Gaspard regarda une dernière fois la porte qui renfermait la jeune femme qui hantait ses pensées. Il était déchiré de devoir l’abandonner seule après ce qu’il s’était passé durant la soirée, mais il avait plus important à accomplir ce soir. Jetant un dernier coup d’œil vers la porte close, il se mit en marche, l’esprit embrouillé par les sentiments qu’il avait pour cette demoiselle à l’intérieur de la chambre qui l’attendrait certainement avant de pouvoir trouver le sommeil. Elle avait réveillé en lui des envies auxquelles il avait depuis longtemps renoncé. Pis encore, ces dernières années il les avait passées loin de tout, de lui-même, il n’avait fait que s’enfermer peu à peu dans ce personnage hautain et morne qu’était l’aristocrate Gaspard Sorel, un nouveau nom pour une nouvelle vie à Londres, loin d’un passé inavouable. Inavouable, c’était bien un mot qui le chagrinait à cet instant. Comment vivre près de la jeune femme qui faisait s’emballer son coeur, s’il devait sans cesse lui mentir ?
Alors qu’il pensait à ses soucis, les pieds du Lycan avaient fonctionnés seuls et s’étaient rendu jusqu’au repaire du Hunter, à travers les dédales de couloirs et d’escaliers. Il se retrouvait maintenant dans la pièce où Alexender allait commencer à transfuser du sang du tonneau à l’aide d’un dispositif indispensable aux hunters s’ils se retrouvaient avec des blessures graves et qu’ils n’avaient plus assez de sang pour survivre. Gaspard se demanda si Alex y avait déjà eut recours. Il espérait en son fort intérieur que ça n’était pas été le cas. Il échangea quelques mots sur la santé de la jeune invitée qui reposait près d’eux, puis il regarda son ami terminer d’installer le matériel. Il pinça les lèvres en apercevant la taille de l’aiguille qui devait rendre à Sarah ce précieux liquide vital. Restant près de Alexender, il le regarda effectuer deux transfusions, il s’y prenait avec douceur, ses gestes étaient lents et précis, mais la pauvre jeune femme aurait le bras tout endolorit s’il continuait à lui percer la peau de cette manière.
Sans un mot, il embrassa la pièce et chercha ce qui pourrait arranger ce problème. Il avait une idée derrière la tête, encore fallait-il avoir le matériel nécessaire. Calmement, pour ne pas déranger son ami, il s’éloigna et farfouilla dans la pièce. Quelques minutes s’écoulèrent avant qu’il ne trouve ce qui lui convenait. Il retourna près du Hunter et lui expliqua en quelques mots ce qu’il comptait faire : il voulait faire en sorte que l’aiguille reste dans le bras de la souffrante, afin de ne pas avoir à la retirer sans cette et lui abîmer plus encore le bras. De plus, cela permettrait d’aller plus vite dans l’opération et donc d’améliorer les chances de survie de la demoiselle. Une fois ce nouveau dispositif installé, Gaspard ne restait pas oisif, il commença à s’occuper des brûlures plus ou moins graves qui recouvraient la blessée, il les lava, les désinfecta, puis les recouvrit d’un onguent réparateur avant de les bander. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas endossé ce rôle d’infirmier, ce qu’il avait apprit durant sa jeunesse lui permit d’effectuer sa tâche sans mal, il croyait avoir oublié de nombreuses choses mais il se révéla que les gestes lui revenaient peu à peu. Quand Alexender eût terminé de transfuser Sarah, il le laissa terminer de soigner la jeune femme, sans s’éloigner.
L’opération avait duré un certain temps, il n’avait aucune idée de l’heure qu’il pouvait être. Pendant cette période, il avait été déconnecté de tout et c’était seulement intéressé à son devoir d’ami et d’ancien adepte de la médecine. Maintenant que la malade était « hors de danger » il se rendait compte qu’il n’avait pas retrouvé Julia afin de la rassurer avant qu’elle ne se couche. Il s’en voulait et en même temps il n’aurait pu faire autrement. Mais la culpabilité a ses raisons que la raison ignore. Le Lycan aida finalement son ami à mener Sarah jusqu’à son lit, puis il les abandonna tous deux pour se diriger enfin vers la chambre de Mlle Thanas.
Arrivé devant la porte, il s’apprêta à frapper, puis se retint. Peut-être avait-elle enfin trouvé le sommeil, la réveiller serait certainement malvenu. Il hésitait. Il avait dit qu’il reviendrait. Il devait le faire, quitte à recevoir les foudres d’une jeune femme fatiguée et mal réveillée. Gaspard leva les yeux au ciel, puis frappa trois coups à la porte, puis dit :

- C’est Gaspard. Il laissa un silence de quelques secondes avant de reprendre. Comment vous sentez vous ? Avez vous besoin de quelque chose ? Je peux entrer?

Il ne comptait pas rentrer dans la chambre avant d'avoir entendu l'accord de la jeune femme. Il ne voulait pas non plus lui faire peur en allant près d'elle pour la réveiller. Alors il patienta l'oreille aux aguets.

Julia dormait, d'un sommeil profond. Après les ombres qui avaient torturé sont esprit avant qu'elle ne plonge dans l'oublie, elle laissait se reposer corps et âme, dans le noir royaume des rêves invisibles.

Lorsque trois coups retentirent contre la porte, elle émergea en sursautant de cette état de transe corporelle. Le coeur battant, Julia se redressa dans son lit et resta assise sans grande réaction. Elle n'était pas chez elle et cela la perturbait dans sa vision de l'espace. Heureusement, la lampe à l'huile qu'elle avait laissé allumée fonctionnait toujours! Combien de temps avait-elle dormit? Ce ne pouvait être le matin, aucune lumière ne filtrait derrière les rideaux et elle ressentait encore tellement la fatigue qu'elle pensait ne s'être peut être même jamais endormie.
Soudain elle reconnu la voix masculine qui lui parlait derrière la porte. L'effort fut dur mais elle se leva et alla se mettre face à la porte. Sa petite main toute endormie eu un peu de mal à saisir la poignée. Sans se soucier de son état de langueur ni de son apparence, elle ouvrit la porte.
La petite bourgeoise leva la tête et ses yeux rencontrèrent ceux de son amant qui attendait dans la pénombre du couloir.

- Gaspard...

De ses lèvres s'échappa un nom soupiré de fatigue et de soulagement avant qu'elle ne se jette dans les bras de l'aristocrate pour le serrer fort contre elle. La tête enfouie dans les plis de sa chemise, Julia étouffait ses mots:

- Ne me laissez plus seule...

Rassurée, heureuse et maintenant en train de se réveiller réellement, Julia recula un peu et, après un regard étrange, le pris par une main et l'entraina derrière elle pour le faire entrer dans sa chambre. Arrivée à l'intérieur et une fois la porte refermée, la jeune femme emmena son compagnon pour qu'ils s'assoient côte à côte sur le lit éclairé par la douce lampe sur la table de chevet.

Julia était habillée très légèrement, d'une tunique blanche qui laissait transparaitre par endroit la forme de ses jambes et de ses formes. Ses long cheveux bruns étaient lâchés, sans perles, sans artifices, libre d'onduler légèrement sur ses épaules, son cou dénudé et son dos. Elle n'était plus fardée, naturellement présentée, sans aucun masque ni bijoux.
La jeune femme ne s'en rendait pas compte mais elle n'était pas présentable pour un aristocrate et cette façon d'être habillée aurait pu paraître très déplacée s'il n'avait pas s'agit de Gaspard. Trop fatiguée et trop surprise par la situation, elle ne réalisait pas. Elle pensait seulement à Sarah, ce qui c'était passé, Gaspard enfin revenu...Il avait tenu sa promesse, c'était un homme plein d'honneurs et de paroles, elle l'aimait...

Blottie contre lui, la petite bourgeoise demanda à Gaspard:

- La jeune femme...Sarah...elle s'en sortira? Vous...vous êtes allé la voir? Et Alexender...?

Pleine d'inquiétudes, Julia espérait que son amant saurait la rassurer sur la situation.

L’aristocrate n’entendit aucune réponse. Il se demanda si Julia ne dormait pas si profondément que ses coups frappés sur la porte ne l’avaient pas réveillés. Il patienta encore et perçut de légers bruits de pas étouffés par les tapis. La porte ne tarda pas à s’entrouvrir, ses yeux se plissèrent d’eux même éblouis par la lumière, il aperçut alors la bourgeoise dans son déshabillé, les cheveux détachés dont les mèches reposaient sur ses épaules par cascades, sa gorge blanche, son visage ensommeillé au teint naturel, ses yeux bleus rivés dans les siens. Ses lèvres rouges prononcèrent son nom, puis tout son corps s’élança dans l’étreinte rassurante de ses bras. Gaspard la serra contre son cœur et laissa un soupir rendre compte de la joie qu’il ressentait, tandis que Julia lui demandait de ne plus la laisser seule. Il ne répondit pas, mais serra la jeune femme plus fort entre ses bras. Il ne comptait nullement la quitter.
Elle s’écarta de lui. Son regard le surprit. Et avant qu’il n’ait pu identifier ce qu’il représentait réellement, il fut entraîné dans la chambre. Julia referma la porte et le mena jusqu’au lit ou ils prirent place l’un près de l’autre. Se rendait-elle compte de la situation ? Avait-elle conscience de ce que ressentait le Lycanthrope en la voyant ainsi ? Ils étaient tous deux dans une chambre, seuls où ils ne pourraient être dérangés, elle l’invitait à entrer et ils étaient tous deux sur un lit. Le comble était qu’elle était à peine vêtue et que Gaspard devinait sans encombre les formes dissimulées derrière sa tunique. Il sentait son désir s’accroître dès que son regard se posait sur elle. Bien entendu, il restait maître de ses actes, il avait déjà partagé sa vie avec des femmes, il avait été marié, il savait repousser ses envies.
Mais cette femme qu’il avait devant lui n’était pas n’importe qui. Il ressentait tellement de choses pour cette demoiselle. Mentalement et physiquement elle lui convenait. Tout était si fort. Et se retrouver avec elle dans cet espace clos, seulement éclairés par la lampe à huile décuplait les scénarios qui s’infiltraient dans son esprit. Elle était blottie contre lui, s’il l’embrassait, s’il continuait ainsi, il lui serait si facile de passer a des choses plus sérieuses, et d’être esclave de son désir pour elle. Pourtant, il n’en fit rien, il se contenta de lui caresser la nuque en la berçant et de rêvasser.

- Sarah semble aller mieux, dit il d’une voix grave et ronronnante, Alexender a agit rapidement, nous l’avons soigné du mieux possible. Elle se repose pour le moment. Alex est avec elle. Il va bien lui aussi, il accuse le coup comme nous tous, je l’ai sentit fatigué et sur les nerfs, mais il va bien. Il fit une pause. Nous avons évités le pire, c’est ce qui compte.

Gaspard passa sa main dans les cheveux bruns de Julia et la regarda longuement.

- Et vous, comment allez vous ? Ce triste évènement a du vous retourner, je suis vraiment navré que vous ayez assisté à cela.

Il la reprit dans ses bras et continua de la bercer, lui baisant parfois le front, attentif à chacune de ses réactions, heureux d’être avec elle pour la rassurer.

- Je voulais aussi m’excuser d’avoir mit si longtemps à revenir. J’ai été longtemps avec Alexender pour soigner la jeune Sarah, j’espérais que cela prenne moins de temps, pour vous retrouver au plus vite et ne pas vous laisser trop seule… Il s’interrompit. Mais maintenant je suis là.

Il sourit.

