Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42]

Sujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Mar 28 Avr - 16:01

Bal et intrigues à Spencer's House

Comte Kei, Ludwig Zwitter et Ambre Ghrianstad

"Désir inassouvi
Flirt à minuit
Abjure tes abjectes conditions
Oublis donc cette folle union."

Sur un des balcons des Spencer
1er juin 1842

La nuit mangeait le monde, plongeant le jardin des Spencer dans une ombre épaisse. Parsemée d'étoiles, la voûte céleste tendait son corps creux vers l'infini au-dessus des lilas et des bouleaux. Aspirant à s'élever comme elle dans l'immensité désertique de l'espace, le coeur de Jirômaru tentait de déchirer sa poitrine pour bondir vers une liberté qu'il n'avait jamais pu réellement se permettre, depuis l'époque lointaine où il avait protégé l'empereur du Japon jusqu'à ce jour où il réalisait qu'il lui était impossible de satisfaire la belle Magicienne de Londres.

Le Vampire soupira. Sarah plongeait ses yeux d'azur dans la brume des siens, pour l'accuser, pour le supplier, pour l'aimer...Pourquoi tout avait-il toujours été si compliqué entre eux ? Pourquoi ne comprenait-elle pas sa position, ses responsabilités et surtout le conflit interne qui ravageait son âme, ou du moins ce qu'il en restait ? Pourquoi ne pouvait-elle jamais accepter ses choix quand bien même étaient-ils façonnés pour lui faire plaisir ou pour garantir sa sécurité ?

Pourtant, jamais le grand Vampire n'avait été aussi certain de ses décisions à son sujet. Après avoir si longtemps délibéré avec lui-même, le lord ne comptait plus revenir sur ses choix. Désormais, il savait avec certitude que la prendre en mariage n'était plus acceptable. Il voulait préserver sa liberté d'aristocrate et d'héritière, son coeur et son âme. Ainsi, elle pouvait enfin se sentir libre d'aimer un autre, et même de retrouver son Von Ravellow (s'il était encore en vie). Elle pouvait espérer avoir des enfants et perpétuer la lignée des Spencer. Elle pouvait se détacher de l'emprise qu'il avait exercé sur elle sous l'Opéra et recouvrer le bonheur d'être de nouveau la maîtresse de sa propre destinée ! Que lui fallait-il de plus ?!
La pauvre jeune femme ne savait plus sur quel pied danser alors qu'il lui offrait les clés de sa liberté. C'était pourtant simple : pour avoir enfin la paix, elle devait garder ses distances avec lui et rebâtir son empire personnel à sa façon. Son coeur, plus léger, voguerait vers d'autres horizons, plus faciles à atteindre, plus sains et surtout plus réalistes. Et si elle désirait réellement conserver entre-eux une forme de relation privilégiée, elle pouvait à la limite lui servir de coéquipière dans la lutte contre les créatures de la nuit. Ils pourraient par exemple échanger des informations et organiser des chasses nocturnes ensemble. C'était encore la meilleure chose à faire. Ainsi, elle pourrait redevenir la prestigieuse chasseuse qu'elle avait été, tout en s'assurant en plus une certaine protection dans le monde de la nuit ainsi qu'un soutient physique dans ses combats.
Malgré ces perspectives raisonnables, comme une enfant gâtée, Sarah avait pris son apparition au bal pour celle d'un prince charmant venu la porter sur la piste de danse et la faire rêver. Elle l'avait accusé de la délaisser, joué la jalouse, serré sa main dans le creux des siennes avec ivresse en attendant qu'il la baigne d'amour et la prenne comme compagne à ses côtés...dans la nuit, pour l'éternité.
Quel choc ! Toujours persuadée qu'elle faisait partie d'un plan qui la dépassait, l'humaine s'était convaincue que le Prince la désirait encore pour assouvir ses desseins et se sentait capable de l'accompagner jusqu'à vendre son âme au Diable...Jirômaru sentait dans son regard accusateur et ses paroles acerbes qu'elle avait longuement réfléchi à cette "condition" pour leur mariage et qu'elle pensait sérieusement que c'était la seule solution pour garantir leur relation. En soi, elle n'avait pas tout à fait tord : pour qu'ils puissent s'aimer dans la tranquillité, la faire passer dans son monde faciliterait bon nombre de choses...Mais la transformer en Vampire était inimaginable ! Comment pouvait-elle croire que leurs destinées étaient liées à ce point ? N'était-ce pas qu'un malheureux hasard qui les avait fait se croiser ? Et comment avait-elle pu se convaincre qu'abandonner le Soleil et sa lumière pourrait la rendre heureuse ?
Jirômaru refusa cette condition, et ce catégoriquement. Evidemment, la belle le prit mal. Elle ne pouvait accepter ce refus sans le considérer comme un désintérêt par rapport à sa personne, comme un manque d'amour flagrant. C'était exaspérant. Le coeur des jeunes filles est-il donc toujours aussi inconséquent ? Jirômaru avait souvent observé des réactions uniquement guidées par les émotions, mais il ne savait pas toujours quoi faire lorsque cela le concernait directement. Lui-même avait longtemps tenté d'étouffer les siennes pour rester digne et respecter ses priorités. En y songeant, le Vampire eut un petit rictus amusé : en réalité, il s'était drôlement affaibli depuis une dizaine d'années et ses émotions commençaient même à le ronger. Quelle ironie !

