ne su plus où se mettre malgré la revendication que proféra alors la jeune insolente qu'était Elisa. Décidément, Marine sentait qu'elle n'avait pas sa place en ces lieux.

Les hostilités mondaines achevées, ils firent tous cercle, se tenant les mains autour de la table. Marine n'aimait guère cette proximité avec tout ces inconnus. La tournure que prenait la soirée ne la rassurait aucunement. Même si elle était désormais persuadée d'assister à une vulgaire représentation sans envergure, un malaise la rongeait : celui de l'interdit, celui de la transgression.
Un éclair les fit tous sursauter. Marine sentit son cœur s'envoler avant de redescendre pour battre comme jamais dans sa poitrine. Ces états n'étaient pas bon pour elle. Déjà, elle sentait couler dans son corset quelques gouttes de sueur. Dieu qu'il faisait chaud ! Cette atmosphère était étouffante ! Et ce temps...tout semblait fait pour effrayer le monde et leur donner l'impression qu'ils jouaient avec le Diable en personne.
Monsieur de Miran leur demanda de ne briser le cercle sous aucun prétexte et de conserver le silence. Marine se retint de lever les yeux au ciel. Décidément, cet homme l'exaspérait.
Un nouvel éclair zébra le ciel et Mme Haemford poussa un cri aiguë. Marine sursauta. Comme c'était ridicule ! Fronçant les sourcils sans réussir à cacher son agacement, elle respira un grand coup et garda la tête haute pour montrer qu'elle était prête à affronter cette soit-disant voix de l'au-delà.
Enfin, l'homme appela l'esprit de Jenny. Son ton était des plus dramatiques, ce qui eut pour effet de faire à nouveau soupirer Marine. Mais lorsque la table se mit à trembler et que divers objets circulèrent dans la pièce, Marine perdit pied. Un long frisson lui parcouru l'échine jusqu'à déformer sa bouche en une grimace de surprise et de peur. Elle manqua de lâcher la main de ses compagnons et ses jambes ne lui obéirent plus. Elle plia légèrement un genoux comme si elle allait défaillir.
Comment était-ce possible ? Il devait y avoir une astuce ! Elle ne l'avait pourtant pas vu trifouiller les objets...Et si cela était entièrement lié à cette fameuse table ?
Mais Marine n'eut pas le temps de supputer plus avant d'éventuels trucages puisque, déjà, s'élevait dans l'air vicié de la pièce la voix caverneuse de la défunte. Les larmes montèrent aux yeux de la jeune aristocrate. Dans quoi s'était-elle donc encore fourrée ? La panique la saisissait lentement. Son corps entier tremblait. Et puis, l'affliction qui avait envahit la pièce la toucha au fond du cœur.
Mais ce n'était rien comparé à ce qui suivit. Mme Haemford se mit soudainement à parler. Marine faillit lui intimer le silence d'un murmure mais lorsqu'elle vit ses yeux révulsés et lorsqu'elle entendit sortir de sa bouche un flot de paroles hachées, accusatrices et mortellement amères, elle perdit ce qui lui restait de couleur.

Tout alla très vite. Charles fut mis en question, Elisa fut accusée par l'esprit, tous furent frappés par la nouvelle et enfin, après un cri de défense la jeune cousine de la défunte brisa le cercle et s'enfuit jusqu'à se jeter par la fenêtre. Le bruit de verre et le hurlement qu'elle poussa firent défaillir Marine dont les mains avaient déjà été lâchées par les autres. Elle s'accrocha à la table pendant que Mr Haemfort attrapait sa femme par les épaules pour la secouer en hurlant:


- Anna ! Anna ! Qu'est-ce que tu dis !!? Anna !

Charles était resté muet de terreur puis il s'était levé en hurlant son horreur tout en s'enfuyant, laissant la porte de la pièce ouverte. Il dérapa dans l'entrée et se jeta sur le cadavre de sa sœur qu'il prit dans ses bras en pleurant toutes les larmes de son corps. Il demandait son pardon dans un rugissement de désespoir absolu.

Steven, contre toute attente, sortit un pistolet de sa veste et le pointa sur Mr de Miran en hurlant à son tour:


- Tout ça c'est de votre faute!

Qu'est-ce qui pouvait justifier un tel acte alors qu'il s'agissait de l'homme qui venait de lui apprendre les noms des coupables du meurtre de sa sœur ? L'amour de sa cousine ? Elle qu'il avait presque ignorée à son entrée ? C'était insensé.

Marine ne réfléchit pas. Elle suivit son instinct, cet étrange don qui pouvait sauver des vies comme en perdre. Elle se jeta sur Steven avec la force du désespoir, la dernière qui lui restait.


- Non !! Arrêtez !

Le coup de feu partit dans une détonation assourdissante. Heureusement, Marine avait dévié le bras du jeune homme et la balle se perdit dans le plafond. Steven poussa un cri de rage et tenta de jeter au sol la jeune femme qui resta accrochée à son bras. Elle résista quelques secondes à sa force pour l'empêcher d'utiliser son arme mais elle ne possédait pas assez de ressource pour lutter davantage. Ainsi, elle fut finalement rejetée en arrière avec violence sur la table ronde qui se renversa avec elle. Avant de s'effondrer avec le meuble et la boule de cristal, Marine poussa un cri de détresse. Alors qu'elle atterrissait durement sur le sol dans un éventail de jupons, un nouveau coup de feu retentit.

*Ho mon Dieu...*


Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Marine10

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Nathaniel de Miran
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MessageSujet: Re: Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Icon_minitimeMer 18 Déc - 14:25

La tension était à son comble. Lady Jennifer s'était adressée à ses cousins, Charles et Elisa, qui semblaient avoir quelques causes dans sa tragique disparition. Elisa l'avait poussée dans un élan de jalousie et d'opportunisme flagrant, quand à Charles, présent alors qu'elle se noyait, il l'avait regardé s'enfoncer dans les eaux troubles de la Tamise, sans  lui venir en aide. Le regard perçant de Nathaniel s'était posé sur ce couple machiavélique. Plus l'esprit parlait et plus ces insupportables petits bourgeois perdaient de leur superbe. Nul doute qu'ils avaient demandé à participer à cette séance de spiritisme pour s'assurer qu'il ne s'y passerait rien, et c'est d'ailleurs bien ce qui avait faillit se passer. Si l'esprit ne s'était pas manifesté de lui-même, rien de tout ceci ne serait sortie. Maintenant qu'ils se voyaient ouvertement pointé du doigt, les deux cousins, se mirent à blêmir, tandis que Elisa tremblait de tout son être, des tremblements qu'elle ne pouvait maitriser. Sa culpabilité était flagrante et transparaissait sur chaque pore de sa peau.

- Elle ment, avait balbutié Elisa de plus en plus blême, cherchant vainement à se défendre

- Contrairement aux hommes, les esprits ne mentent jamais, lui répondit le médium aux intonations légèrement accusatrices

Nathaniel avait l'habitude de ce genre de scène, il pouvait même prédire ce qui allait se passer. Acculéee, la coupable allait chercher à prendre la fuite, et, en brisant le cercle, briserait la seule protection qui pourrait la défendre contre l'esprit de la défunte. Sans attendre, le médium leur ordonna de ne surtout pas briser le cercle ! Non pas qu'il désirait particulièrement la protéger, ou que sa vie avait une quelconque valeur à ses yeux, disons simplement qu'il n'avait aucune envie de compter un nouveau mort lors de l'une de ses séances de spiritisme. Cela faisait quelque peu désordre.
Mais bien sur, la tension était beaucoup trop forte pour un être aussi faible d'esprit qu'elle, si bien que, malgré ses consignes strictes, le jeune femme désobéit et brisa le cercle, offrant par la-même, une ouverture à l'esprit.
Tout se passa ensuite très vite. L'esprit de Lady Jennifer se jeta sur la précieuse petite coquette qui se recula  en tentant de fuir sans regarder où elle allait. Comme prise d'une soudaine folie, elle se mit à hurler sans quitter des yeux, la magnifique forme spectrale qui fondait sur elle. Elle ne s'aperçut pas qu'elle était à présent dos à la fenêtre, et, dans sa folle précipitation pour fuir sa victime, elle passa au travers de l'immense porte-fenêtre dans un fatras de bris de verre. S'en fut trop pour cette pauvre Mme Haemford, qui face à ce trop plein d'émotion perdit connaissance. Nathaniel lui jeta un regard indifférent avant de diriger ses pupilles sur la magnifique Lady, qui observait se spectacle avec douleur et affliction. Lorsqu'elle releva la tête dans sa direction et que leur regards se croisèrent, il put lire dans le fond de ses prunelles azuré, le sentiment que ses convictions venaient soudainement de voler en éclat. Elle était totalement perdue. Quoi de plus normal face à ce genre de situation, on ne le serait à moins.
Charles, le frère de la victime, s'était aussitôt précipité hors de la pièce, comme si la mort était à ses trousses. Le lâche cherchait-il à s'enfuir ? Placé devant la fenêtre brisé, Nathaniel le vit réapparaitre quelques minutes plus tard, serrant précieusement le corps sans vie de sa soeur et pleurant cette dernière dans un mélange d'amertume et de regret sous le regard froid et indifférent du médium. Le vent s'engouffrait dans la pièce faisant voler quelques unes de ses mèches au passage. Quelques gouttes de pluie s'introduisirent dans la pièce, mouillant légèrement la luxueuse moquette qui se trouvait à présent, à la merci des intempéries.
Il sentit l'âme de Jenny s'approcher alors de lui, et tendant légèrement sa main vers elle pour l'accueillir, il ne s'aperçut pas que le frère de la jeune femme venait de sortir un pistolet de sa veste, pour le pointer dans sa direction, bien trop occupé qu'il était à recueillir les dernières paroles de la défunte et à lui faire une dernière promesse. Lorsqu'il se rendit compte de la menace, il était déjà trop tard.

- Tout ça c'est de votre faute!

Nathaniel se retourna d'un mouvement leste et rapide mais pas suffisamment pour avoir le temps de réagir. Face à lui se tenait Steven Haemford qui s'apprêtait à tirer, une des servante présente, attirée par les cris eut un soubresaut de surprise avant de se mettre à pleurer de terreur. Dans ce chaos de cris, il entendit distinctement hurler deux voix féminines. Tout d'abord, celle de Jenny, qui suppliait son frère de ne pas faire cela mais que bien évidemment, Nathaniel était le seul à pouvoir entendre, et surtout, celle d'une autre personne dont il n'aurait pas imaginé la moindre intervention en cet instant critique ...
Pourquoi était-elle venue ? Elle affichait clairement son scepticisme depuis son arrivée. Il lui avait même semblé percevoir un sourire moqueur quand il avait présenté les objets qui lui serraient utiles pour la séance. Puis il l'avait vu perdre peu à peu contenance face aux diverses manifestations surnaturelles qu'il avait provoqué. Qui était-elle ? Un esprit cartésien, à n'en pas douter, qui ne croyait que ce qu'elle voyait, ce qui pouvait expliquer sa présence à cette séance. Mais pas seulement, c'était une femme pleine de ressource et de surprise. Car s'il était toujours en vie à l'heure actuelle, c'était à elle, qu'il le devait. Non contente de s'être interposée en laissant échapper un cri, elle avait joint le geste à la parole et s'était courageusement élancée sur son agresseur pour l'empêcher de tirer


- Non !! Arrêtez !

Malgré l'invective de la belle Marine, le coup de feu parti, et se mit à retentir dans la pièce, suspendant soudainement le temps, et figeant les personnes présentes qui se retournèrent en direction de la détonation, redoutant un nouveau drame. Nathaniel s'était, pour sa part légèrement abaissé en levant son bras droit dans un geste de défense parfaitement ridicule, inutile et incontrôlé. Fort heureusement pour lui, grâce à l'intervention de la demoiselle, la balle fut dévié de sa trajectoire et alla se loger dans le plafond immaculé. Les cris et les coups de feu alertèrent quelques domestiques qui se précipitèrent à l'entrée de la porte sans toutefois oser entrer lorsqu'ils virent Steven armé. Seule Marine semblait ne pas avoir été figé comme une statue de marbre, bien au contraire, elle se débattait pour lui faire lâcher son arme mais la frêle jeune femme fut très vite projetée avec force sur le trépied. Nathaniel la vit tomber sur le sol entrainant avec elle la petite table et tout ce qui s'y trouvait avec. Un second coup de feu se mit alors à retentir. Cette fois, c'était Nathaniel qui venait de sortir son arme et qui avait tiré sur le frère de Jenny. Oh il ne l'avait pas blessé, mais il avait visé juste et rapidement sur l'arme dont ce dernier avait fait usage contre lui ce qui eut pour effet de le désarmer sous le coup de l'impact. Le revolver tomba au sol dans un bruit sourd. Et avant que Nathaniel n'eut le temps de fondre sur lui, une voix dur et autoritaire, s'éleva

- Il suffit ! Hurla alors le maitre de maison.

L'imposant Mr Haemford fusilla les deux hommes, avant de s'attarder sur son fils avec une sévérité sans nom. L'héritier des Haemford s'apprêta à rétorquer quelque chose mais le maître de maison leva sa main dans un geste qui signifiait qu'il ne désirait aucunement écouter la moindre de ses revendications. Laissant le père et le fils, Nathaniel pour sa part, se tourna vers Marine à qui il tendit sa main, pour l'aider à se relever. Son regard captura le sien, et dans ses yeux se reflétait une sincère reconnaissance pour son acte de bravoure.

- Merci, fit-il sincèrement reconnaissant. Je n'ai guère l'habitude d'être secourut par une femme, mais ce n'était pas déplaisant. Vous êtes impressionnante. J'espère que vous n'avez rien.

- De Miran ! L'appela, Monsieur Haemford

La voix de stentor du maître de maison se mit à rugir derrière lui en l'interpellant par son nom de famille. Nathaniel poussa un soupir navré en direction de la jeune femme puis, se retourna en direction de haemford, avant de reporter son attention sur Marine.

- Veuillez m'excuser, un instant.

Le médium rejoignit Mr Haemford, qui se tenait debout devant la fenêtre brisé, les mains croisées derrière son dos. L'homme l'observait de son regard dur mais satisfait. De toute évidence, il avait obtenu ce qu'il voulait. Nathaniel esquissa un sourire blasé. Sa fille ne s'était donc réellement pas suicidée, l'honneur de sa famille était sauf, sans compter que la coupable s'était jetée d'elle-même dans le vide. La panique lui avait fait perdre tout sens de la réalité et avait fini par entrainer sa mort. L'esprit avait-il agit par vengeance ? Il n'en n'avait pas l'impression...
L'homme observait froidement le cadavre de sa nièce, gisant sur le sol quelques mètres plus bas, au milieu des débris de verre.


- Elle l'a emporté avec elle

- Que la peste soit de cette vermine !

- Avez-vous l'intention de faire venir la police ?

- Oui, mais je ne veux pas qu'on vous trouve ici

- ça va de soi. Qu'allez-vous leur dire ?

- Que prit d'un accès de folie elle a avoué avoir tué ma fille chérie avant de se suicider

Nathaniel ne répondit rien. Voir la police mettre son nez dans cette affaire n'était pas particulièrement à son goût, toutefois, Mr Haemford n'avait pas l'intention de le mêler à cela, ce qui l'arrangeait. Cet aristocrate tenait bien trop à ce qui lui restait de position pour ne pas se trouver mêler à un scandale qui impliquerait un mort lors d'une séance de spiritisme dans sa maison. Et il avait assez d'autorité pour obliger sa famille au silence, Charles compris.

