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"Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42]

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Red'maw
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MessageSujet: "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] Icon_minitimeMar 14 Fév - 21:14

La journée était exceptionnellement ensoleillée. Et même si la chaleur n’était pas réellement au rendez-vous, les chauds rayons de l’astre solaire suffisaient à compenser ce manque, là où ils étaient présents. C’était le genre de jour où une partie assez conséquente de la population de la ville pouvait sortir flâner, faire le marché, ou tout simplement se reposer à la maison avec des amis … C’était aussi le début du week-end, et le jour d’une des plus grosses soirées de la semaine pour la serveuse : le samedi. David lui avait demandé d’aller faire quelques commissions lorsqu’elle était partie plus tôt ce matin, mais elle ne s’y était pas encore attelée : elle s’était baladée dans les avenues des quartiers chics de la ville, avait observé les vitrines d’une ou deux librairie, était même entrée dans l’une d’entre elles, pour au final n’y rien acheter. Elle était repassé par la taverne, le midi, pour prendre deux patates chaudes et une tranche de lard, avant de finalement consentir à se diriger cette fois vers chez l’apothicaire, « qui aurait dû être sa destination première », selon un certain tenancier.

Et c’est en regardant une nouvelle fois le flacon que je tiens dans la main, alors que je retourne à la taverne, que je me dis que quelque chose cloche. Pas avec le flacon. Lui, il est normal. Je suppose. Ce qui me dérange, c’est aujourd’hui. Tout va … Trop bien. Je m’arrête en plein milieu de la rue, et remet un peu mon écharpe en place. Quelque chose me dérange, mais je n’arrive pas à mettre le doigt sur quoi. Les gens passent autour de moi, sans s’arrêter, en m’évitant lorsque nécessaire. Le soleil se reflète sur le contenu, dans un liquide trouble, de ce que je tiens en main. L’espace d’un instant, je lève la tête et regarde derrière moi … mais rien n’attire mon attention. De nouveau devant. Rien non plus. L’avenue s’étend devant moi, sur une trentaine, peut-être cinquantaine de mètres encore. Le bâtiment d’en face est un hôtel …chic. On a dû rénover la façade il y a peu. Un mendiant se tient contre le perron, à moitié allongé. Quelqu’un me bouscule, et s’excuse rapidement avant de disparaître. Je n’y prête pas attention : ma bourse est toujours là, je la sens. Puis, soudain, je réalise. Un genre d’éclat. De reflet. Au niveau du toit du bâtiment : ce n’est pas une vitre ou quoi que ce soit du genre … je me retourne. Mon ombre est derrière moi. Je pivote à nouveau. Je n’arrive pas à saisir ce que c’est.

Quelque chose craque dans ma poitrine. Je suis envoyée vers l’arrière avec force, mais je m’étale de tout mon long sans rouler. Un bruit puissant résonne entre les bâtiments, comme une petite explosion. Une seconde de silence s’écoule, peut-être deux. Je n’arrive pas du tout à respirer. Puis les cris, la foule qui s’agite. Certains s’éloignent. D’autres s’approchent, se penchent sur moi. Je crois qu’on me parle. Le monde devient sombre. Ma poitrine … mon cœur me brûle. Il me fait mal à chaque fois qu’il cogne. L’air rentre enfin à nouveau, avec une difficulté que je n’aime pas. Mes mains et pieds s’engourdissent lentement … Les sons sont de plus en plus diffus. On me touche. Je crois.

Je sombre pendant un, peut-être deux battements de cœur. Du moins, je crois que c’est le temps que ça a duré.

Lorsque je retrouve à peu près la capacité de réfléchir, j’ai l’impression de suffoquer. Je prends une inspiration si brusque qu’elle fait sursauter l’homme penché à côté de moi, et crier une ou deux personnes dans l’assemblée. Je tente de me redresser. On cherche à m’en empêcher. « ce n’est pas prudent ». « ne bougez pas ». « Vous n’êtes pas tirés d’affaire ». C’est si je reste ici que je ne suis pas tirée d’affaire. Lentement, les sensations et les informations recommencent à être analysées normalement. On m’a ouvert chandail, gilet et chemise pour exposer la plaie … Le fait d’être partiellement nue me dérange. Moins que celui d’avoir un trou un peu au-dessus du cœur, ceci dit. Le type qui est penché sur moi a une tête de toubib. Mais je n’ai pas envie qu’il m’observe. Le seul fait que je sois vivante, consciente, et que je cherche déjà à bouger l’alarme, et c’est normal : si j’étais comme ce dont il a l’habitude, je serais morte. Ceci dit, c’est justement parce qu’il est médecin qu’il voulait tenter quelque chose … Tant pis.

- Lâchez-moi. Ma voix sort comme un coassement éraillé. Certaines des mains qui me retiennent se font hésitantes. - Maintenant !

Là en revanche, j’ai les réactions que je veux. Plus ou moins. Je me redresse sur un coude, puis me met lentement debout … Et me plie presque aussitôt en deux. Tout mon corps me dit que j’aurais dû écouter et rester à terre. Mais si ce que je fais n’est pas prudent, l’autre option relève du suicide. Pourtant, lorsque je regarde le toit de l’hôtel, plus de reflet. Je n’ai pas envie d’attendre de voir s’il reviendra. Une main collée à la plaie pour essayer de la retenir de vomir tout mon sang par terre, je referme un peu hâtivement mes vêtements de l’autre, puis écarte la foule. Ce n’est pas compliqué : personne n’a envie d’être atteint d’une grosse tâche de sang : tous s’écartent. Il n’y a que le docteur présumé qui finit par me poser une main sur l’épaule, et me conjure d’être prudente et de l’écouter. Je le regarde un instant. Puis m’ébroue, et continue à marcher en titubant légèrement. Les échos des voix se font déjà plus faibles lorsque j’entre dans une ruelle. Deux rues plus loin, je ne distingue plus grand-chose … Et au final, plus rien du tout. Je reste dans les venelles et allées peu fréquentées, à progresser comme je le peux, une main sur la plaie, l’autre s’appuyant sur un quelconque mur pour m’aider à avancer. Je ne croise pas grand-monde : une « chance » ! Mais les rares qui croisent ma route ne s’attardent pas. Sauf un, qui me soutient quand je manque de trébucher et de m’écrouler. Je tente de me dégager de son étreinte, mais la force me manque, et il tient ferme. Je reconnais tout à coup son œil invalide. Un clodo. Le vieux Billy.


- Et beh … On t’a pas raté, mhh ?
- Ta gueule. Je crache un glaviot de sang sur le sol, et une quinte de toux qui vient suivre me fait aussi mal que si je me faisais suriner à chaque fois que ma poitrine se contracte.
- Et le vieux Billy qui voulait aider …ça ira ?
- à merveille. Je grimace. Puis, mon cerveau rendu malade par la douleur a soudain une idée. – Aylith. Tu connais ?
- Ma foi, le vieux Billy mentirait s’il dirait que non … Oh. C’est un gros trou, ça. Et donc, elle t’a dit son nom ?
- Préviens-la.
- la prévenir ? de ?
- lui parler…
- Je dois la prévenir de lui parler ? Je me pointe du pouce, et il fronce les sourcils. - Tu dois lui parler ?
- C’est ça…
- C’est rapport à ta blessure ?
- T’occupes … Préviens-la … … C’est tout …
Je commence déjà à m’éloigner, reprenant appui contre le mur, qu’il me lance quelque chose, de derrière moi.
- Et j’aurais quoi, moi ?
- Une bouteille.

Le marché doit lui paraître honnête, parce que je n’entends plus sa voix enrouée ou ses monologues en quelques secondes seulement. Et honnêtement, je ne m’en plains pas. Il me faut un quart d’heure pour rejoindre le broken jaw, en empruntant uniquement les accès un peu « cachés » … qui heureusement sont légion, dans le quartier. David doit être à l’étage lorsque je rentre par la porte arrière. Je voudrais l’appeler, mais je ne me sens pas capable de forcer sur ma cage thoracique de quelques manière que ce soit. Je titube un peu … Je sais sans avoir à y accorder un regard que mon haut est complètement foutu. J’ai de la chance que mon écharpe soit à peu près intacte. Je ne sais même pas à quel point je me suis vidé, mais je me doute que la réponse est « beaucoup trop ». Soudain, j’ai un genre d’illumination. Je laisse le mur en paix, avance encore d’un pas … Et pivote pour m’écrouler sur le dos. J’émets un gémissement à cause du choc, mais il meurt bien rapidement. Je vois les poutres de manière trouble. Elles ne sont pas droites, d’habitude ? … je me frapperais presque le front. Bien sûr qu’elles le sont. Des points noirs apparaissent dans mon champ de vision … Puis, soudainement, une tête. Il ne crie pas. Il n’a pas l’air triste … pas vraiment paniqué. Stressé, je pense. Crispé. Ses grandes mains glissent sous moi comme par magie, et il me soulève du sol.

Ça fait du bien d’être à la maison.


*     *
*


Il s’écoule plusieurs heures avant que je ne reprenne fermement et définitivement connaissance. Je me réveille dans mon lit, lavée, en chemise de nuit, avec un message sur la table de nuit. Je préfère ouvrir le vêtement d’abord … Une compresse moyennement imbibée, maintenue par une bande. Il n’a pas cherché à faire de gros soins. C’est inutile avec moi, dangereux même parfois. Tendant la main, je prends la feuille de papier, la déplie, et l’observe. Il a fait tout ce qu’il pouvait, m’a veillé pendant une ou deux heures … puis, constatant que mon état ne s’aggravait visiblement pas, a fini par s’organiser pour ce soir. Le gosse me remplace. Probablement pour les prochains jours. J’ai une grimace à ce moment-là : je suis obligé de baisser le mot, et de regarder mon bandage de nouveau … Il me fait mal. Je tire dessus, l’arrache avec difficulté. La plaie n’est pas totalement cicatrisée … Et quelque chose de brillant en dépasse. Je glisse un peu les doigts sous la chaire, et tire dessus … Avant de finalement tirer, avec un cri, ce qui me faisait si mal. Une balle. En argent, je dirais. Au moins, maintenant, je sais à peu près ce qui s’est passé. Le mot me conseille de garder le lit au moins pour la soirée, ce que je pense faire … Mais il faut que je pense à dire à David que si une petite brune aux yeux bleus veut me parler, il faudra la laisser monter.


La mâchoire rouge... Pourquoi un tel nom ?:
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Aylith Byatis
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MessageSujet: Re: "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] Icon_minitimeLun 27 Fév - 17:35

La journée était belle. Chaude pour l’hiver Londonien, même. Le soleil brillait loin au-dessus des toits de la ville, posant une lumière pâle sur les rues de la métropole. J’étais sortie pour rencontrer un client, qui m’avait chargé il y avait à peu près trois jours de cela de trouver le responsable de l’empoisonnement de son fils, qui mettait à mal les enquêteurs de Scotland Yard. Les pauvres bougres avaient fouillé la chambre de fond en comble sans trouver la toxine, avaient fini par déménager le gamin dans une autre chambre de la maison, toujours sans résultat… Et son père était finalement tombé « malade » également, tous deux gardant le lit depuis une bonne semaine. Il était plus ou moins évident que la personne qui les avait empoisonnés ne voulait pas leur mort, sans quoi ils seraient passés de vie à trépas il y a un bout de temps de cela… Mais le père était à la tête d’un petit empire commercial, qui importait principalement des épices depuis les colonies des Indes, pour les revendre aux quelques bourgeois installés au canada Britannique pour un prix deux fois supérieur à celui pratiqué en métropole. L’affaire marchait, et le type avait réussi à se constituer une petite fortune, qu’il comptait bien léguer à son aîné.
Et l’argent attise la convoitise, on le sait. Restait à savoir deux choses : qui était derrière tout cela, et surtout comment s’y prenait-il pour les empoisonner alors que les repas, draps et chambres avaient été passés au peigne fin ? Mes premiers soupçons auraient porté sur les frères de l’héritier, mais il n’en avait pas : juste une petite sœur, d’une vingtaine d’année, mariée à un petit noble de l’est de l’Angleterre. Elle n’était pas en ville et, au vu de sa situation, n’avait pas vraiment de motif d’empoisonner sa plus proche famille. La mère ? Morte d’une maladie quelques années auparavant. Je m’y étais un peu intéressée, curieuse de savoir si l’empoisonneur pouvait être responsable de cela, mais les multiples docteurs ayant examiné la femme étaient certains de leur diagnostic : le cancer. Et, aux dernières nouvelles, ça n’était pas quelque chose que l’on était capable de provoquer chez quelqu’un. Toujours est-il qu’au soir de ma première journée de recherche, je n’avais rien trouvé de concluant… Et le modus operandi continuait de m’intriguer, puisque la police avait fait faire tous les tests possibles et imaginables sur leur environnement immédiat.

C’est au second jour que le mystère a commencé à s’éclaircir. Comme d’habitude, le coupable se trouvait dans la famille proche… Mais je révèlerais ça plus tard, puisque pour découvrir le nom de l’homme derrière tout cela, il a d’abord fallu que je me penche sur sa façon d’opérer. J’ai passé la majorité de la seconde journée à réfléchir à la façon dont les malheureux pouvaient bien être exposés à la toxine, et l’évidence même, c’était qu’elle se trouvait dans leur environnement immédiat, mais invisible. J’avais alors suspecté les murs ou la tapisserie, mais aucun poison n’aurait été aussi efficace s’il était administré par de tels moyens, sauf à en mettre des quantités considérables, qui auraient alors été rapidement repérées par Scotland Yard. A quoi d’autre ne faisait-on pas attention ? Aux meubles bien sûr, aux portraits de famille ou aux autres babioles que l’on pouvait poser dessus… Mais, encore une fois, les enquêteurs avaient examinés cette hypothèse. Ce fut lorsque je m’installais dans mon lit, vers trois heures du matin, que j’eus un éclair de lucidité… Ou plutôt une illumination.
Vous connaissez, bien sûr, l’expression « se cacher en pleine lumière » ? On y faisait souvent allusion, pour se dédouaner de la responsabilité de ne pas avoir trouvé le responsable de tel ou tel crime plus tôt. On entendait alors souvent des phrases comme « je pensais qu’il se cacherait », ou « mais c’était tellement évident, on a oublié de vérifier ». Et je ne suis pas sur le point de l’utiliser, parce que je commence toujours par vérifier les évidences, mais plutôt pour faire un jeu de mot en fait. En l’espèce, le poison ne se cachait pas « en pleine lumière », le poison se cachait « dans la lumière ». Inventif, cela au moins je peux le reconnaître : le coupable avait enduit d’un tout petit peu d’Arsenic les mèches des bougies « haut de gamme » qu’on utilisait pour les chambres des propriétaires de la maison. Il suffisait ensuite d’attendre que le soir vienne, on allumait les différentes bougies pour donner un peu de lumière pendant que l’on travaillait, lisait ou écrivait, et pouf, vous voilà empoisonné. Cela expliquait aussi pourquoi les domestiques n’étaient, eux, pas malades : ils se servaient de bougies bien meilleurs marchés pour leur éclairage personnel. Il en allait de même pour les enquêteurs de Scotland Yard postés sur place : ils n’avaient pas été exposés aux bougies empoisonnées, et étaient donc en bonne santé.