Comme pour cacher sa peine ou l'amadouer un peu, Sarah finit par se coller à lui avant de l'embrasser avec passion. Le Comte la laissa faire, au départ sans réagir. Puis, il lui rendit son baiser avec autant d'intensité. Ses mains saisirent ses frêles épaules pour la presser contre lui avec force. Le vent souffla dans leurs cheveux pour les entremêler et le temps sembla se suspendre. Seuls sur ce balcon, ils partagèrent ce moment, comme deux amants enflammés qui ne s'étaient plus revus depuis une éternité, ce qui n'était pas loin d'être vrai au fin fond de leurs coeurs. Jirômaru s'abandonna un instant tout entier à ce baiser qui était pour lui un baiser...d'adieux.

Au bout de longues minutes passionnelles, Jirômaru força la belle à redescendre sur ses talons et ses lèvres quittèrent les siennes avec douceur. Son regard gris la dévisagea, comme s'il voulait sonder son esprit pour savoir si ce baiser avait été sincère ou non. Evidemment, malgré l'alcool qui jouait sans doute un rôle dans cet abandon soudain de la belle, il savait que Sarah venait de lui avouer son attachement le plus profond. Elle avait accepté le mariage et avait été prête à abandonner son humanité pour lui. Jirômaru n'aurait pu espérer une plus grande preuve d'amour de sa part...Malheureusement, c'était également une folie qu'il ne pouvait tolérer.

- Sarah, fit-il en la tenant toujours par les épaules, ma décision est prise : je ne t'épouserai pas et je ne te transformerai pas. Que tu le veuilles ou non, tu demeureras libre et humaine. J'y veillerai, toujours.

Comment mettre un terme aux idées irréalistes de la chasseuse ? Comment la ramener à la raison sans la blesser davantage ? Sarah était vraiment impossible parfois ! Jirômaru commençait même à se demander s'il n'allait pas lui modifier la mémoire...

- Ecoute...t'avoir à mes côtés pour l'éternité est une perspective bien alléchante, Sarah. Tu le sais. Tu connais le coeur des créatures telles que moi. Cela réglerait bien des soucis...tu as raison. Mais je refuse de te condamner à la nuit. Cela irait à l'encontre de mes projets et à l'encontre de tes principes les plus sacrés. Comment peux-tu vouloir faire partie de cette race dégénérée que tu as toujours chassée ? Ah ma douce...Il lui caressa la joue avec tendresse mais Sarah, qui le connaissait bien désormais, dut sentir qu'une chose se tramait dans son esprit. L'amour que tu me portes est, je pense, complètement biaisé...Le Vampire ramena sa main sur elle. Puis, il pressa encore un peu plus ses épaules comme pour lui rappeler sa force surhumaine. Pense à tout ce que je t'ai fait Sarah : j'ai voulu te dévorer, j'ai joué avec toi comme un chat s'amuse avec une souris...Tandis qu'il se rapprochait, son ombre éteignit la lueur des torches sur le visage de la chasseuse. J'ai tenté de te prendre ta virginité, j'ai voulu te brûler vive après t'avoir pris ton sang, j'ai failli tuer Von Ravellow par deux fois...Je l'ai torturé Sarah, le sais-tu seulement ? Il rapprocha sa bouche de son visage pour dévoiler ses crocs. J'ai même songé à dévorer tes parents...