- J’espère que vous me permettez…

Il inclina sa tête sur le côté et s’approcha dangereusement des lèvres de Julia, avant de lui voler un baiser. Il regarda la réaction de sa compagne, puis recommença une nouvelle fois et s’attarda plus longtemps sur ses divines lèvres.

Sarah irait bien, grâce au ciel et surtout aux soins d'Alexender et de Gaspard qui l'avaient tout deux portée et observée. Sans eux, Julia se demandait comment elle s'en serait sortie, se souvenant de son état: brûlée, fatiguée, blanche comme un linge...cette vision était restée gravée dans sa tête et l'image lui donnait des frissons. Que c'était-il réellement passé dans ce bureau? Au vu de la rage d'Alexender, de son regard avec Gaspard dans le salon et des mesures prises, elle se doutait que tout cela avait à voir avec les créatures que le Hunter pourchassait...mais elle se faisait peut être des idées et il ne fallait pas qu'elle paraisse gorgée de frayeurs et de paranoïas devant son amant, il s'en inquiéterait, et elle aurait si honte de s'être imaginé des choses pareilles.

Aussi la jeune bourgeoise de laissa bercer par l'aristocrate. Il était si attentionné, si doux, si fort...elle se sentait bien dans ses bras et sous chacun de ses baisés, elle voyait de l'amour, une sensibilité masculine, un refuge de tendresse, d'affection et de protection. Elle laissa de côté ses craintes et ses questions pour se laisser aller à la douceur du repos et du bien-être des amants.

- Je vais bien...oui maintenant que vous êtes ici...

La jeune femme observait, les yeux mi-clos par la fatigue et le bonheur, Gaspard, ses yeux, sa bouche...Il était tout près, il la serrait dans ses bras avec force...Lorsqu'il lui vola un premier baiser, Julia ferma les yeux sans bouger. Et lorsqu'il lui en donna un plus long, plus expressif, elle se laissa aller plus en arrière et lui passa les bras autour de la nuque pour ne pas basculer trop sur le lit. Contrairement à ce qu'aurait pu attendre l'aristocrate, la jeune femme n'était ni outrancée, ni plongée dans une timidité gênante. Elle semblait tellement éprise de lui en cet instant qu'elle ne devait certainement pas se rendre compte de la situation réelle et de ce qu'elle suggérait.

Julia termina le baiser pour en rendre un, puis un autre embrassant ses lèvres puis le côté de sa bouche, puis la pommette. Elle paraissait emportée dans son élan, lui maintenant le cou, le tirant vers elle doucement et passant ses doigts de couturière dans sa crinière furieuse avec une infinie tendresse.
Si Gaspard se laissait entrainé lui aussi, la bienséance n'aurait plus lieu du tout et la passion serait libre. Mais le fallait-il? Julia était jeune et Gaspard était son premier homme. Loin d'imaginer l'expérience des femmes qu'il avait, ni l'âge réel qui pesait sur ses épaules, Julia était bien innocente...

Alexender ne pu s'empêcher d'avoir un léger sourire lorsque Sarah lui rendit son baiser avec force. Sa fougue la rendait encore plus belle aux yeux du Hunter et la serrant dans ses bras, il oublia, l'espace de quelques secondes, leur situation, l'obscurité du monde qu'il chassait, Londres et ses rues brumeuses...pendant un instant, il s'oublia lui-même et dans le parfum de la jeune femme, il endormi son esprit enfin en paix dans ce dédale labyrinthique de délices qu'elle lui offrait.

Mais Sarah sentit qu'il était blessé et sans qu'il ne puisse réagir, il se laissa pousser en arrière et s'assit sur le lit. La jeune femme semblait soudainement redevenir quelque peu affolée et, sans prévenir, elle se pencha sur lui pour déboutonner ce qu'il restait de sa chemise et constater les dégâts. Alexender se laissa faire malgré sa profonde réticence à se laisser manipuler ainsi et surtout à exposer sa blessure, signe de faiblesse, à sa jolie compagne. A peine se connaissaient-ils qu'il lui avait révélé son métier et qu'il était amoureux d'elle. A peine s'étaient-ils embrassés qu'il lui demandait de devenir sa compagne dans sa lutte infernale contre les créatures de la nuit et qu'il lui dévoilait ses faiblesses...

La pauvre reçu apparemment un coup dur dans son estime. Elle ne le connaissait pas sur le plan de la bataille. Ses stratégie, sa manière de faire, sa rage au combat, ses armes...Mais en tous cas, elle vit qu'il n'était pas assez doué pour ne pas subir d'importants dommages. Comment lui expliquer que des blessures comme cela restaient rares dans ses excursions sans paraître ne vouloir être que rassurant? Comment lui prouver sa valeur dans un tel état? Elle devait le penser faible, amateur...ou inconscient! (ce qu'il était peut-être parfois, il fallait l'avouer)

- Ce..ce n'est rien! dit-il en remettant sa chemise sur sa blessure et en se redressant un peu.

Il voyait clairement qu'elle s'inquiétait et qu'elle avait peur qu'il ne soit pas à la hauteur. Ses mots firent mal à Alexender qui se sentit regardé comme un faible...L'aristocrate regarda la jeune femme se mordre la lèvre et lui dire que la force de leur ennemi n'était pas à prendre à la légère.
Alexender ne su que répondre car il sentait qu'en cet instant il avait perdu toute crédibilité et cela l'énervait et l'attristait plus qu'autre chose. Sarah lui prit la main et lui demanda s'ils se reverraient un jour. S'en fut trop. Alexender allait se lever du lit lorsque la belle le gronda pour son état et lui demanda de se reposer enfin.
Le Hunter lui sourit lorsqu'elle reprit ses propres mots mais au lieu de s'étendre, il se leva et pris les deux mains de la chasseuse.

- Ne vous inquiétez pas, la blessure que vous avez vue est une des rares que les Vampires ont réussi à me faire. Je suis plutôt prudent et vif au combat. Je saurais observer notre ennemi avant de l'attaquer...

L'homme semblait ne plus savoir comme s'y prendre avec Sarah. Avait-elle compris qu'il souhaitait la voir comme un mari voit sa femme? Avait-elle compris qu'il la considérait maintenant comme sa compagne de chasse nocturne et de vie? Se revoir? Mais il y comptait bien! Tous les jours s'il le pouvait!

- Sarah...vous ne semblez pas m'avoir compris...J'aimerais que vous restiez ici...Ses yeux fatigués restaient fixés dans les siens. J'aimerais que nous restions ensembles pour accomplir notre tâche et nous protéger l'un l'autre...Si vous voulez rentrer chez vous, attendez au moins demain...

Voyant l'air pressé dans les yeux de Sarah, il ajouta en souriant:

- Oui, oui, je vais aller me détendre un peu, ne vous inquiétez pas. Il faut que je me débarrasse de ces frusques et que je me lave. Cela m'attriste d'être si peu présentable...

Mais au fond, il ne voulait pas quitter Sarah, même pour un bain de peur qu'elle ne quitte le chatelet et disparaisse dans la nature.

Malgré lui, Alexender se retrouva dans le couloir. Sarah avait la bonté de vouloir qu'il pense un peu à lui-même et, après deux gentils baisers sur la joue, elle l'avait poussé dehors doucement mais fermement. Le Hunter n'avait pas beaucoup résisté: à quoi bon? Il devait s'occuper de son propre état qui n'était pas très enviable il fallait bien l'avouer. Réticent à la laisser seule, il resta devant la porte dans le noir quelques secondes avant de finalement se mettre en marche.
Il parcouru à l'aveuglette le couloir du premier étage qu'il connaissait par coeur de toute façon et descendit l'escalier qui le mènerait au rez-de-chaussé. Il souffrait au niveau de son épaule blessée qu'il avait malmenée tout au long du bal sans prendre garde: il avait dansé, fait beaucoup de grands gestes, il avait porté Sarah...Maintenant qu'il s'en souciait, Alexender sentait drôlement fort la plaie cousue. Il avait également les jambes complètement endolories et la tête lui tournait.
Arrivé en bas, il fut aveuglé par la lumière qui passait au travers des grandes fenêtres de la salle à manger.Il faisait jour depuis longtemps et d'ailleurs il avait faim...Il croisa alors Suzanne qui laissa tomber une petite pile de linge par terre pour se jeter sur lui.

- Monsieur! Ho monsieur! Que vous faut-il? Ho votre état...mon dieu mon dieu...venez...je vais vous aider.

Alexender la laissa faire. Il n'était pas d'humeur à s'occuper de lui-même et surtout il n'en avait pas le courage. Suzanne l'accompagna à la salle d'eau et appela Marguerite. Toutes les deux l'aidèrent à se débarrasser de sa chemise et de son pantalon. Elles lui avaient ôté ses bottes et ses gants, attaché les cheveux et lui préparaient un bon bain tandis qu'il restait assit sur une chaise la tête dans les mains.

- Haa...mes filles vous êtes bien aimables...quels sont les dégâts alors?

Suzanne jeta un regard soucieux à Marguerite qui répondit tout en versant de l'eau dans la grande baignoire:

- Le petit salon est complètement détruit et nous avons fait venir un spécialiste des charpentes pour consolider la pièce et éviter que le plafond n'en tombe. Tout est à refaire...Sinon les invités n'ont fait aucune bévue, rien n'a été volé contrairement à d'habitude...

- C'est bien...c'est bien...

Alexender semblait complètement absent. Il demanda aux jeunes femmes de se retirer et il se mit dans son bain une fois débarrassé des derniers vêtements qui cachaient sa nudité. Au bout de quelques minutes de repos dans l'eau tiède, il retrouva assez de courage pour bouger et surtout se dépêcher un peu afin de retrouver Sarah.
Il se frotta partout, enlevant la suie, le carbone, le sang qui lui maculaient le visage et les mains, il s'enduit de parfum, se coiffa et endossa des vêtements légers après avoir refait, avec l'aide de Marguerite, son bandage à l'épaule. Une chemise blanche entrouverte et un pantalon brun lui suffirent. Il mit des chaussures de ville confortables et termina sa toilette avec un petit mouchoir brun plié dans sa poche de chemise.
Ce n'était pas luxueux ni tape à l'oeil mais même si c'était certainement trop simple, il se sentait bien et c'était assez classe pour satisfaire toute femme point trop portée sur le vêtement.

Enfin il se sentait détendu, toujours fatigué mais au moins ses muscles étaient-ils un peu reposés et bouger lui faisait moins de mal. Laissant son catana ainsi que son Bloody Rose à Suzanne chargée de les poser dans son atelier, il remonta bientôt dans sa chambre pour retrouver Sarah. Priant qu'elle ne se soit pas enfuie, il frappa trois fois à la porte et attendit une réponse pour entrer.

- Sarah? Puis-je entrer?

Il tenait dans ses mains une robe pourpre et rose, simple elle aussi mais jolie, qu'il allait lui offrir pour se vêtir si elle le désirait car des vêtements de nuit n'allaient certainement pas lui suffire...même s'il la trouvait irrésistible dans sa robe de nuit bleue ciel, il devait penser à son bien-être à elle et non le sien. Il avait dit à Suzanne et Marguerite de mettre la table, Sarah devait elle aussi mourrir de faim d'autant qu'elle vaait subit une opération relativement fatiguante...

Aussitôt que Sarah avait posé la tête sur son oreiller, elle c’était sentie entrainer dans le profond néant du sommeille. Sous ses paupières clause, un monde étrange se tissait l’emprisonnant dans des dédales ténébreux...