Mais imprégner toute la mèche de la bougie de ce poison voulait dire le faire avant que celle-ci ne soit coulée dans la cire, donc chez le fabriquant. Pas difficile, une fois ça déduit, de trouver qui fournissait régulièrement en bougie la maisonnée. Il n’avait pas de liens évidents avec les affaires de mon client ou sa famille, mais en cherchant un peu plus, j’avais découvert qu’il était un ami proche de notre coupable, le frère du père. Celui-ci avait bien moins bien réussi que son frangin, et avait cumulé les petits emplois avant de finalement réussir à ouvrir un petit commerce du côté de Coven Garden. Il était entré en affaire, récemment, avec une bande de types un peu louches qui avaient visiblement pour intention de reprendre le filon que le commerce de mon client avait révélé… Et pour cela, il fallait le mettre hors-jeu quelques temps. Pas le tuer bien entendu, cela aurait voulu dire faire hériter quelqu’un (encore qu’on ne sache pas trop qui), qui aurait pu reprendre les affaires en main. Mais le rendre juste suffisamment malade pour que les fournisseurs s’inquiètent et cherchent des alternatives, puis le laisser guérir miraculeusement, son affaire ruinée.
Evidemment ils n’avaient pas suffisamment d’inventivité pour le faire, mais le frère, jaloux comme toujours, avait visiblement imaginé quelques plans particulièrement retors pour prendre sa revanche sur la vie, et sur son aîné. Une fois arrivée à cette conclusion, et puisque tout s’emboîtait parfaitement, j’avais passé une nuit sans rêve, dormant du sommeil du juste. Enfin, plutôt du sommeil du satisfait, puisque je ne m’étais pas particulièrement empressée de rapporter la nouvelle… Rapport à mes honoraires. Toujours était-il que le lendemain, en début d’après-midi, je m’étais rendue chez mon client, avait fait enlever les bougies, et fait part de mes conclusions. Comme toujours à nouveau, celui-ci fulminait, mais je n’étais pas payée pour jouer les soutiens moraux. Mon paiement (consistant) en poche, j’étais repartie, et je flânais maintenant dans les rues de Londres, profitant du beau temps trop rare pour qu’on ne l’apprécie pas. Je n’avais pas de contrat pressant sur les bras, et après avoir passé deux jours enfermée à retourner le problème dans tous les sens comme un casse-tête, il me fallait un peu d’air frais. J’avisais alors un établissement disposant d’une terrasse, et où l’on disposait visiblement de toutes sortes de thés. Vaguement intéressée par la carte, et désireuse de prendre un peu de temps pour moi, je m’étais installée, et avait commandé l’un des breuvages, un peu au hasard.

Je regardais maintenant les passants aller et venir dans la rue, pressés par une quelconque obligation. Tous biens habillés, tous avec le même air un peu renfermé… J’avais probablement la même expression sur le visage, et j’étais (relativement) bien vêtue pour ne pas trop faire tâche dans mon environnement immédiat. Je sentais Istasha scruter avec moi les hommes et les femmes qui nous passaient devant, mais Kaja avait préféré somnoler dans un coin de mon cerveau, sortant parfois de sa léthargie lorsque nous remarquions quelque chose de particulier chez l’un des passants. L’un d’entre eux, par exemple, se faisait passer pour un jeune homme affairé qui ne regardait pas vraiment devant lui en se rendant au travail, mais il se servait en réalité de son attitude pour rentrer dans les gens, s’excusait à profusion par la suite, et leur volait ensuite leur portefeuille, ou un bijou… N’importe quoi qui ait de la valeur, en somme. Et personne ne soupçonnait cela, à cause de son apparence soignée. Probablement un pauvre bougre qui avait dépensé ses dernières économies dans son costume, et rentabilisais l’investissement à présent.
Il remarqua que je l’observais à un moment d’ailleurs, et je lui faisais un petit geste de la main, un sourire en coin placardé sur le visage. Ses yeux s’emplirent d’inquiétude pendant quelques instants, puis il s’éloigna rapidement. Continuant mes observations, je remarquais une femme qui se faisait visiblement battre par son mari un peu plus loin. Pas d’ecchymoses en apparence, mais sa posture penchée sur le côté droit indiquait qu’elle ressentait une certaine douleur dans le flanc, qui était une cible classique lorsque l’on ne désirait pas laisser apparaître les stigmates de la violence physique. Son regard baissé et ses vêtements couvrant tout ce qu’ils pouvaient couvrir en faisait soit une femme d’une pudeur absolue, ce qui n’était pas la norme chez les bourgeoises, soit une idiote puisqu’il faisait trop chaud pour une telle tenue, soit une femme cherchant à camoufler les bleus qui recouvraient plus que probablement ses épaules et ses bras. Elle continua son chemin avant de disparaître dans une ruelle transversale, et mon regard chercha une autre personne à inspecter.

Et mon regard tomba sur quelqu’un que je ne m’attendais pas à rencontrer ici. Ca n’était pas son coin de maraude habituelle, et de toute façon la police l’aurait vite fichu hors du quartier si elle l’avait vu : le vieux Billy me fixait de ses yeux pâles. Il était à moitié dissimulé derrière un étal de marchand désert. Depuis combien de temps était-il là ? Aucune idée. Le vieux bougre savait se fondre dans le décor, et visiblement personne ne l’avait remarqué… Quel riche bourgeois accorderait son attention à un clochard comme lui ? L’invisibilité, c’était aussi une affaire de circonstances… Mais s’il était là, et qu’il me fixait ainsi, c’est qu’il devait y avoir une bonne raison. Soit il avait une info importante qu’il voulait monnayer au plus vite, soit il voulait me transmettre un message, mais peu de monde savait que j’utilisais les plus démunis pour me fournir en information. Quoiqu’il en soit, c’était probablement important, et il allait falloir que j’y jette un œil. Je laissais donc une poignée de piécettes sur la table, à côté de la tasse que j’avais finie depuis plusieurs minutes, et me levait pour me remettre en route. Je commençais à descendre la rue d’un pas tranquille, passant devant le vieillard sans lui accorder un regard. Quelques dizaines de mètres plus loin, je bifurquais dans une rue, puis dans une autre, jusqu’à me retrouver dans une petite impasse déserte.
Le vieil homme me rejoignit quelques instants plus tard, et me hocha la tête pour me saluer. Je lui lançais une pièce pour l’inciter à me parler, et à peine celui-ci l’eut-il rattrapé qu’il ouvrit la bouche :


-J’ai un message. De Red.
Je haussais légèrement les sourcils à la mention de ce nom… Elle m’avait recontacté une ou deux fois depuis notre première escapade, mais toujours lorsque j’étais passée à Whitechapel… Et elle avait maintenant chargé le vieux Billy de me dire quelque chose ? Ça devait être sérieux… Mais je ne comprenais pas exactement pourquoi elle n’était pas venue me chercher elle-même. Une interrogation qui eut bientôt droit à sa réponse :
-Elle est blessée, s’est fait attaquer. Arme à feu. Pas joli.
-Je suppose qu’elle ne sait pas qui lui en veut à ce point-là ? Enfin, connaissant Red, elle a dû s’en sortir, non ?
Il avait répondu négativement à la première question, mais pris la parole pour la seconde :
-La dernière fois que je l’ai vue, elle pissait le sang partout dans Whitechapel. Pas une bonne chose. Difficile de dire le contraire, connaissant le quartier. En tout cas elle veut te parler.
-Me parler ? Elle a besoin de mes services ?

Le vieil homme haussa les épaules. Notre discussion continua pendant encore quelques minutes, mais je n’appris rien de particulier. Le vieil homme faisait juste ce qu’on lui avait de faire, et n’était pas allé chercher plus loin. Je n’en attendais pas vraiment plus du vieux Billy. Le remerciant pour l’information, je lui donnais une seconde pièce avant de me remettre en marche. Il fallait que je passe par chez moi avant d’aller au Broken Jaw, sans quoi je me ferais attaquer par au moins trois groupes de brigands avant d’arriver sur place. Un coup d’œil au ciel m’appris que nous étions maintenant en fin d’après-midi… Le temps avait filé. Je mettais donc cap, d’un pas rapide, sur mon hôtel particulier. J’étais sur place quelques minutes plus tard, et troquait mes habits raffinés pour quelque chose de plus « pratique », qui avait surtout l’avantage de ne pas me faire remarquer dans l’East End. Mon pistolet à la ceinture, et Kaja dorénavant totalement éveillée, je me mettais donc en route pour la partie la plus mal famée de Londres.
Lorsque j’arrivais finalement au bar qui servait de repère à la Chimère, le soleil était couché. Ça n’était pas un problème, j’avais toujours été un oiseau de nuit. Le patron me jeta un coup d’œil vaguement intrigué, mais ne poussa pas plus loin. J’attrapais donc une chaise et m’installais à une table, patientant jusqu’à ce qu’un jeune garçon que je ne connaissais pas s’approche pour prendre ma commande. S’il remplaçait Red pour son service, cela devait être assez sérieux… Je commandais une bière avant de lui glisser, discrètement :


-Dis à ton patron qu’il faut que je parle à Red, si elle peut descendre… Et si ça n’est pas le cas, elle veut me voir, donc s’il pouvait l’informer que je suis là, je pourrais monter.


Le jeune homme hocha la tête avant de retourner vers le patron d’un pas rapide. Celui-ci me jeta un regard, et je le saluais d’un mouvement de tête. Il remplit une chope avant de quitter le comptoir pour monter les escaliers qui se trouvaient derrière. Le garçon m’apporta la boisson, que je goûtais du bout des lèvres… Je n’étais décidément pas fan de la bière, qui plus est celle que l’on servait dans un bouge miteux de Whitechapel, mais il fallait bien se fondre dans le décor je suppose. Il ne me restait maintenant plus qu’à attendre la réponse de Red, ce qui n’était vraiment qu’une formalité… A moins que la jeune femme ne soit endormie. Dans tous les cas, ça n’était pas bien grave : j’avais la nuit devant moi.
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Red'maw
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MessageSujet: Re: "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] Icon_minitimeJeu 9 Mar - 17:30

Je passe un temps assez conséquent à observer la balle, qui repose sur ma table de chevet, bien droite, éclatante dans la lumière de la fin d’après-midi. J’ai pris soin de la nettoyer du sang qui la maculait. J’ai peu de doutes sur le métal qui la compose … Même si je n’en ai jamais vraiment eu. Plutôt que de rester là à ne rien faire, je tente de lire. David a déplacé quelques ouvrages de sa bibliothèque à ma table de nuit : j’ouvre le premier, mais n’arrive pas à accrocher. Mes yeux glissent sur les lignes sans rien imprimer, à tel point que je me rends compte, au bout d’une demi-page, que je n’ai toujours absolument aucune idée de ce que je lis. La couverture éclaire ma lanterne, c’est une encyclopédie. Je me demande combien David a pu la payer. Ou ce qui lui a fait penser que ça m’intéresserait. Je souffle par le nez, et relève la tête. On m’a tiré dessus, et moi j’essaie de lire …

Mon calpin et son fusain sont posés sur ma table de nuit : je tends le bras pour m’en saisir, et me sers de l’encyclopédie comme support. Je tente d’abord de dresser une liste des gens qui pourraient vouloir ma mort. Mes activités avec Krieg m’ont apporté un ou deux ennemis … Mais je finis par les rayer. Personne, parmi ces gens, n’a la prétention d’user d’une arme à feu. Pas un fusil précis comme celui qui m’a touché, en tout cas. Et la balle signe le boulot d’un hunter, mais je ne me suis jamais changée en chimère pour mes « sales besognes ». Certes, j’ai cogné très fort, parfois. Quelqu’un aurait pu comprendre avec juste ça ? Non. Retour à la case départ. Je note juste « un hunter m’a pris pour cible ». ça, au moins, c’est vrai. Quoi d’autre ? Vu la précision du tir, et l’exécutant, ce n’était pas quelqu’un qui voulait une cible au hasard dans la foule. Je souligne le « m » de « m’a pris pour cible ». Je rajoute « c’était prémédité ». Après tout, c’est sûrement vrai aussi. On ne se balade pas tous les jours dans des bâtiments vides avec une carabine. Je crois. Fronçant les sourcils, je laisse ma tête partir en arrière et heurter le mur de bois. J’ai du mal à réfléchir à cette affaire.