- Faites disparaître toutes vos affaires, il ne faut pas que l'on sache ce qui s'est passé ici. S'il on venait à découvrir que nous avons fait une pratique interdite, je n'ose imaginer ce qui en découlerait.

- Versez-moi ce que vous me devez et moi et mes affaires disparaîtrons dans l'heure.

- Oui oui, bien, bien, je vais chercher cela. Steven, aide ta mère à remonter dans sa chambre, ordonna-t-il. Puis, se radoucissant, il se tourna en direction de Marine. Lady Desmuguets, je suis vraiment confus par ce qui vient de se passer, si je puis faire quoique ce soit pour vous aider à surmonter ce qui vient de se passer, n'hésitez pas. Je vous fait porter un rafraîchissement pour vous remettre de vos émotions. Montez donc avec mon épouse

Pas la moindre excuse, ni pour lui, ni pour elle, quand à la réaction injustifiable de son fils ? C'était bien un noble. Nathaniel lui jeta un regard noir et dédaigneux avant de se radoucir lorsqu'il croisa les deux perles azurés. Le médium regrettait beaucoup de devoir se séparer de la belle, cela étant, le fait qu'il se retrouve seul allait lui permettre de retirer rapidement les fils de piano qu'il avait tendu au-dessus du lustre et qui lui avait permit de faire bouger certains objets de la pièce. Tout ceci n'était certes qu'une mise en scène pour accentuer l'atmosphère quelque peu mystique qu'offrait ce genre de séance, et donner un spectacle à la hauteur des attentes de tous ces nobles. Le plus long et le plus difficile, était de les installer correctement sans se faire surprendre. Ce qui expliquait entre autre, sa petite visite en courant de l'après-midi. Par contre, les retirer était un jeu d'enfant. Il s'arrangeait de telle manière que les noeuds étaient facilement dénouables. Un simple noeud à défaire, accompagné d'un simple mouvement de bras et la magie disparaissait.

- J'espère avoir le plaisir de vous revoir un jour Milady, fit Nathaniel en s'inclinant pour déposer un baiser sur sa main avant de lever son regard pénétrant sur elle. Si je puis me permettre, comptez-vous rester auprès de votre « famille » pour la soirée ou souhaitez-vous regagner votre demeure ? Si tel était le cas, pourrais-je avoir le privilège de vous raccompagner avec ma voiture ? C'est le moins que je puisse faire pour vous remercier.
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Marine Desmuguets
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MessageSujet: Re: Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Icon_minitimeSam 21 Déc - 11:11

C'était devenu un cauchemar. La morte avait parlé, Elisa était tombée par la fenêtre, Steven avait sorti une arme pour viser le médium. Tout n'avait plus été que cris, bris de verre, porte qui claque, fracas et chaos. Marine avait frôlé l'évanouissement mais elle avait tenu par quelque miracle face à la scène. Elle avait même réussi à se jeter au bras de Steven pour qu'il ne tue pas Nathaniel de Miran...Un réflexe inexplicable.

Engourdie et tremblante, elle était désormais à terre avec la table ronde au pentacle. Empêtrée dans sa robe, elle sentit la boule de cristal lui rouler dessus. Par chance, l'objet rond et fragile avait glissé de la table sur elle pour être amortie par sa crinoline avant de finir à terre sans dommage. Alors que la jeune femme peinait, elle mit la main sur le globe translucide et l'enleva aussitôt, vivement, comme si elle eut été mordue par le feu. Il ne fallait pas qu'elle la brise! Et puis cet objet lui faisait maintenant peur. Dieu seul savait ce qu'il y avait dedans! Nathaniel avait tout de même réussi à faire revenir l'esprit de la défunte...Quoique cela avait peut-être été une horrible mise en scène...Marine ne savait plus que penser.

Un nouveau coup de feu retentit alors. Marine étouffa un cri et ferma les yeux de terreur. Mais lorsqu'elle fut certaine qu'elle n'avait pas été touchée, elle tenta de se relever mais sa position l'empêcha de le faire. Elle sentait dans son dos ce qui était certainement un livre et la table était à moitié sur elle. Pour l'heure, se relever et quitter les lieux était son objectif principal. Elle voulait fuir cette maison de fous, rester le plus loin possible de toute cette agitation. Loin des armes, loin de cette boule, loin de ce cadavre, de ces deux cadavres...

Et puis la voix grave du maître de maison retentit. Claquante comme le tonnerre, elle s’abattit sur son fils pour lui intimer de cesser ses agissements.
Marine releva enfin la tête. Ses boucles noires retombaient en cascade sauvage sur ses épaules. L'obscurité de la pièce, agrémentée des multiples bougies qui brûlaient depuis qu'elle était arrivée, fit miroiter dans ses yeux l'émotion qui la traversait.
Et puis, une main lui fut tendue. Ses lèvres s'entre-ouvrirent sans pour autant ne laisser échapper qu'un soupir. Elle tendit la sienne et le contact de la chaude paume de Nathaniel vint réveiller ses forces. D'un geste, elle l'aida à lui porter son secours tandis que l'homme la relevait avec une aisance toute particulière.
Leurs regards se croisèrent. Marine, émue, laissa l'azur de ses yeux se noyer dans l'émeraude des siens. Fortement remuée par la scène qu'elle venait de vivre, elle tremblait comme une feuille sous la brise d'automne. Aussi serra-t-elle un peu fort sa main dans celle de Nathaniel en se redressant tout à fait, comme pour se raccrocher à quelque chose de tangible, même si c'était à cet homme si étrange dont elle allait longtemps se méfier.

Il la remercia avec courtoisie et lui demanda si elle se portait bien. Face à lui, elle rougit et baissa le regard en enlevant sa main de la sienne.


- Je...Oui...je crois...

Monsieur Haemford appela alors Nathaniel d'une voix puissante. Ce dernier fut obligé de se détourner. Il s'excusa et rejoignit le maître de maison qui se tenait près de la fenêtre brisée. Le vent s'engouffrait par cette dernière, complètement éventrée. Dehors, la pluie n'avait pas cessé.
Marine redressa la table en grimaçant pendant que Madame Haemford se remettait de ses émotions avec les domestiques qui étaient arrivés en hâte au son des coups de feu. La jeune française se tint un instant appuyée sur la petite table ronde. Ses doigts se crispèrent sur son bord et des larmes lui montèrent aux yeux. Son coude lui faisait mal. Il avait amorti sa chute sur le sol et devait être en train de former un bel hématome. Mais que faisait-elle donc ici?! Quelle idiote!
Elle entendait les deux hommes arranger leurs affaires et l'attitude de Monsieur Haemford la glaça. Cet homme était-il donc si préoccupé de sa réputation pour oser ainsi clore une affaire qui concernait sa propre fille, sa nièce, son neveu et son fils? Elise gisait en bas de la demeure, Charles pleurait sur son corps, et c'est tout ce qu'il trouvait à dire?

Que "prise d'un accès de folie elle [avait] avoué avoir tué [sa] fille chérie avant de se suicider"?

Marine essuya ses larmes. L'émotion passait. Son esprit mathématique revenait à elle, sa fougue aussi. Il était temps de quitter cet endroit. La police allait arriver et elle ne souhaitait pas non plus ternir sa réputation pour une soirée aussi stupide.
Serrant son châle autour de ses épaules, elle accueillit avec un visage de cire le maître de maison qui revenait vers elle. Face à lui, elle crispa la mâchoire. Elle n'avait que faire de son rafraîchissement. Tout ce qu'elle voulait c'était rentrer chez elle et mettre le plus de distance possible entre elle et eux tous, particulièrement ce Steven...
Nathaniel vint alors lui offrir un nouveau baise-main. Cette fois-ci, Marine tiqua. Elle hésita face à sa proposition. Son propre fiacre l'attendait dehors. Elle désirait mettre un terme à tout cela au plus vite. Mais quelque part, au milieu de ces personnes insensées, c'était encore celui qu'elle appréciait le plus et ce malgré l'ombre qu'elle décelait derrière ce regard brillant. La prudence et la logique lui hurlaient de s'en retourner chez elle, seule. De ne pas suivre cet inconnu aux pouvoirs mystiques. Après tout, c'était en partie sa faute tout ce qui arrivait maintenant. Et puis comment pouvait elle savoir que ses intentions étaient réellement simplement d'ordre mondain? Voulait-il réellement la raccompagner en toute honnêteté? Avec tout ce qu'elle avait vécu ces derniers mois, Marine ne souhaitait plus risquer sa vie pour rien.
Mais la vérité...n'était-ce pas ce qu'elle désirait plus que tout?

Après un instant de réflexion, elle jeta un regard noir à Monsieur Haemford et répondit à Nathaniel qui lâchait sa main:


- Monsieur, ce n'est pas ma famille, quoi que l'on ai pu vous en dire. J'accepte que vous me raccompagniez. Mais permettez que je me rafraîchisse un peu avant.

Laissant Nathaniel, elle attendit que le fameux Steven emporte sa mère pour accorder à son père un petit entretien rapide. Digne, elle lui dit franchement ce qu'elle pensait avec un air de défit dans le regard:

- Monsieur, j'ose espérer que vous avez honte de votre maison. Rassurez-vous, je garderai le silence, cela était entendu entre nous, mais vous devriez porter un soin tout particulier à l'état mental de votre fils. Votre plafond et mon coude se souviendrons, eux, de ses actes délibérément dangereux.

Sur ces mots, secs et durs, elle quitta la pièce d'un pas vif. La colère se lisait sur son visage. Elle suivit Steven qui portait sa mère mais bien vite elle décida de ne pas rester dans la même pièce que lui. Elle fit demi-tour pour demander à un domestique de lui indiquer une salle d'eau. Le jeune homme lui porta une serviette et la conduisit dans une petite pièce où il lui prépara une petite bassine d'eau chaude et des compresses sur la demande de la jeune femme.
Enfin seule, Marine remonta sa manche droite et observa son coude dans le miroir. Son coude saignait. Elle avait dû le râper sur la bibliothèque, peut-être était-ce la table? Quelle importance?
Elle prit le coton, s'épongea avec, laissa une petite bande lui entourer le coude pour éviter que sa robe ne soit tâchée et se mouilla un peu les lèvres et les tempes. L'anneau qu'elle portait à sa lèvre inférieur brilla la lueur du candélabre qui éclairait fortement la pièce. Elle passa ses mains dans ses cheveux d'ébène, fit disparaître ses mèches rebelles derrière ses oreilles et sortit enfin de la salle d'eau.

Le domestique l'attendait devant.
Marine lui demanda de prévenir son cocher qu'elle rentrait par ses propres moyens. Elle lui indiqua précisément où ce dernier était en train de l'attendre, à quelques rues de là, et retourna dans le hall pour récupérer son manteau sombre bordé de fourrure blanche et ses gants couleur pêche. La porte d'entrée était fermée. Elise et Charles devaient avoir été déplacés...Marine priait pour que ce soit le cas. Elle ne souhaitait pas voir un cadavre de plus. Elle priait aussi pour sortir dans la discrétion.

Madame Haemford descendit des étages supérieurs au même instant. Elle vit que Marine s'apprêtait à quitter la demeure et elle vint lui faire ses adieux. La pauvre femme était nerveuse au plus haut point. Elle s'excusa un nombre considérable de fois et lui intima de sortir par derrière.


- Cela sera plus sûr pour vous. Je suis navrée de vous avoir causé tant de soucis. Ma fille...je...ma nièce...Ho Miss Desmuguets, je vous en prie, ne nous jugez pas trop durement!

Marine la rassura. Elle ne dirait rien, elle s'en irait comme s'il ne s'était rien passé et ils ne se reverraient plus jamais. Cependant, elle mit en garde la maîtresse de maison contre son fils.

- Sa réaction envers Monsieur de Miran a été bien trop violente pour que vous puissiez l'ignorer. Un drame suffisait. Deux morts suffisaient...

Les deux femmes se séparèrent après que Madame Haemford aie confié Marine à son domestique. La jeune française fut ainsi conduite à une porte de derrière qui donnait sur une rue transversale. On la laissa seule, lui promettant que Monsieur de Miran n'allait pas tarder à la rejoindre.

Marine attendit donc dans un couloir. Elle observa les tableaux de chasse qui trônaient-là sur les murs et resta plongée dans ses pensées. Qu'allait-elle dire à cet homme? Pourquoi avoir accepté qu'il la raccompagne? La fatigue la prenait. Après la montée d'adrénaline qu'elle avait eu ce soir, la pression retombait sur son corps comme un voile d'ombres. Elle s'assied sur un fauteuil qui devait servir à enlever ses chaussures en entrant et se rendit compte qu'elle n'avait pas récupéré son éventail. Ce dernier était resté dans la salle où Jenny reposait. Tant pis, elle ne voulait plus bouger. Revoir Monsieur Haemford, ou Charles, ou même la maîtresse de maison qu'elle venait de quitter, la débectait.
Les yeux fermés, la jeune femme soupira. Cet homme l'avait impressionnée malgré elle. Ses convictions venaient d'être ébranlées une seconde fois. Après les Vampires, elle allait maintenant croire aux fantômes! Quelle vie! Toutes ses conceptions scientifiques s'effondraient peu à peu. Cela était très déstabilisant presque douloureux. Marine perdait ses repères.

Mais qu'allait-elle donc pouvoir lui dire? Qu'elle commençait à perdre la raison? Cela n'était pas loin de la vérité. Elle était tombée malade et ce soir, elle qui avait cherché le réconfort, n'avait trouvé que plus de raisons de se laisser mourir.


Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Marine10

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Nathaniel de Miran
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MessageSujet: Re: Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Icon_minitimeSam 11 Jan - 15:34

Le visage de la belle aristocrate ne dissimulait en rien ses pensées les plus profondes. Elle lui semblait perdue, désemparée, et on ne le serait à moins. De part sa condition, la demoiselle devait mener une vie bien calme et rangée, dont les seules aventures qu'il lui était donné de vivre, devait se trouver au coeur des romans qu'elle se plaisait probablement à lire. C'était une femme de lettre, une femme cultivée, il pouvait le deviner. Si cela pouvait effrayer quelques gentils hommes, ce n'était pas son cas, bien au contraire, il trouvait cela fort attrayant. A l'inverse, les femmes qui ne l'étaient pas, lui paraissaient ennuyantes, et frivoles, à l'image d'Elisa. Tremblante, les yeux larmoyants, elle paraissait fragile, mais paradoxalement, aussi étrange que celui puisse paraître, il émanait de sa personne, une certaine force et à n'en pas douter, beaucoup de courage. Un courage qui lui avait permis de s'interposer pour le protéger, lorsque Steven Haemford, le fils aîné de leur hôte, avait choisit de le prendre pour cible. C'était un geste totalement inattendu, qui l'avait beaucoup surpris, peu de personne jusqu'à présent, n'avait fait grand cas de sa vie. Il ne comptait que sur lui-même et ne devait d'être toujours là, qu'à sa seule présence d'esprit, du moins, jusqu'à aujourd'hui. Et cette intervention salvatrice, il la devait à cette femme, qui n'était même pas l'une de ses conquêtes, pire, il lui avait semblé l'insupporter tout du long depuis son arrivé, du moins, jusqu'à cet instant. La plupart des participants étaient disposés et même déterminés, à croire tout ce que les médiums leur disait, mais pas elle. Il l'avait d'abord soupçonné d'appartenir à la Société de recherche psychique qui avait pour but de démasquer les supercheries pratiquées par la plupart des faux médiums, mais ce n'était de toute évidence, pas le cas. Nathaniel était de plus en plus intrigué par cette jeune personne et avait très envie de connaître un peu plus cette femme si pleine de ressource, de surprise, et du reste, si peu conventionnelle. Une rose délicate, mais qui possédait toutefois quelques épines pour se défendre. Il voulait en apprendre un peu plus sur elle, c'est pourquoi il lui avait offert de la raccompagner. Ce à quoi elle consentit, pour son plus grand bonheur, avant de faire part de son indignation et de sa colère aux maîtres de maison.