La chasseuse regarda autour d’elle esseillant de prendre conscience de l’environnement qui l’entourait. Elle se trouvait dans un endroit très étrange. Tout était sombre et pourtant c’étais comme si ont l’avait collé sur un fond noir. En regardant attentivement, la jeune femme aperçus un peu plus loin la silhouette d’un squelette qui se détachait également. Positionner dans un état d’abandon, il ressemblait a un pantin désarticuler. Le visage de la magicienne se figea lorsqu’elle reconnu l’endroit ou elle se trouvait. La pièce noire! Cet endroit diabolique créé par les fins fonds de l’esprit du comte. Aussitôt, la respiration de l’aristocrate s’accéléra tandis qu’un sentiment de panique la saisissait toute entière. La pièce sembla aspirer ses forces absorbant toute l’essence magique qu’il y avait en elle. Pour en avoir eu la visite exclusive avec son créateur, la belle savait qu’il n’y avait aucun moyen d’en sortir sauf si Jirômaru lui-même le décidait.

Son rêve ou plutôt son cauchemar se saurait poursuivis s’il n’avait pas été interrompu par trois coups bien sonores frappés à la porte. Émergeant tranquillement de ses songes, Sarah ouvris paresseusement les yeux avant de s’asseoir dans le grand lit. Elle aurait pu rester ainsi encore plusieurs minute si d’autre coups, ceux-ci plus pressant, n’aurait pas de nouveau résonné.

-Oui un instant j’arrive...

Maugréant, les yeux toujours à moitié fermer, la chasseuse alla ouvrir. Un grand sourire éclaira son visage lorsqu’elle reconnue l’importun. Alexender, car c’était bien lui, semblait être en de meilleur état. Il c’étais changer et ses cheveux encore humide témoignait d’un rapide passage dans un bon bain. D’un geste de la main, l’aristocrate l’invita a entré tandis quelle retournait s’asseoir sur le lit. Malgré toute sa bonne volonté, la magicienne se sentait encore en faiblesse. Après s’avoir rapidement frotté les yeux dans l’espoir de se réveiller un peu, elle se redressa affichant un sourire qui se voulait joyeux.

-Vous semblez en meilleur état...

La jeune femme regarda d’un œil attentif les vêtements de son compagnon. Beaucoup d’aristocrate aurait critiqué la simplicité des tissus mais la belle n’était pas ce genre de personne. Elle aurait été bien mal placée puisque elle-même s’habillait avec des vêtements d’homme lorsqu’elle partait la nuit. Question d’utilité tout simplement. D’un geste machinale, la magicienne remonta une des petites manches de sa robe de nuit qui avait du glisser pendant son sommeille agiter. Elle remarqua alors la robe qu’Alexender tenait dans ses mains. Ne doutant pas qu’elle lui était destinée, Sarah se leva s’approchant de son cavalier.

-Elle est ravissante...Mercis...

La chasseuse était assez gêner qu’il ait pensé a elle alors quelle lui avait demandé de s’occuper de lui. Jugeant qu’un reproche serait déplacé à cet instant elle se contenta de le remercier en lui offrant un doux baiser.

Julia, bercée par son amant, c'était endormie bien vite. Sa chaleur, sa douceur...Ses yeux d'or et sa chevelure de feu...Elle se sentait tellement éprise de lui qu'elle se donnait toute entière s'il le voulait. Mais la fatigue lui faisait papillonner les yeux une peu trop pour qu'elle puisse réellement montrer toute la fougue et l'amour qu'elle lui réservait. La lumière de sa lampe à huile, pourtant douce, lui piquait les yeux. Julia était tellement bien blottie contre Gaspard qu'elle pensait que rien ne pouvait plus arriver. Elle oubliait les évènements passés, l'incendie, Sarah, Alexender, le bal entier et même sa forme horrible qui dévoilerait peut-être un jour à son amour toute la laideur de son second visage...
Non elle n'y pensait plus, elle n'y pensait pas..elle oubliait...

Peu à peu ses baisers se firent plus lents, plus mous: Julia tombait dans le sommeil et Gaspard, qui ne voulait pas aller trop vite de toute façon, se mit dans son déshabillé comme il pu avec ses vêtements de bal et vint contre elle dans le lit. Sous la couverture chaude, dans ses bras, Julia sombra dans un sommeil profond sans le vouloir. Elle était épuisée et ses muscles ne la suivaient plus de même que son esprit s'égarait dans les méandres des pensées supérieures de la raison.

La nuit fut calme et Julia ne bougea que rarement pour changer de position automatiquement. Ses rêves furent brefs mais colorés et lorsqu'elle se réveilla avec le visage de Gaspard au dessus d'elle, elle reprit conscience de tout: ses diverses péripéties, son amour, la soirée entière...Julia sursauta presque en voyant son amant avec elle dans ce lit. Elle resta là, les yeux grands ouverts, dévisageant l'aristocrate qui semblait gêné lui aussi de ce réveil soudain qui ramenait à eux la belle et terrible vérité.

Un instant Julia eut peur: elle s'était endormie et ne savait pas ce qui c'était passé. Une ombre, parcelle de frayeur, passa dans son regard et elle remonta sur sa poitrine la couverture qui avait glissé lorsqu'elle c'était redressée. Heureusement, elle était toujours vêtue et son instinct la calma face à ce visage rassurant qui la regardait.

Elle comprit que son amant voulait se lever pour briser cet instant de doute et de tension infime. Aussitôt elle l'attrapa par le bras, fermement, plus fermement que l'on aurait pu le croire et elle lui parla en ces mots, doux par sa voix de jeune femme mais insistants:

- Gaspard! Mon amour, ne me laissez pas.

Elle le fixa dans les yeux et se retira de son refuge de draps pour s'agenouiller et se mettre à la hauteur de l'aristocrate qui était resté assit grâce à son geste. La peur envolée, l'audace de retour et la vigueur seulement entravée par la faim qui commençait à se faire sentir, Julia lui souleva une mèche et lui sourit:

- Vous avez les yeux un peu bouffis...et c'est moi que vous avez appelé marmotte?

La jeune femme rit et, les yeux plissés, elle embrassa son amant sans honte ni crainte. En son coeur brûlait une passion qui n'était pas prête de s'éteindre. Elle désirait cet homme pour sa tendresse, ses yeux, sa bouche, ses cheveux, son visage et ses mains; elle voulait le suivre, lire en sa présence, rire pour lui et avec lui, l'accompagner partout! Après tout, qu'avait-elle réellement à part lui aujourd'hui?
L'image du bal lui revint en tête: il savait danser, il était charmant, agréable et gentleman! Son rang ne l'importait pas en cet instant, elle n'y songea pas...

Soudainement debout sur le tapis après un petit bond, Julia sentit sa tête lui tourner: la faim la rendait pâle et étourdie. Elle se rendit légèrement aux fenêtre et tira les grands rideaux de velours qui les obstruaient. Eblouie, elle revint vers le lit le bras sur les yeux.

- Ciel! Il doit être tard! Nous ferions mieux de nous préparer! Je ne pense pas rester chez notre bon hôte jusqu'à la fin des temps, ce ne serait pas convenable!

Elle ouvrit les yeux et se vit alors dans le miroir de la belle commode qui ornait la chambre. Ses cheveux complètement lâchés étaient tout emmêlés et donc ondulaient négligemment sur ses épaules, son visage était blanc et ses yeux un peu bouffis. Honteuse, elle tourna le dos à Gaspard et se tint le menton dans les mains en rougissant.

- Je...je commence à...me demander ce que je fais là...

En effet, elle songeait à présent à sa mère et sa grand-mère. Elle se rendait compte qu'elle était dans un des plus beaux château de la région, chez des aristocrates, en présence de l'un d'eux dans une tenue légère et négligée! Quelle image devait-elle renvoyer! Sa joie première du matin se dissout dans ses pensées pleines de questionnements et de doutes.
Oui, que faisait-elle ici déjà? Était-ce bien de se conduire comme une princesse lorsque l'on n'était en réalité qu'une couturière?
Perdu, la jeune femme resta figée sans savoir quoi faire. Elle n'osait plus regarder Gaspard et elle frissonnait de ce qu'il pensait d'elle à ce moment précis.

Son cœur manqua un battement lorsqu’il entendit Julia prononcer son nom, associé à « mon amour ». Cela faisait si longtemps qu’il n’avait plus entendu ce genre de vocabulaire. Cela le toucha. Profondément. Il se sentit retenu par sa compagne et tourna les yeux vers son visage, où il se perdit dans son regard azuré. Quelle beauté ! Dans son déshabillé elle ressemblait à une Nymphe de la Grèce antique, belle dans ses plus simples apparats. Ah, comme il aurait voulu la prendre dans ses bras et la serrer fort, aussi fort qu’il le pouvait sans lui faire de mal. Un sourire étira ses lèvres roses de jeune femme. Elle parla, tandis que l’aristocrate perdait presque contenance devant tant de pureté. Il sentait presque son amour vibrer dans l’air de fin de matinée. A son tour, il sa bouche se mua en un sourire amusé. Elle ne lui en voulait pas, pour le moment.
Avant qu’il n’ait eût le temps de répliquer, ses lèvres étaient déjà accaparées par d’autres. Il lui rendit son baiser, pensant à ceux qu’il lui avait déjà donné, ceux qu’il aurait encore à lui offrir. Tout ce qui se passerait par la suite était en cet instant nimbé d’une brume laiteuse où le doute n’était pas de mise : ils s’aimaient et leur passion n’aurait ce cesse que si un drame survenait. Ils allaient pouvoir vivre des instants inoubliables, déguster des plats ensemble, se promener dans les parcs de Londres en discutant de choses et d’autres, se rendre à Coven Garden pour admirer les nouvelles créations des inventeurs,… Il voulait lui faire découvrir le monde et lui décrocher la Lune si elle la lui demandait, il s’en sentait capable. Rien n’aurait pu entacher ce rêve idyllique, excepté le fait que ses secrets n’appréciaient pas la compagnie. Mais l’heure n’était pas encore au tourment.
Quoique…
Il regarda Julia se lever d’un bond de gazelle et délier les liens de la lumière emprisonnée derrière les rideaux. La lumière brûla les yeux du Lycan, qui passa une main sur ses paupières closes. Toujours assit au bord du lit il répondit à sa douce :

- Oui, nous devrions descendre prendre notre petit déjeuner. Mais il ne faut pas s’en faire pour Alexender il a lui aussi l’habitude de se lever à pas d’heures les lendemains de fête. Ou de défaite pour cette nuit.

Gaspard, une fois ses yeux habitués à la lumière du soleil, contempla un sourire niai flottant sur son visage, la magnifique femme avec qui il avait dormi. Baignée par les rayons elle ressemblait à une apparition. Un ange. Sa chevelure lâche donna envie à son amant d’y fourrer les doigts, et son visage encore marqué par le sommeil lui donnait un air de jeune adolescente. Elle était simplement belle.
Julia lui tourna alors le dos, il fronça légèrement les sourcils. Qu’avait-elle ? Il entendit ses paroles et comprit qu’elle venait de prendre conscience de la réalité derrière le voile du rêve. Il ne la comprenait que trop bien. L’homme se leva et s’approcha. Il lui posa d’abord les mains de part et d’autres des épaules, puis la prit dans l’étau réconfortant de ses bras.

- Moi, je sais pourquoi vous êtes ici. Ce n’est pas de la chance, ce n’est rien de tout ce que pourrait vous reprocher les envieux. C’est le simple déroulement d’une vie. Tout peux arriver, même les plus belles choses. Il la fit se tourner vers le miroir de la commode. Vous ne voyez peut-être que votre reflet et le mien, moi ce que je vois c’est une jeune femme magnifique, pour qui j’éprouve de lourds sentiments. Il déposa un baiser sur sa chevelure et sourit à son reflet. Vous êtes un ange tombé entre mes bras Julia. Personne n’a à savoir ce qui c’est déroulé cette nuit, nous n’avons en ce lieu que des amis. Pas un écho de nos relations ne s’élèvera dans la ville tant que vous ne serez pas prête. Tout se déroulera à votre rythme, je ne veux pas que vous vous sentiez mal.