Je compte le nombre de planches dans mon plafond, un certain temps. J’attends un déclic, qui me fait patienter. Même en cherchant bien, et en reprenant mon idée du début, j’ai énormément de mal à voir qui que ce soit demander la peau d’une serveuse irlandaise dans un pub moyenne gamme d’un quartier miteux. Et puis je cligne des yeux, à deux reprises. On envoie pas un hunter tuer une serveuse. Je note distraitement « la personne sait que je suis une chimère ». Vu que j’ai noté juste avant que j’étais chassée par un hunter, je me sens un peu bête, mais je ne raye pas. Mieux vaut creuser l’idée. A part David, en qui j’ai confiance absolue, et Krieg, qui connaît ma vraie nature … ? Presque personne. Et le vieux loup n’a pas l’air de déprécier mes services : il me le ferait savoir d’une façon bien plus horrible, sinon. Slick, le second de Krieg ? Non. Cette face de viande hachée n’irait pas jusqu’à engager un hunter, surtout en étant loup-garou. De toute manière, il aurait probablement voulu faire « le travail » lui-même, au couteau, peut-être après m’avoir ligoté. Un truc classique, en gros. Aylith aussi sait qui je suis, maintenant que j’y pense … Mais nos rapports sont amicaux, de ce que j’en ai vu. Elle m’a même sauvé la vie … Pour me tuer ensuite ? Incohérent. C’est la première à laquelle j’ai pensé pour m’aider parce que c’est la seule de mes connaissances à avoir une arme à feu. Ou en tout cas, à l’avoir utilisé devant moi. Et puis, tout simplement, c’est son travail, l’info. Peut-être qu’elle saura quelque chose.

Un instant, je tourne la tête vers la balle, encore dans mes draps. Elle brille doucement. Fronçant un sourcil, je note un petit point, suivi d’un « fabriquant de munitions pour hunters en ville : nombreux ? » S’ils le sont, tant pis. Mais s’il n’y en a pas trop, ça peut valoir le coup … Peut-être. Quelque chose me coupe dans mes pensées : on a frappé. «
Entrez ? ». C’est David, qui ouvre avec difficultés … Et passe la porte pour me déposer sur les jambes un plateau chargé de nourriture. Pain, quelques tranches de lard, patates chaudes écrasées, bol de bouillon, carafe d’eau … Et un verre d’un liquide rouge sombre. Pas du vin. Tendant la main, je pose les doigts dessus … Encore chaud. Je tourne les yeux vers le barman. Il a un bandage frai à l’avant-bras. Je lâche un soupire … Il sait que je n’aime pas trop qu’il fasse ça. Pourtant, je bois sans rechigner. Même si c’est loin de m’être aussi bénéfique que si j’avais bu à la source, rien que le goût et la texture me requinquent. Visiblement, l’appétit avec lequel je m’attaque à la nourriture lui suffisent, comme remerciement : j’ai encore la bouche pleine lorsqu’il se détourne, me laissant seule. Je mâche encore quelques instants sans rien dire, les yeux dans le vide. Puis je réalise pour Aylith … ma bêtise me fait me frapper le front. Tant pis, ceci dit … ce n’est pas la peine que je me lève déjà.

Je ne reviens pas à mes notes avant un petit moment, le temps de bien entamer le pain, d’ingurgiter quelques tranches de jambon, et de boire tout le bouillon. Le relatif vide de la page me démoralise … Mais pas pour bien longtemps. En dessous de l’histoire des marchands d’arme, je note également l’adresse à laquelle on m’a tiré dessus : peut-être qu’on pourra trouver quelque chose, à l’hôtel désaffecté, ou en demandant aux gens qui se trouvent dans les environs. Je pense surtout aux sans-abris, pour le coup : personne ne fait attention à eux. Possible qu’un ait vu un individu se balader avec une arme à feu peu après le tir. Contemplant ensuite de nouveau ce qu’il me reste comme place pour écrire, je joue avec mon fusain entre deux doigts. Mon manque d’idée m’enrage. Je finis par sortir, avec précautions, du lit, et marche lentement jusqu’à la fenêtre. Le bois est froid sous mes pieds. De même pour la vitre, lorsque je pose mes doigts dessus. Dans la rue, il n’y a pas une activité monstre. Quelques gens convergent vers le pub. Des têtes connues, souvent. Des clients, réguliers ou ponctuels. J’attends quelques minutes une petite brune aux yeux bleus … Puis retourne me coucher.

Je ne m’étais même pas rendue compte que je m’étais assoupie. C’est David qui, en cognant de nouveau au battant, me réveille. Une nouvelle fois, je lui dis d’entrer, après m’être redressée dans les draps. Il se contente d’entrebâiller la porte pour regarder à l’intérieur, et ouvre la bouche … Mais note le plateau, au bout de mon lit, que je ne toucherais probablement plus. Il finit par entrer, et s’approcher.

- Une petite dame veut te parler. Je crois que c’est la même qui était venue, il y a quelques mois … j’avoue que j’m’en souviens pas particulièrement.
- Son nom ?
- Elle ne l’a pas donné, mais elle a dit que tu voulais lui parler à la base. Brune, yeux bleus, qui tire la gueule en buvant la bière. Elle voulait que tu descende. ça, ça me tire une légère grimace, mais bon. Je prends deux secondes pour réfléchir. - Red’, le jeunot va pas s’en sortir tout seul bien longtemps, il confond encore le scotch et l’hydromel.
- Ouch.
- Et donc ?
- Qu’elle monte.

Il a un de ces mouvements de tête caractéristique tout en levant les yeux au ciel, comme s’il était content d’avoir sa réponse rapidement. Prenant le plateau d’une main, il le soulève et quitte la pièce avec, sans rien ajouter. La perspective de descendre en plein milieu de la salle dans mon état ne me fait pas envie. Ceci dit, je pourrais à mon avis : je me sens presque assez bien pour cela … Presque. Mais pour parler d’une attaque par balle, je préfère un endroit discret. Je note que ma chemise de nuit est toujours grande ouverte à ce moment-là, au niveau du col … Me redressant dans les draps histoire de me tenir assise, je prends la peine de le refermer. Je ne sais pas pourquoi, le fait d’attendre quelqu’un dans ma chambre me met mal à l’aise. Combien de personnes y sont rentrées, depuis que je vis chez David ? … deux. Moi et lui. Bon. Je tourne la tête vers ma feuille … et réalise que, même si noter les idées au brouillon, c’est bien, ça ne doit pas faire très agréable à lire. Je prends donc une nouvelle page de mon calepin, le fusain, et je me met à faire crisser ce dernier sur le papier.


Aylith.
Billy a dû transmettre, sinon tu ne serais pas là, mais on m’a tiré dessus, plus tôt dans la journée. En plein torse.  
Je ne sais pas qui, je ne sais pas pourquoi, et j’aurais besoin de ton aide pour trouver ça. Est-ce que tu pourrais me
… meeeee … faire profiter de tes talents ? Mal formulé : c’est son travail. Et c’est tendancieux. prêter main forte sur cette affaire ?

La balle est en argent. A ma connaissance, je n’ai aucun ennemi hunter, et je n’en vois pas susceptible d’en recruter un. On peut retrouver celui qui a tiré cette munition, juste avec cette dernière ? En allant voir celui qui l’a fabriqué, vendu ? (s’il est sur Londres)


C’est à ce moment-là que deux choses arrivent. Primo, je réalise que je n’ai pas songé un instant à la payer. Et si elle a autre chose à faire ? Je tire la moue. Secondo, on frappe à la porte. Donc, j’ai un problème, et même pas le temps de le résoudre … Soupirant légèrement, je lâche un
« - Entrez » audible, avant de regarder la porte s’ouvrir. C’est bien elle, au moins. Je me demande ce qui a pris si longtemps à David. Décochant un sourire un peu forcé, je lève une main vers elle.

- Salut.[/color][/color]


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Aylith Byatis
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Je toque. Une petite voix me parvient de l’autre côté du battant, m’invitant à pénétrer dans la pièce. Je pousse donc la porte pour entrer, et prends soin de fermer derrière moi. Ça ne servirait à rien, parce que la battant de quelques centimètres de large n’arrêtera pas le son de nos voix de toute façon, mais les habitudes ont la vie dure. Je me retourne donc vers Red, qui me salue en levant la main. Elle n’a pas l’air en forme en effet, mais ça tient plus du mauvais rhume que de la balle dans le torse. Je sais que la petite est une chimère, mais tout de même. Je lève la main à mon tour pour la saluer, et remarque l’éclat de la lampe qui se reflète sur un petit objet sur la table de chevet. Une balle, en argent. L’œuvre d’un professionnel donc, mais pas quelqu’un de suffisamment expert pour savoir qu’un être alchimique se fiche éperdument qu’une balle soit en argent ou pas. C’est même plutôt un avantage d’ailleurs, l’argent est un métal relativement mou, et qui fait donc moins de dégâts à l’intérieur qu’une balle normale, quand vous ne visez pas un vampire, un loup-garou ou un lycanthrope. Je sens Kaja qui remue un peu en remarquant le métal, mais tant qu’on ne me tire pas dessus avec, je n’ai aucun problème avec l’argent. Ou tout au moins pas trop.
Après avoir adressé un rapide signe de la main à la jeune femme, je pose mon doigt sur ma bouche pour lui faire signe de se taire. Je m’approche ensuite de la fenêtre, que j’ouvre en grand. On peut à peine appeler ça une fenêtre d’ailleurs, ça tient plus de la meurtrière… Mais c’est peut-être aussi bien dans l’east end. Je sors un étui à cigare de ma poche doucement, que j’ouvre pour m’en caler un entre les lèvres. Je l’agite vaguement en direction de Red avec un regard interrogateur, mais elle secoue la tête pour m’indiquer que ça ne l’intéresse pas. Je hausse les épaules avant de sortir mon briquet et mon coupe cigare. L’extrémité partie, j’allume le barreau de chaise et tire une bouffée. J’ai la gorge un peu irritée par le froid, et ça ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu, mais j’apprécie la sensation du tabac qui entre et sort de mes poumons. Je recrache la fumée âcre, avant de tendre mon bras par la fenêtre, dans la rue.

J’attends plusieurs secondes, et puisque le tir auquel je m’attendais n’arrive toujours pas, je rentre la main à l’intérieure, et inspire une autre bouffée. Nouveau nuage de fumée. J’attrape alors une chaise, que je retourne et que j’approche du lit, avant de m’installer en m’accoudant sur le dossier, le cigare toujours en main. Red n’est pas du genre à s’offusquer qu’on fume à l’intérieur, je la connais suffisamment bien pour ça. Je tends la main dans sa direction, et elle me donne le bout de papier qu’elle tient à la main. Sa façon de communiquer… Toujours un peu spéciale, mais je l’apprécie. Evidemment ça pose des problèmes pour parler à la plupart des mendiants, qui ne savent pas lire, mais ça n’a pas d’importance. Je parcours la feuille rapidement. La première ligne est une évidence, et je ne dis pas ça qu’à cause de Billy : le gros bandage qui lui barre tout le torse est un indice assez tape à l’œil à mon sens. Elle me demande de l’aider, ce qui est également évident, sans quoi elle ne m’aurait pas appelé ici… Ce qui suit, en revanche, est plus intéressant. Elle ne sait pas qui pourrait bien vouloir lui tirer dessus, qui plus est si la personne en question est un hunter, ce qu’indiquerait la balle en argent. Je passe les questions de fin de page, elles n’ont pas grand intérêt. Après une nouvelle bouffée de tabac inspirée et expirée, je prends donc la parole :


-Je suis prête à t’aider Red, tu es une… Amie. Le terme sort un peu bizarrement… C’est voulu, je n’ai pas d’amis, mais c’est quelque chose qui se fait dans le business. Tu m’en devras une en revanche, tu t’en rends compte ? Je suis sûre qu’elle s’en rends compte.

J’attrape la balle sur la table de chevet, avant de la retourner dans tous les sens. Red l’a nettoyée, ce qui est compréhensible, mais ne m’aide pas beaucoup. Parce que pour savoir que c’est une balle, il faut savoir qu’on l’a tirée, sans quoi elle ressemble plus à du minerai d’argent brut, ou à une bille de métal totalement informe. L’impact l’a aplatie, déformée… Il n’y a rien à en tirer, même moi je ne serais pas capable de dire d’où vient cette munition. Ce qui exclut donc de se renseigner auprès des fournisseurs de ce genre de munitions : ils en vendent des dizaines chaque jour, et sans marqueur distinctif supplémentaire, je serais bien en mal de trouver qui l’a vendue, et surtout à qui. Pas vraiment une piste donc… Mais elle me dit l’arme qui l’a tirée : un fusil. Trop grosse pour rentrer dans une arme de poing. Ce qui explique pourquoi Red n’a pas d’idée sur l’identité de son assaillant : elle ne l’a pas vu. Ce qui me dit encore une autre chose : pour réussir ce tour de force, il aurait fallu être à une certaine distance de la serveuse, ce qui veut dire que, d’une part, le fusil est de bonne qualité, et que d’autre part, son utilisateur sait s’en servir. Je stocke ces informations dans un coin de mon cerveau avant de reprendre :

-La balle est inutilisable, trop déformée par l’impact… Mais c’est souvent le cas. On va essayer autre chose… Mais il va falloir que tu me fasses confiance, d’accord ?

Elle hoche la tête avec appréhension. Je pose le cigare sur la table de nuit avant de lui prendre la main entre les miennes, en tentant de me montrer aussi rassurante que possible. Pas une tâche aisée, je n’ai pas exactement l’habitude… Mais je connais Red. Elle a une certaine forme de confiance en moi, même si c’est la forme de confiance que l’on trouve à Whitechapel : elle pense que je ne devrais pas tenter de la poignarder pour lui voler sa bourse dans l’immédiat. Je repousse ces considérations inutiles avant de fermer les yeux, et de commencer à me concentrer. Elle s’est faite tirer dessus en fin de matinée ou début d’après-midi. Le soleil était haut, elle était dehors… Je dois pouvoir trouver ça assez rapidement.
Et je passe de l’autre côté du miroir. Le torrent de la mémoire de Red gronde devant moi, mugissant alors qu’il se précipite vers la cascade de l’oubli. Il ne se rend pas compte de ma présence, mais je doute qu’il en soit capable de toute façon. Je remonte le cours de l’eau, un peu comme si vous marchiez à côté d’une rivière déchaînée. La soirée… Elle a dormi, là. Je continue de remonter. Un autre trou noir, probablement le moment où elle a perdu connaissance. Je ne suis plus très loin. Et j’arrive enfin au moment que je voulais voir. Avec un petit peu d’appréhension comme à chaque fois que je fais cela, je plonge la tête la première dans le cours de l’eau. Et je commence finalement à voir.