- Monsieur, ce n'est pas ma famille, quoi que l'on ai pu vous en dire.

Un sourire se dessina sur les lèvres de Nathaniel. Au vu de son nom de famille, Desmuguets, de son léger accent français et donc de part ses origines, c'était quelque chose qu'il avait deviné. Ne cherchant même pas à feindre l'étonnement, il esquissa un discret sourire tandis qu'une lueur malicieuse traversa le vert de ses yeux. Il appréciait, on ne peut plus sa franchise et la manière qu'elle avait eut de dissiper immédiatement ce mensonge qui n'avait que trop duré, créée de toute pièce par la famille Haemford, afin de justifier sa présence en cette soirée, si particulière. Si elle ne s'en était pas défendue au préalable, c'était uniquement parce qu'elle leur était redevable. Redevable d'avoir bien voulu tolérer sa présence dans ce cercle intime qui n'aurait du réunir que la famille proche de la défunte. Et dieu merci pour lui, elle était là. Mais à présent, elle ne leur devait absolument plus rien. Leurs comportements à tous, étaient inqualifiables et sa vie avait également été mise en danger cette nuit. Il pouvait comprendre qu'elle ne souhaitait nullement être associé plus longtemps à cette famille, et elle le faisait à présent, clairement savoir.

- J'accepte que vous me raccompagniez. Mais permettez que je me rafraîchisse un peu avant.

- Bien entendu, acquiesça le médium.

Les boucles brunes de la jeune femme suivirent son mouvement, se soulevant délicatement derrière elle, lorsqu'elle se retourna pour se diriger d'un pas déterminé vers le maître de maison. Faisant mine de respecter leur face à face, Nathaniel s'en retourna vers le centre de la pièce où gisaient les affaires qu'il avait préalablement installé sur le trépied. Des affaires, à laquelle, il n'accordait aucune valeur, puisqu'elles n'étaient là que pour servir le spectacle qu'il proposait. Ce qui était brisé, serait remplacé sans le moindre problème. Il s'accroupit lentement à la hauteur de sa boule de cristal, qu'il récupéra en la faisant délicatement glisser entre ses doigts. Comme il put en juger, elle ne souffrait d'aucune fêlure, du moins a priori. L'état de cet objet, n'étant nullement la source de ses préoccupations principales actuelles. Bien plus intéressé par ce qui se passait derrière lui, il jeta furtivement un regard en arrière, par-dessus de son épaule, sans perdre une miette de ce que la belle lady avait à dire à leur hôte.

- Monsieur, j'ose espérer que vous avez honte de votre maison. Rassurez-vous, je garderai le silence, cela était entendu entre nous, mais vous devriez porter un soin tout particulier à l'état mental de votre fils. Votre plafond et mon coude se souviendrons, eux, de ses actes délibérément dangereux.

Sur ces mots, secs et durs, elle quitta la pièce d'un pas vif. La colère se lisait sur son charmant visage, et Nathaniel ne pu s'empêcher de la trouver délicieuse. Mais elle avait raison, le comportement de Steven cachait quelque chose. Des incidents, il en avait connu quelques uns, mais rares étaient ceux qui osaient se dresser contre lui, surtout une fois qu'il avait exercé ses talents en leurs présences. Les gens craignaient trop qu'il ne lâche une horde d'esprits tourmentés et malfaisants sur leur pauvre famille en guise de représailles. Mais il y avait toujours quelques rares pauvres fous pour essayer malgré tout. Et de toute évidence, Steven était de ceux-la. Mais on n'agissait pas de la sorte sans raison. Sa réaction était disproportionnée pour le décès d'une simple cousine. Elle était sa maîtresse, et le frère éploré était peut-être même impliqué dans le décès de sa jeune soeur. Si tel était le cas, pourquoi éliminer Jenny ? Etait-ce une question d'héritage ? A moins qu'elle n'ait découvert un quelconque secret... Les derniers mots qu'elle lui avait confié le laissaient entendre et commençaient à prendre tout leur sens. Cette famille était décidément issue de la pire espèce de noble qui soit, mais il n'en n'avait pas encore fini avec eux. On n'attentait pas impunément à sa vie sans en assumer les conséquences. La clé c'était Charles, il était de ces esprits faibles qui se laissaient emporter par le mouvement sans pouvoir réagir, sans convictions et sans assumer pleinement leurs actes. Avec ce genre de personne, c'était toujours la faute des autres, jamais la leur. Il ne serait pas bien difficile de le faire parler et tout avouer. Mais pas ce soir, ce n'était ni le lieu, ni le moment.
S'assurant qu'il était enfin seul, Nathaniel se releva, puis grimpa sur une chaise et s'occupa à retirer toutes traces de sa mise en scène.
Une fois fait, le médium enroula les fils puis les glissa à l'intérieur de sa malle avec le reste de ses affaires, lorsqu'il aperçut à ses pieds, gisant sur le sol de la moquette, le délicat éventail de Miss Desmuguets, qu'elle avait lâché dans la bataille. Il se pencha en avant pour le ramasser, et une fois en main l'observa durant un cours instant. Du moins, jusqu'à ce que les lumières s'éteignent subitement, plongeant la pièce dans l'obscurité la plus total. Le médium cessa tout mouvement et se concentra sur ce qui se passait autour de lui. La pluie tombait toujours à drue, et la pâleur de la lune baigna la pièce de sa lumière spectrale, dévoilant à sa vue, quelques ombres immobiles. Il n'était plus seul. Il pouvait à présent, sans difficultés, sentir 1 ou 2 présences supplémentaires. Sans se retourner ni se départir de son calme, Nathaniel prit la parole tout en glissant discrètement sa main droite vers son arme.


- Dois-je comprendre que je ne serais pas payé ?

****

Nathaniel, fut reconduit avec ses affaires, non pas, vers la porte d'entrée, mais vers une porte qui était située à l'arrière de la maison. Une porte que devait probablement emprunter les domestiques et qui donnait sur une route transversale. Il aurait pu s'offusquer de devoir prendre ce passage mais n'ayant aucune envie de voir la police remonter jusqu'à lui, il pouvait, pour cette fois-ci, mettre son orgueil de coté, et, dans un pur soucis de discrétion, accepter de passer par la porte dérobée, et ce, même s'il s'agissait de celle des domestiques.

La frêle silhouette de Marine, se tenait là, devant lui, enrobée dans un manteau blanc bordé de fourrure, qui la protégeait du froid, tranchant avec le noir de jais de ses cheveux dont les boucles noirs retombaient en cascade dans son dos. Malgré l'épais manteau qui l'enveloppait, il pouvait deviner quelques tremblements, dont le froid et la pluie n'étaient pas seuls responsables. Posant l'une de ses mains sur son bras droit, pour signaler sa présence, il tendit sa main gauche, qui tenait l'éventail, devant elle.

- Sauf erreur de ma part, il me semble que ceci vous appartient, murmura-t-il. Venez, allons-y.

Il l’entraîna avec lui, par une légère pression de sa main sur son dos, et tous deux empruntèrent le petit chemin, suivis par deux valets de pieds, qui portèrent, puis chargèrent, ses affaires dans le fiacre qui les attendaient. Il s'enquit auprès de Marine de savoir où il devait la déposer, puis transmit l'information à son cocher après avoir aider la jeune femme à prendre place à l'intérieur. Il monta ensuite à son tour et prit place face à la magnifique noble au visage de porcelaine dont les traits lui paraissaient encore tendus. Il l'observa durant un court instant tout en affichant un air pensif. Puis, il tourna son visage en direction de la fenêtre pour observer le paysage nocturne défiler sous ses yeux. Croisant ses longues jambes, il caressa son menton de son index et ne sembla guère éprouver le besoin de rompre le silence qui régnait dans la voiture, perdu dans ses propre tergiversations internes.

Flashback

La lumière s'était soudainement éteinte et Nathaniel s'était retourné lentement vers la porte après avoir posé sa question. Son regard s'était déjà habitué à la pénombre et il reconnu la silhouette de Haemford se détacher de l'obscurité.

- Pourquoi dites-vous cela ? Vous avez fait un travail remarquable, et tout travail mérite salaire, fit Haemford en lui tendant une enveloppe bien garnit.

Bien que toujours méfiant, Nathaniel tendit sa main pour s'en emparer, mais son hôte ne la lâcha pas, aussi Nathaniel posa-t-il son regard perçant sur lui, dans l'attente d'une explication.

- Je veux et j'exige que vous, et Melle Desmuguets, oubliez ce qui vient de se passer ici. Et je parle bien sur, également, de l'acte irraisonné de mon fils.

- Si tant est que votre fils n'est pas à nouveau prit d'une envie folle de m'envoyer rejoindre mes ancêtres, c'est envisageable.

Nathaniel continuait de fixer froidement le regard de pierre du noble. Quelque chose lui disait, qu'il devait à nouveau la vie à Miss Desmuguets. Si elle n'avait pas été là, ils auraient pu essayer de se débarrasser de lui à nouveau. Mais sa disparition aurait forcément inquiété la jeune noble, et faire disparaître deux personnes auraient fini par attirer l'attention, d'autant plus que Haemford ignorait à qui, la belle avait fait part de ses projets pour la soirée. Assassiner un charlatant était une chose, faire disparaître une noble aristocrate, en était une autre. La question était de savoir pourquoi. Pourquoi Steven lui avait-il tiré dessus ? Pour venger la mort de sa maîtresse dans un élan passionnel ? Ou... était-ce en rapport avec les dernières paroles de Jenny qu'il avait recueillit ? Pour Haemford, la question ne se posait pas. Seule, la réputation de sa famille comptait, et elle se trouvait désormais entre les mains d'un homme dont il ne savait presque rien, si ce n'est qu'il était un médium. Un homme dont il ne pouvait que se méfier. Haemford lâcha la pression de ses doigts sur l'enveloppe et Nathaniel pu s'en emparer. Il l'ouvrit pour vérifier que le compte y était bien, puis glissa l'enveloppe dans la poche intérieur de sa veste. Le noble fit ensuite signe à ces deux valets de pieds de prendre les affaires de Nathaniel, et s'est ainsi qu'il fut conduit auprès de Marine.

Fin du Flashback

Cette histoire était loin d'être terminé. Il leva son regard sur Marine, peut-être en savait-elle plus sur cette famille.

- Comment se porte votre coude ? S'enquit-il

D'ordinaire, Nathaniel ne se préoccupait guère du bien-être des nobles sauf si cela était bien sur dans son intérêt. Mais en l'occurrence, cette fois-ci, ce n'était pas le cas. En voulant le protéger, Marine avait été projeté durement sur le sol, entraînant avec elle, le trépied qui avait servit à sa séance. Il ne pouvait que concevoir que sa chute eut été douloureuse, comme elle l'avait laissé sous-entendre auprès de Haemford.

- Cette soirée, ne s'est pas exactement passé comme je l'escomptais, lâcha-t-il sans quitter la jeune femme du regard. Si ça peut vous rassurer, la plupart de mes séances sont beaucoup moins mouvementés. Fit-il dans un sourire qui se voulait à la fois complice et chaleureux. A présent que nous sommes seuls, et si vous me révéliez la raison de votre présence à cette séance ? Vous n'appartenez pas à cette famille et de toute évidence, étiez assez réfractaire à toute forme d'occultisme. Vous n'êtes pas non plus une enquêtrice envoyé par la Société de recherche psychique, alors... était-ce pour assouvir une certaine curiosité ? Vivre une expérience hors norme ? A moins que vous n'attendiez quelque chose de moi ?

Confortablement installé, il attendit que la jeune femme accepte de se dévoiler à lui. Ayant préalablement prit ses dispositions pour que son cocher prenne quelques détours avant d'arriver à destination, il avait tout son temps pour parler avec elle librement, loin de toutes oreilles indiscrètes.
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Marine Desmuguets
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MessageSujet: Re: Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Icon_minitimeDim 12 Jan - 14:23

Cette soirée avait tout simplement été atroce. Marine l'avait vécue comme un nouveau cauchemar. Elle, qui était venue chercher un baume pour apaiser ses douleurs et ses craintes, se retrouvait assaillie de nouvelles questions, de doutes, d'images terribles qui venaient s'ajouter à celles qui la torturaient déjà depuis un mois. Un fantôme, un suicide, des coups de feu...Comment pourrait-elle se débarrasser de ce cruel sentiment d'insécurité qu'elle tentait en vain de briser depuis sa rencontre avec des Vampires ? Comment pourrait-elle oser sortir de nouveau le soir ? Une rencontre galante, une soirée dépravée dans un cabaret, une attaque surnaturelle dans la rue et maintenant une séance de spiritisme qui avait tourné à l'aveu de meurtre et au suicide ? Non, décidément Marine ne voulait plus sortir. Que faire ? Que dire ? Elle ne rêvait plus que d'une chose: rentrer chez elle, loin de toutes ces histoires abominables, loin de ces gens crédules et hypocrites, loin de cet homme étrange...Pourquoi avait-elle accepté qu'il la raccompagne ? C'était dangereux, elle ne le connaissait pas...D'ailleurs c'était lui le responsable de tout ce chaos chez les Haemford...

Assise sur un fauteuil près de la porte arrière, elle l'attendait. Soucieuse et terriblement fatiguée, la jeune aristocrate ne voulu même pas prendre la peine de retourner chercher son éventail. Tant pis, il resterait là-bas, dans cette pièce sombre, au milieu des bougies, près de ce cadavre...Ce n'était pas un objet d'une grande importance de toute façon. Elle en avait d'autres...Et puis qu'importait une pareille bagatelle quand il était question de meurtre et de suicide ? Elle pourrait aisément s'en passer...
Soudain, un éclat brilla dans son œil. Elle venait de réaliser que, justement, cette histoire allait forcément pousser la police à venir inspecter la maison. Et si le Scotland Yard trouvait son éventail ? Cela pourrait peut-être les mener à elle et elle pouvait risquer d'être impliquée dans l'affaire de la jeune Elisa ! Ho non ! Elle ne voulait pas que l'on sache qu'elle avait participé à ce genre de réunion secrète ! Sa réputation en dépendait, sa liberté aussi, peut-être...Quel calvaire !

Debout, comme piquée par une bête à dard, la jeune française jeta un regard inquiet dans le couloir. Allait-elle y retourner ? C'était stupide de ne pas bouger ! Et que faisait donc ce fameux Monsieur de Miran ? Marine tourna son regard vers la porte de sortie. L'envie de fuir, tout simplement, venait de lui traverser l'esprit. La police n'allait pas tarder à arriver, c'était certain. Une fenêtre brisée, un cadavre en bas, dans la rue...Malgré le vent et la pluie qui luttaient de concert pour recouvrir de leur son celui de la nuit et de ses drames, nul doute que les voisins avaient été alertés depuis un moment.
L'angoisse et la fatigue commençaient à faire mauvais ménage chez la jeune femme. Son corps tremblait. La colère était retombée mais tout ses nerfs semblaient encore sous le choc et maintenant qu'elle songeait à toutes ces considérations, elle craignait pour sa réputation et sa liberté. Si le scandale éclatait, elle devrait retourner en France, chez ses parents, pour mauvaise conduite et pour se refaire une vie sociale. Elle devrait quitter Londres afin de sauver le peu de dignité qu'il lui resterait. Cette idée la fit frissonner. Non...Elle était là pour la science et...même si toutes ces histoires la torturaient, ce n'était pas maintenant, alors qu'elle avait découvert des choses aussi particulières, qu'elle allait abandonner ses recherches.