Il était prêt à tout faire pour que la jeune femme ne se sente pas mise à l’écart dans ce monde d’aristocrate qu’il ne connaissait que trop bien et qui ne comportait pas que des amis. Il la voulait joyeuse et elle-même. Pas de faux sans blanc. La peur qui l’étreignait, Gaspard la concevait, même si il ne la ressentait pas. Il était un homme, aristocrate, vieux qui plus est. Tandis que Julia était jeune, elle n’allait pas vivre un conte de fée parmi les langues de vipères qui vivaient en haut lieu, elle était belle et on lui reprocherait ses charmes. Tout pouvait jouer contre elle. Cependant, la réputation de Mr Sorel, sa manière d’agir avaient toujours parues obscures aux yeux du grand public et une nouvelle fois il comptait bien utiliser ses atouts pour protéger celle qu’il aimait.

- Nous devrions nous préparer à descendre, la faim me tiraille le ventre. Il déposa un baiser sur la joue de Julia. Je vais me retirer dans la chambre en face, quand vous serez prête, vous n’aurez qu’à venir y frapper, alors nous irons manger.

Après quoi, il attrapa ses vêtements au pied du lit, puis se dirigea vers la porte. Il jeta un dernier regard vers la jeune femme en lui murmurant silencieusement " Je nous attend", puis il disparut.

Sarah mit un peu de temps à venir ouvrir la porte. C'était normal, elle était fatiguée mais chaque seconde qui passait inquiétait Alexender malgré tout ce qu'il pouvait se dire pour se rassurer. Il voulu coller l'oreille à la porte mais cela ne se faisait pas et si la jeune femme ouvrait la porte soudainement, il aurait l'air d'un fin voyeur. Aussi il resta droit, attendant patiemment que quelque chose se passe. Il entendit la voix étouffée de son amante lui dire qu'elle arrivait. Cela le rassura au point qu'il sourit tout seul dans le couloir à moitié plongé dans la pénombre. Seule la lueur de l'étage du dessous éclairait l'escalier au bout du couloir prodiguant à ce dernier juste assez de luminosité pour voir où l'on allait sans trop se perdre.

Lorsque la belle ouvrit, il lui servit sur un plateau d'argent son plus beau sourire. Qu'elle était belle ainsi vêtue légèrement et les cheveux un peu en bataille...Simple, naturelle, jeune...Tout en elle faisait monter son désir et son amour.
Elle lui trouva l'air meilleur et certainement plus propre: à sa remarque Alexender effectua une petite courbette.

- Merci, oui je vais mieux ainsi, je dois vous paraitre plus présentable et moins odorant...

Avec surprise, il vit que Sarah avait compris immédiatement que la robe qu'il tenait était pour elle. Il s'imagina un instant que se fut l'inverse et au fond de lui-même, il rit de la situation cocasse que cela aurait donné. Même dans de pareils moments, son humour ressurgissait dans ses pensées.
Il laissa Sarah prendre la robe, heureux de l'entendre dire qu'elle lui plaisait et surtout de recevoir un merci et un baiser qu'il rendit aussitôt.

- J'espère que vous ne m'en voudrez pas si je n'ai pas les dernières toilettes à la mode pour les femmes mais c'est que je ne m'attendais pas à garder prêt de moi une aussi jolie demoiselle que vous, même si j'en ai rêvé comme tous les hommes. Si elle ne va pas, n'hésitez pas à tirer sur le fil prêt du lit, c'est pour prévenir mes domestiques, l'une d'elles montra vous aider.

Alexender se demandait comment il aurait pu faire autant de choses sans Marguerite et Suzanne: le ménage, le service, les ordres pour les réparations du petit bureau, son atelier et ses secrets...Il en était fier et les aimait réellement.

- Je vous ai aussi ramené ceci, fit-il en montrant une petite boite qu'il déposa sur le sol. Pour Sarah, ses chaussures de la veille avait été nettoyée avec délicatesse par Marguerite et un ruban pourpre pour aller avec la robe lui avait été offert. Et il y a de l'eau dans la cuvette sur la commode. Bon hé bien, je vous laisse ma mie, je vous attends dans le couloir. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas!

L'aristocrate sourit une dernière fois à la chasseuse et ferma la porte sur lui pour la laisser seule. Heureux de l'imaginer se changer, si belle, si ravissante, si sublime...Alexender ne vit pas le rayon lumineux qui brisa l'obscurité précaire du couloir signalant qu'une porte venait de s'ouvrir puis de se fermer. Il en entendit par contre le son. Alarmé, il tendit l'oreille et se dirigea vers ce bruit.
Soudain, il tomba face à un homme très imposent qui le fit sursauter.

- HA! Gaspard! Héhéhé!

Ravit de rencontrer là son ami, il le prit par l'épaule et fit comme s'il était dans une confidence peut recommandable.

- Alors mon ami...J'ai entendu beaucoup de bruit cette nuit! Enfin ce matin! Tu sais il faut y aller doucement avec les nouvelles recrues...

Fier de sa bêtise, Alexender donna un petit coup dans le ventre du Lycan.

- A quand le mariage?

Tout joyeux, étrangement joyeux, malgré sa blessure, malgré sa fatigue, Alexender sautillait presque sur place. En réalité, il était tellement rassurer qu'il y ai son ami dans les parages qu'il savourait son amour pour Sarah avec sérénité pour le moment. Il s'aveuglait un peu, jouant de l'instant délicieux qu'il croyait fabriqué de confiseries inoxydables. Mais il savait justement que Gaspard allait bientôt quitté le châtelet avec Julia, que Sarah allait elle aussi s'en aller pour un minuscule moment (du moins l'espérait-il) qu'il allait prendre comme des siècles de séparation, et il serait bientôt seul, face à ses dégâts, face à ses armes, et il n'aurait que sa volonté et ses domestiques pour ne pas passer son temps à dormir pour oublier que ce dernier s'écoulait si lentement.

- Une fois nos princesses habillées, parce que je ne douta pas que tu lui ais complètement détruit ses vêtements, nous descendront manger, mes belles ont tout préparé.

Un sourire chaleureux éclaira le visage de Sarah lorsqu’elle sentit son tendre ami lui rendre son baiser. L’échange dura plus longtemps que prévue car la belle endormie ne semblait pas décider à quitter les lèvres chaudes de son amant qui déclenchait en elle des frissons incontrôlable. Elle aurait pu passer sa journée ainsi mais le temps lui en avait décidé autrement. Quittant à regret se moment intime, la chasseuse écouta son Alexender dialoguer plus heureuse à le voir évoluer dans une véritable joie de vivre que d’écouter ce qu’il disait. Lorsqu’il eu terminé de lui donner quelque directive elle lui lança un coup d’œil moqueur et taquin.

-Ne vous en faite, je croie être capable de me changer toute seule...

Un petit clin d’œil. La provocante était toute nouvelle dans l’attitude de la magicienne qui se sentait si bien près de son hôte. Prenant la petite boîte que celui-ci lui tendait, la jeune aristocrate eu du mal a ne pas réagir comme une gamine piquer par la curiosité et de déballer en 4 em vitesse la boite pour en révéler le contenue. Imaginant la tête que ferais son tendre amour, un sourire imperceptible étira ses lèvres déjà enjouer. Lorsqu’elle aperçut ses souliers remis dans un état comme neuf, la belle ne douta pas un instant de plus de l’efficacité des domestiques du Châtelet. Elles étaient de véritable fée!

Après un dernier sourire, Sarah regarda la porte se refermer sur son ami et elle poussa un petit soupir. Non décidément elle n’avait pas envie de briser ce long moment qu’ils avaient tout les deux pour descendre. Réprimant une moue enfantine, la chasseuse posa la boite sur la petite coiffeuse avant d’aller ouvrir d’un grand geste les rideaux qui empêchait les rayons du soleil de pénétrer dans la pièce. Aussitôt qu’elle fut frapper par la claireté, la magicienne laissa échapper une exclamation douloureuse tendis qu’instinctivement ses mains se levait pour protéger ses yeux. Les rayons, pourtant faible, semblait brûler sa peau et l’aveugler. La jeune femme recula dans l’obscurité esseillant de reprendre tranquillement son souffle. Incrédule elle se ravança lentement dans la lumière sans qu’aucune douleur ne la surprenne cette fois. La belle leva ses mains pour mieux les examiner, surprise de voir sa peau briller sous le soleil par sa blancheur. Elle resta ainsi un long moment, appréciant le contacte de la chaleur et du vent sur son corps. Puis se souvenant qu’elle faisait attendre son amour à l’extérieur, elle entra en hâte enfilant sa robe en un tour de main. Sarah avait appris très jeune à se débrouiller sans domestiques. En effet lorsque ses sorties nocturnes la retenaient trop tard à l’extérieur elle revenait habiller au manoir comme si elle avait tout simplement décider de faire une promenade matinale avant tout le monde. Aussi ce fut avec une grande agilité qu’elle remonta ses cheveux en chignon avant de les attacher avec le petit ruban. Ses cheveux, de nature rebelle et indiscipliné laissait échapper des mèches ondulante le long de son visage.

Ravie de son reflet, la jeune Spencer enfila ses souliers avant de sortir de sa chambre. La bonne humeur de son amant était plus que contagieuse et malgré son attitude souvent taciturne et renfermer, la jeune femme se sentait l’envie de danser et de fêter quelque chose qui ne se partageait qu’a deux. Un sourire éblouissant et l’air rêveur, elle sortit de la chambre pour tomber sur deux silhouettes qui se dressait devant elle. Reconnaissant celle d’Alexender elle s’approcha doucement.

-Avez-vous donc si peur, mon cher, de me voir disparaître que vous montez la garde avec votre amis devant ma porte?

Elle lui lança un petit clin d’œil avant de se tourner vers l’autre homme. Ses souvenirs lui périmèrent d’identifier le jeune homme comme celui qui réussi à éloigner Alexender a temps la veille. Elle lui fit une petite révérence, le regard empreint d’une gratitude silencieuse car en effet si Alexender était resté avec elle dans ce petit bureau il aurait surement été touché par la fureur du comte.

-Sieur Sorel... Laissez moi simplement vous remerciez...

Elle n’en rajouterait pas. Ce n’était pas la peine. Son visage exprimait tant ses émotions qu’ont aurais pu y lire tout les mots du monde qui exprimait la gratitude. Pour revenir sur un ton plus enjouer en ce pâle matin, la jeune femme regarda à l’autre bout du couloir.

-N’attendrions-nous pas un autre convive a notre petite réunion par hasard?

La chasseuse se souvenait que le sieur Sorel était accompagné la veille par une charmante jeune femme. Malgré ses efforts, l’aristocrate ne se souvient pas de lui avoir été présenté. Peut-être était-ce elle qu’ont attendait ainsi. Elle aurait enfin la chance de la rencontré.