Le soleil était effectivement haut dans le ciel, et il faisait chaud. Je sens le corps de Red, plus puissant que le mien, qui marche. Ses yeux regardent droit devant elle, indifférente au monde qui l’entoure. J’aurais préféré qu’elle tourne un peu plus la tête pour pouvoir explorer les environs, mais ça n’est pas le cas. De ce que je sais, l’assaillant venait d’en face, aussi je scrute les possibles positions de tir… Même de nos jours, on ne s’amuse pas à brandir un fusil en plein Londres si on ne tient pas à se faire enfermer. Le problème, c’est qu’une demi-douzaine de ces toits feraient des endroits parfait pour le tir, et je n’ai même pas commencé à regarder les fenêtres. Bon. Je change donc d’approche, et scrute les positions possibles à la recherche d’un possible mouvement, plutôt que de tenter de prédire celui-ci. Je ne changerais pas le passé, je le sais, mais je peux très certainement influencer le futur. Et puis ça me vient. Un tube de fer dépasse du toit de l’hôtel qui nous fait face. C’est tout à fait discret, et je ne l’aurais pas vu en temps normal, mais il est bien là. Et Red qui continue d’avancer, ne se doutant de rien… Je ne peux rien y faire de toute façon. Je me concentre donc, avec dans l’idée de récolter autant d’informations que je peux dans le laps de temps qui m’est imparti. Comme je m’en doutais, celui qui l’a fait est un pro, on voit à peine sa tête dépasser au-dessus du canon. Il a les cheveux longs… Plutôt « Elle » alors. Intéressant, mais pas conclusif.
Comme je m’en doutais un peu, son fusil est de bonne qualité… Elle doit être à 50 ou 60mètres de Red, et elle a tout de même mis le coup au but. Plutôt bonne tireuse. Un peu trop orgueilleuse en revanche, aucun Hunter digne de ce nom n’admettrais d’avoir toute une série de dorures qui s’entrelacent le long du canon. Enfin, je suppose que ce sont des dorures, parce que sinon elle l’a fait plaquer or, et c’est encore plus stupide. Je continue d’observer, mais je n’apprends pas grand-chose de plus, elle est trop loin… Et puis, toute à ma concentration, je remarque à peine qu’elle vient de presser la détente. Le coup cueille Red au beau milieu du torse, et elle tombe en arrière. Je peux voir la silhouette qui se relève et qui prends la fuite, mais la serveuse voit déjà trop flou pour que je remarque quoi que ce soit de plus… Et la douleur… Oh mon dieu la douleur.

Je reprends soudainement mes esprits sur la chaise, dans la petite chambre où je suis supposée me trouver. Impossible de réprimer la grimace qui tord mon visage, et ma main qui se porte par réflexe à mon torse. J’ai la respiration rapide, et du mal à me concentrer. Fébrilement, j’attrape mon cigare, que je me fourre dans la bouffe avant d’inspirer un grand coup. Il faut que je me calme. Kaja s’excite de plus en plus à cause de mon état d’esprit, et je ressens même une pointe d’inquiétude de la part d’Istasha. Après une vingtaine de secondes où je me concentre pour ralentir mon souffle et les battements de mon cœur, je redeviens à peu près celle que je suis habituellement. Pas une expérience à reproduire trop souvent. Red me fixe, intriguée, et je tente un petit sourire pour la rassurer. Et puis, après encore quelques instants, je reprends la parole d’une voix qui a retrouvé sa fermeté :


-C’est une femme qui t’a tirée dessus. Une Huntress, à n’en pas douter… Mais probablement une novice. La balle en argent utilisée contre une chimère me dit ça. Son arme parée de dorures aussi. Ça veut dire qu’elle est orgueilleuse… Probablement une fille de la bourgeoisie, ou même une noble, mais je vois mal une noble s’engager sur le chemin des Hunters. Ça te dit quelque chose ?


La jeune femme m’oppose une expression perplexe. Non, elle ne sait visiblement pas qui lui a tiré dessus, même avec ce genre de qualificatif. En même temps, en vivant dans l’East End, je doute qu’elle ait eu l’occasion de côtoyer beaucoup de personnes du type que je viens de décrire. Ce qui veut dire qu’elle ne la connait pas, et que donc elle a probablement été engagée par quelqu’un. A nouveau, par qui ? Parce que, oui, une Hunter novice comme celle-là ne doit pas pratiquer des tarifs ahurissants, mais ça reste une somme pour quelqu’un qui vit dans un quartier où l’on peut se faire assassiner pour un penny. Il va me falloir donc plus d’éléments… D’abord, sonder un peu la vie de Red pour savoir si quelqu’un aurait des raisons de lui en vouloir à mort, et si ça n’a rien donné… Eh bien, se rendre sur les lieux du crime, trouver autant d’indices que possible, et peut-être se renseigner un peu auprès de mes contacts aux alentours. L’avantage principal, c’est que l’attaque s’est passée dans une rue peuplée : quelqu’un aura forcément vu quelque chose, et c’est dans ce genre d’endroits que mes petites oreilles sont les plus nombreuses. Reprenant une bouffée de mon cigare, je continue donc sur le même ton :

-Essaye de me dire si quelqu’un pourrait t’en vouloir suffisamment pour vouloir ta mort… Quelqu’un à qui tu devrais de l’argent par exemple ? Elle secoue la tête. Désolé, réflexe professionnel. Bon. Un ex petit-ami particulièrement timbré ? Ou un ami à qui tu aurais révélé ta nature, et qui a arrêté de te parler depuis ? Même ton boss, il ne pourrait pas vouloir garder ce que tu empoche lorsque tu travailles pour moi, et investir pour que ça lui revienne ? Si la réponse à tout ça est non… Eh bien il va falloir se rendre sur place. Tu es en état ?

Je n’avais pas prévu de dormir ce soir, de toute façon.
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Red'maw
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Elle n’est pas bien différente de dans mes souvenirs lorsqu’elle passe la porte de la chambre. Petite, d’une constitution assez menue, et dans une tenue qui ne fait pas particulièrement riche, mais qui a pourtant un certain chic … Et qui ne sent pas la crasse et le vécu. En soit, c’est probablement la seule « faille » qui la différencierait vraiment du milieu où elle se plonge, et ce n’est pas celle à laquelle tout le monde prêtera attention. En tout cas, sa voix n’a pas changé, pas plus que son physique. Par politesse, je décline le cigare qu’elle me propose. Pauvre idée : l’odeur du tabac me donne aussitôt envie de fumer, moi aussi … Mais je ne sais pas s’il m’en reste. Par contre, je dois avouer que je n’ai pas eu l’occasion de goûter un cigare. Mais la curiosité sera pour une autre fois. Je la laisse ensuite se diriger vers ma fenêtre … Le but de sa manœuvre m’échappe, mais je ne pose pas la question. Visiblement, « tout va bien », et c’est à peu près tout ce que j’ai besoin de savoir.

Je reste muette lorsqu’elle me dit qu’elle et moi sommes amis. La phrase est simple à comprendre, et je n’ai pas de problème avec ça … mais …
J’ai des « amies » moi ? La personne que je considérais la plus proche de ce statut, c’est David, et je dois avouer que ce n’est pas forcément le terme qui me vient à l’esprit le premier. Il me loge, me protège, m’éduque un peu et me fournit du travail … Moi, je l’aide à tenir sa taverne, à gérer ses problèmes lors des pleines lunes, et à garder les caisses au moins un peu remplies. Est-ce vraiment de l’amitié ? Et à côté, Aylith … Je mets quelques secondes de plus à réfléchir sur le sujet, mais je n’arrive pas à avoir une autre réaction qu’être sans voix. Je hoche pourtant la tête lorsqu’elle parle de service : je n’en attendais pas moins d’elle. Amies … Il faut que j’arrête de bloquer sur le terme.

La balle ne sera pas d’une grande aide … Dommage, pour moi, c’était probablement le début de piste le plus probant. Enfin, on en tire quelques informations, tout de même, mais rien d’ahurissant … je retiens pourtant mon soupire de déception, lorsqu’elle me parle « d’essayer autre chose et lui faire confiance ». En prenant en considération le fait que la dernière fois que nous avons coopéré, elle m’a sauvé la vie et m’a laissé une somme plus que correcte lorsque nous nous sommes séparés, bon. Sur ma liste des gens dont je me méfie le plus, elle est vraiment très, très loin.

- Vas-y.

La voir poser ses mains sur mes tempes de cette manière a un petit côté étrange. Je garde le silence … sans savoir si cela change grand-chose. Les yeux fermés, elle semble concentrée sur une tâche quelconque … que je suis incapable de déterminer. Sa respiration s’est calmée, et elle doit être au milieu de quelque chose … mais ce « quelque chose » a plus de sens pour elle que pour moi. Je sais parfaitement qu’elle ne dort pas, et pourtant, j’ai presque l’impression que ses traits auraient la même expression si c’était le cas … bon. Je ferme les yeux. La regarder de cette manière me met mal à l’aise. Mais faire ça me fait surtout remarquer que ses mains sont douces, aussi. En tout cas, plus que les miennes. Je me surprends à espérer qu’elle termine au plus vite… Et sans que je sache pourquoi ou comment, je suis exaucé. Elle rouvre les yeux et recule en haletant, avec une expression subitement bien plus pâle qu’avant. Je garde le silence en la laissant tirer de nouvelles bouffées sur son cigare, regagner sa composition. On dirait que quelque chose lui a fait atrocement mal … Mais elle semble se reprendre. Elle expose ce qui m’est arrivé. Une huntress ? Je ne sais pas où elle est allée pêcher ça, et surtout juste en me caressant la tête. Pourtant, ce qu’elle me dit semble cohérent. J’observe la balle déformée un instant … Mais je ne vois toujours pas de qui elle pourrait potentiellement parler : les connaissances « nobles » que j’ai … ah, oui. Je n’en ai pratiquement aucune. Je la laisse une nouvelle fois tenter de me donner des pistes, et y accorde quelques instants de réflexion. Puis note.

Non partout. Les nobles, j’ai connu une ou deux personnes … déjà mortes.

Je réfléchis une nouvelle fois à tout ce qu’elle vient de dire, mais j’ai déjà éliminé David de la liste, pas « d’ami » et encore moins de « petit ami », aucun créancier, rien du tout. Je me sens quand même obligée de la reprendre sur un point, mais je prends pas la parole : je me contente de reprendre ma feuille, et d’y noter « Pour la balle, si la chasseuse sait que je suis pas humaine, mais ne sait pas ce que je suis ? » avant de lui montrer. Ça m’est arrivé plus d’une fois : « beaucoup », parmi ceux que j’ai croisé, me voient mordre à la gorge et boire du sang … Et sortent ensuite un crucifix, de l’ail, ou m’envoient au visage de l’eau bénite. Des attaques aussi ridicules et inefficaces qu’énervantes, surtout quand je suis déjà transformée. Mais quelqu’un a pu me croire vampire en me voyant m’abreuver du sang de quelqu’un … Je songe à autre chose, et le note sur un billet séparé : un mot d’absence pour David. Je finis par me lever du lit.

- J’m’habille.

La chemise de nuit tombe à mes pieds sans résister, dès le moment où j’en ai un peu trop ouvert le col. Ouvrant mon armoire, j’en tire une chemise, que je passe rapidement, un pantalon, un gilet à manches courtes. Mon écharpe et ma barrette rejoignent mon cou et mes cheveux sans trop que je réalise, et l’espace d’un instant, je m’observe dans le miroir fendu dans un coin de la salle … tss. David m’a laissé la trace d’une légère traînée de sang dans le cou … probablement pas grand-chose, mais je l’essuie quand même du pouce, après avoir léché ce dernier. Je prends aussi la peine de fouiller un peu ma commode, le temps d’en dénicher mon stylet. Plutôt qu’à une ceinture, le fourreau s’attache à une sorte de collier. Je passe à mon cou, et le dissimule sous mon écharpe : une brève vérification pour m’assurer qu’il est invisible, et c’est bon. Mitaines et bottes viennent juste compléter l’ensemble. Je ne regrette même pas de ne pas m’être couvert plus lorsque nous passons la porte arrière du broken jaw et débarquons dans la rue : la température n’est toujours pas aussi basse qu’elle le devrait.

Je remonte les rues en suivant le même itinéraire que ce matin, mais en sens inverse … Et sur le qui-vive. J’ai l’impression de regarder derrière moi tous les deux mètres. J’ai l’impression que quelque chose remue dans mon dos tous les deux mètres. Il est possible qu’Aylith m’adresse la parole une fois ou deux … Elle, ou un écho de la rue : étrangement, je n’imprime même pas. Un chat errant qui fait tinter une bouteille vide me fait presque dégainer en pivotant. Je tente de reprendre mon calme. Avec un succès mitigé. Je suis encore dans cet état lorsque nous arrivons de nouveau à l’avenue où je me suis fait tirer dessus. Je note des tâches en forme de main sur les murs … Je compare avec la mienne. Je grimace. Ça coïncide. Dans la rue en revanche, il faut quelques instants pour trouver l’endroit où le tir a été fait … Le pavé a été nettoyé de manière plutôt correcte. Et après tout … pourquoi pas. Pas de victime déplorée. Aucun policier au moment du problème. Pas de coupables. Pas vraiment d’affaire, je suppose ? Me tournant, j’observe l’hôtel … je reconnais aisément l’endroit d’où on m’a tiré dessus. Le pointant du doigt, je me tourne en même temps vers la brune.

On vérifie ?

J’ai l’impression … non, je dois être une novice totale à ce genre d’enquêtes. Mais je pense que si celle-ci ne visait pas à déterminer qui tente de m’abattre, j’aurais trouvé ça grisant.