Une main sur son bras droit la fit sursauter. Elle se retrouva face à Nathaniel qui lui tendait son éventail. Dans un petit cri étouffé, Marine plaqua sa main sur ses lèvres avant de la tendre pour récupérer son bien. Elle semblait déstabilisée et émue. Une partie de ses craintes s'envolèrent au contact de l'objet tandis que son regard exprimait au galant toute sa gratitude.


- Je...Oui...Merci...Vous...vous êtes bien aimable.

Ils sortirent. L'air frais du soir fit l'effet d'une bouffée d'oxygène au visage et au cœur de la jeune femme. Elle respira un grand coup et soupira en voyant le fiacre s'avancer devant eux. Nathaniel fit charger son matériel de spiritisme par les domestiques et bientôt ils furent tous deux assis face à face dans le véhicule sur les banquettes confortables, à l'abri, dans la semi-pénombre. Une fois installés, Nathaniel lui demanda où il devait la reconduire. Marine lui sourit timidement.

- St Margaret’s Church, s'il vous plaît. J'habite tout près de cet édifice...

Les lampadaires brillèrent sur eux à intervalles réguliers tandis que la voiture s'engageait sur la route. Les pavés les secouaient mais il paru à Marine que le voyage ne serait ni long ni pénible. Étrangement, elle se sentait beaucoup mieux. Elle venait de récupérer son éventail, grâce à cet homme mystérieux, et elle s'éloignait sensiblement de cette affreuse demeure. Elle était à l'abri alors que dehors les intempéries ne semblaient pas vouloir se calmer et elle était entière.
Nathaniel ne semblait pas se préoccuper d'elle. C'était une bonne chose. Sous tension, la jeune femme préférait éviter de lui parler. Un silence reposant s'était installé entre eux. Ils regardaient chacun par une vitre du véhicule. Le paysage défilait sous leurs yeux et chacun était plongé dans ses propres pensées. Marine songeait à ce qu'elle allait désormais faire. Resterait-elle réellement cloîtrée chez elle, loin du danger, loin des réponses à ses questions ? Non...elle ne le pouvait pas. Son esprit scientifique venait une nouvelle fois d'être ébranlé et elle avait besoin de comprendre ce qui lui était arrivé. Elle songeait à aller demander aux Alchimistes s'ils ne pouvaient pas l'aider mais elle se méfiait de ces gens-là. Ils semblaient s'attacher au corps humains et aux animaux dans la seule perspective de trouver l'immortalité, c'était du moins ce qu'elle avait retenu des rares livres qu'elle avait lu sur eux. Et puis, leur parler de Vampires n'était peut être pas une bonne idée...Ni de fantômes...

Son regard se posa un instant sur Nathaniel. Elle l'observa. Physiquement, c'était un homme des plus agréable. Son visage était gracieux sans perdre de sa virilité. Se vêtements lui donnaient une élégance notable et son regard un air si mystérieux qu'il était impossible de ne pas s'y attarder régulièrement. Il avait quelque chose de dur, un soupçon de confiance en lui qui lui donnait une aura, une force qui tenait à la fois de l'attraction et de la répulsion. Il faisait peur, quelque part. Mais il donnait envie de s'intéresser à lui...

Marine hésita à lui parler. Elle était venue pour lui demander s'il croyait aux Vampires, s'il en avait déjà croisé dans sa profession, s'il avait entendu quelque chose à ce sujet. Elle voulait savoir si dans le milieu des charlatans de son type, touchant soit-disant à une forme de magie, des pouvoirs psychiques étaient explicables...
Mais la jeune femme se ravisa. Finalement, même si elle était désormais persuadée qu'il n'avait pas truqué la séance, elle ne souhaitait pas s'enfoncer d'avantage dans ce marais de doutes et d'horreur. Elle lui demanderait sa carte, au cas où elle se déciderait un jour à lui parler de ce genre de chose, mais ce soir elle ne souhaitait qu'oublier toutes ces affaires. A force de s'y attarder, elle finirait par y perdre la raison.

Cependant, au bout d'un moment, ce fut le jeune homme qui lança la discussion, au plus grand damne de la jeune aristocrate. Il s'enquit de son coude, ce qui surpris la belle. Elle ne l'avait pas oublié, loin de là, depuis qu'elle l'avait nettoyé ce dernier tirait sur chaque muscle de son bras dans une douleur lancinante. Elle ne se l'était pas fracturé, ce n'était qu'une contusion, un hématome, mais elle était tombée sur le point le plus sensible de cette partie du corps, sur le nerf.
Elle sourit au jeune homme en dirigeant sa main vers sa blessure.


- Ho...ça ? Vous m'avez entendue...Ce n'est rien, vraiment, juste une petite douleur...Mais cela passera vite.

Marine avait vécu bien pire un mois plus tôt. Dans sa lutte avec les Vampires, elle s'était pris un morceau de bois dans la cuisse et sa cicatrisation avait encore du mal à se faire. Là, ce n'était qu'un coup sans réelle blessure, une simple écorchure sans importance, sauf peut-être pour sa robe clair qui était désormais tâchée de l'intérieur.

Le regard du jeune homme fit rougir la jeune femme. Dans cet endroit confiné, un malaise la prit. Elle était avec un inconnu dans un fiacre, cela était bien la première fois de sa vie...Non, la deuxième...Lorsqu'elle trouvé Aahron Bradford sous un pont, complètement drogué, et qu'elle l'avait amené à l’hôpital, elle avait déjà agit de cette façon si peu recommandée. Mais avait-elle le choix désormais ? C'était trop tard. Ils étaient partis.

Nathaniel s'excusa alors de la tournure qu'avait pris la soirée. Il n'avait pas prévu qu'elle se déroule de cette façon, fort heureusement, et il voulu la rassurer sur ses autres séances. Marine répondit à son sourire avec une petite grimace aimable mais néanmoins pincée. Elle préférait ne pas en parler.
Puis le jeune homme profita de ce tête à tête pour la questionner sur sa présence à cette soirée. Marine frémit. Qu'allait-elle lui dire ? Devait-elle lui cacher la vérité ? Elle ne voulait pas se compromettre avec un tel homme. Si elle lui avouait les raisons de sa venue, nul doute qu'il s'intéresserait à elle et qu'elle finirait par se retrouver au milieu d'un scandale ésotérique. D'ailleurs il pouvait aussi tout bonnement se moquer d'elle et la prendre pour une folle. Cela aurait été le comble ! Elle avait été bien assez humiliée ces derniers temps...


- Je...Hésita-t-elle en baissant la tête pour regarder ses mains gantées. Non...Je ne fais pas partie de la Société de recherche psychique...Je ne suis une scientifique que de petit acabit et je suis indépendante. Mais ce n'est pas cela qui m'a donné envie de vous voir...

Marine tripota son éventail comme si c'était la première fois qu'elle le voyait. L'intensité de sa nervosité augmenta.

- Oui...J'étais curieuse...Je...Je dois bien avouer que je vous prenais pour un charlatan, au début, et que je ne suis venue que pour assister à un genre de spectacle...Je ne pensais pas que vous étiez capable d'une telle chose...Parler aux morts...Je...

Les yeux de la jeune aristocrate s'emplirent de larmes. Qu'elle idiote ! Son incrédulité lui avait bien remué les entrailles ! C'était bien fait pour elle si elle se retrouvait maintenant à devoir justifier sa présence. Elle-même avait trouvé son intérêt quelque peu morbide. Elle avait voulu se prouver à elle-même que ce genre de séance n'était que spectacle pour les imbéciles et finalement elle allait désormais faire partie de ces mêmes imbéciles. Elle avait vu, elle avait entendu...Comment pouvait-elle encore refuser d'y croire?

- Je ne suis qu'une amie d'une parente de ce couple, et c'est cette dernière qui m'a mise au courant de cette séance... Marine s'étrangla. Ho Monsieur...veuillez me pardonner mais...je n'y croyais pas...et...

La jeune femme quitta des yeux son éventail et plongea son regard azuré dans celui de son interlocuteur. Ses larmes coulaient maintenant pour de bon et sa poitrine commençait à se soulever sous l'émotion. Elle passa une main sur sa joue pour essuyer brièvement sa détresse et continua en hoquetant:

- Mais...oui...Il y a autre chose...Ho Monsieur...

Marine se pencha en avant et prit une des mains du jeune homme pour la serrer contre son visage. Elle n'en pouvait plus. C'était trop tard. Elle avait atteint ses limites et l'aveu qu'elle s'apprêtait à faire la retournait assez pour qu'elle ose se permettre ce geste intime.

- Je suis poursuivie...Par des monstres...Je n'y ai jamais cru mais je les ai rencontrés et je n'en dors plus...Même si je doutais de vos capacités, je pensais...que vous auriez peut être des pistes pour m'aider à comprendre ce qui m'était arrivé...

L'éventail glissa de sa robe et tomba à ses pieds. Le fiacre continuait de les acheminer en cahotant. Marine était désormais plié en deux dans une position de tristesse absolue. Ses larmes coulaient sur la main du médium.

- Je pensais...que dans votre milieu...je trouverais des réponses...Mais c'est pire ! J'ai trop fréquenté la mort en en mois...J'en perds la raison! Des morts qui parlent, des morts qui marchent, des gens capables de faire voler des objets, des gens qui veulent boire notre sang...Non...non...tout ceci est insensé ! Je n'en dors plus...Je n'ose plus sortir...C'est de pire en pire...

Comment expliquer à cet homme ce qu'elle ressentait ? C'était une terreur sans nom, un besoin de parler, de s'abandonner. Elle n'avait que sa camériste avec elle. Personne d'autre. Sa famille était loin, ses amies trop frivoles...Elle n'avait personne à qui parler de ce genre de soucis. Qui la croirait ? Des Vampires, des monstres, et maintenant des fantômes ? Elle finirait à Bedlam et on l'y oublierait.

Marine se redressa et attrapa Nathaniel par le col avec une force désespérée. Ses yeux brillèrent à la lueur des lampadaires.


- Dites-moi que je ne suis pas folle ! Monsieur...

Elle gémit, se plia et posa sa tête contre le jeune homme pour pleurer, tout simplement, de tout son saoul. Elle n'avait pas réussi à se contenir jusqu’à chez elle. Sa peur avait resurgi. Sa honte aussi. Elle ne savait plus ni que faire ni que penser. Elle n'avait personne en qui elle pouvait avoir confiance. Personne qui pouvait la comprendre. Comment pouvait-elle espérer vivre à nouveau en paix avec de semblables terreurs dans son esprit ?


Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Marine10

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Nathaniel de Miran
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MessageSujet: Re: Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Icon_minitimeVen 24 Jan - 12:45


Le silence ne le dérangeait aucunement, il avait quelque chose d'apaisant. Contrairement à la plupart de ces nobles qui se croyaient obligés de parler afin d'étaler leurs sciences pour meubler les silences, ce n'était pas le cas de Nathaniel, qui ne parlait jamais pour ne rien dire. Peu lui importait qu'il se trouva en compagnie d'un Duc ou d'un Baron, dans un fumoir. S'il n'avait rien à leur dire, il ne se forçait pas. Par contre, il écoutait. Il écoutait toujours ce qu'ils se disaient, rien ne lui échappait et souvent mal leur en prenait de lui demander son avis, car rien ne lui plaisait plus que de bousculer les idées reçus.
Lorsqu'il brisa le silence qui régnait à l'intérieur du fiacre, ce ne fut pas pour engager une conversation banale et sans intérêt. Bien au contraire. D'une part, il avait envie d'en apprendre plus sur cette famille, qu'était les Haemford, mais surtout, il voulait la connaître elle et découvrir pour quelle mystérieuse raison, elle s'était invitée à cette séance alors qu'elle n'était pas l'une des leurs, et qu'il était clairement évident, qu'elle ne croyait pas au paranormal, du moins, jusqu'à ce soir. S'il s'était préparé à entendre plusieurs excuses qu'il pourrait qualifier d'habituelles, dans ce cas de figure, il était en réalité, très loin de se douter de la véritable teneur de ces agissements.
Le bruit des roues roulant sur le pavé de la route, mêlé à celui des chevaux battant ce même pavé, avait laissé place, à l'intérieur de la voiture, à un silence gêné, de la part de la jeune femme qui lui avait offert un sourire contrit après qu'il se fut excusé pour la tournure tragique qu'avait prit cette soirée.
Au début, elle sembla quelque peu hésitante à lui répondre, fuyant son regard qui ne la quittait pas des yeux. Elle fixait ses mains gantés avec une nervosité très mal contenue, comme si elles étaient soudainement devenues les choses les plus intéressantes qu'elle n'ait jamais vu jusqu'alors. Elle lui confirma ainsi, qu'elle n'appartenait pas à  la Société de recherche psychique, toutefois elle se qualifia malgré tout de scientifique, ce qui eut pour effet d'éveiller un peu plus l'intérêt de Nathaniel. Une scientifique indépendante ? Tiens donc, voilà qui était fort peu commun.
Lorsqu'elle se mit à tripoter nerveusement son éventail, il put sentir que sa nervosité venait de monter d'un cran, et qu'elle se raccrochait comme elle le pouvait à quelque chose de fiable et tangible, comme si ce simple objet pouvait lui apporter un quelconque soutient. Nathaniel aurait pu tenter de l'aider à se détendre, en la rassurant par des mots doux et réconfortant, mais il n'en fit rien. Préférant attendre, sans la quitter des yeux. Elle lui avoua, honteuse, qu'elle le soupçonnait de charlatanisme, mais de cela à vrai dire, il n'était guère surprit. Il ne pouvait d'ailleurs pas le lui reprocher. Elle n'était pas la première à mettre en doute son don, et ne serait probablement pas la dernière. Lui-même avait énormément voyagé, mais jamais, il n'avait rencontré de véritables médiums. Sa route avait croisé celle de nombreux imposteurs, mais jamais aucun d'entre eux, n'avait possédé ce don qui lui permettait d'invoquer les morts. Comment dans ce cas, pouvait-il lui reprocher son scepticisme ? Pourtant, elle semblait réellement bouleversée, puisque son magnifique regard azuré se remplit très vite de larmes, prêtes à couler. Elle était confuse d'avoir eut de telles pensées à son égard, et s'en voulait manifestement de l'avoir jugé trop vite. Etait-ce donc là, ce qui la mettait dans cet état ? Il était évident que non. Nathaniel mit tout d'abord cette émotion exacerbée, sur le compte du choc émotionnel que lui avait causé cette soirée. Sans omettre, dans une moindre mesure, que ses convictions venaient de voler en éclat, et ce, de la manière la plus tragique qui soit. Elle se confondit encore en excuses tout en sanglotant, avant de lever son magnifique regard sur lui, qui était resté imperturbable, se contentant de l'observer et de l'écouter dans un silence religieux. Son doux visage était à présent baigné de larmes qu'elle n'avait pu contenir plus longtemps, et sa poitrine se souleva sous l'émotion. Essuyant ses larmes indisciplinées, elle tenta de se reprendre.


- Mais...oui...Il y a autre chose...Ho Monsieur...

Autre chose ? Le regard de Nathaniel se fit alors plus pénétrant. C'est alors que Marine eut à nouveau, à son égard, un geste qui le surprit. Après s'être jeté sur son agresseur, voilà à présent, qu'elle se pencha vers lui, prenant sa main dans la sienne pour la guider vers son si joli visage. Le masque imperturbable qu'il avait porté durant ses aveux s'envola aussitôt pour laisser place à la surprise devant l'audace de la demoiselle face à ce geste intime. Un geste étonnant certes, mais absolument pas déplaisant.