Le Vampire recula doucement pour laisser un peu d'air à la belle. Il ne comptait pas devenir réellement menaçant mais il voulait lui montrer que son idylle était insensé et que sous l'être aimant qu'il pouvait paraître se cachait encore et toujours ce monstre qu'elle avait manqué de tuer au Théâtre.
Le Comte desserra soudain son étreinte et prit la belle par la main pour l'emmener un peu plus loin sur le balcon : des visages les observaient derrière les fenêtres. Il ne comptait pas ajouter un scandale à cette soirée. Celui qu'avait provoqué Katherine était déjà bien suffisant pour une fête d'anniversaire...

*Ambre, nous rentrons. Attendez-moi dans le hall.*

*Bien Monseigneur...*

Préparant son départ, Jirômaru embrassa les deux mains de Sarah avant de lui faire de nouveau la même promesse qu'il lui avait déjà faite sous l'Opéra :

- Je serai distant, c'est vrai, je serai parfois invisible à tes yeux, mais je serai toujours là pour toi. Je te protégerai, avec ou sans ta permission. Je te le promets. Ses mains se serrèrent sur les siennes. Je t'aimerai à ma façon Sarah. Je tuerai, s'il le faut, pour te sauver. Et si pour te sauver de toi-même je dois te déplaire au point que tu ne veuilles plus jamais me revoir, alors je le ferais.

Jirômaru prit Sarah par les hanches. Il ne semblait plus vouloir la lâcher alors que son corps était presque déjà à demi-tourné vers la porte-fenêtre qui donnait sur la salle de bal. Son regard devint plus intense.

- A toi de me faire une promesse, Sarah. J'y tiens beaucoup...S'il te plaît...Ecoute... Il déglutit. Sache que mon coeur ne t'a jamais trahie, tout comme je n'ai jamais trahi mon engagement dans la lutte contre ceux de mon espèce. Promets-moi, Sarah...Promets-moi de respecter ton propre engagement...Promets-moi de rester la fière chasseuse que j'ai rencontrée ce jour-là...Promets-moi de ne jamais t'offrir à la nuit...

Comment en étaient-ils arrivés à une telle conversation ? Cela relevait du prodige ! C'était le Vampire qui suppliait l'humaine de bien vouloir rester tranquille et de refuser la condition de mort-vivant...Salluste aurait bien ri face à la situation...
Jirômaru serra un peu les dents en pensant à son ami disparu et à sa cruelle erreur. Il avait été cupide, arrogant, et il l'avait cher payé...Aujourd'hui, pour une fois, il faisait le bon choix. L'envie de posséder Sarah et d'en faire sa reine lui dévorait les entrailles, d'autant qu'elle s'offrait à ses crocs, mais son esprit se dominait enfin à son sujet et restait raisonnable. Ainsi, il allait pouvoir la préserver...

Le Comte jeta un regard au jardin qui s'étendait sous eux. Il se perdit quelques secondes dans ses pensées. Il avait encore tant à dire à la jeune femme ! Il aurait voulu lui expliquer que ce fameux "cousin" portait le nom de son fils biologique et que le petit manège que semblait avoir mis en place un de ses congénères l'inquiétait au plus haut point. Mais comment lui avouer qu'il avait eu un fils quelques siècles plus tôt ? Que penserait-elle de son refus de le transformer lui aussi alors qu'il était mourant ? Comment lui avouer également qu'il avait peut-être un enfant avec Chastity et que cette nouvelle cristallisait ses derniers espoirs d'avoir une descendance ? Quelle déception pour elle ! Quelle trahison ! Comment lui avouer en outre que s'il avait perdu sa fertilité parce qu'il avait troqué cette dernière contre sa vie en allant consulter une sorcière ? Ah comme il aurait voulu avoir le courage de libérer son coeur et de la mettre dans la confidence ! Mais comment pourrait-elle prendre toutes ces terribles informations ? Son caractère de feu, la jalousie dont elle avait fait preuve ce soir, sa demande effroyable...tout empêchait le Vampire de révéler maintenant les démons qui l'habitaient.
Tout ce que le Comte pouvait désormais faire, pour aider la jeune femme à accepter leur situation, c'était de lui accorder sa protection, ce baiser également pour lui rappeler qu'il l'aimait bel et bien, mais peut-être aussi de lui rendre celui qu'elle avait désiré avant de l'aimer lui...

- Si tu le veux, je vais reprendre les recherches pour sauver Von Ravellow...et...te le rendre...dit-il finalement en esquissant un sourire triste. Ne crois pas que cela me fait plaisir...fit-il enfin avec amertume. Mais...ne pouvant pas être à tes côtés en plein jour, je serai peut-être rassuré de le savoir entièrement dévoué à ta sécurité...