Gaspard ferma doucement la porte, puis traversa le couloir pour se réfugier dans la seconde chambre. Elle était différente de celle où il avait dormi, mais pourtant c’était le même genre meubles imposants et de tissus lourds et onéreux qui s’y trouvaient. La tapisserie elle-même démontrait de la richesse de leur hôte, même si elle commençait à se faire vieille. L’aristocrate se demandait si Alexender allait un jour changer tout ce mobilier et ce qui l’entourait pour refaire une nouvelle jeunesse à son châtelet. Il en avait les moyens, mais le désirait-il ? Son but dans la vie était plus de traquer les Vampires, ses ennemis viscéraux et de courtiser les belles jeunes femmes que de prendre soin d’une si grande bâtisse. Il se demanda s’il n’allait pas lui-même s’offrir une nouvelle demeure, plus grande en périphérie de Londres, en gardant bien entendu sa maison au centre de la ville. Cela lui faisait envie depuis un certain moment déjà, mais il n’avait pas trouvé la perle rare qu’il recherchait, lui qui avait des goûts bien prononcés pour le style français datant du classicisme.
Le Lycanthrope s’accouda à la commode en se contemplant dans le miroir. Son reflet avait les yeux quelque peu endormis, sa chevelure partait dans tous les sens, mais sur ce visage de lendemain de fête flottait le spectre d’un sourire, qui s’étira plus encore quand l’aristocrate y pensa. Julia. Il s’étira puis entreprit de se vêtir. Une fois cela fait, il tenta de défroisser un peu sa chemise et son pantalon, il arrangea sa coiffure, jusqu’à ce qu’il fut satisfait de son apparence. Il devait se faire un minimum présentable et maintenant qu’il l’était, il abandonna la chambre en fermant la porte derrière lui. Un courant d’air la fit claquer plus fort qu’il ne l’aurait voulu. Il poussa un léger soupire, puis voulu s’avancer dans le couloir, quand il tomba nez à nez avec Alexender, qui sursauta en l’apercevant.

- Oh Alex, on même peur de ses amis maintenant ? Tu es bien surmené mon pauvre ! Héhé…

Mais son rire se fana quand il entendit ce que lui dit le Hunter. Il fronça les sourcils et ses yeux se durcirent sans qu’il ne le veuille. Il aurait pensé que Alex le connaissait mieux. Jamais au grand jamais il n’aurait touché à un cheveu de la jeune femme avec qui il avait dormi. Il reçut le coude de son ami dans les cotes, ce qui lui remit les idées en place. C’était Alexender et ce petit avait toujours le mot pour rire. L’aristocrate devait être fatigué pour prendre mal une boutade sans conséquence.

- Oï ! Que devrais-je dire de toi qui endors des jeunes femmes et qui les dépose dans ton lit ! Qu’as tu fait à ta jeune inconsciente ? Il rit de sa provocation. Tu n’attends nullement le mariage pour donner des leçons à tes protégées !

Gaspard avait reprit du poil de la bête. Son ami avait aussi l’air d’être en bonne forme malgré ce qui s’était produit durant la nuit. Ils avaient tous deux le sourire et les idées plus claires, comme si le cauchemar s’était dissipé tel une brume matinale.

- Comment ça ? Moi, déchirer des vêtements ? Jamais, ils lui allaient tellement bien… Moi au moins je ne les ai pas laissés brûler ! Mais pour ce qui est de manger, je suis bien d’accord, c’est ce que nous comptions faire Julia et moi. Il baissa d’un ton et s’approcha de l’oreille du Hunter. Perd cette habitude d’appeler tes deux protégées « tes belles », car il m’est avis qu’une certaine demoiselle le prendrait mal.

Comme si cela avait été écris plus tôt, Sarah entra dans leur champ de vison à cet instant. Gaspard lança un clin d’œil à son ami. Il se doutait bien que la jeune femme ne le laissait pas indifférent. Il sourit à la jeune femme, tout en appréciant sa manière de rabrouer gentiment le Hunter, voilà une demoiselle qui allait lui donner du fil à retordre. Se serait un combat de tous les jours, une joute verbale auquel l’aristocrate prendrait plaisir à écouter s’il en avait l’occasion.

- Bonjour Miss Spencer. Vos remerciements me font chaud au cœur, je suis heureux de vous voir rétablie, votre visage fait plaisir à voir. J’espère sincèrement que vous allez continuer à reprendre des forces et que cette nuit ne sera bientôt plus qu’un souvenir lointain.

Gaspard tourna le visage vers la porte qui renfermait la jeune Julia, puis il répondit à la demande de Sarah :

- En effet, nous attendons Miss Thanas que vous avez peut-être aperçue hier soir. Elle ne sera plus très longue je pense. Nous irons nous restaurer ensuite. Il passa une main dans ses cheveux flamboyants et ajouta. Ce repas va être bien joyeux à mon avis, étant donné que toute cette histoire finie bien. Quelle tragédie tout de même, un feu démarre si rapidement !

Gaspard ne savait pas qui était réellement Sarah, Alexender n’avait pu le lui apprendre. D’ailleurs peut-être que ce dernier ne désirait pas dévoiler le secret de la demoiselle. Le Lycan se comportait donc de manière courtoise, comme avec une femme du monde, mais sans cette affinité qui aurait pus les relier s’il connaissait ses activités nocturnes. Il ne se doutait nullement qu’elle avait quelque chose à voir avec le Comte Keï et Mlle Bennet, il ne connaissait pas non plus leur nature cachée. Dans le fond, il était bien ignorant.

Alors que Julia recommençait à se poser des questions et à s'angoisser, Gaspard la prit dans ses bras pour la rassurer, lui faire part de ses pensées et la complimenter. Il lui dit qu'elle était belle et qu'il l'aimait. Il l'embrassa sur le front et lui dit qu'il ne fallait pas qu'elle s'inquiète à propos de leur relation et qu'il ferait tout pour qu'elle y soit à l'aise.
Sentant sa chaleur, écoutant sa douce voix et frémissant entre ses bras, la jeune miss Thanas soupira pour évacuer la dose de stress qui s'était emparé d'elle. Avec cet homme, elle était en sécurité. Il ne lui arriverait plus rien, il veillerait sur elle pour toujours et leur vie, malgré leur différence aux yeux du monde, serait pavée de feuilles d'or.
Cette illusion, ou plutôt cet espoir était pour elle un bonheur. Peut-être...oui...peut-être qu'un jour elle lui expliquerait son terrible mal et qu'il la comprendrait. Peut-être qu'avec le temps elle lui dirait et que son horrible secret ne lui paraîtrait pas si honteux que cela...? Non au fond elle savait que cette épreuve serait rude le jour où elle déciderait de lui faire part de sa malédiction. Il la croirait folle ou possédée par le démon, il la renierait et en ferait une bête de foire! Comme tout le monde il la haïrait et lui voudrait du mal pour éviter qu'elle n'en fasse aux autres! Non. Elle ne lui dirait pas. Jamais. Elle vivrait avec lui et ce secret entre eux qui resterait comme une barrière invisible pour leur amour.

Tandis qu'elle était plongée dans de telle réflexions en l'écoutant, se laissant bercer par lui, Gaspard l'embrassa et lui dit qu'ils allaient descendre manger un morceau. Alexender était un bon hôte, Julia n'en doutait pas. Aussi, réticente tout de même à lâcher Gaspard, elle le laissa quitter la chambre pour aller se préparer dans celle d'en face et lui permettre à elle aussi de s'habiller.

Une fois la porte fermée, Julia resta quelques minutes debout à arpenter la pièce lentement. Elle se passa de l'eau sur le visage dans une petite bassine prévue à cet effet. Puis la jeune femme se vêtit de la robe de la veille. Blanche et rouge, sa robe à corset serré ornementé de plume au niveau des épaules lui posa des difficultés. Elle rehaussa à nouveau ses cheveux en grappe à l'aide d'un ruban mais elle ne remit pas les petites perles dans ces derniers ni ne refit pas ses minuscules tresses maintenant défaites et qui parsemaient sa diligente coiffure au bal. Elle remit ses longs gants blancs et sa ceinture de perles.

Enfin, elle sortit dans le couloir. Elle avait mit un peu de temps à se vêtir et rougit en se retrouvant presque nez à nez avec son amant, l'hôte du châtelet et la fameuse Sarah sauvée des flammes. Elle fit une courbette gênée à Alexender et un signe de tête respectueux à Sarah.

- Bonjours messeigneurs. J'espère que votre nuit n'a pas été trop hantée par les vapeurs et les frayeurs d'hier...Ravie de vous voir sur pied mademoiselle.

Elle remarqua que tout le monde était habillé simplement sauf elle. Ceci la gêna d'autant plus qu'elle était bourgeoise et eux tous aristocrates...cela leur paraissait surement déplacé! La tête basse, elle resta près de Gaspard à qui elle avait fait un petit sourire discret.

Alexender avait nullement remarqué l'ombre qui était passé sur le regard de son ami lorsqu'il avait évoqué Julia en des termes l'outranciers. Ne cherchant aucunement à l'énerver, il ne prêtait pas garde aux réactions infimes comme celle-ci qui prouvait que Gaspard aimait Julia et la respectait assez pour croire un infime instant qu'Alexender pensait réellement ce qu'il disait.
Le Lycan avait la répartie sympathique et cela avait toujours plut à Alexender: avait lui, les boutades et jeux de mots étaient communs et drôles! D'ailleurs, Gaspard ne perdit pas son temps pour envoyer quelques remarques amusantes au Hunter surexcité...Prenant un air blessé, Alexender répondit la main sur le coeur et les yeux à demi-fermés:

- Mon Dieu Gaspard comment ose-tu imaginer de pareilles choses! Moi? Emmener une jeune femme dans mon lit comme cela! Le premier soir! Elle était blessée c'est tout! Elle ne m'intéresse point! Pour qui me prenez-vous, batifoleur du dimanche! Fichtre! On ne m'a point humilié de la sorte depuis longtemps!

Gardant son air de dandy atteint dans la bienséance de son être, le châtelain rouvrit les yeux et rit à l'allusion de Gaspard concernant l'incendie de la veille.

- Brûlés! Vous y allez fort mon ami! Pff Au moins le repas ne le sera pas, lui. Puisque ce n'est pas vous qui le préparez!

Alexender reprit un peu de son sérieux lorsque Gaspard le mit en garde contre ses habitudes libertines.

- Oui tu as raison je ferais mieux de me méfier, je me laisse aller parfois, et je n'ai pas l'habitude d'être pris...

Ne l'ayant pas entendu venir, Alexender sursauta lorsqu'il entendit derrière lui Sarah.

- Ho! Ha..heu..Non! Non, non pas du tout, je ne montais pas la garde: je discutais avec mon ami.

Souriant d'un air gêné, Alexender avait reprit soudainement un sérieux étrange. Il la regardait, la trouvant sublime dans sa robe mais n'osant pas lui dire tellement sa joie en la voyant et son amour étaient grands. Il resta droit et tenta de ne pas paraitre trop atteint par le magnifique clin d'oeil de sa dulcinée. Ravit de voir qu'elle était reconnaissante également envers Gaspard, il se disait que le repas allait être intéressant pour les deux couples.

- Oui, nous attendons la charmante Julia.

La dite Julia arriva enfin. Elle avait gardé sa robe de bal.

- Miss Thanas! Ho je suis confus! J'aurais du vous amener quelque chose de plus simple que votre robe de bal pour le déjeuner! fit-il en s'avançant vers elle qui les saluait humblement. Il se tapa la main sur le front. Mais vous êtes si belle ainsi vêtue! Allons allons, fit-il en les pressant tous de descendre, c'est l'heure de nous restaurer, la journée d'hier a été dure et nous devons nous en remettre aux bonnes mains de mes domestiques!

Alexender conduisit la petite troupe au rez-de-chaussé pour qu'ils s'installent dans une petite salle à manger accueillante. Les doubles fenêtres étaient ouvertes laissant la lumière traverser de fins rideaux ocres. L'odeur des plats déjà disposés sur la table envahissait l'espace de senteurs aromatisées et de sauces. Dehors, on pouvait voir le parc et entendre les oiseaux chanter depuis les arbres, les fontaines ou les balustres.
L'hôte installa ses convives autour de la table ronde qui siégeait sur un tapis d'orient.
Les deux femmes étaient l'une à côté de l'autre et avaient chacune de leur côté leur amant. Ainsi les deux hommes étaient côte à côte.