- Je suis poursuivie...Par des monstres...Je n'y ai jamais cru mais je les ai rencontrés et je n'en dors plus...Même si je doutais de vos capacités, je pensais...que vous auriez peut être des pistes pour m'aider à comprendre ce qui m'était arrivé...

Des... monstres ? Les sourcils de Nathaniel se froncèrent aussitôt devant ce qualificatif. Qui qualifiait-elle ainsi ? Qui la poursuivait ? Et Pour quelle raison ? Les questions se bousculèrent dans sa tête, mais préférant ne pas l'interrompre dans ses aveux, il garda le silence, tout en redoublant d'attention. La belle aristocrate était à présent recroquevillée en deux et sa détresse était on ne peut plus touchante.

- Je pensais...que dans votre milieu...je trouverais des réponses...Mais c'est pire ! J'ai trop fréquenté la mort en un mois...J'en perds la raison! Des morts qui parlent, des morts qui marchent, des gens capables de faire voler des objets, des gens qui veulent boire notre sang...Non...non...tout ceci est insensé ! Je n'en dors plus...Je n'ose plus sortir...C'est de pire en pire...

« son milieu » ? Pensait-elle vraiment trouver les réponses à ses questions auprès d'un charlatan, comme elle l'avait elle-même qualifié ? Voilà bien une attitude fort imprudente, étant donné le nombre de personne peu scrupuleuses qui exerçaient cette fonction. Réaction totalement imprudente, certes, mais néanmoins audacieuse, puisque cela avait payé. Elle était tombée sur lui, et s'il usait également du mensonge, son don à lui, était, par contre, bien réel. De plus, il avait cet avantage, de par son passé, de naviguer entre deux eaux. Fréquentant à la fois les hautes sphères de la noblesses et les intellectuels, tous comme la liasse populaire. Et dans l'un, comme dans l'autre, on entendait beaucoup de choses. Elle avait néanmoins raison sur un point, c'était dans son "milieu", chez les bohémiens, que l'on apprenait le plus de chose. Lorsqu'elle fit référence aux morts qui parlaient et marchaient, il était évident qu'elle faisait allusion à leur séance de spiritisme. Lorsqu'elle évoqua les objets qui volaient, également, sauf que ça, ce n'était que de la mise en scène. Une illusion provoqué par ses talents de prestigitateur. Ce qui l'interpella, par contre, ce fut le dernier élément de sa liste d'événement, que l'on pourrait qualifier de paranormal. Des gens qui voulaient boire leur sang ?! Se répéta-t-il intérieurement avant de réaliser avec horreur ce qu'elle essayait de lui dire. Se pouvait-il.... ? C'est alors que dans un sursaut qui le surprit, elle l'attrapa par le col avec un force insoupçonnée. Son visage n'était plus qu'à quelques centimètre du sien, et dans son merveilleux regard se reflétait à présent la peur et l'inquiétude. Non, c'était bien plus que cela, c'était de la terreur.

- Dites-moi que je ne suis pas folle ! Monsieur...

Elle poussa un gémissement désespéré et se laissa aller dans ses bras pour y pleurer et y trouver un peu de réconfort. La serrant contre lui, il la laissa pleurer de ton son saoul, puis, lorsque ses hoquets commencèrent à s'estomper, et qu'elle commença à se calmer, il desserra son étreinte pour la regarder et plongea son regard dans le sien. Elle lui paraissait si fragile en cet instant. Doucement, il leva sa main vers son visage et d'une infinie douceur, effleura sa joue avec son pouce, pour effacer ce sillon de larmes qui avait tracé leur route sur cette peau nacrée. Sans la quitter du regard, il lui offrit un sourire emprunt de chaleur.

- Vous n'êtes pas folle, rassurez-vous, ou alors nous sommes deux fous, mais nous ne sommes pas assez intimes pour que je consente à vous autoriser à me traiter de la sorte.

S'ils avaient été chez lui, il lui aurait offert un bon verre de Scotch pour la détendre, car l'alcool avait cette vertu unique d'estomper vos angoisses les plus tenaces. Il aurait également prit un verre pour l'accompagner, puis, il se serait installé confortablement dans son fauteuil face au canapé sur lequel elle aurait prit place, et aurait fumé son cigare, pendant qu'elle se serait confié à lui. Malheureusement, ils n'étaient pas chez lui. Ils étaient à bord d'un fiacre, qui traversait la ville, et qui n'offrait absolument pas le confort auquel ils auraient pu prétendre. Toutefois, le fiacre avait également ses avantages. C'était un lieu confiné, qui, non content de favoriser leur promiscuité, il était idéal pour aborder ce genre de discussion, qui les protégeait de quelques oreilles indiscrètes. Tant pis pour le scotch.
Dégageant une de ses boucles brunes indisciplinées, qui était tombée sur son visage, Nathaniel glissa ensuite son index sous le menton de la jeune femme pour qu'elle lève son regard sur lui.


- Je peux comprendre que vous soyez perturbée, toutes vos convictions les plus profondes sont entrain de voler en éclat. Vous croyez à tout ce que vous pouvez voir, toucher, et surtout que l'on peut expliquer. Melle Desmuguet, permettez-moi de vous poser une question, croyez-vous en Dieu ? Beaucoup de scientifiques ont tourné le dos à la religion parce que cela dépasse leurs esprits cartésiens, mais ce n'est pas parce que l'on ne peut pas expliquer certaines choses, que cela n'existe pas pour autant. Vous pouvez passer votre vie sans avoir la moindre preuve de l'existence de certaines choses, jusqu'au jour où vous réalisez que cela existe, et là, toutes vos convictions sont ébranlés. Vous êtes alors envahit par une soif de connaissance insatiable, vous désirez tout savoir, même si une partie de vous redoute ce que vous découvrirez. Ce n'est absolument pas de la folie, c'est on ne peut plus normal.

Il espérait que ces paroles étaient parvenues à apaiser, ne serait-ce qu'un peu, ses craintes quand à l'état de sa santé mentale. Puis, il l'observa à nouveau durant un instant. Elle se tenait là, dans ses bras, fébrile et inquiète. En temps normal, il n'aurait pas hésité un seul instant à profiter de sa vulnérabilité sans la moindre once de remords. Elle était riche, s'il en jugeait par sa toilette et son éducation, sans oublier que les Haemford n'aurait jamais consentit à l'inclure dans leur petit cercle privé si elle n'avait pas possédé une certaine influence. Et puis, le fait qu'elle se confie à lui ainsi, alors qu'elle ne le connaissait pas, indiquait clairement qu'elle n'avait personne à qui se confier. Expatriée, elle n'avait pas sa famille auprès d'elle. En résumé, elle était à ses yeux, une proie facile et vulnérable qu'il lui aurait été aisé de charmer et manipuler. Toutefois, il n'oubliait pas qu'elle lui avait sauvé la vie. Nathaniel n'avait peut-être pas beaucoup de respect pour les nobles et n'hésitait pas à exploiter les failles qu'il pouvait percevoir chez chacun d'entre eux, quelque soit la situation, mais il lui restait malgré tout quelques principes. Elle lui avait sauvé la vie, peut-être même à deux reprises, c'est pourquoi, il ne profiterait pas de sa détresse. Lorsqu'il reprit la parole, cette fois-ci, se fut dans leur langue maternelle.

- Votre nom, votre accent,... cela fait longtemps que vous avez quitté la France ? Votre pays, et vos proches ne vous manquent-ils pas ? Si vous pensez votre vie en danger, pourquoi rester ? Le monde est vaste.

Plus d'une personne, dans sa situation, se sentant menacé, et n'ayant aucune attache particulière, n'aurait pas hésité à s'enfuir, et à quitter la ville. Mais pas elle. Bien que terrorisée, elle refusait de partir, pour quelle raison ? Peut-être se trompait-il, peut-être avait-elle une attache finalement.

- Vous vous êtes ouverte à moi, et je me vois très honoré de votre confiance. Je vous aiderais dans la mesure de mes modestes moyens. Toutefois, pardonnez-moi si je me montre curieux mais... que vous est-il arrivé ? Vous avez parlé de « monstres », et de personnes qui veulent... boire notre sang ? Madame, je ne suis pas sur de comprendre, seriez-vous entrain de parler de... vampires ?

Il avait parfaitement compris le sous-entendu, de toute manière, il ne connaissait que peu de créatures réelles ou imaginaires, qui chercheraient à s'abreuver de leur sang. Néanmoins, il avait besoin de l'entendre de la bouche de Marine. Il avait besoin d'entendre une confirmation.
Il ne mettait cependant pas en doute l'existence des vampires, aussi fou que cela puisse paraître, il savait qu'ils existaient, bien qu'il n'en n'ait jamais rencontré lui-même, et, à vrai dire, il aimait autant que cela reste ainsi. S'il avait eut vent de leur existence, et s'il avait foi en ces dires, c'était uniquement parce que ceux qui lui avaient révélés leur existence, était des morts. Or, s'il avait bien apprit une chose avec son don, c'est que contrairement aux vivants, les morts, eux, ne mentaient jamais. Marine était la première personne qu'il rencontrait à être toujours vivante après un face à face avec l'une de ces créatures. Comment ? Par quel prodige ?
Tant de questions se bousculaient dans sa tête jusqu'à ce qu'il crut percevoir, comme une lueur de panique, dans le fond de ses magnifiques prunelles. Pensait-elle qu'il ne la croyait pas ? Il est vrai, qu'il avait buté sur le mot vampire, et n'importe qui, de normalement constitué, qui ignorait leur existence, en l'entendant les mentionner, l'aurait probablement prit pour une personne très perturbée. Aussi, dans le doute, décida-t-il de la détromper.


- Je ne met pas votre parole en doute, je sais qu'ils existent, j'ignorais toutefois, qu'il y en avait ici aussi. Ce qui m'a fait hésiter à prononcer ce mot, c'est que je vous imagine mal avoir pu être confronté à ces créatures de la nuit. Vous êtes décidément pleine de ressources. Expliquez-moi, comment avez-vous pu être mêlé à cela ? Vous m'avez dit être une scientifique, est-ce en rapport avec vos recherches ?  Voulez-vous bien me raconter ce qui vous est arrivé ? Ainsi que les raisons qui vous font penser que ces créatures vous traquent ?

Cela faisait beaucoup de questions, il en avait bien conscience, mais à présent, il ne pouvait rester sans réponses. Toutefois, bien conscient que cette foule de question pouvait l'effrayer, il se tut, et décida de se dévoiler un peu, à son tour.

- J'ai vécu une partie de mon enfance avec des bohémiens, ils disaient que lorsqu'une personne sauve votre vie, celle-ci lui appartient. Alors, je n'irais pas jusque là, précisa-t-il non sans une pointe d'ironie dans le son de sa voix, mais je vous suis redevable, et si je peux vous aider en quoi que ce soit, soyez assuré que je le ferais.

Nathaniel était sincère, s'il pouvait l'aider, Il le ferait. il n'était bien sur, pas question pour lui d'entrer dans une quelconque bataille avec des vampires, puisque le combat serait perdu d'avance, et qu'il n'était pas un partisan des causes perdues. Toutefois, il y avait d'autres moyens de lui venir en aide, mais pour cela, il devait en savoir plus. Les secousses du fiacre cessèrent soudainement de les bercer et cet immobilisme soudain, fut comme un retour à la réalité. Comme si ce moment magique de complicité venait de s'arrêter en même temps que la voiture. Le trajet touchait-il à sa fin ou y avait-il un obstacle sur la voie ? Se détachant de Marine, Nathaniel jeta un regard par la fenêtre et put constater à son grand regret, qu'ils étaient bel et bien, déjà arrivés. Le long détour aura finalement était bien trop court à son goût. Le médium lâcha un soupir qui ne masquait nullement son exaspération et encore moins son humeur. Il allait falloir qu'il demande à son cocher s'il comprenait l'anglais ou s'il lui fallait une définition du mot détour ! Dans tous les cas, de par son incompétence, ce dernier allait se passer de pourboire ! Lorsque le cocher ouvrit la porte de la voiture, Nathaniel en sorti après lui avoir adressé un regard assassin qui le fit frémir.

- Je crois que vous devriez prendre des leçons d'anglais puisque vous semblez ne pas comprendre cette langue Arthur. Avait-il persiflé sur un ton quelque peu cinglant et moqueur.

C'était un regard noir et furieux qu'il lui avait adressé, un regard que le cocher n'osa soutenir, mais qui disparut aussitôt qu'il se fut tourner vers Marine pour lui tendre sa main afin de l'aider à decendre à son tour sur la chaussée. Lorsqu'elle se retrouva à ses cotés, Nathaniel mit son chapeau haut de forme, et serrant sa canne dans la paume de sa main, donna de nouvelles instructions à ce bougre d'imbécile.

- Rentrez à l'hôtel Albany, et faites décharger mes affaires. Je rentrerais par mes propres moyens.

L'homme, referma la porte de la voiture, et après avoir bien signifié qu'il avait comprit ce qu'on attendait de lui, salua le couple, avant de regagner son banc et de faire claquer son fouet sur l'attelage afin de repartir aussitôt. A nouveau seul, Nathaniel se tourna en direction de Marine et lui tendit son bras, pour qu'elle le prenne.

- Nous n'avons pas terminé notre discussion, or nous avons beaucoup de choses à nous dire. De plus, je ne puis vous laisser seule, après ce que vous m'avez confié. Puis-je espérer l'hospitalité, et abuser ainsi encore un peu de votre charmante compagnie ou vais-je finalement être contrain de courir derrière mon fiacre ?
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Marine Desmuguets
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MessageSujet: Re: Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Icon_minitimeSam 8 Fév - 20:39

Elle avait craqué.

Cette soirée mouvementée aurait pu se terminer une fois que le seuil de la demeure des Haemfort eût été franchie; la jeune Miss Desmuguets aurait pu rentrer chez elle avec son cocher, Monsieur De Miran aurait pu faire de même de son côté; chacun aurait pu oublier, ou du moins taire, cette affaire, pour tenter de la cloîtrer dans les interstices les plus sombres de leur pensée respective, et chacun aurait pu retrouver la quiétude apparente d'une vie sans histoire. Mais le Destin avait voulu que ces deux jeunes gens se rencontrent et il ne semblait pas prêt de les séparer, comme s'il eut tissé la trame de leur vie à l'aide de fils entremêlés dont la fibre ne pouvait être rompue sans dommage.
Un homme, une femme, un médium, une botaniste...Rien ne les rassemblait, rien hormis cette nuit, cette séance de spiritisme, ces cruelles révélations, ce suicide, la Mort...
Cette dernière riait-elle de concert avec le Destin, son plus fidèle ami? Nul ne le saurait jamais, mais Marine, elle, commençait à sombrer dans une forme d'hystérie qui prouvait bien assez que leur alliance la terrorisait.

Recroquevillée en deux dans le fiacre, les mains agrippées autour du col de Nathaniel, la jeune femme laissait aller ses regrets, ses questions et toute sa terreur dans un flot de larmes incessant. Uniquement interrompu par quelques hoquets que son souffle faisait faire à sa gorge nouée pour tenter de laisser passer l'air, il soulevait sa poitrine dans un mouvement saccadé, presque convulsif. La pauvre scientifique était au bout de ses forces. Seule dans sa détresse, elle n'avait plus rien pour raccrocher son esprit. Cette soirée venait en fait d'achever sa volonté. Ses plus grandes convictions avaient volé en éclats lorsque l'âme de la morte avait investi le corps de sa mère, les frayeurs du dernier mois, qu'elle avait passé enfermée dans sa demeure, étaient revenues au galop avec cette histoire de meurtre, ce suicide, ces objets en suspension...Comment pouvait-elle espérer guérir de son mal si à chacune de ses sorties elle vivait un calvaire semblable?