Le Vampire espérait en réalité que le rouquin avait rendu l'âme dans un coin de la lande ou tout simplement laissé tomber sa lutte en allant vivre ailleurs. Certes, il pouvait rassurer Sarah et lui apporter de la compagnie, mais le Comte pouvait également systématiser l'intégration d'hommes de main dans son entourage.

- Ne rends pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont...s'il te plaît...

Sur ces mots, le grand Vampire abandonna les mains de la jeune femme et la salua d'une courbette élégante, quoi qu’emprunte de mélancolie.

- Je dois te laisser. Profite de ton anniversaire... Le Comte commença à tourner le dos à la belle lorsqu'une pensée l'arrêta. Il revint vers elle, le regard plus sombre. Avant que je ne te laisse, décris-moi ce "cousin"...Tu saurais me le désigner dans la foule ? Je dois m'entretenir avec ce scélérat...

Made by Neon Demon

Crédit image: Par xXcherushiiXx sur Deviantart Faith.

> Jirômaru Keisuke <

Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] - Page 2 Comte_10

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

Voir sa fiche de liens et ses autres personnages.
Votez sur le portail! Wink

Sujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Dim 10 Mai - 2:38

Bal et intrigues à Spencer's House

What a wicked game to play
To make me feel this way
To let me dream of you
No, I don't want to fall in love with you

Sarah restait immobile, silencieuse, foudroyer sur place. Ses beaux yeux bleus étaient grand ouverts, fixant le regard brumeux du Comte qui se détachait de ses bras tel un amant quittant pour la guerre. Les mains qu’elle avait passé autour de son cou furent doucement détaché puis ramener contre les siennes comme si le simple contacte entre leurs deux corps étaient un pécher immonde. Les larmes qui avaient envahis le regard de la belle quelques instants plutôt avaient disparu. Elle ne le comprenait tout simplement plus. Ou était-ce elle qui s’était fourvoyer tout ce temps? Désormais loin l’un de l’autre, l’humiliation de la situation tomba sur son dos en une douche froide. Elle sentait à présent les bruits de la musique à travers les vitres, le froid de la nuit contre sa peau, la fatigue dans son corps. Chaque menu détail lui rappela son existence humaine et tout ce qui les séparait. La jeune femme sentit l’ombre du vampire grandir tandis que sa silhouette l’absorbait tout entière, coupant les lumières des torches qui éclairaient le balcon lui rappelant une nouvelle fois à quel point elle était petite face à lui. Bien que le Comte cherchât à se montrer sous son véritable jour, la Chasseuse n’était pas dupe. Elle savait que ces sentiments avaient évoluée depuis tout comme les siens l’avait fait.

L’héritière ne comprenait pas. N’était-ce pas ce qu’il avait espéré? N’était-ce pas l’aboutissement logique à leur désir respectif? Se pouvait-elle qu’elle se soit trompée à ce point! L’ampleur de sa propre stupidité la mortifiait. Peut-être n’était-elle pas assez délurée pour le Comte? Peut-être préférait il les femmes d’expériences, de celles qui connaissaient les jeux de l’amour et qui savait les utilisées? Des femmes comme Katherine ou encore la belle actrice rousse qui le côtoyait? Des femmes plus intelligentes comme cette Stephenson? Comment pouvait-elle rivaliser avec de telle beauté? Elle qui n’était rien d’autre qu’une humaine qui s’était donné comme mission de chasser ceux de son espèce? N’était-ce pas ce qu’avait insinuer Vincento lorsqu’il avait dit que les goûts du Comte était connue de tous? Peut-être s’était-elle imaginée tout cela?

Lorsque le vampire s’éloigna de nouveau d’elle, Sarah cligna des yeux, retenant des larmes d’amertumes mais celui-ci l’éloigna un peu plus dans l’ombre des balcons, loin des portes-fenêtres, loin des inquisiteurs, loin du scandale que leur étreinte pouvait provoquer ou encore des fiançailles hâtives qui serait célébré si jamais ils étaient découverts. Le Comte semblait mal à l’aise devant ses réactions tout à fait humaine. Peut-être avait-il oublié sa nature de mortelle? Sa jeunesse? La désinvolture des premiers émois des cœurs de jeune fille. La fierté de la jeune Spencer en prit un nouvel ombrage. Elle refusait de lui donner raison et de se briser en un million de larme devant lui. La tête haute, elle se mordit la lèvre inférieure pour ne pas qu’elle tremble. De nouveau à l’abris des regards, le Prince de la nuit la saisit de nouveau pour plonger en elle un regard d’une insoutenable intensité.