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Aylith Byatis
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Aylith Byatis
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MessageSujet: Re: "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] Icon_minitimeDim 25 Juin - 16:34

Je tique un peu lorsque Red me fait remarquer que la Huntress qui lui a tiré dessus ne sait peut-être pas qu’elle est une chimère, juste une créature de la nuit… C’est peut-être ça le plus gros indice du statut de novice de la tueuse : on se renseigne toujours sur sa cible avant de tenter son coup, Hunter n’est pas le genre de métier où l’on a droit à l’erreur, et l’erreur on la commet beaucoup plus facilement lorsqu’on ne sait pas à quoi on s’attaque. Enfin, je suppose que ce genre de raisonnement ne vient pas naturellement à la plupart des gens, surtout ceux qui n’ont pas l’occasion d’être confrontés à ces tueurs de manière régulière. Trop régulière, dans mon cas, encore qu’ils ne me poursuivent que rarement. Je m’abstiens donc de lui faire part de mes réflexions, et me retourne tandis que la jeune femme s’habille. C’est un peu ridicule, tiens : depuis quand suis-je quelqu’un de particulièrement pudique ? La bonne réponse c’est « tu ne l’as jamais vraiment été »… Mais ça n’a pas d’importance. Je continue de fixer la porte tandis que ma compagne se prépare, et au bout de quelques minutes de temps nous nous apprêtons à nous mettre en marche.
Nous descendons les escaliers grinçants qui mènent au rez-de-chaussée, et nous sortons par la porte arrière que Red franchit la première. En jetant un regard par-dessus mon épaule, je remarque que David me fixe. Je lui adresse donc un petit signe de tête : il sait que je ne veux pas de mal à Red. Il me rend d’ailleurs mon salut, et je sors à la suite de la serveuse, prenant soin de fermer la porte branlante derrière moi. Il faut forcer un peu pour la faire rentrer dans son logement, le battant ayant été déformé par l’humidité, mais après y avoir appliqué mon épaule pendant quelques secondes devant le regard (peut-être un peu condescendant) de mon amie, le loquet s’abaisse et nous nous mettons en marche dans la moiteur d’une nuit d’hiver trop chaude pour la saison. Les rues sont (à peu près) désertes. Il est trop tard pour rentrer du travail (encore que certains jobs dans l’East End s’exercent 24h sur 24), mais trop tôt pour rentrer complètement soûl d’un bar quelconque. Red marche à grands pas quelques mètres devant moi tandis que je scrute les ténèbres qui habitent les ruelles que nous croisons régulièrement, renfermant la plupart du temps une forme de vie ou une autre.

Le brouillard commence doucement à se lever. C’est systématiquement la même chose ici : dès qu’il commence à faire bon, les « eaux » de la Tamise (à défaut d’un meilleur qualificatif pour cette entité presque vivante, et parfois plus solide que liquide) envahissent Londres sous la forme d’un brouillard à couper au couteau, qui a en plus l’avantage de sentir particulièrement mauvais. C’est plutôt une bonne chose pour nous : autant être discret lorsque l’on mène une enquête, et si la personne qui a attaqué Red nous tends une embuscade sur les lieux de son premier tir, elle aura d’autant plus de mal à nous viser… Mais si une personne seule serait désavantagée par les conditions météorologiques, un groupe de Hunter pourrait s’y dissimuler et nous tomber dessus sans crier gare. Une bonne chose que j’ai plus d’un tour dans notre sac, donc. Visiblement je ne suis pas la seule à être sur le qui-vive, toutefois : la serveuse devant moi se retourne régulièrement, jetant des œillades inquiètes à la ronde… Etait-ce une bonne idée de la faire revenir ici en fait ? Elle sera vite remise de ses blessures physiques, certes, mais qu’en est-il des blessures mentales ? Je n’ai jamais vu un être monstrueux tel que nous éprouver ce genre de tourments jusqu’ici, mais nous restons des êtres pensants comme les autres après tout, peut-être que certains sont plus « réceptifs » que d’autres à ce genre de choses. Ce que je sais, en tout cas, c’est que certains sont très réceptifs à la folie furieuse.
Après quelques minutes de marche supplémentaire dans un silence absolu, seulement troublé par les bruits de la vie de quartier (chansons paillardes et autres appels au secours, nous sommes dans l’East End), nous arrivons en fin sur les lieux du crime. Si crime il y a, puisque la victime est désormais sur les traces de son agresseur… Qui pourrait bien se retrouver victime à son tour dans un futur proche. Je regarde Red observer les traces de sang sur les murs de la ruelle dans laquelle nous nous trouvons, traces de son sang d’ailleurs, avant de se diriger vers l’endroit où elle tomba au sol un peu plus tôt aujourd’hui. Elle semble un peu bouleversée, en effet, mais pas au point de perdre ses moyens, ce qui est une bonne chose : un instant de vulnérabilité équivaut trop souvent à une mort prématurée pour nos semblables. Tandis que la jeune femme scrute le pavé, je m’intéresse aux toits autour de nous. Je ne vois rien qui indiquerait un risque imminent, mais ça ne veut pas dire grand-chose : entre l’obscurité et le brouillard naissant, il est facile de rater un tireur embusqué, même avec des yeux comme les miens. Je me positionne donc au pied d’un mur, afin d’être plus difficile à atteindre si l’assassin se trouve de mon côté de la rue… Red me sert donc, sans qu’elle n’en sache rien, d’appât.
Elle n’est toutefois consciente de rien, et je ne vais pas m’amuser à l’informer pour qu’elle refuse de tenir le rôle : dans le pire des cas, elle s’en remettra, et je pourrais continuer de prétendre que je n’avais rien remarqué. Toujours est-il qu’après quelques instants supplémentaires d’observation, la serveuse se retourna dans ma direction afin de me proposer de continuer notre enquête à l’emplacement où s’était installé le tireur. Je hoche la tête pour signifier mon approbation avant de la suivre en direction du bâtiment désaffecté qui nous fait face à toutes deux. Bien évidemment, la porte d’entrée est barrée, mais il doit bien y avoir un passage que le personnel empruntait pour les divers besoins de la bâtisse lorsque celle-ci accueillait encore des clients, non ? Je me dirige donc vers le côté gauche de l’immeuble, qui n’est constitué que d’un mur plein recouvert de plantes grimpantes. Pas le bon, donc. Faisant demi-tour, je m’aventure donc sur la droite, et trouve effectivement ce qui avait dû être une porte de service, mais était dorénavant notre point de passage.

Red m’emboîta le pas alors que je m’approchais, avant de scruter la chambranle. Celle-ci, bien que totalement pourrie, n’a pas été forcée, alors qu’elle était également barrée si l’on peut en croire le témoignage du tas de petit bois au sol. Je l’inspecte donc d’un peu plus près, ma curiosité attisée… Les clous au sol sont parfaitement entiers, bien que visiblement rouillés jusqu’à l’os … Personne n’a forcé la porte donc, cela aurait laissé quelques traces qui ne trompent pas. Comment la huntress est-elle entrée alors ? Pas avec un pied de biche non plus : c’est certes plus subtile que d’enfoncer la porte à grand coups d’épaule, mais je ne peux pas croire qu’il n’y ait pas un seul clou qui ait lâché dans le processus… Il reste donc un troisième moyen, mais que j’aurais préféré ne pas avoir à considérer. Je prends la parole d’une voix basse, tout en tapotant le cadre de la porte d’un doigt :


-Alchimie, j’en mettrais ma main à couper.

Sans attendre une quelconque réponse de ma compagne, je pénètre dans le bâtiment sombre, mes yeux s’habituant rapidement au manque de lumière de l’endroit… Il y a quelques avantages à partager son corps et son esprit avec un loup. Loup qui est d’ailleurs visiblement en train de somnoler dans le fond de mon crâne, mais ça n’a pas d’importance : nous ne somme visiblement pas en danger de manière immédiate, bien que je reste vigilante. Nous montons rapidement les marches pourries qui mènent au toit de l’ancien hôtel, sans véritablement nous soucier des étages inférieurs : aucun hunter, aussi novice soit-il, n’attaquerait un ennemi depuis le toit de son propre logis s’il pouvait décider du lieu… Et je ne vois pas bien ce que pourrait nous apprendre les éventuels restes culinaires de l'assassin s’il ne faisait que passer. Quelques grincements et craquements plus tard, Red et moi émergeâmes sur le toit de la bâtisse, à l’air (relativement) libre. La vue était, effectivement, imprenable d’ici, et je comprenais parfaitement que le tireur ait choisi de s’y installer pour guetter sa cible : difficile d’imaginer meilleur poste de tir, même moi je pouvais m’en rendre compte.
Je m’approchais donc du rebord du toit, légèrement surélevé afin de marquer la fin de la surface plane. L’emplacement exact d’où le coup avait été tiré était totalement transparent : le rebord avait été « modifié », un renfoncement un peu plus gros que le canon d’un fusil le perçait, et s’évasait sur les côtés jusqu’à rejoindre le tracé normal du rebord en question. Je passais mon index sur le tracé de cette modification architecturale… Parfaitement lisse, quelque chose que les alchimistes avaient tendance à oublier : à vouloir être trop parfaits, ils oubliaient que ce qu’ils cherchaient à imiter avait des défauts, et je ne connaissais pas un seul bâtiment dans Londres où la taille de la pierre était aussi parfaite. J’indiquais d’un signe de tête ma découverte à Red, avant d’ajouter :


-Notre cible est donc bien une alchimiste.

Je cherchais ensuite, pendant plusieurs minutes, des indices supplémentaires à l’endroit où j’avais déterminé que notre fameux tireur devait se trouver, mais celle-ci n’avait pas exactement laissé grand-chose qui nous aiderait à l’identifier. Tant mieux pour elle d’ailleurs, elle n’allait pas aimer ce qui allait lui arriver lorsque nous la retrouverions, alors autant retarder autant que possible l’inévitable. Remarquez que je ne doutais pas une seconde de la réussite dans notre enquête : personne ne pouvait se cacher très longtemps à Londres si je me décidais à les retrouver… Et si je ne connaissais pas l’identité de celle que je cherchais, cela non plus n’était pas très long à se révéler. Non, les rares fois où l’on avait réussi à m’échapper, c’était en prenant un bateau pour l’Amérique avant de disparaître dans la nature une fois sur place… Ce qui était d’ailleurs un châtiment en soit, mais passons.
Après une dizaine de minutes de recherche minutieuse, je laissais finalement tomber et me laissait tomber sur le rebord du toit avant de sortir une cigarette de ma poche et de l’embraser, réfléchissant tandis que le tabac se consumait. Notre tueur n’avait pas vraiment laissé d’indices ici non plus… Si Red n’avait pas de pistes à me donner sur la personne, et que cette dernière n’avait pas laissé de traces particulières nous permettant de remonter jusqu’à elle ici, comment allions nous pouvoir l’identifier ? Bien sûr, j’aurais sans doute pu faire jouer mon réseau pour savoir quel hunter avait accepté un contrat sur une serveuse de l’East End, mais cela prendrait des semaines, ce que nous n’avions pas si nous voulions éviter une seconde attaque. Il ne me manquait pas grand-chose pourtant, juste le début d’une piste… J’aurais bien utilisé le nez de Kaja, mais elle ne retrouverait pas quelqu’un en plein Londres, trop d’odeurs… Et pas la peine de jouer à l’observateur aérien avec Istasha non plus, le crime avait eu lieu il y a trop longtemps. Je laissais échapper un vague grognement de mécontentement, quelque chose m’échappait.

J’avais bien une idée, mais je rechignais assez à la mettre en pratique : elle ne donnait pas toujours des résultats. Mais avais-je bien le choix ? Après encore quelques minutes à retourner le problème dans tous les sens, je me rendais à l’évidence : non, il allait falloir tenter le coup. Je m’approchais donc du lierre qui recouvrait partiellement le rebord et la façade est du bâtiment, et posait la main dessus. Fermant à nouveau les yeux, je me concentrer pour tenter de communiquer avec la plante. C’était possible, je le savais, mais mère nature n’avait pas toujours les réponses qui nous intéressaient. Doucement, au rythme de la vie qui parcourait la plante, je rentrais en contact avec cette dernière, avec la mémoire qu’elle conservait dans sa sève… Elle ne parlait, elle ne réfléchissait même pas à proprement parler, mais elle sentait le monde autour d’elle avec une acuité étonnante, et totalement différente de la nôtre… Et ça, je pouvais essayer de le comprendre, si la plante me laissait faire. Je privilégiais donc une approche douce, qui pouvait durer des heures si mon interlocutrice n’était pas réceptive à mes appels… Mais, coup de chance, celle-ci l’était.
Je plongeais donc dans l’équivalent de la « mémoire » du végétal, un monde verdâtre composé uniquement de sensations, de vibration et de mouvements perçus par les feuilles de celui-ci… Il n’avait, bien sûr, pas de description du tireur, pas plus que d’information sur son identité mais il pouvait peut-être m’aider. Après le tir, ressenti comme une explosion par le lierre, quelque chose de métallique avait roulé sur le toit jusqu’à se poser doucement contre le rebord, à l’abri des regards sous les premières feuilles. Toujours avec douceur, parce qu’on ne sait jamais comment vont réagir les plantes, et qu’on a parfois besoin d’elles plus d’une fois (et elles ont la rancune tenace, croyez-moi), je me retirais de la conscience du végétal afin de réintégrer le monde réel. Légèrement désorientée, je me levais d’un coup, avant d’aller chercher l’objet que m’avait indiqué ma nouvelle « amie ». Oh. Intéressant. Je me retournais finalement vers Red après avoir fait jouer le petit tube de métal entre mes doigts pendant quelques secondes, avant de demander d’une voix calme :


-Combien de temps j’ai été… partie ? Je hochais la tête d’un air pensif face à sa réponse, avant de brandir la douille que je venais de ramasser avec un air enjoué : Je pense que nous avons une piste.

[Ok mon temps de réponse s’arrange pas, mais déso pas déso c’était la période des exams et des candidatures pourries, j’arrivais pas à RP avec une qualité « correcte ».]
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Red'maw
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MessageSujet: Re: "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] Icon_minitimeSam 8 Juil - 2:34

Le fait qu’elle soit d’accord pour aller vérifier le toit me surprend presque. Avions-nous une autre option ? Lui emboitant le pas, je chasse la pensée de ma tête. Ce n’est pas le moment de réfléchir à des choses inutiles. Marchant un peu mécaniquement derrière elle, je suis surprise en la voyant revenir sur ses pas … mais je comprends vite pourquoi elle le fait. Arrivée à la porte, ce qui me « choque » le plus, c’est qu’il n’y aura pas à la défoncer. Et c’est plus un constat positif qu’autre chose. J’ai cicatrisé, mais je préfère ne pas forcer … pour le moment. Selon ma partenaire, nous avons affaire à une alchimiste … Le mot me fait soupirer plus profondément que je ne voudrais.