Ce Nathaniel De Miran, dont elle tenait le col depuis quelques minutes, était pour elle un parfait inconnu. C'était en outre un médium, un charlatan ou peu s'en fallait, et s'il était plutôt agréable d'aspect général, il faisait froid dans le dos avec ses méthodes, ses pratiques, son matériel, son air mystérieux et inquisiteur. Mais Marine était désormais dans ses bras. C'était son dernier espoir avant la folie.
De son côté, si le jeune homme avait peu réagi à ses révélations et à ses éclats, il avait cependant fini par la serrer contre lui pour la rassurer. Semblant passer outre ses écarts, il resta silencieux pour accueillir en son sein la jeune femme éplorée. C'était gentleman de sa part, et cela permit à la belle de pouvoir oublier l'espace d'un instant ses terreurs pour laisser place à la douce libération. Abandonnant toute retenue, elle avait donc continué de pleurer sans plus se soucier ni de son statut, ni de la situation compromettante dans laquelle elle se trouvait de nouveau. Elle avait besoin de soulager sa peine, d'être enfin comprise et aidée. Cela faisait un mois que sa camériste et tutrice ne prenait sa dépression que pour une histoire de cœur, surtout après cette histoire de rencontre avec Monsieur Bradford. Cela était devenu insupportable! Comment lui avouer qu'elle n'osait plus sortir et qu'elle faisait cauchemars sur cauchemars à cause de « Vampires »? Elle qui envoyait à ses parents une lettre par semaine pour leur rapporter son état et ses aventures, si aventures pouvait vivre une aristocrate de son acabit, n'aurait sans aucun doute demandé à ses parents un rapatriement pour la mettre dans un hôpital pour les fous. La pauvre aristocrate ne pouvait espérer aucun secours de sa famille ou de ses domestiques. Elle n'avait eu aucun autre espoir que ce médium...

Enfin, ses pleurs ralentirent et leur intensité diminua passablement. Son cœur s'était quelque peu apaisé. Les bras chaleureux de cet homme lui avaient promulgué une forme de soulagement qu'elle n'aurait jamais imaginé. Elle y était bien, envelopper comme dans un cocon, comme dans son lit qu'elle n'avait presque plus quitté ces derniers temps. Elle avait réussi à y oublier un instant sa peur, comme un enfant trouve refuge dans les bras d'un adulte après un mauvais rêve.
Mais le rêve devait prendre fin, pour les formes, pour les normes. Marine sentit Nathaniel desserrer son étreinte et l'éloigner doucement de lui. Le havre de paix qu'il venait de lui permettre d'apercevoir disparut lentement. Elle le laissa lui poser la main sur le visage pour effacer ses larmes et elle accueillit son sourire avec une soudaine ferveur qu'elle ne se connaissait pas. Ce visage lui parut si amical, si bienveillant, qu'elle sentit monter en son cœur un espoir fou. Avait-elle trouvé quelqu'un qui la comprendrait sans la juger? Pouvait-elle espérer qu'il lui confirmerait que ce qu'elle avait vu n'était pas le simple fruit d'une imagination trop fertile et malade?

Les premiers mots qui franchirent les lèvres du médium lui firent esquisser un demi-sourire. Elle n'était pas folle...C'est qu'il la croyait! Quel soulagement! Elle avait enfin trouvé quelqu'un pour l'aider dans cette terrible passe! Ils étaient « deux fous »...Avait-il eu affaire avec des Vampires lui aussi?
Mais lorsqu'il lui expliqua ensuite qu'il ne lui permettait pas de le traiter de la sorte, ses paroles la figèrent d'effroi. Aussitôt, elle se redressa pour reculer avec maladresse. Son visage se crispa dans une expression de confusion, de gêne absolue et de détresse. Elle posa ses mains sur les genoux du jeune homme comme pour le prier.


- Ho Monsieur De Miran...Je suis tellement confuse...! Pardonnez-moi...! Vous avez raison, je n'aurais jamais dû...Ho quelle pitié...

Ses larmes revinrent envahir son regard azuré comme la marée montante vient ronger la plage. Mais les doigts du jeune homme écartèrent une de ses boucles rebelles et glissèrent sous son menton pour le lui relever. Marine ravala sa peine avec difficulté mais la voix grave et douce de Nathaniel la calma presque aussitôt. Elle se laissa reposer dans ses bras et l'écouta avec une attention particulière, ses grands yeux fixés dans les siens comme passionnée par ce qu'il lui racontait maintenant. En vérité, Marine fut complètement contrite face à son discours. Il lui demandait si elle n'avait jamais cru en Dieu et si elle n'avait jamais envisagé de rattacher ses questions actuelles à des solutions divines. Que pouvait-elle répondre à cela? Elle avait eu une éducation chrétienne, catholique, et, malgré la foi de ses parents et grands-parents, elle n'avait jamais réussi à croire elle-même en quoi que ce soit d'aussi intangible. Dès qu'elle avait eu l'âge de réfléchir par elle-même, elle avait commencé à poser des questions de nature scientifique et à ses yeux tout bonnement logique. Ce n'était pas courant à cette époque et son attitude avait fait peur à ses parents qui s'étaient empressés de lui trouver un précepteur catholique afin de rétablir sa foi. Mais Marine avait alors décidé de jouer la comédie et, depuis maintenant près de dix ans, elle conservait un semblant de religion qu'elle ne portait pourtant pas dans son cœur.

- Je...Je suis navrée si...si je vous choque...mais...non, je ne crois pas en Dieu.

La jeune femme eut l'horrible impression d'avoir juré en public. Elle ne pu s'empêcher de jeter un coup d'oeil par la fenêtre avant de ramener son regard sur son interlocuteur. Nathaniel semblait convaincu de ce qu'il disait. Croyait-il donc, lui? Certainement...Sinon pourquoi poser aussi brusquement cette question?
Marine resta muette un moment. Elle entra dans une profonde réflexion. Quelque part, le médium avait raison et elle était bien d'accord avec lui, surtout depuis les récent événements qui l'avaient touchée. Mais voir de ses yeux la chose avant d'y croire lui paraissait bien trop légitime pour lui accorder son entier soutien.


- Je...Voir avant de croire me paraît plus sain, Monsieur De Miran...Pardonnez mon impertinence, mais c'est ce en quoi je crois...Se fier à l'invisible, dans l'éventuel preuve à venir, n'est-ce pas déraisonner?

Raison et Religion ne faisaient pas bon ménage depuis quelques dizaines d'années chez les philosophes et il apparut clairement que Marine se rangerait du côté de ces derniers si le débat devait continuer en ce sens.
La jeune aristocrate se tue, écoutant toujours le jeune homme. Il la rassura sur sa folie et ses peurs, mais ce fut surtout lorsqu'il évoqua la « soif de connaissance » que la belle finit par lui sourire. Oui...le monde était peuplé d'êtres étranges et insoupçonnés, il y avait encore tant de choses à découvrir, tant à expérimenter, à trouver, à analyser, que les conventions de la société et les convictions de chacun ne pouvaient qu'être mis à mal avec le temps et l'évolution. Mais cela devait-il pour autant rapprocher l'Homme de Dieu ou le contraire, l'en éloigner toujours plus pour le conduire à la connaissance logique et scientifique? L'un et l'autre pouvaient-ils fonctionner ensemble? Que croire? Que penser? C'était le siècle du doute. Après les grandes révolutions de la pensée qu'avaient lancées les philosophes des Lumières, comment pouvait-on encore conserver sa foi entière et unique, sans tâche, sans soupçon, sans question? C'était impossible.
Marine était de ceux qui ne croyaient qu'en l'existence de ce qu'ils pouvaient prouver par la vue, le toucher, l'ouïe, le goût et l'odorat. Elle était de ceux qui jugeaient le monde grâce à leurs sens et qui cependant réussissaient tout de même à les remettre en question à cause du fait que ces derniers pouvaient toujours être abusés. N'étions-nous pas plus sensibles sous l'effet de l'alcool? Ne risquions-nous pas de voir d'étranges phénomènes sous l'emprise de quelques drogues? Si, bien sûr que si, donc se fier à ses seuls sens était stupide. Analyser, construire une théorie, la voir s'effondrer, la reformuler, la confirmer, la prouver...Ainsi fallait-il, d'après Marine et d'autres savants, bâtir une idée. Concevoir les choses ne prouvait pas ces dernières. Croire en Dieu était une étape qui, pour eux, ne pouvait se départir de la visite d'un esprit, de la présence à un miracle, d'une situation qui pouvait inspirer la foi. Marine n'avait jamais rien vu de semblable, la question restait en suspens.

Faisant silence, la jeune femme préféra ne pas continuer à donner son opinion sur le sujet à cet inconnu qui la rassurait pourtant chaleureusement. Elle considérait que chacun avait droit à ses croyances et au secret de ces dernières. Elle venait déjà de lui avouer qu'elle ne croyait pas en Dieu alors qu'elle se rendait à la messe un dimanche sur deux ou sur trois pour donner l'impression à ses voisins et à la mondanité qu'elle était ancrée dans les codes. C'était déjà bien assez ridicule pour en ajouter...

Alors qu'elle songeait à tout cela, Nathaniel s'adressa soudainement à elle en français. Cela fit presque sursauter la jeune femme qui, dans un élan de joie, lui répondit avec un soupir heureux:


- Ho, Monsieur, cela fait longtemps que je n'ai pas entendu quelqu'un d'autre que moi ou ma camériste parler le français! D'ailleurs, nous nous parlons nous-même en anglais...

Chez les Haemfort, Marine avait soupçonné que Nathaniel était originaire de France mais son anglais était impeccable et ses doutes n'avaient plus eu leur place dans la folie que la soirée leur avait offerte. Maintenant qu'elle l'écoutait parler dans sa langue natale, quelque chose fit surface dans son cœur. Cette sensation, plaisante, chaude et tranquille, ressemblait à celle que l'on ressent lorsque l'on retrouve un souvenir caché au fond d'une boite depuis des décennies. C'était cette impression de flirter avec une chose familière depuis longtemps oubliée et dont la soudaine résurgence rappelait à l'âme le plaisir associé à elle.
Mais le plaisir fut bref car Nathaniel s'enquit de sa situation. Il voulait comprendre pourquoi elle ne retournait pas en France alors qu'elle se sentait traquée ici, à Londres, en Angleterre. Puis il lui demanda de lui raconter concrètement ce qui lui était arrivé pour qu'elle soit aussi traumatisée. Il prononça même le mot « vampires ». Il la croyait mais il avait besoin de savoir ce qu'elle avait vu pour pouvoir l'aider...
Le visage de Marine s'assombrit de même que son regard dans lequel mourut la courte étincelle de vie qui venait d'y siéger le temps d'un souffle. Lentement, elle baissa la tête. Comment expliquer à cet homme sa situation sans lui offrir sur un plateau tous les bâtons possibles pour mieux la battre? Sa présence à cette soirée de spiritisme, son accent français, cet aveu sur ses craintes, c'était déjà bien trop...Aurait-elle la force de tout lui dire? Le devait-elle?


- Je...J'ai fuit la France Monsieur. Commença-t-elle en détournant le regard pour le laisser couler sur les vitres trempées de leur fiacre. J'ai fuit ma famille...Soudain, elle se reprit en ramenant son regard dans celui du médium. Enfin, je veux dire...Ne vous méprenez pas! J'aime ma famille et elle sait où je demeure, ce n'était pas une fuite au sens où l'on pourrait l'entendre. J'ai simplement...décidé de vouer ma vie à la science et j'ai également décidé que je serai indépendante en toute chose, particulièrement sur le choix de...de mon futur...Vous savez...

Ils étaient si proches...Ce n'était pas acceptable. Et si on les voyait!? Elle était encore dans ses bras, leurs regards se touchaient malgré l'obscurité du véhicule, ils étaient dans une alcôve capitonnée, des rideaux obstruaient plus de la moitié des vitres en plus de la pluie qui tombait à nouveau en fines gouttelettes...Marine laissa sa phrase en suspens comme fascinée par les beaux yeux de cet homme qui la tenait encore contre lui. Son teint rougit visiblement. C'était lui qui lui avait demandé de ne pas le traiter comme un vulgaire ami, du moins était-ce ce qu'elle avait compris un peu plus tôt et cependant il continuait de la maintenir dans ses bras...

- Excusez-moi...Fit-elle en s'extirpant lentement de son giron pour s'éloigner sensiblement.

Elle reprit une place convenable et ramassa son éventail qu'elle garda plié sur ses genoux. Avec un semblant de contenance, elle toussota et reprit plus sérieusement que jamais:


- Très bien, je vais vous raconter ce qui m'est arrivé, j'espère que vous ne me jugerez pas trop hâtivement et que votre bienveillance me restera acquise tout au long de mon explication...Elle hésita mais bientôt elle finit par se lancer dans une longue tirade explicative qu'elle délivra à Nathaniel avec émotion. Ses yeux restèrent plein de larmes tout au long.

- C'était en sortant d'un salon, le Queen's Head, j'y étais allée avec des amies pour voir un spectacle. Devant la vulgarité et les débats qu'engendraient ce dernier, je suis sortie prendre l'air devant le bâtiment au milieu de quelques clients. C'est là que j'ai écouté une jeune violoniste qui jouait pour les passants, une mendiante en somme. Marine fit un petit sourire ingénu à Nathaniel, comme si elle désespérait elle-même de sa naïveté. Mais un homme d'une grossièreté affligeante s'en est alors pris à elle, devant moi, et je n'ai pas pu résister à l'envie de le sermonner. Cela a...dégénéré...Je...Son regard se fit plus fuyant que jamais. Je lui ai mis un soufflet et...face à sa colère j'ai fuit avec la jeune fille. Nous nous sommes perdues dans les ruelles pour échapper à sa rudesse et lorsque nous nous sommes retrouvées assez éloignées du salon, nous nous sommes arrêtées.

Le souvenir de ce qui suivait fit souffrir Marine au point que ses phrases commencèrent à se hacher de sanglots proches de l'hystérie. La peur revenait s'insinuer dans tout son être. Elle frissonna de nombreuses fois, resserrant son manteau autour de ses épaules dans un geste protecteur. Son regard fuit de plus en plus souvent celui du médium.

- C'est alors que...la jeune fille...a commencé à vouloir me mordre...Je n'ai pas compris ce qu'il m'arrivait au début mais un homme est intervenu pour l'empêcher de me blesser. Je l'ai pris pour une bonne âme et je me suis raccrochée à lui mais bien vite j'ai réalisé qu'ils étaient...semblables...Ils...ils ont alors commencé à se disputer sur mon sort...J'étais une « proie », ils ne cessaient de parler de leur « soif »...Puis ils se sont battus. J'ai vu, oh Monsieur, j'ai vu ces créatures s'échanger des coups et sortir leurs...leurs crocs...J'ai vu la fillette faire voler des caisses en tout sens, comme si une terrible tempête s'était levée! J'ai vu l'homme se changer en...en je ne sais quoi...en cendres ou en obscurité, je ne sais pas! Mais il disparaissait, il revenait, il m'humiliait et pourtant il me sauvait...enfin c'est ce que j'ai cru comprendre...J'ai été cruellement blessée à la jambe par un éclat de bois, je me suis presque pâmée jusqu'à la mort...Mais j'ai été sauvée par des gentlemen du salon, avertis par mes amies et les témoins de l'altercation que j'avais eue avec le rustaud à l'entrée...