Suzanne entra pour servir du vin blanc et expliquer que l'entrée était du poisson frais finement préparé avec du citron et de la salade. C'était léger, goûtu et joli. La suite devait se composer de canard et de petites pommes de terre en sauce. Du fromage, du pain, des chocolats étaient ensuite mis au milieux de la table et l'on pouvait demander du café ou du thé selon son envie.
Ils démarrèrent donc, serviettes mise par Marguerite sur les genoux, par l'entrée.
Alexender était heureux de voir à sa table son plus fidèle ami, sa compagne Julia, petite bourgeoise avec laquelle il avait défié les plus grands aristocrates de lOndres, on en entendrait certainement parler... et surtout, sa belle tendresse: Sarah Spencer, Hunter comme lui, radieuse comme le soleil en ce jour et dont les yeux l'ensorcelaient définitivement.

- J'espère que ce repas vous fera plaisir mes amis. Allons! Je lève mon verre à la fin du bal, à la survie de miss Spencer et à son rétablissement bien partit, fit-il en lui souriant avec amour, à vous Julia, qui avez tenu toute cette soirée en la compagnie de mon bon Gaspard, continua-t-il avec un clin d'oeil provoquant (la connivence entre lui et Julia n'allait certainement pas se terminer là) et à lui-même, fit-il en souriant au Lycan avec un petit coup de coude, qui a su bravement m'aider!

Le repas commença et Alexender lança le premier sujet de conversation:

- Je ne pense pas qu'il soit bon de prévenir les autorités de ce qui s'est déroulé dans le petit salon, aujourd'hui complètement détruit. L'incendie aura effacé toutes les preuves de la criminalité et on me répondra que c'est surement un accident dû à un nouveau débordement du bal...Et puis de toute manière, je compte bien m'en charger moi-même...

C'était un sujet lourd mais il fallait bien l'aborder. Alexender évitait les regards de Sarah, il ne voulait pas la gêner.

- Nous seuls savons ce qu'il s'est réellement passé...

Gaspard savait que c'était un Vampire, Alexender n'en doutait absolument pas puisqu'il c'était déjà expliqué avec Sarah et il ne doutait pas que la jeune Julia, qui avait apprit récemment l'existence de ces buveurs de sang grâce à eux-deux, ai déjà fait le rapprochement en voyant le cors de Sarah en sortant des flammes.

[HRP:Désoler du retard j'ai enfin trouver du temps pour répondre ^^]
Sarah reteint un sursaut et un air de déconcertement passa sur son visage. Mademoiselle Spencer... Il l’avait appelée par son nom de famille... La jeune femme ne se souvenait pas avoir divulgué son identité au courant de la soirée, encore moins ce matin… Sans oublier que sous les masques personnes n’aurait du la reconnaître. Puis l’illumination se fit au milieu de ses pensées. Il était évident que le sieur Sorel l’ai reconnu. La réputation même de cet homme en faisait une archive vivante qui connaissait bien des choses et bien des visages. La mine de la chasseuse redevint joviale tandis qu’un magnifique sourire étira ses lèvres tandis qu'elle remarquait l’attitude soudainement silencieuse de son compagnon. Comme si elle entendait les éloges muettes que lui faisait son amant, la magicienne se mit à rougir.

Reportant son attention sur Gaspard, elle apprit le nom de la jeune femme qui tardait à venir les rejoindre. Se souvenant de l’avoir aperçue la veille, Sarah avait été trop préoccupée par la sécurité d’Alexender pour se souvenir parfaitement du visage de la jeune demoiselle. Néanmoins le nom créa lentement un déclic au milieu des ses souvenirs. Thanas ? N’était-ce pas le nom des propriétaires de cette merveilleuse petite boutique au marché de Coven Garden ? Mais non, cette famille quoi que bien aisée n’était pas des nobles et le bal était réservé aux aristocrates... Mais selon les dires des invités, une bourgeoise avait été invitée au bal... Se pourrait-il que...

Les suspicions de la jeune Spencer se confirmèrent lorsqu’elle vit une jeune femme sortir de sa chambre vêtue d’une somptueuse robe de soirée. L’aristocrate eu un haussement de sourcil qui lui donna un visage sévère tandis qu’elle observait d’un œil critique la nouvelle venue. Ses longs cheveux foncés laissé à eux même redescendaient sur ses épaules menues que la robe laissait entrevoir. Qui diable aurait eu l’idée de porter pareille tenue un matin ? Se pourrait il que la haute société aie déjà monté a la tête de la petite bourgeoise ? Voyons donc, elle n’avait simplement pas d’autre chose à se mettre tout simplement. Même si elle ne connaissait pas le Sieur de Sorel personnellement, la chasseuse se doutait bien qu’il aurait vite remarqué si sa jeune compagne était une de ces vipères arrogantes qui ne cherchait qu’à augmenter sa situation. Voyant que son attitude jetait un froid sur le petit groupe, la magicienne prit un peu de recul pour reprendre ses esprits. Elle aperçut alors la figure rouge et gênée de Julia tandis qu'elle lui faisait un petit signe avant de saluer les deux hommes. Maudissant sa réaction première, Sarah offrit un sourire sincère à la jeune bourgeoise avant de lui rendre son salut chaleureusement. Elle s’était entièrement trompée sur la jeune femme et il était désormais de son devoir de l’aider un peu. Souhaitant démontrer sa gratitude envers Gaspard, la jeune Spencer se promis d’aider la miss Thanas à bien comprendre le monde dans lequel elle venait d’entrer. Elle aurait voulu engager une conversation mais Alexender les pria de descendre. N’ayant pas le cœur à refuser devant les yeux doux qu’il lui faisait, l’aristocrate descendit à sa suite accompagnée des autres. La table était joliment mise et donnait une vue imprenable sur le parc et ses beautés exquises. Une des deux domestiques qui accueillait les invités à l’entré lors du bal entra pour servir le vin et par la même occasion expliquer les plats futurs. La description fit saliver la belle qui prit conscience de la grande faim qui la tiraillait.

Gênée par l’éloge qu’Alexender lui fit, la magicienne leva son verre à la santé des autres. Ne souhaitant pas partir la première le sujet de conversation, la jeune femme baissa les yeux contemplant son assiette avant de prendre une bouchée qui se révéla divinement délicieuse. Le repas s'entama lentement dans un petit silence débordant de contentement. Il fut interrompu par Alexender qui débuta la première conversation. Levant les yeux vers son amant qui fuyait son regard, la chasseuse su exactement où il voulait en venir. Tentant de contenir sa colère, elle serra les poings tandis que son visage se durcissait devenant froid. Ses yeux se remplirent d’une effervescence glaciale devenant impitoyable et dangereux. La jeune Spencer avait disparut laissant place à l’impétueuse chasseuse. Malgré toute ses mises en gardes et toutes ses supplications, Alexender continuait ou plutôt s’obstinait à vouloir se charger lui-même de cette histoire ne craignant rien ni personne. L’aristocrate sentit sa colère lui parcourir l’échine tandis qu’elle continuait de fixer son amant. Levant mentalement une main invisible vers lui elle empoigna doucement mais fermement son menton l’obligeant à la regarder. Ils se défièrent du regard pendant quelques secondes puis Sarah, se laissant adoucir par les yeux d’Alexender, se sentit sombrer dans un gouffre tandis que sa colère disparaissait, noyeée par l’épuisement. Elle baissa la tête prenant une bouchée en silence.

-C’est ce que nous verrons… murmura-t-elle pour elle-même.

L’envie de déclencher une dispute ou une joute verbale ne lui tentait pas, aussi se tourna-t-elle vers Julia avec l’intention de discuter avec elle. Elle lui sourit amicalement avant d’entamer avec elle.

-Nous n’avons pas eu la chance de nous être présentées personnellement mais il me semble que votre visage ne m’est pas inconnu... Ne seriez vous pas parente avec les Thanas qui tiennent une charmante petite boutique sur Coven Garden?

Presque certaine de la réponse, la magicienne ne tentait nullement d’intimider la jeune femme mais plutôt de la faire parler pour mieux la connaître.

Émue et maladroitement honteuse, Julia bafouilla quelques mots face à l'interjection de son hôte:

- Non! Non! Ce n'est pas grave...Je...J'aurais dû prévoir quelques vêtements pour aujourd'hui...mais je n'y ai pas pensé...

Écrasée par les regards, Julia était réellement mal à l'aise. Sa robe lui pesait et elle sentait autour d'elle comme une étrange gène venant des autres. La tête basse, elle fit mine d'ignorer le regard sombre que lui avait jeté impitoyablement la belle Sarah Spencer. Elle fut soulagée de lui trouver un petit sourire bienveillant après qu'elle l'eut un peu observée. Peut-être la considèrerait-elle mieux que ce à quoi s'attendait la jeune Thanas.

Espérant que toute cette histoire, le bal, son rang, Gaspard...n'allait pas lui retomber dessus violemment, à cause de la société et des mœurs qu'elle transporte avec le temps, la jeune bourgeoise pris le bras que son compagnon lui tendait pour suivre Alexender docilement vers le rez-de-chaussé où ils allaient apparemment déjeuner tous ensemble. Heureusement ils seraient en petit comité, pensait-elle, elle ne serait pas noyée dans une foule grouillante de regards obliques et sournois! Au moins elle ne serait la proie des suspicions et des doutes qu'en présence de trois personnes! Rassurée, Julia admirait le bâtiment comme la veille au bal avant de prendre place à son tour sur un siège qui lui était désigné. C'est alors qu'elle se rendit compte de l'horreur de la situation: certes ils étaient en petit comité, mais n'était-ce pas pire que d'être cachée dans la foule? Au moins la foule ne posait pas de questions et ne cherchait pas à dialoguer avec elle! Là, elle allait devoir participer à la conversation, faire preuve de bon sens et de réflexion tout en ne paraissant pas ignare ou pédante...

Les plats d'entrée arrivèrent, Alexender leva son verre et tous le suivant portèrent un toast à leur groupe hétéroclite. Julia n'avait jamais rien bu d'aussi goûtu. Sur ses lèvres, le liquide alcoolisé perla et lui donna la sensation d'être au Paradis. Ce qu'elle porta ensuite à sa bouche l'emplit de bonheur: elle avait faim comme tous les autres et son corps réclamait de quoi se remettre des émotions du bal masqué. Ce repas était pour elle un mélange de saveurs encore jamais vu et qui donnait à son esprit et son palais de quoi se délecter de cette vie pas si compliquée que ça finalement.
Julia ne pu s'empêcher de détailler du regard la fameuse Suzanne. La domestique ne ressemblait pas à une domestique mais plutôt à une bourgeoise bien nourrie et traitée comme un être cher. Alexender était vraisemblablement bon avec elle et son amie (dont la jeune bourgeoise ne se rappelait plus le nom).

Alexender évoqua un court instant les évènement de la veille. Julia avala difficilement un morceau de canard et dû boire rapidement pour éviter une toux très peu appréciée dans ce genre de situation. Elle sentit le regard de Gaspard et rougit. Oui...en effet, ils n'en avait absolument pas parlé...préférant sans doute oublier l'hypothèse évidente qui se présentait à eux. Julia se rappela alors leur première rencontre, lorsque Gaspard l'avait ramenée depuis le Fitzrovia jusqu'à sa demeure en l'ayant sauvée des mains de La Phalère. Ils avaient parlé des Vampires après que André, son domestique, les ai servit à table. Alexender était alors arrivé, blessé à l'épaule et trempé par la pluie. Il revenait de ce qu'elle apprit plus tard être une de ses chasses nocturnes...Quelle équipe étrange ils formaient maintenant! Julia était persuadée de l'existence des Vampires et vu les regards de Gaspard et d'Alexender, c'était plus qu'évident que Sarah avait été une victime de ces êtres sombres. Julia voulait les connaitre car elle pensait au fond d'elle que sa malédiction était liée à leur race. Mais face à tout cela, Alexender Hunter, Sarah, le petit salon brûlé, et aussi la colère de Gaspard lorsqu'elle avait voulu se renseigner dans sa bibliothèque personnelle...! Non... décidément ces choses là n'étaient pas saines et elle devait éviter d'en parler ou de montrer son intérêt pour elles.