-À toi de me faire une promesse, Sarah. J'y tiens beaucoup...S'il te plaît...Écoute... Sache que mon cœur ne t'a jamais trahie, tout comme je n'ai jamais trahi mon engagement dans la lutte contre ceux de mon espèce. Promets-moi, Sarah...Promets-moi de respecter ton propre engagement...Promets-moi de rester la fière chasseuse que j'ai rencontré ce jour-là...Promets-moi de ne jamais t'offrir à la nuit...

Ignorant la douleur sourde qui enflait dans sa poitrine, la magicienne accusa le coup sans broncher, refusant par une fierté démesurer de laisser les larmes de nouveaux l’envahir. Elle rejetait l’idée même d’être de celle qui pleurait un amour perdu. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises, cherchant à se sortir de ses cauchemars éveiller qui refusait de se terminer. Ses mains quittèrent doucement celle du Comte pour être certaine qu’il ne la voie pas trembler. Elle refusait de lui répondre, c’était beaucoup trop lui demander. Lorsqu’il lui parla d’Alexender, la magicienne faillit éclater d’un puissant rire sans joie. Ils en étaient donc rendus à ce point? Sarah se détourna du Comte, incapable cette fois de soutenir sa présence, un rictus mauvais secouant ses lèvres tremblantes. Comment le Prince pouvait-il croire qu’il suffisait de la pousser dans les bras d’un autre pour qu’elle passe à autre chose? La croyait il aussi frivole? Ou était-ce son propre comportement qu’il cherchait à refléter chez elle?

- Ne rends pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont...s'il te plaît...

Sarah recula d’un pas, puis d’un autre.

-Si c’est ce que tu souhaites...

Fini-t-elle par murmurer. Son visage resta droit et fière tandis qu’elle le regardait se courber devant elle en un salut des plus élégants, quoi qu’un peu rigide. Les mains serrer l’une dans l’autre contre sa jupe soyeuse, la jeune femme n’esquissa pas le moindre geste lorsque le Prince lui tourna dos pour quitter le balcon. Était-ce ainsi que les choses se terminaient? Le vampire revient alors vers elle et surprise, la magicienne eut un léger espoir qui fut tout aussitôt écraser. Le Grand vampire voulait qu’elle lui parle à nouveau du fourbe qui avait osé se présenter comme son cousin. Il souhaitait qu’elle le décrive? Mais elle l’avait déjà fait. Peut-être ne l’écoutait-il pas, absorbé par sa demande insensée. Incapable de regarder de nouveau le visage du Comte, la jeune femme laissa son regard pur voguer en direction de la grande salle, comme si elle cherchait encore l’ombre du mystérieux cousin du vampire parmi les invités. D’une voix atone qui ne souffrit d’aucun tremblement, elle décrivit une fois de plus le jeune homme qui s’était présenté à lui. La couleur de ses yeux, celles de ses cheveux, les traits de son visage, les étranges boucles d’oreilles qu’il portait et d’autre menue détail que seule l’œil avisé d’une femme pouvait voir. Sarah aurait très bien pu tendre la main au Prince pour l’inviter à voir à travers ses souvenirs l’homme qu’elle avait rencontré, mais la simple idée de le toucher la révulsait. Elle savait qu’elle ne serait pas capable de résister à l’envie de s’accrocher à lui et cette attitude d’elle-même la dégouta. Aussi, la Chasseuse terminât-elle sa description par le secret qu’elle avait rapidement percé de la curieuse créature qui lui avait tenue compagnie : sa nature vampirique. Voyant le regard du Comte observer la salle à son tour, les lèvres de Sarah esquissèrent un sourire tremblant qui s’effaça aussitôt.