Marine passa sa main sur son visage déformé par la peur et les larmes. Puis elle prit une grande inspiration et campa son regard dans celui de Nathaniel. On pouvait y voir la détermination la plus forte mêlée au désespoir le plus terrible.

- Je ne veux pas que mes parents puissent être mis en présence de pareils monstres, Monsieur De Miran. Je...je préfère qu'ils ignorent toute cette histoire et si je devais fuir je ne souhaiterai pas prendre le risque de leur ramener ces abominables suceurs de sang...

Marine tressaillit et se pencha en avant. Les bras du médium lui manquaient déjà mais elle tint sa place. Elle se contenta de se faire plus pressante.

- Des Vampires...oui...c'est ce que je crois...Si l'on se rattache à nos légendes et à quelques sombres récits, j'ai fait mon enquête, c'est ce que j'ai vu...Mais...je n'osais y croire jusqu'à présent. Personne ne m'en avait parlé avant, à part ma grand-mère lorsqu'elle me lisait des histoires destinées à effrayer les jeunes filles, et je suis persuadée que l'on m'enverrait à Bedlam Hospital si j'osais ne serait-ce qu'évoquer leur existence en public.

La jeune femme fit une nouvelle grimace malgré les encouragements de Nathaniel qui venait de lui révéler qu'il avait vécu avec des bohémiens et que pour lui une vie sauvée appartenait à son sauveur.

- J'en fais des cauchemars depuis un mois, je n'ose plus sortir et, voyez, il suffit que je mette les pieds dehors pour qu'il m'arrive un nouveau drame. Je suis maudite...Soupira-t-elle en pleurant toujours. Même si je ne crois pas en la malédiction...Dans un demi-sourire, elle tenta de rire avec ironie: Ou alors Dieu m'en veux...Allez savoir...Je n'ai pourtant pas pêché...

La jeune femme détourna le regard. L'humour n'était pas de mise et pourtant elle aurait tant voulu que cette atmosphère lourde et désespérante change enfin. Nathaniel semblait tout faire pour la détendre, la rassurer et l'aider. Il semblait lui promettre son soutien, presque inconditionnel, sous le prétexte qu'elle lui avait sauvé la vie. Mais jusqu'où irait cette aide? Il semblait avoir compris qu'elle parlait de Vampires et cela n'avait pas eu l'air de le perturber plus que cela. Avait-il réellement vu lui aussi ce genre de créature ou jouait-il la comédie pour mieux la piéger dans sa folie? Comment Marine pouvait-elle lui faire confiance? Elle venait de tout lui dévoiler. Sa situation familiale, son aventure au salon, son désespoir. Elle s'était presque jetée à corps perdu dans ses bras et voilà qu'elle faisait de l'humour sur ses croyances et sa vertu? Si Elize était là, elle aurait certainement perdu la tête. Marine avait toujours été curieuse et décalée, mais jusqu'à présent elle avait réussi à éviter les hommes. En un mois, elle avait cumulé trois affaires sordides mêlant galants, ivrognes, drogué, Vampires, meurtriers, suicidaire, médium...Comment avait-elle pu en arriver là?

Soudain, le fiacre s'arrêta. Ce fut un véritable soulagement pour la jeune femme. Cette situation était devenu des plus gênantes et elle ne savait plus quoi ajouter pour éviter de s'enfoncer toujours plus dans la honte ou la douleur.
Nathaniel sembla se demander ce qu'il se passait mais aux yeux de Marine ils avaient roulé plus qu'il ne le fallait, ils étaient forcément arrivés chez elle. Elle le regarda descendre et l'entendit grogner sur son cocher. Elle ne compris pas ce qu'ils se dirent et ne chercha pas à le savoir. Un maître devait toujours rappeler à l'ordre ses serviteurs s'ils le desservaient. En quoi le cocher avait-il mal obéit? C'était un mystère dont le fond et la forme ne l'intéressaient que trop peu. Peut-être que Nathaniel avait l'habitude de voyager avec moins de chaos?

La main que lui tendit le médium la réveilla. Elle se leva et descendit avec précaution du véhicule. Dehors, la pluie avait cessé. C'était une chance! Cependant, l'air restait lourd d'humidité et la fraîcheur de la nuit s'accrochait à leurs vêtements avec la même ferveur que rigolaient entre les pavés quelques rivières de Pygmées.
C'est alors que Nathaniel congédia son cocher. Marine en fut mortifiée. Elle ouvrit la bouche pour protester mais le ton qu'utilisa le médium envers son homme la raidit. Les chevaux s'ébrouèrent et le fiacre disparu. Les yeux de la jeune femme s'attardèrent sur le chapeau de Nathaniel et sur sa canne-épée. Il était élégant, cela lui allait décidément bien. Mais lorsqu'il se tourna vers elle pour lui tendre son bras, son cœur manqua un battement. Pourquoi avoir ainsi renvoyé son cocher? Comptait-il donc rentrer chez elle? A cette heure? Et pourquoi? Pour discuter? Mais elle était quasiment seule chez elle! Elize ferait une attaque! Cela se saurait! Elle devrait porter la honte de la suspicion de toute une communauté de commères prêtes à lui donner une liaison qu'elle n'avait pas! C'était impensable! Qu'espérait-il donc d'elle? Était-ce sa dernière ironie qui avait éveillé en lui ses instinct de loup? Quelle idée! Quelle terrifiante idée! Comme elle avait été stupide!

Fortement perturbée, Marine prit lentement le bras du médium. Elle avait passé la lanière de son éventail autour de son poignet pour plus de liberté et elle prenait garde à ne pas poser le talon entre deux pavés.
La jeune femme resta muette une partie du trajet, se contentant de marcher avec précautions. Mais au bout d'un moment, sa peur, qui lui rongeait les entrailles depuis leur descente de la voiture, finit par remonter dans sa gorge lorsqu'ils furent arrivés devant sa propriété.


- Monsieur...Je ne veux pas me montrer grossière...ni inhospitalière...Mais...je doute que l'heure et les circonstances se prêtent à ce genre de discussion. Je veux dire...chez moi...à cette heure tardive...Les gens pourraient jaser. Venez plutôt demain en vous faisant passer pour un médecin de l'esprit, je veux dire...ma camériste est là pour me surveiller...vous comprenez...? Dites que vous avez rendez-vous avec moi pour 14h, je vous accueillerai.

*****************

Marine finit par rentrer chez elle après s'être assurée que son cocher ramènerait correctement Nathaniel à l’hôtel Albany. Une fois qu'elle se fut déshabillée avec l'aide d'Elize en lui faisant croire que son « dîné » chez les Haemfort s'était fort bien passé, elle se coucha, pleine d'émotions. Avait-elle bien fait d'inviter cet homme à la rejoindre dès le lendemain? Avait-elle bien compris ce qu'il lui avait dit? Rien n'tait moins sûr. Et cette main tendue...Cette chaleur...Non, il fallait qu'elle dorme!

Ce soir-là, Marine se coucha avec plus de questions encore que le matin même. Elle sombra, anxieuse, dans un sommeil des plus agités.


[HRP/Suite chez Marine dans le post "Éclosion"./HRP]


Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Marine10

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Dernière édition par Marine Desmuguets le Jeu 13 Mar - 22:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Cruelles vérités [Marine, Nathaniel] [15/03/42] Icon_minitimeLun 10 Mar - 12:23

Confortablement assis dans la voiture qui le reconduisait vers l'hotel Albany, où il séjournait, Nathaniel, perdit ses pensées dans le bilan de cette surprenante soirée. Les deux mains refermées sur le pommeau de sa canne, son regard émeraude se fit plus dur lorsqu'il songea à tout ce qui s'était passé chez les Haemford, et en particulier à ce que lui avait révélé la petite Jenny. Il y avait peut-être moyen d'en tirer quelques profits, ou en tout cas, de monnayer sa sécurité. Mais pour cela, il devait en savoir plus, ce qui ne devrait pas être un soucis. Il tourna son visage vers la fenêtre du fiacre et se mit à observer le paysage nocturne de la ville endormie qui défilait sous ses yeux. Ses pensées se tournèrent irrémédiablement vers la dame qu'il venait de quitter, ou peut-être serait-il plus juste de préciser, sur les révélations qu'elle avait osé lui confier...

Le fiacre passa devant une église, ce qui tira un sourire amusé sur le visage du médium. Quelle ironie. Ses pensées se tournaient vers elle et au même moment, sa voiture passait devant un lieu de culte. Devait-il y voir un signe ?
Ainsi donc, la belle aristocrate, appartenait à ce corps scientifique qui ne croyait pas en Dieu... voilà qui était aussi surprenant que choquant. Ce qui l'était peut-être plus encore, fut qu'elle ait osé le revendiquer devant lui, un illustre inconnu, qu'elle venait à peine de rencontrer. Pourtant, elle s'était ouverte à lui sans retenue, et il en savait à présent, bien plus sur elle qu'elle n'en saurait jamais sur lui. Mais justement, oser affirmer ce genre d'idée était dangereux et cela demandait une certaine forme de courage. Et de courage, comme il avait pu le constater tout le long de cette soirée, Miss Desmuguets n'en manquait pas. Non contente de l'avoir protégé, de s'être opposée à la famille Haemford avec un certain panache et beaucoup de classe, il découvrait que ce n'était pas là, ces seuls actes de rebellions. N'avait-elle pas fuie sa famille pour échapper à la vie convenue et rangée qui l'attendait ? Elle voulait mener sa vie comme elle l'entendait, sans se soumettre aux lois régit par leur société, et encore moins se retrouver sous le joug d'un mari qu'on lui aurait choisit et imposé pour assurer la pérennité de leur nom, et ce, avec le meilleur parti disponible. Il était d'ailleurs fort surprenant que sa famille se soit soumis à ses caprices et l'ai laissé n'en faire qu'à sa tête. Ce genre de choses était pourtant très mal vu. Un petit sourire au coin apparut, il devait avouer que ça l'amusait beaucoup d'imaginer la belle aristocrate se battre bec et ongle pour défendre ses convictions et ses idées, quitte à bousculer sans aucune vergogne les convenances et le qu'en dira-t-on. Il aurait bien aimé assister à cela, pour voir de quelle manière, la belle s'y était prise pour les convaincre. Chantage ? Non, il en doutait, la jeune femme lui paraissait bien trop honnête et intègre pour oser user de tel stratagème, ou alors, elle était une excellente comédienne. Déterminée ? Assurément. Convaincante ? Oui peut-être. A moins qu'elle ne soit tout simplement pas le seul membre de sa famille à avoir des idées quelques peu libérales... Mais finalement, peu importait les moyens qu'elle avait usé pour parvenir à ses fins. Cela avait de toute évidence payé, elle était là, et cela avait favorisé indirectement leur rencontre.

Mais, de son point de vu, cette émancipation, bien que surprenante, n'était pas ce qu'il pourrait qualifier de choquant, car elle avait fait bien pire en sa présence. En ce qui le concernait, elle avait atteint le summum de la rébellion en lui révélant qu'elle n'avait pas la foi.
Lui était croyant, mais pas pratiquant. Il avait été élevé dans la religion catholique depuis son enfance, tout comme elle du reste. Les prières du soir, du matin, les rendez-vous dominicales,... comme tous bons chrétiens, sa vie avait été hypocritement régit au son des cloches de l'Eglise catholiques. Lorsqu'il fut recueillit par les bohémiens, ses pratiques changèrent, évoluèrent, mais pas sa foi. Eux aussi croyaient en Dieu, mais il n'était pas nécessaire de le prier matin et soir ni même d'aller à confesse si c'était pour faire de mauvaises actions entre deux prières, car Dieu était omniscient et voyait tout. Pour lui rendre hommage, il suffisait de bien se comporter avec sa famille qu'elle soit de sang ou de coeur. C'était une autre perception, plus libre beaucoup moins rigide mais non dénuée de sincérité, et peut-être même, à vrai dire, plus sincère que celle dans laquelle il avait baigné jusqu'à aujourd'hui. Sa foi, en l'existence d'un être supérieur n'avait jamais été ébranlé, ni même remis en doute, et ce, malgré la vie quelque peu dissolue qu'il menait. Mais après tout, Dieu était bon, n'est-ce pas ? Il ne lui en tiendrait pas rigueur, de s'être « égaré », il ne faisait de mal à personne, se contentant simplement d'aider les riches à partager leur portefeuille bien trop garni et à se montrer plus généreux avec autrui (lui). Il se contentait de profiter de la vie et de ses bienfaits terrestres, de manière certes, parfois (souvent !) douteuses et répréhensibles, mais peu importe, jamais il ne forçait qui que ce soit à faire ce qu'il ne désirait pas, puisqu'il avait presque toujours les arguments pour se montrer convainquant. Et puis, dans sa grande mansuétude, Dieu n'avait-il pas pardonné à Caïn ? Premier criminel de l'humanité. Ses petits larcins, à coté, étaient fort dérisoire...
Contrairement à Marine, jamais, pas un instant, il n'avait douté de son existence. Et pour cause, avec tout ce dont il était capable de voir, comment ne pas croire en son existence et en celle du diable ? Et avec son athéisme revendiqué, elle s'étonnait de s'attirer les foudre de Dieu ? Cette remarque lui tira un petit rire moqueur. Pour elle, il était déraisonnable de croire en l'invisible dans l'éventuel attente d'une preuve à venir ? Que répondre à cela ? S'il on excluait la terreur de s'attirer les foudres de Dieu, rien qu'en osant méditer durant un instant, aussi court soit-il, sur sa remarque, et s'il on était un tant soit peu cultivé, toutes personnes censées et douées de raison, capables de réfléchir par elle-même, seraient tentées de partager son opinion, ou en tout cas d'y réfléchir pour tenter d'y apporter une ou plusieurs réponses concrètes. Ce qui ébranlerait inévitablement ses convictions les plus profondes car le doute subsisterait alors, de manière irréversible. Pour Nathaniel, il n'y avait même pas à y réfléchir plus de deux secondes, car la réponse était aussi évidente que de respirer. Il lui avait donc offert l'un de ses sourires désarmant, accompagné d'une certaine lueur amusé dans le regard :

- Non. C'est un acte de foi.

On pouvait décider de croire ou non en Dieu, de remettre les écrits en cause, démontrer que, grâce à la science, l'existence de Dieu pouvait être sérieusement remis en cause, nul ne pouvait prétendre détenir la vérité. Ni les scientifiques, ni les religieux. Tout simplement parce que nul ne pouvait apporter la prouve de ce qu'ils avançaient. La seule réponse à apporter était donc celle-ci. On pouvait avoir la foi, ou ne pas l'avoir. Pour sa part, il était inutile de tergiverser pendant des heures sur le sujet, et de toute manière, ça ne l'intéressait pas. Certes, il croyait en l'existence d'un être supérieur, était-ce Dieu ? Allah ? Autre chose... ? Il l'ignorait et à vrai dire, il s'en manquait totalement.
Il fut bien aisé de constater que Marine ne souhaitait pas non plus approfondir le sujet plus en avant, car à vrai dire, chacun ses croyances, et pour sa part, il n'était pas homme de Dieu, et sa fonction n'était certainement pas de ramener les brebis égarée dans la bergerie... enfin, tout dépendait à quoi on faisait allusion. Il y avait bien, face à lui, une brebis égarée, mais le sujet de son tourment était loin d'être métaphysique bien au contraire. Et cette brebis-là, il voulait bien s'en occuper. Elle était magnifique, même lorsqu'elle était plongée dans le plus grand désarroi.