Aussi Julia resta muette.

Il y eu entre Sarah et Alexender un froid étrange qu'elle ne comprit pas immédiatement. Le Hunter semblait avoir piqué au vif la jeune femme dans son envie de régler cette affaire lui-même. Julia comprit la chose par la suite: ils étaient amants, cela n'était pas difficile à voir, et elle craignait qu'il ne s'enfonce dans une histoire sombre et qu'il ne tombe. Mais savait-elle ce qui c'était passé? Croyait-elle seulement aux Vampires?

Jusqu'à ce que Sarah ne s'adresse directement à elle. La jeune Thanas eu un coup de frayeur. Qu'allait-elle lui demander? Pourquoi s'adresser à elle? Elle voulait la paix, la tranquillité et surtout pas des regards, des questions...Rougissante, elle leva les yeux timidement vers l'aristocrate. Son sourire et son visage la rassurèrent quelque peu mais en entendant sa question, elle s'affaissa un peu sur elle-même. Devait-elle lui confirmer qu'elle n'était qu'une petite bourgeoise? Elle jeta un regard rapide à Gaspard mais celui-ci ne la vit pas. Elle prit alors les devants et répondit après avoir prit une grande inspiration:

- Oui je suis parente puisque je tiens cette boutique avec ma mère et ma grand-mère. Mon nom est Julia Thanas et si vous avez besoin de quoi que ce soit en matière de tissu et vêtements, je vous recevrai comme il se doit au "Dressed". fit-elle en souriant aimablement.

Elle l'avait dit. Sarah pouvait maintenant être sûre que c'était une bourgeoise, une commerçante qui plus est! Mais tant pis, Julia voulait assumer et surtout garder sa relation avec Gaspard coûte que coûte!  

- Et vous, je ne vous connais pas de par mon manque de culture dirons-nous...Mais j'ai cru comprendre que vous vous nommiez Sarah Spen...Spencer c'est ça? continua-t-elle gênée et essayant de paraître la plus droite et la plus naturelle possible.
De temps à autre, elle jetait des regards à Gaspard comme pour qu'il la sauve mais ce dernier était occupé à faire des messes basses à son ami...

Ha! Boire en si bonne compagnie faisait du bien à Alexender. Gaspard, son ami, leva son verre en louant sa manière de s'en sortir, ce à quoi répondit le Hunter par un rire et un coup de coude amical.

Lorsqu'il avait commencé à parler, Alexender avait sentit le regard noir de Sarah le foudroyer. Elle ne voulait pas qu'il se mette en danger, elle ne voulait pas le voir se charger du compte de ce Vampire qui la pourchassait et, d'après ses dires, le prenait maintenant pour une de ses proies. Comment pouvait-elle croire un seul instant qu'il allait la laisser faire seule? Comment osait-elle imaginer qu'il allait ignorer cette histoire alors qu'il l'aimait comme on aime pour la première fois et qu'il faisait de la mort de ces créatures son métier? Alexender fut surpris par la main de Sarah qui lui empoigna le menton avec force pour lui tourner le visage afin qu'ils se regardent dans les yeux. Il lut dans les siens une profonde colère, une sorte de désespoir comme lorsqu'une mère a beau répéter à son enfant de ne pas monter trop haut dans les arbres et que celui-ci lui répond qu'il essaiera demain encore d'atteindre la cime fragile du plus grand de la forêt. Il n'eut pas de mouvement de recul mais il fronça les sourcil avant de radoucir son expression. La pauvre était face à un homme buté et fier qui ne plierait pas l'échine pour ces immondes aberrations de la nature. Il ne bougea pas et la laissa reprendre normalement son repas après avoir renoncé à lui faire la morale.

Le Hunter fut ravie de voir que Sarah engageait alors la conversation avec Julia. Non pas qu'il fut heureux de mettre la jeune bourgeoise dans ce genre de situation peu convenable et surtout embarrassante, mais il savait que sa présence, sa discution avec Sarah, allait forcément joué dans sa réputation et appuyer les rumeurs qu'il avait lancé. Il voulait que le monde sache qu'il n'était pas de ceux qui s'enorgueillissent seuls avec leur rang ou quelques richesses bien placées! Il voulait en frustrer certains, en outrer d'autres et montrer qu'il avait l'étoffe d'un justicier. Il ne supportait pas les rangs sociaux, il les détruirait dans l'esprit des gens dû-t-il y perdre son visage!

Le chuchotement de Gaspard l'interrompit dans ses réflexions. Il le regarda, se pencha vers lui interrogé et lui sourit pour répondre à sa question tout bas:

- Oui...et bien plus...je t'expliquerai...mais sache seulement qu'elle est...comme moi.

Après un clin d'oeil, Alexender se redressa sur sa chaise. Le regard connivent, il sourit à Gaspard et continua de manger. Il lui raconterai plus tard, tout. Il lui confiait tellement de choses! Cette information était fort intéressantes pour lui car elle allait lui montrer qu'Alexender n'était pas seul dans sa lutte et qu'il fallait peut être voir plus large à présent pour combattre. Bien entendu, Gaspard aidait un peu Alexender, enfin, à sa manière, mais il ne se voulait pas chasseur. D'ailleurs c'est ce qu'Alexender lui avait toujours reproché silencieusement. Il aurait tant aimé qu'il l'accompagne dans ses nuits de chasse!
Tout cela se raconterais plus tard...

Le repas continua tranquillement. Julia et Sarah discutaient ensemble de la jeune bourgeoise. Alexender les écoutait sans les regarder. Il espérait réellement que sa compagne accepte son côté excentrique et sa haine des classes sociales. D'ailleurs il souhaitait de tout son cœur que les deux jeunes femmes deviennent de fidèles amies pour qu'ils puissent former, Gaspard, elles-deux et lui-même un quatuor hors du commun! Mais ses idées étaient un peu utopistes et il le savait bien. Dans l'idéal, il voulait que tout aille bien mais il n'était pas naïf au point de s'imaginer que rien n'allait venir se glisser malsainement dans toute cette affaire: jalousie, rancœur, rivalité, différences physiques ou sociales, idées, politiques, religions...sans compter que Gaspard cachait un très lourd secret qu'il ne fallait pas qu'elles découvrent...
Non, tout n'irait pas toujours bien, et il s'y préparait fermement résolu à franchir tous les obstacles pour accéder au bonheur avec ses amis.

De temps en temps, Alexender revenait vers Gaspard pour chuchoter:

- Elles sont belles...Alors? J'espère que tu ne m'en veut plus de t'avoir caché l'identité première et la venue de notre chère Julia? Après tout, sans cela vous ne vous seriez peut-être jamais revus...si?

L'air polisson comme un enfant, Alexender faisait des gros yeux à Gaspard pour l'énerver gentiment en sous-entendant des choses et d'autres. C'était habituel chez lui de jouer le fanfaron, surtout quand il s'agissait de femmes!
Malgré son air heureux, Alexender percevait chez Sarah un froid qui le dérangeait. Elle ne le regardait pas, se contentant de parler avec Julia. Elle lui en voulait de se mettre en avant dans l'affaire du Vampire et il craignait réellement que les sentiments de la belle ne soient pas aussi forts que les siens...

On pouvait bien accorder à la jeune Thanas une franchise que peu de gens possédaient. Sans même rougir sous ses origines, elle les dévoila avec un aimable sourire. Sarah ne pouvait s’empêcher de sentir l’anxiété de Julia à son égard. Bien entendue elle se doutait que la jeune bourgeoise redoutait qu’elle ne fût devant une de ses grandes dames à l’allure hautaine qui méprisait les classes inférieures. Si seulement elle savait. Si seulement elle savait toutes les fréquentations jugées malsaine que la magicienne côtoyait ou encore le fait que sa meilleure amie soit également une bourgeoise. Se perdant dans ses réflexions, l’aristocrate se mit à réfléchir à savoir si elle avait déjà éprouvé de la contrariété envers les autres membres de la société... Bien sur elle avait rencontré des gens qui était désagréable ou encore mesquin mais en tout temps, elle avait toujours jugé la personne sur ce qu’elle était et non sur sa classe...

La jeune femme aurait pu passer l’après-midi dans ses réflexions si elles n’avaient pas été interrompue par la jeune bourgeoise qui lui posait une question à son tour. Une grimace douloureuse traversa le visage de la chasseuse tandis qu’elle se refermait rapidement sur elle-même. Spencer... Qui pouvait ignorer un nom aussi célèbre au travers la ville? Lorsqu’on a comme père un des conseiller personnel de la reine, il est difficile de passer inaperçu. Soucieuse de faire elle-même sa renommée, Sarah priait tout le monde de l’appeler par son prénom. Ainsi la plupart de gens ne connaissait rien de sa parenté. Songeuse, la magicienne prit une gorgée de vin avant de répondre.

- En effet, c’est mon nom mais je vous prierais de bien vouloir m’appeler Sarah... Toute ses conformités ne m'ont jamais réellement plu...

Décidant de jouer carte sur table, la jeune Spencer posa tranquillement sa coupe sur la table avant de s’avancer légèrement en direction de Julia. Son air était des plus amicaux et ses yeux brillaient légèrement.

-Il me semble connaître le fond de votre pensée mademoiselle Thanas et j’ai un vague doute en se qui concerne votre frayeur. Vous qui dites manquer de culture? Vous n’êtes pourtant pas sans savoir que votre entrée dans la haute aristocratie ne demeura pas inaperçue...

L’aristocrate poussa un petit soupir avant de poursuivre.

-Néanmoins si plusieurs vous jugerons sans même vous connaître je souhaite vous rassurer sur mes intentions. Il y a longtemps que j’ai arrêté de percevoir les gens sur leur classe sociale car croyez moi beaucoup manquent de cette gentillesse qui vous rend agréable a côtoyer…

Petit sourire encourageant. La jeune femme tentait de se rendre rassurante auprès de la bourgeoise. Se penchant plus en avant, elle partit sur un ton plus jovial.

- Laissez-moi vous dire que vous possédez des doigts de fée ma chère ainsi que toute votre famille également. La robe que je portais hier soir venait justement de votre charmante petite boutique. Je dois vous avouer que j’y vais rarement puisque mes autres préoccupation n’ont pas fait de moi une de ces femmes coquettes mais néanmoins j’apprécie grandement vôtre mère, une femme tout à fait admirable surtout lorsqu’il s’agit de discuter avec moi côté vestimentaire...

Un sourire enclin vient étirer les lèvres de la chasseuse lorsqu’elle repensa au débat mouvementé qui éclatait souvent dans la petite boutique lorsqu’elle accueillait sa mère et elle. Madame Spencer était de ses femmes de société qui croyait que l’apparence était primordiale et que plus le modèle du vêtement était compliqué plus l’impression qu’il donnait vous rendait plus belle. Sarah pour sa part était plutôt réservée, préférant laisser sa beauté naturelle et l’éclat farouche et mystérieux qu’elle dégageait faire son effet aux gens. Ainsi les froufrous grotesques et long décolleté plongeant la faisaient fuir la où les créatures des ténèbres ne réussissait pas. D’ailleurs la plupart des robes de la magicienne avait un côté pratique sans pour autant être dénués d’élégance, qui lui permettait de faire face à plusieurs situations.