-Tu ne le trouvera pas... Voilà un moment qu’il a quitté... Certaines choses n’attendent pas, Jirômaru…

Sans attendre sa réponse, la Chasseuse lui tourna dos, appuyant ses mains contre la rambarde de pierre du balcon. Elle ferma les yeux, le visage tourner vers la noirceur des jardins tandis qu’elle entendait les pas du vampire s’éloigner vers la salle de bal. Ses mains se serrèrent instinctivement contre la rampe pour contrer son désir de le retenir avec elle. La solitude s’abattit de nouveau sur elle, faisant ployer ses épaules. Était-ce vraiment la fin? Était-ce ainsi que toute cette histoire devait se terminée? La douleur la submergea de nouveau et l’air lui manqua brusquement. Après tout ce temps, toutes ses épreuves, tout ce chemin pour parvenir jusqu’à lui, voilà qu’il lui tournait à présent le dos. Elle lui avait tout donné; son sang, son cœur et maintenant voilà qu’elle lui offrait ses larmes. Pourquoi ne s’en souciait-il pas? Tant de question refusait de franchir ses lèvres tremblantes. Pourquoi? Pourquoi la laissait-il ainsi? Elle avait été près de lui alors qu’il lui avait révélé ses plans, elle avait été là lorsqu’il avait eu besoin d’elle et maintenant qu’il partait c’était elle qui se retrouvait à nouveau seule. N’avait-il jamais eu besoin d’elle un jour?

L’ironie de la situation arracha un rire à la belle qui s’étouffa dans un sanglot qu’elle réprima. La tête lui tournait. Ne pouvait-elle pas se laisser tomber dans cette obscurité si accueillante? Ne pouvait-elle pas se glisser de nouveau dans cette torpeur languissante qui l’avait happée après son séjour dans la rivière? La magicienne sentit ses paumes lui bruler, le feu ardent qui sommeillait en elle faisait naitre une envie de destruction. Qu’il aurait été facile de tout réduire en cendre comme ses espoirs l’avaient été se soir. Baissant les yeux contre sa main droite, la Chasseuse la leva pour observer les petites flammes bleues qui dansaient à présent au bout de ses doigts. Le bruit de la fête s’insinuait douloureusement dans sa tête, cruelle vie de plaisir qui venait pavaner sa joie contre son cœur meurtris. Qu’avait-donc ses autres qu’elle ne possédait pas? Pourquoi pouvaient-ils s’offrir ce que leur cœur désirait alors qu’elle restait ainsi cloitrée dans l’obscurité? C’était donc cela son rôle? Sa mission? Sauver une humanité à laquelle elle n’appartenait plus? Un nouveau sanglot secoua le corps de la belle et les flammes disparurent de sa main tremblante.

-Lilibeth?

Une voix douce parvint étouffée jusqu’au oreille de Sarah. Elle papillonna des yeux, incapable d’en chasser les larmes qui avaient envahis son regard sans qu’elle ne s’en rende compte. Cherchant à en tarir la source du revers de sa mains, l’héritière se tourna à demi pour voir sa mère qui se tenait devant elle. Depuis combien de temps était-elle sur le balcon? Derrière la porte-fenêtre, elle voyait la fête qui continuait en une ronde de couleur et de musiques. Sans les voir, elle sentait le poids des regards qui cherchait à apercevoir les morceaux de son cœur brisé étalée sur le balcon. La Chasseuse chercha à esquisser un sourire dont l’ombre n’effleura même pas ses lèvres tremblantes. Sa mère désormais proche, elle se jeta dans ses bras, incapable de réprimer plus longtemps le sanglot qui brisait sa voix.

-Oh maman, je ne trouverai jamais le bonheur.

[HRP: Fin du RP pour Sarah, Suite à La voix ]

made by black arrow

Sujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42] Dim 10 Mai - 12:40

Bal et intrigues à Spencer's House

Comte Kei, Ludwig Zwitter et Ambre Ghrianstad

"Abandon !
Abnégation !
Rejette-moi,
Tu n'as pas le choix."

Sur un des balcons des Spencer
1er juin 1842

La discussion était terminée. Peinée, Sarah faisait tout pour dissimuler la foule d'émotions qui la traversait, mais le Comte sentait son désarrois l'envahir. Malheureusement, il n'était plus question pour lui ni de faire marche-arrière, ni de l'enlacer pour la consoler. Il savait pertinemment qu'il n'en avait pas le droit, surtout maintenant. A quoi bon lui annoncer leur séparation si c'était pour s'en rapprocher encore ? Pourquoi annuler ce mariage et lui refuser l'immortalité à ses côtés si c'était pour lui prouver une nouvelle fois tout son attachement ? Non...Pour l'heure, il valait mieux la laisser à sa peine et s'en éloigner concrètement. Elle finirait par comprendre ce qui c'était passé ce soir et par l'accepter. Oui, elle réussirait à voir au-delà des apparences et peut-être même à endosser enfin le rôle qu'elle aurait toujours dû tenir : la chasseuse n'était pas morte sous ces apparats. Le Comte croyait encore en sa force: persuadé que son courage n'était pas mort sous ses larmes, il savait qu'elle renaîtrait !