Le toit est désert, sans surprise. Observant les étoiles un instant, je me met ensuite à regarder les alentours, cherchant … n’importe quoi. C’est cependant quasi inutile : Aylith ne met que quelques instants à dénicher un début de piste. La confirmation que celle qui m’a tiré dessus use de l’alchimie … Je me sens obligé de frotter la poitrine, à l’endroit où je sais que se trouve ma pierre philosophale. M’accroupissant à côté du rebord, j’imite la jeune femme et passe le doigt dans le renfoncement. La sensation me fait sourire. Lorsqu’on sait un peu à quoi s’attendre, ce genre de détails semble idiot. Me retournant, j’observe ailleurs … Mais l’endroit ne m’apprend rien de plus. A Aylith non plus cependant, même si elle semble réfléchir à quelque chose au bout de plusieurs minutes de fouilles. Elle finit par s’approcher d’un des murs, poser la main dessus avec douceur … Et une fois de plus, la revoilà partie en transe. M’approchant d’elle, je m’assure de deux-trois détails … Mais elle est à couvert, respire calmement, et son cœur bat. Je finis par m’accroupir à côté d’elle, et attendre. Au bout de 10 minutes, je lui pique une cigarette … Mais la regarde sans l’allumer. L’odeur. L’idée que mon informatrice découvre mon petit larcin à cause de la puanteur du tabac ne me fait rien. En revanche, celle qui m’a tiré dessus … Vérifiant une nouvelle fois que personne ne peut nous voir, je hoche la tête. Ça pourrait marcher. Je me transforme avec une certaine lenteur en chimère … Normalement, le processus est bien plus rapide, mais ici, je n’ai pas besoin de me battre. Pas d’urgence … Et le moins mes os craquent, le mieux je me porte. Une fois transformée, je fouille l’endroit avec un nouveau sens … Mon odorat. Moins puissant dans l’air que dans les eaux, je sais pourtant que je peux être très efficace. Je tourne en rond, ici, là … les effluves de la tamise ne parviennent pas jusqu’ici. A l’endroit d’où je me suis faite avoir, une forte odeur de poudre. Elle a en particulier marqué la pierre, un peu le sol. En continuant à renifler, je saisis également … de la transpiration. Ce matin, en plein soleil, l’endroit devait être chaud. Celle qui m’attendait a dû patienter sans couvert ni rien, ici … Je sens également des nuances subtiles. De la naphtaline. De l’encens. Le parfum d’un thé aussi, probablement. Le cocktail met quelques temps à m’apparaître, mais une fois que je l’ai senti, et bien senti … Il s’imprègne en moi. Et je saurais retrouver cette odeur.

En retrouvant ma forme normale, j’ai soif, mais pas trop. Allumant la cigarette en guise de palliatif, je médite. Une huntress, alchimiste, probablement pas issue des classes « pauvres » de son métier, capable de se payer des balles d’argent et un fusil, bonne tireuse … Probablement novice ou mal informée. Les possibilités ne sont pas
extrêmement réduites, mais c’est déjà bien mieux. Il faut quelques minutes encore à ma partenaire pour sortir de son somme, que je mets à profit pour fumer entièrement ma dose de tabac, et me convaincre qu’il y a à manger pour moi à la maison. Il faudra que j’aille rôder, ce soir, ou bientôt … Enfin, pour l’instant, j’ai toujours les idées claires. Lorsque la brune ouvre les yeux, elle se rend directement à un coin du toit, dont elle tire un petit tube métallique … Une douille. J’observe la chose avec attention : je n’ai pas souvenir d’en avoir vu énormément dans ma vie … Sa question me tire un petit sourire.

- Quelques mois … Mon sourire me trahit bien trop vite : je finis par hocher négativement la tête en me redressant. – 30 minutes ? 40 ?

Je hausse les épaules. Tant qu’elle a l’ordre d’idée, pas besoin d’être précis, dans notre situation … Et puis, j’ai pu mettre ce temps à profit également. Même si je pourrais difficilement lui montrer une odeur. Ou en tout cas, pas comme elle brandit sa douille. Nous restons encore là quelques minutes, à chercher pour d’éventuels indices supplémentaires … Mais à part une odeur, un rebord déformé et un petit tube métallique, notre chasseuse n’a rien laissé. Lorsque nous descendons, je m’attarde même dans les étages, histoire d’être sûre. Mais la plupart des portes n’ont pas bougé depuis longtemps : je dois forcer pour les faire bouger, et ça remue trop de poussière pour que quelqu’un l’ait fait avant moi récemment. D’un commun accord, nous retournons au Broken Jaw. J’offre même la possibilité d’une bière à Aylith, mais elle semble peu motivée … Je remplace par un peu de cette vodka que nous avons reçu, récemment. Elle semble tout de suite plus encline. Malgré notre « manque » de résultat, je me sens satisfaite. Mieux : apaisée. Ces quelques minutes tranquilles sur le toit m’ont fait du bien … Il faudra que je retourne à cet endroit.

Mais lorsque nous arrivons à la taverne, de l’extérieur, je trouve l’endroit … Calme. Les lumières sont allumées, et je vois du monde derrière une fenêtre, mais il n’y a pas de discussions animées, pas de son de choppes qu’on claque sur la table, pas de rire … Je n’ai pas souvenir qu’on enterrait quelqu’un ce soir. Je comprends l’ironie d’avoir eu cette pensée en rentrant par la porte principale. A terre, allongé sur un drap, il y a un cadavre. Ce n’est pas le linge sur son visage qui me fait dire ça … Plutôt le trou rouge sombre dans sa poitrine. Ses mains ont étés croisées sur son estomac, et on a tenté d’ordonner un peu ses vêtements. Je ne brise pas le silence à mon arrivée. Tous prient, se recueillent, discute à voix basse. M’éloignant un peu de l’entrée, je cherche David du regard. Mais il n’est pas derrière le comptoir. Le gosse, qui me remplace, a l’air de se réfugier derrière son plateau. Je continue de chercher. J’identifie des habitués, ici et là, assis ou debout. Un irlandais mort au milieu d’autres irlandais. C’est probablement le seul hommage posthume qu’aura ce cadavre, au milieu de la taverne où je vis. Mais subitement, quelqu’un pousse un cri. Un homme, qui s’est tourné vers l’entrée. Il regarde juste à ma gauche … Aylith. Il regarde Aylith. Avec un genre de haine que j’ai rarement constaté.

– Espèce de SALOPE !

En dépit de toute logique, il a déjà dégainé un surin, et court vers celle qui m’accompagne. Je ne sais pas très bien comment elle réagit, mais je m’interpose aussitôt. Et quand je « m’interpose », je veux dire que je me place devant elle, saisit la main de l’homme tenant un couteau, et pose l’autre, ouverte, sur sa gorge. L’impact me remonte dans tout le bras, mais j’ai l’effet voulu : il s’arrête net.

- Glaahk … Casses-toi Red ! C’est elle ! Elle doit payer !

Il tente de se dégager. Mais autant je ne « tenais » pas son cou, autant je ne le laisse pas récupérer la main tenant son couteau facilement. Il tire, comme si forcer servirait à quelque chose avec moi. Il réalise que non. Il tente de m’attaquer de l’autre bras. J’esquive un premier coup. Bloque un second. Le troisième touche, et m’énerve. Lui saisissant le col, je le soulève à moitié du sol, et lui fauche les deux jambes d’une des miennes : il s’écrase devant moi. J’écrase aussitôt le poignet de la main au couteau. Mais je n’ai pas le temps de faire plus qu’autre chose se produit … Un « clic » bien particulier. Quelqu’un a tiré un pistolet. Ça ne vient pas de derrière moi, mais de la foule : un des types présents. Je le reconnais. Birky. Birky dont le visage est rouge, la main tremblante, et les joues humides de larmes qui coulent. Birky dont je ne savais pas qu’il venait avec un pistolet à silex. Et qui semble prêt à tirer. Je n’ai pas spécialement envie de prendre une balle, là, tout de suite. Etrangement. Mais il s’écoule une seconde ou deux … Avant qu’une voix bien grave ne me rende espoir.

– C’est pas fini ce bordel ?

David. Qui, avec un calme olympien, pose une choppe retournée sur le silex du pistolet. Même si Birky appuie sur la détente, il ne fera pas feu. De son autre grosse main velue, mon patron saisit le canon de l’arme, et regarde son propriétaire … Ses grands yeux noirs et ses 15 bons centimètres de plus lui donnent plus raison que des mots. Lui retirant son arme, il se retourne vers le reste de l’assemblée, et soupire par le nez … En particulier en nous voyant, moi et Aylith. Enfin, plus elle que moi. Mais j’aurais du mal à poser des questions.

Heureusement, les réponses viennent … Lentement, mais sûrement. On remet un peu d’ordre dans le bar. Le corps est installé sur une table longue, un peu à l’écart. On demande à Aylith de s’asseoir sur une chaise. Moi, rien de particulier, mais David me glisse qu’il aura à me parer, en privé. Finalement, lorsque tout est fini, l’assemblée forme un genre de cercle autour de deux chaises : celle de mon informatrice, et celle (retournée) de David, qui prend place avec un soupire fatigué.

– Bon … Je vais essayer de résumer simplement les choses. La soirée se passait bien. Je savais que Red’ était de sortie, d’où le fait qu’Ulrich m’aide. D’un mouvement du pouce, il pointe le gosse, qui sourit à l’évocation de son nom. - Une soirée tranquille, vraiment, rien d’exceptionnel. Puis, il y a environs … 20 minutes ? Une petite demoiselle brune, ayant exactement ta tête, taille et corpulence se pointe ici, et reste plantée dans l’entrée de la porte. Environs … 10, 15 secondes. Elle observe bien la salle. Ulrich lui demande ce qu’elle veut, mais elle ne répond pas. Puis, tout d’un coup, elle dégaine, et fait un trou dans Jeffrey, un de mes clients. Avant de tourner les talons et de s’enfuir. On a trois personnes qui lui ont couru après, mais elle a réussi on ne sait comment à les attirer dans une impasse … Qui n’en était pas une aux dernières nouvelles d’ailleurs, on ne sait pas trop qui a construit ce mur et quand, mais passons. Mais la raison pour laquelle Birky et Todd, le frère de Jeffrey en passant, t’on attaqué … C’est parce qu’on est à peu près tous témoins du fait que la personne qui a tué Jeff’ avait vraiment une gueule très proche de la tienne. Il marque une pause, soupire. Se raclant un peu la gorge, il redresse la tête, et regarde le gosse … Claque des doigts. Le gamin comprend aussitôt, et lui apporte sa bière, qui était posée derrière le comptoir. Je n’ai pas vu David se servir dans la marchandise depuis une éternité … Ceci dit, je n’ai jamais vu de meurtre ici non plus. Prenant deux-trois gorgées, il soupire, puis tire une grimace, avant de reprendre. - Bon. Maintenant, je suis pas partisan d’une justice expéditive, et j’ai pas envie d’avoir un autre macchabé sous mon toit. Je serais plus pour te livrer aux flics. Sauf que ça non plus, j’aime pas faire … Pas pour rien en même temps. Donc avant … Une ou deux questions. Es-tu coupable ?
- Non. Tout le monde se tourne vers moi, y compris David. Je réalise seulement à quelle vitesse j’ai réagi. Je hausse les épaules. – Pas elle.
- … Je veux te croire, Red’. Mais tu n’étais pas là au moment du meurtre. Comment tu peux attester que ce n’était pas elle ? Et tu étais où, d’ailleurs ?
Je réalise seulement ce qu’il veut faire. Aucun de ses traits ne le trahit, mais je le connais. Moi, je ressens une assez forte satisfaction … Mais j’essaie de rester impassible.
–Avec elle.
- Ah vraiment ? Depuis quand ? Il connaît la réponse, il nous a vu partir ensemble … Mais il veut faire les choses bien.
– Chais plus. 19 heures ?
- 19 heures … Et tu ne l’as pas quitté d’une semelle ?
– Jamais.
- Mh. Au passage … je suppose qu’elle n’a pas changé de coupe de cheveux, ou de vêtements quand elle était avec toi ? Parce que plus je la regarde, plus j’ai l’impression que même si elle avait le même visage, la meurtrière avait … Disons, un style différent. Proche, mais différent. Plus raffiné.
– Rien changé.

Des murmures parcourent l’assemblée … David semble réfléchir. Je sais qu’il n’en fait rien : il a déjà son avis. Il cherche juste à ce que tout le monde le partage … Sans bien sûr le leur ordonner : ce serait contre-productif. Faisant glisser ses doigts dans sa courte barbe, David finit par soupirer, et se tourner de nouveau complètement vers Aylith. Le silence revient totalement.

Bon … J’avoue que j’adorerais ne pouvoir me fier qu’à la parole de Red’. Mais à toi aussi, il va falloir que je pose quelques questions … Même si j’ai déjà mon avis sur l’histoire. Prête ?