La jeune Spencer jeta un coup d’œil à Alexender avant de fuir de nouveau son regard. Son maigre contrôle de soi lui avait fait perdre sa maitrise sur sa magie et elle en avait eu recourt sur lui pour lui faire lever la tête magiquement. Elle s’en voulait énormément surtout qu’elle souhaitait garder ce côté d’elle secret pour empêcher de créer quelque frayeur chez son partenaire. De plus elle ne voulait qu’il la croit responsable de l’incendie qui c’était déclenché dans le bureau. Un jour elle lui ferait voir de quoi elle est capable mais pas aujourd’hui... Pas en cette belle journée...

La réponse que fit Alexender au Lycanthrope l’abasourdit. Dans ses yeux brillèrent soudainement l’incompréhension, puis ils s’agrandirent alors qu’il repoussait cette idée folle que la jeune Sarah Spencer puisse être elle aussi un Hunter. Gaspard se détourna de son ami et rêvassa, les yeux sur Julia, alors que ses pensées étaient accaparées par une autre femme, qui ne serait jamais l’ombre d’une rivale. Il revoyait dans ses souvenirs cette aristocrate raffinée et féminine, quelque peu farouche, en désaccord avec les préjugés, belle et gracieuse. Elle serait alors dans l’ombre une chasseuse, une de ces personnes qui lutte pour le bien des Hommes, contre les Vampires et les Loups-Garous et peut-être aussi contre d’autres formes de créatures tels les Lycanthropes. Il souhaitait en savoir plus au plus vite, mais la possibilité de se retrouver en tête à tête avec son ami était presque inexistante. Il devrait alors attendre leur prochaine rencontre pour avoir des explications sur cette situation insolite, car il n’était pas question de confier ses doutes à l’écrit dans une lettre. Au mieux il pourrait espérer de voir Alexender dans les prochains jours. Mais ils avaient tous deux des occupations. Sa curiosité devrait attendre.
Gaspard laissa de coté ce sujet et laissa son esprit vagabonder au grès de ses envies sur les souvenirs qu’il avait de sa nuit passée avec Julia. Cette dernière parlait alors avec Sarah. Elles avaient une conversation aimable et la jeune aristocrate faisait en sorte que la petite bourgeoise se sente plus à l’aise, ce qui aurait valu la reconnaissance du Lycanthrope si ce dernier avait écouté un traître mot de leur échange.
Ses rêveries incongrues furent interrompues par le chuchotis du rouquin. Il tourna son regard ambré vers cet idiot avant de lui répondre sur le même ton :

- Tu n’es qu’un sombre imbécile sans scrupules aux idées farfelues ! Mais j’avoue que je ne m’attendais nullement à trouver là ma Perle d’azur, c’était une bonne surprise. Cependant, tâche de ne pas recommencer, sinon je me chargerais de te faire moi-même ce genre de choses. Malheureusement je suis plutôt maladroit…

Il sourit, retenant un rire bruyant pour ne pas déranger les deux femmes de leur cœur. Un peu plus tard durant le déjeuner, il se pencha de nouveau vers son compagnon :

- Regarde moi ça comme nos deux amies nous ignorent royalement ! Surtout ta belle ! Elle n’a pas aimé tes avances d’hier soir ? Quelle tension entre vous ! Arh, je t’avais dis de ne pas te faire trop pressant, elle sort de convalescence !

Il étouffa un gloussement et s’apprêta à échapper aux foudres du châtelain, qui ne se laisserait certainement pas marcher sur les pieds de la sorte. Leur petite joute verbale terminée, il s’exclama :

- Bigre, que ce repas est délicieux ! Ces pommes de terres en sauce m’enchantent, tu diras à Suzanne et Marguerite que leurs talents culinaires ne cessent de me rendre fou de joie. Il tourna son attention vers Julia, alors que sa conversation avec Sarah rencontrait un blanc. J’espère que tout ceci est à votre goût ?

Il dégusta les derniers restes de son assiette, se leva en s’armant de la louche.

- Je vais m’occuper du service, quelqu’un voudrais-t-il quelque chose ?

Julia était heureuse de voir que Sarah Spencer, jeune, belle, et surtout aristocrate, amie très proche de leur hôte, Alexender Von Ravellow, lui présentait le visage le plus aimable du monde. Son premier regard avait été dur mais il était justifié. A présent, tandis qu'elles parlaient ensemble, Julia apprenait à la découvrir sous son vrai jour: c'était une femme charmante, bien placée dans la société mais très terre à terre, polie avec tout le monde, ne se souciant pas des classes sociales. D'après les dires et les manières de leur hôte, ils allaient apparemment bien ensemble sur ce point!
Julia découvrait l'aristocratie sous un nouveau jour. La bourgeoisie rattrapait sensiblement cette dernière, certes, mais ce n'était pas qu'une question de moyen ou d'apparence, c'était parfois, comme ici, la volonté même des aristocrates qui faisait avancer les choses. Cela lui donnait espoir pour l'avenir et Gaspard qui lui souriait en lui jetant des regards pleins de douceur lui donnait du baume au coeur et une vision nouvelle des temps futurs. Peut-être que la bourgeoisie et l'aristocratie seraient un jour entremêlées et qui sait peut-être que la classe ouvrière elle aussi sortirait de ses heures sombres pour les rejoindre.

Ravie de cet entretient, la jeune femme se penchait de plus en plus au-dessus de la table tellement elle était intéressée par ce que lui racontait Sarah.

- Appelez-moi Julia, dit-elle en faisant écho à la requête de l'aristocrate.

Elle continuait de manger distraite par ce que lui apprenait Sarah: ainsi elle venait au "Dressed" de temps à autre pour se vêtir! C'était étrangement impressionnant!

- Ha oui? Je ne vous ai jamais vu encore et ma mère ne m'a jamais parlé de vous! Merci pour elle, je suppose qu'elle aime aussi tenir la conversation avec vous!
C'est une coïncidence des plus surprenante! Et votre robe, je n'y avait pas fait attention mais maintenant que vous le dites...oui je me souviens l'avoir aperçue une fois.

Julia était émue.

- Merci! fit-elle d'une petite voix en rougissant. C'est toujours agréable de savoir que son travail est apprécié et ce particulièrement dans le grand monde! C'est un véritable bonheur de savoir que nos créations sont portées par des personnes comme vous!

La jeune bourgeoise songea à sa propre robe. Elle se demanda qui avait bien pu la confectionner. C'était un beau présent d'Alexender pour épater Gaspard (maintenant elle l'avait bien deviné) et elle se mit à rêver qu'elle rencontrait celui ou celle qui était à l'origine de l'idée et de la réalisation du vêtement de fête.
Elle reporta son attention sur Sarah et chercha un nouveau moyen de l'aborder:

- Et si cela n'est pas trop indiscret, que faites-vous de vos journées? Vous administrez quelque chose ou bien avez-vous des activités comme la lecture, la musique, l'équitation ou l'escrime?

Julia se demandait réellement ce que pouvaient faire les aristocrates de leurs journées à part tout cela. Leur mode de vie réputée pour être oisive l'intéressait sur le plan humain et social bien qu'elle ne souhaitait nullement quitter son travail et son mode de vie rythme. Elle était simplement curieuse du monde.

Gaspard et Alexender chuchotaient toujours. Elle se demandait intérieurement ce qu'ils pouvaient bien se dire mais elle doutait que ce fut si intéressant que cela, soupçonnant de manière évidente que leurs messes-basses n'avaient rien de glorieux. Sinon pourquoi les faire basses?
Soudain Gaspard se leva pour servir et lui demander si tout lui convenait. Quel gentleman! Julia voulu s'avancer mais elle hésita pour attendre que les autres soient servis mais Gaspard s'adressait clairement d'abord à elle. Aussi elle rougit pour tendre lentement son assiette.

- Un peu de pommes de terre si vous le voulez bien...Merci beaucoup!

Ce repas était une première pour elle mais quelle première! Elle était avec son amour, si nouveau, si fort! Elle venait de rencontrer une femme de la haute société qui avait de la sympathie naturelle pour elle: quelle aubaine et réjouissante rencontre! Et Alexender était là, en hôte exemplaire, attentif à tout les soins de ses invités, boute en train comique et Hunter! Décidément cette tablée lui plaisait!
Ses yeux d'azur rencontrèrent l'éclat doré de ceux de Gaspard. Elle pris le temps de le fixé tendrement et de lui sourire amoureusement pour lui faire comprendre qu'elle était bien, et qu'elle le remerciait d'être si précautionneux avec elle.

Alexender pouffait discrètement en écoutant Gaspard. Comme deux gamins, ils se lançaient des répliques cinglantes plutôt comiques...

- Moi un "sombre imbécile sans scrupules aux idées farfelues"? Ho! Je suis outré! pfrrr On ne peut pas dire que tu sois pauvre en idées bizarres toi non plus...Ta "perle d'azur"! Hoho! Tu compte la mettre dans du vinaigre? Elle est plutôt appétissante non?

Le Hunter s'amusait comme un enfant. Décidément il adorait dialoguer de cette manière là avec son ami. Ils arrivaient toujours à dire des âneries plus grosses qu'eux et à jouer le jeu de l'autre.
Cependant, Alexender se sentit un peu cassé par les menaces de Gaspard: c'était vrai, il ne fallait pas qu'il aille trop loin non plus...Le Lycanthrope ne se laisserait pas faire s'il dépaçait certaines limites de la bienséance. Aussi le jeune Ravellow savait par exemple qu'il n'avait pas intérêt à critiquer outrageusement le belle Julia, reine de son coeur, conquête de Spartiate élevée au rang de déesse sur un trône d'or.
Il baissa la tête comme grondé et marmonna:

- "En tous cas c'est pas en faisant des frites avec du vinaigre, qu'on sucera de la semoule..." Les yeux pétillants il leva un doigt vers le plafond les yeux fermés: citation d'un américain célèbre, Kevin Poirin, qui vint en Belgique il y a deux ans. En pouffant de rire il continua: J'ai lu ça une fois dans un journal français!

Voyant la tête de Gaspard, Alexender eu tout le mal du monde à ne pas éclater de rire comme un pilier de bar. Un peu plus tard, alors qu'il avalait quelques morceaux de canard bien juteux, le Hunter sourit à son ami:

- Oui elles nous ignorent...Quoi!? Non mais! Je suis très prévenant, moi. Je n'ai rien fait du tout, je n'ai fait que la soigner, la border, lui parler, moi. Je ne suis pas venu lui chatouiller les pieds ou autre chose, moi.

Il aurait presque voulu tirer la langue à Gaspard tellement il était pris dans son jeu mais il se retint et se contenta de faire le consterné.
Gaspard rit et soudain se leva pour faire le service en louant les cuisinières et le repas.

- Haha! Je n'y manquerait pas! fit Alexender en répondant à son ami qui souhaitait qu'il fasse part de son content aux deux domestiques. Elles sont bonnes cuisinières mais aussi bonnes bricoleuses, bonnes jardinières, bonnes femmes de chambres et j'en passe...!

Il ne pouvait pas s'empêcher de faire des sous-entendus mais c'était encore assez discret pour que Sarah ne prenne pas la mouche.
Le repas continua sans soucis aucun. Alexender écoutait d'une oreille indiscrète Julia et Sarah, répondait à Gaspard lorsqu'il lui lançait une boutade jusqu'à ce qu'il se lève.

- Hé bien mes amis ce fut bon de vous avoir à ma table! Le repas se termine, je vous invite à prendre un café ou des viennoiseries dans un de mes salons!