Jirômaru abandonna donc Sarah sur le balcon à contre-coeur. Il fallait bien mettre un terme à cette scène et la laisser profiter un peu de son anniversaire. Il ne pouvait pas la soustraire à ses invités plus longtemps. Cependant, le grand Vampire était particulièrement déçu des réactions de la belle. Elle qui ne lui avait guère témoigné d'intérêt ce dernier mois et qui avait toujours refusé sa demande en mariage semblait soudainement bouleversée de l'entendre lui annoncer son retrait. Cela signifiait qu'elle l'aimait réellement. Pour Jirômaru, cette soirée aurait pu être magnifique. L'amour de cette humaine venait réchauffer son vieux coeur et réveillait en lui bien des sentiments qu'il avait tenté d'étouffer pour la jeune femme. Mais cette situation s'en révélait bien plus cruelle qu'elle n'aurait jamais pu l'être : alors qu'il avait enfin réussi à faire fléchir le coeur réputé imprenable de la chasseuse, alors qu'il était enfin parvenu à se faire aimer d'elle, il la perdait. C'était-là la véritable malédiction du Don Obscur...

En quittant le balcon, le lord soupira, vidé de ses forces. Finalement, Sarah ne lui avait même pas promis qu'elle ne se laisserait pas tenter par la vampirisation. Après les longs discours qu'il lui avait servi, la belle s'était contenté de quelques mots, jetés du bout des lèvres, sans réellement lui répondre. C'était dans sa nature de ne pas trop parler, et il en avait pris l'habitude, mais le doute s'accrochait ainsi à son coeur. Avait-elle renoncé à son projet insensé ou attendait-elle qu'un autre ne vienne lui accorder l'immortalité ? Il allait devoir la faire surveiller de très près...

Dans la salle de bal.

De retour dans la salle du bal, Jirômaru fut presque ébloui par les lustres et chandeliers qui habillaient la pièce de lumière. Les robes qui tournoyaient au rythme des danses et les conversations soutenues qui animaient la foule lui donnèrent aussitôt la nausée. Quelle perte de temps ! Il avait bien d'autres choses à faire que de jouer au pantin ici ! Maintenant que les Spencer étaient libérés de son emprise, leur vie allait pouvoir reprendre sans lui. Finis les scandales ! Finies les attentes ! Ils allaient pouvoir se retrouver en famille et envisager d'autres plans pour leur fille et leur maison. Et lui, il serait enfin débarrassé de ses obligations concernant ce fichu mariage...A cette heure, le Vampire se demandait quelle folie l'avait donc pris au théâtre lorsqu'il avait osé demander la main de Sarah devant le gratin de la société londonienne. Quel imbécile ! Ah Salluste aurait bien ri en le voyant ce soir renier ses engagements et renoncer à cet amour. Il lui aurait sans doute souligné le caractère "passager" des histoires sentimentales avec les Humains et aurait moqué son caprice.

Evidemment, lorsque le Comte fut aperçu dans la salle de bal, de nombreux opportunistes en profitèrent pour lui sauter dessus dans l'espoir d'obtenir une conversation avec lui. Les gens voulaient connaître les raisons de sa dernière absence et avoir des détails de la maladie qui l'avait terrassé. Ils voulaient savoir à quel point il avait aidé le Yard à retrouver l'héritière des Spencer, obtenir des informations concernant sa pièce de théâtre en pleine construction, connaître sa position par rapport à Miss Thornes et aux scandales qui tournaient autour de sa personnes, se voir offrir une danse au bras de Miss Ghrianstad qui l'accompagnait souvent, savoir qui était réellement ce jeune Zwitter nouvellement introduit dans la société par ses soins...Des ragots, des miettes de sa vie personnelles, des scoops...voilà ce que voulaient tous ces vautours ! Hé bien ils n'auraient rien. Le Comte les ignora, sans même feindre la politesse. Il les écarta, les uns après les autres, d'un revers de la main, l'air terriblement contrarié et s'occupa de chercher celui qui se faisait passer pour son cousin en prenant le nom et l'apparence de son défunt fils.