La mâchoire rouge... Pourquoi un tel nom ?:
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Aylith Byatis
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MessageSujet: Re: "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] Icon_minitimeSam 21 Oct - 14:25

Lorsque nous sommes rentrées au Broken Jaw, l’ambiance enjouée habituelle avait laissé place à un froid glacial. Commençant à avoir l’habitude de l’endroit, où je me rends à chacune de mes escapades aux côtés de Red, j’étais légèrement surprise : la seule fois où j’avais trouvé que l’ambiance était plus morne que d’habitude, c’était à la Saint Patrick, parce que tous les habitués étaient étalés sur le sol, suffisamment saouls pour ne pas se souvenir de leur propre nom. Et il était près de cinq heures du matin. La situation était différente ici : nous étions en début de soirée, donc logiquement lors du moment le plus vivant de la nuit pour la taverne, et je repérais la plupart des habitués que j’avais déjà vus par le passé. Et puis la raison de cette atmosphère pesante m’apparue au milieu d’une flaque rouge sang : un cadavre. Sa tête me disait vaguement quelque chose, mais impossible de savoir si j’avais déjà entendu son nom. Immédiatement, Istasha se fit sentir, sa curiosité maladive m’invitant à m’approcher du mort, alors que Kaja montrait les crocs (intérieurement), sentant le danger. Muette, je me contentais de m’installer dos à une poutre à quelques mètres de l’assemblée pendant que Red s’en approchait.
Mon regard se posa mécaniquement sur le cadavre, à peine visibles entre les silhouettes de deux des irlandais qui le veillaient. Grand trou au milieu de la poitrine… Donc arme à feu, c’était presque certain. Et les personnes qui avaient les moyens d’avoir un pistolet n’étaient pas légion dans l’East End… Un assassinat commandité par une bande, pour une raison quelconque ? C’était le plus probable. Et alors que je me perdais en conjectures, un cri guttural retentit, transpirant la haine et la rage mal contenue. Je relevais les yeux en haussant un sourcil, vaguement surprise par la violence de la réaction, jusqu’à ce que je me rende compte qu’elle était dirigée à mon encontre. Un homme, qui avait la trentaine déjà bien passée, me regardait avec des yeux presque incandescents de haine. Je recherchais rapidement dans ma mémoire ce que j’avais bien pu faire pour qu’il ait une telle réaction en me voyant, mais rien ne venait… Je n’avais pourtant pas tendance à me faire des ennemis… Ou, à tout le moins, des ennemis aussi insignifiants. J’envisageais de sortir mon pistolet et de le faire taire d’une balle, mais j’aurais eu du mal à justifier ma collaboration avec Red après cela. Je le laissais donc faire la première passe : si j’agissais pour me défendre, personne ne pourrait me reprocher qu’il arrive quelque chose de… Mauvais au personnage.

Et ledit personnage décida de nous charger avec la finesse d’un taureau sauvage : un surin à la main il se jeta sur moi, tandis que je me fondais rapidement en arrière-plan pour laisser Kaja prendre le contrôle de mes réflexes… Et alors que celle-ci allait faire un pas de côté suivi d’un coup de dague qui avait toutes les chances d’être mortel, Red s’interposa entre le client et moi. Je m’empressais alors de convaincre la louve de me laisser reprendre le contrôle : si Red s’en mêlait, j’aurais sans doute besoin de plus de diplomatie que de compétences martiales, et si dans le second domaine il ne faisait aucun doute que mon entité s’en sortait mieux que moi, elle n’était pas réputée pour sa subtilité, ou son sens de la négociation.  J’assistais donc à l’échange entre Red et… ce monsieur, donc, avec un certain flegme, tandis que les insultes fusaient dans ma direction. Il semblait visiblement me reprocher quelque chose, mais j’avais du mal à cerner quoi. Enfin, j’aurais eu du mal si l’indice principal de l’affaire n’était pas allongé au milieu de la pièce.
N’ayant pas souvenir, donc, d’avoir particulièrement heurté ce monsieur récemment, je m’étais mise en quête d’une raison qui justifierait sa colère… Et celle-ci m’était apparue assez vite : le cadavre au milieu de la pièce. Ca expliquait son manque de sang-froid, et ça expliquait aussi l’expression partagée entre la stupeur, la méfiance et la haine qui régnait sur la majorité des visages de l’assistance. Le problème étant que je n’avais pas non plus souvenir d’avoir tiré sur quelqu’un ce soir, mon pistolet ne m’avait d’ailleurs pas servi depuis près d’un mois. Quoi alors ? C’était une arme à feu, donc forcément utilisée par un humain : ils ne pouvaient me haïr du fait de ma nature de Lycanthrope… Mais si c’était un humain, et que ça n’était pas moi, pourquoi était-ce à moi qu’ils en voulaient ? M’avait-on fait porter le chapeau, d’une façon ou d’une autre ? Un assassin qui révélait « par mégarde » son commanditaire ? C’était relativement grossier comme stratagème, d’autant plus que seules une poignée de personnes dans l’assistance connaissait mon nom (enfin, celui que je leur avait donné), ce qui aurait compliqué la tâche d’une personne souhaitant me faire accuser sachant que personne ici (ou presque) n’était seulement capable de m’identifier.

Et puis, alors qu’à nouveau les suppositions tourbillonnaient dans ma tête, un « click » reconnaissable entre mille retentit. Pistolet à silex, j’en aurais mis ma main à couper avant même d’apercevoir l’engin.  Et cela ne manqua pas : un pauvre gus au bras tremblant tentait tant bien que mal de me viser avec son arme de fortune. Et moi qui pensais que les clients du Broken Jaw étaient trop fauchés, même pour ça… Et, là, je commençais à m’inquiéter. Parce que si j’étais à peu près sûre de pouvoir maîtriser un ivrogne vieillissant au combat rapproché, j’aurais été bien en peine d’esquiver une balle… Et vu la stabilité pour ainsi dire inexistante du bras du pistolero en herbe, le coup pouvait partir à tout moment. Alors, certes, Red était sur la trajectoire, mais même dans le cas où j’aurais été certaine qu’elle serait celle qui serait touchée par le projectile, j’aimais autant lui éviter le désagrément : elle avait déjà pris une balle aujourd’hui, et je doutais qu’elle soit particulièrement encline à renouveler l’expérience.
Et puis la voix de stentor de David, le boss de Red, retentit. Le temps se figea presque, tandis que l’imposant tenancier de la taverne s’avançait entre les deux groupes rivaux dans le but évident de ramener le calme. Il fallait dire qu’il en imposait, lorsqu’il le décidait, et malgré moi je suivais ses mouvements du regard avec un certain respect. Une fois clairement interposés entre ses clients et moi, ces derniers se calmèrent un peu, et le pistolet disparu dans les grosses paluches de l’homme. Une fois la situation désamorcée (tout à fait littéralement), il ne suffit que de quelques gestes au patron pour que les clients aident à remettre de l’ordre dans la taverne. Le macchabé fut transporté sur un drap jusqu’à une table dans un coin de la pièce, avec l’intime conviction que quelqu’un s’en occuperait plus tard, mais si possible pas nous. Les chaises renversées furent remises en place, l’homme qui était toujours aux côtés de Red accepta de remettre son surin à la jeune fille, et on m’invita finalement poliment (mais fermement) à prendre place sur une chaise au milieu de l’assistance. Je n’aimais pas particulièrement le sentiment de tous ces yeux posés sur moi, mais je n’avais visiblement pas le choix. Même ma serveuse favorite haussa les épaules lorsque je lui jetais un regard exaspéré.

Une fois tout le monde en place, c’est-à-dire moi et David au milieu d’une assistance qui formait un cercle autour de nous, le tenancier commença à nous raconter les évènements de son point de vue. Sa chaise retournée et les regards insistants de l’assistance faisaient presque croire à un procès, et c’était finalement ce que c’était, d’une certaine façon. A tout le moins, un interrogatoire à charge. Alors que le patron parlait, donc, je sortais ma dague et commençait à me récurer le dessous des ongles, pourtant déjà impeccable. David ne semblait pas trop s’en préoccuper, mais un mouvement traversa l’auditoire. De la colère, bien sûr, mais peut-être également un peu d’inquiétude face au masque d’assurance que j’affichais. L’air concentrée sur ma tâche, je ne ratais toutefois pas une seule parole du patron de Red, qui me narrait une scène à l’air un peu… Fantastique. Quelqu’un me ressemblant comme deux gouttes d’eau avait donc fait irruption dans la taverne, attendu quelques instants avant de tirer sur l’un des soulards, et de s’en repartir dans le même mouvement, faisant visiblement changer la géographie des rues de Londres dans le processus. J’avais déjà ma petite idée sur comment il avait fait ça, mais il était peut-être un peu tôt pour poser mes conclusions.

Et puis la question fatidique arriva : avais-je fait le coup ? Et il n’y avait évidemment pas de bonne réponse : Si je répondais oui, j’étais lynchée sur place publique, et si je répondais non, on me répondrait qu’on ne me croyait pas, et ensuite on me lynchait sur place publique. Je relevais donc les yeux de ma manucure pour la première fois depuis le début de la tirade du tenancier, et m’apprêtait à répondre quand Red me grilla la politesse. Elle me défendit donc, témoignant qu’elle était avec moi depuis bien avant l’incident, et qu’elle aurait remarqué si je m’étais éclipsée pour commettre un meurtre par exemple. La foule commença à douter face à la parole résolue de la jeune serveuse, d’autant qu’ils la connaissaient bien, et qu’elle n’était pas vraiment du genre à mentir. Voilà qui était un premier bon point : mieux valait qu’ils entendent cela de sa bouche à elle que de la mienne. Enfin, j’allais leur répéter, bien sûr, mais les préparer à cela ne pouvait pas faire de mal.
David, lui, semblait déjà convaincu… Mais il le cachait relativement bien. Une fois que Red se fut tue, il se retourna donc vers moi pour me poser le même genre de questions : si nos deux versions concordaient, il serait difficile de prétendre que j’avais pu tuer l’homme et convaincre la serveuse de me couvrir de manière aussi efficace. Je haussais donc les épaules lorsque David me demanda ma version de l’histoire, et j’optais finalement pour une tactique qui avait déjà fait ses preuves par le passé : je prenais donc la parole d’une voix calme, basse et résolue :


« -Non, je n’ai pas tué votre… Jeffrey ? C’est bien son nom ? Mes condoléances, d’ailleurs. »
David commença à reprendre la parole :
« -Donc tu confirmes que… »
Je le coupais au milieu de sa phrase, agissant comme s’il n’avait pas prononcé le moindre mot :
« -D’ailleurs, si j’avais voulu le tuer, je ne m’y serais pas prise comme ça. » Je dégainais mon pistolet avant de le jeter sur la table devant moi. « Personne n’est suffisamment stupide pour assassiner quelqu’un et revenir sur les lieux du crime quelques minutes plus tard en jouant les innocents. A moins que cette personne ne veuille se débarrasser des témoins, mais en ce cas-là ce serait déjà fait. » Je posais un regard incendiaire sur l’ensemble de l’assistance. « Non, si j’avais voulu tuer Jeffrey, comme vous dites, j’aurais choisi de l’attendre dans une allée sombre et je lui aurais tranché la gorge sans un bruit. Et si j’avais voulu tous vous tuer, alors j’aurais simplement mis le feu à la taverne en bloquant les portes pour que vous ne puissiez pas vous enfuir. » David savait exactement ce que je faisais et pris un air résigné : il n’approuvait visiblement pas la méthode. Le reste de l’assistance, en revanche, commençait à montrer de sérieux signes d’inquiétudes. « Mieux encore, j’aurais pu simplement empoisonner la bière de ce pauvre Jeffrey : vous voyez bien que la serveuse est une amie. Ou alors j’aurais pu m’introduire chez lui et lui trancher la gorge pendant son sommeil. J’aurais pu le jeter, un poids accroché aux pieds, dans la Tamise, ou j’aurais même pu embaucher quelqu’un pour le faire à ma place. Si j’avais voulu tuer ce foutu Jeffrey messieurs, il serait mort depuis longtemps, et vous n’auriez pas la moindre idée que j’en suis responsable. »

La peur se lisait maintenant clairement dans les yeux de plusieurs des membres de l’assistance, et même si le frère du mort (Todd il me semble) semblait visiblement plus en colère qu’autre chose, ça n’avait aucune importance : mon petit stratagème avait fonctionné. Je me levais finalement de ma chaise, ramassant mon pistolet sur la table, et sans que personne ne tente de m’en empêcher, je me dirigeais vers l’étage de la taverne, adressant un hochement de tête à David. Les hommes s’écartèrent sur mon chemin, visiblement troublés, et alors que je passais à côté de Red, je lui glissais quelques mots à l’oreille :

« -Nous avons à faire à un maître illusionniste. »

[Ok j'ai littéralement aucune excuse pour avoir mis 3 plombes à répondre, j'suis juste une grosse feignasse. Mais je suis pas mort pour autant!]
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MessageSujet: Re: "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] "Par un chaud matin d'hiver..." [Red'Maw / Aylith Byatis] [08/01/42] Icon_minitimeMar 5 Déc - 17:38

Au début, je me dis que David va faire, pour Aylith, la même chose qu’il a fait pour moi : des questions dirigées, plus ou moins ouvertes, visant à lui permettre de convaincre le reste de l’assemblée qu’elle n’est pas impliquée dans cette histoire. Après tout, ce n’est que la marche à suivre logique : simple, efficace … ça ne suffira pas à lever tous les soupçons, mais ça en fera au moins disparaître une bonne partie, c’est toujours ça. Pourtant, alors que la « discussion » entre les deux s’amorce, je comprends rapidement que ma lycan a un autre plan en tête. Et elle le confirme bien trop vite à mon goût. Derrière moi, j’entends des chuchotements. Le coup de faire brûler la taverne envoie une vague de désespoir dans l’assemblée. Et pourtant, elle poursuit, étalant le fait qu’elle soit un danger bien pire que ce qu’on croirait. Je me frotte le visage. C’est mauvais, ça. Mauvais, mauvais … j’ai l’impression de subir en silence. Et je lutte contre moi-même pour ne pas céder à la fureur. Lorsqu’elle termine et se relève, elle se dirige vers l’étage. Je n’attends pas pour la suivre. Essuyer les regards de la clientèle me serait impossible. Je monte à ma chambre, suivant la brune : elle connaît le chemin. J’entre après elle. Et claque la porte derrière moi, probablement assez fort pour être entendue du rez-de-chaussée.

Maintenant que nous sommes dans un cadre plus « privé » que celui de la grande salle, je cesse de forcer mes traits à se détendre. Je sens très bien que le résultat doit tout de suite être visible. J’ai chaud au visage, comme s’il rougissait. C’est probablement le cas. Je me contrôle assez pour ne pas sauter à la gorge de la jeune femme, mais ça ne plaît pas de le faire, et il en faudrait très peu pour que je cesse. Pointant la grande salle sous nos pieds d’un index qui souligne chacun de mes mots, j’articule quelque chose avec une voix que je reconnais moi-même difficilement.

- Je. BOSSE. Ici.