Durant un cours moment, mais au combien agréable, elle en avait oublié sa souffrance et ses craintes, pour lui sourire avec spontanéité et lui offrir un immense sourire qui ne cachait nullement son bonheur de pouvoir à nouveau échanger dans sa langue maternelle.
Il avait aimé cet élan enthousiaste dont elle avait fait preuve et à cet instant, il s'était dit que ses grands yeux bleus océan, avaient de quoi vous faire chavirer. Son enthousiasme, presque enfantin avait été fort communicatif, lui-même devait avouer que la langue de Molière était indéniablement bien plus charmante dans la bouche de Marine que celle de Shakespeare. Par la même occasion, il avait réalisé que, ne plus la pratiquer depuis quelques temps, lui avait curieusement manqué. A moins que cette impression n'était tout simplement du à son interlocutrice.

Mais son sourire s'effaça, et son regard se fit immanquablement plus dur, et plus sombre lorsqu'il songea au récit qu'elle lui avait fait. Maintenant qu'il était seul, il n'avait plus besoin de prendre sur lui, pour ne pas lui communiquer sa peur et son inquiétude, car oui, son récit l'avait impressionné et n'avait pas manqué de l'inquiéter. Nathaniel n'était pourtant pas un homme que l'on impressionnait très facilement. Lui, le médium qui invoquait les morts, qui fricotait avec des personnes peu recommandables, et qui se jouait des nobles, même les plus inquiétants, s'avouait ébranlé par un curieux récit que venait de lui révéler une jeune noble ? Effectivement, car, cette fois, ce n'était pas d'Hommes ou d'esprits, dont il était question. Parce que l'un ou l'autre, il les comprenait, il n'y avait pas véritablement de surprise dans leurs agissements, mais ça... des vampires. Il n'était pas naïf, et était très loin d'accorder le moindre crédit à tout ce qu'on pouvait lui raconter. Il le laissait croire, bien sur, mais ce n'était pas pour autant qu'il avalait mot pour mot tout ce qu'on lui confiait. Il était même plutôt méfiant et sceptique de nature, surtout lorsque le récit qu'on lui contait, était tenu par des hommes, car il était bien placé pour savoir qu'il n'y avait pas plus menteur que l'être humain. Mais les esprits, eux, ne mentaient jamais. C'était eux, qui lui avait révélé l'existence de ces monstres sanguinaires, sans quoi, il n'y aurait jamais cru, et aurait été bien incapable d'apporter un quelconque crédit aux révélations que venait de lui faire miss Desmuguets.

Des vampires.

Il se souvenait parfaitement de la première fois qu'il avait découvert leur existence. C'était lors d'une séance de spiritisme, à laquelle il avait assisté chez une famille prussienne. A cette époque il avait à peine 18 ans et ses voyages l'avaient conduit dans cette ville du nom de Breslau. Ce qui avait frappé Nathaniel c'était l'abondance du nombre d'églises qui s'y trouvaient sans oublier bien sur l'imposante cathédrale à l'architecture gothique. Les rues de la ville n'étaient guère très larges ce qui favorisait le chapardage sur les étalages des fruits et légumes. C'était d'ailleurs en parcourant le marché, et en croquant généreusement dans une des pommes qu'il venait de voler qu'il avait surprit cette étrange conversation. Celle de paysan, qui disait qu'une fois encore l'assassin avait frappé, et que la victime était une jeune vierge, du nom de Ana. Ils disaient aussi que la famille de la victime allait demander de l'aide à la sorcière, pour ramener l'âme de leur fille afin qu'elle confonde son assassin. Nathaniel en avait fait tomber sa pomme de surprise. Ce n'était pas la victime ou le crime en soit qui l'avait intéressé, car des morts, c'était bien la seule chose qu'il croisait régulièrement au long de ses voyages, quelques soit le pays, rien ne changeait. Ni les gens, ni les victimes, ni la douleurs, ni la mort elle-même. Non, ce qui avait suscité toute son attention, dans cette conversation, c'était l'évocation de cette prétendue sorcière. Ainsi donc il y avait une médium, comme lui, dans cette contrée ? Peut-être pourrait-elle apporter des réponses à ses questions. Peut-être pourrait-elle lui apprendre d'où leur vient ce don, peut-être pourrait-elle lui apprendre des choses qu'il ignoraient encore....

Nathaniel s'était donc évertué à retrouver les traces de cette prétendue sorcière, et parvint sans aucun mal à se faire inviter pour assister à la séance de spiritisme qui était programmé pour le soir même à 21h précise.
Lorsqu'il se rendit à l'heure et au lieu de rendez-vous, il fut conduit dans une pièce peu éclairée dans laquelle se trouvait déjà plusieurs convives, dont la famille éplorée de la victime. Une grande table recouverte d'une nappe blanche occupait la pièce, de nombreuses bougies éparpillées par lot de trois, étaient allumés, conférant une atmosphère lourde et mystérieuse à ce qui devait être en temps normal le salon. Lorsque toutes les chaises furent occupées, la séance pu commencer. Celle que l'on appelait la sorcière apparut alors et tous se levèrent jusqu'à ce qu'elle leur fasse signe de reprendre place. La sorcière, n'avait pas volé son surnom, c'était une vieille femme au visage et aux manières, aussi dures, sèches et sévères, qu'inquiétantes. Dans le fond de ses prunelles on pouvait voir danser une lueur sombre, que le jeune médium jugea presque aussitôt de mauvaise.

Elle leur pria de joindre leur mains et les mis en garde de ne briser le cercle qu'ils formaient sous aucun prétexte. Après avoir chanté une demi-douzaine de cantique qui commencèrent sérieusement à exaspérer Nathaniel, un faible halo lumineux se mit à apparaître. Lentement, peu à peu conscient de sa présence, tous les convives tournèrent leur tête dans sa direction. Le halo lumineux avait fini par se rapprocher pour les rejoindre et prenait la forme d'une silhouette féminine. Une silhouette drapée dans un voile de lumière. Tous était désormais hypnotisé par cette apparition. Tous, sauf lui. Tout ceci n'était qu'un leurre, loin d'être un esprit, cette silhouette spectrale qui était apparut devant eux, n'était en réalité que la complice de cette vieille femme, qui avait revêtue un voile de soie vaporeux que l'on avait plongé dans une mixture qui réunissait un pot de peinture lumineuse de Balmain, du vernis Demar, et de la benzine désodorisé. Une fois traité le tissu prenait alors une forme vaporeuse, souple et lumineuse. Votre fantôme était prêt à apparaître. C'était un truc que les faux médiums utilisaient pour matérialiser leurs esprits, puisqu'ils étaient incapables d'invoquer les morts. Une fois encore, il s'était trompé, il s'était déplacé pour rien. Puisqu'il en était ainsi, et puisqu'il était là, Nathaniel avait décidé de mettre un peu d'animation, à cette comédie ridicule qui se déroulait sous ses yeux. Il avait donc lâché les mains de ses voisins, brisant ainsi le cercle d'invocation malgré la mise en garde. S'arrêtant de respirer, ses voisins le regardèrent avec effroi, mais le jeune garçon qu'il était alors, les ignora et attrapa le poignet du fantôme qui avait tenté de s'enfuir en le voyant s'approcher. Les regards se tournèrent aussitôt vers la sorcière, à qui l'on demanda quelques explications. Elle leur expliqua, qu'elle avait du avoir recours à ce stratagème car, l'esprit d'Ana refusait de se montrer parce qu'il y avait à cette table une personne sceptique qui ne croyait ni en ses pouvoirs, ni aux esprits. Contre toute attente, ce ne fut pas à la coupable, à qui l'on demanda des comptes, mais à celui qui avait démasqué la supercherie. Lui, le véritable médium, était pointé du doigt par une usurpatrice sans pouvoir, comme étant le seul responsable de son impuissance à faire apparaître la défunte parce qu'il était un sceptique ? S'en était tellement ridicule que Nathaniel s'était alors mis à ricaner devant ces accusations sommes toutes aussi ridicules qu'offensantes. Loin de se laisser démonter, le jeune garçon décida qu'il allait leur montrer ce qu'était un véritable médium. Un sourire narquois s'était alors affiché sur le visage de la vieille sorcière. On ralluma les lumières, et le garçon fut mis à l'épreuve. Il fit retirer la table ovale qui occupait le centre de la pièce dans un coin, par les hommes présents, et s'agenouilla pour dessiner à même le sol un pentacle qu'il traça avec une craie sur le plancher en bois. Aux extrémités de chaque branche, il plaça une bougie, puis, avant de commencer demanda un objet qui avait appartenu à la défunte. La mère de cette dernière lui remis un médaillon, et Nathaniel se mit au centre du cercle, mais avant de commencer, il les mis en garde. Il ignorait dans quel état serait l'esprit qu'il invoquerait, car la défunte était morte récemment, de mort subite, et violente.
Il mit un genou à terre, et armé d'une bougie, commença à prononcer une litanie dans une langue que les personnes de l'assistance ne connaissait pas. Une langue gitane, la langue des bohémiens. Et c'est ainsi que Ana apparut à ses cotés. La vieille sorcière en était devenu livide d'effroi. Si tous pouvait la voir, aucun, excepté Nathaniel, ne pouvait l'entendre, et ce fut là, que les choses se compliquèrent pour lui...

Le jeune médium lui demanda qui l'avait tué, et lorsqu'elle lui répondit, la stupeur s'était peinte sur son visage. Il s'était tourné vers l'assistance pour s'assurer qu'ils avaient bien entendu la même chose que lui, mais tous étaient suspendus à ses lèvres, attendant qu'il leur révèle le nom du meurtrier. Car, et c'est à ce moment qu'il le comprit, aucun d'entre eux, ne pouvait l'entendre, à part lui. Perdu, il s'était retourné vers la défunte et lui avait reposé la même question. Elle lui répondit alors exactement la même chose. C'était un vampire qui lui avait ôté la vie. Un vampire, qui n'était autre que l'un des hommes les plus influent de la ville. Tout s'était passé si vite pourtant, il restait bien encrée en elle, la cruauté avec laquelle il l'avait attrapé, enlevé et mordu. Les esprits ne mentaient pas, il le savait, mais il ne se sentait pas capable de répéter mot pour mot ce qu'elle venait de lui confier. Personne ne le croirait. Et puis, il y avait autre chose... Il avait sentit une présence lourde et menaçante, le scruter sévérement. Etait-il ici ? Les observait-il ? Ou était-ce son imagination qui lui jouait des tours ? Il s'était donc retourné vers l'assistance et prétendit que la jeune fille n'avait pas vu son agresseur, qu'elle ne savait rien. Il pouvait sentir le regard abattu et si plein d'incompréhension se poser sur lui avant de l'entendre le supplier de dire la vérité. Il fallait que les gens sachent qu'un vampire rodait et les guettait chaque nuit pour les vider de leur sang. Qu'elle voulait vengeance.
Mais Nathaniel refusa, et évitant son regard, maintient sa version des faits. Puis, il quitta la demeure sans demander son reste, courant s'enfermer dans sa chambre d'hôtel. Cette nuit-là, recroquevillé dans un coin de la chambre sur le sol, il ne s'endormit pas, guettant la porte d'entrée et sursautant au moindre bruit qu'il entendait. Craignant pour sa vie, il s'attendait à voir débarquer ce vampire pour le faire taire à jamais. Ce fut probablement la plus longue nuit, qu'il lui eut été donné de vivre. Ce fut avec un réel soulagement qu'il vit apparaître les premières lueurs de l'aube et qu'il quitta cette maudite ville sans se retourner.
Au fil de ses pérégrinations et avec les années, Nathaniel en apprit un peu plus sur ces créatures et sur ceux qui les combattait : les hunters

Jamais encore, jusqu'à aujourd'hui, il n'avait rencontré quelqu'un qui ait survécu à l'une de leur attaque. Tout ce qu'il savait sur eux, c'était à des esprits qu'il le devait, et si leur récit pouvait vous glacer les sang, ce n'était rien en comparaison du récit que Marine venait de lui faire. Son récit était bien plus angoissant que tout ce qu'il avait pu entendre jusqu'ici. De toute évidence, la réalité était bien plus effrayante encore. A l'en croire, outre le fait qu'ils agissaient comme des bêtes affamés avides de se repêtre de son sang, ils possédaient des pouvoirs qui n'en n'étaient pas moins dangereux. Si l'une pouvait soulever des caisses et les faire voler en tout sens par la simple volonté de son esprit, l'autre avait la capacité de se transformer en ombre. Etait-ce donc possible ? Oui, les esprits lui avaient parlé des pouvoirs que possédaient ces monstres, même s'il ne s'agissait pas des mêmes que ceux cités par Marine. Est-ce à dire que les vampires possédaient chacun un pouvoir différent ou plus effrayant encore, qu'ils n'avient dévoilé qu'une infime partie de leur puissance ? Il comprenait désormais, on ne peut mieux l'effroi de Marine, et l'état de tension dans lequel elle se trouvait depuis sa mésaventure. Il était même surprenant qu'elle n'en n'ai pas perdu la raison, on ne saurait l'être à moins. Il était également on ne peut mieux placer pour comprendre ce qui avait poussé la jeune femme à ne se confier à personne et à rester muré dans son silence, car quiconque serait témoin de son récit, signerait immédiatement une décharge pour lui offrir un très long séjour à Bedlem.
Si lui-même n'avait pas été confronté à une telle histoire, il aurait surement été le premier à voir dans le récit de Marine, la preuve de sa démence. Son état émotionnel était bien trop fragile et des personnes peu scrupuleuses pourraient y voir là, l'opportunité de s'approprier sa fortune en la séduisant avant de la faire interner et passer pour folle.

Avait-il vraiment envie de se trouver impliqué dans une histoire incluant non pas un mais bien deux vampires ? Pas vraiment à vrai dire, d'autant qu'il ignorait combien de ces créatures se cachait dans Londres, mais avait-il pour autant le désir de l'abandonner à ces démons, à sa peur, et à sa solitude  avant qu'elle ne sombre définitivement dans la folie ?
Ce soir il avait été prêt à l'aider, mais à présent qu'il y resongeait à tête reposée, et qu'il mesurait toute la portée que risquait d'impliquer son acte, il n'était plus aussi sur de lui. Avait-il vraiment envie de se retrouver mêlé à cette histoire ? Absolument pas, mais n'y était-il pas déjà mêlé à présent ?

Marine méritait-elle d'être abandonnée à son sort ? Il n'oubliait pas qu'il lui était redevable, et puis, elle ne le laissait pas indifférent. Bien sur, contrairement à ce qu'il s'était imaginé, elle avait refusé de l'accueillir chez lui. Elle avait beau être seule, libre et indépendante, elle restait malgré tout prisonnière des convenances. S'ajoutait à cela, qu'elle n'était pas idiote. Elle n'était pas l'une de ces stupides péronnelles avides de grands frissons et d'aventures. Elle avait surement deviné que ses intentions n'étaient pas totalement désintéressés, et, à son grand regret, contrairement à ses maitresses, Marine avait encore certaines valeurs morales, du moins... pour le moment. Indépendante oui, mais pas trop.

Malgré tout, il avait obtenu de la belle, un rendez-vous pour le lendemain, il la reverrait donc. Si toutefois, il décidait de s'y rendre, car accepter d'y aller, signifiait qu'il s'engageait à la soutenir et à l'aider... En avait-il vraiment envie ? Il allait se donner le temps de la réflexion. La nuit porte conseil.
Lorsqu'enfin le fiacre s'immobilisa dans la cours d'entrée de l'hôtel Albany et qu'on lui ouvrit la porte, Nathaniel en descendit. Il coiffa son chapeau haut de forme, et renvoya le cocher non sans oublier de le gratifier d'un généreux pourboire, avant de regagner ses appartements.


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