Sarah lui avait décrit l'individu avec un maximum de précisions. Même si cela ne l'avait clairement pas enchantée, la jeune femme avait fait l'effort de répondre au moins à cette requête d'importance. Dans sa description, elle n'avait omis aucun détails et s'était même attardée sur les bijoux que portait ce traître. Jirômaru avait été retourné par la ressemblance avec son fils : les cheveux noirs, les yeux d'ambre, le teint brun des italiens...Comment Crimson aurait pu trouver un Vampire aussi ressemblant ? A force de réfléchir, le Comte en avait déduis deux choses : la personne qui avait osé jouer ce rôle avait eu accès à ses pensées, donc à sa mémoire qui conservait des images de son fils, et elle avait le don de modifier sa propre apparence pour revêtir celle d'un autre. Ils avaient affaire à un Vampire doté d'un don de métamorphose et qui avait profité d'un moment de faiblesse de sa part pour récupérer dans son esprit l'identité de Vincento.

Après un bon quart d'heure de recherches, le Comte finit par abandonner. Sarah avait raison : il avait quitté les lieux. Jirômaru fulminait. Jamais encore on avait osé se jouer de lui à ce point là. Comment ce crétin avait-il eu l'audace d'entrer ici pour approcher de si près sa protégée ? S'il lui mettait la main dessus, il verrait ce qu'il en coûtait aux imprudents de son espèce !

*Nous sommes prêts depuis un moment maître...* Ambre intima au Comte qu'il était l'heure de partir. Elle sentait son agitation. Il n'était plus bon de traîner ici.

*J'arrive. Partez devant.*

*Nous sommes déjà dehors. J'ai fais avancer la voiture...*

Le Comte salua quelques connaissances qu'il appréciait, dont Sir Barry, avant de tomber sur Madame Spencer qui se dirigeait vers le balcon. Auprès d'elle, il s'excusa de devoir quitter le bal si tôt et de ne pas avoir pu être "celui que l'on attendait". Il lui glissa rapidement qu'il serait toujours prêt à rendre service à leur famille. Enfin, il se dirigea vers le hall.

Dans le hall d'entrée.

Arrivé dans le hall, le Comte ordonna au domestique qui l'avait accueilli de lui rendre ses effets personnels. Tandis qu'il revêtait son long manteau noir et récupérait sa canne-épée, le lord jeta un coup d'oeil au couloir qui menait au bureau de Dorian Spencer. Il avait l'impression que cela faisait une éternité qu'il avait eu cette conversation autour du contrat de mariage avec le patriarche...

- Donnez-moi un billet, une plume et une enveloppe mon garçon.

Un peu déstabilise, le domestique s'acquitta cependant de répondre à la requête du lord. Il lui ramena ce qu'il lui avait demandé et le regarda écrire quelques mots sur le billet avant de le glisser dans l'enveloppe et de lui tendre le tout.

- Vous donnerez ceci à Monsieur Spencer, le plus rapidement et discrètement possible, en lui transmettant mes salutations.

Voir la lettre à Monsieur Spencer

Sur ces mots, le Vampire ajusta son haut de forme sur ses cheveux d'argent et quitta le hall.

Dehors, dans la cour des Spencer.

- Nous sommes ici my lord...l'accueillit Ludwig en lui indiquant leur fiacre stationné un peu plus loin. Miss Ghrianstad nous attend à l'intérieur.

Arnoldo, le petit calice italien qui leur servait également de cocher, était à son poste, prêt à lancer les chevaux. Manouk, lui, attendait près du fiacre les bras croisé, comme un garde du corps. En réalité, il parlait avec Ambre via la pensée. Elle lui racontait comment s'était déroulé le bal.

Le Comte ne fit pas de manières et entra dans le véhicule avant de leur indiquer qu'il était grand temps de partir. La porte claqua derrière lui tandis qu'il prenait place aux côtés de la belle rousse, Manouk rejoignit Arnoldo et les chevaux, qui piaffaient d'impatience, purent enfin se dégourdir les jambes.

- Tout va bien mon maître ? s'inquiéta la comédienne face au silence du Comte qui regardait maintenant défiler les rues pavées de Londres.

- La situation se complique...

Made by Neon Demon

Crédit image: Par xXcherushiiXx sur Deviantart Faith.

[HRP/ Fin du RP avec le Comte. Suite dans Revers du destin /HRP]

> Jirômaru Keisuke <

Shakespeare, Macbeth, I, 4, 1605 :

Voir sa fiche de liens et ses autres personnages.
Votez sur le portail! Wink

Sujet: Re: Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42]

» Réception privée à Spencer's House

Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42]

Bal et intrigues à Spencer's House [01/06/42]

Sujets similaires

Sujets similaires