La douleur dans ma tempe gauche se fait moindre. J’ai bien séparé les mots exprès. Elle est tout de même présente, ceci dit. Mais ça n’affecte en rien mon humeur. Me dirigeant vers mon lit, je me passe de lui faire un schéma détaillé expliquant la raison de ma colère. Elle est intelligente et comprend les gens : elle devrait saisir que son petit tour m’a sûrement fait perdre la confiance de pas mal de clients. A moi, et au bar. Sans parler du manque de respect pour Jeff, ou son frère. Ou David. RHAAAA. Bon. M’installant en tailleurs sur mon lit, j’ouvre ma table de nuit. Prends le calepin dans le tiroir. Et me met à jouer avec mon fusain comme si j’avais quoi que ce soit à noter. Le fait est que, dans mon état, pas grand-chose. Un illusionniste. Ou un alchimiste, vu ce qu’on a trouvé à l’hôtel. Les deux ? Dans le doute, je note les deux mots. Je dirais bien que la colère me donne du mal à réfléchir … Mais en vérité, elle s’évapore trop vite pour cela. On a besoin d’avancer. Pas de ressasser la même chose, encore et encore. Je souffle profondément par le nez. Je ferais bien une sieste. Quelque chose me fait rouvrir les yeux. Un pas, lourd. David. Qui ouvre la porte avec l’expression la plus impassible que j’ai jamais vu. Qui ferme la porte avec une délicatesse incongrue, vue sa stature. Et qui croise les bras, s’adossant au battant en nous regardant tour à tour.

- Vous avez une idée de qui a pu faire ça ?
- Précise ? Non.
- Et générale ?
- Alchimiste. Illusionniste. Je me gratte la tempe avec le fusain que j’ai en main, du côté permettant de le tenir. Hunter ?
Et bien … C’est déjà plutôt précis déjà, ce que tu me dis-là. Frottant son menton rasé avec un soupire, il hoche lentement la tête, puis s’approche de moi. Lorsque je comprends, je lui tends tout de suite le calepin. Il se met à noter dessus en reprenant. Je ne sais pas si ça pourra vous aider … Dans les docks, chez ceux faisant des combats de rue, j’ai rencontré ce type. Un allemand. Excentrique, mais à plutôt bon fond …. Même si ses requêtes sont étranges. Je ne sais pas si le nom sonne familier : Till … Lindemann.  Voilà son adresse. Il me rend le calepin, qui comporte une adresse, un nom, un prénom, et un petit cartouche « il sait pour moi et la lune ». Le code n’est pas d’une subtilité à toute épreuve, mais bon. - On entre pile dans les heures auxquelles il reçoit la … « visite ». Allez donc lui rendre une petite visite … C’est l’un des meilleurs recruteurs de mercenaires que j’ai croisé. Et qu’est-ce qu’un hunter … sinon quelqu’un qui tue pour de l’argent. Accessoirement, il s’y connaît pas mal dans tout ce qui touche de près ou de loin au pas très naturel. Les gens ne le prennent pas très au sérieux à cause de ça et de son caractère … Je suppose que ça l’arrange.

Je retourne dans la grande salle, je vous laisse sortir par la petite porte … Le Yard sera bientôt là. Aylith …
Se tournant vers la brune, il ne change pas d’expression. Mais quelque chose dans son ton devient beaucoup plus froid, et me fait presque frissoner. – Red te fait confiance. Tu n’es pas morte, il y a environ deux minutes … C’en est une preuve suffisante à mes yeux. Mais refais le même numéro. Une fois. Dans mon bar. Et la prochaine fois, je te garde en joue avec ton propre pistolet jusqu’à ce que les flics ne débarquent et t’arrêtent. Et tu ferais mieux d’éviter de te faire voir dans la grande salle pour un bout de temps. Maintenant filez. Oh, et Red’ … Il sort un flacon de sa poche, et me l’envoie. Je saisis sans comprendre. Si besoin. Bonne soirée.

Il se tourne toujours avec le même calme vers la porte, et sort sans lâcher un mot de plus. Je ne me souviens plus de si je lui ai dit qu’Aylith n’était pas humaine. Je n’ai probablement pas mentionné son âge. Vu que je ne le connais pas moi-même … mais elle ne m’a jamais trompée un instant sur le fait qu’elle est beaucoup trop expérimentée pour quelqu’un de vingt, peut-être trente ans. Tout comme je le suis, pour une personne de 17 années. Et pourtant, il vient de me donner l’impression de faire la leçon à sa fille. Un instant, je me demande s’il a déjà eu des enfants. Ou son âge à lui. La curiosité n’a jamais été ma plus grande force … je l’ignore. Je n’ai jamais posé la question. Observant le flacon en terre cuite que j’ai dans la main, je fronce les sourcils, et le débouche du pouce. Le sent. L’odeur ne laisse pas de doute. Du sang. Encore. Je ne sais pas s’il a déjà eu des enfants, mais je ne serais pas étonnée qu’il me considère presque comme telle, des fois. Je rebouche et fourre la petite bouteille dans une poche. Plus j’attends, moins ce sera bon … Mais ce sera toujours mieux que rien. Profitant que le tiroir de ma table de nuit soit toujours ouvert, j’en sors une tabatière presque vide, de laquelle je peinerais presque à extirper de quoi me faire une cigarette. Je devrais en racheter … bientôt. Je prépare tranquillement le petit tube de papier fourré aux herbes en me tournant vers l’informatrice.

- On bouge ?

Bien que dénuée de malice, la question reste prudente. Les policiers seront peut-être bientôt là … Et rester dans le bâtiment après son intimidation généralisée me met mal à l’aise. Personne ne serait assez fou pour passer outre David et monter … mais sait-on jamais. Nous évitons de nous montrer en repartant, et même si l’air frais de la nuit me colle une claque, je ne suis pas contre. Frottant une allumette sur le flanc de ma semelle, j’allume ma cigarette, tirant desus en jettant le bout de bois par terre. Mon tabac est clairement different de celui de la jeune femme à côté de moi. Probablement moins coûteux. Pourtant, je le trouve meilleur. Moins … imprégnant. Certaines odeurs collent à la peau Durant des jours, alors qu’ici … ou bien c’est une question d’habitude. Dans tous les cas, c’est tabac coincé au coin des lèvres que j’observe l’adresse que m’a donné David, une fois de plus. Puis que je me met en marche.


*     *
*


Si une chose est certaine à propos de “Till”,  c’est qu’il a des finances … Confortables. La taille de sa maison le crie. Deux beaux molosses dorment, ou en tout cas dormaient non loin de l’entrée. Dès le moment où nous approchons de la grille, ils ouvrent les yeux et nous fixent. Il ne faut pas bien longtemps pour qu’un majordome, ressemblant à vrai dire un peu au jardinier, ne vienne nous voir au portail, et ne nous détaille à travers son monocle. Vu l’heure, ne devrait-il pas dormir ?

- Vous venez voir mon maître pour … ?
- Des informations.
- à la bonne heure … Les gens ne viennent que pour cela, ces derniers temps.
Mhhhh ... ... Oui, vous pouvez rentrer toutes les deux.


Son expression désabusée me surprend presque autant que le fait qu’il ouvre « si simplement » le portail de chez son maître. Le suivant, nous entrons dans la maison, qui n’est pas silencieuse. Dispute conjugale, de ce que j’entends. Des brides seulement me parviennent. Ça parle d’aller aux putes. D’enfants. D’amis plus riches, et de cigares … Je fronce les sourcils. David a dit « excentrique », certes, mais à ce point-là, ça semble presque caricatural … Je grogne. Il y a quelque chose dans l’air qui me donne légèrement mal à la tête. Cet endroit pue. Pas forcément parce qu’il sent le tabac froid et la sueur. Pourtant, avec le naturel le plus désarmant du monde, le majordome continue sa route. Il nous mène dans un petit salon, où il nous dit d’attendre quelques peu. La salle n’est pas bien grande, mais coquette. Elle est ornée entres autres de fauteuils de cuir, qui m’apparaissent assez luxueux. Sur la table de bois verni, une théière et quelques tasses. Elle semble peine lorsque je la soulève … Mais froide. Je la repose sans me servir. Une armoire pleine de verres de cristal. Une tapisserie sur le mur. Une grande fenêtre dont les vitres opaques sont ferrées. Les bruits de dispute se font toujours entendre … Du moins, un temps. Puis, le silence. Et enfin, des bruits de pas. Aux sons produits, ce doit être un homme corpulent : on entend très bien le sol grincer et la démarche un peu lourde de quelqu’un qui, s’il n’était pas chez lui, prendrait appuie sur une canne. Et aussi … des bottes à talon. Pas très hauts.

Je n’ai pas beaucoup bougé lorsque la porte du cabinet s’ouvre sur l’individu le plus blanc que j’ai jamais vu. Je ne parle pas de sa peau, mais de ses vêtements. Chapeau, gilet, cape, pantalon : l’immense majorité de ses vêtements est blanche. Et pleine de tissus inutile. Je met quelques secondes à réaliser que ces grandes choses à ses bras sont des prolongations de ses manches. Le visage, en revanche, est légèrement bouffi, et rouge. Les cheveux, noirs, mais luisants de graisse. Il doit bien faire une tête de plus que moi. Fronçant les sourcils, il nous détaille un instant avant de prendre la parole.

Avons-nous affaire ? Gérard m’a entretenu d’invités, pas d’intrus. Je me serais fait un plaisir de répondre – je suppose qu’Aylith aussi – s’il ne reprenait pas immédiatement. Encore que vous, vous êtes intéressante. Installez-vous, d’ailleurs, mettez-vous à l’aise. D’un geste, il tire son chapeau à la brune avec un sourire étrange, avant de le revisser sur sa grosse tête et de me regarder. Mais vous !? De toute évidence plébéienne. Il s’approche de moi et réduit la distance à un point malaisante en trois enjambées. Ses petits yeux me scrutent, bondissant ici et là sur mon visage, mon corps. Je doute que vous soyez sa garde du corps, et vous avez une bien étrange dégaine, pour une servante. Attendez ici.

Avec une vivacité qui tranche avec sa corpulence, il pivote, se rend à la commode. L’ouvrant, il en sort un petit objet. Je tente bien un «
- Heum … Monsieur … ? » hésitant, mais je parle dans le vide. Se retournant, il me lance quelque chose. J’ai presque du mal à réceptionner l’objet, jonglant avec quelques secondes contre ma poitrine. C’est petit, froid. Lorsque je peux enfin le saisir pleinement, je réalise. Une croix. C’est une croix métallique. Probablement de l’argent.

Et bien voyons ? Ne l’observez point ainsi en restant plantée là comme un poireau ! Sacrez-vous !

Relevant la tête, je cherche brièvement du regard de l’aide après d’Aylith … Puis réalise. Utilisant le petit instrument de métal, je me touche la tête, le cœur, l’épaule droite puis la gauche. Un instant, je me souviens de l’orphelinat. De ce geste qu’on devait faire quotidiennement, plusieurs fois par jour. L’image d’une bonne sœur s’efface alors que notre hôte fronce encore plus les sourcils qu’à l’accoutumée. Me faisant un signe de main pour que je lui rende la croix, il me laisse approcher, jusqu’à ce que je lui pose entre les doigts. Il la laisse tomber dans le tiroir, le ferme sans détourner les yeux. Tapotant son menton de deux doigts boudinés, il réfléchit. Trente secondes s’écoulent.

Mais qu’êtes. Vous. Donc. Je ne peux croire qu’on vous ait laissé entrer sans bonne raison. Je n’ai rien senti, et vous supportez l’argent et la religion. Ce n’est pas normal, Gérard n'aurait pas laissé passer cela. Allez-y, je sèche. Qu’êtes-vous ?
- … Une chimère ?
AH. L’espae d’un instant, ses yeux prennent la taille des soucoupes, sous les tasses de thé sur la table. Une chimère. Prouvez-le ? ça, ce n’est pas bien dur. Retroussant les lèvres, je dévoile mes crocs de requin. Il fronce les sourcils, sans plus … Puis chasse le sujet d’un revers de main. Et qui vous envoie, votre compagne Lycanthrope et vous?
- David. Visiblement, j’ai cité un parfait inconnu. Ceci dit, la réponse est peut-être un peu vague. - Grand, brun … Je lève la main pour faire à peu près sa taille … Puis ajoute en hésitant. Loup-garou ?
DAVID, Bien sûr ! Irlandais et tavernier, n’est-ce pas ? Je hoche la tête. … Pas un juif, n'est-ce pas ? Il m'avait l'air sympathique, mais vu le quartier où il réside ... … Là par contre, je me rends compte que je n’en sais rien. Il n’en a pas l’air ? Détendez-vous, je plaisante. Prenez également place. Vous prenez ?D'une main, il désigne l'armoire pleine de verre et, je viens de le remarquer, de bouteilles.
- … Scotch.

Il me pointe du doigt en faisant un petit clin d’œil et un sourire, avant de sortir la bouteille, deux gros verre de cristal, plus bien sûr de quoi satisfaire Aylith. Sans trop rien ajouter, je prends place à côté de cette dernière, sans trop savoir où me mettre dans un siège aussi grand. Le cuir grince légèrement, le son est désagréable. Voyant notre hôte déposer tout ce qu’il faut devant nous, puis s’asseoir également, je ne peux m’empêcher de me demander s’il est, lui aussi, lycanthrope. A vrai dire, je n’ai aucun moyen de le savoir … Je suppose que l’informatrice à côté de moi peut le sentir ? David sent bien les autres loup-garou, après tout.


Milles excuses si vous entendiez la dispute avec ma chère et tendre … Nous avons de petits différents, ces derniers temps. Voyez-vous, j’aime la chaire. Cette phrase me rend excessivement perplexe. Ça ne semble pas le troubler pour un sou. Mais si possible, j’aimerais éviter d’autres rejetons. Ah, cette chaire là … Or donc, ma femme se refuse à comprendre que … Mais je me rends compte que cela ne vous passionne peut-être pas. Je doute avoir à me présenter, mais au cas où : Vous vous tenez présentement face à Till Lindemann. Que puis-je faire pour vous ?


La mâchoire rouge... Pourquoi un tel nom ?:
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